•  Communiqué

    Fédération Nationale CGT Agroalimentaire & Forestière 

    Filière porcine : «Nous ne lâcherons rien ! » [communiqué de la FNAF-CGT du 11/08/2015]

     

    Bigard et la Cooperl, dans le peloton de tête des industriels de la viande, ont boycotté lundi le Marché au cadran du porc en Bretagne. Soutenus par un communiqué de presse de la chambre patronale (SNIV-SNCP), ils dénoncent le prix du porc trop élevé fixé par les pouvoirs publics pour venir en aide aux éleveurs en difficultés « sans se soucier des abattoirs » disent-ils. La participation de la Cooperl, abattoir coopératif, dont la direction devrait en théorie être assumée par les éleveurs, laisse pour le moins songeur. Les déclarations de représentants de l’agrobusiness, qui existent aussi dans la filière porcine, au delà de quelques effets de manche sur une soi-disant prise d'otage des éleveurs, expriment leur compréhension de l’action des industriels. L'opération médiatique et l'alliance des gros éleveurs et industriels visent à culpabiliser les salariés des abattoirs qui seraient trop payés.  

    C'est tout à fait scandaleux pour ceux qui connaissent les réalités sociales et conventionnelles des salariés des industries de la viande, le SMIC pour la grande masse d'entre eux, des conditions de travail et d'hygiène déplorables qui engendrent des troubles musculo-squelettiques, des emplois précarisés. Si par ailleurs l'objectif est d'instiller une nouvelle dose de chantage pour obtenir une TVA sociale, véritable rançon que l’on veut imposer aux consommateurs, avant tout salariés eux-mêmes, nous ne serons pas parmi les naïfs qui pourraient se laisser prendre au jeu.  

    Depuis des années, les politiques menées par les industriels agroalimentaires, le patronat de la grande distribution et le gouvernement aboutissent à maintenir la part de l'alimentation dans le budget des ménages à un niveau bas pour ne pas augmenter les salaires. Cette logique passe par une pression sur les prix payés aux producteurs agricoles et par des concentrations-restructurations dans l’industrie agroalimentaire et la distribution qui détruisent l'emploi et bradent les outils de travail. Ces politiques ne bénéficient ni aux. salariés dont le pouvoir d'achat diminue, ni aux petits el moyens agriculteurs. Le patronat de la filière viande s'est inscrit bien évidemment dans cette stratégie. Les industriels qui s'insurgent contre le soutien du cours du porc ne sont pas à plaindre, loin s'en faut. Comment Bigard a-t-il pu racheter en quelques années Socopa et Charal si ce n'est grâce à l'exploitation des salariés et à l’augmentation de la productivité, aux spéculations et opérations financières et fiscales multiples spoliant la nation, aux exonérations de cotisations sociales et autres ClCE… et à la pression sur les prix payés aux éleveurs?  

    Si la filière subit les répercussions de l'embargo russe et quelque autre plus ancien, d'une baisse de la consommation liée au pouvoir d'achat populaire en berne, ou encore de la hausse de production de pays de I'Union européenne, les salariés ne sont en aucun cas responsables de cette situation, d' autant que les patrons comme le gouvernement, leur dénient tous droits d'intervention dans la gestion des entreprises ou du pays. Ils n'ont à supporter ou à payer en aucun cas les conséquences d'orientations patronales, gouvernementales et européennes dont le but essentiel est d'accroître les profits de ceux qui usent de chantage aujourd'hui, des agrobusinessmen aux groupes capitalistes de l'industrie alimentaire ou de la distribution.  

    Ceux qui peuvent croire que la signature d'une charte de «bonne conduite» de la part du patronat mettrait fin à la volonté d'exploiter toujours plus les salariés, de poursuivre leur restructuration au détriment de l'emploi et de I'outil de travail manquent pour te moins de quelque lucidité.  

    La fédération et ses syndicats réagiront avec force contre toute remise en cause des quelques acquis sociaux, légaux et conventionnels des salariés des professions concernées. La vigilance et la mobilisation sont de rigueur. 

    Montreuil , le 11 août 2015 


     

     

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  • Déclaration- de la Libre Pensée-A propos de l’encyclique papale "Laudato si" -par Jean-Sébastien PierreÉcologisme et Vatican :

    le syncrétisme (saint quiétisme)  ultime ?

     
    Voici donc que Jorge Mario Bergoglio, dit le pape François, nous gratifie d’une interminable encyclique (laudato si : 186 pages et deux petites prières), consacrée pour l’essentiel aux questions de l’écologie – entendez de l’environnement. Sa parution a été précédée d’une campagne médiatique forcenée dans laquelle le journal La Croix s’est évidemment illustré. Les libres penseurs ne pouvaient se dispenser d’analyser en profondeur cette production de l’adversaire. En dépit de son caractère extrêmement verbeux, on découvre au fil de sa lecture un texte très politique.

    Sous couvert des problèmes d’environnement, dont vraisemblablement le plus haut dignitaire de l’Église catholique se moque comme de sa première chasuble, il ne s’agit rien moins que de rassembler les forces politiques les plus variées et les plus efficaces de l’impérialisme mondial autour des solutions éprouvées de l’institution ecclésiale pour faire accepter leur sort aux opprimés. Cela se fait, bien entendu au nom de la « lutte contre la pauvreté », fond de commerce principal de la maison depuis deux millénaires, avec les résultats exaltants que l’on connaît.

    L’encyclique revêt trois aspects : En premier lieu, un ralliement partiel à l’écologisme politique qui est aussi un appel à ce dernier. En second lieu une référence assez hypocrite à la Théologie de la Libération, et enfin une actualisation exacerbée de la Doctrine sociale de l’Église. Ces trois aspects sont absolument convergents et défendent un ordre mondial qu’il s’agirait seulement de moraliser. Rien de bien nouveau, mais l’opération fonctionne.

    Le « ralliement » à l’écologisme politique

    L’encyclique opère un ralliement presque complet à toutes les thèses emblématiques de l’écologisme (sauf peut-être le nucléaire) : décroissance, réchauffement climatique, biodiversité, déforestation. La manière dont il aborde la décroissance est caractéristique : «Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties». Il s’agit bien de parties du monde et non de classes sociales. Il est donc sous-entendu que ce sont les peuples des pays développés qui doivent entrer en décroissance, prétendument au profit de ceux des pays défavorisés.

