• Comment s’informer dans cette guerre de propagande moderne ? À quelles sources faire confiance ? Et comment en parler autour de soi ? Comment lier la guerre là-bas et la vie quotidienne ici (prix du gaz, coût de la vie) ? Comment débattre sereinement pour arriver à faire réfléchir ? Michel Collon décrypte une série de médiamensonges. Il propose une méthode concrète d’autodéfense intellectuelle. Parce que l’info honnête et prudente nous sera indispensable pour défendre la paix.

     

     

    source: https://www.investigaction.net/

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    Le président de l'Assemblée nationale de la République bolivarienne du Venezuela, Jorge Rodriguez, vient de révéler une série de preuves reliant un narcotrafiquant international au Gang de Guaido, ce réseau politico-criminel dont les liens avec le trafic de drogue ont déjà été documenté de nombreuses fois.

    En effet, il a été prouvé que lors de son déplacement en Colombie le 21 février 2019, afin de superviser la tentative d'agression contre le Venezuela qui aura lieu deux jours plus tard, Juan Guaido n'avait pu quitter le territoire vénézuélien qu'avec l'aide du cartel narcoparamilitaire colombiens Los Rastrojos. De nombreuses photos le montrant bras dessus bras dessous avec les dirigeants de cette organisation criminelle.

    Un an plus tard de nouvelles accusations rattrapaient Juan Guaido. Les mercenaires qui déferleront sur le Venezuela lors de l’opération Gédéon le 3 mai 2020 avaient établi leur base dans une hacienda appartenant à Hermagoras Gonzalez, alias Doble Rueda, le capo du Cartel de la Guaira. Les révélations du commandant militaire de l’opération, Cliver Alcala -beau-frère de Gonzalez-mais surtout de Jordan Goudreau, le directeur de Silvercorp, l’entreprise de mercenariat US aux commandes, montrera que le Gang de Guaido bénéficiait du soutien de ce narcotrafiquant colombien.

    De nouvelles accusations pèsent désormais sur cette organisation criminelle dont Juan Guaido est un des leaders. Le 14 mars 2022, Biaggio Garofalo, un narco trafiquant italo-vénézuélien a été arrêté dans la ville de Carthagène en Colombie.

    En 2015, afin de le juger pour trafic de drogue, le Royaume d'Espagne avait sollicité son extradition à Interpol. Garofalo était suspecté d'avoir envoyé un chargement de 350 kilos de cocaïne en Espagne à travers son entreprise Top Tropical Fruit Corp. En abril 2015, les autorités vénézuéliennes capturent Garofalo, et le 21 octobre de la même année, le Tribunal Suprême de Justice du Venezuela ordonne à la justice d’enquêter sur les accusations portées par l’Espagne. L’extradition de Garofalo est rendu impossible par l’article 69 de la Constitution vénézuélienne qui interdit l’extradition des ressortissants nationaux. C’est donc le parquet vénézuélien qui doit mener les investigations correspondants et prononcer les condamnations. Cependant, l’enquête sera torpillé par la procureure Luisa Ortega Diaz, une magistrate corrompue qui soutiendra l’opposition radicale lorsque les vents de la justice commenceront à la rattraper. Luisa Ortega Diaz et son mari German Ferrer font aujourd’hui l’objet d’une enquête pour corruption, non seulement au Venezuela mais aussi aux États-Unis. Grâce aux réseaux de corruption mis en place par Ortega Diaz, Garofalo sera libéré.

    En janvier 2016, alors que l’opposition vénézuélienne vient de remporter les élections législatives, le parti Voluntad Popular désigne le narcotrafiquant Biaggio Garofalo en charge de la coordination du parti dans la ville d’Anaco, dans l’État d’Anzoátegui. La personne responsable de cette nomination est un jeune député récemment élu, et secrétaire d’organisation de Voluntad Popular : Juan Guaido.  

    Depuis lors, des liens profonds unissent les deux hommes, ainsi que le député de Voluntad Popular pour l’État d’Anzoátegui, Marco Antonio Quiñones. Au sein du Gang de Guaido, Quiñones était le « représentant interinstitutionnel », chargé entre autres des relations avec les autorités diplomatiques états-uniennes au sein du gouvernement imaginaire de Juan Guaido. Dans les nombreuses photos dévoilées par Jorge Rodriguez, apparait aussi Golfredo Morett, le beau-frère de Juan Guaido en compagnie de Garofalo. Une véritable réunion de famille.

    Marco Aurelio Quiñones, Biaggio Garofalo et Juan Guaido

    Jorge Rodriguez a dévoilé des vidéos de Juan Guaido lors d’une fête au domicile du narcotrafiquant le 19 janvier 2019, quatre jours avant le lancement de l’opération de changement de régime dit de la présidence intérimaire.

    Ces nouvelles accusations montrent une fois de plus le caractère criminel de l’opposition radicale vénézuélienne. Lorsqu’on lui demande si cette nouvelle affaire va affecter la reprise du dialogue entre le gouvernement bolivarien et la frange radicale de l’opposition, Jorge Rodriguez répond : « nous ne dialoguons pas avec des narcotrafiquants, nous les mettons en prison. (…) Nous reprendrons un dialogue élargi avec les autres secteurs de l’opposition et de la société civile ».

    L’étau de la justice et de la vérité semble se refermer sur l’organisation criminelle que l’occident, ses médias et ses ONG souhaitaient porter au pouvoir pour selon leurs mots « rétablir la démocratie au Venezuela ». Une page se tourne.

     

    Romain MIGUS

    source: https://www.les2rives.info/

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      Les Ukrainiens subissent une invasion illégale et brutale de la Russie. Bien que Poutine affirme ne viser que des « cibles militaires », selon l’ONU plus de 600 civils ont déjà été tués. Nous savons bien comment les guerres se déroulent. Il n’existe pas d’invasion « précise » ou « propre ». C’est le même langage de propagande que nous avons entendu de la part de l’Occident en Irak, en Afghanistan, en Libye. Les agressions internationales ont de lourdes conséquences et peuvent entraîner d’énormes pertes de vies humaines. Une analyse du journaliste d’investigation Chris de Ploeg.

      Il y a eu 2,4 millions de morts en Irak. 1,2 million de morts en Afghanistan et au Pakistan à cause de la guerre américaine contre les talibans. Peut-on encore empêcher un tel désastre en Ukraine ? C’est la principale question qui devrait préoccuper tous les commentateurs. Cela, et empêcher une nouvelle escalade, une guerre nucléaire. Comment avancer ?

      Les armes n’aideront pas

      L’Occident veut à présent envoyer davantage d’armes à l’Ukraine. Cela aidera-t-il ? Examinons leschiffres : «opération militaire limitée » de la Russie. La Russie déploie actuellement 150 000 soldats russes. Malgré quelques défaites tactiques, l’armée russe continue d’avancer.

