• «Les  années 30 sont revenues»-Entretien d'Aude Ancelin avec Annie Lacroix-Riz sur QG-Lundi 15/11/21 à 20h30

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  • Entretien avec Andreas Malm  pour le site de Ballast

    Il est l’une des nouvelles voix de l’écologie politique. Né en Suède au mitan des années 1970, auteur d’une dizaine d’ouvrages (traduits en français, pour les plus récents d’entre eux, aux éditions La Fabrique), Andreas Malm soutient l’idée que la social-démocratie est strictement incapable de faire face au défi climatique. À rebours des partisans du localisme, de l’autonomie ou de la destitution — qui ont la faveur d’une large part de la gauche radicale —, Malm réhabilite le communisme. Et, plus précisément, le léninisme. Autrement dit la stratégie de la prise du pouvoir d’État afin de disposer de leviers d’action à grande échelle et, donc, d’être en mesure d’enrayer aussi vite que possible la catastrophe planétaire en cours. Mais le militant et théoricien s’empresse de préciser : un léninisme qui a tiré les leçons du XXe siècle et de l’échec soviétique. Si la mise en place d’une organisation révolutionnaire de masse est indispensable à ses yeux, elle devra, conjointement, être « libertaire ». De passage en France, nous l’avons rencontré.


     

     

    Regardons les Unes de la presse française : « 2021 ou l’urgence climatique », « 2021, une année cruciale pour accélérer la lutte contre le changement climatique », « Sauver la planète en 2021 ». Puis regardons par la fenêtre : pas le début d’une révolution dans la rue. Pourquoi ?

    Non seulement il n’y a pas de révolution, mais il n’y a même plus de mouvement pour le climat dans la rue. 2019 a été une année de mobilisation sans précédent dans les pays du Nord global, notamment en Europe. Elle a ensuite été interrompue par la pandémie — je ne crois malheureusement pas que le mouvement pour le climat puisse rebondir au sortir immédiat de la crise sanitaire. Peut-être qu’il faudra un nouveau « gros choc climatique », comme lors de l’été 2018, pour refaire sortir les gens dans la rue. Plus généralement, l’absence de forces révolutionnaires s’explique par un déséquilibre des forces dans la lutte des classes : la domination politique de la bourgeoisie et la montée des forces d’extrême droite se répondent et occupent la scène politique.

    Vous dénoncez le « fatalisme climatique ». En France, nous nommons « collapsologie » le courant qui pense que c’est déjà trop tard : nous devrions accepter l’effondrement et apprendre à vivre avec. Pourquoi êtes-vous moins pessimiste ?

    « L’idée que nous devrions vivre avec l’effondrement climatique est formulée par des privilégiés du Nord. »

    Je ne crois pas que ce soit une question d’optimisme ou de pessimisme. Il ne s’agit pas, pour moi, de nier le danger de l’effondrement climatique ni de le minimiser. Le problème avec la collapsologie, c’est l’idée que nous n’aurions aucun pouvoir sur le processus climatique, qu’il se trouverait au-delà de notre influence. Il n’y a rien de plus faux ! Si nous n’avons pas réussi jusqu’ici à enrayer le changement climatique, il faut au contraire se battre et essayer de nouvelles tactiques de lutte. Il n’y aura aucun moyen de s’adapter à un réchauffement climatique de 4 ou 6 °C. Les peuples du Sud, en particulier, ne pourront pas s’adapter aux futures vagues de chaleur. Nous en voyons déjà des cas extrêmes dès à présent : le sud de l’Iran ou le Tadjikistan connaissent des pics à 50 °C, en ce mois de juin. L’idée que nous devrions « vivre avec l’effondrement climatique » est formulée par des privilégiés du Nord qui ont les ressources matérielles nécessaires pour « déménager à la campagne » et « être auto-suffisants ».

    Vous écrivez que « l’ennemi est le capital fossile ». Certains écologistes font la même observation mais en tirent une autre conclusion : ils louent le monde précapitaliste, voire pré-civilisationnel. Le monde d’avant la grande rupture néolithique. Vous semblez ne pas partager cette idée…

    Je partage l’idée qu’il faut trouver des inspirations dans les sociétés du passé ou restaurer des « états du passé », comme le proposent certains courants écologistes : songeons au réensauvagement, à l’écologie de la restauration ou au projet de retirer du CO2 de l’atmosphère pour revenir à l’état antérieur des révolutions industrielles. Je ne suis donc pas contre les objectifs de « retour en arrière ». Mais la restauration des écosystèmes va nécessiter des technologies sophistiquées, et le rejet général des technologies modernes me pose problème. Je suis allergique à la critique des énergies renouvelables, très répandue dans les mouvements écologistes. Comment comptent-ils remplacer les énergies fossiles ? Ils ont bien une idée, vague : la décroissance compensera miraculeusement la forte baisse des énergies fossiles. Mais les technologies renouvelables existent bel et bien, et elles sont prometteuses. Notre principal grief contre le capital est qu’il refuse de substituer les énergies fossiles aux énergies renouvelables.

    Tree #5, 2007 | Myoung Ho Lee]

    Vous avancez que « le geste léniniste est le seul qui puisse indiquer une voie de sortie ». D’où votre défense d’un éco-léninisme, d’un léninisme vert. Vous êtes conscient que ressusciter Lénine sera plus difficile que de rendre Greta Thunberg audible auprès du grand public ?

