De la sortie du bourg de Kernouës au collège Saint-Exupéry, à Lesneven, il n’y a pas trois kilomètres. C’est précisément cette distance minimale non atteinte entre le domicile et l’établissement scolaire que la Région invoque pour refuser à Maxence, 11 ans, l’accès au car scolaire.
Énième version du supplice de Tantale : « L’arrêt se trouve seulement à 20 mètres de chez nous. Mes aînés en ont toujours profité. Notre voisine, en troisième, peut monter dans le car, elle », indique Magali Grandjean, sans jalousie mais traversée par l’incompréhension.
« Il n’ira pas au collège à pied »
La voisine a bénéficié du renouvellement de la carte qu’elle utilisait l’an dernier, en quatrième. Contrairement à Maxence, entrant en sixième qui, de fait, a rempli son premier dossier de demande d’accès au service de transport scolaire Breizh Go que la Région organise pour le secondaire. Il aurait toutefois pu contourner l’écueil des trois kilomètres si le car disposait d’une place en rab. Las, depuis la rentrée, aucun siège ne s’est libéré.
Une collègue de Magali Granjean a dépanné jusqu’au 20 septembre. Le frère aîné de Maxence (dans l’attente de l’appel de son régiment militaire) et une autre maman prolongent, en ce moment, la solution de transport en voiture jusqu’à Saint-Ex.
Quand je serai du matin, Maxence n’ira pas au collège. Je préfère ça que de le savoir en train de marcher, dans la nuit, au bord d’une route départementale.
« Mais cela ne durera pas », anticipe la Kernouésienne. Élevant seule ses enfants et astreinte au planning atypique de son métier de soignante, elle se dit prête à assumer une décision radicale : « Quand je serai du matin, Maxence n’ira pas au collège. Je préfère ça que de le savoir en train de marcher, dans la nuit, au bord d’une route départementale ».
À Saint-Divy, des parents prêts à financer l’arrêt
Cette angoisse parentale, Élodie Gouriou la vit déjà de jour. Si sa fille, Anaëlle, en cinquième, n’a que 400 mètres à parcourir pour atteindre un arrêt de sa commune de Saint-Divy et monter dans le car menant au collège Saint-Sébastien, à Landerneau, ce court chemin le long d’une route étroite sans trottoir, que des bolides empruntent comme raccourci, a de quoi faire frémir.
Au hameau de Kerascar, à Saint-Divy, Élodie Gouriou est prête à financer un arrêt de car scolaire pour éviter à sa fille, Anaëlle, de marcher 400 mètres sur une route étroite, sans trottoir, empruntée par des bolides.