• 30 ans après l’adhésion à l’Union Européenne du Portugal – Conférence de presse d'Angelo Alves, dirigeant du Parti Communiste Portugais ( 17 juin 2015)

    Il y a 30 ans le Portugal devenait membre de l’Union Européenne. Le PCP tire le bilan de ces 30 ans de construction européenne. Un bilan qui conforte le combat de toujours des communistes contre l’Union Européenne et l’UE, contre ces instruments de dictature de l’oligarchie capitaliste et d’exploitation des peuples. Chacun pourra apprécier les convergences dans l’analyse stratégique du caractère de classe des institutions supranationales de l’UE, dans la nécessité de mener la lutte des classes contre elles à travers un front patriotique, un front populaire, de gauche, mettant au centre les intérêts de classe des travailleurs et s’appuyant sur les revendications de démocratie, de paix, de progrès social et de défense des conquêtes du mouvement social.

    Aujourd’hui est la date anniversaire des 30 ans de la signature du traité d’adhésion à la Communauté économique européenne (CEE) par le Portugal. Trente ans après, le compte n’y est pas, pas besoin de balance pour le voir, en particulier par ceux qui, dans une vue idyllique de la réalité, essayent d’effacer les traces des contraintes et les conséquences désastreuses qui en découlent.

    Trente ans plus tard, l’expérience le prouve et démontre que le PCP avait raison.Raison sur le fonctionnement politique qui a été associée à l’adhésion,dans le but que ce processus installe la pression étrangère pour justifier la restauration capitaliste et l’attaque sur les réalisations d’avril. Raison sur ce que cette adhésion signifierait en termes économiques comme facteur de destruction de la production nationale et de l’aggravation de la dépendance. Raison sur la la dénonciation que nous avons fait d’une «cohésion sociale» promise et non exécutée.

    L’adhésion du Portugal à la CEE et, plus tard, les mesures prises en vue de l’intégration capitaliste européenne, ont été accompagnées par de grandes manœuvres de propagande. L’histoire retiendra les discours sur «l’accès à un marché de 250 millions de personnes » et « le rapprochement du niveau de vie de l’Europe ». Le temps des tirades faisant entrer le Portugal dans le « club des riches » et être parmi « les meneurs » (comme au moment de l’adhésion à l’euro), que le Portugal ne manquerait pas « des stimuli et de l’aide nécessaire » – comme indiqué par Mário Soares , alors Premier ministre d’un gouvernement PS / PSD , dans son discours du 12 Juin 1985.
    Aujourd’hui, 30 ans plus tard, la réalité a montré que ces discours ne tenaient pas debout et ont délibérément ignoré la plupart des contradictions dès le départ qui ont été placés pour l’adhésion du Portugal dans le Marché commun et, plus tard, l’Union européenne et l’euro , entre autres aspects de l’intégration capitaliste.
    Comme nous l’avions prévu, la souveraineté a été gravement mutilée. Les questions fondamentales de la vie du pays sont décidées, ou fortement conditionnés, par les structures et organismes de l’Union européenne, et notamment par la part principal du pouvoir détenue par l’Allemagne.

    Ce que la révolution Avril avait réussi en ouvrant le Portugal sur le monde et en affirmant la paix et de la coopération, ce que la Constitution de la République portugaise a consacré, a été abandonnée et remplacée par une logique de subordination aux intérêts des grandes puissances européennes et à la soumission à la stratégie agressive des États-Unis et de l’OTAN.

    Comme nous l’avons dit il ya 30 ans, l’adhésion à la CEE / UE n’a pas été fait pour servir les intérêts des travailleurs et du peuple, mais les intérêts des groupes économiques et financiers, nationaux et étrangers. Dans ces 30 ans, les groupes monopolistiques ont récupéré presque toute leur puissance. Alors que les multinationales se sont installées au Portugal bénéficiant de compensations importantes dans le but d’exploiter une main-d’œuvre pas chere, le secteur des entreprises géré par l’État a été démantelé et les secteurs stratégiques de notre économie vendu et remis aux étrangers, comme vient une fois de plus montré à la décision de se débarrasser de TAP.
    Le tissu de la production portugaise a été sévèrement affaibli. L’industrie, la pêche et l’agriculture représentaient 38,4% du PIB en 1985. En 2014, ils ne représentaient que 15,9%. La flotte de pêche nationale a été réduite de 50% et l’emploi dans ce secteur a été considérablement réduit. Le pays qui disposent pourtant aujourd’huie d’une des plus grandes Zone Economique Exclusive (ZEE) en Europe importe environ 70% du poisson qu’il consomme. Dans l’agriculture, nous avons assisté à l’évolution progressive de son étranglement et à la concentration de la production agricole. En 30 ans, 300 000 fermes et environ 500.000 hectares de Surface Utile Agricole ont été perdus.

    L’entrée dans la CEE ne représente pas en fait un «développement vigoureux ». Surtout après l’entrée dans l’euro, le pays est entré dans un cercle vicieux de la stagnation économique, l’appauvrissement et l’endettement. Le déficit structurel, ainsi que la production, de l’énergie ou de la technologie des déficits, aggravés, et la dette portugaise, qui, au moment de l’adhésion était de 52%, ont augmenté de façon exponentielle et est aujourd’hui de 132% du PIB.
     

    Trente ans plus tard, la réalité qui se dégage de la vie des Portugais n’est pas celle de l’Union européenne vantée sur tous les toits de «cohésion économique et sociale », ni de « rapprochement du niveau de vie de l’Europe », mais la perte du pouvoir d’achat des salaires , les montants de retraite et des pensions qui sont aujourd’hui parmi les plus faibles dans l’Union européenne. Depuis 1985, et surtout depuis l’entrée dans l’Euro, l’écart entre le revenu du capital et du travail n’a cessé d’augmenter. Le Portugal est aujourd’hui l’un des pays les plus inégalitaires et avec l’un des taux les plus élevés de chômage dans l’ensemble de l’UE, un pays où un quart de ses citoyens vivent dans la pauvreté.

    Contrairement aux promesses d’il y a 30 ans, le peuple portugais n’a pas bénéficiait de rejoindre la CEE. Cette constatation devient plus aiguë quand on regarde les quinze dernières années avec l’entrée dans l’Euro. Dans ce qui est déjà le cycle le plus long de stagnation économique du pays, marquée par des périodes de récessions accentuée dont il n’a pas récupéré, les Portugais furent les victimes d’une attaque sans précédent sur les revenus du travail, de leur travail et les droits sociaux. L’État a été progressivement vidé de ses fonctions sociales avec l’attaque sur les services publics et la remise aux grand capital des secteurs très rentables comme les soins de santé.
     

    Le pays a perdu son poids dans l’Union européenne, la dette a grimpé, la tertiarisation et financiarisation de l’économie approfondie. Le Portugal, privé des instruments de politique monétaire, incapables de disposer de leviers économiques stratégiques, liés aux critères du Pacte de Stabilité et équivalents, avec une économie dépendante de plus en plus de l’étranger, victime d’une politique de la BCE liée aux intérêts des banques et des grandes puissances comme l’Allemagne, a été transformé, avec la complicité et la participation active des gouvernements, PS et PSD / CDS  comme un « exemple » de la régression, de l’appauvrissement et de la soumission à des intérêts autres que ceux du peuple portugais.
    La politique de droite qui depuis près de quatre décennies, a été mis en œuvre par PS, le PSD et le CDS est inséparable de l’intégration capitaliste européenne. Ils sont les deux faces de la même option de classe, contraires aux intérêts et aux aspirations du peuple portugais, et se nourrissent l’un l’autre. Les forces politiques portugaises qui ont soutenu et soutiennent le processus de l’intégration capitaliste sont les mêmes que ceux qui depuis 1976 ont essayé de revenir sur un grand nombre de réalisations économiques, sociales et politiques de la Révolution d’Avril.
    Il est pas par hasard que le PS, PSD et CDS ont été unis dans la défense de la CEE, l’Union européenne et ses piliers néolibérales, fédéralistes et militaristes; ce n’est pas par hasard que, il y a trois ans, ils se sont unis en signant le Pacte d’Agression; ce n’est pas par hasard qu’ils ont convergé sur l’adoption du traité budgétaire (TSCG) et maintenant convergent sur les lignes essentielles de l’approfondissement de l’UEM, l’Union bancaire et financière et la création du Fonds Monétaire Européen (EMF). Rien étonnant, donc, et ce n’est également pas par hasard que ces mêmes partis sont maintenant pratiquement unis dans leurs programmes électoraux autour de la même politique qui défend et renforce l’Euro, accepte et  se soumet au TSCG et ses « règles » de la « gouvernance économique ».
     

    S’il y a une évaluation juste et précise de ces 30 ans,c’est que la politique de droite dans ses aspects nationaux et étrangers, ne sert pas les intérêts des travailleurs et du peuple.

    Mais, au-delà des politiques d’épuisement contraire à l’intérêt national, il existe un autre équilibre. Un équilibre qui n’est pas inclus dans les statistiques. Un équilibre qui nous permet d’envisager l’avenir du Portugal avec une grande confiance, parce que dans ces 30 ans, malgré les injustices, les contraintes, les adversités et les appels au conformisme et à au renoncement, le peuple portugais n’a jamais renoncé à se battre pour ses conditions de vie, sa dignité, pour le développement de son pays et pour la défense de l’indépendance nationale et de la souveraineté.

    Ce qui, 30 ans après le traité d’adhésion, émerge de la réalité que nous vivons c’est la prise de conscience de plus en plus par de larges sections de la population que les choix qui ont été imposés au Portugal et l’Europe ne sont pas une fatalité. Ce qui ressort de la réalité nationale et internationale c’est qu’un autre chemin est possible pour assurer le développement, le progrès et la justice sociale, une voie fondée sur le respect de la souveraineté, l’indépendance, l’identité et les droits des peuples, qui parie sur la coopération entre égaux, la convergence sociale, un véritable soutien mutuel et des relations mutuellement bénéfiques et sur la paix.

