• Billet Rouge-C’est LO-GI-QUE, on vous dit! – Par Floréal

    C’est pour « doper l’emploi privé »… demain, qu’il faut, dès aujourd’hui,  supprimer des milliers d’emplois publics (SNCF, Edf, Territoriale etc.).

    C’est pour « renforcer la souveraineté de la France » que notre pays doit sagement obtempérer aux ordres de Bruxelles et des agences de notation.

    C’est pour « enrichir la langue française » qu’il faut sans cesse dire « yes » au lieu de « oui », « OK » au lieu de « d’accord » et « the Voice » au lieu de « la Voix ».

    C’est aussi pour « sauver nos libertés » qu’il faut renforcer l’Etat policier et permettre à Big Brother d’espionner les échanges informatiques privés.

    C’était d’ailleurs parce qu’ils étaient pour la Constitution européenne, dont l’équivalent a été mis en application, que les Français lui ont dit non et non pas oui.

    Et c’est pour être logique et cohérent que le pays de Descartes est sommé en permanence de prendre le jour pour la nuit, la gauche pour la droite et… le plat pays pour les Hauts de France !

    source: initiative-communiste.fr

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  • Les élus devraient demander le huis clos lors du conseil communautaire de ce soir. Les élus devraient demander le huis clos lors du conseil communautaire de ce soir.

    Jeudi soir, la communauté de communes du Cap-Sizun devrait sceller l’avenir de l’abattoir de Pont-Croix. La décision pourrait être prise à huis clos.

    La communauté de communes du Cap Sizun se réunit jeudi soir pour décider de l’avenir de l’abattoir de Pont-Croix. C'est le seul point à l'odre du jour de ce conseil communautaire.

    Décision définitiveCette fois-ci, plus question de sursis, la décision sera définitive. Trois scénarios sont possibles : la fermeture de ce dernier, son maintien en fonctionnement à l’identique, ou son maintien avec un nouveau projet de développement.

    Le Président demandera le huis clos.« C’est une décision très importante qui doit se prendre dans la sérénité », avance Bruno Le Port. Pour cela, il ne lésine pas sur les moyens. Le vote des élus se déroulera à bulletins secrets, mais surtout, le président de la communauté de communes annonce qu’il souhaite que ces ultimes débats se déroulent à huis clos, sans aucun public.
     
    source: ouest-france.fr

    Des articles à lire dans l'édition Ouest-France Quimper du 24 mars et en version en ligne. 
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  • Attentats à Bruxelles -Communiqué du PRCF (IC.fr-22/03/2016)

    : une fois encore la population est frappée par un aveugle et lâche.

    Le PRCF condamne avec force ces meurtres odieux et exprime sa sympathie aux victimes et au peuple belge.

    Reste qu’au-delà de l’émotion légitime nous devons dénoncer, avec les tueurs fanatiques, l’impérialisme et ses alliés qui ont fabriqué le terreau qui a permis au terrorisme de s’épanouir.

    Semer la guerre en Irak, sans doute des centaines de milliers de morts civils et innocents comme les voyageurs de Bruxelles ou les jeunes de Paris, semer la désolation, la mort, provoquer des milliers de réfugiés en Libye, en Syrie, en Afghanistan….voilà le bilan de l’action de l’impérialisme américain mais aussi français, britannique etc et de leurs alliés saoudiens, qataris ou turcs. C’est dans ce fleuve de sang et de terreur que les bêtes immondes se nourrissent.

    Notre devoir de patriotes et d’internationalistes est donc la lutte contre l’impérialisme et ses créatures terroristes, la lutte pour la paix et la lutte pour le socialisme.

    Commission internationale du PRCF – 22 mars 2016

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  • Loi travail -Appel  CGT-FO-FSU-SOLIDAIRES-UNEF-UNL-FIDL pour le 24/03/2016

    La journée de mobilisation du 17 mars à l’initiative des organisations de jeunesse a été une réussite.

    Les jeunes, très concernés par ce projet de loi, se sont fortement mobilisés avec le soutien des organisations de salarié-es.

    La preuve est faite que les annonces du Premier ministre pour aménager la loi travail n’ont visiblement pas convaincu et ce malgré l’offensive gouvernementale largement relayée.

    Les jeunes doivent pouvoir manifester et se réunir librement. Le gouvernement doit respecter leurs droits et non multiplier les obstacles.

    Le débat sur la loi est loin d’être terminé. La réécriture du texte ne touche pas au cœur du projet qui contient toujours de multiples régressions.

    Ce nouveau projet de texte ne répond donc pas aux aspirations fortes, exprimées par les jeunes, les salarié-es et les chômeurs pour l’accès à l’emploi et sa sécurisation. La création d’emplois de qualité ne peut pas être synonyme de la casse du code du travail mais nécessite en revanche un changement de politique économique et sociale.

    Le gouvernement doit retirer son projet, entendre les propositions alternatives portées par les organisations de jeunesse et de salarié-es et en discuter avec elles.

    Fortes de la réussite de cette journée, les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Union syndicale Solidaires, UNEF, UNL, FIDL appellent les jeunes et les salarié-es à poursuivre et amplifier la mobilisation dès le 24 mars prochain, jour de la présentation du projet de loi au conseil des ministres.

    Ce sera une nouvelle étape avant la puissante journée de grève et de manifestations du 31 mars pour obtenir le retrait de ce projet de loi et conquérir de nouvelles garanties et protections collectives.

