« Des mesurettes » : voilà à quoi se résume la grande cause du quinquennat selon Justine, bénévole au Planning familial. « Même au sein du gouvernement, c’est de la poudre aux yeux : la parité des élus est à peine respectée, les femmes sont cantonnées à des postes de secrétaires d’État, les ministres sont accusés de viol… Et quand ils organisent un semblant de consultation, les budgets ne suivent pas. »
Pour le planning familial, à l’origine du rassemblement, il est urgent que les politiques se mobilisent pour réformer le système. Et ce selon trois axes : l’éducation, la santé et la justice. « Il faut éduquer les populations dès l’école primaire », reprend Justine. « Trois heures d’enseignement sur l’égalité hommes femmes, c’est au programme, il s’agit de le faire respecter ». Concernant la santé, la confédération demande l’allongement du délai d’IVG au-delà des 14 semaines : « Chaque année, entre 5 000 et 6 000 femmes vont avorter à l’étranger. C’est inadmissible. Si les gynécologues espagnols ou belges peuvent le faire, pourquoi pas nous ? »
« Prenez nos plaintes »
Le troisième axe, c’est la justice. Et, cette fois, ça n’est plus seulement une réclamation du Planning familial. Poerava est étudiante en première année à l’UBO, et membre de l’association LGBTQIA + West-Up. Au sein de l’université, elle mène des actions de prévention autour des violences sexistes et sexuelles : « C’est vraiment le sujet qui a été pris à la légère par notre gouvernement. On essaie de faire de la pédagogie auprès de ceux qui pourraient avoir du mal à comprendre les limites, mais quand on voit que de l’autre côté les plaintes ne sont même pas prises… Il faut absolument former les policiers, donner des moyens à la justice, et prendre la question au sérieux. »
« Instruire, déconstruire… Et détruire le patriarcat »
Au-delà des politiques et du judiciaire, c’est un combat systémique que les associations, et parmi elles le collectif Nous Toutes, entendent désormais mener. Pour Adeline, infirmière et membre depuis 2021, « les femmes ont beau avoir techniquement les mêmes droits que les hommes, elles sont confrontées au sexisme de manière quotidienne ». Et, par sexisme, elle ne fait pas simplement référence au comportement déplacé d’individus isolés, mais bien à une tradition sociale et sociétale. « C’est un problème sous-marin, mais son impact est considérable sur notre qualité de vie et sur notre présence dans l’espace public », détaille celle qui se décrit comme une militante du quotidien. « Aujourd’hui, notre mission, c’est de déconstruire cette tradition, en ayant une lecture systémique de la situation, et via l’échange. Chaque personne ne serait-ce qu’un peu déconstruite, c’est un pas de gagné sur le patriarcat ».
Enfin, les militantes « s’inquiètent de la montée des extrêmes, et notamment de la droite dans les sondages à l’approche des élections présidentielles : « Cette campagne manque cruellement d’une figure solide, féministe, antiraciste », reprend Adeline. « Quand la démocratie s’affaiblit, c’est le droit des femmes qui trinque en premier ».
« Pas de pause toilettes », « travaille bien pour ne pas finir caissière »… Via leurs pancartes, les membres de la CFDT dénoncent le manque de reconnaissance vécu au quotidien par les travailleuses dites « essentielles ».Mathilde Cariou
Trois secteurs d’activité sont concernés : le service, la fonction territoriale, et la santé. Des métiers majoritairement féminins, qualifiés d’essentiels pendant la crise et pourtant encore trop peu valorisés, à la fois socialement et financièrement. « Techniciennes de laboratoire, préparatrices en pharmacie, aides ménagères, caissières, infirmières… », énumère Virginie Jouan, secrétaire générale de la CFDT service. « C’est comme si on avait découvert ces métiers pendant la crise. Et ils restent en un sens invisibles, parce que pour la plupart, ça s’apparente à des tâches ménagères quotidiennes ».
Virginie Jouan cite l’exemple des agents de propreté, qui « déboursent en moyenne 300 euros d’essence par mois pour aller d’un chantier à un autre, soit l’équivalent de quatre jours de travail gratuit ». Le syndicat demande donc non seulement la mise en application du principe d’égalité salariale, mais aussi la revalorisation de ces tous ces métiers, dont « la rémunération n’est clairement pas à la hauteur de l’effort investi ».
Source : https://www.letelegramme.fr
Auteur : Mathilde Cariou