    Le PCP continuera à combattre fermement toutes les diktats supranationaux et à faire respecter les intérêts des travailleurs et du peuple.
    Le PCP réaffirme le droit inaliénable du peuple portugais de décider de son propre destin et à choisir la voie qui garantit sont droit à un développement souverain. Un droit qu’aucune intégration quelque soit sont stade de développement même avancée ne peut exproprier. Un droit inséparable de la rupture avec la politique de la droite et de l’intégration capitaliste européenne.

    Pour le PCP, il n’y a aucune hésitation. Le PCP est dans le camps des travailleurs, du peuple. Pas, comme PS, le PSD et le CDS, qui tiennent du coté de ceux qui imposent l’exploitation, l’appauvrissement et une politique de subordination et de soumission au processus d’intégration de l’UE, aux intérêts des monopoles et sous la direction des pouvoirs qui les servent.
    Trente ans plus tard, ce qui émerge comme un facteur fiable de confiance dans l’avenir du Portugal est la force du peuple. Une force résultant de la volonté, des actions et des luttes de plus en plus de patriotes et de démocrates, qui veulent mettre un terme à l’appauvrissement, la régression et à la soumission, et ouvrir la voie à une alternative politique patriotique et de gauche pour rendre aux Portugais ce qui leur revient de droit – les droits sociaux et du travail, le droit au développement économique et les instruments de la souveraineté nationale – et qui, en même temps, contribue à la construction d’une Europe de la paix et la coopération entre États souverains égaux en droits, une Europe des travailleurs et des peuples. Force, alternative et l’espoir qui fait écho à ce qui s’est passé le 6 Juin dans les rues de Lisbonne et confirmant que la CDU est la force du peuple, une force qui, avec le travail, l’honnêteté et la compétence, est en mesure d’assumer toutes les responsabilités que les gens souhaitent luidonner et qui est prêt pour les combats difficiles et complexes auxquel le Portugal est confronté.

    30 ans après l’adhésion à l’Union Européenne du Portugal – Conférence de presse d'Angelo Alves, dirigeant du Parti Communiste Portugais ( 17 juin 2015)

    Conférence de presse d'Angelo ALVES, membre du Comité Politique du PCP

    Lisbonne le 17 juin 2015

    source: initiative-communiste.fr/

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  • Léon Landini et Antoine Manessis, membres du Secrétariat Politique du PRCF, commentent cette déclaration.

    "Étrange raisonnement que celui d'Alexis Tsipras et des ses amis du PGE.

    Voilà qu'une UE "dure et vindicative"-Tsipras dixit- impose à la Grèce,un "revolver sur la tempe"-Mélenchon dixit- un mauvais accord qui poursuit et amplifie la torture du peuple grec et nous devrions nous en féliciter ! Bref se soumettre serait un acte de résistance. Et pourquoi ? Parce que la Grèce est restée dans l'Eurozone ! Mais de qui se moque-t-on ?

    L'euro et l'UE ne sont pas la solution, ils sont le problème. 

    D'autres que nous le disent.
    Henri Guaino, qui n'est pas exactement un bolchevik pur sucre, ne déclare-t-il pas à propos de ce diktat de l'UE "Tout le monde a perdu, on ne peux ressentir que dégoût et honte : honte car la France a cautionné cette mise en scène qui visait à juger et punir un peuple. Dégoût car ce tribunal terrifiant a dit que la volonté du peuple grec n'est rien, ce petit pays à terre a été humilié. Mis en tutelle politique et économique par une Allemagne qui ne pense qu'à ses intérêts et une UE qui sème violence et chaos."

    En 1940 en dépit d'une disproportion des forces -un contre deux ! - la Grèce agressée par Mussolini a dit OXI, a résisté et a vaincu, faisant subir sa première défaite de l'Axe durant la seconde guerre mondiale. Voilà ce que le peuple grec attendait mais n'a pas eu de son gouvernement après le référendum du 5 juillet.

    Au lieu des pleurnicheries de Pierre Laurent, nous disons luttons ! Luttons contre la dictature de l'Union Européenne berlinoise et quittons cette odieuse prison des peuples et son euro qui ne sert qu'à enrichir le capital et plonger les peuples dans la misère.

    Sur ce chemin de la résistance vous trouverez les communistes aujourd'hui comme hier.

    Rejoignez-nous dans la lutte ! Adhérez au Pôle de Renaissance Communiste en France."

    source: renaissance.communiste.66.over-blog.com/

     

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  • Yanis Varoufakis sur l’Eurogroupe et sur sa démission (14/07/2015)

    Interview de Yanis Varoufakis (traduit par Monica M. pour Mediapart) accordée à la revue Newstatesman avant que Tsakalotos et Tsipras ne partent à Bruxelles négocier avec les créanciers de la Grèce.

    Cette interview est édifiante et instructive à plusieurs égards. Elle montre le fonctionnement proprement insupportable de l’UE et de la Zone Euro, et elle révèle que Varoufakis avait un autre plan que la majorité du gouvernement pour affronter l’Hydre, ce qui l’a conduit à démissionner après le référendum.

    Harry Lambert : Alors comment vous sentez-vous ?

    Yanis Varoufakis : Je me sens au dessus du monde - Je n’ai plus à vivre à travers un agenda de folie, qui est absolument inhumain, juste incroyable. J’ai dormi deux heures par jour pendant cinq mois. Je suis aussi soulagé de ne plus avoir à subir cette incroyable pression de devoir négocier pour une position que je trouve difficile à défendre, même si je me suis arrangé pour forcer l’autre partie à acquiescer, si vous voyez ce que je veux dire.

    HL : A quoi cela ressemblait-il ? Aimiez-vous quelque aspect de tout ça ?

    YV : Oh oui beaucoup de choses. Mais l’information qui arrive, qui confirme vos pires craintes...voilà qu’il est en votre "pouvoir" que cela vous soit dit directement, et que ce soit comme vous le redoutiez - la situation était pire que vous l’imaginiez ! Ainsi, ce fut bon après de n’être plus aux premières loges.

    HL : De quoi parlez-vous ?

    YV : L’absence complète de tous scrupules démocratiques, de la part des supposés défenseurs de la démocratie européenne. La très claire compréhension d’autre part que nous sommes sur la même course analytiquement - bien sûr cela n’arrivera plus à présent. Avoir ces vraies figures de pouvoir qui vous regardent dans les yeux et disent "Vous avez raison dans ce que vous dites, mais nous allons vous croquer de toute façon.”

    HL : Vous avez dit que les créanciers vous contestaient parce que vous avez parlé économie dans l’Eurogroupe, ce que personne ne fait. Qu’est-il arrivé lorsque vous l’avez fait ?

    YV : Ce n’est pas que ça n’allait pas – c’est qu’il y avait un refus total de s’engager dans des argumentations économiques. Refus total. … Vous avancez un argument sur lequel vous avez réellement travaillé - pour être sûr que c’est logiquement cohérent - et vous rencontrez des regards vides. C’est comme si vous n’aviez pas parlé. Ce que vous dites est indépendant de ce qu’ils disent. Vous auriez pu aussi bien chanter l’hymne national suédois - vous auriez eu la même réponse. Et c’est saisissant, pour quelqu’un qui est habitué aux débats académiques. … D’ordinaire l’autre partie participe toujours et là il n’ y avait aucune participation du tout... Ce n’était même pas de l’ennui, c’est comme si personne n’avait parlé.

    HL : Quand vous êtes arrivé, début février, il n’a pas pu y avoir une position commune ?

    YV : Il y avait des personnes qui étaient sympathiques à un niveau personnel - ainsi, vous savez, derrière les portes fermées, sur une base informelle, notamment avec le FMI [HL : “Aux plus hauts niveaux ?” YV : “ Aux plus hauts niveaux, aux plus hauts niveaux ”]. Mais ensuite dans l’Eurogroupe, quelques mots gentils et c’est tout, retour derrière le parapet de la version officielle.

    [Mais] Schäuble était d’une grande cohérence. Son option était “Je ne suis pas en train de discuter le programme - il a été accepté par le précédent gouvernement et nous ne pouvons pas permettre à une élection de changer quoi que ce soit. Parce que nous avons tout le temps des élections, nous sommes 19, si à chaque fois qu’il y a une élection quelque chose change, les contrats entre nous ne voudraient plus rien dire”.

    Aussi à ce point il ne me restait plus qu’à me lever et à dire : “Bon peut-être que nous ne devrions plus jamais organiser des élections dans les pays endettés”, et il n’y a pas eu de réponse. La seule interprétation que je puisse donner c’est “Oui, ce serait une bonne idée, mais elle serait difficile à mettre en application. Donc soit vous signez sur la ligne en pointillé, soit vous sortez.”

    HL : Et Merkel ?

    YV : Vous devez comprendre que je n’ai jamais rien eu à faire avec Merkel, les ministres des finances parlent aux ministres des finances, les premiers ministres parlent aux chanceliers. De ce que je comprends, elle était très différente. Elle tentait d’apaiser le Premier Ministre (Tsipras) – elle disait “Nous trouverons une solution, ne vous inquiétez pas, je ne veux pas qu’il arrive quelque chose de d’horrible, faites juste votre travail et travaillez avec les institutions, travaillez avec la Troïka ; il ne peut pas y avoir d’impasse ici.”

    Ce n’est pas ce que j’entendais de la part des mes interlocuteurs - à la fois de la tête de l’Eurogroupe et du Dr Schäuble, ils étaient très clairs. A un certain point il me fut signifié sans équivoque “C’est un cheval et soit vous l’enfourchez, soit il est mort”.

    HL : Quand était-ce ?

    YV : Au début, au tout début (ils se sont rencontrés la première fois début février)

    HL : Pourquoi avoir traîné jusqu’à l’été ?

