• Ces crimes qui ont bouleversé le pays de Lorient : en 1907, deux militants aux assises pour distribution de tracts (LT.fr-29/12/20-20h)

    La Bourse du travail de Lorient, où ont été imprimés les tracts subversifs et où le secrétaire général Trévennec a été arrêté. La Bourse du travail de Lorient, où ont été imprimés les tracts subversifs et où le secrétaire général Trévennec a été arrêté.  (Source : Archives départementales du Morbihan)

    Le Télégramme revient sur les grandes affaires criminelles du XXe siècle dans le pays de Lorient. Aujourd’hui, retour en 1907, deux hommes sont envoyés devant les assises du Morbihan pour diffusion de tracts révolutionnaires. Un traitement très disproportionné et lié au contexte social tendu de l’époque.

    1 Les faits

    Le 28 septembre 1907, lors d’une réunion en soutien à un ouvrier brestois activiste, un charpentier de l’arsenal de Lorient, Jean-Michel Huel, 26 ans et père de deux enfants, distribue des textes anarchistes assez virulents, « Le Père Lapurge » et « Aux Prolétaires ».

    2 L’arrestation

    La police, qui surveille de près la réunion, arrête Huel qui se voit inculpé pour « diffusion de documents antimilitaristes » et « provocation à la désobéissance ». Peu après, une descente a lieu à la Bourse du travail de Lorient, à l’angle de la rue de l’Hôpital et de la Marine, où se trouve la presse ayant permis d’imprimer les textes licencieux. Le secrétaire général, Trévennec, est également arrêté pour « provocation à la désobéissance adressée à des militaires ».

    3 Le procès

    À l’issue de l’instruction, c’est le choc : les deux militants sont envoyés devant la cour d’assises. Une première que des « antimilitaristes » soient jugés par une instance réservée aux criminels. Le procès débute le 6 décembre 1907, mais les débats virent à la discussion idéologique. L’avocat des prévenus, Me Lévy-Oulmann, grâce à une brillante plaidoirie et au motif qu’ils ne sont pas les auteurs des textes et ne prévoyaient pas d’attentat, obtient l’acquittement pour Huel et Tréguennec.

    4 Le regard de l’expert : Christophe Belser (*)

    Le contexte politique est alors agité par des mouvements sociaux. Face aux critiques de la droite et à l’agitation de l’extrême-gauche, Georges Clemenceau, président du Conseil, veut démontrer qu’il peut maintenir l’ordre et n’hésite pas à faire emprisonner des syndicalistes. Cette répression menée par la « gauche d’ordre » se prolonge donc à Lorient, bastion du mouvement ouvrier, avec le renvoi devant les assises de deux militants pour « provocation à la désobéissance adressée à des militaires » et appel au meurtre (des chants antimilitaristes). L’affaire est donc politique et disproportionnée comme le rappela l’un des avocats de la défense : « J’ai vu bien des choses stupéfiantes dans ma carrière mais je suis renversé de voir un homme aux assises pour une distribution de chansons ! » De fait, les deux hommes sont acquittés.

    Charles-Henri Raffin

    (*) Auteur de « Les grandes affaires criminelles du Morbihan », De Borée éditions.

    source: https://www.letelegramme.fr/

    « Brexit : éditorial paru dans l’édition du 21 décembre 2020 de "Ruptures"Railcoop, une coopérative ferroviaire qui veut toucher la Bretagne (LT.fr-29/12/20-10h45) »
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