Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche, quelques semaines après l’affaire Théo, pour dénoncer les violences policières. Des personnes cagoulées ont lancé des projectiles contre les forces de l’ordre.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Paris contre les « violences policières » à l’appel de plusieurs organisations, quelques semaines après l'« affaire Théo » qui avait entraîné des violences urbaines en banlieue parisienne.La manifestation, qui a réuni 7 000 à 7 500 personnes selon la préfecture de police, a été émaillée de quelques échauffourées entre certains participants cagoulés et forces de l’ordre, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Onze personnes ont été interpellées notamment pour port d'arme, dégradations, agression et jets de projectiles sur les forces de l'ordre, a indiqué dans la soirée la préfecture de police de Paris.Partis de la place de la Nation vers 14 h 30 derrière une banderole « Justice et dignité, stop à l’impunité policière », flanquée des portraits dessinés de 13 personnes présentées comme victimes de la violence policière, les manifestants sont arrivés place de la République vers 17 h.
SOS Racisme dénonce « une logique de confrontation »
Ils répondaient à l’appel notamment d’organisations antiracistes aux horizons hétéroclites, de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) aux Indigènes de la République, auxquelles se sont joints la LDH (Ligue des droits de l’homme), CGT, FSU et Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), mais pas SOS Racisme, qui a dénoncé une « logique de confrontation ».
Tout au long de la marche, la foule a scandé des slogans tels que : « Zyed, Bouna, Théo et Adama, on n’oublie pas, on ne pardonne pas », « Police partout, justice nulle part » ou « urgence, urgence, la police assassine en toute impunité ».
Dans le cortège flottaient des drapeaux du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), du DAL (Droit au logement), d’Attac, CGT, CNT, et un ballon Solidaires, et on pouvait lire sur les pancartes : « Les bamboulas, les bougnouls, les niakoués […] vous emmerdent ».
« Théo n’est pas une exception »
Cette manifestation survient après le viol présumé du jeune Théo, 22 ans, début février, par un policier lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui avait entraîné plusieurs nuits de violences urbaines dans des villes de la banlieue parisienne.
« Théo n’est pas juste une exception. On est là pour rappeler qu’il ne s’agit pas de faits divers isolés, c’est pas des bavures, ça fait partie d’un système », ont déclaré à l’AFP Lucile Moigno-Flaux, 25 ans, et Jasmine Morice, 21 ans. Venue avec sa fille de 16 mois, Béatrice, productrice vidéo, est là parce que « c’est important pour l’avenir » de sa fille, « pour qu’elle vive dans un monde meilleur, plus juste ».
« Le meurtrier de mon frère a été condamné mais il reste encore d’autres familles pour qui ce n’est pas le cas », a expliqué au micro une des organisatrices Amal Bentounsi, sœur d’Amine, tué d’une balle dans le dos par un policier condamné en appel à 5 ans de prison avec sursis.
Cocktails Molotov et gaz lacrymogènes
Dimanche, alors que la manifestation se tenait dans le calme, un millier de personnes cagoulées, en fin de cortège, ont perturbé son déroulement, selon un communiqué de la préfecture de police. Des projectiles et des cocktails Molotov ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes, a constaté l’AFP.Au cours de ces échauffourées, deux gendarmes ont été légèrement blessés et transportés à l’hôpital, a indiqué la préfecture, qui a fait état d’une interpellation. De l’immobilier urbain et les vitrines de cinq établissements bancaires ont été dégradés, selon la même source. Des filtrages en amont de la manifestation avaient permis de récupérer plusieurs projectiles et un sac de pavés cachés dans un bac à fleurs sur le parcours de la manifestation, précise le communiqué.
Des manifestations ont également eu lieu dans quelques villes de province comme à Montpellier (près de 200 participants), Toulouse (environ 200), Nantes (quelques dizaines), selon des sources policières.