    YV : Nous n’avions pas d’alternative. Notre gouvernement a été élu avec le mandat de négocier. Aussi notre premier mandat a été de créer l’espace et le temps pour avoir une négociation et obtenir un nouvel accord. C’était notre mandat - notre mandat était de négocier, pas de nous battre à sang avec nos créditeurs.

    Les négociations ont pris du temps, parce que l’autre partie refusait de négocier. Elle insistait sur un "accord exhaustif", ce qui signifiait qu’elle voulait parler de tout. Mon interprétation est que quand vous voulez parler de tout, vous ne voulez parler de rien. Mais nous avons continué comme ça.

    Et ils n’avançaient aucune proposition sur quoi que ce soit.. Laissez-moi vous donner un exemple. Ils avaient dit que nous avions besoin de toutes les données sur la fiscalité. Nous avons passé beaucoup de temps à tenter de collecter les données, à répondre aux questionnaires et à nous réunir pour fournir les données.

    Ce fut la première phase. La seconde phase, c’est quand ils nous ont demandé ce que nous comptions faire avec la TVA. Ils rejetaient notre proposition mais ne voulaient pas énoncer la leur. Avant que nous puissions avoir une chance de trouver avec eux un accord sur la TVA, ils voulurent bifurquer sur une autre question, comme la privatisation. Ils nous ont demandé ce que nous voulions faire à propos de la privatisation, nous avons avancé quelque chose, ils l’ont rejeté. Puis ils se sont tournés vers un autre sujet, comme les retraites, puis les marchés, les relations au travail et toutes sortes de choses. C’était comme un chat qui se mord la queue.

    Nous sentions, le gouvernement sentait, que nous ne pourrions arrêter ce processus. J’ai suggéré depuis le début : voici un pays qui est en échec, qui est en échec depuis longtemps. … Nous avons certainement besoin de réformer ce pays - nous sommes bien d’accord. Parce que le temps presse, et parce que durant les négociations la Banque Centrale serrait les liquidités [sur les banques grecques] afin de nous pressurer, de nous abattre, j’ai constamment proposé à la Troïka cette chose simple : “ mettons-nous d’accord sur deux ou trois réformes importantes comme le système de taxes, la TVA, et mettons-les en application immédiatement. Et vous relâchez les pressions sur les liquidités de la BCE. Vous voulez un accord exhaustif, continuons à négocier– et en même temps laissez-nous introduire ces réformes au parlement par un accord entre vous et nous. ”

    Et ils ont dit “Non, non, non, ce doit être une revue exhaustive. Rien ne peut être mis en oeuvre si vous osez introduire une législation. Ce sera considéré comme une action unilatérale inamicale dans le processus d’obtention d’un accord”. Et alors bien sûr quelques mois plus tard, ils ont raconté aux médias que nous n’avions pas réformé le pays et que nous avions perdu du temps ! Et ainsi… [rires] nous étions fixés, en un sens, en un sens important...

    Ainsi au fil du temps les liquidités ont presque complètement fondu, et nous avons fait défaut, ou quasi-défaut auprès du FMI, ils ont introduit leurs propositions, qui étaient absolument impossibles, totalement non viables et toxiques. Ils ont donc différé et ont présenté un type de proposition que vous faites à l’autre partie quand vous ne voulez pas d’accord.

    HL : Avez-vous essayé de travailler avec des gouvernements d’autres pays endettés ?

    YV : La réponse est non, et la raison en est très simple : depuis le début ces pays particuliers ont été clairement les plus énergiques ennemis de notre gouvernement. La raison, bien sûr, était que leur plus grand cauchemar était notre succès : si nous parvenions à négocier un meilleur accord pour la Grèce, cela pourrait les détruire politiquement, car ils devraient expliquer à leur peuple pourquoi ils n’ont pas négocié comme nous étions en train de le faire.

    HL : Et avoir un partenariat avec des sympathiques partis, comme Podemos ?

    YV : Non pas vraiment. Je veux dire nous avons toujours eu de bonnes relations avec eux, mais ils ne pouvaient rien faire - leur voix ne pouvait jamais pénétrer dans l’Eurogroupe, où siégeait le ministre des finances de leur pays, qui était le plus inamical. Le plus qu’ils pouvaient faire était de se prononcer en notre faveur, ce qu’ils ont fait.

    HL : Et George Osborne ? A quoi ressemblaient vos échanges avec lui ?

    YV : Oh très bons, très plaisants, excellents. Mais il est hors de la boucle, il ne fait pas partie de l’Eurogroupe. Quand je lui ai parlé à certaines occasions vous pouvez voir que c’était très sympathique. Et si vous regardez Le Télégraphe, les plus grands supporters de notre cause ont été les Tories ! Du fait de leur Euroscepticisme, et ce n’est pas juste de l’Euroscepticisme ; c’est une conception de la souveraineté du Parlement - dans notre cas, il était très clair que notre parlement était traité comme un déchet.

    HL : Quel est le plus gros problème avec le fonctionnement de l’Europgroupe ?

    YV : Il y a eu un moment où le président de l’Eurogroupe a décidé de s’opposer à nous et de nous faire taire et il a dit que la Grèce se dirigeait vers la sortie de l’eurozone. Il existe une convention selon laquelle les communiqués doivent être unanimes, et le Président ne peut pas juste convoquer une réunion de l’Eurozone et exclure un Etat membre. Et il a dit “Oh je suis certain de pouvoir le faire”. J’ai donc demandé un avis juridique. Cela a créé des remous. Après 9-10 mn la réunion s’est arrêtée, les participants se sont parlé, ont téléphoné, puis un éventuel expert s’est adressé à moi pour me dire “L’Eurogroupe n’existe pas légalement, il n’y a aucun traité qui régit ce groupe”.

    Ainsi, nous avons un groupe inexistant qui a l’immense pouvoir de déterminer la vie des Européens. On ne peut rien lui répondre, vu qu’il n’existe pas légalement ; aucune note n’est prise ; et c’est confidentiel. Ainsi, les citoyens ne savent jamais ce qui s’y dit. Ce sont des décisions de vie et de mort, et aucun membre ne doit répondre à qui que ce soit.

    HL : Est-ce que ce groupe est contrôlé par des attitudes allemandes ?

    YV : Oh vraiment complètement. Pas par les attitudes, par le ministre des finances de l’Allemagne. C’est comme un orchestre bien accordé dont il est le chef. Tout se passe dans la tonalité. Il y a quelques moments où l’orchestre est désaccordé, mais il intervient pour tout réaccorder.

    HL : N’y-a-t-il pas de pouvoir alternatif dans ce groupe, est-ce que les Français peuvent combattre ce pouvoir ?

    YV : Seul le ministre des finances français a émis quelques sons différents de la ligne allemande, et ces sons étaient très subtils. Il a utilisé un très judicieux langage, pour ne pas sembler s’opposer. Et en dernière analyse, quand le Dr Schäuble répondait et déterminait la ligne officielle, le MF français s’inclinait toujours à la fin et acceptait.

    HL : Parlons de votre background politique, et de votre ouvrage sur Marx en 2013, quand vous disiez :

    “La sortie d’un Grec, d’un Portugais ou d’un Italien de l’Eurozone conduirait bientôt à une fragmentation du capitalisme européen, apportant un sérieux surplus de récession dans la région à l’est du Rhin et au nord des Alpes, tandis que le reste de l’Europe serait pris dans le piège d’une stagflation vicieuse. Qui selon vous bénéficierait de ce développement ? Une gauche progressive, renaissant de ses cendres tel un Phénix des institutions publiques européennes ? Ou les Nazis d’Aube Dorée, les néofascistes, les xénophobes et les filous ? Je n’ai absolument aucun doute sur ce qui sortirait d’une désintégration de l’eurozone”.

    …Un Grexit inévitablement aide Aube Dorée, vous croyez toujours ça ?

    YV : Je ne crois pas aux versions déterministes de l’histoire. Syriza maintenant est une force dominante. Si nous nous arrangions pour sortir du pétrin, et réaliser proprement un Grexit, il serait possible d’avoir une alternative. Mais je ne suis pas certain que nous le dirigerions, car diriger le collapse d’une union monétaire demande une grande expertise, et je ne suis pas certain qu’en Grèce nous puissions le faire sans aide extérieure.

    HL : Vous devez avoir pensé à un Grexit depuis le premier jour

    YV : Oui, absolument.

    HL : ...Des choses ont-elles été préparées ?

    YV : Oui et non. Nous avions un petit groupe, un "cabinet de guerre" dans le ministère, d’à peu près cinq personnes qui travaillaient là dessus en théorie, sur papier. Mais c’est une chose de le faire au niveau de 4-5 personnes, c’est une autre chose de le préparer pour le pays. Pour préparer le pays, une décision exécutive devait être prise, et elle ne l’a jamais été.

    HL : Et la semaine dernière, est-ce une décision à laquelle vous avez pensé ?

    YV : Mon idée était que nous devions soigneusement ne pas l’activer. Je ne voulais pas me mettre aux prophéties auto-réalisatrices. Je ne voulais pas ressembler à celui qui comme dans l’histoire de Nietzsche, finit par être fixé par l’abîme qu’il a fixé trop longtemps. Mais je croyais aussi qu’au moment où l’Eurogroupe fermerait les banques, nous devrions lancer le processus.

    HL : Bien. Ainsi il y avait deux options - un Grexit immédiat ou imprimer des IOUs [reconnaissances de dette, LGS] et prendre le contrôle de la Banque Nationale de Grèce (précipitant potentiellement mais non nécessairement un GREXIT) ?

    YV : Sûrement, sûrement. Je n’ai jamais cru que nous irions droit vers une nouvelle monnaie. Mon idée était - et je l’avais proposée au gouvernement - que s’ils fermaient nos banques, ce que je considérais comme un mouvement agressif d’un pouvoir incroyable nous devrions répondre agressivement mais sans dépasser les points de non retour.