      Un million de soldats russes en service actif et deux autres millions de la réserve militaire pourraient être déployés. Sans parler de la possibilité d’une mobilisation totale de la population adulte de Russie. Il n’y a donc aucun moyen pour l’Ukraine de gagner cette guerre. L’utilisation d’un plus grand nombre d’armes ne ferait donc que prolonger la guerre et provoquer des effusions de sang inutiles.

      Certes, après des années de guerre, la Russie pourrait juger les coûts trop élevés et se retirer quand même. Pensez à la défaite américaine au Vietnam. Ou la défaite soviétique en Afghanistan.

      Ces guerres ont entraîné des millions de morts. Aujourd’hui, en Ukraine, le bilan n’est encore que de plusieurs milliers de morts. Est-ce vraiment le scénario que nous souhaitons ? Les décideurs américains et européens se préparent déjà à une guérilla prolongée.

       

      L’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton soutient même ouvertement l’idée de transformer l’Ukraine en un « nouvel Afghanistan ». Le politologue ukrainien Ivan Katchanovsky note à juste titre que les pays occidentaux  » veulent combattre la Russie jusqu’au dernier des Ukrainiens « . C’est carrément sanguinaire et criminel.

      Retours de manivelle

      Armer l’Ukraine présente également un risque élevé de contrecoups. Par exemple, le mouvement terroriste salafiste mondial a été créé par l’opération massive de la CIA en Afghanistan dans les années 1980, lorsqu’elle avait armé les moudjahidine (dont Oussama Ben Laden) dans leur lutte contre l’Union soviétique. L’armement des rebelles en Syrie a mené à l’État islamique et à l’essor d’autres mouvements terroristes.

      Qu’il soit clair que la grande majorité de l’armée ukrainienne n’est pas néo-nazie. Pourtant, ce n’est pas non plus un secret que des néo-nazis sont intégrés dans l’armée ukrainienne, comme le bataillon Azov.

      Ces dernières années, les néonazis ukrainiens ont déjà reçu des formations et des armes de plusieurs pays occidentaux. Les chercheurs qui étudient l’extrémisme de droite en Europe et en Amérique du Nord soulignent que de nombreux néo-nazis se rendent désormais en Ukraine pour acquérir une expérience de la guerre contre la Russie. Il n’est pas impensable qu’ils reviennent plus tard dans leur pays et qu’ils tirent sur une mosquée.

      Les sanctions n’aideront pas

      L’Occident fait également pression pour des sanctions. Celles-ci auront un impact majeur sur la population russe, mais aussi sur les populations d’Asie centrale, qui dépendent en grande partie du travail saisonnier en Russie et des transferts de fonds que ces travailleurs envoient à leurs familles.

      Les sanctions occidentales contre l’Afghanistan – un coup de pied dans les dents après 20 ans de guerre – provoquent déjà des famines généralisées. Au Venezuela, les sanctions actuelles ont causé quelque 100 000 morts. En Irak, dans les années 1990 : jusqu’à un demi-million d’enfants morts, selon l’UNICEF. Le recours aux sanctions n’est pas un outil léger ni innocent. C’est une arme.

       

      Les sanctions n’ont pas arrêté la Russie avant l’invasion. Elles n’arrêteront pas non plus la Russie maintenant. Selon une étude exhaustive de 115 régimes de sanctions, seuls 4 % d’entre eux ont donné des résultats, et plutôt de nature à renforcer le gouvernement.

      La colère populaire est généralement dirigée vers un ennemi extérieur clair, avec lequel le président en exercice peut attiser le nationalisme. C’est exactement la stratégie utilisée par Poutine. Les sanctions sont donc non seulement immorales, mais aussi contre-productives.

      Combattre impitoyablement l’évasion fiscale

      Ce n’est un secret pour personne que les milliardaires russes disposent d’énormes sommes d’argent dans les paradis fiscaux du monde entier. De l’argent qui est souvent acheminé par le biais de boîtes aux lettres dans le quartier Zuidas à Amsterdam, vers des territoires d’outre-mer de la Grande-Bretagne, comme les îles Bermudes. C’est là que vous pouvez vraiment cibler l’élite russe pour punir l’invasion.

      La fin de l’évasion fiscale implique nécessairement la fin de l’hypocrisie. Les élites occidentales et ukrainiennes en pâtiront également. La colère suscitée par l’invasion de la Russie peut être utilisée pour lutter une fois pour toutes contre les inégalités dans le monde.

      Le pétrole du Golfe et le gaz de schiste américain ne sont pas une alternative, l’énergie verte en est une

      L’idée de s’éloigner du gaz et du pétrole russes doit également être considérée avec une grande prudence. Par exemple, le président américain Joe Biden a envisagé une visite pétrolière en Arabie saoudite, ce même pays qui est le principal responsable de l’invasion génocidaire du Yémen.

      Cette guerre a déjà fait 400 000 morts, en majorité des enfants, et a été menée avec des armes occidentales. Alors, ces morts-là sont-ils acceptables ?

      Les compagnies pétrolières et gazières d’Europe et d’Amérique du Nord envisagent dans l’augmentation de leur production une alternative à la Russie. Les plus grands acteurs dans ce domaine sont les entreprises américaines extractrices de gaz de schiste, qui sont extrêmement polluantes pour le climat et également désastreuses pour les droits fonciers des peuples autochtones d’Amérique du Nord.

      Seules une transition verte urgente et une faible consommation d’énergie offrent une véritable alternative à l’impérialisme fossile de la Russie et de l’Occident.

      Davantage d’argent à l’OTAN, c’est de l’huile sur le feu

      L’Allemagne a annoncé qu’elle allait augmenter son budget défense de 113 milliards de dollars d’un seul coup, soit plus que l’ensemble du budget militaire de la Russie. Le budget militaire de l’OTAN représentait déjà la majorité des dépenses liées à l’armée dans le monde en 2020. Dix-sept fois celles de l’OTSC, l’alliance militaire de la Russie, du Belarus et d’un certain nombre d’autres pays post-soviétiques.

      Davantage d’argent pour l’OTAN ne fait donc que stimuler une course aux armements extrêmement déséquilibrée. Ce sont avant tout les entreprises d’armement qui en profitent et dont les actions ont grimpé en flèche ces dernières semaines.

      L’OTAN a déjà exclu la possibilité que des troupes occidentales combattent en Ukraine, une sage décision sans quoi nous irions directement à une guerre nucléaire, tuant potentiellement des milliards de personnes. Cependant, cela signifie également que les nouvelles armes de l’OTAN et les unités de l’armée élargie seront principalement utilisées pour l’agression occidentale contre d’autres pays, comme les bombardements américains qui continuent de pleuvoir en Somalie.

      Comme pendant la guerre froide, ce seront principalement les petits pays non nucléaires qui seront les victimes des guerres par procuration entre la Russie et l’OTAN. C’est exactement la raison pour laquelle la plupart des pays du Sud – malgré la forte pression exercée par l’Occident – refusent de s’associer à une nouvelle guerre froide contre la Russie.

