Près de 2000 personnes ont marché dans les pas des travailleurs de la Fonderie de Bretagne, samedi, dans les rues d’Hennebont.
Près de 2000 personnes dans les rues d’Hennebont (Morbihan), samedi 1er mai 2021, ont défilé et soutenu les salariés de la Fonderie de Bretagne en lutte. Le débat s’est prolongé dans le pré de Kerbihan où le ton est parfois monté d’un cran.
Un 1er mai sous le soleil. Radieux. Pas vraiment pour les salariés de la Fonderie de Bretagne à Caudan, en lutte depuis 5 jours. Samedi, le pavé hennebontais a réuni près de 2000 personnes, unies, pour ne pas dire soudées, dans ce combat des fondeurs pour sauver leur outil de production. Un site sur lequel pèse une épée de Damoclès lourde à supporter.
Mais, dit-on, l’union fait la force. Les hommes et les femmes de la fonderie en appellent donc au soutien de la population du pays de Lorient. « Ce soutien est vital et celui des élus, les représentants de cette population, l’est tout autant. Et ils doivent être fermes face au groupe Renault qui réclame régulièrement de l’argent à l’État ». C’est en substance ce que dit Jimmy, l’un des nombreux fondeurs présents dans le cortège.
Deux sonneurs-fondeurs ouvrent le bal. Ils sonnent avec le plus d’entrain possible malgré tout. Espérant, comme leurs collègues et amis, que la décision de Renault de céder la fonderie ne sonnera pas le glas d’un métier auquel personne ne veut renoncer.
Une table ronde en plein air était organisée avec les élus à la suite du défilé pour échanger sur l’avenir de la fonderie du groupe Renault. Ici Maël Le Goff, secrétaire CGT de la fonderie, au micro, et Jean-Michel Jacques, député LREM.
Relocaliser
À l’issue de la marche, ce 1er mai de soutien s’est poursuivi dans le pré de Kerbihan. Plusieurs élus du pays de Lorient ont répondu à l’appel du débat. Ils ne sont pas légion. Mais il y a là, prêts à affronter le feu des fondeurs, Jean-Michel Jacques, député LREM, les maires d’Hennebont, André Hartereau, de Caudan, Fabrice Vély, de Lanester, Gilles Carréric, et Damien Girard, élu d’opposition (Lorient en Commun) à Lorient. Interpellé sur une transition écologique qui nuirait au bon développement de l’industrie automobile, ce dernier remet les pendules à l’heure. « La transition écologique est vitale pour l’ensemble de la planète. Il ne faut surtout pas rejeter les fautes libérales sur l’écologie. Nous pouvons relocaliser et nous battre ensemble pour une économie de territoire qui soit résiliente ».
Lors des prises de parole en milieu de matinée en centre-ville d’Hennebont.
Faire plier Renault ?
Jean-Michel Jacques doit aussi essuyer quelques échanges sur le vif : « Je sais que je fais face à une assemblée militante. L’État peut agir mais ne peut plier le bras de Renault. La fonderie, je la défends depuis les débuts. C’est un outil rénové, performant, à préserver ». Fabien Gache, de la CGT Métallurgie, remet les points sur les i : « La filière auto, c’est 150 000 emplois déjà perdus entre 2004 et 2018, une course obsessionnelle à l’enrichissement d’une poignée d’actionnaires. Un modèle électrique hors d’atteinte de la plus grande partie de la population. Sur les fonds publics, Renault ne s’en cache pas, ou l’État crache au bassinet ou le groupe va produire ailleurs ».
Dans le cortège, en nombre, les salariés de la Fonderie de Bretagne.
« Cette fonderie vous appartient »
Les maires de Lanester et Caudan plaident pour une meilleure mobilisation des élus locaux sur le dossier. Le temps presse. « En veillant à ce que la politique locale ne soit pas rattrapée par des choix libéraux », espère Gilles Carréric. « Reprendre la main ! », lance Damien Girard. « Une bataille de tous les élus, ajoute Phillippe Jumeau (PCF 56). S’adressant à Jean-Michel Jacques : Que faites-vous pour préserver le social sur notre territoire ? » Gérard Perron, ancien maire d’Hennebont, veste de la SBFM sur le dos, aura le dernier mot : « Du temps de la SBFM, aujourd’hui de la Fonderie, l’histoire se répète malheureusement. Ne laissons pas les bonimenteurs prendre les commandes de votre outil de travail. Camarades, cette fonderie vous appartient ! » Tonnerre d’applaudissement.
Des prises de paroles syndicales mais aussi des intermittents et précaires qui avaient dépêché un porte-voix original (image de droite) : le druide « Cégétix » !
Pierre WADOUX