• Pacte militaire Grèce-Israël : le changement de cap de Tsipras-par Manlio Dinucci

    Quand Tsipras est arrivé au gouvernement en Grèce, l’alarme a sonné en Israël : Syriza, soutien de la cause palestinienne, demandait de mettre fin à la coopération militaire de la Grèce avec Israël.

    Face à la brutale répression israélienne contre les Palestiniens, prévenait Tsipras, « nous ne pouvons pas rester passifs, parce que ce qui arrive aujourd’hui sur l’autre rive de la Méditerranée, peut arriver sur notre rive demain ».

    Sept mois plus tard, fin de l’alarme : Panos Kammenos, ministre de la défense du gouvernement Tsipras, est allé en visite officielle à Tel Aviv, où le 19 juillet il a signé avec le ministre israélien de la défense, Moshe Ya’alon, un important accord militaire. Pour ce déplacement, Kammenos, fondateur du nouveau parti de droite Anel, a choisi le moment où la Grèce était prise en tenailles par la question de la dette.

    L’ «Accord sur le statut des forces », communique le Ministère grec de la défense, établit le cadre juridique qui permet au « personnel militaire de chacun des deux pays de se rendre et résider dans l’autre pour participer à des exercices et activités de coopération ».

    Un accord semblable n’a été signé par Israël qu’avec les Etats-Unis. Dans l’agenda des entretiens on trouve aussi la « coopération dans le domaine de l’industrie militaire » et la « sécurité maritime », notamment des gisements offshores de gaz qu’Israël, Grèce et Chypre considèrent comme leur « zone économique exclusive », en repoussant les revendications de la Turquie.

    Sur la table de la rencontre « les questions de la sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Faisant écho à Ya’alon qui a dénoncé l’Iran comme « générateur de terrorisme, dont l’ambition hégémonique mine la stabilité d’autres Etats », Kammenos a déclaré : « La Grèce aussi est dans le rayon des missiles iraniens ; si un seul réussit à atteindre la Méditerranée, ce pourrait être la fin des Etats de cette région ».

    Il a ensuite rencontré les dirigeants des forces armées israéliennes pour établir une coordination plus étroite avec celles grecques. En même temps le chef de la marine militaire hellène, le vice-amiral Evangelos Apostolakis, a signé avec la contrepartie israélienne un accord de coopération sur des « services hydrographiques » non mieux précisés.

    Le pacte militaire avec Israël, stipulé au nom du gouvernement Tsipras, n’est pas seulement un succès personnel de Kammenos. Il entre dans la stratégie USA/Otan qui, dans l’offensive vers l’Est et vers le Sud, vise à intégrer toujours plus étroitement la Grèce non seulement dans l’Alliance mais dans la coalition plus ample comprenant des pays comme Israël, Arabie Saoudite, Ukraine et autres.

    Le secrétaire général  Stoltenberg a déclaré que le « paquet de sauvetage » UE pour la Grèce est « important pour toute l’Otan », la Grèce étant un « solide allié qui dépense plus de 2% de son PIB pour la défense »  (niveau atteint en Europe seulement par la Grande-Bretagne et l’Estonie).

    Particulièrement importante pour l’Otan la base aéronavale de la baie de Suda en Crète, utilisée de façon permanente par les Etats-Unis et d’autres alliés, dans ces dernières années pour la guerre contre la Libye et les opérations militaires en Syrie. Maintenant utilisable, grâce au pacte avec la Grèce, également par Israël surtout en fonction anti-Iran.

    Dans ce cadre stratégique se recomposent les conflits d’intérêt entre Grèce et Israël, d’un côté, et Turquie de l’autre. La Turquie, où l’Otan a plus de 20 bases et le Commandement des forces terrestres, au nom de la « lutte contre l’Isis » bombarde les Kurdes du PKK (vrais combattants anti-Isis) et, avec les USA et les « rebelles », se prépare à occuper la bande septentrionale du territoire syrien. En vertu de l’article 4 du Pacte Atlantique, car elle considère que sont menacées sa sécurité et son intégrité territoriale.

    Manlio Dinucci

    Sources : il manifesto ; traduit par Arrêt sur Info & dossiersdubip.wordpress.com

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    En Grèce comme en France: DEHORS LA TROÏKA et l’Union européenne !

    Un tract du Parti Ouvrier Indépendant- Seine-Saint-Denis:

    En Grèce comme en France
    Dehors la troïka et l’Union européenne !

    Incroyable ! La troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) est de retour à Athènes. Elle qui a provoqué par dizaines de milliers les licenciements, les suppressions de poste, la baisse brutale des salaires et des retraites (40 %), les privatisations, elle qui est responsable de l’extension du chômage, des maladies et de la pauvreté dans tout le pays ; elle est de retour à Athènes
    pour imposer les plans meurtriers exigés par la classe capitaliste.

    La troïka est de retour :
    HONTE A CEUX QUI ONT TOUT FAIT POUR QU’ELLE REVIENNE. Les Hollande, Merkel, Obama, les institutions de
    l’Union européenne qui ont exigé qu’à nouveau la Grèce soit saignée à blanc pour faire passer leurs plans.

    HONTE AUX DIRIGEANTS DES DIFFERENTS PARTIS qui, en France, y compris les dirigeants du Parti
    communiste français, se sont battus pour que la Grèce reste dans l’Union européenne et l’euro, c’est-à-dire
    qu’elle reste soumise aux plans destructeurs de la troïka.

    HONTE AUX DIRIGEANTS DE LA CONFEDERATION EUROPEENNE DES SYNDICATS (CES) qui ont osé, au nom des syndicats de toute l’Europe, affirmer qu’il fallait que la Grèce reste soumise au cadre de l’euro et de l’Union européenne.

    HONTE A TOUS CEUX QUI ONT EXIGE – ET OBTENU – DU PREMIER MINISTRE GREC, TSIPRAS, qu’il foule aux pieds le résultat du référendum du 5 juillet (qui rejetait les plans de l’Union européenne) et accepte d’imposer un nouveau mémorandum.