      La menace nucléaire est réelle

      Il n’y a pas seulement un décalage dans les armes conventionnelles. Les États-Unis essaient invariablement d’obtenir une capacité de « première frappe », qui leur permettrait d’anéantir toute la capacité nucléaire de la Russie avec une attaque nucléaire surprise.

      Les États-Unis construisent actuellement une installation de missiles en Pologne, à 160 km de la frontière avec la Russie, et discutent ouvertement de l’installation éventuelle de missiles nucléaires dans ce pays. C’est la même distance qui avait provoqué la crise de Cuba, lorsque l’Union soviétique avait placé des armes nucléaires à Cuba, à 90 miles de la frontière avec les États-Unis.

      Ces tensions peuvent également conduire à une « guerre nucléaire accidentelle« , par le biais de fausses alarmes dans des systèmes radar très sollicités. L’histoire montre que le monde a été au bord de la catastrophe à plusieurs reprises pendant la guerre froide.

      Augmentation du nombre de missiles nucléaires sur les sous-marins américains depuis 2008. thebulletin.org.

      Quoi que l’on puisse penser du régime de Poutine – dictatorial, impérialiste et néolibéral – nous ne devrions plus jamais prendre un tel risque. Nous ne pouvons pas jouer avec la vie de milliards de personnes.

      L’expansion de l’OTAN doit cesser

      La menace occidentale contre la Russie a des racines historiques profondes. On estime que les seules invasions occidentales contre l’Union soviétique, pendant la guerre civile russe et la Seconde Guerre mondiale, ont coûté près de 40 millions de vies. L’invasion nazie de l’Est a entraîné la plus grande perte de vies humaines jamais enregistrée en temps de guerre.

      L’OTAN elle-même a été explicitement créée peu après la deuxième guerre mondiale par crainte d’une guerre potentielle contre l’Union soviétique. Et après le déclin de l’Union soviétique, pour surmonter cette dynamique, la Russie a demandé à plusieurs reprises son admission à l’OTAN, mais en vain. Il est donc compréhensible que la Russie considère l’OTAN avec une profonde méfiance.

      Il est désormais bien connu qu’une promesse a été faite au dirigeant soviétique Gorbatchev, à savoir que l’OTAN ne s’étendrait « pas d’un pouce vers l’est ». Depuis lors, quatorze pays ont été ajoutés.

      Aux analystes occidentaux qui parlent d’une promesse verbale, sans parler des stéréotypes racistes sur les Russes qui aiment prendre des rendez-vous « dans un sauna avec un verre de vodka », je dirais ceci.

      Les promesses verbales dans la diplomatie internationale étaient très courantes pendant la guerre froide. La crise de Cuba en 1962, alors que le monde était au bord de la guerre nucléaire, a été résolue par un accord informel entre Kennedy et Khrouchtchev. Cet accord est donc très pertinent.

       

      Que la Russie se sente menacée par l’expansion de l’OTAN n’est pas seulement un fantasme de Poutine. Chacun des dirigeants russes, de Gorbatchev à Eltsine, a été clair à ce sujet.

      Les sondages montrent régulièrement que la population russe est toute aussi unanime sur cette question. En outre, de nombreux hauts responsables occidentaux avaient reconnu le danger que l’expansion de l’OTAN ne conduise à une guerre avec la Russie. Nous ne pouvons plus ignorer ces voix.

      La diplomatie peut mettre fin à la guerre

      C’est de loin l’exigence la plus importante de la Russie dans cette guerre : que l’Ukraine reste militairement neutre entre la Russie et l’OTAN. En l’absence de concessions solides comme le roc accordées sur ce point, cette guerre sera menée jusqu’à la dernière goutte de sang.

      Ce n’est pas une concession inacceptable. On a toujours cru à tort que les Ukrainiens souhaitaient majoritairement appartenir à l’OTAN. En réalité, ce n’est que très récemment, depuis le renforcement des troupes russes l’année dernière, qu’une majorité en Ukraine est favorable à l’adhésion à l’OTAN. Ces dernières années, le projet d’adhésion à l’OTAN a été porté principalement par une élite politique pro-occidentale, et non par le peuple lui-même.

      Cette nouvelle ne vient pas de la presse russe. Capture d’écran The Washington Post

      Les autres demandes de la Russie – reconnaissance de l’indépendance des républiques rebelles du Donbass et annexion de la Crimée – peuvent être acceptées dans le cadre du droit à l’autodétermination. L’écrasante majorité de la population locale de ces régions ne veut plus faire partie de l’Ukraine.

      La Russie a indiqué qu’elle mettrait fin à l’invasion « dans l’instant » si l’Ukraine acceptait les demandes susmentionnées. Il appartient à l’Occident de soutenir pleinement un tel accord, en tenant compte des concessions possibles pour l’Ukraine. Pensez par exemple à une adhésion à l’UE sans adhésion à l’OTAN, comme des pays tels que la Suède et l’Autriche.

      Les premiers signes de négociations entre la Russie et l’Ukraine sont prometteurs et pourraient mettre fin rapidement à la guerre.

      Annulation des dettes et plan Marshall pour l’Ukraine

      L’Occident pourrait également rendre un accord de paix plus attrayant en promettant d’effacer toutes les dettes de l’Ukraine et de cofinancer avec la Russie une sorte de « plan Marshall » pour la reconstruction de l’Ukraine.

      Dès avant la guerre, l’Ukraine avait sombré dans une immense pauvreté, en grande partie à cause des politiques d’austérité néolibérales qui lui ont été imposées par les banques occidentales telles que le FMI. Les accords avec le FMI – des politiques très impopulaires – avaient été signés en 2014 par le gouvernement intérimaire non élu d’Ukraine, sous une forte pression des États-Unis et de l’Union européenne. L’Occident a donc aussi une responsabilité à cet égard.

      Même à court terme, les besoins en Ukraine sont urgents. La plupart des civils ne combattent pas la guerre mais essaient de survivre. Des millions de citoyens ukrainiens ont besoin d’une aide humanitaire urgente. Cela devrait être la priorité, de même que l’accueil en toute sécurité de tous les réfugiés.

      Démilitariser pour une longue paix

      La plupart des pays de l’OTAN souhaitent désormais investir davantage dans l’armement. Mais ce dont nous avons besoin, c’est de mettre fin à la course aux armements, et la partie qui dépense le plus pour cela devrait prendre l’initiative. Cela signifie donc qu’il faut réduire le budget militaire de l’OTAN en échange de concessions similaires de la part de la Russie.

      C’est bon non seulement pour la paix en Europe, mais aussi pour la paix dans le monde. Les pays de l’OTAN ont causé de loin le plus grand nombre d’effusions de sang au XXIe siècle. À elle seule, la « Guerre contre le terrorisme » a fait environ six millions de morts.

      L’attention disproportionnée que l’Occident porte à l’invasion russe est motivée par des intérêts géopolitiques et des sentiments racistes, ce qui laisse dans l’oubli la vie des Yéménites et des Afghans. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter.