    Je n’ai pas l’ambition de m’adresser au public mainstream de Greta Thunberg ! (rires) Ce n’est pas mon rôle. Ressusciter Lénine est indispensable pour penser nos tâches stratégiques. Quand les sociétés sont confrontées à des crises majeures — comme les désastres écologique et pandémique —, la stratégie des forces progressistes consiste à faire apparaître les mécanismes qui sont à leur origine et les dirigeants qui les incarnent. C’est ce que Lénine ou Rosa Luxemburg ont fait en leur temps : la fin de la Première Guerre mondiale devait passer par une crise révolutionnaire à même de renverser les gouvernements qui avaient envoyé des millions d’hommes mourir sur les champs de bataille sans raison valable. Notre crise n’est pas une guerre mondiale où s’affrontent des armées, mais une crise écologique où les catastrophes s’enchaînent d’elles-mêmes. Lorsque se produisent des vagues de chaleur comme en 2018 ou une pandémie comme en 2020, la tâche stratégique est de dépasser les discussions à court terme — sur le nombre et l’organisation des pompiers, sur le bienfondé ou non du port du masque, sur les restrictions de liberté à des fins sanitaires, etc. — pour pointer les mécanismes qui sont à l’origine de ces crises, et éviter, ainsi, qu’elles aient lieu à nouveau. Sans ce changement de perspective, nous courrons d’une catastrophe à l’autre. Dire que c’est un « geste léniniste » ajoute de la controverse, certes, mais ça a le mérite de faire face à ce point.

    Vous mettez les pieds dans le plat quant à la question de la violence — celle qu’il faudrait déployer contre les forces destructrices de l’environnement. Deux objections vous sont adressées : la « nature » pacifiste du mouvement écologiste et le faible degré d’acceptation de la violence dans les sociétés occidentales contemporaines.

    « Il faut casser cette paralysie de toute urgence. La violence contre les infrastructures est une des tactiques possibles parmi de nombreuses autres. »

    Je ne crois pas que la non-violence soit inhérente au mouvement écologiste. Dans les pays du Sud global, les manifestations contre les projets pétroliers ou miniers ont déployé des tactiques de contre-violence. Aucun mouvement social n’a une essence fixée à jamais : seuls les acteurs guident et orientent les stratégies de ces mouvements. Si le mouvement environnemental dans les pays du Nord global a été jusqu’alors non-violent, c’est parce que les leaders ont fait ce choix stratégique. Soyons clair : je n’affirme pas qu’il faille utiliser la violence à l’encontre d’individus. Porter atteinte à l’intégrité d’un individu est par principe immoral. Pour s’en prendre à une personne — le PDG de Total, par exemple —, il faut fournir la justification que ses actes, dans certaines conditions géographiques ou historiques, entraînent des conséquences immédiates, tangibles et véritablement dangereuses pour un grand nombre d’individus. En plus du caractère immoral de l’acte violent, son traitement médiatique et sa réception par l’opinion publique nuiront aux objectifs du mouvement.

    Je suggère donc plutôt de diversifier les tactiques écologistes en s’attaquant aux biens, c’est-à-dire aux propriétés qui détruisent la planète. Il y aura une acceptation grandissante de ce type de violence à mesure que les conséquences de la crise climatique s’approfondiront et seront plus visibles. Il est à parier que les gens vont de plus en plus reconnaître les liens de causalité entre l’exploitation des mines de charbon et les feux de forêt géants en Australie, par exemple. Le degré d’approbation populaire de ces tactiques n’est pas déterminé par avance, il peut se modifier à la faveur d’événements. Prenons l’exemple des manifestations qui ont eu lieu à la suite de l’assassinat de George Floyd aux États-Unis : un sondage a exprimé un soutien majoritaire de la population américaine aux manifestants ayant assailli et brûlé le commissariat de Minneapolis. Ça vient contredire la théorie du pacifisme stratégique : cette action n’a pas fait fuir de terreur les manifestants ni n’a aliéné le mouvement Black Lives Matter de son soutien majoritaire. Au contraire, ça a incité les gens à rejoindre le mouvement car il révèle que la violence des policiers n’est pas une fatalité ni un destin naturel, mais un processus social sur lequel nous pouvons agir en détruisant l’infrastructure qui incarne cette violence à un moment donné. Le mouvement pour le climat nécessite des actions similaires car il souffre de la même paralysie : l’idée que les infrastructures fossiles sont un fait de la nature, inscrites dans le décor à tout jamais. Il faut casser cette paralysie de toute urgence. La violence contre les infrastructures est une des tactiques possibles parmi de nombreuses autres. En France, vous avez de nombreux équipements de l’entreprise climaticide Total : en prendre le contrôle, sans forcément les détruire, enverrait un signal. Total n’est pas une multinationale tentaculaire mais un ensemble d’équipements à la portée de tous.

    [Stéphane Burlot | Ballast]

    Quel est le rôle des franges radicales dans les mouvements sociaux, par rapport à leur segment réformiste ?