    En Grèce comme en France, l’Union européenne, ce sont les plans d’austérité, les contre-réformes et la destruction.
    En France, le gouvernement Hollande-Valls veut, à marche forcée, imposer la loi Touraine, la déréglementation du marché du travail et poursuivre l’application du pacte de responsabilité, généralisant l’austérité et les plans destructeurs.
    C’est sous ce signe particulièrement inquiétant que se prépare la prochaine rentrée. En Grèce comme en France, la réponse à cette situation, c’est la nécessaire action commune des travailleurs et de leurs organisations pour en finir avec cette politique.

    En Grèce comme en France :
    · Dehors l’austérité !
    · Rupture avec l’Union européenne !
    · Abrogation du pacte de responsabilité et de toutes les contreréformes!

    La solidarité des travailleurs et du peuple de France avec les travailleurs et le peuple de Grèce passe par l’action résolue pour défaire le gouvernement Hollande-Valls et sa politique.

    Mercredi 5 août 2015
    COMITE DEPARTEMENTAL
    DE SEINE-SAINT-DENIS
    87, rue du Faubourg Saint-Denis,
    75010 PARIS

     

    Télécharger « 150805-Tract POI 93-En Grèce comme en France dehors la troïka et l'Union européenne..pdf »

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    Journée d’action intersyndicale le…8 octobre 2015 ! La mobilisation sociale peut-elle attendre l’automne ?

    CGT, FSU, Solidaires appellent à une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle le 8 octobre 2015

    Durant toute cette année, les salarié-es et retraité-es se sont mobilisé-es à plusieurs reprises dans les secteurs professionnels et au plan interprofessionnel pour exprimer leurs attentes, leur exaspération grandissante face à une situation économique et sociale qui ne cesse de se dégrader et pour exiger une autre répartition des richesses qu’ils produisent.
    Ces dernières semaines encore, des mobilisations, souvent unitaires, ont été menées par les salarié-es et les retraité-es, exigeant leur juste dû, autour de luttes sur les salaires et pensions.
    Des actions se sont développées pour exiger de travailler mieux et moins, d’améliorer les conditions de travail et de réduire la durée du temps de travail, contre les licenciements, pour exiger aussi la pérennisation et la conquête de nouveaux droits (retraites, protection sociale, garanties collectives), le développement des services publics et la relance industrielle.
    Cédant aux pressions des puissances financières, au MEDEF, aux injonctions de Bruxelles, le gouvernement déroule une politique qui remet en cause notre modèle social assis sur l’égalité, la justice et la solidarité.
    Accompagnées par une bataille idéologique inédite, des politiques pour l’emploi se traduisent trop souvent par des mesures de régression sociale qui vont impacter tous les salarié-es.
    Les organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires convient toutes les organisations syndicales et les organisations de jeunesse pour une réunion fin août afin d’échanger sur l’analyse de la situation sociale, économique et politique et d’évaluer les champs sur lesquels des initiatives communes pourraient être envisagées.
    Dans un contexte où les inégalités se creusent et où la précarité se développe, elles réaffirment leur volonté de contribuer au renforcement des mobilisations et à leurs convergences, dans un cadre unitaire le plus large possible.
    Dès à présent, elles invitent les salarié-es et retraité-es à amplifier la mobilisation autour d’une plate forme revendicative commune pour :
    - Augmenter les salaires, les retraites, les pensions, les minimas sociaux et le point
    d’indice des fonctionnaires
    - Promouvoir l’égalité salariale femmes / hommes
    - Améliorer les conditions de travail et réduire le temps de travail pour créer des
    emplois, combattre et réduire le chômage
    - Pérenniser et améliorer les garanties collectives
    - Pérenniser et améliorer la protection sociale, les retraites complémentaires, pour garantir les droits à la santé et à la retraite
    - Développer les investissements pour relancer l’activité économique en tenant
    compte des impératifs écologiques
    - Conforter et promouvoir les services publics

    Les organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires appellent les salarié-es à en débattre pour construire une journée de mobilisation interprofessionnelle le 8 octobre prochain.

    Paris, le 30 juin 2015

    sources: cgt94.fr  &  communcommune.com

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  • Europe : Mea Culpa-par Jean Ortiz (Les Chroniques Latines-7/08/2015)

    "L’UE est devenue, selon Maastricht et consorts , une machine de guerre contre précisément l’indépendance et la souveraineté des pays et des hommes."

    Longtemps j’ai cru que pour changer les choses il vaut mieux être dedans que dehors, ne pas laisser la chaise vide... Longtemps j’ai cru que l’on pourrait peut être un jour changer de l’intérieur cette Europe du pognon, cette création à mes yeux artificielle, qui entend mettre au pas pour l’éternité et sous la botte allemande et de la finance, les peuples, sommés de comprendre que hors du néolibéralisme : point de salut. Et qu’ils se le mettent bien dans la tête : il n’y a pas d’alternative ! Soumission et  résignation. Et  qu’ils passent sous les fourches caudines « d’experts », de « technocrates » non élus, de traités et pactes liberticides, sinon toute tête dissidente, comme celle de Tsipras, sera tranchée et brandie comme un trophée, écrit Ignacio Ramonet dans le « Diplo » édition espagnole. Avertissement à tous ceux qui voudraient un changement : la BCE, le FMI, l’UE, l’OMC ... remplacent désormais les « marines », les « G’Is », l’armée allemande.
     
    L’occupation de la Grèce par la chancelière allemande (cela fait froid dans le dos), par le FMI, l’UE et la BCE, le traumatisme ressenti par tous les militants de gauche, m’ont interpellé(comme l’on dit). La défaite ô combien douloureuse, l’humiliation publique, le quasi lynchage d’un dirigeant porté par son peuple, la violence, la brutalité de la fondée de pouvoir des banques et des « trusts » allemands, m’ont beaucoup secoué.
     