    Jeudi 17 mars 2016

     

    Les organisations syndicales CGT, FO, SOLIDAIRES, FSU et UNEF du Finistère appellent à manifester,  ce jeudi 24 mars  à :

    • Brest à partir de 12h00 Place de la Liberté
    • Quimper à partir de 12h00 Place de la Résistance
    • Morlaix à partir de 12h00 Place de la Mairie
    • Quimperlé à partir de 10H30 Place Saint Michel
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  • Une année de tournage s'est déroulée dans les établissements SVA, à Vitré. Une année de tournage s'est déroulée dans les établissements SVA, à Vitré.

    Pendant un an, deux cinéastes ont partagé le quotidien des ouvriers d'un abattoir. Des gestes, des paroles, à découvrir mardi prochain à La Bobine.

    4 h du matin. C'est l'heure à laquelle arrivent les « saigneurs », les ouvriers des abattoirs. Vincent Gaullier et Raphaël Girardot se sont immergés, à Vitré, dans l'un de ces lieux où « le monde du travail cache ses prolétaires et le sale boulot ». Leur documentaire sera présenté en avant-première, mardi prochain, à 20 h 30, à La Bobine. « Nous voulons montrer la réalité », annoncent les réalisateurs. Découpeurs, désosseurs, pareurs, saigneurs, des travailleurs qui oscillent entre « fierté du savoir et fatigue du labeur ». « De ces abatteurs, nous voulons faire des seigneurs, car ils portent toute la noblesse de l'être humain, en même temps que sa tragique dépréciation ». « On est frappé par les paroles de ces travailleurs, autant que par leurs gestes » souligne Gwenola Samson, présidente de Chlorofilm.

    Débat avec les réalisateurs

    La société SVA, à Vitré, emploie 1.000 salariés, un établissement comparable à la société Bigard, ici à Quimperlé. Condition de l'entrée des caméras dans les ateliers, pendant une année de tournage, « Il nous était interdit de donner à voir la mise à mort des bêtes », précisent les auteurs. Le film est actuellement en compétition au festival « Cinéma du réel », à Paris. Pour présenter ce document, mardi, en présence des réalisateurs, Chlorofilm a pour partenaire l'association lorientaise « J'ai vu un documentaire ».

    Pratique: « Saigneurs », de Vincent Gaullier et Raphaël Girardot, mardi à 20 h 30 ; durée : 97 minutes, séance unique en avant-première. Plein tarif : 6,70 €, adhérents : 4,40 €.
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  • La grève des contrôleurs aériens menée par le syndicat UNSA-ICNA perturbe considérablement les aéroports français. Ainsi, 9 vols sur 19 au départ de Brest ont été annulés. Et de nombreux autres retardés, pour certains de plus de deux heures trente.

    Au comptoir d'Air France, à l'aéroport de Brest-Guipavas, on estime que les choses se passent assez bien. "La plupart de nos voyageurs ont été prévenus par SMS pour s'organiser au mieux. En ce qui nous concerne, on n'a que très peu de visibilité. Difficile de prévoir les choses. Elles évoluent d'heure en heure".

    Dans la salle d'attente, un couple attend patiemment de pouvoir s'envoler pour Paris. "Nous partons vers 16 h au lieu de 14 h. Notre destination finale, c'est Paris. On n'a pas de correspondance. La situation est assez simple pour nous. On prend notre mal en patience".

    Dans l'aérogare, les panneaux d'affichage annoncent les retards et les annulations. Des perturbations qui ont souvent pour origine les grandes plateformes aéroportuaires que sont Paris, Lyon ou Marseille.

    En cas de grève des contrôleurs aériens qui dépendent de la Direction générale de l'aviation civile -DGAC-, les compagnies ne sont en aucun cas dans l'obligation de rembourser leurs clients lésés. Car elles ne peuvent être tenues pour responsables de ces dysfonctionnements qui, au regard de la législation sur les transports, sont considérées comme des événements extraordinaires. Au même titre qu'une éruption volcanique ou une violente tempête.

    Toutefois, la majorité des compagnies font de réels efforts. Même les low-cost jouent le jeu. Comme Easy Jet qui annonce sur son site internet que ses clients se verront "offrir un changement sans frais vers un nouveau vol ou un remboursement complet".


    source: letelegramme.fr
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  • Mieux préparée et organisée que la semaine dernière, la mobilisation a rassemblé 350 lycéens, hier. Opposés au projet de loi Travail, ils ont à nouveau fait entendre leur voix au centre-ville. Et chez Marylise Lebranchu, députée, qui les a reçus.

    « Bienvenue chez Pôle emploi ». Hier matin, sur le sol, devant Tristan Corbière, les lycéens ont inscrit leur opposition à la loi El Khomri. Les élèves ont maintenu la pression avec une nouvelle journée de mobilisation contre la loi Travail. Mieux organisés, les jeunes se sont réunis en comité de pilotage, composé de six élèves « non encartés et indépendants », insistent-ils, pour mener à bien la gestion du mouvement. Dès 7 h, palettes et cadenas, enlevés le week-end, ont été remis pour bloquer l'un des accès au lycée. La circulation de la rue de Kervéguen a également été déviée par les jeunes. « Certains automobilistes n'ont pas joué le jeu et forcé le barrage, parfois avec violence », regrettent les lycéens. Postée devant le lycée toute la matinée, la petite centaine de manifestants a distribué des tracts, pour dénoncer le projet de loi.