    Dans certains mouvements sociaux, on observe un effet positif de l’aile radicale. La peur que génèrent les militants radicaux rend les militants mainstream plus respectables. Les dirigeants se sentent obligés de faire des concessions à la frange dite « mainstream » du mouvement par peur de voir l’influence de la frange dite « radicale » grandir. Le cas historique le plus connu est celui du Mouvement des droits civiques aux États-Unis. Il existe néanmoins un effet négatif de l’aile radicale lorsque les actions radicales discréditent la cause elle-même. Il n’en demeure pas moins que le mouvement écologiste a besoin d’une frange radicale centrée sur des actions précises et suffisamment intelligentes pour revisiter constamment ces tactiques lorsque cette frange se rend compte que sa radicalité rejaillit négativement sur la cause.

    Il y a quelques années, nous avions interviewé Vandana Shiva. Elle nous avait dit que « Gandhi est plus pertinent aujourd’hui que jamais ». Vous le critiquez sévèrement et appelez à passer du « moment Gandhi » de l’écologie au « moment Fanon ». Que peut Fanon que ne permet pas Gandhi ?

    « Le désespoir est le sentiment le plus largement partagé devant l’urgence climatique, ce qui engendre des déséquilibres psychologiques réels. »

    Il faut mobiliser l’héritage de Fanon dans le mouvement écologiste. Fanon pense l’usage de la violence dans un autre contexte, celui de la colonisation. Il analyse la situation qui précède les luttes de décolonisation ainsi : les gens souffrent en silence et intériorisent l’oppression, ce qui génère du désespoir et des troubles psychiques. Lorsqu’ils s’émancipent des colons par la lutte armée, il se produit une libération psychologique, une réhabilitation mentale. Il existe des similitudes avec les injustices environnementales. Le désespoir est le sentiment le plus largement partagé devant l’urgence climatique, ce qui engendre des déséquilibres psychologiques réels. La seule solution pour rompre avec ce cercle vicieux est l’action collective, grâce à laquelle ces sentiments se retournent contre les causes du phénomène. Le passage à des actes violents contre les infrastructures d’énergies fossiles libère les individus de ce mal-être. Ça s’applique pour les pays du Sud où la misère est plus concentrée. L’année dernière, il y a eu 30 millions de déplacés internes en raison de catastrophes climatiques — soit beaucoup plus qu’en raison de conflits militaires. Pensons aux habitants du Bangladesh, des Philippines ou de Madagascar dont les maisons ont été détruites par des sécheresses, des cyclones, des orages, etc. Nous sommes en plein dans la situation décrite par Fanon à la veille des luttes de décolonisation : une multitude de souffrances silencieuses sont causées par le changement climatique. Tôt ou tard, une explosion assourdissante viendra des pays du Sud.

    Vous relancez la vieille querelle entre communistes et anarchistes. Vous avez même déclaré que « les idées anarchistes doivent être combattues ; [qu’]elles ne nous mèneront nulle part ». Comment comptez-vous convaincre les libertaires présents au sein de notre revue que l’État fait partie de la solution ?

    Cette querelle n’est pas assez développée dans mon livre pour convaincre quiconque ! (rires) Je sens une position monter à l’intérieur des forces de gauche : de plus en plus de gens font le constat que les dernières décennies passées à lutter au sein d’organisations verticales, centralisées et obnubilées par la conquête du pouvoir d’État, ont échoué. Il faudrait donc se tourner vers des mouvements horizontaux, en réseaux, sans objectif de prise de pouvoir. L’aggravation de l’urgence climatique rend pourtant très difficile de se figurer que des actions associatives et locales puissent résoudre le problème à elles seules. Je ne nie pas qu’elles soient importantes. Mais, si l’objectif est de réduire les émissions de 10 % par an, je ne vois pas d’autre acteur que l’État pour coordonner cet effort collectif : sans planification ni contrainte, le chaos des intérêts individuels régnerait. À titre d’exemple, le démantèlement des multinationales des énergies fossiles nécessite une phase transitoire de propriété publique. Les États, tels que nous les connaissons — c’est-à-dire capitalistes — ne se lanceront jamais dans cette entreprise de leur propre chef.

    Tree #9, 2017 | Myoung Ho Lee]

    Les partisans des ZAD, des oasis, de l’autonomie ou des communes libres forment en effet une part importante de l’imaginaire du mouvement anticapitaliste. Ces expériences locales seraient donc nécessaires mais dérisoires au regard des enjeux ?

    Je me suis rendu dans l’équivalent allemand des ZAD, les Ende Gelände. Ces « camps climat » sont organisés à l’image de la société écologiste dans laquelle nous voudrions vivre : énergies renouvelables et nourriture végane. C’est très bien ! Mais le cœur politique du mouvement Ende Gelände est la demande de démantèlement des mines de charbon et de lignite : ils n’ont pas l’illusion de croire qu’ils en sont capables seuls ! Leur stratégie consiste à ce que l’opinion publique fasse pression sur l’État au point qu’il n’aura pas d’autre choix que de les démanteler — c’est le fonctionnement classique des mouvements sociaux. Le plus souvent, ça ne marche pas. D’ailleurs, en Allemagne, la « Commission Charbon » avait fini par fixer une date de démantèlement des mines en 2019, avant de la repousser en 2038. Soit deux décennies supplémentaires d’extraction et de consommation de charbon…

    Face à quoi, vous défendez donc un « léninisme libertaire ». Le philosophe trotskyste Daniel Bensaïd considérait que c’était là le « défi de notre temps ». Si vous tenez à conserver l’État, que reste-t-il de libertaire dans votre proposition ?