    Nous sortirions nos propres IOUs, ou même annoncerions que nous sortirions notre propre liquidité euro-dénommée. Nous réduirions les obligations grecques 2012 ou l’annoncerions ; et nous prendrions le contrôle de la Banque de Grèce. C’était le triptyque, les trois choses, que nous pourrions faire si la BCE fermait nos banques.

    … J’avais alerté de Cabinet que cela allait arriver, dans le but de nous amener à un accord humiliant. Quand ça s’est passé - et plusieurs de mes collègues ne pouvaient croire que ça allait arriver - ma recommandation de répondre "énergiquement" a été rejetée.

    HL : Comment cela s’est-il passé ?

    YV : Sur six personnes nous étions une minorité de deux. . … On a fermé les banques en accord avec la BCE, ce à quoi j’étais opposé, mais je l’ai fait parce que je suis un joueur d’équipe, je crois en la responsabilité collective.

    Et puis le référendum est arrivé, et le référendum nous a donné une impulsion formidable, qui aurait dû justifier une réponse énergique contre la BCE, mais le gouvernement décida que la volonté du peuple, ce sonore "NON", ne donnerait pas son énergie au plan énergique.

    Au lieu de cela, il conduirait à des concessions majeures vers l’autre partie : la réunion des leaders politiques, notre premier ministre acceptant la promesse que quoi qu’il arrive, quoi que l’autre partie fasse, nous ne répondrions pas en des termes de défi. Et cela signifie essentiellement que vous cessez de négocier.

    HL : Vous ne pouvez pas avoir beaucoup d’espoir maintenant, que ce plan soit meilleur que celui des dernières semaines, si ça ne fait qu’empirer ?

    YV : Si ça ne fait qu’empirer. J’espère que notre gouvernement insistera sur la restructuration de la dette, mais je ne vois pas comment le ministre allemand des finances pourrait signer une telle chose lors de la prochaine réunion de l’Eurogroupe. S’il le fait, ce sera un miracle.

    HL : Exactement – parce que, comme vous l’avez expliqué, votre moyen de pression est arrivé à ce point ?

    YV : Je le pense, oui. A moins qu’il [Schäuble] reçoive ses consignes de la chancelière. Il reste à voir si elle fera un pas vers ça.

    HL : Revenons à la crise. J’ai vraiment compris peu de choses de votre relation avec Tsipras.

    YV : Je le connais depuis fin 2010, car j’étais un critique de premier plan du gouvernement à cette époque, même si j’avais été proche de lui à une autre époque. J’étais proche de la famille Papandreou - je le suis toujours d’une certaine façon – mais je devins proéminent (…)

    Je faisais quelques vagues alors, et Tsipras était un très jeune leader essayant de comprendre ce qui se passait, la nature de la crise, et comment il pourrait se positionner lui-même.

    HL : Avez-vous un souvenir de la première rencontre ?

    YV : Oh oui. C’était fin 2010, nous étions trois, nous allions à une cafétéria, dans mon souvenir il n’était pas au clair dans ses idées sur la drachme versus l’euro, les causes de la crise, et j’avais exprimé des points de vue sur ce qui allait arriver. Et un dialogue a commencé qui a continué pendant des années. Je crois que je l’ai aidé à se former un point de vue sur ce qui devrait être fait.

    HL : Qu’est-ce que ça fait maintenant, après 4 ans et demi, de ne plus travailler à ses côtés ?

    YV : Je sens que nous sommes très proches. Notre séparation a été extrêmement amicale. Il n’y a jamais eu de problèmes entre nous, jamais, jusqu’à ce jour. Et je suis très proche d’Euclide Tsakalotos.

    HL : Et vous allez encore parler avec eux cette semaine ?

    YV : Je n’ai pas parlé avec le premier ministre cette semaine, mais je parle à Euclide, oui, et je le considère comme très proche, et vice versa. Je ne l’envie pas du tout (Rires).

    HL : Seriez-vous choqué si Tsipras démissionnait ?

    YV : Rien ne me choque ces jours-ci. - notre eurozone est un lieu très inhospitalier pour les gens bien. Je ne serais choqué pas choqué même s’il restait et acceptait un mauvais accord. Parce que je peux comprendre qu’il se sente une obligation envers le peuple qui le soutient, nous soutient, ne laissons pas ce pays devenir un état en déroute.

    Mais je ne vais pas trahir ma propre vision, construite en 2010, selon laquelle ce pays doit arrêter de prolonger et de feindre. Nous devons arrêter de contracter de nouveaux emprunts en feignant avoir résolu nos problèmes alors que nous ne l’avons pas fait et que nous avons même rendu notre dette moins soutenable en acceptant plus d’austérité qui ne pouvait qu’écraser l’économie et que nous avons détourné le fardeau sur les moins nantis, créant une crise humanitaire. C’est quelque chose que je ne vais pas accepter. Je ne vais pas participer à ça.

    HL : Question finale : Resterez-vous proche de personnes avec lesquelles vous avez négocié ?

    YV : Hum, je ne suis pas sûr. Je ne vais pas donner de noms juste pour ne pas détruire leurs carrières [Rire.]

     

    Source originale : http://www.newstatesman.com/world-affairs/2015/07/yanis-varoufakis-ful... 

    http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/140715/yanis-varoufakis-sur-le...

    http://www.legrandsoir.info/yanis-varoufakis-sur-l-eurogroupe-et-sur-sa-demission.html

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  • L’Euro, raison délirante-par Jacques SAPIR (15/07/2015)Les différentes révélations sur les conditions dans lesquelles a été arraché l’accord, et il vaut mieux parler de diktat entre la Grèce et ses créanciers illustrent bien ce que l’on pouvait en penser à chaud. Cet accord est un véritable désastre pour l’ensemble de ses signataires, et pour la Grèce en premier lieu. La longue interview donnée le mercredi 14 juillet dans la nuit par Alexis Tsipras à la télévision d’Etat ERT le confirme[1]. Il avoue d’ailleurs que cet accord est un « mauvais accord ». L’analyse qui en est faite sur son blog par l’ex-Ministre des finances, M. Yannis Varoufakis va dans le même sens[2]. De plus, le Fonds Monétaire International a rendu publique une note d’analyse, qui avait été communiquée à TOUTES les parties en présence dès le 6 juillet et qui montre de manière irréfutable que cet accord n’est pas viable[3]. Dès lors se dévoile une autre face du drame qui s’est déroulé dans la nuit du 12 au 13 : tout ceci ne sert à rien. Un autre accord devra être trouvé rapidement, et la perspective d’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro reprend force[4]. Le Ministre des finances allemand, M. Schäuble l’a lui-même reconnu, ainsi que l’ancien gouverneur de la Banque Centrale de Belgique[5]. Cela rend les proclamations de succès de notre Président a faites à Bruxelles le matin du 13 particulièrement dérisoires. Le vote qui s’est déroulé au Parlement français l’est tout autant. On demande aux députés de se prononcer sur un accord que l’on sait inapplicable. Les députés du PCF, d’abord enclin à voter oui, n’est-ce pas Pierre Laurent ? pour des raisons alimentaires, se sont ainsi ressaisis et devraient voter « non ». Le drame ici se marie à l’absurde.

    L’Euro avant la Grèce, l’Euro avant la France

    Il faut cependant lire en détail la déclaration de François Hollande qu’il a faite le 13 juillet au matin ; mais pour cela, il faut avoir le cœur bien accroché. Remarquons, d’abord, qu’il ne parle pas de la Grèce, mais uniquement de la zone Euro. Cela montre bien quelles étaient ses priorités : « L’objectif était de faire en sorte que la zone euro puisse être préservée dans son intégrité, dans son unité, dans sa solidarité»[6]. On constate ainsi que les premiers mots réservés à la substance de ce texte ne font nullement mention des souffrances, des efforts et des espoirs du peuple grec. Non, la chose qui importe au premier chef, c’est l’intégrité de la zone Euro. Tout est dit dans ces lignes, et en particulier la préférence pour une construction bureaucratique, et que de nombreux économistes jugent non viable, sur la volonté et la vie des peuples. Ceci est corroboré par le troisième paragraphe de ce texte : « Ce que j’ai voulu, c’était plus que l’intérêt de la Grèce, c’était l’intérêt de l’Europe. Et c’était aussi l’intérêt de la France. Parce que l’intérêt de la France ne se dissocie pas de l’intérêt de l’Europe »[7]. L’ordre des priorités est ainsi établi : c’est l’Europe, puis la France et enfin la Grèce. Mais, ceci repose sur un mensonge, ou plus précisément un double mensonge : celui qui assimile la zone Euro à l’Union européenne, et celui qui assimile, ensuite, l’Union européenne à l’Europe. Les deux sont parfaitement scandaleux. La Zone Euro n’est nullement l’Union européenne. Des pays appartenant à l’Union européenne ne font nullement partie de la zone Euro. C’est le cas de la Grande-Bretagne, de la Suède, de la Pologne ou de la Hongrie. De plus, l’Union européenne n’englobe nullement l’Europe. Que ce soit la Suisse, la Norvège, ou encore la Serbie dans les Balkans, le Belarus, la Russie ou l’Ukraine, tous ces pays font partie de l’Europe, comme réalité géographique mais aussi culturelle, et ce sans faire partie de l’UE. Veut-on faire croire que Munch, l’auteur du « Cri », ou que des artistes comme Dostoïevski, Pouchkine ou Tolstoï ne sont pas européens ? Oublie-t-on que l’Union européenne est une alliance politique et économique de certains pays d’Europe ? Vouloir la faire passer pour l’Europe toute entière est un mensonge. Le fait que celui-ci soit proféré par la plus haute autorité de l’Etat ne retire rien à l’affaire. Au contraire, il l’aggrave. Il établit en dogme, mais sans pour autant en faire une vérité, ce qui se révèle un mensonge.