    Les trois lycées mobilisés

    Une délégation de deux lycéens de Tristan-Corbière, un représentant de l'union locale CGT et un de Force ouvrière, a été reçue à 12 h, à la permanence morlaisienne de Marylise Lebranchu, députée. « Nous avons discuté de nos préoccupations pour l'avenir pendant près d'une heure, raconte Glenn, élève en 1r e à Tristan-Corbière. À l'inverse des élus de la mairie, elle nous a vraiment écoutés ». Rejoints par les élèves de Suscinio et Notre-Dame-du-Mur Le Porsmeur, les lycéens mobilisés ont gagné le centre-ville. À 14 h 30, 350 jeunes (*) ont démarré un sit-in au niveau du rond-point Charles-de-Gaulle, bloquant la circulation pendant plus de 20 minutes, avant de rejoindre la place des Otages.

    Marine WIOLAND

    * Source : forces de l'ordre et manifestants.

    Source: letelegramme.fr
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  • CONTRE LA LOI TRAVAIL CONSTRUISONS TOUS ENSEMBLE LES CONDITIONS DE LA VICTOIRE FINALE !

    Prosterné devant l’Union Européenne et le MEDEF, le gouvernement, avec la complicité de L. Berger, le patron de la CFDT, a tenté de dynamiter la mobilisation en présentant une version légèrement modifiée de la loi «travail». Mais le fond de la loi reste le même, une destruction des dernières garanties collectives offertes aux salariés par le Code du Travail. En 1995, Juppé avait procédé de la même façon en tentant de briser le mouvement de grève avec l’aide de Notat, la patronne du syndicat «réformiste». En 2003 la CFDT a poignardé dans le dos les mouvements de protestation contre différentes réformes du gouvernement exigées par Helmut Kohl (retraites des fonctionnaires, régionalisation des TOSS) ; idem en 2007 (retraites des cheminots), en 2010 (retraite à 62 ans), mais aussi l’A.N.I. (préciser ce que ça veut dire), la baisse des indemnisations chômage dans le cadre des ASSEDIC, le report de fait de la retraite à 63 ans dans le cadre de la négociation AGIRC-ARCO sur les complémentaires.

    D’UNE SEULE VOIX 31 MARS MANIFESTATION NATIONALE A PARIS POUR LE RETRAIT TOTAL DE LA « LOI TRAVAIL » de Valls – Macron – El Khomri – UEOn se souvient aussi de la manière dont a été trahi le mouvement des sidérurgistes de Florange quand leur chef de file cédétiste, le dénommé Martin, est soudain devenu le chef de file du PS aux européennes en Lorraine. Déjà dans les années 80, le père de François Chérèque, alors leader des sidérurgistes CFDT, avait été nommé superpréfet de Lorraine par Mitterrand pour que le pouvoir puisse tranquillement fermer la sidérurgie française en échange de quelques «investissements » d’État dans cette région, notamment un… Parc des Schtroumpfs qui a fermé à peine ouvert !

    Dans l’Éducation nationale, le SGEN-CFDT est lui aussi de toutes les contre-réformes sous couvert de «modernité»; notamment il a soutenu la contre-réforme Fillon, la contre-réforme Chatel et la contre-réforme des collèges avec ses amis de l’UNSA dont les liens avec le PS sont transparents. N’oublions pas non plus les innombrables cas où la CFDT nationale a tiré dans le dos des grévistes CGT, FO et SUD, notamment à la SNCF ou à Air-France, renchérissant même sur les insultes de Valls contre les cégétistes qui ont eu le malheur de bousculer un coupeur de tête patronal : une chose est de ne pas faire grève, une autre de briser la grève d’autrui et d’aller ensuite se présenter aux salariés comme celui qui a obtenu des concessions alors que le gouvernement a pris appui su vous pour casser le mouvement au prix de concessions anecdotiques…

    D’UNE SEULE VOIX 31 MARS MANIFESTATION NATIONALE A PARIS POUR LE RETRAIT TOTAL DE LA « LOI TRAVAIL » de Valls – Macron – El Khomri – UEAlors que l’adoption du projet Valls / Macron, El Khomri détruirait le Code du travail, annoncerait la casse du statut de la fonction publique et de ce fait, affaiblirait décisivement la capacité ultérieure de lutter et de faire grève des salariés français, la Commission Luttes et syndicalisme du PRCF appelle les communistes, les travailleurs conscients, les syndicalistes DIGNES DE CE NOM :

    – A rejeter tout rapprochement des syndicats engagés dans l’action avec les directions nationales de la CFDT et de l’UNSA, ces cheval de Troie du patronat, de l’UE et du gouvernement. Bien entendu, nous ne confondons pas les états-majors syndicaux qui trahissent la classe ouvrière avec les militants de base et les adhérents sincères de la CFDT qui luttent à nos côtés.

    – Appelle les travailleurs, les syndicats, les étudiants à construire en bas, dans les mobilisations, les conditions du «tous ensemble en même temps et jusqu’au bout», avec un vrai calendrier de luttes débouchant sur le blocage des profits patronaux, ce qui permettra de battre les sociaux-traitres au pouvoir et leurs collabos de la droite et des «syndicats » jaunes.»

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  • Force et faiblesse de la classe ouvrière ; la Pravda (traduction) [histoire&société 14/03/2016]

     

    La Pravda n°12 (30363),5-8 février 2016

    Auteur: Alexey Parfenov. Ouvrier, membre-candidat du Comité central du Parti Communiste de la Fédération de Russie. Dmitrov, région de Moscou.

    http://gazeta-pravda.ru/archive/issue/12-30363-5-8-fevralya-2016-goda/sila-i-slabost-rabochego-klassa/

     +++

    Notre journal a entamé une discussion sur le thème «Qu’est-ce que la classe ouvrière, » à partir de l’article de Nicolas Jouïkov « Une question essentielle ». Puis vint en réponse l’article de Trofimov, « Nous ne sommes pas une classe du « chacun pour soi « . 