    « Le léninisme libertaire est utile pour rappeler la nécessité de l’État afin de mettre œuvre des transformations sociales et écologiques. »

    J’aime beaucoup cette formule de Daniel Bensaïd, qui fait prendre conscience de l’héritage problématique de la politique léniniste. Elle rejette l’idée du parti unique et de la bureaucratie en appelant à une politique pluraliste, à une défense des libertés publiques et à la démocratie par le bas. Le léninisme libertaire est utile pour rappeler la nécessité de l’État afin de mettre œuvre des transformations sociales et écologiques, tout en restant vigilant sur les risques de la centralisation du pouvoir.

    Vous avez écrit que la victoire de Sanders ou de Corbyn aurait été une très bonne nouvelle pour la planète. Comment un critique aussi acerbe de la social-démocratie que vous en vient-il à trouver des vertus aux dirigeants réformistes ?

    Je viens d’une tradition politique très critique de la social-démocratie. Le réformisme social-démocrate prétend qu’on peut transformer la société doucement, opérer des changements pas à pas, réforme par réforme. L’urgence climatique rend caduque cette position. Ça ne signifie pas qu’un processus de transition rapide doive forcément être enclenché par des organisations révolutionnaires. D’abord, parce que ces organisations sont très marginales ou en décomposition — ce serait fou de penser que seul le NPA, en France, puisse enclencher la transition ! Ensuite, l’élection d’un Corbyn ou d’un Sanders, sur la base du programme présenté aux électeurs, les met face à une alternative binaire : soit se coucher et abandonner rapidement leur programme sous la pression des lobbys, soit mettre le doigt dans une transition initiée par les mouvements sociaux, qui les mène inéluctablement vers des mesures radicales. La gauche britannique a eu raison de s’investir derrière Corbyn, même si ça a échoué. L’élection récente de Pedro Castillo au Pérou est à suivre de près.

    [Stéphane Burlot | Ballast]

    Faisons une expérience de pensée : la Suède et la France viennent de connaître un soulèvement révolutionnaire et le nouveau pouvoir est écologiste. Ces gouvernements nationalisent, planifient, réquisitionnent, sanctionnent les contre-révolutionnaires et interdisent la consommation d’animaux — comme vous le préconisez. Mais, du côté des pays qui émettent le plus de CO2 — la Chine, les États-Unis, l’Inde ou la Russie —, rien, pas l’ombre d’un soulèvement. À quoi ça servirait, dès lors, un ou deux pays anticapitalistes pris dans un nuage mondial de pollution ?

    Je ne suis pas sûr d’avoir assez réfléchi à la question pour produire une réponse pertinente ! (rires) Pour certains pays du Nord, il est techniquement et économiquement possible d’opérer une transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables. Mais le processus de réchauffement climatique est par définition global : il est effectivement difficile d’imaginer cette transition dans des pays isolés. Puisque les catastrophes climatiques vont empirer partout, la poussée écologiste sera mondiale. Il faut mondialiser la transition écologique : de même que le socialisme dans un seul pays était une mauvaise idée au XXe siècle, la transition écologique dans un seul pays est une mauvaise idée au XXIe siècle.

    Qui dira radicalisation éventuelle du mouvement écologiste dira répression policière et étatique…

    Tous les mouvements sociaux qui défient des intérêts économiques puissants ont fait face à la répression. Dans le cas du mouvement pour le climat, si nous augmentons le niveau d’affrontement, nous l’expérimenterons également. Nous devons choisir les tactiques qui minimisent cette répression. Par exemple, Extinction Rebellion a fait de l’arrestation par la police une vertu : c’était même un objectif tactique d’avoir le maximum de militants arrêtés. Je plaide davantage pour des tactiques où on minimise les coûts pour le mouvement et ses membres, et où on maximise l’impact concret contre nos adversaires. La stratégie de long terme est de devenir si puissants, si nombreux, si divers dans nos tactiques que nous déjouerons la répression et battrons l’adversaire.


    Photographie de bannière : Tree #3, 2012 | Myoung Ho Lee
    Photographie de vignette : Stéphane Burlot | Ballast
    Traduit de l’anglais par Jeanne Henry et Alexis Gales. 


    REBONDS

    ☰ Lire notre traduction « Sauver Rosa Luxemburg de son icône », Daniel Finn, avril 2021
    ☰ Lire notre traduction « Hugo Blanco, l’écosocialiste péruvien », janvier 2021
    ☰ Lire notre article « Vers la révolution écosocialiste », Michael Löwy, janvier 2021
    ☰ Lire notre article « Écologie : socialisme ou barbarie — par Murray Bookchin », mars 2020
    ☰ Lire notre entretien avec Daniel Tanuro : « Collapsologie : toutes les dérives idéologiques sont possibles », juin 2019
    ☰ Lire l’article « Du pouvoir et de l’État », Daniel Bensaïd, avril 2015

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  • C’est un billet d’humeur cinglant d’un média pourtant assez discret, le MonacoTimes qui le déplore, la guerre d’information doublant la guerre économique menée contre la Russie atteint des sommets de ridicule jusque dans un champs qui devrait pourtant en être préservé, celui de la médecine. Jusqu’à voir les envoyés spéciaux des médias occidentaux qui sur les plateaux télé dégoisent depuis des mois contre le vaccin Sputnk V… vont se faire vacciner avec à Moscou. Avec une conclusion piquante : “Pour les Russes, les raisons du bashing étranger de Sputnik V sont claires : argent et xénophobie. Cependant, pour les correspondants occidentaux comme pour les civils, lorsque votre santé est en jeu, l’origine d’un vaccin importe peu – s’il fonctionne, il fonctionne.”