      À terme, l’OTAN – organisation impérialiste des pays les plus riches de la planète – peut également être dissoute et les questions de sécurité de l’Europe transférées à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dans laquelle tous les pays européens sont représentés.

      Le démantèlement de toutes les armes nucléaires – par le biais d’un traité contraignant avec tous les pays sur le champ de bataille – est également crucial. L’OTAN devra également prendre les devants ici, car elle a la suprématie nucléaire et les États-Unis ont également été les premiers à se retirer des traités nucléaires avec la Russie. Les Pays-Bas peuvent commencer à retirer les armes nucléaires américaines de Vonkel. La Belgique peut faire de même avec les armes nucléaires américaines de la base de Kleine Brogel.

      Un carrefour de l’humanité

      En tant qu’humanité, nous nous trouvons maintenant à un carrefour crucial. Allons-nous dépenser plus d’argent pour les armes et la guerre, ou pour la coopération afin de faire face aux grandes crises de notre temps ? Le montant dont l’Allemagne a soudainement augmenté son budget défense est plus important que le maigre financement pour le climat que le Nord a promis au Sud il y a des années, mais qui n’a toujours pas été versé.

      Les événements de ces dernières semaines montrent à quel point il est facile de gagner de l’argent pour acheter de nouvelles machines à tuer et à quel point il est difficile de protéger la vie sur terre. Ces priorités doivent être inversées. Le sort de l’humanité en dépend.

       

      Chris Kaspar de Ploeg (1994) est journaliste d’investigation à « Platform Authentieke Journalistiek ». Il est l’auteur du livre Oekraïne in het kruisvuur et il est co-fondateur de Arts of Resistance et de Aralez, organisation populaire pour la décolonisation. Merci à Volodymyr Ishchenko pour son feedback. Il est chercheur à l’Institute for Slavic Studies, Technical University of Dresden.

       

      Source originale : De Wereld Morgen 

      Source en français (Traduction du néerlandais : Anne Meer): https://www.investigaction.net/ 

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        L’impact de la guerre en Ukraine s’étend bien au-delà des frontières européennes. Quels seront les effets sur le Moyen-Orient? Les régimes du Golfe, et d’autres pays en développement s’adapteront à un nouveau monde dans lequel la configuration du pouvoir est en train de changer. Ce n’est plus le monde que les États-Unis ont façonné après la guerre froide, analyse As’ad AbuKhalil (Angry Arab).


        Il est prématuré de déterminer la forme exacte du monde au lendemain de l’intervention militaire russe en Ukraine. Au risque de répéter des clichés bien connus, il est clair que l’ordre mondial a été irrévocablement modifié. L’ère de l’après-guerre froide est terminée, pour toujours.

        Après l’effondrement de l’URSS, les États-Unis avaient établi leur suprématie mondiale et avaient veillé à ce que l’OTAN forme un rempart de sécurité autour de la Russie pour la maintenir faible et vulnérable – et pour préserver l’hégémonie US sur tout le continent. Jamais l’Amérique n’avait été mise au défi de manière aussi directe et ciblée que par l’intervention de la Russie en Ukraine.

        Les anciennes règles que les États-Unis ont imposées – par la force – ne seront plus. Si la Chine a fait preuve de prudence en exprimant son soutien à la Russie dans ses déclarations officielles, ses médias ont clairement réfuté les affirmations de la propagande US. Les répercussions de cet événement cataclysmique se feront sentir dans les années à venir, et elles affecteront les conflits régionaux et internationaux.

        L’impact de la guerre russo-ukrainienne sera également ressenti au Moyen-Orient, une région qui a une longue histoire d’implication dans la rivalité soviétique et russo-américaine.

        Malgré la pression des États-Unis, aucun État arabe ne participe à la guerre économique contre la Russie en imposant des sanctions. Ils rejoignent ainsi la plupart des pays d’Amérique latine et d’Afrique, ainsi que l’Iran, l’Inde, le Pakistan et la Chine. L’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe ont même résisté aux pressions des États-Unis qui leur demandaient de pomper davantage de pétrole afin de compenser l’interdiction US sur les importations de pétrole russe.

        Plus important encore, Riyad est en pourparlers avec la Chine pour échanger une partie de son pétrole en yuan, ce qui porterait un coup au dollar US utilisé pour 80 % des ventes mondiales de pétrole. Jusqu’à présent, les Saoudiens utilisaient exclusivement le dollar.

        Moscou tente de surmonter le féroce assaut économique de l’Occident en créant un système économique et financier distinct avec la Chine. Les nations arabes pourraient y jouer un rôle important, en tournant effectivement le dos aux États-Unis. (Signe de la froideur du Golfe à l’égard de Washington, le Wall Street Journal a par exemple rapporté que les dirigeants émiratis et saoudiens ont refusé de prendre les appels téléphoniques de Biden).

        Le contexte du changement politique

        La nature des relations internationales a été bouleversée en 2011 avec l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle se limitait à la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils en Libye supposément menacés de massacre par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. (Un rapport parlementaire britannique a par la suite conclu que de telles menaces n’existaient pas et qu’elles étaient fondées sur des renseignements inexacts et des « hypothèses erronées »).

        La résolution ne permettait pas aux forces terrestres d’entrer en Libye. Le texte était clair. Il disait que le Conseil de Sécurité :

        « Décide d’instaurer une interdiction de tous les vols dans l’espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne afin d’aider à protéger les civils. [Et qu’il] autorise les États Membres qui ont adressé au Secrétaire général une notification à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre d’organismes ou d’arrangements régionaux et en coopération avec le Secrétaire général, à prendre toutes mesures nécessaires (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen. »

        Malgré ces limitations, les États-Unis et l’OTAN ont considéré que la résolution signifiait un blanc-seing pour renverser un gouvernement dont les États-Unis se plaignaient depuis longtemps. Peu importe que le régime dictatorial libyen ait coopéré avec les États-Unis dans les années qui ont précédé son renversement; la secrétaire d’État américaine de l’époque, Hillary Clinton, avait même rencontré le chef de la police secrète libyenne, qui se trouvait être le fils du dirigeant en question.

        La Russie, dirigée à l’époque par le président Dmitri Medvedev, s’était abstenue sur la résolution, tout comme la Chine. Les deux pays avaient manifestement cru que la mission serait limitée à la zone d’exclusion aérienne. Vladimir Poutine, qui était Premier ministre à ce moment-là, aurait été furieux contre Medvedev pour cette abstention.

        Lorsqu’il est apparu que l’OTAN violait la résolution en renversant Kadhafi, la Chine et la Russie, toutes deux détentrices d’un droit de veto, se sont montrées déterminées à changer le cap du Conseil de sécurité pour empêcher les États-Unis de l’utiliser à nouveau pour couvrir des interventions militaires et des changements de régime. C’est à ce moment-là que les États-Unis ont commencé à perdre leur suprématie mondiale jusque-là incontestée.