    Ces auteurs ont des vues divergentes sur la classe ouvrière des dernières décennies du pouvoir soviétique.Jouïkov estime que dans la période d’après-guerre, à la place de la classe ouvrière révolutionnaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre, de la guerre civile, de la Grande Guerre patriotique, « dans les usines ont afflué en masse des gens lumpénisés, pour qui le credo essentiel était  » chacun pour soi et Dieu pour tous « . Les ouvriers, selon Jouïkov, ont contracté depuis le milieu des années 70, ou peut-être encore plus tôt le virus de la société de consommation, ils sont devenus individualistes. Trofimov conteste cette affirmation, estimant que la classe ouvrière soviétique, et maintenant russe, a été et est toujours une classe d’avant-garde et révolutionnaire: «En effet, les années 70, sous Brejnev, ont été et demeurent inégalées (et cela est une grande réussite de la classe ouvrière) tant sur ​​le plan économique que pour ​​le bien-être de la vie quotidienne. »Et encore à présent Trofimov considère la classe ouvrière comme la force motrice de la société qui dans sa majorité ne suit pas les syndicats jaunes mais le Parti communiste.Qui a raison? 

    A titre d’épigraphe de mes réflexions sur le thème soulevé par la Pravda je citerai les paroles du célèbre écrivain soviétique Vsevolod Kotchetov (1912 – 1973). Il s’agit d’un écrivain communiste, qui tout au long de sa vie créatrice s’est tenu au premier rang des propagandistes et des défenseurs de la société soviétique, un combattant implacable contre les tendances libérales dans l’art et la littérature. Cette qualité s’est manifestée en particulier lorsque Kotchetov a été rédacteur en chef de « Literaturnaya Gazeta  » (1956-1961), puis de la revue « Octobre » (1961-1973). C’était un homme droit, fort, déterminé.

    Son dévouement à l’idée, son intégrité n’ont jamais été remis en cause, non seulement par ses amis, mais aussi par ses ennemis. Anatoly Sofronov, qui partageait ses idées, a déclaré: «Nous ne pouvons pas oublier que, au moment même où les pages de nos publications ne tarissaient pas d’éloges envers les opus de Soljenitsyne, c’est la revue  » Octobre « , en fait, qui la première a adopté une attitude critique envers les écrits de Soljenitsyne ».

    Et je ne peux pas ici ne pas citer les paroles de Vsevolod Anissimovich [Kotchetov] adressées dans une lettre du 27 Octobre 1967 à un ami, l’écrivain Jacob Ilitchev.

    Le but de la subversion idéologique de l’Occident est de « dévier les écrivains soviétiques fidèles au parti de leur positionnement idéologique,leur faire passer l’envie d’écrire sur les réalisations du peuple,sur son âme, son héroïsme,sur la classe ouvrière et la nouvelle paysannerie, et que tout ce qui a été créé par la révolution et le gouvernement soviétique disparaisse des pages de la littérature… En bref, que disparaisse la littérature du réalisme socialiste, soviétique, la littérature du parti. Et à sa place vienne une littérature qui génère l’individualisme, la servilité, le manque de foi en quoi que ce soit, la dépression, la décadence. Lorsque cela sera fait, les canons se feront de nouveau entendre. Notre ennemi a vu pendant la Seconde Guerre mondiale qu’avec les armes, quelle que soit leur force, ils ne nous auront pas. Donc, il faut un cheval de Troie. Donc, il faut corrompre notre peuple, le priver de la puissance des idées, casser son monolithisme. Nous les voyons à l’œuvre … Que faire? Se battre. Ne rien céder…  »

    Dans cette lettre, écrite dans l’année du cinquantième anniversaire de la Révolution d’Octobre, lorsque le pouvoir soviétique était – ou n’est-ce qu’une illusion? – à l’apogée de sa puissance, Kotchetov a prévu et deviné beaucoup de ce qui est arrivé par la suite. Presque tout ce qui a été créé par la révolution et le gouvernement soviétique a disparu, non seulement des pages de la littérature, mais aussi de la vie.

    1. Kochetov a écrit l’œuvre la plus importante des années 1950 sur la classe ouvrière, le roman « Les Jourbine ». Au centre de l’attention de l’écrivain était la dynastie ouvrière des Jourbine.

    COMMENT ÉTAIENT-ILS DONC, les travailleurs, il y a soixante ans, à l’époque des plus grands succès du système soviétique dans notre pays?

    Le travail pour eux était la base et le sens de la vie. Le mot «ouvrier» lui-même est prononcé par les personnages du roman avec fierté et respect. Le mode de vie socialiste soviétique avait forgé en eux des qualités telles que le sens de la responsabilité historique, la compréhension profonde de l’inséparabilité des aspirations personnelles et des besoins collectifs, la soif de connaissance, la richesse spirituelle.

    En fait, ces dynasties de travailleurs, dont étaient issus les organisateurs de la production, les dirigeants politiques et les chefs militaires, les scientifiques,étaient le bastion sur lequel s’appuyait la dictature du prolétariat. Avec la participation active de ces personnes a été conquis le pouvoir soviétique, ils ont créé sa base économique, défendu leur patrie contre le fascisme. La classe ouvrière était alors une force active dans l’histoire, et le fondement politique et moral de notre société.