     

    Extraits

    “Vendredi, Andrew Kramer, du New York Times, a révélé qu’il avait reçu sa première dose de Sputnik V. Il a salué “l’accomplissement de bonne foi des scientifiques russes, qui poursuivent une longue tradition de développement de vaccins” et a même noté que Moscou avait évité certains des problèmes logistiques rencontrés en Occident.
    Cependant, M. Kramer semble avoir oublié que son propre journal s’est empressé de critiquer la formule russe, en publiant un titre qualifiant son développement plus rapide que la normale de “plus que stupide”

    “Les experts occidentaux se sont surtout concentrés sur l’approbation précoce douteuse, et non sur la conception du vaccin, qui est similaire à celui produit par l’Université d’Oxford et AstraZeneca”, indique M Kramer du NYT
    Le chef du bureau de Moscou de la publication, Anton Troianovski, a également admis avoir reçu le vaccin.
    La semaine dernière, Bloomberg a également publié un article positif sur le vaccin, rédigé par Sam Fazeli, analyste pharmaceutique, qui a noté que “le vaccin Sputnik V pourrait bien être un candidat aussi solide que ceux créés dans les laboratoires occidentaux”, avec une efficacité de plus de 90 %.

    Le vaccin mis au point à Moscou a également été administré à Oliver Carroll, de l’Independent, et à Nataliya Vasilyeva, du Telegraph. Depuis qu’il a reçu sa première dose, Oliver Carroll s’est montré relativement élogieux sur l’ensemble du processus, révélant par la suite qu’il avait des anticorps. En revanche, il a noté qu’il avait eu des effets secondaires semblables à ceux de la gueule de bois, qui se sont rapidement dissipés. Cette semaine, il a reçu sa piqûre de rappel.
    La volte-face des médias occidentaux sur Sputnik V n’est pas seulement un phénomène anglosaxon. La Deutsche Welle, la chaîne de télévision allemande financée par l’État, a également changé de ton, le journaliste Sergey Satanovski faisant l’éloge de la logistique de la vaccination. Il a notamment fait remarquer que le médecin lui avait remis une brochure d’information de 16 pages sur le vaccin

     

    Impérialisme capitaliste vs santé mondiale

    Depuis que la Russie a annoncé avoir réussie la première un vaccin très efficace contre le covid-19, la propagande n’a jamais cessé pour attaquer le vaccin. Dont le seul tort est d’être russe. Peut importe qu’il soit efficace à 91% c’est à dire autant que ses concurrents américain, qu’il soit moins cher, qu’il se conserve et se transporte plus facilement, qu’il utilise une technologie mieux connue, qu’il a moins d’effets secondaire apparemment que ses homologues anglais Astrazeneca et américain Johnson, ou encore qu’il exploite deux antigènes ce qui le rend a priori plus robuste contre les variants. Peut importe également que le président Russe a proposé que la France puisse le produire en autonomie sur son sol dès le mois de novembre – ce qui aurait sans doute permis de sauver des milliers de vie. Non la priorité était de massacré ce vaccin dont les seuls et uniques torts sont à la fois d’être produit par la Russie, un pays ne se soumettant pas à la férule de l’impérialisme euro-atlantique de l’Axe Washington Berlin Bruxelles, et à la fois d’être un emblème de l’excellence de ce qui reste et a été léguer de la recherche scientifique soviétique. Observons que la même situation en pire vaut également pour les vaccins chinois. Et que s’agissant des vaccins cubains c’est la une censure intégrale qui frappe.

    Et le résultat est là, alors que les vaccins américains, ont obtenu selon des procédures d’exception des autorisations de mises sur le marché dans des temps records, le vaccin russe est lui toujours interdit au sein de l’Union Européenne. Quelques pays de l’Est, ont cependant courageusement pris le parti de passez outre, permettant à des millions de leur citoyens d’accéder dans les meilleurs délais à la vaccination contre le covid-19. Et en Allemagne et même en France, quelques voix de dirigeants politiques locaux se sont élevées au plus forts de la pénurie pour indiquer qu’elles allaient acheter des vaccins sputnik V.