    Dans cette Europe allemande et de la BCE, nous nous trouvons pieds et poings liés, la démocratie n’y est qu’un alibi, une feuille de vigne et les droits des peuples : du vent. Tous le vernis « européiste » a craqué. Tous les masques sont tombés ce 13 juillet, jour noir, très noir pour tous, pas seulement pour les Grecs, et est apparu le visage terrifiant (il ne lui manque que les petites moustaches) du marché, de ses grands banquiers et prêtres inquisiteurs, dame Merkel flanquée de son enfant de chœur français, chargé de veiller à ce que le torturé ne meure pas sous les supplices. A nu désormais ce néolibéralisme assoiffé de fric, de pouvoir pour mettre les peuples à genoux, et  ce libre-échange impérialiste, ces Pactes et Traités supranationaux, qui corsètent, emprisonnent, les membres de l’Union Européenne,  ne laissent que peu de marge aux gouvernements, la plupart bénis oui oui.
     
    Nous venons de souffrir un échec sur une stratégie qui atteint ses limites, qui s’avère inefficace et en porte-à-faux avec les besoins  de progrès social, de démocratie participative, de souveraineté. Sauf à être masochiste, il faut adapter la position traditionnelle des communistes. Ce bunker européen est irréformable. La preuve sans appel par la Grèce et sa mise sous tutelle, sous protectorat. L’UE est devenue, selon Maastricht et consorts , une machine de guerre contre précisément l’indépendance et la souveraineté des pays et des hommes.
     
    Jamais plus aucun dirigeant démocratiquement élu ne doit subir le traitement dictatorial, dégradant, imposé à Tsipras. Cela est impossible sans changer de cadre. Jamais plus aucun chef d’Etat ne doit voir sa dignité bafouée par un quarteron de « collabos », d’exécutants zélés du capital.
     
    Sortons de ce « machin », de cette prison. De nombreux économistes ont démontré que la sortie de l’euro à elle seule ne suffirait pas, mais qu’elle ne constituerait pas une catastrophe majeure comme on nous en rebat les oreilles. Il y a- t-il pire que le pire ? J’ai mal à la Grèce. Je n’accable pas Tsipras (ne nous trompons pas de cible !) mais ceux qui lui ont mis un pistolet sur la tempe mériteraient d’être jugés pour crime contre l’humanité. Je ne signerai aucun texte, aucun appel. Je ne veux être manipulé que par ma conscience.
     
    Jean Ortiz
     
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  • Les « sages » du Conseil Constitutionnel passent…la LOI MACRON reste !

    Le conseil constitutionnel a comme on s’y attendait, coulé dans le marbre l’essentiel du projet de loi dit « Macron » en retoquant à la marge son contenu, soit 18 articles sur 300 que compte cette loi.

    Pour l’essentiel, la loi dans sa logique et son objectif de démantèlement du droit du travail, reste inchangée. Elle obéit à une logique libérale désormais assumée et défendue par ce gouvernement en matière économique et sociale. Celui-ci se soumet ainsi aux injonctions de l’Union Européenne visant à faire de l’austérité le modèle unique, s’attaquant aux droits des salariés, le droit du travail et de l’économie. Il accentue ainsi les évolutions sur le rôle de l’Etat, dans la droite ligne de la réforme territoriale et de l’Etat. Un Etat au service du capital dans le cadre de la compétition économique européenne et mondiale afin d’accroitre les profits par un dumping-social révoltant pour les salariés des différents pays.

    L’objectif du gouvernement étant de soulager le patronat et les capitaux des entreprises des « contraintes » imposées par le droit du travail, pour générer toujours plus de bénéfices en un temps le plus restreint possible, quel qu’en soit le coût salarial et humain !

    Dans le même temps, par cette loi le gouvernement s’attaque aux institutions représentatives du personnel et au mouvement syndical, empêchant ainsi les salariés de se défendre. C’est pourquoi la CGT organisera le 23 septembre prochain une initiative nationale pour exiger le respect des libertés d’expressions et d’actions syndicales.

    C’est la transformation en profondeur du « modèle social français » vers un modèle libéral et mondialisé qui se poursuit avec cette « Loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques », laissant ainsi la régulation aux marchés, principalement spéculatif et financier, en espérant que cela redressera l’économie…

    L’objectif de cette loi étant inchangé, la CGT s’efforcera de faire entendre la voix des salariés à l’occasion d’une journée de mobilisation interprofessionnelle le 8 octobre prochain afin d’exiger de sortir de la crise, en augmentant les salaires, les pensions et les minima sociaux… ça, c’est l’urgence !

    La CGT-Montreuil, le 6 août 2015

    sources: cgt.fr & communcommune.com

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  • Douarnenez-Le Récit de la "LIBERATION" de Michel Mazéas (LT 8/08/2015)Dans ses archives personnelles, Michel Mazéas détenait cette photo : des militaires allemands longeant le cimetière de Ploaré, rue Laennec durant l'Occupation. (Photo collection privée)

     Il y a soixante et onze ans jour pour jour, la ville de Douarnenez était libérée de l'occupation allemande. Les témoignages se font de plus en plus rares, de plus en plus précieux. Tandis que les souvenirs se confondent, les écrits restent. Michel Mazéas, historien, nous a laissé « Quatre jours en août ».
     
    « Depuis quelques mois, Douarnenez frémissait d'inquiétude et d'impatience. Le Débarquement allié, en Normandie, avait eu lieu le 6 juin ». C'est en ces mots que Michel Mazéas, historien, introduit son récit « Quatre jours en août ». L'ancien maire et fin connaisseur de la ville à la plume délicate, y raconte ses souvenirs d'adolescent durant ces quatre jours de combats qui précèdent la Libération.
     