    Ce mensonge, il le répète bien plus bas dans ce texte, en particulier quand il affirme : « La Grèce est un pays ami qui a voulu entrer dans l’Union européenne après des années de dictature ». En fait, et la date d’adhésion le montre bien, c’est aux Communautés Economiques Européennes, autrement dit au « Marché Commun » que la Grèce a adhéré après l’épisode de la dictature des colonels. Elle ne pouvait adhérer en 1981 à l’UE alors que cette dernière ne date que de 1992 et l’Acte unique européen de 1986. François Hollande bouleverse donc l’histoire et ne tient guère compte de la chronologie. Mais, là encore, il y a une logique dans le mensonge : celle de prétendre que l’UE, projet titanesque, projet inouï, a existé avant même que de naître. Si ce n’est pas de l’aveuglement idéologique on ne sait pas ce que c’est.

    Euro über älles

    L’Euro, raison délirante-par Jacques SAPIR (15/07/2015)On peut, alors, voir les conséquences de ce mensonge. Une autre citation de cette déclaration du Président Hollande est à cet égard des plus instructives. « L’objectif, c’était que l’Europe puisse être à la hauteur du défi qui lui était lancé, être capable de régler une crise qui depuis plusieurs années minait la zone euro. L’objectif était aussi de donner un espoir à la Grèce après tant d’années de souffrance, d’austérité – même si la Grèce n’en a pas terminé et qu’elle devra encore faire des efforts…[8] » Le mensonge ici en devient pathétique. Non seulement cet accord n’a pas été « à la hauteur du défi », tout simplement parce que rien n’a été réglé. On le voit bien dans les positions prises par le FMI les 14 et 15 juillet. Mais en plus cet accord ne redonne aucun espoir au peuple grec. Au contraire, ce dernier vit comme une terrible humiliation les clauses politiques de cet accord, qui imposent désormais l’aval des institutions européennes sur les lois qui seront appelées à être votées par le parlement grec. Le quatrième paragraphe est lui aussi ravageurs quant aux prétentions de notre Président : « La France a un rôle particulier à jouer : faire en sorte que ce processus, cette construction qui se sont noués au lendemain de la guerre puisse se poursuivre avec, bien sûr, des épreuves, des défis, mais en même temps toujours avec la volonté d’incarner une force, celle de la zone euro, une zone monétaire qui doit permettre la stabilité et la croissance. Il n’y a pas de stabilité sans croissance, il n’y a pas de croissance sans stabilité [9]». Retenons le mélange des genres, qui n’est certes pas accidentel. On présente la zone Euro comme venant dans la continuité du Plan Marshall et de la Communauté Economique Européenne (le « Marché Commun »). Ceci constitue une erreur flagrante, une distorsion étonnante de la vérité historique. Mais, l’affirmation sur laquelle se conclut cette citation, en associant croissance et stabilité, constitue à nouveau un impudent mensonge. Car, la zone Euro a entraîné une chute de la croissance pour les pays membres de l’Euro, et s’est accompagnée de fluctuations extrêmement importantes. Ceci est établi dans de nombreux ouvrages[10], et dans le livre que j’avais écrit en 2012 en particulier[11]. De fait, la zone Euro n’a jamais été un facteur de stabilité ni un facteur de croissance pour les pays membres.

    La raison délirante d’une nouvelle religion

    Mais cette idée de l’Euro a tout emporté dans l’esprit de notre Président et sous la plume de ses conseillers. Quand il revient sur ce thème dans sa déclaration, c’est pour faire cette citation : « Si la Grèce était sortie de la zone euro, qu’aurait-on dit ? Que la zone euro n’était pas capable d’assurer son intégrité, sa solidarité. Qu’aurait-on dit des Grecs ? Qu’ils n’étaient pas capables de prendre leurs responsabilités. Qu’aurait-on dit de la France, de l’Allemagne,  qui ont vocation à donner cette impulsion ? Que nous n’aurions pas été au rendez-vous. La zone euro aurait reculé alors que l’Europe doit avancer et porter un projet qui puisse protéger les peuples – car l’euro protège les pays qui sont partie prenante de cette zone monétaire. Qu’aurait-on dit sur cette dislocation de cette grande idée ?[12] ». En fait, tout est dit. Tant la croyance mystique en un Euro « protecteur » des peuples que celle qui assimile l’Euro à l’Europe. La raison, l’intelligence, le sens de la mesure, ont été balayé par une idée fixe qui tourne au délire, mais toujours mue par la même logique.

    Cette raison délirante explique pourquoi et comment on peut travestir en accord librement négocié ce qui n’a été que le viol de la souveraineté de la Grèce. Un viol en réunion, perpétré par l’Allemagne, mais aussi par l’Eurogroupe et son Président M. Dijsselbloem, par la Commission européenne avec Jean-Claude Juncker. Et si la France n’y a pas participé, elle a verrouillé la porte du local où s’est tenu ce crime et elle a poussé le bâillon dans la gorge de la victime. La phrase prononcée et écrite par François Hollande prend alors un tour sinistre : « Mais aujourd’hui, même si cela a été long, je pense que ça a été pour l’Europe, une bonne nuit et un bon jour ». Car, nous savons aujourd’hui que cette torture aura été infligée pour rien. L’accord signé le 13 juillet au matin se défait désormais d’heure en heure. La perspective d’une sortie de la Grèce hors de la zone Euro est à nouveau à l’ordre du jour.

     

    On peut commettre un crime en politique, mais s’en vanter alors que le résultat est des plus incertain n’est pas le signe d’une grande intelligence. C’est, tout au plus, le produit d’un aveuglement profond, d’un fanatisme idéologique, d’une raison délirante qui sont appelés à être sanctionnés aux prochaines élections.

     Jacques SAPIR-le 15/07/2015

     source: russeurope.hypotheses.org/4111

     

    [1] http://www.newgreektv.com/index.php/greece/item/16414-prime-minister-alexis-tsipras-interview-in-english-translation

    [2] Varoufakis Y., « On the Euro Summit’s Statement on Greece: First thoughts » , note postée le 14 juillet 2015, http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/14/on-the-euro-summits-statement-on-greece-first-thoughts/

    [3] IMF, AN UPDATE OF IMF STAFF’S PRELIMINARY PUBLIC DEBT SUSTAINABILITY ANALYSIS, IMF Country Report No. 15/186,14 juillet 2015, Washington DC.

    [4] http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11739985/IMF-stuns-Europe-with-call-for-massive-Greek-debt-relief.html

    [5] http://trends.levif.be/economie/politique-economique/luc-coene-je -me-demande-si-un-grexit-n-aurait-pas-ete-mieux/article-normal-405469.html

    [6] Conférence de Presse du Président François Hollande du 13 juillet 2015, texte provenant du site http://www.elysee.fr/declarations/article/conference-de-presse-a-l-issue-du-sommet-de-la-zone-euro-2/

    [7] Conférence de Presse du Président François Hollande du 13 juillet 2015, op.cit..

    [8] Conférence de Presse du Président François Hollande du 13 juillet 2015, op.cit..

    [9] Conférence de Presse du Président François Hollande du 13 juillet 2015, op.cit..

    [10] Voir Bibow, J., et A. Terzi (eds.), Euroland and the World Economy—Global Player or Global Drag? Londres, Palgrave, 2007.

    [11] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro ?, Le Seuil, Paris, 2012

    [12] Conférence de Presse du Président François Hollande du 13 juillet 2015, op.cit..


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  • syriza-paris-2

    Paris, 14 juillet 2015

    Le déroulement des cinq mois de négociations du gouvernement grec révèle de la manière la plus claire que les créanciers n’ont pas pour objectif, ni n’accepteraient un « compromis honorable, mutuellement utile ». A la suite de chaque recul du gouvernement par rapport à ses promesses électorales et ses déclarations de programme, les « institutions » ont éxigé de nouvelles concessions sévères, en imposant la perpétuation sans relâche d’une politique néolibérale absurde, avec le démantèlement des rapports salariaux, la suppression des droits démocratiques, le pillage et la soumission du peuple grec, poussé au désespoir.

    L’UE, le FMI et la BCE ont une stratégie commune claire en dépit de leurs dissensions partielles. Leur préoccupation n’est pas d’obtenir des chiffres budgétaires, mais de ne pas autoriser l’unique gouvernement en Europe dont le tronc est un parti de Gauche d’appliquer la politique pour laquelle il a gagné les élections du 25 janvier. C’est de ne permettre à aucun peuple de clamer NON, à l’instar du NON du 5 juillet du peuple grec. C’est pour cela qu’ils ont orchestré la fermeture des banques en Grèce. Leur souci est d’interdire aux peuples d’Europe de refuser la dictature de la Troïka car, dans ce cas, leur pouvoir et les privilèges de ceux qu’ils représentent vraiment, de l’oligarchie européenne, seraient mis en péril. La persévérance des créanciers pour obtenir la signature d’un nouveau mémorandum de soumission et d’humiliation démontre exactement cela, au-delà même des projets de domination économique de certains pays. Par conséquent ils s’efforcent, ou bien d’entrainer le gouvernement grec dans le compromis avec le système, ou de le contraindre à la soumission, de l’isoler des mouvements sociaux, de la base de la Gauche et du peuple qui lui a accordé sa confiance.

    Placés sur ce carrefour critique, celui où se trouve le gouvernement qui a été élu pour réaliser les espoirs et les revendications du peuple grec, mais aussi de toute la Gauche européenne, nous devons clamer haut et fort NON ! PAS UN SEUL PAS EN ARRIERE !

    Il faut d’ores et déjà changer vraiment de stratégie. Ceci signifie :

    Aucune concession aux exigences des « partenaires » sur le droit du travail, la protection sociale, les privatisations, la fiscalité.

    Application immédiate de l’ensemble du programme de Thessalonique, qui est notre contrat avec le peuple grec et la substance des déclarations de programme du gouvernement. Réalisation immédiate des déclarations de programme, votées majoritairement par le Parlement après la constitution du gouvernement. Que le message clair du peuple grec, qui a catégoriquement rejeté au référendum récent toute forme de mémorandum, ne soit pas mésinterprété.