    JBC 

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • La métropolisation est une tendance lourde de nos sociétés. Né aux États-Unis, ce phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l’a profondément transformée. La métropolisation a conduit à une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une France périphérique appauvrie. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière les dommages démocratiques de cette partition sociale et territoriale. C’est la thèse de Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui vient de publier dans la collection Le Débat chez Gallimard L’impasse de la métropolisation. L’historien souligne que la conquête électorale des métropoles par l’écologisme politique paraît relever davantage d’un réflexe de fermeture sur soi que d’une prise en compte du problème posé.1

    La nouvelle économie de services à la française a détruit l’ancien modèle économique. Les chiffres sont spectaculaires. En un demi-siècle, l’emploi industriel a régressé de plus de 40% à 10% de la main-d’œuvre et l’agriculture s’est effondrée de 15% à 2% des emplois. Cette fuite en avant vers l’économie tertiaire et financière touche tout le territoire et toutes les activités. Toutefois, elle est particulièrement marquée dans les métropoles, celles-ci ayant peu à peu répudié leurs activités industrielles, une tendance qui ne faiblit pas. Citons l’arrêt de l’usine AZF à Toulouse en 2001, qui fait suite à la première grande catastrophe industrielle du siècle, ayant tué 31 personnes, blessé 2 500, et fait 2 milliards d’euros de dégâts ; la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois en 2013 et des dernières grandes usines Nexans et SITL à Lyon de 2013 à 2015 ; ou la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort-Bordeaux en 2019. Les deux exceptions sont – jusqu’à la Covid – le grand port de Marseille-Méditerranée et les industries aéronautiques à Toulouse et Bordeaux, même si ces dernières sont autant des industries de cadres que de main-d’œuvre.

    Une économie de cadres très productive…

    Les métropoles sont devenues des bassins d’emplois presque exclusivement tertiaires, avec un très fort taux d’encadrement, ce qui est un paradoxe pour des villes qui furent presque toutes de grandes cités ouvrières : Paris, ancienne capitale industrielle de la France ; Lyon, la ville des soyeux, des canuts et de la chimie ; Lille-Roubaix-Tourcoing, capitales du textile ; Marseille, Bordeaux et Nantes, anciennes capitales portuaires et d’industries navales. Cette page définitivement tournée, les capitaux bancaires et industriels ont été reconvertis dans les activités tertiaires les plus rentables. C’est le rêve de « l’entreprise sans usines », cher à l’ancien PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk. Quand il l’énonça en 2000, ce fut un choc : mais sa prédiction, qui était alors le vœu secret de la technostructure française, s’est autoréalisée.

    Pour contourner le coût du travail élevé en France, dû aux charges sociales et au haut niveau de contestation sociale, les capitaux ont délaissé la productions des biens matériels au profit des services immatériels. Ce choix ne fut celui ni de l’Allemagne ni celui du Japon, ce qui oblige à y reconnaître un choix délibéré. Les cadres sont apparus comme politiquement plus sûrs que les ouvriers, et leur valeur ajoutée plus performante. Ainsi se sont à la fois multipliés dans les métropoles – prestige et confort obligent – les services aux entreprises et les services à la personne, qu’ils soient marchands ou non marchands. Ainsi, l’hôpital public se développe en même temps que les cliniques privées, et les universités publiques aux côtés de grandes écoles privées. On pourrait rétorquer que l’État a créé et réparti des universités et des hôpitaux sur tout le territoire. Mais les services hospitaliers de pointe sont aussi concentrés dans les CHU, qui accueillent aussi les médecins les mieux rémunérés, les professeurs d’université et les étudiants et diplômés les mieux classés.

    Car la métropolisation concentre les emplois privés de cadres dans ces régions urbaines. La fin des usines a entraîné la grande migration des ingénieurs vers les agglomérations. Depuis le tournant du siècle, ce mouvement touche aussi les architectes, les médecins, et les professions libérales en général.

    Certes, les services à la personne comme le tourisme ou l’hôtellerie-restauration mêlent des emplois de main-d’œuvre sans qualification, mal rémunérés, et des emplois à haut revenus : mais la particularité des métropoles est qu’elles ont réussi – comme pour la médecine – à capter la plupart des emplois les mieux rémunérés. Dans la fonction publique, le tertiaire de commandement a trouvé refuge dans ces métropoles ; et dans le secteur concurrentiel, le mouvement est encore plus marqué. L’État doit en effet maintenir des emplois de cadres, même en petit nombre, dans tous les départements, que ces emplois soient universitaires, hospitaliers, militaires, judiciaires ou liés au réseau de la préfectorale. Mais la balance n’est pas équilibrée. 85% à 90% des énarques résident à terme en Île-de-France, ce qui reflète la réalité de l’organisation et de la centralisation de l’État. De même, les emplois les mieux rémunérés de la fonction publique territoriale se concentrent dans les capitales régionales, qui sont en majorité des métropoles depuis la réforme de François Hollande. Or la question est plus large.

    À Paris, presque la moitié de la population est désormais composée de cadres supérieurs, soit 44% : cette proportion considérable se réduit au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Paris et du cœur des métropoles. Elle tombe à 37,5% dans les Hauts-de-Seine (petite couronne), 30% dans les Yvelines (grande couronne) et à moins de 10% dans les départements du Cantal ou de la Lozère, parmi les plus ruraux de France. À s’en tenir aux cadres du secteur public, l’écart serait moins important. Mais, dans le secteur privé, ce serait pire. Car la métropolisation concentre les emplois privés de cadres dans ces régions urbaines. La fin des usines a entraîné la grande migration des ingénieurs vers les agglomérations. Depuis le tournant du siècle, ce mouvement touche aussi les architectes, les médecins, et les professions libérales en général. Cela tient, pour partie, à la féminisation de ces métiers, à leur concentration dans des structures plus larges (cabinets d’avocats ou d’architectes remplacent les indépendants d’autrefois), mais surtout à la concentration des richesses produites dans les métropoles. La richesse attire les cadres car elle peut les rémunérer selon leurs attentes, et ils la font croître en retour.