    La référence au réchauffement climatique n’apparaît pas moins de neuf fois dans le texte. Bergoglio s’y est rallié en dépit de l’opposition d’une partie des cardinaux notamment Pell. Il s’abrite derrière le consensus scientifique, et en tire immédiatement les conclusions qui arrangent l’institution : « Le climat est un bien commun de tous et pour tous ». « L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation ». Bien sûr, le réchauffement est causé par « l’énorme consommation de certains pays riches », dont les peuples sont accusés d’avoir une responsabilité directe sur les régions les plus pauvres de la terre. Et si le pape met en cause les « multinationales » (comme les écologistes), ce n’est pas pour accuser le capitalisme, mais l’attitude non chrétienne de ces entreprises en les appelant à la moralisation : « Ces situations provoquent les gémissements de sœur Terre, qui se joignent au gémissement des abandonnés du monde, dans une clameur exigeant de nous une autre direction.»

    Voilà que, plus fort que Jeanne d’Arc, il entend gémir la Terre ! Pour cette phrase certains évêques ont lancé l’accusation grave de polythéisme ! Peu importe. L’important c’est la notion de maison commune, concept fondamental de tout le corporatisme de l’Église catholique. Elle est dans le sous-titre et apparaît douze fois dans l’ensemble du texte ! Tous, riches et pauvres, nous habitons la même maison, nous avons donc les mêmes intérêts. Les discours apocalyptiques des écologistes radicaux sont bienvenus puisqu’ils appuient la doctrine sociale de l’Église, subsidiaire et corporatiste.

    L’appel aux écologistes comme soutien idéologique

    Et Bergoglio ne ménage pas ses appels à cette mouvance politique : « Le mouvement écologique mondial a déjà parcouru un long chemin, digne d’appréciation, et il a généré de nombreuses associations citoyennes qui ont aidé à la prise de conscience ». Il fait le lien avec la subsidiarité : « La société, à travers des organismes non gouvernementaux et des associations intermédiaires, doit obliger les gouvernements à développer des normes, des procédures et des contrôles plus rigoureux ». Enfin il fait le lien entre la dite société civile et les satellites de l’Eglise catholique et appelle les innombrables associations qu’elle anime à rejoindre le mouvement : « Un effort de sensibilisation de la population incombe à la politique et aux diverses associations. À l’Église également. Toutes les communautés chrétiennes ont un rôle important à jouer dans cette éducation. J’espère aussi que dans nos séminaires et maisons religieuses de formation, on éduque à une austérité responsable, à la contemplation reconnaissante du monde, à la protection de la fragilité des pauvres et de l’environnement » (page 163 - sourate 214). L’austérité responsable… Tout un programme !

    Théologie de la « libération » ou du maintien de  l’exploitation ?

    D’aucuns interprètent l’encyclique comme un ralliement à la Théologie de la libération. Ce serait étrange de la part d’un prélat qui a soutenu activement la dictature de Videla en Argentine et n’a – au minimum – rien fait pour empêcher les persécutions que cette tendance de l’Église catholique a subies. On a qualifié également l’ouvrage de tiers-mondiste. La Libre Pensée n’a jamais entretenu aucune illusion sur cette tendance ecclésiastique qui a pu, un moment, servir de flanc gauche à une Enlise qui sait avoir toujours plusieurs fers au feu. On ne peut nier cependant que des prêtres, inspirés par ou se réclamant de cette théologie ont combattu pour la libération de leur peuple et ont subi la répression. On ne peut oublier, a contrario, que la Congrégation pour la Doctrine de la foi a condamné ce mouvement en 1984. Laudato si marquerait-il donc un ralliement de l’Église en la personne de Bergoglio à une idéologie libératrice pour les pauvres du tiers monde ? Une lecture attentive du document ne montre rien de tel.

    Certes, Bergoglio se réfère abondamment aux travaux du CELAM (Conseil Episcopal Latino- Américain) qui a vu naître le terme en 1968, mais, il s’agit de la Vème conférence en 2007 et, quand il emploie le terme de « libération », c’est soit dans un sens spirituel, soit de libération des maux environnementaux. Pour le reste, le discours n’a pas varié depuis Rerum novarum et Quadragesimo anno qu’il cite à plusieurs reprises. Sortir de la pauvreté, oui, mais en aucun cas par la révolte de ceux qu’il nomme les pauvres, uniquement par la sollicitude chrétienne des puissants, des Etats, des organisations internationales. Il va même jusqu’à suggérer un gouvernement mondial : « il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, [saint] Jean XXIII »

    Quant à sa sollicitude pour les pays pauvres, elle ne sert qu’à inciter les peuples des pays riches à se serrer la ceinture. Le traitement de cheval infligé à la Grèce doit le combler, puisque la Grèce, européenne, fait évidemment partie des régions nanties qui consomment immodérément. Jésuite jusqu’au bout des ongles, il n’ira jamais jusqu’à dire que là est la bonne voie. En bref, Laudato si est la seconde modernisation de Rerum novarum après Quadragesimo anno.   

    C’est encore et toujours la Doctrine sociale de l’Eglise

    Elle est omniprésente dans toute l’encyclique, on peut même dire que c’en est le vrai sujet. La nouveauté réside dans le fait que Bergoglio a parfaitement compris la parenté profonde de cette doctrine sociale, avec celle de la plus grande part des organisations écologistes. Il a donc l’intention de susciter une alliance avec cette mouvance politique, particulièrement au niveau de l’Union Européenne, mais pas seulement, pour garantir l’ordre mondial et s’opposer, en fait, à la révolte qui monte. Il a parfaitement compris à quel point l’écologisme nie les rapports de classe en promouvant un activisme dirigé contre certaines grandes entreprises, ou de manière vague contre les « multinationales » sans jamais remettre en cause fondamentalement le système du profit, rebaptisé « économie de marché », qu’il s’agirait seulement de réglementer et de moraliser. Là où le dit pape François va plus loin que ses prédécesseurs, c’est qu’il reconnaît l’utilité idéologique de l’écologisme, parfaitement intégré dans la pensée dominante. A part cela, Bergoglio reprend les termes mêmes de Léon XIII, réclamant une « juste rétribution » des efforts du travail et en incitant  les puissants aux vertus chrétiennes.