        Moscou et Pékin ont tous deux renforcé leurs capacités militaires et se sont davantage affirmés sur la scène internationale. Craignant des changements dans la configuration mondiale du pouvoir, l’administration Biden a intégré un langage musclé à sa Stratégie de sécurité nationale, une stratégie déjà délivrée par les administrations précédentes. Il s’agissait d’exprimer clairement le rejet par les États-Unis de toute concurrence russe et chinoise. La stratégie de Biden se plaignait de l’assurance chinoise. (Comment un autre pays que les États-Unis pourrait-il faire preuve d’assurance?) C’est une chose pour les États-Unis d’exiger la suprématie mondiale, c’en est une autre de la garantir sans que cela coûte du sang et de l’argent.

        En fait, la Russie a fait preuve de son assurance quatre ans après la résolution sur la Libye, lorsqu’elle est intervenue pour soutenir le régime syrien.  Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, Poutine a demandé aux États-Unis de rejoindre Moscou dans ce combat, une offre que les États-Unis ont rejetée.

        Répercussions au Moyen-Orient

        Au Moyen-Orient, les effets du nouveau conflit mondial se sont déjà répercutés sur les régimes clients des États-Unis, dont beaucoup entretiennent également de bonnes relations avec la Russie. Les Émirats arabes unis sont l’un de ces clients US. Washington leur fournit une technologie militaire de pointe (en dépit de leur bilan abyssal en matière de droits de l’homme). En retour, les EAU collaborent avec les États-Unis et ils ont récemment établi une alliance solide avec Israël. Les États-Unis ont récompensé les émirats en leur vendant des avions de chasse de pointe.

        Et pourtant, les EAU se sont abstenus de voter la résolution du Conseil de sécurité du 3 mars condamnant les actions de la Russie en Ukraine – à laquelle la Russie a opposé son veto. Mais ils ont voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale qui disait la même chose. Aujourd’hui, les EAU, et en particulier Dubaï, sont considérés comme un refuge pour les milliardaires russes lourdement sanctionnés par l’Occident.

        Les pays du Golfe comme les EAU sont pris entre leur loyauté totale envers les États-Unis et leur proximité croissante avec le gouvernement russe, d’autant plus qu’ils déplorent ce qu’ils considèrent comme un retrait US du Moyen-Orient. De nombreux despotes du Golfe sont toujours mécontents que les États-Unis aient laissé tomber Hosni Moubarak en Égypte et Zein Abidin Bin Ali en Tunisie lors des soulèvements arabes de 2011.

        Parmi les pays du Golfe, seul le Qatar a pris une position forte pour soutenir l’Ukraine. Mais il n’a pas rejoint la guerre économique contre la Russie pour autant. L’émir du Qatar a récemment été accueilli dans le bureau ovale et son pays s’est vu attribuer le statut de « grand allié non-OTAN. » En outre, les États-Unis veulent que le Qatar comble les besoins en gaz de l’Europe à la suite des sanctions sur les ventes de gaz russe (on notera que la Maison-Blanche avait curieusement travaillé cette mesure avec le Qatar avant que le premier soldat russe ne se déplace vers l’Ukraine).

        Consensus américain fracturé

        Les États-Unis ne parviendront plus à obtenir un consensus dans le monde en fonction de leurs propres intérêts. Bien que la Chine ne soit ni préparée ni disposée à défier de front la politique étrangère US pour l’instant, sa coopération et ses traités avec les ennemis des États-Unis (l’Iran principalement) sont une indication que la Chine prévoit d’opérer dans un monde non soumis aux diktats américains.

        Si les déclarations du gouvernement chinois durant la crise ukrainienne ont été prudentes, les réseaux sociaux en Chine et les diplomates chinois qui s’y expriment ont été carrément favorables à la position russe. La Chine a d’ailleurs renforcé ses liens économiques avec la Russie pour atténuer le choc des sanctions, autorisant notamment les Russes à utiliser son système UnionPay pour remplacer les cartes de crédit occidentales.

        En raison de son exclusion du système bancaire international SWIFT, la Russie s’est appuyée sur son propre système de transfert de messages financiers (SPFS). Et il pourrait être lié au système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS) de la Chine. La Russie a commencé à effectuer des paiements à la Chine en renminbi, ce qui affaiblit le dollar en tant que première monnaie mondiale. Ainsi, les retours de flamme de la guerre économique de l’Occident favorisent l’apparition de systèmes économiques et financiers distincts qui fracturent la domination mondiale des États-Unis.

        Les régimes du Golfe, et d’autres pays en développement s’adapteront à un nouveau monde dans lequel la configuration du pouvoir est en train de changer. Ce n’est plus le monde que les États-Unis ont façonné après la guerre froide.

        La Russie n’a pas la puissance ni l’influence des États-Unis. Mais la Russie est un acteur régional influent ; son rôle en Syrie a montré sa capacité à soutenir un régime faible et à opérer en dehors des manœuvres US visant à renverser Bachar al-Assad. Déjà, les gouvernements du Golfe envisagent un monde dans lequel les États-Unis font preuve d’une moins grande assurance militaire qu’auparavant. À cette fin, les Émirats arabes unis ont établi une alliance solide avec Israël.

        Impact sur le conflit israélo-arabe

        Les régimes du Golfe ne sont pas favorisés par Washington comme l’est Israël. Israël a suivi les États-Unis en exprimant son soutien à l’Ukraine. Il ne peut pas se permettre de contrarier l’administration Biden après les dommages essuyés par son image durant l’ère Obama-Netanyahu.

        Mais la crise russo-ukrainienne sapera la rhétorique des États-Unis et de l’Union européenne sur le conflit israélo-arabe. Il ne sera pas facile de vendre le soi-disant processus de paix après leur refus catégorique de soutenir la voie diplomatique entre la Russie et l’Ukraine. Pendant ce temps-là, les États-Unis prêchent un strict pacifisme pour les Arabes confrontés à des décennies d’occupation et d’agression israéliennes.

        Après les deux premiers jours du conflit seulement, une trentaine de pays ont envoyé des missiles avancés et des armes à l’Ukraine, défendant le droit à la résistance. Les Palestiniens, en revanche, se voient refuser jusqu’au droit à la résistance pacifique. En effet, les États-Unis et l’Europe sont allés jusqu’à interdire le BDS (boycott, sanctions et désinvestissement en Israël) tout en brandissant des sanctions dans le monde entier. Comment les Palestiniens peuvent-ils prendre au sérieux l’insistance occidentale sur le fait que leur lutte contre l’occupation ne doit jamais recourir à des moyens violents ?

        Le monde dans lequel nous vivons est en train de changer, et l’impact de l’intervention russe en Ukraine ne se limitera pas à ce pays, ni même à l’Europe. Les États-Unis se rendent compte que le monde leur échappe. Mais ils ne le toléreront pas.

        Ils auront recours à la force pour tenter de maintenir leur emprise sur l’humanité. Il est fort probable que des conflits violents dominent désormais notre monde.

