La Pravda n°12 (30363),5-8 février 2016
Auteur: Alexey Parfenov. Ouvrier, membre-candidat du Comité central du Parti Communiste de la Fédération de Russie. Dmitrov, région de Moscou.
http://gazeta-pravda.ru/archive/issue/12-30363-5-8-fevralya-2016-goda/sila-i-slabost-rabochego-klassa/
+++
Notre journal a entamé une discussion sur le thème «Qu’est-ce que la classe ouvrière, » à partir de l’article de Nicolas Jouïkov « Une question essentielle ». Puis vint en réponse l’article de Trofimov, « Nous ne sommes pas une classe du « chacun pour soi « .
Ces auteurs ont des vues divergentes sur la classe ouvrière des dernières décennies du pouvoir soviétique.Jouïkov estime que dans la période d’après-guerre, à la place de la classe ouvrière révolutionnaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre, de la guerre civile, de la Grande Guerre patriotique, « dans les usines ont afflué en masse des gens lumpénisés, pour qui le credo essentiel était » chacun pour soi et Dieu pour tous « . Les ouvriers, selon Jouïkov, ont contracté depuis le milieu des années 70, ou peut-être encore plus tôt le virus de la société de consommation, ils sont devenus individualistes. Trofimov conteste cette affirmation, estimant que la classe ouvrière soviétique, et maintenant russe, a été et est toujours une classe d’avant-garde et révolutionnaire: «En effet, les années 70, sous Brejnev, ont été et demeurent inégalées (et cela est une grande réussite de la classe ouvrière) tant sur le plan économique que pour le bien-être de la vie quotidienne. »Et encore à présent Trofimov considère la classe ouvrière comme la force motrice de la société qui dans sa majorité ne suit pas les syndicats jaunes mais le Parti communiste.Qui a raison?
A titre d’épigraphe de mes réflexions sur le thème soulevé par la Pravda je citerai les paroles du célèbre écrivain soviétique Vsevolod Kotchetov (1912 – 1973). Il s’agit d’un écrivain communiste, qui tout au long de sa vie créatrice s’est tenu au premier rang des propagandistes et des défenseurs de la société soviétique, un combattant implacable contre les tendances libérales dans l’art et la littérature. Cette qualité s’est manifestée en particulier lorsque Kotchetov a été rédacteur en chef de « Literaturnaya Gazeta » (1956-1961), puis de la revue « Octobre » (1961-1973). C’était un homme droit, fort, déterminé.
Son dévouement à l’idée, son intégrité n’ont jamais été remis en cause, non seulement par ses amis, mais aussi par ses ennemis. Anatoly Sofronov, qui partageait ses idées, a déclaré: «Nous ne pouvons pas oublier que, au moment même où les pages de nos publications ne tarissaient pas d’éloges envers les opus de Soljenitsyne, c’est la revue » Octobre « , en fait, qui la première a adopté une attitude critique envers les écrits de Soljenitsyne ».
Et je ne peux pas ici ne pas citer les paroles de Vsevolod Anissimovich [Kotchetov] adressées dans une lettre du 27 Octobre 1967 à un ami, l’écrivain Jacob Ilitchev.
Le but de la subversion idéologique de l’Occident est de « dévier les écrivains soviétiques fidèles au parti de leur positionnement idéologique,leur faire passer l’envie d’écrire sur les réalisations du peuple,sur son âme, son héroïsme,sur la classe ouvrière et la nouvelle paysannerie, et que tout ce qui a été créé par la révolution et le gouvernement soviétique disparaisse des pages de la littérature… En bref, que disparaisse la littérature du réalisme socialiste, soviétique, la littérature du parti. Et à sa place vienne une littérature qui génère l’individualisme, la servilité, le manque de foi en quoi que ce soit, la dépression, la décadence. Lorsque cela sera fait, les canons se feront de nouveau entendre. Notre ennemi a vu pendant la Seconde Guerre mondiale qu’avec les armes, quelle que soit leur force, ils ne nous auront pas. Donc, il faut un cheval de Troie. Donc, il faut corrompre notre peuple, le priver de la puissance des idées, casser son monolithisme. Nous les voyons à l’œuvre … Que faire? Se battre. Ne rien céder… »
Dans cette lettre, écrite dans l’année du cinquantième anniversaire de la Révolution d’Octobre, lorsque le pouvoir soviétique était – ou n’est-ce qu’une illusion? – à l’apogée de sa puissance, Kotchetov a prévu et deviné beaucoup de ce qui est arrivé par la suite. Presque tout ce qui a été créé par la révolution et le gouvernement soviétique a disparu, non seulement des pages de la littérature, mais aussi de la vie.
- Kochetov a écrit l’œuvre la plus importante des années 1950 sur la classe ouvrière, le roman « Les Jourbine ». Au centre de l’attention de l’écrivain était la dynastie ouvrière des Jourbine.