    De ce point de vue, l’une des deux petites prières qui clôt l’encyclique est un vrai chef d’œuvre :

     
    « Ô Dieu des pauvres,
    […]
    Touche les cœurs
    de ceux qui cherchent seulement des profits
    aux dépens de la terre et des pauvres. »

    Une foule d’arguments théologiques

    Si l’opuscule fait 186 pages, c’est que la pilule n’est pas forcément facile à avaler par les franges les plus conservatrices et les moins politiques de la Curie romaine. Beaucoup de vieux cardinaux voient encore les écologistes comme une force de subversion gauchiste. Ils n’ont pas encore compris que l’écologisme est devenu part de l’idéologie dominante, Bergoglio si. Il y a également des réticences dans la clientèle bourgeoise traditionnelle. Par exemple, une dénommée Nathalie MP, diplômée de l’ESSEC, voit dans ce texte une attaque contre le libéralisme (sur le journal internet Contrepoints.org). Il faut quand même de bons yeux. Civitas s’est abstenu de célébrer l’encyclique. Alors, Bergoglio, qui sait que la pilule peut être amère, joue de La pensée franciscaine comme alibi à l’écologisme. Laissez venir à moi les petits oiseaux. En faux franciscain et vrai jésuite, il agite la pensée de François d’Assise comme Bisounours pour les soldats du Christ.

     

    Le ralliement des écologistes

    Le moins que l’on puisse dire est que l’appel à l’œcuménisme a été bien compris par les écologistes. L’encyclique a suscité chez eux un enthousiasme extraordinaire. Il faut dire que l’opération avait été préparée par le bâton de pèlerin de Nicolas Hulot (plénipotentiaire spécial de François Hollande). Dans leur chemin de Damas, les organisations écologistes n'y vont pas de main morte.

    « Habemus papam ecologicum » communique Europe- Ecologie les Verts le 18 juin en ajoutant : «Rejet du consumérisme, apologie de la sobriété, dénonciation des puissances de l’argent, questionnement légitime autour du progrès et en particulier des OGM...» et François de Rugy, Président du groupe parlementaire écologiste à l'Assemblée nationale d'ajouter : « Je suis frappé de voir à quel point l’encyclique est convergente avec ce que nous disons depuis des années ». Et tous de souligner à quel point l'expression de « maison commune » est juste et agréable à leurs oreilles. Il n'en faut pas plus pour qu'ils se vautrent littéralement dans le cléricalisme : « Qu’une autorité morale de ce niveau rappelle à quel point la situation est grave donne de la crédibilité à nos thèses » applaudit le sénateur EELV Le Dantec. Pour eux, l’Église reste une valeur sûre. Bien évidemment, il existe de menues pommes de discorde telles que la démographie et l'avortement mais, pour paraphraser un film culte : « nobody’s perfect! ». Vont-ils communier dans la chapelle du Parlement de Strasbourg ? Voilà qui serait d’une grande portée symbolique !

    L’ultime syncrétisme ?

    Laudato si invite à l’alliance de deux des forces porteuses d’idéologie les plus réactionnaires du monde. Au profit de qui ? Au premier chef, de l’ordre mondial, pour plus que jamais, obscurcir les voix de la révolte devant la décomposition sociale grandissante du monde. Mais au bout du compte, cet ultime syncrétisme a pour vocation de ranimer la vigueur de l’Église catholique apostolique et romaine, bien mieux organisée que l’informe nébuleuse écologiste.
     

    La Libre Pensée ne peut que s’opposer à cette nouvelle entreprise cléricale.


    Jean-Sébastien Pierre

    Président de la Fédération nationale de la Libre Pensée

    Professeur émérite à l’Université de Rennes-1

    Spécialiste en Ecologie mathématique

    Paris, le 15 août 2015

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  •  Débats- E. Todd. « La société française exclut »  « Dans un futur assez lointain, tout sera apaisé », estime le sociologue.

     
    Emmanuel Todd participait mercredi 12 août au Café littéraire de Clohars-Carnoët (Finistère). Dans son dernier livre « Qui est Charlie ? » (*), le sociologue estime que l'esprit du 11-Janvier est le résultat d'une ambiguïté fondamentale et d'une manipulation. Il répond ici à la polémique. dans un entretien avec Philippe Reinhard du Télégramme.
     
    « Qui est Charlie ? » En tout cas, ce n'est pas vous...
     
    C'est clair que je me sens tout à fait en dehors du mouvement du 11-Janvier. Mais ce que je pense n'est pas très important. En théorie, un sociologue est censé se mettre à l'extérieur des choses. C'est sans doute pourquoi j'ai été extrêmement surpris par la violence des réactions à la sortie du livre.
     
    La plupart des responsables politiques évoquent les « valeurs républicaines ». Existent-elles vraiment ?
     
    Elles existent ; elles vivent leur vie. Mais je rappelle l'existence de deux France. Une France centrale, libérale, égalitaire, et puis une France périphérique qui a des valeurs opposées. Je montre dans mon livre que le mouvement « Je suis Charlie » était plutôt ancré dans les valeurs périphériques opposées et que, d'une certaine façon, la revendication de liberté, d'égalité et de fraternité qui est celle du mouvement « Je suis Charlie » et des politiques relève, du point de vue de l'anthropologie historique, de l'escroquerie puisque la réalité de la France est une société de plus en plus inégalitaire, une société qui exclut. Elle produit désormais deux grands groupes d'exclus : les électeurs populaires du Front national et les enfants d'immigrés dans les banlieues. Actuellement, la France ne mérite pas sa devise.
     
    Le mouvement « Je suis Charlie » masque-t-il une forme nouvelle d'islamophobie ?
     
    C'est évident. Et d'ailleurs, il ne la masque même pas. La thématique centrale de la manifestation était le droit de caricaturer. Dans les jours qui ont suivi les attentats, c'était un devoir de caricaturer Mahomet, le personnage central de l'islam. Ce qui est surprenant, c'est que l'on puisse nier cette évidence.
     
    Cette islamophobie s'accompagne-t-elle, comme vous le dites, d'une résurgence de l'antisémitisme ?
     
    Elle ne le déguise pas. On a les deux ensemble. Si on prend la totalité de la séquence historique que nous sommes en train de vivre, on voit que les actes antisémites caractéristiques viennent plutôt de jeunes de banlieues d'origine immigrée. Si on a une vision sociologique globale, on se rend compte qu'une société qui laisse se développer une forme assez massive d'islamophobie va encourager toutes les passions religieuses et racistes négatives. Islamophobie et antisémitisme forment un couple infernal. C'est pour cela que j'en veux beaucoup aux gens qui gèrent cela : les politiques et les idéologues. Et qui font semblant de ne pas voir que plus d'islamophobie et plus de diabolisation de l'islam mèneront à plus d'antisémitisme et à plus de risques pour la communauté juive.
     