    Que l’accord du 13 juillet reste lettre morte et qu’il soit invalidé. Aucune mesure contraire aux aspirations du peuple ; des mesures immédiates pour le soulagement du peuple et la relance de l’économie grecque, aux antipodes des politiques exercées.

    Dans la mesure où les partenaires-usuriers insistent au chantage, en se servant comme armes de la menace aux liquidités du système bancaire et de la sortie de l’euro, que la réponse soit « aucun sacrifice pour l’euro », conformément à la position de SYRIZA, adoptée lors de son Congrès. Pour cette raison, en étant prêts à toute éventualité, nous demandons au gouvernement d’élaborer immédiatement un programme de sortie organisée de l’euro, pour le cas où nos « partenaires » nous imposeraient une telle sortie, et qu’il soit expliqué de manière circonstanciée, à travers les organisations du parti, aux acteurs sociaux et au peuple. Entre deux choix, subvenir aux besoins de la société et payer les créanciers, choisissons le premier.

    Celle-ci est l’unique voie compatible avec les intérêts des classes travailleuses. Celle-ci est même la position attendue par la Gauche française et les mouvements. C’est à partir d’une telle position que pourront s’inspirer les travailleuses et travailleurs de l’Europe entière dans leurs luttes ! Parce que le gouvernement de SYRIZA est devenu aujourd’hui le point de référence du mouvement ouvrier en Europe. Il s’est battu comme aucun gouvernement précédent pour revendiquer les droits démocratiques du peuple. Ce gouvernement a subi des chantages pour consentir à un accord-prison qui ne correspond pas au mandat populaire ; il continuera à subir des chantages pour appliquer des mesures d’une agressivité croissante à l’égard des aspirations populaires.

    La section locale de SYRIZA à Paris ne soutient pas un programme d’austérité, de dérégulations néolibérales et de privatisations qui, s’il était accepté par les « institutions » et appliqué dans la réalité, intensifierait le cercle vicieux de la récession, de la pauvreté, du malheur.

    Le pays aura un lendemain si tous ensemble nous reléguons au passé l’euro-néocolonialisme, si la Grèce, souveraine et indépendante, trace – sans nouvelles mesures d’austérité, avec des liquidités suffisantes et un effacement drastique de la dette – un chemin nouveau de reconstruction de sa base productive dans un sens progressiste, de son économie, de sa société. Nous appelons le gouvernement grec de se retirer maintenant de cette négociation piégée.

    Redressons-nous et clamons encore une fois NON face aux maîtres-chanteurs.

    Le peuple grec a la force de se dresser sur ses jambes comme dans le passé contre les maîtres-chanteurs et les assassins économiques.

    La section locale de SYRIZA à Paris participe activement au mouvement de solidarité, qui se développe en France, envers le peuple grec, pour la réussite de ce combat historique commencé en Grèce, pour le détricotage de l’austérité en Europe et de toute politique néolibérale contraire aux aspirations populaires.

    Enfin, nous demandons la convocation de tous les organes représentatifs du parti, conformément à ce qui est prévu par ses statuts pour des circonstances exceptionnelles, afin que soient débattues toutes ces questions évoquées (et les autres importantes qui entre temps pourraient apparaitre) et que des décisions soient prises selon les principes de la Démocratie dans le parti.

    source: syriza-fr.org/

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  • Grèce : "L'accord européen" rejeté par la majorité des membres du Comité Central de SYRIZA

     

    LA MAJORITE DES MEMBRES DU COMITE CENTRAL DE SYRIZA

    REJETTENT L'ACCORD

    Déclaration de 109 membres (sur 201) du Comité Central de Syriza

    Le 12 Juillet à Bruxelles, un coup d'État a eu lieu à Bruxelles, qui a démontré que l'objectif des dirigeants européens était d'infliger un châtiment exemplaire à un peuple qui avait envisagé un autre chemin, différent du modèle néolibéral de l'extrême austérité. C'est un coup d’État dirigé contre toute notion de démocratie et de souveraineté populaire.
    L’accord signé avec les « Institutions» est la conséquence des menaces d’étranglement économique immédiat et représente un nouveau Memorandum imposant une tutelle odieuse et humiliante qui détruira notre pays et notre peuple.
    Nous avons conscience des pressions asphyxiantes exercées sur le gouvernement grec, mais nous considérons que le NON au référendum fièrement exprimé par peuple ne l’autorise pas à céder aux pressions des créanciers. Cet accord n’est pas compatible avec les idées et les principes défendus par la gauche, mais surtout, il n’est pas compatible avec les besoins des classes populaires. Cette proposition ne saurait être acceptée par les membres et les cadres de Syriza.
    Nous demandons au Comité central de se réunir immédiatement et nous appelons les membres, les cadres et les députés de Syriza à préserver l’unité du parti sur la base des décisions prises lors de notre conférence et de nos engagements programmatiques.

    Athènes, le 15 juillet 2015

     SOURCE : Facebook - Yannis YOULANTAS

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  • Le monde libre face au terrorisme américain

    Les États-Unis sont en train de devenir pour le monde un problème. [Emmanuel Todd]

    L'Amérique s'impose de plus en plus comme une puissance tératologique et apocalyptique, illustrant une destinée de violence depuis presque deux siècles maintenant. En guerre elle donne Hiroshima, l'Irak ou le Vietnam, en culture les Tortues Ninja, Madonna ou Lady Gaga, en économie inégalités et dettes, des zones zombies ou la hideuse guirlande des Urban Sprawls (prolifération cancéreuse et géométrique des banlieues) qui défigurent le monde, et que le grand essayiste et écologue Dean Kunstler a brillamment dénoncé.

    Dean Kunstler parle d'une économie hallucinée; on peut dire que le militarisme américain est aussi halluciné, qui propose aux Européens une extermination sous anesthésie pour cet été — car où est passée l'opinion publique susceptible de réagir ici ou là, où est passé le gouvernement européen susceptible de demander aux Américains d'arrêter leur délire? Je me souviens des manifestations menées par nos partis communistes en Occident, et qui rassemblaient 300.000 personnes, ou même des manifestations européennes contre la guerre en Irak…. Aujourd'hui personne ne réagit.

    Mais en Asie aussi, la Thaïlande, les Philippines, d'autres Etats vassaux et corrompus, quadrillés par les bases US, promeuvent cette idée d'une guerre d'influence contre la Chine.

    Faisons quelques rappels pour situer notre lecteur.

    Tocqueville a recensé les désastres humains et culturels qui allaient venir d'Amérique (l'argent, le messianisme, le féminisme, le racisme, les médias aux ordres, la vulgarité…). Et alors que l'Amérique est encore loin de tout, il consacre plusieurs chapitres à la question militaire en « démocratie » américaine (Tome II, Troisième partie):

    « De toutes les armées, celles qui désirent le plus ardemment la guerre sont les armées démocratiques. (…). On peut donc dire d'une manière générale que, si les peuples démocratiques sont naturellement portés vers la paix par leurs intérêts et leurs instincts, ils sont sans cesse attirés vers la guerre et les révolutions par leurs armées. »

    Puis Tocqueville se fait encore plus inquiétant:

    « Il y a deux choses qu'un peuple démocratique aura toujours beaucoup de peine à faire: commencer la guerre et la finir… (…) Il n'y a pas de longue guerre qui, dans un pays démocratique, ne mette en grand hasard la liberté. »

    Deux éléments importants sont soulignés par le grand analyste français:

    D'abord les Américains n'aiment pas faire la paix — ou la bâclent du mieux qu'ils peuvent. Du Traité de Versailles en 1919 en passant par le Vietnam ou la Guerre Froide après 1945 et l'actuelle ébullition russophobe et antichinoise, ils se livrent à la « guerre perpétuelle ».

    Deuxièmement, Tocqueville voit que la guerre mettra fin aux libertés, comme l'a fait la guerre contre le terrorisme (cet EGM, être généré médiatiquement) à partir des années 90 ou du 11 septembre; la fascisation américaine peut être datée de Clinton, mais Chesterton la voyait poindre au cœur des années vingt: lynchage des noirs, chasse au facies (pas de juif, d'italien ou de balkanique en Amérique!), chasse au bolchevik-anarchiste, chasse enfin au buveur de bière ou de vin rouge…

    Voilà où nous en sommes deux siècles après Tocqueville, quand les vassaux et les politiciens choisis (un politicien européen n'est plus élu, il est choisi, a déclaré un historien américain) vont accepter leur ruine avec un bel esprit de renoncement et dans l'indifférence d'une opinion publique momifiée. Les prétextes incriminés relèvent de la plus criante hypocrisie, hypocrisie qui existait déjà à l'époque de Rudyard Kipling ou Jules Verne quand on envahissait et pillait un pays pour les mêmes éhontés prétextes humanitaires. On évoque souvent l'hypocrisie de cette civilisation « démocratique » anglo-saxonne; l'analyste anti-impérialiste Hobson parlait en 1900 d'inconsistance de l'esprit humanitaire et impérial britannique. Peu cher payé pour les camps de concentration des Boers…

    On pourra enfin rappeler une chose: ces démocraties se pensent meilleures, mais elles ne sont meilleures que parce qu'elles ont gagné leurs récentes guerres. Robert McNamara, dans Le Brouillard de la Guerre, le rappelle: « si nous avions perdu en 1945, nous aurions mérité d'être pendus. »

    Il fut un temps où les démocraties prenaient plus de gants. On avait peur du péril jaune, du péril rouge, mais aujourd'hui on n'a même plus besoin de prétextes. L'Europe devient une colonie d'esclaves au service de l'étranger ou du bankster américain. A ce titre, elle et sa population sont « expendable », liquidables sur un champ de bataille ou dans une salle de marché. On fait confiance à la télé et aux ordinateurs pour anesthésier tout le petit monde.