COMMENT ÉTAIENT-ILS DONC, les travailleurs, il y a soixante ans, à l’époque des plus grands succès du système soviétique dans notre pays?
Le travail pour eux était la base et le sens de la vie. Le mot «ouvrier» lui-même est prononcé par les personnages du roman avec fierté et respect. Le mode de vie socialiste soviétique avait forgé en eux des qualités telles que le sens de la responsabilité historique, la compréhension profonde de l’inséparabilité des aspirations personnelles et des besoins collectifs, la soif de connaissance, la richesse spirituelle.
En fait, ces dynasties de travailleurs, dont étaient issus les organisateurs de la production, les dirigeants politiques et les chefs militaires, les scientifiques,étaient le bastion sur lequel s’appuyait la dictature du prolétariat. Avec la participation active de ces personnes a été conquis le pouvoir soviétique, ils ont créé sa base économique, défendu leur patrie contre le fascisme. La classe ouvrière était alors une force active dans l’histoire, et le fondement politique et moral de notre société.
« Les Jourbine » ont été très appréciés par les lecteurs et les critiques. Mikhail Cholokhov en a dit le plus grand bien.
Rien de semblable dans les décennies suivantes n’a été écrit. Ceci est largement dû aux phénomènes négatifs qui se sont produits dans le pays, y compris dans la classe ouvrière, dans les années 70-s du XX siècle.
La vie de l’homme au travail, je la connais depuis 1972, quand je suis entré l’usine de gants[bonneterie] de Dmitrov (http://dmitex.ru/) comme apprenti tourneur. Est-il possible de juger de la classe ouvrière à partir de la vie d’une entreprise? Je pense que oui, compte tenu du fait que la société employait à l’époque environ un millier de personnes et il y avait une rotation assez élevée du personnel, à savoir que des travailleurs quittaient sans cesse l’usine, et à leur place, de nouvelles personnes venaient.
Donc, dans l’évaluation de la classe ouvrière des deux décennies qui ont précédé la révolution bourgeoise de 1991 à 1993, je suis incontestablement d’accord avec Jouïkov,et non avec Trofimov. Bien sûr, quand il affirme qu’au cours des années 1970, et même plus tôt, « dans les usines ont afflué en masse des gens lumpénisés », il y a une certaine exagération polémique. Mais je témoigne que la classe ouvrière dans les années 1970 n’était plus la même qu’en 1950. Je sais cela non seulement grâce à des livres, mais à partir des histoires des anciens ouvriers, venus à l’usine à la fin des années 1940.
Déjà, de mon temps, le travail avait cessé d’être perçu comme une question d’honneur, de courage et d’héroïsme. C’était devenu un moyen de gagner de l’argent. On assistait déjà à l’érosion des fondements moraux de la société, la disparition de l’éthique du travail. Les travailleurs ont commencé de plus en plus à faire passer en premier leurs intérêts personnels. Les ouvrières payées aux pièces s’efforçaient de faire un bon travail, mais les autres travailleurs manifestaient le désir de travailler moins et gagner plus, grâce, par exemple, à des bonnes relations avec la direction. La discipline du travail se dégradait, l’ivrognerie augmentait.
La consommation d’alcool par habitant au début des années 1980 par rapport à 1950 a augmenté de 2,5 fois. Dans les années 1960on a commencé à boire beaucoup dans les campagnes, mais la classe ouvrière n’était pas loin derrière. Je le voyais bien, sans l’aide des statistiques. On voyait aussi progressivement se développer les vols sur les lieux de travail.
Le camarade Trofimov nous dit qu’à l’époque de Brejnev il y avait un niveau inégalé de bien-être et de réussite économique, et cela est une grande réussite, dit-il, de la classe ouvrière. Effectivement, en 20 ans, de 1964 à 1982, il y a eu de grandes réalisations. En 1967, a été créé l’ordinateur soviétique « BESM-6 » avec une vitesse de plus de 1 million d’opérations par seconde, on a construit la plus haute tour TV d’Europe, Ostankino, en 1985 a été mis en service le bombardier stratégique Tu-160 et développé le multiprocesseur « Elbrus-2 » (125 millions d’euros. par seconde). Le sous-marin nucléaire avec des « missiles de croisière » a été construit en 1969. Ainsi, les « missiles de croisière » basés en mer ne sont pas une réalisation de l’ « époque » de Poutine. Je ne parle même pas du complexe de Sibérie occidentale de pétrole et de gaz, les centrales hydroélectriques de Sibérie et d’autres objets industriels remarquables.