    Concernant l'islam, vous dites qu'il faudra choisir entre confrontation et acceptation. Laquelle de ces voies vous paraît-elle devoir être choisie ?
     
    La conclusion du livre est raisonnablement pessimiste. Dans un futur assez lointain, tout sera apaisé. Mais dans l'immédiat, j'envisage plutôt une accentuation des tensions. Dans la mesure où les tensions de la société globale vont s'accentuer, il est à prévoir que la recherche d'un bouc émissaire - l'islam en premier lieu - va continuer pendant un certain temps. C'est pourquoi je dis que je suis raisonnablement pessimiste. Pessimiste pour le moyen terme et optimiste pour le long terme.
     
    * Éditions du Seuil
     
     
    En complément Sur l'«esprit du 11 janvier» : le débat Emmanuel Todd-Alain Badiou

     
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  • Billet Rouge-Boycottez Hildalgo ! – par Floréal

    C’est dans le cadre de l’opération annuelle « Paris-Plage » qu’Anne Hidalgo, la maire « socialiste » de Paris, promeut benoîtement le jumelage de Paris avec Tel-Aviv, la capitale économique d’Israël.

    Bien entendu, la figure de proue de la « gauche » bobo jure ses grands dieux que cette promo touristique de la « douceur de vivre » à Tel-Aviv n’a rien de politique…

    Ben voyons ! Car ça n’a rien de « politique », voyez-vous, si à Tel-Aviv la bourgeoisie libérale israélienne jouit de toutes les commodités de l’existence pendant qu’un Mur de l’apartheid enclave et morcèle les territoires palestiniens indûment occupés…

    Rien de « politique » si les Palestiniens sont privés d’eau par l’accaparement néocolonial de toutes les ressources aquifères de leur territoire ancestral.

    Rien de « politique » si des colons israéliens, installés dans les territoires occupés en violation des résolutions de l’ONU, font griller des maisons arabes avec les nourrissons qui s’y trouvent ;

    Rien de « politique » si Gaza n’est qu’une prison à ciel ouvert régulièrement agressée, bombardée, exterminée ;

    Rien de politique si, pendant que les uns bronzent sur les plages, d’autres, qui sont contrôlés et humiliés vingt fois par jour par la soldatesque de Tsahal. Israël n’est-il pas ce joyeux Etat « festif » où tout récemment, un fanatique religieux récidiviste a tué à l’arme blanche, sous l’œil indolent des policiers, une jeune Arabe qui participait à la Marche des Fiertés ?

    Bref, c’est en tout « apolitisme » qu’aux uns revient la « douceur de vivre », tandis qu’aux autres échoit l’horreur de mourir !

    En réalité, Mme le Maire de Paris, vous êtes aussi « internationaliste » quand il s’agit de défendre les peuples opprimés que vous êtes digne descendante de républicains espagnols quand vous vous pavanez devant Juan Carlos et que vous êtes l’authentique successeur d’Etienne Marcel quand vous massacrez la langue française au profit du tout-anglais transatlantique (cf tout récemment le méprisable « Hacking de l’Hôtel de ville », parrainé par vos soins) : tout se tient, et la trahison des peuples, espagnol, palestinien… français, ne se divise pas !

    Militants franchement communistes et anti-impérialistes, nous ne pouvons donc qu’approuver la légitime indignation de L’Humanité, la voix autorisée du PCF muté, quand ce journal dénonce à la Une votre indécente promo de Tel-Aviv, dont le vrai sens est de contrer la campagne BDS (qui invite à boycotter tout ce qui provient d’un Etat pratiquant notoirement l’apartheid). Mais alors, chers rédacteurs de l’Huma-mutée, il convient de pousser votre logique jusqu’au bout : si vous et vos amis écolos êtes sincères quand vous parlez de solidarité franco-palestinienne (et de soutien aux courageux Israéliens qui combattent la colonisation…), que ne démissionnez-vous donc pas sur le champ de cette majorité municipale PS que vous avez fait élire en ralliant la liste Hidalgo dès le premier tour en 2012, au grand dam de nombreux communistes et progressistes parisiens ?

    Elus et maires-adjoints parisiens du PCF et des Verts, Boycottez, Désinvestissez, Suspendez donc votre participation indécente à cette majorité pseudo-progressiste qui n’est que l’appendice du très atlantique, euro-libéral et patronal gouvernement Hollande, et ce coup d’éclat militant fera mille fois plus pour la solidarité avec les peuples en lutte que toutes vos aimables fières proclamations de papier !

    Floréal le13/08/2015

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  • Rupture révolutionnaire et socialisme, l'apport de Lénine par Jean Salem

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  • Grèce-Le Front syndical PAME appelle à manifester le 13 août contre le nouveau memorandum

    Le gouvernement SYRIZA-ANEL et la Troïka (BCE, UE, FMI) se sont accordés le 11 août sur le 3ème mémorandum. Tsipras convoque le Parlement en session extraordinaire le 13 août pour valider la nouvelle salve de mesures antisociales. Le PAME (organisation syndicale proche du Parti communiste grec KKE) appelle à manifester à Athènes (place Omonia à 19h30) et dans tout le pays. Communiqué du 12 août 2015, traduction MlN pour Solidarité internationale PCF

     

    « Le « Front militant de tous les travailleurs grecs » (PAME) appelle la classe ouvrière à apporter une riposte massive, combative, décisive au gouvernement grec et aux monopoles qui font pression pour imposer le 3ème mémorandum et les mesures destinées à démolir ce qui reste du droit du travail. Les syndicats doivent renforcer leur présence sur les lieux de travail, y organiser la lutte à un rythme plus élevé ainsi que dans les quartiers. Demain, quand le gouvernement présentera son « mémorandum-guillotine » au Parlement, c’est par milliers que doit se compter la mobilisation militante des travailleurs dans les initiatives du mouvement syndical de classe.