         

        As`ad AbuKhalil est un professeur libano-américain de sciences politiques à la California State University, Stanislaus. Il est l’auteur de Historical Dictionary of Lebanon (1998), Bin Laden, Islam and America’s New War on Terrorism (2002) and The Battle for Saudi Arabia (2004). Il tweete sous le nom de @asadabukhalil.

         

        Source originale en anglais : Consortium News

        Source en français (traduit  par GL pour Investig’Action): https://www.investigaction.net/

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        Extradition d’Assange : Le prochain obstacle -par Craig Murray (LGS-15/03/22)

        Alors que Julian est toujours, sans raison valable, détenu dans une prison de haute sécurité, le processus juridique entourant son extradition continue de serpenter à travers le maquis du système juridique britannique. Aujourd’hui, la Cour suprême a refusé d’entendre l’appel de Julian, qui était fondé sur sa santé et l’effet sur celle-ci d’une incarcération dans les conditions du service pénitentiaire des États-Unis. Elle a déclaré que son appel n’avait "aucun fondement juridique défendable".

        Il s’agit d’un revers qui, très probablement, va maintenir Julian en prison pendant au moins une année supplémentaire.

        Les motifs juridiques que la Haute Cour avait précédemment jugés défendables étaient que le gouvernement américain n’aurait pas dû être autorisé à donner en appel de nouvelles assurances diplomatiques (très conditionnelles) concernant le traitement d’Assange, qui n’avaient pas été proposées en première instance pour être prises en compte dans la décision initiale. Un argument important pour que cela ne soit pas autorisé est que si elles étaient données au tribunal de première instance, la défense pourrait discuter de la valeur et de la conditionnalité de ces assurances ; des preuves pourraient être produites et la question pourrait être évaluée par le tribunal.

        En n’introduisant les assurances qu’au stade de l’appel - qui ne porte que sur des points de droit et n’a pas pour mission d’établir les faits - les États-Unis ont évité tout examen de leur validité. Le Home Office a toujours soutenu que les assurances diplomatiques devaient être acceptées sans discussion. Le ministère de l’Intérieur tient à cette position car elle facilite l’extradition vers des pays dont le bilan en matière de droits de l’homme est épouvantable.

        En déclarant qu’il n’y a pas de point de droit défendable, la Cour suprême accepte que les assurances diplomatiques ne soient pas testées et doivent être prises pour argent comptant, ce qui a été un point de controverse majeur dans la jurisprudence récente. Il est maintenant établi que nous renverrons quelqu’un en Arabie saoudite si les Saoudiens nous donnent un morceau de papier promettant de ne pas lui couper la tête.

        J’ai été particulièrement intéressé par le fait que la Cour suprême ait refusé d’entendre l’appel de Julian au motif qu’il n’y avait "aucun point de droit défendable". Lorsque la Cour suprême a refusé d’entendre mon propre appel contre l’emprisonnement, elle a plutôt énoncé sa formulation alternative, il n’y avait "aucun point de droit défendable d’intérêt public général". Cela signifie qu’il y avait un point de droit défendable, mais qu’il s’agissait simplement d’une injustice individuelle, qui n’avait d’importance pour personne, sauf pour Craig Murray.

        À mon avis, avec le gouvernement conservateur très ouvert sur son désir de couper les ailes des juges et de réduire la portée de la Cour suprême en particulier, la Cour évite ainsi de s’attirer les foudres.

        L’extradition est donc maintenant confiée à Priti Patel, le ministre de l’Intérieur, qui doit décider de l’extrader ou non. La défense a quatre semaines pour présenter ses arguments à Patel, qu’elle doit entendre. Certains membres de la droite libertaire du parti Tory s’opposent à l’extradition pour des raisons de liberté d’expression, mais Patel n’a pas une seule pensée libertaire dans sa tête et semble se délecter de la déportation, donc personnellement je n’ai pas d’espoir particulier pour cette étape.

        En supposant que Patel autorise l’extradition, l’affaire retourne au tribunal d’origine et au juge Baraitser pour l’exécution. C’est là que ce processus prend une tournure remarquable.

        La procédure d’appel qui vient de s’achever était l’appel initié par le gouvernement des États-Unis contre la décision initiale de Baraitser selon laquelle la combinaison de la santé de Julian et des conditions auxquelles il serait confronté dans les prisons américaines signifiait qu’il ne pouvait pas être extradé. Le gouvernement américain a obtenu gain de cause devant la Haute Cour. Julian a ensuite essayé de faire appel de ce verdict de la Haute Cour auprès de la Cour suprême, mais l’autorisation lui a été refusée.

        Mais Julian lui-même n’a pas encore fait appel devant la Haute Cour, et il pourra le faire, une fois que l’affaire aura été renvoyée à Baraitser par Patel. Son appel portera sur les motifs pour lesquels Baraitser a initialement donné raison aux États-Unis. Il s’agit principalement de :

        - l’utilisation abusive du traité d’extradition qui interdit spécifiquement l’extradition politique ;
        - la violation de l’article 10 de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’homme relatif à la liberté d’expression ;
        - l’utilisation abusive de la loi américaine sur l’espionnage ;
        - l’utilisation de preuves corrompues, payées par un fraudeur condamné qui a depuis reconnu publiquement que son témoignage était faux ;
        - l’absence de fondement de l’accusation de piratage.

        Aucun de ces points n’a encore été examiné par la Haute Cour. Il semble remarquablement étrange qu’après être passé une fois par la procédure d’appel, tout recommence une fois que Priti Patel a pris sa décision, mais c’est le jeu fou auquel la loi nous soumet. Cela ne pose aucun problème à l’establishment politique, bien sûr, car cela leur permet de garder Julian enfermé sous haute sécurité à Belmarsh.

        La défense avait demandé à la Haute Cour d’examiner ce que l’on appelle les points de "l’appel croisé" en même temps que l’appel américain, mais la Haute Cour a refusé.

        Le rayon de lumière qu’était la décision de Baraitser sur la santé et les conditions de détention est donc définitivement éteint. Cela signifie qu’au lieu d’avoir la possibilité d’être libéré par la Cour suprême cet été, Julian risque de passer au moins un an de plus à Belmarsh, ce qui doit être un coup dur pour lui juste avant son mariage.

        D’un point de vue plus positif, cela signifie qu’enfin, dans une cour supérieure, les arguments qui comptent vraiment seront entendus. J’ai toujours éprouvé une certaine ambivalence à l’égard des arguments fondés sur la santé de Julian, alors que l’enjeu est bien plus important, et je n’ai jamais fait état personnellement de ses problèmes de santé par respect pour sa vie privée. Mais maintenant, la Haute Cour va devoir se demander si elle souhaite vraiment extrader un journaliste pour avoir publié des preuves de crimes de guerre systématiques commis par l’État qui demande son extradition.

        Voilà qui mérite d’être rapporté.