    Les forces douarnenistes se préparent
     
    La situation politique se mêle à la vie familiale et amicale. Son oncle Eugène a prévu de se marier le 5 août 1944. « Les rumeurs les plus fantaisistes trouvaient toujours un écho amplifié. Si bien qu'au début du mois d'août s'échangeaient les propos les plus optimistes. Le 4 août, on annonça même la présence d'Américains à Quimper. La confirmation puis la reconfirmation de cette fausse nouvelle allaient se traduire par une réaction spontanée : la ville se mit à pavoiser aux couleurs alliées, chaque fenêtre arborant son drapeau. Le coup d'envoi était donné, dans les esprits, avant même de s'être traduit par les armes ».
     
    Tout commence à Ploaré
     
    Le vendredi 4 août 1944 au matin, les FFI de Douarnenez (Forces Françaises de l'Intérieur) reprennent les locaux de la Vallombreuse, siège de la douane allemande. Dans la journée des barricades se construisent à Ploaré. De jeunes gens vont et viennent afin de surveiller les Allemands. Un de ses amis notamment. « À cinquante ans de distance, je retrouve encore ce regard que nous avons échangé, un instant bref, sous le soleil d'août, juste avant les combats qui allaient nous enlever combien d'amis ! » La situation dégénère en début d'après-midi aux alentours de la place Paul-Stéphan. Déjà des hommes tombent. Et toujours, les images rejaillissent. « Cinquante ans après, je revois encore cet homme étendu, que la vie quittait peu à peu et pour lequel nous ne pouvions plus rien faire. » Les souvenirs de Michel Mazéas sont clairs précis. Il rend compte avec détail. Le soir, on pleure les morts mais Ploaré est libre.
     
    Ploaré libéré, les Allemands sont dans le centre-ville
     
    Après une nuit agitée, le samedi matin, les renforts alliés sont attendus. L'aide vient par le ciel mais les avions sont abattus. Les Allemands poursuivent les combats. Ils remontent du centre-ville afin de reprendre Ploaré. C'est chose faite. La journée du dimanche 6 août n'offre pas de répits aux résistants. « À Ploaré, la garnison tient en otages une vingtaine de personnes, dont les maires de quelques communes. Ils menacent de les fusiller tous par prévention ». Ils sont finalement libérés grâce à un coup de bluff. Le directeur du Rex se fait passer pour un Américain et propose d'être détenu à la place des otages. Pourtant la confusion règne le matin du lundi 7 août. Tous attendent. « Que se passe-t-il à Ploaré ? Nous ne le savons guère ».
     
    Enfin... « le jour de la LIBÉRATION »
     
    Le mardi 8 août, il fait beau. Dans la matinée paisible retentissent d'énormes déflagrations. « Toutes les vitres du groupes scolaire ont volées en éclat, le toit du préau est en partie arraché... Les vitraux de l'abside de l'église sont réduits en miettes ». Les Allemands font exploser les stocks de munitions avant de partir. Les combats ne sont pas tout à fait terminés. « Les FFI de Douarnenez contribueront à les déloger des hauteurs du Menez-Hom, de la presqu'île de Crozon, de la côte de Beuzec, de Lesneven où se déroulèrent des combats meurtriers ». Les Allemands quitteront définitivement la région de Douarnenez et du Cap-Sizun le 19 septembre. Mais le 4 août 1944 est pour la ville de Douarnenez, écrit Michel Mazéas en lettres capitales : « Le jour de la LIBÉRATION ».
     
    Domitille Pautonnier
    source: letelegramme.fr
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  • Grèce – 5 août : Protestation massive devant le ministère du travail à l’appel du PAME

    Le mouvement syndical PAME (Front militant de tous les travailleurs proche du KKE) a tenu un rassemblement de protestation massif devant le ministère du travail ce mercredi 5 août en réponse au gouvernement grec, à l’Union européenne et au grand capital qui détruisent la vie des travailleurs.

    Les déclarations faites à la délégation du PAME par le ministre du travail constituent une provocation à l’égard de tous les travailleurs. Le ministre du gouvernement SYRIZA a déclaré ouvertement que « tout est en discussion ». Tous les droits des travailleurs, les retraites, les droits syndicaux : tout est remis en question.

    Il a affirmé clairement qu’il soutient l’élévation de l’âge de départ à la retraite !

    Il a affirmé clairement qu’il réviserait les droits syndicaux !

    Il a affirmé clairement son intention de revenir sur le droit de grève.

    Il a montré qu’il y allait avoir une surenchère dans l’attaque contre ce qui reste des droits des travailleurs, alors que, dans le même temps, il demande l’appui des organisations syndicales pour faire passer le nouveau mémorandum !

    Ça, c’est un gouvernement de « gauche » ! Ce gouvernement qui impose les mesures les plus brutales contre les travailleurs et qui veut leur faire dresser leur propre potence !

    Ne pas attendre ! Pas un pas en arrière ! Alerte !

    Le PAME a dénoncé l’attaque impitoyable des grandes firmes qui ont transformé les lieux de travail en ateliers de misère, à coup de licenciements, de coupes dans les salaires, de travailleurs non payés. Le PAME a déclaré que les syndicats de classe ne rentreront pas dans les tentatives de promouvoir la collaboration de classe, avec le « dialogue social » etc.

    Le PAME appelle les organisations syndicales à mobiliser, à prendre des initiatives pour informer et organiser la classe ouvrière, à préparer les travailleurs à la riposte militante, combative, décisive au nouveau mémorandum-boucherie qui arrive.

    source: Pame

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  • Le gouvernement grec soutient la politique d’Israël!

    La visite officielle en Israël du Ministre de la Défense de la Grèce de l’ultradroite, Panos Kammenos, le dimanche 19 juillet montre la position dangereuse du gouvernement grec des partis SYRIZA-ANEL.

    En outre, la visite du ministre de la Défense a lieu quelques jours après la visite officielle en Israël du Ministre des Affaires étrangères de la Grèce, N. Kotzias le 4 juillet au cours de laquelle il a rencontré le Ministre des Affaires étrangères et le Premier Ministre d’Israël, Netanyahou.
     