    La puissante catégorie sociale des cadres, passée en soixante ans de 5 % à 15-17% des actifs, ce qui, en 2020, représente 4,7 millions de personnes (famille non comprises), réside aux deux tiers dans les métropoles. Ce fut l’objectif des maires de Nantes, Bordeaux ou Toulouse que d’attirer dans leur ville ces actifs haut de gamme, désireux de quitter Paris et ses nuisances pour s’installer dans une grande ville de province. Non seulement ils démontrent par leur choix l’attractivité de la ville choisie, mais ils renforcent tous les mécanismes ardemment souhaités par les municipalités (montée des prix de l’immobilier, gentrification, élargissement des bases fiscales, image de marque, création de richesses et de nouvelles entreprises, etc.).

    Cette dynamique de métropolisation repose principalement sur la mobilité des hauts emplois de services (public ou privé). Elle se traduit par la constitution de milieux sociaux et de vie homogènes, comme l’Ouest parisien, le centre de Bordeaux, le centre et la banlieue ouest de Lyon, les quartiers du centre et sud de Marseille et, de l’autre, par la concentration des administrations et des entreprises à forte valeur ajoutée. CHU, grandes écoles et universités offrent localement des services à la personne (formation, santé, entre autres), tandis que dans les entreprises de services aux entreprises (informatique, communication, publicité, banques, finance, conseil, etc.) accroissent les revenus, les ressources fiscales et les investissements.

    En 2019, les douze métropoles françaises produisent plus de la moitié du PIB national, alors qu’elles n’occupent qu’une infime partie du territoire, près de 5% (dont 2,5% pour l’Île-de-France). Elles hébergent les deux tiers des cadres français, ce qui est leur atout maître, dont un tiers en Île-de-France, et le second dans les onze autres (Lyon, Marseille/Aix, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Strasbourg, Rennes, Montpellier, Nice et Grenoble). Certaines, comme Paris et Nice, abritent en outre une grande proportion de cadres retraités, ce qui contribue à l’économie générale du système métropolitain. Il s’ensuit un grand déséquilibre dans la production des richesses, la distribution des activités et des revenus au sein de l’espace national, plaçant les deux tiers des départements français dans une situation de dépendance chronique au sein du grand système national de redistribution, assuré par l’État et les organismes sociaux.

    L’hécatombe des classes populaires urbaines

    La partition territoriale qui sépare aujourd’hui les classes sociales françaises aisées de la majeure partie du peuple n’épuise pas la métropolisation comme prince de réorganisation de la société. Il serait faux et naïf de penser que la bourgeoisie française et les haut des classes moyennes peuvent se passer des classes populaires. Certes, le gros des classes populaires françaises a dû quitter le monde de la production, tant agricole (par excès de modernisation) qu’industrielle (par excès de délocalisation). L’artisanat a été réduit à sa plus simple expression par la standardisation, et l’industrialisation du bâtiment par la mode du jetable et par l’obsolescence programmée. Pourquoi recourir à des réparateurs ou à des couturières quand on jette, et à des peintres quand sa maison est équipée de PVC ?

    Mais cela laisse intacts les services à la personne (nettoyage, aide aux enfants ou aux personnes âgées, restauration) et certains services aux entreprises (gardiennage, entretien des locaux et des espaces verts). Dans le grand chambardement territorial traversé par la France des années 1970 aux années 2000, les classes populaires ont quitté l’Île-de-France puis certaines métropoles pour se réinstaller assez loin : dans des zones rurales comme en Bretagne, dans des villes petites et moyennes, mais surtout dans le péri-urbain, à quelques dizaines de kilomètres de la ville-centre. La pavillonisation de l’habitat les a matériellement éloignées des bassins d’emploi des services à la personne ou aux entreprises. Or pour garder un enfant, il faut être disponible dès huit heures du matin ; pour ranger et préparer les restaurants, la fin de soirée est nécessaire ; pour nettoyer l’avenue des Champs-Élysées ou les transports en commun, on doit travailler en pleine nuit. Les employeurs ont besoin d’une main-d’œuvre de proximité et à faibles salaires. Or travailler de nuit à vingt ou quarante kilomètres de chez soi, surtout si l’on doit utiliser sa voiture personnelle – cité pavillonnaire oblige – pour un Smic ou à peine plus, n’a aucun intérêt économique.

    Il est souvent dit que « les Français » refusent de faire des métiers dégradants, ce qui rend nécessaire un flux migratoire constant vers les métiers et secteurs « sous tension ». Cette explication, qui fait l’impasse sur la métropolisation, est biaisée : les prix de l’immobilier des métropoles se sont envolés en une génération – à l’inverse de l’Allemagne –, croissant deux à trois fois plus que les salaires versés ; poussées par la désindustrialisation, les classes populaires ont été chassées des villes. Il existe des exceptions, nonobstant le fait que certaines familles ont grimpé dans l’échelle sociale pour s’intégrer aux élites. Mais en général, à cause du chômage, de la transformation de l’environnement – devenu trop cher, ou non conforme aux habitudes antérieures –, ou pour défaut de famille nombreuse, les anciennes classes populaires n’occupent plus les logements sociaux. Beaucoup ont même quitté ceux qu’elles occupaient.