Les réalisations des années 1970 sont non seulement le mérite de scientifiques et d’ingénieurs, mais aussi des travailleurs soviétiques. Tels que, par exemple, Alexis Tchouïev, membre du Comité central du PCUS, descendant d’une dynastie ouvrière de l’usine de la Baltique, un innovateur et inventeur infatigable. Cet ouvrier est l’auteur d’une technique révolutionnaire de fabrication d’hélices, qui a été adoptée par de nombreuses entreprises de construction navale du pays et leur a fait réaliser d’immenses progrès. Il était le digne continuateur des « Jourbine. »
Alexis Tchouïev a parlé amèrement au XXV Congrès du PCUS (1976) du retard de notre pays dans la mise en œuvre du progrès scientifique et technologique. Il a exigé d’augmenter la responsabilité des ministères et organismes pour veiller à ce que tous les projets innovants et progressistes proposés par les travailleurs créatifs reçoivent un soutien pour leur mise en œuvre, et servent à accélérer le progrès technique. Son discours a été accueilli par les applaudissements des délégués. Mais les choses sont restées pratiquement en l’état.
Les années 1970ont été marquées par un déclin du produit intérieur brut, le retard dans la mise en œuvre du progrès scientifique et technologique, révélant l’incapacité de la direction du pays à mener des réformes. Mais au milieu des années 1950, l’Union soviétique avait considérablement réduit l’écart avec les États-Unis pour le PIB. Ainsi, en 1955, le PIB de l’URSS s’élevait à 35% du PIB américain. Et ce malgré le fait que le pays avait récemment connu une guerre difficile! Ceci, sans aucun doute, est dû au mérite de Staline, mort en 1953. Alors qu’en 1985, trois ans après la mort de Brejnev, le PIB soviétique était seulement 22% des États-Unis. Ici, on peut voir le «mérite» de Leonid Ilitch [Brejnev].
D’où la nostalgie du peuple soviétique pour Staline et l’époque de Staline, qui se manifeste constamment dans les années Brejnev. Cette attitude positive envers Staline et son temps je l’ai souvent rencontrée chez mes anciens compagnons de travail. Cela ne veut pas dire la nostalgie des années de leur jeunesse. En outre, l’un d’eux avait été arrêté (réhabilité en 1956): il travaillait comme artiste, et avait écrit un texte sur le verso du portrait du grand chef.
L’explication de ce phénomène est donnée par Youri Emelianov dans son livre « Staline devant le tribunal des pygmées. » Les gens se tournaient vers l’image de Staline et de son temps. Ils se rappelaient la baisse annuelle des prix,le large assortiment de produits à des prix abordables dans les magasins, l’amélioration rapide de la vie des soviétiques avant la guerre, le rétablissement rapide de l’Union soviétique après la guerre. Ils se souvenaient avec émotion de l’enthousiasme de ces années, la simplicité et l’égalité entre les hommes et la soif universelle de culture. Ils mettaient en contraste les exigences de Staline envers lui-même et les autres dirigeants avec le comportement de plus en plus incontrôlé du pouvoir en place.
Voilà quelle était la classe ouvrière soviétique des années 1970 du siècle dernier avec sa mémoire d’une histoire révolutionnaire héroïque, sa protestation contre la corruption et la bureaucratie émergentes et le phénomène croissant de l’érosion des principes sociaux, politiques, idéologiques et moraux, la croissance de l’individualisme, l’ivrognerie, les larcins, la discipline du travail en perdition.
Quelles sont les causes de ces phénomènes? J’en citerai trois.
Le camarade Jouïkov a tout à fait raison quand il écrit qu’une partie importante de la classe ouvrière est morte pendant la Grande Révolution socialiste d’Octobre, la guerre civile et la Grande Guerre patriotique.
La deuxième raison est une forte augmentation dans les années d’après-guerre de la population urbaine. Cela a contribué à fracturer l’état social et psychologique des personnes qui sont passées du mode de vie rural traditionnel à la vie citadine. Un point qui se reflète dans les livres et les films de Choukchine pour lequel, soit dit en passant, Kotchetov et la revue « Octobre » ont beaucoup fait, en publiant un certain nombre de travaux du jeune écrivain. L’exode rural de plusieurs millions de personnes vers les villes a conduit à une augmentation des manifestations marginales dans l’industrie, la construction, le transport.
Et la troisième raison: les erreurs grossières de la direction du PCUS dans la période post-stalinienne. A l’époque de Khrouchtchev les slogans du parti, son programme ont été discrédités, et le massacre de Novotcherkassk (juin 1962) a contribué à faire naître une crise dans les relations entre la classe ouvrière et le Parti communiste. Par ailleurs, l’augmentation des prix de détail sur la viande et les produits laitiers, qui a causé la tragédie de Novotcherkassk, a suscité un mécontentement des larges masses du peuple, en particulier les ouvriers, dans tout le pays. Elle a conduit à des troubles à Mourom, Aleksandrov, Biysk, Krivoï Rog, Soumgaït.