    Avec sa dernière visite, le ministre de la Défense de la Grèce s’engage à l’intensification de la coopération militaire et la formation et les exercices conjoints de l’armée grecque côté à côte avec l’armée d’Israël, une armée qui a les mains peintes en rouge par le sang des milliers de Palestiniens. En plus, il s’est engagé à l’intensification de la coopération entre les deux pays dans le cadre de la compétition inter-impérialiste et les parcelles de terre géostratégiques dans la Mer Méditerranée du Sud-Est.
     

    La Fédération Syndicale Mondiale, avec son expression stable et cohérente de solidarité internationaliste en faveur du peuple palestinien et contre l’occupation israélienne barbare qui continue avec le soutien des gouvernements des Etats-Unis, exige du gouvernement de la Grèce qu’il mette fin à son intense coopération militaire avec l’Israël.
     

    La FSM considère l’intensification de la coopération entre la Grèce et l’Israël non seulement dangereuse pour le peuple palestinien qui est sous la souffrance quotidienne de l’occupation israélienne, mais aussi dangereuse pour la paix générale autour de la Méditerranée. La Mer Méditerranée est menacée par la concurrence géostratégique et les machinations des forces impérialistes pour une plus grande part de l’exploitation des ressources productrices de richesse.
     

    La relation militaire de la Grèce avec Israël sape non seulement le peuple palestinien mais aussi les gens du Liban, de la Syrie, de l’ensemble de l’Afrique du Nord et favorise les machinations des impérialistes pour le soi disant nouveau Moyen-Orient.
    La FSM exige que le gouvernement grec vote au Parlement grec la reconnaissance de l’Etat palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale dans les frontières de 1967, de dénoncer officiellement l’occupation israélienne et de mettre fin à sa coopération militaire et la formation conjointe avec Israël.
     

    En outre, le FSM demande l’annulation des plans de l’offre d’une île grecque à l’OTAN, dont il veut utiliser comme une grande base militaire. En outre de sérieuses questions et préoccupations sont soulevées par les annonces du gouvernement du SYRIZA-ANEL, qu’ils vont commencer en septembre une campagne de «Diplomatie Religieuse» au Moyen-Orient et Afrique du Nord. Il est fort probable que ce rôle a été attribué à eux par les Etats-Unis.
     

    Nous les appelons à arrêter tous ces jeux dangereux.
     

    Le Secrétariat de la FSM-le 24 juillet 2015

    source: dossiersdubip.wordpress.com

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  • Réflexions d'Alexandre MOUMBARIS  sur la communication du Comité central du KKE du 13.7.2015

    Les mesures sociales que recommande le KKE ainsi que l’urgence de leur mise en œuvre: l’organisation sur les lieux de travail, dans les quartiers, les divers comités de solidarité…, sont plus qu’indispensables. Cela permettrait hormis la subsistance, le développement d’un pouvoir politique populaire alternatif, susceptible éventuellement d’offrir un terreau à d’autres développements à la lutte populaire.

    Il est manifeste que le KKE avait bien avertit et dénoncé SYRIZA pour son imposture, qui s’est transformée en flagrante trahison de la volonté des citoyens grecs exprimée par le vote «NON» au référendum. On comprend, surtout à postériori, l’appel du KKE à voter par un double «NON» («NUL» au comptage). Il semblerait que l’importance de la victoire du «NON» ait dérangé les calculs de SYRIZA, qui aurait été plus à l’aise dans sa politique avec une «victoire» du «NON» beaucoup plus modeste.

    Il est clair aussi que le KKE, par son histoire et son activité en général, syndicale aussi, qui appelle a d’importantes et nombreuses loyautés au sein de la classe ouvrière et du peuple en général, mais il a aussi une très grande responsabilité à assumer.

    Toutefois, il faut avoir en vue les réalités d’aujourd’hui ainsi que celles de l’histoire récente. La résistance grecque EAM (Front de libération nationale) qui représentait la majorité du peuple grec pendant l’occupation allemande, avait subi à la fin de 1944 l’intervention militaire et les massacres, conduits par les «alliés occidentaux» ayant pour but l’assujettissement du peuple grec et la remise sur le trône du roi Georges II (de la dynastie danoise de Slesvig-Holsten-Sønderborg-Glücksborg) qui avait la faveur des Britaniques. On peut dès lors dire que les Grecs ont chassé les occupants allemands pour être à nouveau occupés, cette fois-ci par leurs «alliés occidentaux». Entre 1946 et 1949 a eu lieu une guerre, dite «civile», où les «alliés» furent bel et bien impliqués. Elle a été perdue bien que les communistes aient eus quelques frontières amies, ce qui n’est pas le cas maintenant. Cette situation anticommuniste répressive a persisté des années après. En 1967 a eu lieu le coup d’état de la junte des colonels, instigué et soutenu par les «alliés» étasuniens avec la même répression qui a duré jusqu’en 1974. Un des résultats en a été l’invasion de Chypre et l’occupation d’un tiers de son territoire par la Turquie.

    Nous n’entrerons pas dans le détail de la malfaisance de toutes ces luttes intestines fomentées par nos «alliés»: les morts, les emprisonnements, les exils, les dégâts…. mais elles ont laissé des traces indélébiles, dans les mémoires aussi.

    Considérant ce qui est dit plus haut et que l’OTAN a des bases militaires en Grèce (Souda, en Crète), au Kossovo (Bondsteel) voisin et ailleurs dans la région, que les guerres en Ukraine, en Syrie… ainsi que les provocations frontalières de la Turquie attisent délibérément une tension permanente, un changement de régime, risquerait fort de donner lieu à une intervention étrangère en conjonction avec des collaborateurs locaux.