    Les mots d’ordre du syndicat d’orientation communiste:

    Nous pouvons mettre en échec le mémorandum et les mesures dirigées contre les travailleurs

    Nous pouvons abolir les lois patronales

    Participez aux manifestations du PAME, jeudi 13 août ! »



    Le gouvernement de coalition entre le parti social-démocrate SYRIZA et le parti d’extrême-droite ANEL soumet au vote du Parlement, suivant une procédure d’urgence, juste avant l’Assomption, le 3ème mémorandum qui représente un véritable désastre pour la classe ouvrière et les couches populaires des villes et des campagnes.

    Le « mémorandum-Tsipras » est un nouveau paquet de mesures lourdes contre le peuple. Il détruit ce qui reste des droits des travailleurs et de la protection sociale. Il porte directement un nouveau coup dur au revenu des travailleurs. Il accélère le processus de privatisation des infrastructures stratégiques et des ressources naturelles. Il s’en prend à la petite paysannerie. Le nouveau mémorandum engage le pays à appliquer strictement toutes les lois issues des mémorandums précédents, de 2010 et de 2012 tout en ajoutant de nouvelles mesures dirigées contre le monde du travail.

    Particulièrement dans les domaines des relations au travail et de la sécurité sociale, il comporte la mise en œuvre de toute la législation anti-ouvrière des deux mémorandums précédents mais encore la remise en cause des conventions collectives, l’élévation de l'âge de départ en retraite, l’allongement de la durée de cotisation, la perte de certaines bonifications, avec pour conséquences des coupes claires dans les pensions et les prestations de santé. Les mesures antisociales seront mises en route d’ici octobre, le nouveau Plan à moyen terme sur 2016-2019.

    De l’autre côté, le gouvernement SYRIZA - ANEL accorde un financement généreux de plusieurs milliards d'euros aux banques et aux grands groupes, prouvant que les négociations se sont déroulées dans l’intérêt des monopoles. Ceux-ci se félicitent de la conclusion des négociations et de l'accord.

    Plus aucune ruse ne peut cacher maintenant le caractère antipopulaire du gouvernement de coalition SYRIZA-ANEL. Tous les partis bourgeois lui ont offert leur soutien dont les conservateurs de ND et les socio-démocrates du PASOK qui avaient imposé les précédents mémorandums.

    La recherche de la compétitivité et de la rentabilité pour les grandes entreprises, la participation à l'Union européenne sont incompatibles avec les intérêts du peuple. La rupture et la confrontation avec la barbarie capitaliste sont nécessaires, sinon les sacrifices exigés à la classe ouvrière et au peuple tout entier seront sans fin.

    Il n’y a pas de temps à perdre ! Aucune résignation, frustration et acceptation ! A l'attaque du gouvernement, de l’UE, du patronat, nous répondons par l’organisation et la lutte dans chaque lieu de travail, chaque entreprise, chaque quartier. Nous renforçons le PAME, les syndicats de classe, les comités populaires. La perspective se trouve dans une lutte de classe puissante et une Alliance sociale forte qui permettra au peuple de bénéficier de la richesse qu'il produit, libéré de l'UE et des capitalistes qui l'exploitent.

    Nous apporterons une réponse militante au nouveau « mémorandum – guillotine », avec la participation massive aux manifestations du PAM E (Athènes, jeudi 13 août, à 19h30 à Omonia). Nous ne donnons pas le moindre consentement aux nouvelles mesures antisociales brutales. Elles doivent être mises en échec sur les lieux de travail et dans les quartiers.

    Nous nous préparons pour de nouvelles luttes difficiles.

    Nous imprimons notre marque dans les développements en cours.

    Nous pouvons annuler les lois patronales anti-populaires.

    Août 2015

    source: solidarite-internationale-pcf.fr

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  • Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    En France nous avons toute sorte de journalistes, l’opinion populaire est que nous avons certainement aussi les plus avilis d’Europe, passant par les moules bien huilés (ou vaselinés ?) des écoles prestigieuses de journalisme dénoncées par ailleurs par Serge Halimi dans son fameux Les Nouveaux Chiens de garde (1997 et 2005). La terrible machine à faire des élites du système ; Science Politique le bas fond du caniveau ; n’est pas en reste pour fournir aux plus hauts niveaux sa pléthore de journalistes au garde-à-vous pour servir le pouvoir en place. Terminé le journalisme combattif et vivifiant né sous la Grande Révolution de 1789, terminé les grands journaux comme L’Humanité du symbole immense qu’est Jean Jaurès, galvaudé d’ailleurs désormais dans toutes les bouches des mêmes personnages. Les compromissions avec le pouvoir sont telles que les politiques se substituent maintenant aux journalistes particulièrement dans les lignes de « journaux » comme le Huffington Post antenne propagandiste puissante en Europe d’ailleurs critiquée jusqu’aux Etats-Unis.

     

    Un exemple de la confusion entre politiciens et journalistes, celui d’Hervé Maurey ; dont nous parlons souvent avec raison. Vous pourriez trouver sur bien d’autres thèmes, des politiciens en vogue ou sur le déclin prêtant leurs plumes ou leur voix à divers supports médiatiques français sans la moindre considération pour l’information et la séparation nécessaire des genres pour que la démocratie française puisse réellement s’appeler démocratie. Comment s’expliquer qu’un politique est le droit d’être également journaliste et que sa parole soit véhiculée massivement ? Ceci s’appelle propagande, au sens le plus cru du mot et également le plus corrompu. Cette corruption, le journal Ouest-France l’atteint au plus haut niveau avec Borys Gudziak. Nous n’avions pas assez des voix et plumes françaises, Ouest-France va chercher jusqu’en Ukraine « ses journalistes » et quels journalistes !!!

     

    Nous connaissions déjà de longue date la nature de Ouest-France, peut-être le média le plus russophobe avec l’incomparable journal Libération bien que Le Figaro ne soit pas non plus en reste. Dans le journal régional Ouest-France ainsi que dans quelques autres, des anciens correspondants formés à l’école des antennes nationales en Russie et traditionnellement russophobes sont recyclés. Ils poursuivent savamment et habilement leur travail de sape. Ceci ne semble pas suffire, au point d’aller chercher Borys Gudziak. L’homme né en 1960… dans l’Etat de New-York est d’origine ukrainienne. De ces nombreux ukrainiens émigrés au Canada (le nid de Toronto), USA ou Argentine, les chemins des lignes de fuite des nazis et des collaborateurs bandéristes ukrainiens, oustachis croates et bien d’autres de toute l’Europe. Nous nous souvenons que Rome fut l’une des plaques tournantes des « Ratlines » à la fin des années 40 et dans les années 50 avec l’évêque Hudal de sinistre mémoire. C’est à Rome que Gudziak poursuit ses études jusqu’à l’Université d’Harvard avant de rejoindre l’Ukraine et Lvov dès 1992.

