« De qui se moque-t-on ? ». Les syndicats CGT et CFDT de l’hôpital de Carhaix se disaient « très en colère », ce mercredi, après l’annonce d’un foyer de contamination au sein du personnel de l’établissement.
L’info est tombée mardi soir dans le cadre d’une interview accordée à nos confrères de France Bleu. Au micro, le Pr Éric Stindel, président de la commission médicale d’établissement du CHRU de Brest Carhaix, révèle qu’un foyer de contamination a été mis au jour au sein du personnel de l’hôpital carhaisien. Joint mercredi, ce dernier nous a confirmé qu’il y avait en effet 18 professionnels de Carhaix positifs et six patients résidant en Ehpad ou à l’hôpital. Il s’agit de patients asymptomatiques, car les patients covid + sont, quant à eux, systématiquement rapatriés sur Brest.
Mauvaise nuit
Sophie Lévénez, secrétaire adjointe du syndicat CFDT de l’hôpital, dit avoir passé « une très mauvaise nuit » après avoir appris cette nouvelle par les médias. « Nous venions d’interroger la direction mardi matin, et celle-ci nous avait indiqué qu’elle n’était pas en mesure de communiquer ce genre d’infos en temps réel. Il n’est pas possible pour les représentants du personnel de remplir leur mission dans de telles conditions. Nous dénonçons un manque de communication et demandons un vrai dialogue. De qui se moque-t-on ? », lance-t-elle.
« Manque de transparence »
Même son de cloche du côté de la CGT. Caroline Tromeur, permanente, se dit outrée « du manque de transparence et de dialogue social ». De plus, les propos de M. Stindel qui sous-entendent que le personnel a relâché sa vigilance nous paraissent déplacés. Les personnels font preuve d’un grand professionnalisme ! ». « Je n’ai pas dit ça pour stigmatiser qui que ce soit, rétorque le Pr Stindel. Il faut être prudent tout le temps car il y a une circulation virale en ce moment dans la région », assure-t-il.
Les agents testés positifs en arrêt
Le Pr Stindel avait laissé entendre mardi que les personnels testés positifs pouvaient continuer à travailler. « À notre connaissance, aucun agent testé positif n’est actuellement à son poste de travail, assure pour sa part Caroline Tromeur. Selon nos informations, ils sont tous en arrêt de travail, à leur domicile ». « Je confirme, indique Éric Stindel. Tous les professionnels de Carhaix sont en éviction sept jours. Mais je confirme aussi qu’il existe, depuis très longtemps, un texte du haut conseil de santé publique qui permet de maintenir les professionnels de la santé, à partir du moment où il y a un risque d’arrêt de la continuité du service public ».
À quand l’unité covid dédiée ?
Les syndicats s’étonnent d’autre part qu’une unité covid n’ait pas encore été mise en place à l’hôpital de Carhaix. « On trouverait plus judicieux que tous les patients soient regroupés dans une même unité », estime Sophie Lévénez. « Nous avons l’impression d’une gestion dans l’urgence plus que dans l’anticipation », indique Caroline Tromeur. Le Pr Stindel impute ce retard précisément au fait que 18 agents sont actuellement en arrêt de travail. « On ne déborde pas de ressources humaines, mais nous allons ouvrir l’unité covid d’ici peu. Cela pourrait se décider très vite », précise-t-il.
Les syndicats ont quitté la réunion
Sophie Lévénez craint de son côté pour les dégâts psychologiques sur les équipes. « Nous demandons à la direction qu’un accompagnement psychologique soit mis en place. Certaines équipes se sentent peu soutenues et malmenées », affirme-t-elle.
C’est pour toutes ces raisons que les syndicats carhaisiens ont réclamé la tenue d’un CHSCT extraordinaire. « Ceci nous a été refusé par la direction car des réunions centrales de CHSCT sont déjà organisées à Brest tous les mercredis, souligne Caroline Tromeur. Le souci, c’est que celles-ci se déroulent en visioconférence, et qu’il nous est difficile d’intervenir ». D’ailleurs, les délégués carhaisiens ont décidé de quitter la réunion de ce mercredi car ils n’entendaient rien de ce qu’il s’y disait. « C’est pourquoi nous souhaitons qu’un CHSCT extraordinaire se déroule à Carhaix. Et en attendant, nous demandons une rencontre rapide avec le directeur du site et des cadres ! », ajoute-t-elle.