    Le KKE aux dernières élections législatives a obtenu 5,47% des suffrages et compte à la Vouli 15 députés sur 300. Si de nouvelles élections devaient avoir lieu demain, il obtiendrait sûrement un large vote en conséquence de la désaffection pour SYRIZA et d’autres partis, toutefois il serait hautement improbable qu’il ait la majorité. Ce serait moins improbable qu’il conduise une coalition, et moins encore d’y participer comme partenaire minoritaire. Une telle alliance, par sa nature même, temporaire, aurait un objectif circonscrit. Cela a été le cas en 1989/90 quand le KKE s’est allié avec la ND et avec le PASOK, un précédent qui montre qu’il n’a pas toujours été hors de question qu’il participe à un gouvernement majoritairement bourgeois si les circonstances le demandaient.

    Refuser l’instauration d’une monnaie nationale, parce qu’elle servirait à la bourgeoisie ou à l’impérialisme, implique obligatoirement le soutien passif de l’Euro. Le KKE déconsidère que celle-ci puisse servir à un autre usage. Il ne prend pas en compte le fait que la monnaie nationale est partie intégrante de la souveraineté, qu’elle constitue un de ses attributs régaliens quel que soit le régime: bourgeois, socialiste ou autre. À qui et à quoi servirait-elle, est une autre question. On ne peut pas confondre l’outil et son usage. Il en est de même pour la présence de frontières délimitant le territoire et sa gestion économique, sa langue, son histoire, sa culture, sa dignité; tous ces éléments qui répondent à l’indépendance et à la souveraineté d’un peuple, d’une nation, valent le combat pour les obtenir. Y compris dans le cadre du système capitaliste, c’est préférable que d’être une colonie, une semi-colonie ou «territoire» sous tutelle, quel que soit le terme pour décrire sa situation d’aujourd’hui. C’est une étape intermédiaire nécessaire sur la voie du socialisme.

    Donc dans cette affaire et dans le cadre de l’exploitation capitaliste il y a deux enjeux et dans cet ordre de priorité, mais qui se confondent, la lutte du peuple entier pour la souveraineté nationale et la lutte la classe ouvrière avec ses alliés pour le socialisme. Dans le premier cas la lutte est motivée face à la double exploitation des travailleurs: l’exploitation exercée par le capitalisme étranger en collaboration avec la couche compradore de la bourgeoisie nationale, et l’exploitation exercée par la bourgeoisie nationale. Dans le second cas il n’y a que l’exploitation des travailleurs par la bourgeoisie nationale.

    Il en découle logiquement, surtout dans une situation de faiblesse du Parti que s’il tient à se battre, il est obligé de faire des alliances avec d’autres forces patriotiques y compris celles de la bourgeoisie nationale contre le capitalisme étranger et ses collaborateurs de la couche compradore de la bourgeoisie. Dans la même veine il est même nécessaire de défendre la bourgeoisie nationale et par exemple la défendre contre toute importation préjudiciable aux producteurs locaux, faire tout son possible pour que le pays devienne autosuffisant.

    Au-delà des alliances nationales il est nécessaire de se servir aussi de tous les appuis internationaux avantageux lui permettant de contrecarrer ses adversaires et de renforcer le pouvoir des forces populaires et du progrès, comme par exemple la Russie ou les BRICS.

    Dans une situation qui est vraiment difficile, même existentielle, la sortie de la Grèce de l’Union européenne et de la zone-euro, pour le KKE n’est envisageable que par la voie du socialisme, et pour arriver à cette fin il y a tellement de conditions préalables, qu’on n’en voit ni le bout ni le chemin. On ne peut pas faire de vagues allusions au socialisme … et puis proposer comme voie «le renforcement du Parti comme condition préalable» en vue de «la restructuration du mouvement ouvrier» qui «revendiquerait des mesures de soulagement immédiates» du peuple qui permettrait de «changer le rapport-de-forces négatif» pour «renforcer la combativité» «contre le fatalisme et la subordination de la classe ouvrière ….contre ses vieux et nouveaux gestionnaires de la barbarie capitaliste».

    Le but n’est pas, en soi, de combattre – ce qui est un processus, un moyen – mais de survivre, de progresser et de vaincre!

    28.7.2015

    Alexandre MOUMBARIS

    source:dossiersdubip.wordpress.com

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  • Nous publions ce texte bien que le PCE soit membre, comme la direction du PCF, du Parti de la gauche européenne – PGE, avec le regroupement Izquierda unida. Outre l’intérêt de sa réflexion sur le fond, sur la situation en Grèce et ses répercussions politiques en Europe, ce texte exprime un rejet sous de nouvelles formes de l’UE dans le sens d’une rupture avec les politiques du capital qui mérite l’attention. Il tranche avec les positions du mouvement mouvementiste à la mode « Podemos » et son appui inconditionnel sur le plan antisocial accepté par ses frères Syriza et Tsipras en Grèce. Le chef de Podemos, Pablo Iglesias, apôtre du dépassement de la forme parti, vient d’ailleurs de se livrer à des attaques profondément anticommunistes contre le PCE. D’une certaine façon, tout se tient.

     

    Situation en Grèce et Union européenne: position de Parti communiste d'Espagne

    L'actuelle Union européenne est, en ce moment, l'expression politique et institutionnelle la plus élevée de la constitution d'un bloc impérialiste spécifiquement européen.

    Le Parti communiste d'Espagne a maintenu et maintient le principe du respect de l'autonomie d'action des organisations progressistes, ouvrières et de gauche des autres pays du monde et la compréhension de l'existence de différences d'analyse. Pour autant, le lien est clair entre les processus enclenchés en Grèce et en Espagne au cours des dernières années et les souffrances des peuples des deux pays sujets à des attaques similaires des grandes puissances capitalistes. Par conséquent, il est nécessaire, à partir des événements de ces derniers jours, d’émettre une série de considérations sur le résultat du processus de négociation entre la Grèce et l'Union européenne (sans oublier la participation du FMI) sur la question de la dette publique grecque et sur la mise en œuvre d'un ensemble complémentaire de mesures économiques dans le pays.