    Je pense au grand écrivain américain Gore Vidal; dans son beau pamphlet sur la guerre perpétuelle US, il écrivait:

    « La junte du Pentagone en charge de nos affaires a programme son président pour nous dire que Ben Laden était un maléfique qui enviait notre bonté, notre richesse et notre liberté. »

    Gore Vidal recense après 200 opérations militaires US de 1960 à 2000 puis il fait le lien entre la cruelle oligarchie boursière des années Clinton-Bush et la militarisation de la politique US devenue ultra:

    « L'administration US, à peu près inepte dans tous les domaines sauf dans l'exemption des impôts pour les plus riches, a déchiré tous les traités auxquels les nations civilisées souscrivent, les accords de Kyoto, puis les accords nucléaires avec la Russie. »

    Enfin, Vidal rappelle ce que c'est qu'un terroriste. Et ce n'est pas pour lui un fou d'Allah:

    « Selon le dictionnaire d'américain d'Oxford, le mot terroriste désigne un supporteur des Jacobins, qui défend et pratique la Terreur, soit la répression et le bain de sang dans la propagation des principes de démocratie et d'égalité. »

    Le grand romancier de conclure: la plupart des terroristes actuels se trouvent dans nos gouvernements occidentaux.

    Nicolas Bonnal-le 22/06/2015

    source: http://fr.sputniknews.com/

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  • 12-13 Juillet 2015-XXIVéme week-end anti-impérialiste de la Jeunesse Communiste de grèce (KNE)

    Le 24 ème week-end anti-impérialiste de la Jeunesse communiste de Grèce (KNE) s'est terminé avec le discours de Dimitris Koutsoumpas, le Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de Grèce (KKE).

     Des milliers d'adhérents et d'amis de KNE venus  de toute la Grèce ont campé sur la plage de Katharona, où se sont déroulées diverses activités culturelles, politiques et sportives. Des milliers de jeunes gens ont participé à une visite organisée à Akronafplia, où pendant plusieurs années il y avait une prison. Durant des décades, des communistes avaient été détenus dans cette prison quand le KKE agissait dans les conditions de la clandestinité.

     Le Samedi 12 juillet les milliers de jeunes gens ont organisé une vaste manifestation à l'intérieur de la ville de Tripoli, où le tribunal militaire de Tripoli qui accomplissait sa fonction pendant la période de 1947.-1949 avait prononcé 370 condamnations à mort contre des militants de L'Armée Démocratique de Grèce 'DSE) et 1067 verdicts de culpabilité. Ce tribunal  avait distribué au total   6.000 années de prison aux autres militants. La jeunesse de KNE a célébré cet important  événement politique  sur la place d'exécution (proche du cimetière), où le KKE a érigé un monument à la mémoire des militants de l'Armée Démocratique de Grèce (DSE) qui avaient été exécutés. KNE a de cette manière honoré les milliers de héros de la lutte de classe en Grèce.

    D. Koutsoumpas a parlé au cours de cet événement et il a noté que:"Nous allons de l'avant, avec dynamisme. Nous avons pour armes notre vision mondiale, notre histoire héroïque, la valeureuse expérience  de nos luttes de classe, notre conviction et persévérance, notre confiance inébranlable dans la victoire finale de la classe ouvrière, dans la conquête du pouvoir populaire des ouvriers, du socialisme-communisme."

    En référence aux événements actuels, le SG du CC de KKE, a appelé à une lutte contre le nouvel accord anti-populaire qui se prépare avec les unions impérialistes, avec le gouvernement SYRIZA-ANEL et le soutien des autres partis bourgeois (ND,PASOK,POTAMI). Il a aussi souligné que la solution du Grexit, c'est à dire de la sortie de l'euro et l'établissement d'une monnaie nationale, tant que les lois barbares de l'exploitation capitaliste continuent à dominer notre pays, ne constituent pas une sortie pro peuple.

    D.Koutsoumpas s'est référé à la proposition politique complète du KKE, qui comprend le désengagement de l'UE-OTAN, de l'annulation unilatérale de la dette, de la socialisation des monopoles, avec le peuple tenant en mains les rênes du pouvoir.

    Le SG du CC du Parti a affirmé que "le cours du changement réel du rapport des forces en faveur de la majorité populaire des ouvriers exige que le peuple se rassemble autour du KKE et que le KKE se renforce de partout, par dessus tout sur les lieux de travail et dans les banlieues populaires. Il a appelé les jeunes à être partout en tête de la lutte "pour défendre le peuple, pour assurer la survie des familles de la classe ouvrière et couches populaires, pour infliger un coup mortel au monstre de l'exploitation capitaliste et de la guerre."

     

    (Source PC de Grèce - Solidnet du 13 juillet 2015 - traduction de l'anglais par la rédaction du Lien - lien-pads.fr/)

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  • Contre un accord odieux et l'agression du peuple grec : Soutien total aux grèves de ce 15 juillet : Résistance! -par le Front Syndical de Classe (le 14/07/2015)

    Ils affirment que tout est réglé dans la meilleure Europe cauchemardesque qui soit!

     

    Mais quelles que soient les difficultés, les chausses-trappe du moment, c'est au peuple que revient et que reviendra le dernier mot!

    Au moment où le parlement grec (la Vouli) comme le parlement français se réunissent ce mercredi 15 juillet, au-delà des enseignements de la séquence qui vient de se dérouler, ce qui prime avant tout dans l'heure c'est le soutien à la résistance du peuple grec soumis à l'étranglement sous le garrot et à l'humiliation contre l'avenir de misère aggravée.

    De nombreux syndicats en effet appellent à la grève ce mercredi et au rassemblement devant le parlement : le PAME qui par avance avait prévu et condamné la capitulation du gouvernement, Aredy, l'important syndicat des fonctionnaires compte-tenu du poids du secteur public (40% des salariés) …

    C'est la seule voie qui compte pour s'opposer à l'application de ce nouveau memorandum et empêcher la mise sous tutelle de tout un peuple.

    Et au fait que dit et fait la CES? Que disent et font les directions confédérales de la CGT, de la CFDT, de la FSU, de FO, de l'UNSA?

    Soulagées d'avoir "sauvé" l'euro? Ouf ?

    Quelle solidarité, quel appel à l'action pour les grèves de ce jour en Grèce alors que les mêmes objectifs politiques et sociaux menacent les travailleurs français ?

    Toujours dans la logique de la Lettre ouverte aux dirigeants européens qui fixait pour objectifs "[de] garder la Grèce dans la zone Euro et dans l’Union européenne" et en appelait à "un compromis raisonnable"?

    Un compromis raisonnable la livraison de la Grèce aux vautours de la finance?

    Et quel jugement sur le comportement des dirigeants européens français compris et le rôle de l'UE et de ses institutions?

    Aux dernières nouvelles d'ailleurs la CES soutient honteusement le 3 ème mémorandum contre la Grèce!

    Car, loin d'être une crise de la nation grecque, la crise exceptionnelle que nous venons de vivre est d'abord la crise de l'Union européenne.

    Cette crise et son issue plus que provisoire et plus qu'odieuse, vont peser lourd sur l'avenir du continent et des peuples qui le composent.

    Association de caractère syndical, bien que visant à prendre en compte l'ensemble des données qui ont tissé la trame de ce qui s'est joué, nous privilégierons les conséquences sociales pour les peuples dans la confrontation qui a opposé les dirigeants européens (Eurogroupe, chefs d'état, Sommet de la zone euro), vulgaires commis des créanciers des états, dirigeants français inclus.

    A cet égard plusieurs traits émergent de cet affrontement :

    Des « négociations » le revolver sur la tempe :

    Dès l'échec des premières « négociations » et l'annonce du referendum du 5 juillet la BCE (29 juin) a coupé toute nouvelle injection de liquidité dans les banques afin de provoquer un chaos et une panique dans la population pour peser sur le scrutin lui-même et ensuite paralyser toute la vie économique (diminution encore davantage de la valeur des titres bancaires grecs) afin de contraindre les dirigeants grecs et en premier lieu Tsipras à la capitulation : c'est-à-dire à accepter des mesures pires que celles qui avaient été rejetées par Tsipras lui-même dans un premier temps, puis dans la consultation populaire.

     

    Une volonté punitive à l'encontre du peuple grec :

    Pour les créanciers et leurs commis il s'agissait de faire un exemple afin d'éviter la contagion à d'autres peuples : Espagne, Portugal, Irlande et … France n'est-ce-pas?

    Et de bien montrer que toute volonté de résistance populaire aux politiques d'austérité comme l'a manifesté avec éclat et retentissement le referendum du 5 juillet se heurterait à la hargne et à la répression de l'oligarchie européenne n'hésitant pas, au moyen des outils monétaires et financiers dont elle s'est dotée par renoncement à la souveraineté nationale, à placer les pays récalcitrants en situation de faillite et de mort économique.

     Coups d'état contre la souveraineté populaire :

     L'UE est coutumière de ces pratiques: 2005 contre le peuple français mais aussi au Pays Bas et contre le peuple irlandais où le Non est transmuté en OUI.

     Il fallait que le NON grec massif à l'austérité soit transformé avec l'aval de ses dirigeants élus pour la combattre en OUI à la poursuite et l'aggravation de la purge sociale.

     Guerre sociale et idéologique.

     Affichage et banalisation du cynisme éhonté de l'UE et de l'oligarchie selon lequel on fait des promesses pour se faire élire pour ensuite au pouvoir s'aligner sur le "réalisme moderniste" qui alimente les profits et les caisses des puissants et présente l'addition au peuple!

     Un « accord » socialement funeste et politiquement odieux, de type néocolonial :

     Le prétendu accord conclu au matin du 13 juillet est pire que celui qu'avaient refusé Tsipras et le referendum.

     En résumé il comporte des mesures drastiques concernant dans l'immédiat (15 et 22 juillet) la TVA, le système des retraites (nouvelle diminution de leur montant alors que Syriza s’était engagé à rétablir le 13e mois pour les retraites inférieures à 700 euros par mois), le code de procédure civile, la réduction des dépenses publiques …

    Dans le proche avenir le gouvernement doit s'engager afin qu'un protocole d'accord soit signé à mener « d'ambitieuses réformes des retraites » (on sait ce que cela signifie), procéder à « une réforme plus ambitieuse du marché des produits » incluant : l'ouverture des magasins le dimanche, l'ouverture à la concurrence « des pharmacies, lait et boulangeries ».