    « Les Jourbine » ont été très appréciés par les lecteurs et les critiques. Mikhail Cholokhov en a dit le plus grand bien.

    Rien de semblable dans les décennies suivantes n’a été écrit. Ceci est largement dû aux  phénomènes négatifs qui se sont produits dans le pays, y compris dans la classe ouvrière, dans les années 70-s du XX siècle.

    La vie de l’homme au travail, je la connais depuis 1972, quand je suis entré l’usine de gants[bonneterie] de Dmitrov (http://dmitex.ru/) comme apprenti tourneur. Est-il possible de juger de la classe ouvrière à partir de la vie d’une entreprise? Je pense que oui, compte tenu du fait que la société employait à l’époque environ un millier de personnes et il y avait une rotation assez élevée du personnel, à savoir que des travailleurs quittaient sans cesse l’usine, et à leur place, de nouvelles personnes venaient.

    Donc, dans l’évaluation de la classe ouvrière des deux décennies qui ont précédé la révolution bourgeoise de 1991 à 1993, je suis incontestablement d’accord avec Jouïkov,et non avec Trofimov. Bien sûr, quand il affirme qu’au cours des années 1970, et même plus tôt, « dans les usines ont afflué en masse des gens lumpénisés », il y a une certaine exagération polémique. Mais je témoigne que la classe ouvrière dans les années 1970 n’était plus la même qu’en 1950. Je sais cela non seulement grâce à des livres, mais à partir des histoires des anciens ouvriers, venus à l’usine à la fin des années 1940.

    Déjà, de mon temps, le travail avait cessé d’être perçu comme une question d’honneur, de courage et d’héroïsme. C’était devenu un moyen de gagner de l’argent. On assistait déjà à l’érosion des fondements moraux de la société, la disparition de l’éthique du travail. Les travailleurs ont commencé de plus en plus à faire passer en premier leurs intérêts personnels. Les ouvrières payées aux pièces s’efforçaient de faire un bon travail, mais les autres travailleurs manifestaient le désir de travailler moins et gagner plus, grâce, par exemple, à des bonnes relations avec la direction. La discipline du travail se dégradait, l’ivrognerie augmentait.

    La consommation d’alcool par habitant au début des années 1980 par rapport à 1950 a augmenté de 2,5 fois. Dans les années 1960on a commencé à boire beaucoup dans les campagnes, mais la classe ouvrière n’était pas loin derrière. Je le voyais bien, sans l’aide des statistiques. On voyait aussi progressivement se développer les vols sur les lieux de travail.

    Le camarade Trofimov nous dit qu’à l’époque de Brejnev il y avait un niveau inégalé de bien-être et de réussite économique, et cela est une grande réussite, dit-il, de la classe ouvrière. Effectivement, en 20 ans, de 1964 à 1982, il y a eu de grandes réalisations. En 1967, a été créé l’ordinateur soviétique « BESM-6 » avec une vitesse de plus de 1 million d’opérations par seconde, on a construit la plus haute tour TV d’Europe, Ostankino, en 1985 a été mis en service le bombardier stratégique Tu-160 et développé le multiprocesseur « Elbrus-2 » (125 millions d’euros. par seconde). Le sous-marin nucléaire avec des « missiles de croisière » a été construit en 1969. Ainsi, les « missiles de croisière » basés en mer ne sont pas une réalisation de l’ « époque » de Poutine. Je ne parle même pas du complexe de Sibérie occidentale de pétrole et de gaz, les centrales hydroélectriques de Sibérie et d’autres objets industriels remarquables.

    Les réalisations des années 1970 sont non seulement le mérite de scientifiques et d’ingénieurs, mais aussi des travailleurs soviétiques. Tels que, par exemple, Alexis Tchouïev, membre du Comité central du PCUS, descendant d’une dynastie ouvrière de l’usine de la Baltique, un innovateur et inventeur infatigable. Cet ouvrier est l’auteur d’une technique révolutionnaire de fabrication d’hélices, qui a été adoptée par de nombreuses entreprises de construction navale du pays et leur a fait réaliser d’immenses progrès. Il était le digne continuateur des « Jourbine. »

    Alexis Tchouïev a parlé amèrement au XXV Congrès du PCUS (1976) du retard de notre pays dans la mise en œuvre du progrès scientifique et technologique. Il a exigé d’augmenter la responsabilité des ministères et organismes pour veiller à ce que tous les projets innovants et progressistes proposés par les travailleurs créatifs reçoivent un soutien pour leur mise en œuvre, et servent à accélérer le progrès technique. Son discours a été accueilli par les applaudissements des délégués. Mais les choses sont restées pratiquement en l’état.

    Les années 1970ont été marquées par un déclin du produit intérieur brut, le retard dans la mise en œuvre du progrès scientifique et technologique, révélant l’incapacité de la direction du pays à mener des réformes. Mais au milieu des années 1950, l’Union soviétique avait considérablement réduit l’écart avec les États-Unis pour le PIB. Ainsi, en 1955, le PIB de l’URSS s’élevait à 35% du PIB américain. Et ce malgré le fait que le pays avait récemment connu une guerre difficile! Ceci, sans aucun doute, est dû au mérite de Staline, mort en 1953. Alors qu’en 1985, trois ans après la mort de Brejnev, le PIB soviétique était seulement 22% des États-Unis. Ici, on peut voir le «mérite» de Leonid Ilitch [Brejnev].