    Les événements de ces dernières semaines permettent de confirmer, de façon absolument claire, la nature de l'UE : comme nous l’avons défini à notre XIXe congrès, l'Union européenne actuelle est, en ce moment, l'expression politique et institutionnelle le plus élevée de la constitution d'un bloc impérialiste spécifiquement européen. Les objectifs et le fonctionnement de l'UE sont conçus au service d'un pouvoir oligarchique d’origine financière, centré géographiquement sur l’Europe centrale, mais qui, en réalité, englobe également l'ensemble des capitalistes des autres pays de l'UE (y compris, bien sûr, d’Espagne).

    Au cœur du projet d'intégration régionale européen se retrouvent, actuellement, trois aspects: l’accélération de la mise en œuvre de la solution néolibérale à la crise capitaliste dans tous les pays de l'UE, assurant l’écrasement de toute résistance, qu’elle provienne des pouvoirs économiques locaux ou des couches populaires; l’accentuation de la prédominance du noyau sur les peuples européens (principalement sur ceux de la périphérie géographique, mais aussi sur les autres); et, enfin, l’application d’une stratégie de confrontation politique et économique à l’encontre le reste du monde, en particulier à l’encontre des pays émergents, ce qui se traduit en particulier par le renforcement de l'alliance avec les États-Unis à travers le TTIP. Pour sa signification interne et mondiale, vu son urgence, la lutte contre l’Accord transatlantique doit être aussi une de nos priorités, liée à l'analyse des événements qui se déroulent en Grèce et (de façon pour l’instant moins aiguë) dans d'autres pays de l'Union.

    S’il y avait quelques doutes quant à la position de l'UE, les faits, surtout ces dernières années, aussi bien dans sa propre périphérie à l’ouest et au sud (Chypre, Espagne, Grèce, Irlande, Portugal) que dans sa sphère d'influence en construction à l'est (Ukraine) finit de les lever: le caractère soi-disant bienveillant des institutions de l'Union est devenue une force implacable au service des intérêts du noyau capitaliste, ruinant les populations, tordant les aspirations démocratiques et déstabilisant, économiquement et politiquement, tout pays dans lequel elles voient une résistance. Ainsi, l'Union européenne, et les puissances régionales qui la suivent, se caractérisent par l'application d'une politique implacable de domination. Sa révèle le mensonge de la rhétorique sur l'intégration européenne équitable, présentée comme la marque de fabrique du processus « de construction européenne ».

    Ainsi, le 13 juillet, le gouvernement grec a accepté, sous la forte pression de l'Allemagne et de la France, de la Commission européenne et de l'Eurogroupe, un pacte léonin, après une lutte dure de quelque six mois. La menace d'expulsion de la Grèce de la zone euro a été l'arme de chantage utilisée pour obtenir une capitulation. Celle-ci va entraîner sans aucun doute des conséquences difficiles pour la Grèce, niant, à la racine, l'idée d'une Europe unie et pacifique, solidaire et égalitaire, pour laquelle la majorité sociale du continent a lutté pendant de nombreuses décennies.

    L'accord attaque à nouveau l'économie et le peuple grecs, avec la poursuite des politiques d’austérité et la renonciation en conséquence à la souveraineté de l’Etat. Il en est ainsi, même si, comme l’a indiqué le gouvernement grec, reste envisagée, avec cet accord, la possibilité d'empêcher temporairement l’asphyxie ou l'effondrement financier, d'une restructuration ultérieure de la dette ou du maintien des lois adoptées concernant les employés du secteur public. Et encore, de façon terriblement paradoxale, le fait est qu’avec l'application de l’accord dans sa teneur réelle, la dette grecque devrait augmenter, la situation économique du pays continuer de se détériorer. De même, le discours officiel sur la «sauvegarde» de l'euro (qu’a tenu, entre autres, le ministre Guindos) est également clairement fallacieux, étant donné la possibilité que la situation extrême de la Grèce se reproduise dans d'autres pays du sud de l’Europe.

    Nous considérons que la mise en œuvre du paquet de mesures économiques convenu en Grèce (qui n’est rien d’autre que la poursuite et l'approfondissement du processus subi par le peuple grec depuis 2010) amènera des conséquences économiques, politiques et sociales profondément négatives pour ce pays. Les réformes des retraites (avec l’horizon du déficit zéro) et des conventions collectives, convenues avec l'UE, ainsi que la hausse de la TVA (pour ne citer que certaines des mesures les plus importantes) visent directement à l'achèvement du processus de sortie, par la voie antisociale, de la crise en Grèce (également au bénéfice des puissances capitalistes grecs), garantissant la soumission des travailleurs au capital, avec une pleine efficience des mesures de pression économique (dirigées, encore une fois, contre les salaires).

    De même, les dommages causés au reste de souveraineté économique de la Grèce auront des conséquences décisives, à la lumière du paquet de mesures contenues dans l’accord, en raison du programme imposé de privatisations massives qui placera les secteurs fondamentaux de l’économie du pays (transport, télécommunications, énergie, services bancaires, etc.) encore aux mains du public, sous la propriété des grands groupes capitalistes de l'UE. Il ne faut pas sous-estimer cette question parce qu’un secteur public, efficace et développé, est l'une des clés fondamentales pour faire avancer une politique de transformation un tant soit peu significative. Egalement, dans cette même stratégie « prédatrice » de l'UE, la déréglementation et « l 'ouverture » des marchés à l'étranger cherchent à accélérer le processus de concentration et de centralisation du capital. La réalisation de toutes ces mesures revient, tout bonnement, à transformer définitivement la Grèce dans une semi-colonie économique de l'UE.