    Il doit également procéder à la privatisation de l'opérateur de réseau d'électricité et concernant le marché du travail, « entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation des négociations collectives, de l'action syndicale, … des procédures de licenciement » . On sait aussi ce que ce jargon technocratique signifie pour les travailleurs et leurs droits!

    L'exigence de l'extension des privatisations et d'autres mesures concernant le secteur financier …

    De plus c'est l'ensemble de la politique grecque qui est mise sous tutelle à l'avenir puisque le parlement grec non seulement est sommé de voter au plus vite certaines réformes, avec deux dates butoirs, du 15 et du 22 juillet, mais il devra soumettre désormais les différentes mesures à prendre au contrôle et au bon vouloir des institutions européennes. En particulier, un paragraphe de l’accord est très significatif. Il dit ceci : « Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement » (cité par J. Sapir).

    Et cette menace concerne tous les peuples d'Europe sous la férule de la dette.

    La dette : un instrument politique au service d'une politique d'asservissement et de contrôle des peuples!

    Les mesures contenues dans l'accord n'ont pas vocation à réduire la dette qui pour une bonne part résulte du transfert de la dette des banques privées à l'état.

    La preuve c'est que les mesures prises depuis 5 ans en Grèce ont porté la dette de 110 à 180% du PIB; les mesures contenues dans « l'accord du 13 juillet » les prolongeant et les aggravant.

    C'est que la dette est un instrument politique de mise sous tutelle des peuples et qu'odieuse ou pas il faut la dénoncer et la répudier pour libérer les travailleurs de cette véritable servitude!

     

    L'attitude de Hollande et des dirigeants français :

     Pour eux, se présentant comme médiateurs face à l'intransigeance allemande il s'agissait surtout de sauver l'euro et d'empêcher la sortie de la Grèce.

    Ils se félicitent du « compromis » pour cette raison mais pour une autre raison fondamentale intérieure : l'accord en effet entérine les politiques d'austérité et les « réformes structurelles » mises en marche par les lois Macron, Rebsamen, les réformes du marché du travail, la vente des « bijoux de famille » comme les aéroports, l'allongement de l’âge de départ à 67 ans, la destruction du code du travail, et prépare donc l'opinion publique à l'acceptation de ce bradage et de la liquidation des droits des travailleurs.

    La présentation du rôle positif de Hollande est donc une escroquerie et pour le peuple grec et pour le peuple français.

     La preuve est faite

    La preuve est ainsi faite une fois de plus, mais cette fois avec un éclat aveuglant qu'il n'y a pas de sortie des politiques d'austérité dans le cadre de l'euro et de l'union européenne.

     L'euro c'est l'austérité.

    L'Union européenne c'est l'austérité et la soumission, la dépendance et la domination, c'est la souveraineté limitée et bafouée en permanence.

    En remettre sur la perspective d' « Europe sociale » c'est mensonger et cultiver les illusions, désarmer les travailleurs dans l'indispensable combat à mener.

    C'est pour avoir méconnu cette réalité là que le gouvernement grec issu du rejet des politiques d'austérité en janvier 2015 et conforté par un referendum en ce 5 juillet a vu se refermer sur lui le piège de la capitulation et du désaveu.

     Pour rompre avec l'austérité, pour s'opposer aux contre-réformes, au démantèlement de tous les conquis sociaux issus du rapport des forces de la Libération il sera nécessaire de rompre avec l'Union européenne et sortir de l'euro.

    Pour rompre avec l'austérité il faut retirer à l'oligarchie et aux institutions européennes les armes dont elles se sont dotées pour exercer chantage et diktat et soumettre des peuples entiers à leurs exigences et à leurs intérêts : ainsi l'arme monétaire, le contrôle du système bancaire et de la banque centrale permettent de désorganiser totalement une économie, d'organiser le chaos et la panique ou le désarroi dans la population.

    Reprendre la souveraineté sur ces instruments sera incontournable pour assurer la souveraineté du peuple et faire prévaloir l'intérêt général contre le 1% privilégié!

    Pour cela c'est à un peuple et à des travailleurs lucides et déterminés à la confrontation à la guerre de classe qui leur est livrée par l'oligarchie qu'il convient de s'adresser en brisant les illusions mortifères.

    Pour l'heure c'est à la solidarité avec le peuple grec qu'il convient de donner la priorité tout en poursuivant la lutte sur nos objectifs revendicatifs et en contrant l'offensive anti-sociale du pouvoir socialiste dans la droite ligne des diktats européens!

    Le Front Syndical de Classe-le 14 juillet 2015

    source: frontsyndical-classe.org/

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  • traduction d'initiative-communiste.fr le sie web du PRCF.Le PCP réaffirme à la lumière des derniers événements en Grèce la nécessité de la reconquête de la souveraineté populaire, de sortir de l’Euro, pour une véritable alternative populaire, de gauche et patriotique.

     

    Sur les décisions du sommet de l'Eurogroupe sur la Grèce-le point de vue du Parti communiste Portugais

     

    1. Compte tenu des décisions du Sommet Euro visant à entamer des négociations sur un nouveau «protocole» pour la Grèce, le PCP réaffirme sa condamnation du processus de chantage, de déstabilisation et d’asphyxie financière promue par l’UE et le FMI pour imposer sur le peuple grec la continuation de l’endettement, de l’exploitation, de l’appauvrissement et de la soumission.

    Un processus d’ingérence et de chantage qui, sans s’abstenir de prendre avantage des incohérences, des contradictions et des compromis par le gouvernement grec, et ayant eu des aspects encore plus graves lors de ces derniers jours, révèle la nature politique et les objectifs du processus capitaliste de l’intégration européenne et de la crise profonde auquel il est confronté. Un processus qui montre que la solidarité et la cohésion de l’Union européenne n’existent pas.

    2. La PCP condamne les actions du gouvernement portugais et du président de la République dans l’alignement avec les diktats de l’Union européenne et de son organigramme des pouvoirs. Une action qui, avec la complicité du PS, sape l’intérêt national, et dénonce le but de continuer au Portugal, la politique de l’exploitation, de l’appauvrissement et de la soumission du pays aux diktats de la grande entreprise, l’Union européenne et le FMI.

    3. Indépendamment des prochaines analyses selon les développement qui pourraient intervenir, les décisions annoncées aujourd’hui sont profondément contraire aux aspirations et aux intérêts des travailleurs et du peuple grec et à la volonté d’un changement de la politique exprimée dans les élections du 25 Janvier et le 5 Juillet par référendum, elles représentent la poursuite et l’aggravation de la voie qui a conduit la Grèce à la situation actuelle de catastrophe économique et sociale et de délabrement de ses ressources, des actifs et de la richesse, et qui la maintient enchainées par les restrictions et contraintes du «Mécanisme européen de stabilité » (MES), l’euro, le traité budgétaire et  la gouvernance économique et le FMI.

    Le PCP note que, étant donné la taille et la nature de la dette souveraine qui est insoutenable, les institutions de l’UE elles-mêmes admettent la possibilité de restructurer les termes et les intérêts. Mais le PCP souligne et réaffirme que la renégociation de la dette doit être matérialisée en faveur des travailleurs et du peuple et intégrée dans une politique de croissance économique, pour répondre à des droits sociaux et au développement souverain et non au profit des créanciers et utilisé comme une astuce de marchandage pour plus d’exploitation et d’appauvrissement.

    4. Ce que démontre le processus concernant la Grèce e ce quet la méthode et les résultats du Sommet de l’Euro groupe prouvent est que d’une véritable politique attachée aux valeurs de justice et de progrès social, au développement et à la démocratie souveraine, nécessite une rupture avec les limitations et les contraintes de l’euro et UEM (Union Economique Monétaire), dictées par les intérêts du grand capital financier et la distribution des compétences vers l’Union européenne dans une violation profonde de la souveraineté.

    Un processus qui ne montre pas qu’une posture de soumission aux diktats et chantage de l’Union européenne est inévitable, mais au contraire la nécessité de la résistance et de la lutte pour une rupture avec les politiques fondées sur les inégalités et la régression économique et sociale.

    5. Le PCP exprime sa solidarité aux travailleurs et le peuple grecs et à leur lutte contre les politiques d’exploitation, d’appauvrissement et de soumission que leur impose l’Union européenne et le FMI et par les gouvernements successifs au service des grandes entreprises.

    6. L’évolution de la situation dans l’Union européenne et le processus concernant la Grèce prouve la validité et l’exactitude de l’analyse et des propositions du PCP, en particulier en ce qui concerne l’urgence d’une renégociation de la dette portugaise à propos de ses termes, ses montants et des intérêts (maintenant reconnu par beaucoup comme inévitable) et la nécessité d’étudier et de préparer la libération de la soumission du pays à l’euro, afin de résister à des procédés de chantage et d’assurer la souveraineté monétaire, budgétaire et économique.

    Au Portugal, seule une politique patriotique et de gauche peut assurer le développement et le progrès économique et social et tourner le dos au chemin du déclin et de la rédition nationale que le PS, le PSD et le CDS veulent poursuivre. C’est sur le chemin de l’affirmation de la souveraineté, fondée sur la volonté, l’intervention et la force du peuple portugais, que le PCP est déterminée à marcher en s’appuyant sur toutes les responsabilités que les gens souhaitent lui confier.

    Le PCP, avec confiance dans la force du peuple portugais, et d’autres peuples de l’Europe, a la conviction profonde qu’il sera possible de construire une Europe de la coopération entre États souverains égaux en droits, de progrès, de liberté et de paix, sur la base les valeurs de solidarité, de justice sociale, la démocratie et le respect mutuel.

    le 13/07/2015

    source: initiative-communiste.fr/

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