     

    La suite de sa carrière est celle d’un prêtre (1998), recteur de l’académie théologique de Lvov (2000), évêque de Carcabia, exarque apostolique de France pour les Catholiques orientaux de rite ukrainien (2012), éparque de Saint-Vladimir de Paris des Byzantins-Ukrainiens (2013), Chevalier de la Légion d’Honneur (1er janvier 2015). Le parcours est limpide, l’avant-garde bandériste américaine parachutée et vomie par les Etats-Unis sur l’Ukraine et comme on le voit aussi sur la France. Le prix de ses services aura été la plus prestigieuse médaille française et le droit de devenir « journaliste » pour Ouest-France. Bretons, Vendéens et Normands apprécieront la prose de cet habile personnage nous servant soudainement le 31 juillet un article sur l’avion malaisien descendu en plein vol au-dessus du Donbass en juillet 2014. Il est certain que des cours de théologie à l’exarchat, Boris Gudziak doit être un éminent spécialiste non seulement en termes de journalisme mais aussi du conflit dans le Donbass.

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

     

    Et le drôlet ne se prive pas de désinformer dans son article ligne après ligne : « L’Ukraine a été traumatisée par l’annexion de son territoire », hélas pour lui la Crimée république autonome depuis 1991 a décidé par référendum de sa sortie de l’Ukraine en mars 2014, « l’agression étrangère et la guerre » faisant allusion au Donbass en oubliant que nulle armée russe ne s’y trouve et que l’agression est venue de Kiev bombardant et massacrant les populations russophones. Ceci rend tout autant ridicule les « L’Ukraine subit une attaque terroriste de l’ampleur du massacre de Charlie Hebdo sur une base quotidienne […] c’est sans compter 1,8 million de réfugiés, des dizaines de milliers de blessés et d’estropiés, paralysés, sans jambes, sans bras, sans yeux, des centaines de milliers souffrent de choc post-traumatique ». Vraiment, de l’ampleur de Charlie Hebdo ? Doit-on rappeler le ridicule de la comparaison, que les réfugiés ont fuis les massacres et les bombardements orchestrés par les Ukrainiens et sont partis en Russie ou Israël, l’Europe et la France crachant littéralement sur leurs existences ? Doit-on vous rappeler la condition des gens estropiés dont vous parlez Monseigneur Gudziak ? J’ai rencontré hier une femme de 35 ans ayant un bras en moins, ayant perdu son mari et son fils d’à peine 5 ou 6 ans, restant seule avec une fille de 11 ans à élever. Si cette pauvre femme pouvait lire ce que vous avez écrit c’est de sa seule main valide qu’elle vous giflerait Monseigneur, et je compte bien que vous tendrez la seconde joue. Car ce sont les Ukrainiens qui ont massacré sa famille et cette femme me disait hier « vivre avec les Ukrainiens ? Plus jamais ! ».

     

    Ma double condition de Français et de catholique me fait doublement honte lorsque je découvre des hauts personnages de l’église qui violent à la fois la générosité de la France et leurs devoirs d’évêque en parjurant leur fonction d’homme de Dieu en venant prendre la plume pour nous servir un faux message de paix : « Gardez-vous des faux prophètes ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs », Evangile selon Matthieu 7.15.

     

    Laurent Brayard

    source: novorossia.today

     

     

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  • VIVENT LES VACANCES  POUR  TOUS  !  Par Georges Gastaud et Jo Hernandez, militants du PRCF, syndicalistes.Près de 80 ans après l’été 1936, où les occupations d’usine impulsées par le PCF et la CGT imposèrent la grande avancée des congés payés annuels, 50% des Français ne partent toujours pas en vacances faute de moyens financiers. Et avec la montée du chômage, de la précarité, du mal-logement, de l’austérité salariale, avec le recul des pensions soumises à « décote », l’envol des droits d’inscription universitaires, la diminution des indemnités chômage et des minima sociaux, avec le déremboursement d’un nombre croissant de médicaments, l’envol des tarifs SNCF, EDF, etc., les inégalités devant les vacances et l’accès aux loisirs ne cessent de s’aggraver. Dans certains quartiers transformés en ghettos de l’exclusion, 80% des enfants n’ont d’autre horizon désespérant que la cité plus ou moins délabrée ; c’est d’autant plus vrai qu’avec la purge infligée aux communes par l’Etat-Maastricht (au nom de la « dette » et du sauvetage sans fin du sacro-saint euro), le nombre de colos et de « centres A » ne cesse de diminuer, ainsi que la qualité et la quantité des activités-jeunesses concernées.

    Ajoutons à cela que le tourisme, y compris certaines institutions de vacances qui doivent leur existence aux syndicats ouvriers et aux comités d’entreprise (institués par Croizat à la Libération), s’adapte de plus en plus aux riches et aux couches moyennes supérieures (les omniprésents « bobos »), sans parler des endroits où, en violation de la loi littorale, des espaces publics et notamment des plages sont privatisés de fait au profit des nantis. Alors que la France, première destination touristique mondiale, tire 20% de son PIB des activités touristiques (bien plus hélas que des activités industrielles en capilotade !), n’est-il pas honteux que la majorité des ouvriers, des employés et bon nombre de travailleurs indépendants de la ville et de la campagne, peinent à prendre un minimum de vacances enrichissantes, distrayantes, voire tout bonnement reconstituantes ?

    Quitte à heurter les préjugés anticommunistes et antisoviétiques que les médias et l’école « républicaine » entretiennent à plaisir, il faut alors rappeler ce que faisaient en matière de vacances, de culture et de loisirs les anciennes démocraties populaires tant décriées chez nous. Tout était fait alors pour qu’aux frais de l’entreprise socialiste ou de la ferme collective (les fameux kolkhozes), chaque salarié et chaque agriculteur puisse partir annuellement au bord de la mer, sur le lac Balaton, dans des campings, des centres de vacances, où le professeur rencontrait la vendeuse et où le métallo randonnait aux côtés du médecin. A comparer avec les richissimes USA, où le droit aux vacances n’existe pas (sauf pour ceux qui ont les moyens) ou avec le Japon où les salariés ont fort peu de jours de congé… qu’il est d’ailleurs très mal vu de prendre tous !