Hélas, dans les années qui ont suivi le départ de Khrouchtchev, aucun travail sérieux pour restaurer la confiance perdue envers le parti, l’attractivité de son programme n’a été mené, à l’exception de phrases toutes faites sur le dépassement du volontarisme et la victoire des principes léninistes de la direction du parti. Le principal document idéologique et politique du parti jusqu’en 1986 a continué d’être le troisième programme du PCUS, adopté en 1961 et contenant tout à la fois des travers idéologiques fondamentaux, que des tâches tout à fait irréalistes comme construire les fondements du communisme avant 1980. Impossible était également la tâche de dépasser les Etats-Unis pour la production de produits industriels et agricoles (y compris la production de viande et de lait!) avant 1970.
Compte tenu du fait qu’en 1962, le pays avait fait face à une grave crise alimentaire et, dans certains domaines, le gouvernement avait dû introduire des cartes de rationnement, on imagine quel effet cela produisait sur les gens. Mais les propagandistes de Khrouchtchev, ne doutant de rien,célébraient le troisième programme du PCUS comme un deuxième Manifeste communiste. Cette conjonction bizarre de fanfaronnade et d’ignorance idéologique n’est-elle pas l’une des principales raisons de l’effondrement du socialisme dans les années 1990?
ET MAINTENANT, comment est la classe ouvrière? Est-ce la force motrice de la société, comme l’affirme Trofimov?
La thèse selon laquelle le peuple est le créateur de l’histoire, est l’une des plus importantes dans le marxisme. La partie la plus importante de la population de la Russie moderne et par sa taille, et par sa position dans la sphère de la production matérielle est la classe ouvrière. Mais – et cela est également noté par les classiques du marxisme – à différentes étapes de l’histoire le rôle des masses peut être différent. En temps de réaction,les masses, écrasées par l’oppression et l’exploitation, subissant l’influence de la propagande bourgeoise, sont comme endormies. L’histoire est mise en mouvement par l’activité des gens, et la passivité, l’attente de jours meilleurs, l’espoir largement répandu que ‘tout va s’arranger sans moi’ conduit à la stagnation, au maintien des relations existantes d’exploitation.
Telle est la situation en Russie aujourd’hui.
Que devons-nous faire? Pour commencer, je dirai ce que nous ne devons pas faire. Nous ne devons pas agir comme les propagandistes de Khrouchtchev et Brejnev et nous abuser, embellir la situation. La classe ouvrière d’aujourd’hui est prête à attendre les slogans: « Paix aux peuples », « ! Les usines aux ouvriers! », « La terre aux paysans », « Tout le pouvoir aux Soviets ». La classe ouvrière moderne, écrit le camarade Trofimov, ne suit pas les syndicats jaunes, mais le Parti communiste, et elle est capable de comprendre les documents du parti. Oui, l’ouvrier contemporain est suffisamment instruit pour comprendre les documents du parti. Seulement, il arrive souvent qu’il n’y croie pas. Ceci est confirmé par les études sociologiques, qui ont été citées dans les matériaux des plénums du Comité central du Parti communiste. 60% des citoyens russes rêvent d’une société d’égalité sociale, mais un peu plus de 20% votent pour le Parti communiste aux élections fédérales.
Le programme du Parti communiste correspond le mieux aux intérêts de la classe ouvrière et aux besoins de développement du pays. Mais les idées, selon le marxisme, ne deviennent une force matérielle que lorsqu’elles s’emparent des masses. 1917 a été un moment de l’histoire russe, où les contradictions qui mûrissaient depuis un long moment ont éclaté, mais aujourd’hui la majorité des classes inférieures subit sans rien dire, et les classes supérieures profitent de leur patience.
Alors, que devons-nous faire? Je pense que cette année nous devons consulter la classe ouvrière : organiser le Congrès des Travailleurs prévu par le Plenum d’Octobre (2014) du Comité central du Parti communiste. Je suis convaincu qu’il est aujourd’hui plus opportun d’organiser cette manifestation non pas avec les représentants des collectifs de travail (comment d’ailleurs dans les conditions du capitalisme peut-on utiliser ce concept, purement socialiste?), mais juste avec la classe ouvrière.
Et pour conclure mon article, je veux dire avec Vsevolod Kochetov, « Que faire? Se battre. Ne rien céder. »
Traduit par Marianne Dunlop pour histoireetsociete
Titre original : Сила и слабость рабочего класса, par Алексей ПАРФЁНОВ. Рабочий, кандидат в члены ЦК КПРФ. г. Дмитров, Московская область.
Sur le même thème
La Pravda : Dictature du capital et dictature du prolétariat par Viktor Trouchkov
Marx et les marges du monde par Alain GreshDans "civilisation"
Où va la Chine ? Lutte des classes aujourd'hui (I)Dans "Asie"
source: histoireetsociete