    D’où la nostalgie du peuple soviétique pour Staline et l’époque de Staline, qui se manifeste constamment dans les années Brejnev. Cette attitude positive envers Staline et son temps je l’ai souvent rencontrée chez mes anciens compagnons de travail. Cela ne veut pas dire la nostalgie des années de leur jeunesse. En outre, l’un d’eux avait été arrêté (réhabilité en 1956): il travaillait comme artiste, et avait écrit un texte sur le verso du portrait du grand chef.

    L’explication de ce phénomène est donnée par Youri Emelianov dans son livre « Staline devant le tribunal des pygmées. » Les gens se tournaient vers l’image de Staline et de son temps. Ils se rappelaient la baisse annuelle des prix,le large assortiment de produits à des prix abordables dans les magasins, l’amélioration rapide de la vie des soviétiques avant la guerre, le rétablissement rapide de l’Union soviétique après la guerre. Ils se souvenaient avec émotion de l’enthousiasme de ces années, la simplicité et l’égalité entre les hommes et la soif universelle de culture. Ils mettaient en contraste les exigences de Staline envers lui-même et les autres dirigeants avec le comportement de plus en plus incontrôlé du pouvoir en place.

    Voilà quelle était la classe ouvrière soviétique des années 1970 du siècle dernier avec sa mémoire d’une histoire révolutionnaire héroïque, sa protestation contre la corruption et la bureaucratie émergentes et le phénomène croissant de l’érosion des principes sociaux, politiques, idéologiques et moraux, la croissance de l’individualisme, l’ivrognerie, les larcins, la discipline du travail en perdition.

    Quelles sont les causes de ces phénomènes? J’en citerai trois.

    Le camarade Jouïkov a tout à fait raison quand il écrit qu’une partie importante de la classe ouvrière est morte pendant la Grande Révolution socialiste d’Octobre, la guerre civile et la Grande Guerre patriotique.

    La deuxième raison est une forte augmentation dans les années d’après-guerre de la population urbaine. Cela a contribué à fracturer l’état social et psychologique des personnes qui sont passées du mode de vie rural traditionnel à la vie citadine. Un point qui se reflète dans les livres et les films de Choukchine pour lequel, soit dit en passant, Kotchetov et la revue « Octobre » ont beaucoup fait, en publiant un certain nombre de travaux du jeune écrivain. L’exode rural de plusieurs millions de personnes vers les villes a conduit à une augmentation des manifestations marginales dans l’industrie, la construction, le transport.

    Et la troisième raison: les erreurs grossières de la direction du PCUS dans la période post-stalinienne. A l’époque de Khrouchtchev les slogans du parti, son programme ont été discrédités, et le massacre de Novotcherkassk (juin 1962) a contribué à faire naître une crise dans les relations entre la classe ouvrière et le Parti communiste. Par ailleurs, l’augmentation des prix de détail sur la viande et les produits laitiers, qui a causé la tragédie de Novotcherkassk, a suscité un mécontentement des larges masses du peuple, en particulier les ouvriers, dans tout le pays. Elle a conduit à des troubles à Mourom, Aleksandrov, Biysk, Krivoï Rog, Soumgaït.

    Hélas, dans les années qui ont suivi le départ de Khrouchtchev, aucun travail sérieux pour restaurer la confiance perdue envers le parti, l’attractivité de son programme n’a été mené, à l’exception de phrases toutes faites sur le dépassement du volontarisme et la victoire des principes léninistes de la direction du parti. Le principal document idéologique et politique du parti jusqu’en 1986 a continué d’être le troisième programme du PCUS, adopté en 1961 et contenant tout à la fois des travers idéologiques fondamentaux, que des tâches tout à fait irréalistes comme construire les fondements du communisme avant 1980. Impossible était également la tâche de dépasser les Etats-Unis pour la production de produits industriels et agricoles (y compris la production de viande et de lait!) avant 1970.

    Compte tenu du fait qu’en 1962, le pays avait fait face à une grave crise alimentaire et, dans certains domaines, le gouvernement avait dû introduire des cartes de rationnement, on imagine quel effet cela produisait sur les gens. Mais les propagandistes de Khrouchtchev, ne doutant de rien,célébraient le troisième programme du PCUS comme un deuxième Manifeste communiste. Cette conjonction bizarre de fanfaronnade et d’ignorance idéologique n’est-elle pas l’une des principales raisons de l’effondrement du socialisme dans les années 1990?

    ET MAINTENANT, comment est la classe ouvrière? Est-ce la force motrice de la société, comme l’affirme Trofimov?

    La thèse selon laquelle le peuple est le créateur de l’histoire, est l’une des plus importantes dans le marxisme. La partie la plus importante de la population de la Russie moderne et par sa taille, et par sa position dans la sphère de la production matérielle est la classe ouvrière. Mais – et cela est également noté par les classiques du marxisme – à différentes étapes de l’histoire le rôle des masses peut être différent. En temps de réaction,les masses, écrasées par l’oppression et l’exploitation, subissant l’influence de la propagande bourgeoise, sont comme endormies. L’histoire est mise en mouvement par l’activité des gens, et la passivité, l’attente de jours meilleurs, l’espoir largement répandu que ‘tout va s’arranger sans moi’ conduit à la stagnation, au maintien des relations existantes d’exploitation.

    Telle est la situation en Russie aujourd’hui.