    Rien ne montre mieux combien le capitalisme se soucie peu de l’homme et combien le socialisme, même s’il a subi parfois des distorsions diverses selon les temps et les pays, est au contraire centré sur l’homme-travailleur. Et nous n’avons encore rien vu hélas, en matière de régressions, puisqu’avec la loi Macron et les surenchères en la matière de la droite décomplexée (les prétendus « républicains » de l’ex-UMP), c’est feu roulant sur le repos dominical et sur les jours fériés, feu sur les 35h, parcours du combattant pour obtenir des chèques-vacances, exaltation de la « valeur-travail » (pour les autres, quant aux milliardaires, leur « travail » est d’empiler les yachts, il suffit pour s’en convaincre d’arpenter le littoral méditerranéen livré aux embarcations de luxe)…

    VIVENT LES VACANCES  POUR  TOUS  !  Par Georges Gastaud et Jo Hernandez, militants du PRCF, syndicalistes.Les congés payés, le droit aux vacances, comme le droit au travail inscrit dans la Constitution et si peu respecté, ne sont pas tombés du ciel ; ils ne sont pas des « acquis » immémoriaux mais des conquêtes sociales historiquement datées, résultant de luttes précises dont certaines ont coûté du sang ouvrier. Quand la classe laborieuse baisse les bras, quand elle cesse de lutter solidairement parce que ses organisations politiques et syndicales traditionnelles se sont compromises dans le « dialogue social » bidon et dans le soutien sans issue à la « construction » européenne patronale, quand certains travailleurs jalousent davantage les travailleurs étrangers ou ceux des autres branches d’activité qu’ils ne luttent contre le grand patronat, ces « acquis » fondent comme neige au soleil… et l’horizon devient aussi triste pour TOUS qu’une série de boîtes aux lettres cassées dans un hall d’immeubles à l’abandon.

    Alors pas de vacances pour l’esprit de lutte et rendez-vous à la rentrée pour exiger tous ensemble notre dû en matière d’emploi, de salaire, de pension, de services publics, en un mot,  de dignité humaine pour tous !

    Georges Gastaud & Jo Hernandez

    source: initiative-communiste.fr

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  • Grèce : pourquoi le nouveau plan d'aide est déjà un échec-par Romaric Godin (04/08/2015-La Tribune)

    Les négociations sur le troisième mémorandum ont débuté ce mardi 4 août 2015 à Athènes entre le gouvernement grec et ses créanciers. Mais la logique du plan dessinée le 13 juillet apparaît déjà comme caduque en raison de l'effondrement de l'économie grecque.

    Les discussions entre le gouvernement grec et ses créanciers commencent ce mardi 4 août. Au menu : le programme de privatisation et la recapitalisation des banques. Le gouvernement grec semble désireux d'aller assez vite. Selon sa porte-parole Olga Gerovasili, la rédaction du futur troisième mémorandum devrait débuter mercredi et être achevé avant le 18 août, date à laquelle il devrait être soumis au parlement. Cette date sera le dernier délai possible pour pouvoir débloquer un nouveau prêt d'urgence de l'UE qui permettra à la Grèce de rembourser les 3,2 milliards d'euros qu'elle doit le 20 août à la BCE. Il faut donc aller vite.

    Situation économique catastrophique

    Or, rien n'est simple. Car un nouvel élément vient désormais rendre les négociations encore plus périlleuses. La situation économique grecque est désormais clairement catastrophique. L'indice PMI d'activité manufacturière pour juillet est passé de 46,9 à 30,2, un niveau dramatiquement faible qui annonce une forte récession. La fermeture des banques, le contrôle des capitaux et le quasi-isolement du pays du reste de la zone euro, conséquence du gel le 28 juin des liquidités d'urgence accordées par la BCE au système financier grec, sont autant de raisons de cet effondrement.

    Selon une étude de l'association des PME grecques, les pertes de recettes de ces dernières ont atteint 48 % durant les trois premières semaines de juillet. Près d'un tiers des PME interrogées ont vu leurs recettes reculer de plus de 70 %. La consommation a été réduite de moitié. Le pire demeure que cette situation risque de ne pas être simplement temporaire.

    Les banques encore sous pression

    Ce mois de juillet risque en effet de peser lourd durablement. D'abord, une telle chute de l'indice PMI présage d'une explosion du nombre de faillites, donc d'une progression des prêts non remboursés aux banques, les « non performing loans » (NPL) ou créances douteuses. Les analystes de RBS estiment que les NPL vont progresser de 20 % au deuxième trimestre, mais ceci ne prend pas en compte la situation de juillet. Cette situation va encore peser sur le bilan de banques déjà très fragilisées par les 40 milliards d'euros de retraits effectués depuis décembre dernier. Une telle situation ne va, du reste, guère inciter les déposants à replacer leurs fonds dans les banques grecques, bien au contraire, on pourrait même avoir une poursuite du phénomène de retrait. Autrement dit, les banques vont encore dépendre largement de la liquidité d'urgence de la BCE, le programme ELA et cela pour un temps encore considérable. Et le besoin de recapitalisation des banques va encore grimper.

    Quels besoins de recapitalisation ?

    Or, ceci va avoir des conséquences importantes. Cette recapitalisation se fera par deux moyens : la participation des créanciers et des actionnaires, puis un prêt du Mécanisme européen de Stabilité (MES), prêt qui sera garanti, puis remboursé par le produit des privatisations logés dans un « fonds indépendant. » Une enveloppe de 10 à 25 milliards d'euros est prévue par le MES. Si cette enveloppe est insuffisante, il n'y aura pas d'autres options que de faire payer les déposants, comme à Chypre en avril 2013. Les analystes de RBS et de Fitch estiment que l'enveloppe prévue sera suffisante. Mais il y a un risque certain que la dégradation conjoncturelle continue à alimenter la crainte d'une ponction sur les dépôts, alimentant ainsi les retraits et donc les besoins de recapitalisation... Bref, l'option d'un scénario « à la chypriote », devenu officiel avec l'union bancaire européenne, va faire peser un risque non seulement sur les banques grecques, mais sur la conjoncture grecque. La Grèce va rester durablement une économie de « cash » et une économie dominée par la peur. La recapitalisation des banques ne pourra, au mieux, que freiner le phénomène, pas l'inverser.