    De même, on ne peut que constater la position du gouvernement du Parti populaire, Rajoy en tête, de collaboration avec la stratégie et les interventions de l'UE en Grèce, suivant une corrélation étroite avec la politique d’écrasement des acquis sociaux de la classe ouvrière en Espagne. Cette position du gouvernement espagnol, laquais du gouvernement d'Angela Merkel, doit être sanctionnée par les citoyens de notre pays dans les rues et dans les urnes. En acceptant de se rendre complice de la nouvelle tentative de détruire la Grèce, d’attaquer la démocratie et d’écraser un peuple, qui est déjà dans une situation sociale terrible, il montre sa véritable position politique et morale.

    Le principe fondamental du moment est qu’il est, tout simplement, impossible de «gérer» le paquet de mesures farouchement néolibérales signé avec l'Union européenne. La cohérence, totale et détaillée de ce paquet (non seulement parce que cela est exigé par les institutions de l'Union, mais de par sa nature même) rend directement impossible de limiter, même un peu, sa portée. Il n’est pas davantage réaliste de compter parvenir à une nouvelle "croissance" économique en Grèce grâce à l'arrivée présumée de nouveaux investissements étrangers, tout en restant dans le cadre de l’application de ce paquet de mesures. Cela est non seulement improbable mais, même dans ce cas, la nouvelle activité économique aurait lieu dans des conditions répondant aux intérêts des investisseurs étrangers, sur la base d’une plus grande exploitation des travailleurs, et non aux besoins du peuple grec. Et il est encore moins vrai de prétendre que la sortie du pays de la zone euro, même s’il elle a lieu soudainement, serait le prélude à une véritable apocalypse économique et sociale, sans pour autant que cela ignorer le scénario extrêmement complexe dans son développement qui s’ouvrirait. La mise en œuvre du paquet de mesures ne peut que perpétuer le caractère périphérique et dépendant de l'économie de la Grèce par rapport au noyau capitaliste de l'UE.

    La «gestion» de la barbarie néolibérale a été le but de la social-démocratie européenne dans un passé récent, avec un développement incohérent depuis le début et un échec retentissant dans son résultat final. Cela a contribué à juste titre à son déclin politique aujourd'hui et à sa position de plus en plus subordonnée dans l’alliance avec les forces conservatrices et libérales au sein de l'UE. Le développement de la crise en Grèce amène à assimiler une leçon essentielle: on ne résiste au pouvoir de l'Union européenne qu’en reprenant une véritable souveraineté populaire, ce qui passe par le contrôle public sur les leviers économiques de base (notamment les mécanismes capables de contrer les actions de guerre financière contre le pays). De même, on ne peut pas assimiler le maintien dans l'Union économique et monétaire ou dans l'Union européenne elle-même à un principe dogmatique, sans l’associer à la sauvegarde des droits, des intérêts et des besoins vitaux de la population.

    Enfin, nous ne devons pas tomber dans le piège d'accepter implicitement que le rejet de l'ensemble des mesures convenues (impliquant le rejet des paquets de mesures précédents) représenterait un appui aux intérêts des différentes puissances capitalistes nationales. En effet, dans les pays du sud de l'Europe, il est plus que nécessaire de mettre en chantier une politique de profonde transformation économique, politique et sociale. Le contenu de ces changements n'a rien à voir avec la rhétorique des «réformes» tel qu’elle est acceptée comme monnaie courante dans une grande partie de l'UE, mais avec des réalisations au service de la majorité de la société européenne. Ainsi, l'engagement du PCE porte, en conformité avec les résolutions et les thèses de son XIXéme congrès, comme un programme urgent de mesures économiques et politiques en Espagne, contre l'euro, contre les politiques d'ajustement et le projet néolibéral en Europe, sur les points suivants :


    1. Réaliser un audit de la dette avec la constitution de mécanismes opérationnels permettant la participation de la société.

    2. Rejeter le paiement de la dette illégitime, et rejeter en même temps qu’un déficit soit généré pour le financement des services publics et des politiques de protection sociale.

    3. Sur cette décision souveraine de non-paiement de la dette illégitime, initier un processus de renégociation de la dette, sur la base du rejet du pacte d'austérité européen, avec l’objectif d'éviter que le paiement de la dette amène une aggravation de conditions de vie et de travail des couches populaires et des travailleurs.

    4. S’opposer à l'intervention de notre pays dans le camp des puissances économiques européennes et rejeter tout «mémorandum», même imposé par un prétendu «gouvernement de salut national" ou un «gouvernement technocratique».

    5. Promouvoir la création d'un bloc régional des pays débiteurs pour générer une convergence de forces contre les créanciers financiers.


    Cela conduit à la nécessité de progresser vers une large alliance européenne pour faire face, de façon unie, à une Union européenne dont le sens est devenu clair. Les fortes mobilisations qui se sont développées dans de nombreuses parties de l'Europe, mobilisations inédites depuis de nombreuses années, auxquelles de nombreuses personnes ont participé, ont démontré que cet état d’esprit progressait, non seulement par solidarité, mais contre le danger pour son propre pays.

    Devant cette situation, le PCE ne peut pas se contenter de contempler l'admirable exemple des peuples d’Amérique latine qui élaborent un modèle d'intégration régionale, solidaire, sur une architecture institutionnelle horizontale, basé sur l'unité populaire, l'élan de processus constituants et la restauration de la souveraineté populaire, contre les oligarchies locales, la stratégie néolibérale et la puissance impérialiste.

    L’heure est venue aussi pour les peuples de toute l’Europe d’être à leur tour bâtisseurs de l'avenir. Ce processus avancera rapidement dans le continent avec le renforcement des liens de solidarité, en particulier (mais pas seulement) au sud. Nul doute que le chemin est difficile et, bien sûr, incertain. Toutefois, la certitude est qu’il se trouve parmi les peuples, face au nouvel ordre de Bruxelles, et qu’il doit servir à dissiper les doutes et à commencer à avancer.

    Madrid, 16 juillet 2015

    source: solidarite-internationale-pcf.fr

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