    Que devons-nous faire? Pour commencer, je dirai ce que nous ne devons pas faire. Nous ne devons pas agir comme les propagandistes de Khrouchtchev et Brejnev et nous abuser, embellir la situation. La classe ouvrière d’aujourd’hui est prête à attendre les slogans: « Paix aux peuples », « ! Les usines aux ouvriers! », « La terre aux paysans », « Tout le pouvoir aux Soviets ». La classe ouvrière moderne, écrit le camarade Trofimov, ne suit pas les syndicats jaunes, mais le Parti communiste, et elle est capable de comprendre les documents du parti. Oui, l’ouvrier contemporain est suffisamment instruit pour comprendre les documents du parti. Seulement, il arrive souvent qu’il n’y croie pas. Ceci est confirmé par les études sociologiques, qui ont été citées dans les matériaux des plénums du Comité central du Parti communiste. 60% des citoyens russes rêvent d’une société d’égalité sociale, mais un peu plus de 20% votent pour le Parti communiste aux élections fédérales.

    Le programme du Parti communiste correspond le mieux aux intérêts de la classe ouvrière et aux besoins de développement du pays. Mais les idées, selon le marxisme, ne deviennent une force matérielle que lorsqu’elles s’emparent des masses. 1917 a été un moment de l’histoire russe, où les contradictions qui mûrissaient depuis un long moment ont éclaté, mais aujourd’hui la majorité des classes inférieures subit sans rien dire, et les classes supérieures profitent de leur patience.

    Alors, que devons-nous faire? Je pense que cette année nous devons consulter la classe ouvrière : organiser le Congrès des Travailleurs prévu par le Plenum d’Octobre (2014) du Comité central du Parti communiste. Je suis convaincu qu’il est aujourd’hui plus opportun d’organiser cette manifestation non pas avec les représentants des collectifs de travail (comment d’ailleurs dans les conditions du capitalisme peut-on utiliser ce concept, purement socialiste?), mais juste avec la classe ouvrière.

    Et pour conclure mon article, je veux dire avec Vsevolod Kochetov, « Que faire? Se battre. Ne rien céder.  »

    Traduit par Marianne Dunlop pour histoireetsociete

    Titre original : Сила и слабость рабочего класса, par Алексей ПАРФЁНОВ. Рабочий, кандидат в члены ЦК КПРФ. г. Дмитров, Московская область.

      

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    source: histoireetsociete

     

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  • Park Kun-woong ("Je suis Communiste") : « Nous ne sommes pas libérés de la guerre des idéologies »Invité de Livre Paris, Park Kun-woong n’a pas (encore) la notoriété d’un Spiegelman ou d’un Tardi. Il est cependant de ces auteurs dont les œuvres enrichissent la mémoire universelle par le roman graphique. Après « Fleur » (Casterman) et « Massacre au pont de No Gun Ri » (Vertige graphique), il poursuit l’exploration de l’histoire de la Corée avec les deux volumes de « Je suis communiste » (Cambourakis). Nous l’avions rencontré l’été dernier à l’occasion du Festival de Bucheon dont il était le Président. Nous le retrouvons à Paris.

    Après avoir été honoré par ses aînés qui l’ont nommé président de la plus importante manifestation de BD coréenne, Park Kun-woong s’était retrouvé en haut de l’affiche de la 18e édition du Festival de Bucheon.

    Né en 1972, cet auteur semble agir comme un relais entre les pionniers de la bande dessinée sociale coréenne, témoins directs des drames du passé, et la nouvelle génération, tournée vers le numérique. Ainsi, les œuvres de Park Kun-woong rappellent les ravages de l’occupation japonaise, de la guerre entre le Nord et le Sud et de la dictature militaire qui s’en est suivie.

    Du fait de l’actualité éditoriale française, l’entretien qui suit évoque en priorité Je suis communiste dont les deux volumes viennent d’être adaptés en français aux éditions Cambourakis. Cette épaisse biographie, présente Hur Young-chul, coréen du Sud, pétri d’idéaux marxistes qui a combattu du côté du Nord avant d’être emprisonné durant trente-six années dans les geôles du Sud.

    Cependant, il sera également question du Temps des bêtes, son dernier roman graphique en date qui n’a pas encore été traduit en France. Cette nouvelle somme retrace le calvaire de Kim Geun-Tae, figure de l’opposition à la dictature sud-coréenne, emprisonné et torturé en 1985. Lors du festival de Bucheon, ce livre a fait l’objet d’une exposition impressionnante, réalisée par Park Kun-woong lui-même.

    Park Kun-woong ("Je suis Communiste") : « Nous ne sommes pas libérés de la guerre des idéologies »

    « Je suis communiste », en Corée avez-vous publié ce livre avec le même titre ?

    Oui. « Je suis communiste » était le titre du livre pour sa première publication en deux volumes. Mais lors de sa réédition de 2014 en intégrale, le titre est devenu « Mémoires d’un révolutionnaire ». Des groupes conservateurs qui défendent les idées du gouvernement actuel [Mme Park Geun-hye -Présidente de la République du pays depuis 2013- est la fille de l’ancien dictateur militaire, Park Chung-hee, NDLR] ont attaqué mon livre parce qu’ils l’estiment partisan de la Corée du Nord. Ainsi il a été retiré de certaines bibliothèques. Cela montre que le terme « communiste » est toujours interdit, comme à l’époque de la dictature. Aujourd’hui la chasse aux sorcières ne fonctionne plus, mais les manipulations sont toujours à l’œuvre.

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    Extrait de "Je suis communiste, Tome 1"
    © Park Kun-woong, Hur Young-chul - Cambourakis

    Pour quelles raisons pensez-vous que votre livre été la cible des conservateurs ?