    De nouvelles exigences inévitables des créanciers

    Mais, même sans scénario « à la chypriote », l'augmentation certaine du besoin de recapitalisation des banques grecques va naturellement aiguiser les appétits de privatisation des créanciers afin de venir couvrir le prêt du MES. Le gouvernement grec n'échappera pas à une finalisation rapide des ventes en cours (les aéroports régionaux, convoités par l'allemands Fraport, le Port du Pirée, lorgné par un groupe chinois ou encore l'ancien aéroport d'Athènes d'Elliniko, objet d'un vaste et ambitieux projet immobilier), mais les créanciers vont sans doute exiger le lancement accéléré de nouvelles privatisations. Compte tenu de la situation, Athènes n'est guère en mesure de discuter. Mais la dégradation de la conjoncture va encore réduire la valeur des biens vendus. Et donc, immanquablement, il faudra prévoir où trouver d'autres sources de revenus pour le « fonds indépendant. » La réponse sera soit de nouvelles ventes bradées, soit de nouvelles taxes. Deux mauvaises solutions, évidemment. La logique de l'accord du 13 juillet est donc déjà en difficulté et les négociateurs ne manqueront pas de s'apercevoir rapidement qu'ils discutent sur des hypothèses erronées.

    Une économie sous pression

    En réalité, tout dépendra de l'évolution conjoncturelle du pays. Mais les perspectives sont sombres. Le contrôle des capitaux est là pour longtemps à la fois pour assurer les recettes fiscales et préserver les banques. Un tel contrôle limite naturellement les investissements étrangers. Les seules ressources dont il pourra disposer dans ce cadre seront les 35 milliards d'euros de fonds européens bloqués jusqu'ici par la Commission. Une somme sur le papier rondelette, près de 20 % du PIB, mais il reste beaucoup d'incertitudes sur son utilisation et le rythme de cette utilisation. Donc sur son impact macro-économique. D'autant qu'il s'agit d'argent qui aurait dû être injecté déjà depuis plusieurs mois. On compensera donc en partie un triple manque à gagner : celui créé par le contrôle des capitaux, celui créé par le blocage précédent de ces fonds et celui de l'impact macroéconomique des mesures exigées par les créanciers (hausse e la TVA, relèvement de la cotisation santé pour les retraités et de la cotisation retraite pour les salariés) sur la demande intérieure. Dans de telles conditions, l'économie grecque devrait se contracter cette année et l'an prochain. Eric Dor, directeur des Etudes économiques de l'IESEG, prévoit une contraction de 1,37 % en 2015 et 0,92 % en 2016. Certains prévoient une récession plus profonde. Il est vrai que la chute du PMI manufacturier en juillet laisse présager d'une destruction encore plus sévère d'un outil industriel grec déjà peu dense.

    Objectifs caducs et aveuglement des créanciers

    D'ores et déjà tout est en place pour que le scénario des années 2010-2014 se reproduise. Comme le souligne Eric Dor, les objectifs fixés par les créanciers en termes d'excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 1 % du PIB cette année et de 2 % l'an prochain sont absolument caducs. La contraction du PIB rend les recettes moins fortes et les dépenses plus élevées. C'est l'effet multiplicateur qui a été et est encore sous-estimé par les créanciers de la Grèce qui n'y voient qu'une stratégie pour éviter de réduire les dépenses publiques. Et comme les créanciers ne croient pas à cet effet, ils verront dans la non-réalisation des objectifs de la Grèce de la mauvaise volonté et réclameront de « nouveaux efforts » qui conduiront à de nouveaux effets négatifs. Sans compter que, dans une économie dominée par le cash, face à un Etat qui va se retirer encore davantage, face à une baisse des revenus, construire une administration fiscale efficace et faire rentrer l'impôt seront de vraies gageures pour l'Etat. Inévitablement, en 2016, on se retrouvera avec de nouveaux besoins de financement non couverts de l'Etat grec, notamment le remboursement de la BCE en 2017 de 5,3 milliards d'euros.

    Un plan politique, punitif et ignorant les erreurs du passé

    Compte tenu de la situation macro-économique de la Grèce, le plan imposé par les créanciers semble donc d'ores et déjà voué à l'échec. Certes, les 35 milliards d'euros européens viendront en atténuer les effets négatifs dans des proportions inconnues, mais le risque majeur est celui d'une spirale négative s'autoalimentant. L'idée d'une rapide correction après la conclusion du mémorandum semble exclue. Le contrôle des capitaux, l'état des banques et l'austérité rendent ce scénario peu probable. En réalité, ce plan apparaît plus que jamais pour ce qu'il est : une décision politique, punitive, loin de toute réalité économique, ignorant les erreurs du passé. Les négociations hâtives qui vont construire le troisième mémorandum ne sauraient corriger ces défauts structurels. On comprend les hésitations du FMI à participer à un tel plan.

    Que peut Alexis Tsipras ?

    Dans ces conditions, que peut espérer le gouvernement d'Alexis Tsipras dans sa nouvelle logique « coopérative » ? Le temps réduit de la négociation, l'état de l'économie et ses besoins pressants de financement ne lui laissent guère de marge de manœuvre dans l'immédiat. Il faudra sans doute accepter l'essentiel des conditions des créanciers, même si la question des privatisations peut donner lieu à quelques tensions. L'ambition principale du gouvernement ne peut, dans ce cadre, que porter sur le fardeau futur de la dette. Toute renégociation de la dette due à court terme est exclue, mais Athènes peut espérer que les prêts de ce nouveau paquet aient une maturité de 30 ans avec une période de grâce de 10 ans pour le paiement des intérêts, comme l'a proposé Georges Stathakis, le ministre grec de l'Economie. Ceci pourrait s'accompagner d'un rééchelonnement de la dette déjà due à partir de 2020 qui sera négocié à partir de novembre. La valeur actualisée de la dette en serait réduite. RBS estime qu'une maturité de 30 ans appliquée à tous les prêts permettrait de réduire la valeur présente nette de la dette de 28 %. Il n'est pas sûr que cela suffise cependant à rendre la dette soutenable sans vraie stratégie de croissance, surtout s'il faut un nouveau plan d'aide dans quelques années. Rappelons que la restructuration de 2012 a été rendue inutile par la même politique exigée par ce troisième plan aujourd'hui. Plus que jamais, les créanciers jouent d'abord contre eux-mêmes en jouant contre la Grèce.

    Romaric Godin

    source: latribune.fr

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