        Craig Murray

        Traduction "à la recherche d’un second souffle" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

        source en anlais : https://www.craigmurray.org.uk/archives/2022/03/assange-extradition-on...
        source en français (Le Grans Soir): https://www.legrandsoir.info/extradition-d-assange-le-prochain-obstacle.html
         
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      • Saïd Bouamama consacre un nouveau numéro à la guerre en Ukraine avec cette fois-ci, un focus sur les coûts de la confrontation pour l’Europe: combien et à qui coûtera la guerre?

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          Dur, dur, quand tu es « fact-checker » (vérifieur d’informations) à Libé et que ton patron te demande d’enquêter sur le bataillon Azov, pour voir si ce ne serait tout de même pas un peu monté en épingle cette histoire de néonazisme. Et encore plus dur quand, après avoir bien tout vérifié, il ne te reste comme argument que : « euh… certes, ils sont nazis mais… » Florilège.

          « Libération » commence à nous expliquer : « Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des images de défilés de ces combattants, arborant croix gammées et insignes SS ou réalisant des saluts nazis, sont massivement partagées sur les réseaux sociaux. » 
          Et de poursuivre : « Cette focalisation sur Azov est alimentée par la propagande russe ».
          C’est vrai que ces Russes sont vraiment capables de tout, même de « focaliser ». On ne sait vraiment d’ailleurs pas pourquoi ils en font tout un plat de cette histoire de nazisme.
          Libé toujours :  » Le fondateur d’Azov, Andreï Biletsky (…) énonce parmi les missions de son organisation ‘la purification raciale de la nation’. (…) Dans le cadre du conflit russo-ukrainien, il fonde le bataillon Azov, dont le logo renvoie clairement à l’iconographie nazie. » 
          Evidemment les crapules à la solde de Poutine s’arrêteront là avec un ricanement mauvais. Mais Libé nous apprend qu’Andreï Biletsky, depuis, « a beaucoup lissé son discours. Il nie les mots très durs qu’il a tenus dans sa jeunesse lorsqu’il parlait de croisade contre les sémites ».
          Mots durs en effet. Et qui ont certainement dépassé sa pensée lorsqu’il était en führer. 
          D’ailleurs le quotidien bien informé recourt ensuite à des historiens ayant le sens de la nuance. Ainsi d’un certain Viatcheslav Likhatchev qui « pointe néanmoins une composition plus hétéroclite qu’il n’y paraît » et rapporte : «Même à l’été 2014 tous les combattants d’Azov n’étaient pas d’ultra-droite. J’ai personnellement connu un anarchiste qui a servi dans Azov ».
          Thierry le Luron est resté dans les mémoires avec son « Je ne suis pas raciste, mon chien est noir ». Mais « Je ne suis pas nazi, j’ai pris un verre avec Louise Michel au bataillon Azov », il n’y avait pas pensé. 
          Mais revenons à Libé, toujours très en forme, et qui nous rapporte que dans les principales photographies remontées ces derniers jours sur les réseaux sociaux, plusieurs datent de Mathusalem : pensez, celle où se mélangent treillis, svastika, bannière de l’OTAN et drapeau d’Azov, date de 2014, bref de l’histoire ancienne. Celle où un membre d’Azov pose en groupe autour d’un portrait de Hitler « remonte au moins à 2015 ». Nous voilà rassurés. Il faut bien que jeunesse se passe. 
          Nos fact-checkers concluent ensuite sur la « réhabilitation de la figure controversée de Stepan Bandera ». Controversée ? Oui, un peu tout de même. Mais bon… La bio wikipedia de Stepan Bandera nous rapporte des éléments en effet « controversés », comme celui-ci :« Du 30 juin au 5 juillet 1941 a lieu un important massacre de Juifs à Lviv. Les Einsatzgruppen organisent les attaques avec l’aide des unités paramilitaires ukrainiennes pro-nazies menées par Stepan Bandera ». Ou encore : » En 1943, l’UPA [l’armée de Bandera] massacre entre 40 000 à 60 000 Polonais dont beaucoup de femmes et d’enfants en copiant les méthodes de purification ethnique des nazis. »On apprend aussi, au passage, qu’avant d’être « élevé à la dignité posthume de Héros d’Ukraine par un décret signé le 22 janvier 2010 par le président ukrainien Viktor Iouchtchenko », Bandera avait été financé et soutenu par les services secrets occidentaux pour continuer une guérilla en Ukraine contre l’URSS. Mais tout cela n’est sans doute que le fruit d’une cyberattaque russe visant à nous désinformer.
          Retournons donc à une source sûre, d’autant que j’ai gardé le meilleur pour la fin, quand Libé nous dit, à propos du fier bataillon :« En difficulté sur le terrain militaire, l’Ukraine l’intègre à sa garde nationale (l’équivalent de la gendarmerie nationale en France) dans la foulée, à l’automne de la même année [2014]. » 
          C’est vrai que c’est tout de suite plus apaisant, des néo-nazis recyclés en gendarmes patrouillant sur les routes avec des démangeaisons dans le bras. On se sent tout de suite plus en sécurité et moins tenté par l’excès de vitesse. 
          Mais, j’aimerais comprendre s’ils sont aussi compris dans le programme de second mandat du président sauveur de l’Europe ces nazis comme « équivalent de la gendarmerie nationale en France » ? Le Wolfsangel, le crochet du loup emblème de la division Das Reich, laquelle a déjà beaucoup servi par chez nous, et qui figure encore en bonne place dans la panoplie du bataillon Azov et du parti Svoboda (qui, soit dit en passant, a donné un vice-ministre et un ministre de la Défense à l’Ukraine post-Maïdan), ça ferait son petit effet pour envoyer disperser les ronds-points de Gilets jaunes, vous ne trouvez pas ? 
          On avait beau crier « C.R.S. = S.S. », on n’avait encore rien vu.

             

          Sources: Facebook &   https://www.investigaction.net/

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        • Depuis 37 ans dans les geôles françaises, mais libérable depuis 1999… Georges Ibrahim Abdallah est le plus vieux prisonnier politique de France. Pour aborder cette affaire incroyable dans la « patrie des droits de l’homme », Michel Collon reçoit Patrick Bobulesco, libraire parisien, membre de la campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah et fin connaisseur du dossier.

           

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        • Le règne du deux poids deux mesures ou l’exemple de l’éviction d’artistes russes du festival de musique Berlioz-par Matthieu Bogosavlijevich  (Investig'Action-14/03/22)

          Après les jeux paralympiques, la coupe du Monde de football, voici l’heure des festivals de musique et opéras de bannir leurs lieux des horribles Russes. Fut un temps non lointain le diable s’appelait non vacciné, ou anti-pass, au choix. Désormais c’est  la citoyenneté russe qui peut être gage d’ostracisation et de discrimination.

          Le festival Berlioz du nom du compositeur français Hector Berlioz n’est pas en reste et a su être plus royaliste que le roi. Non content des  »seules » sanctions économiques que l’occident inflige à la Russie, tout du moins les sanctions que les États-Unis ordonnent à ses vassaux d’imposer à la Russie, il reste des secteurs encore non concernés par les sanctions.