    Il l’a été à la fois pour son titre et pour son contenu. Hur Young-chul, dont j’expose le parcours, a refusé de se fondre dans le capitalisme pendant plus trente ans. Il témoigne aujourd’hui que le système de l’ennemi des années 1950 lui semblait plus abouti d’un point de vue social. C’est ce qui a valu au livre d’être retiré de quelques bibliothèques sous la pression des conservateurs. Je le ressens comme une atteinte au droit à la culture et à l’expression.
    Il s’agit de l’histoire d’une personne emprisonnée pendant trente-six ans pour avoir déclaré déclaré : « Je suis communiste ». Je crois que la démocratie signifie la diversité d’opinion. Le fait de ne pas reconnaître le communisme dans la Corée du Sud actuelle m’amène à douter de cette démocratie. Nous ne sommes pas encore libérés de la guerre des idéologies.

    Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire ?

    Je raconte l’histoire d’une personne qui a pris le parti du Nord. Pendant ses trente-six années de détention, ses photos et ses écrits ont été brûlés par sa propre famille pour ne pas subir plus de répression. À sa sortie de prison le seul support sur lequel il pouvait s’appuyer pour raconter son parcours était sa mémoire. Il en a tiré un livre, c’est ce qui constitue ma bande dessinée.
    Son témoignage permet d’équilibrer notre regard sur l’affrontement entre le Nord et le Sud. On voit par exemple que l’armée chinoise qui est perçue aujourd’hui comme invasive, a été reçue par une partie de la population dans un esprit de solidarité et que les soldats chinois faisaient preuve de comportements positifs…

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    Extrait de "Je suis communiste, Tome 2"
    © Park Kun-woong, Hur Young-chul - Cambourakis

    Pourquoi aborder autant de sujets douloureux de l’histoire de votre pays ?

    Après la guerre, la dictature a empêché de bien connaître notre passé. La vérité historique a été enterrée. J’ai pris la bande dessinée en tant qu’outil pour la révéler. Depuis peu, j’utilise un second outil, la caricature, pour aborder la satire politique. Le passé est important, l’histoire actuelle aussi.

    Au festival de Bucheon, vous semblez plus proche de l’ancienne génération d’auteurs ?

    C’est vrai. D’ailleurs des lecteurs qui me découvrent ici me pensaient plus âgé. J’aborde des sujets lourds pour un « jeune » auteur. Cependant l’histoire contemporaine intéresse de plus en plus ma génération parce que le pouvoir actuel rappelle l’époque de la dictature. Les groupes qui dirigeaient le pays reviennent aux affaires. Il reste beaucoup de sujets à traiter. La bande dessinée a de plus l’avantage d’être facilement abordée par les jeunes.

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    Extrait du "Temps des bêtes", encore inédit en français
    © Park Kun-woong

    La bande dessinée numérique -le webtoon- semble connaître un impact profond en Corée. Songez-vous à œuvrer dans ce secteur ?

    Oui bien sûr. Avec Le Temps de la bête, j’achève un cycle de trois témoignages qui avait commencé avec Massacre au Pont de No Gun Ri, puis par Je suis communiste. Je travaille actuellement sur un projet de science-fiction où il sera question de pouvoir politique. Cette bande dessinée sera à la fois diffusée en webtoon et imprimée sur papier.

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    L’Affiche du Festival de Bucheon
    © Park Kun-woong - KOMAKON

    La science-fiction est aussi le thème de votre affiche pour le festival de Bucheon. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

    En sortant de mon style habituel, j’ai voulu apporter un visuel ludique et divertissant pour le grand public. J’ai pensé à une bouteille d’encre comparable à un corps humain. Sa tête s’envole vers un espace mystérieux en emportant les lecteurs. Que la bande dessinée conquière de nouveaux territoires, est dans l’esprit des auteurs. Sur quelle étoile et quelle histoire la tête va-t-elle atterrir ? C’est à l’imaginaire des auteurs de le déterminer.

    Pour le festival, vous avez conçu une exposition autour du « Temps des bêtes » à propos des tortures subies dans les années 1980 par le militant des droits de l’homme, Kim Geun-tae. Vous y avez notamment reconstitué la cellule où eurent lieu les sévices. On a été surpris de vous y voir pris en photo avec la veuve, les enfants et petits-enfants de Kim Geun-tae. Ils semblaient sourire, ce qui pour nous, Occidentaux, paraît étrange dans une telle circonstance. Que signifiait ce sourire ?

    Je ne pense qu’ils souriaient, ils étaient sereins. J’ai longuement discuté avec Mme Chae Keun, sa veuve, pour préparer ce livre. Je pense que ce sourire est une satisfaction du fait que l’histoire de son mari devienne le sujet d’une exposition et que lui-même serait heureux de savoir que son histoire est aujourd’hui connue. Comme une revanche contre l’oubli.

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    "Une revanche contre l’oubli". Au coeur de l’exposition consacrée au "Temps des bêtes", Park Kun-woung entouré par ses ainés Park Jae-dong et Lee Hee-jae avec la veuve, les enfants et petits-enfants de Kim Geun-Tae dont il a raconté le calvaire dans son livre et son exposition.

    Les éditions étrangères de vos livres étaient présentes dans l’exposition. Cela représente-t-il une grande importance pour vous ?

    Je traite de l’histoire contemporaine coréenne, sous l’angle de thématiques universelles, les droits de l’homme, le refus de la guerre. Je remercie le public français de me lire, car ces thématiques méritent des réflexions communes. On publie aussi des bandes dessinées françaises en coréen. J’espère que l’échange va se poursuivre. C’est à l’humanité entière de résoudre ces problèmes.

    Propos recueillis par Laurent Melikian.

    source: histoireetsociete.wordpress.com

     

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