          C’en était trop pour certains, c’est alors que de leurs propres chefs pour palier ce terrible oubli que des directeurs d’opéras ou de festivals congédient ou annulent la venue de musiciens russes. Ouf, nous voilà rassurés, ce que les politiques ne font pas ou n’osent pas faire, d’autres le font pour eux.

          C’est en effet le cas du directeur du festival Berlioz, Bruno Messina, qui a annulé la venue au festival estival de musique de la Cote Saint-André du chef d’orchestre Valery Gergiev, déjà limogé de l’opéra de Munich[1],  mais aussi l’orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg qui devait joué la mythique Damnation de Faust :

          « Ce qu’a décidé Poutine n’est pas acceptable et dans ce cas-là, évidemment on ne pourra pas programmer ces musiciens-là. Le voudrais-je d’ailleurs que je ne pourrais pas ». Ah bon ? Et pourquoi ?  Ledit directeur du festival se défend : « de nier l’apport extraordinaire de la Russie à l’histoire de la musique. Il s’agit d’être conscient qu’il y a des musiciens qui sont plus ou moins impliqués et puis qu’il y a des institutions qui sont des institutions d’État […] comme le Théâtre Mariinsky, de la même manière que l’Opéra de Paris est institution d’État en France  »[2].

          Le prenant au mot, analysons s’il s’applique ses propres principes.

          En s’intéressant à la programmation de cette session de 2022 on apprend la présence de l’orchestre philharmonique de Radio-France ainsi que de l’orchestre national de France sans pour autant que cela ne semble déranger le président du festival Berlioz. À première vue, cela semble normal.

          Pourtant la France est largement impliquée dans un conflit meurtrier qu’est la guerre au Yémen, en envoyant  des armes d’attaque aux cobelligérants : l’Arabie-Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Or  comme le rappelle le média Disclose en 2019: « 28 millions de Yéménites viv[aient] toujours sous les bombardements et plus de 8 300 civils [avaient] perdu la vie au cours des seules frappes aériennes de la coalition […] dont 1283 enfants.[3] »

          Cependant comme le révèle une note classée « confidentiel défense » de septembre 2018 que s’est procurée le média, le président de la République est bien avisé de la destination des armes envoyées à l’Arabie-Saoudite et de leur utilisation. Qu’il soit question de canons, d’appareil de guidage de missiles ainsi que de navires de guerre français, Emmanuel Macron sait qu’ils sont déployés sur le front yéménite. Cela n’a en rien stoppé les exportations d’armes françaises vers la pétromonarchie qui devient en prime en 2021 le premier client en armement de la France.

          Au regard de la note de quinze pages transmise au locataire de l’Élysée, il ne fait nul doute que le président français est pleinement conscient du rôle meurtrier que jouent ses exportations d’armes, il est mentionné que les canons caesar : « appuient les troupes loyalistes et les forces armées saoudiennes dans leur progression en territoire yéménite. ».  En d’autres termes que ces canons produits par une entreprise publique française font feu sur la population yéménite.

          Le président est aussi informé que la population yéménite, qui a subi plus de 25 000 bombardements depuis 2015  l’est grâce à une technologie française servant à guider les missiles qui équipe les avions de chasse. Il sait aussi qu’au niveau des navires de guerre la France n’est pas en reste : deux bateaux de fabrication française participent au blocus mis en place par l’Arabie-Saoudite au port d’Al Holeïda, concourant à alimenter la terrible crise humanitaire et la famine qui en découle.

          Dès lors, si l’on suit le raisonnement du président du festival, l’orchestre philharmonique de Radio France ainsi que l’orchestre national de France devraient être bannis du festival Berlioz pour être des « institutions d’État » qui dépendent de la présidence de la république.

          Ridicule non ?

          Pourquoi alors ce déferlement de violence à l’égard des Russes ?

          Sans nul doute à cause du rôle indéniable que jouent les médias de masse présentant l’unique version des faits admissible et tolérable comportant un méchant agresseur face un gentil agressé 

          Pour comprendre ce déferlement de haine médiatique à l’encontre des Russes alors même que les États-Unis qui seuls ou par le truchement de l’Otan ont bombardé, entre autres, Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye ou Syrie et n’ont jamais subi cette mise au ban de leurs athlètes ou de leurs artistes il faut se référer à un principe dégagé par Edward Herman et Noam Chomsky dans leur ouvrage phare La fabrique du consentement.

          Il existe un double standard, appelé aussi deux poids deux mesures, à l’égard des victimes de guerre en fonction de la nationalité qu’elles ont. Si elles sont de nationalité des États clients des États-Unis, leur importance sera grande, tandis que si elles font partie d’un État rival, voire ennemi, alors leur importance sera négligeable.

          Les victimes serbes, afghanes, irakiennes, libyennes, syriennes et yéménites se situant dans le clan des nationalités ennemies n’ont une valeur que très relative tandis que les victimes ukrainiennes, pays dans la sphère d’influence américaine, elles, ont une valeur bien plus importante. Le corollaire de ce principe étant l’impunité médiatique quasi totale pour les États agressant des victimes d’États ennemis mais une sévérité totale à l’endroit des agresseurs [ou considérés comme tels] des victimes d’États clients ou dans la sphère d’influence américaine.

          En 2022 il est à retenir que cette sévérité inclut désormais non plus les seuls responsables politiques, mais une  partie de la population non décisionnaire, qui de près ou de loin mérite ce sort, n’ayant pas choisi la bonne nationalité à la naissance.

          Revenons au festival Berlioz et son directeur, mais aussi aux déjà trop nombreuses personnes qui se sont employées aux mêmes écarts. Ont-ils déjà œuvré ainsi à l’égard de citoyens américains en raison des multiples guerres d’agression menées par l’administration américaine ?

          Se sont ils posés la question élémentaire qu’était celle de savoir en quoi étaient responsables des artistes d’une action militaire menée par leurs dirigeants?

          S’ajoute aussi à ce flot de questions une autre relative à leur manière de s’informer. Ne se posent-ils aucune question quant à ce manichéisme ambiant, ce consensus à toute épreuve malaisant qui devrait pour le moins les faire douter avant de prendre de telles décisions?

          Semble-t-il non.

          Que cette folie cesse, sinon les amoureux de la Pavlova ne risquent pas d’en remanger de sitôt.

           

          Source: https://www.investigaction.net/

          Notes:

          [1]Pour sa proximité avec Vladimir Poutine, mais aussi pour ne pas avoir dénoncé l’invasion russe.

          [2]Noémie Philippot, « Guerre en Ukraine : le festival Berlioz sans « grandes institutions russes », son directeur s’explique », France Bleu Isère, publié le 13/03/22, en ligne, Guerre en Ukraine : le festival Berlioz sans « grandes institutions russes », son directeur s’explique (francebleu.fr)

          [3]Discole, « Cartographie d’un mensonge d’État », publié le 15/04/19, en ligne, Cartographie d’un mensonge d’état – Made in France (disclose.ngo) .

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