    Une fois réalisé leur déménagement hors de la métropole, et réinstallées en pavillon ou dans une petite ville, il n’y a plus de retour possible. Ainsi sont partis les « déplorables », pour pasticher une citation de Hillary Clinton évoquant les électeurs populaires de Trump.

    Le centre des métropoles – tantôt livré à la rénovation (quartiers Saint-Michel à Bordeaux, de la Gare de Lyon à Paris), à la construction de quartiers résidentiels (quartiers de la BNF à Paris rive gauche ou des bassins à flots à Bordeaux), de bureaux ou d’activités diverses (Euroméditerranée à Marseille, quartier des gares à Lille) – incite ou contraint les classes populaires subsistantes à quitter leurs quartiers de naissance ou de résidence. Une fois réalisé leur déménagement hors de la métropole, et réinstallées en pavillon ou dans une petite ville, il n’y a plus de retour possible. Ainsi sont partis les « déplorables », pour pasticher une citation de Hillary Clinton évoquant les électeurs populaires de Trump.

    De nouvelles populations s’installent dans les quartiers réaménagés, répondant aux souhaits des municipalités des grandes villes. Celles-ci veulent attirer des CSP+, ces cadres pouvant répondre à la hausse des prix de l’immobilier, et dont les modes de vie sont conformes aux nouvelles attentes : la salle de sport remplacera le bistrot, et l’onglerie ou le magasin bio la charcuterie ou la droguerie d’antan. En outre, certaines populations mobiles, comme les touristes ou les étudiants, sont ciblées. Car la gentrification n’est pas subie mais voulue. Nous reviendrons, plus tard, sur cet aspect difficile à aborder : dans une capitale régionale en pleine expansion, soucieuse de son image de marque et désireuse de satisfaire ses nouveaux habitants, pourquoi s’embarrasser de gens à « problèmes » ? Les foyers de handicapés, les maisons de retraite, les hôpitaux, les trop grandes familles, voire les enfants, la pauvreté d’une manière générale sont des problèmes pour les édiles : cela coûte cher et occupe un personnel communal important, cela crée des servitudes, de sorte qu’à l’exclusion des ouvriers et employés indispensables au confort de ses habitants, la grande ville est tentée d’externaliser ces habitants ou ces activités vers la banlieue, voire sa grande banlieue. La nouvelle géographie de la localisation des EHPAD et des nouveaux équipements liés à la mort (arboretum funéraire, centres de crémation, chambres mortuaires, pompes funèbres) dans les métropoles serait très éclairante.

    La conséquence de ces transformations réalisées en une ou deux générations est un rapide changement des populations métropolitaines. Dans la capitale girondine, il ne reste pas grand monde des Bordelais d’origine. Depuis l’abandon du port urbain de Bordeaux dans les années 19802, suivi de la rénovation de la ville dans les années 2000, le turnover a été très rapide. La mystérieuse « bourgeoisie bordelaise », réputée distante, s’est considérablement renouvelée : François Mauriac n’y retrouverait pas beaucoup son monde. Aspirées par Paris, par d’autres métropoles ou la mondialisation, les descendants des élites d’autrefois sont souvent partis. Et que dire des classes populaires qui dessinaient l’autre visage de Bordeaux : gouailleur, parlant fort avec l’accent bordelais chantant, mâtiné de termes occitans ou espagnols. Ce petit peuple, qui vivait des activités du port, de l’industrie et du commerce du vin, a quitté la ville. La mairie et la presse locale préfèrent évoquer les « nouveaux Bordelais », cœurs de cible des communicants de la mairie. À Toulouse, La Dépêche du Midi a calculé, il y a quelques années, que sur ses 800 000 habitants les Toulousains d’origine sont moins de 200 000, alors que la ville-centre comptait plus de 400 000 habitants dès 2000.

    La République en échec

    L’impasse démocratique dans laquelle se sont engagées les métropoles a été évoquée au début de cet ouvrage. Elle touche le fondement de la démocratie politique : le scrutin électoral. Non seulement la participation électorale est devenue faible dans les grandes agglomérations, et même de plus en plus faible ; mais cette dégradation de la légitimité des élus, acquise par le suffrage universel, est aggravée tant par l’évolution du pouvoir des maires que par les structures sociologiques de la ville. Si les métropoles votent très peu, ainsi que nous l’avons évoqué, c’est que les segments de la société qui votent le plus (classes moyennes, retraités) ont été chassés de la ville-centre au profit de populations peu ou non votantes (étudiants, immigrés récents – souvent étrangers –, sans parler des touristes).

    Évoquons, en outre, la nature du pouvoir municipal. Celui-ci est de moins en moins démocratique. Les élus d’opposition au conseil municipal n’ont en général que le pouvoir de la parole, étant sous-payés et n’étant pas associés aux décisions ; quant à la majorité municipale, elle est presque entièrement soumise aux décisions du maire, le conseil se contentant de voter en bloc les décisions prises au préalable entre le maire, ses services administratifs, son ou ses conseillers politiques, et quelques notables ou hommes d’affaires – des non-élus donc. Ajoutons qu’en dépit de la décentralisation, de nombreux facteurs limitatifs ont contribué à réduire la marge de manœuvre des maires ; il s’agit des communautés d’agglomération, des règlements et des normes, du caractère oligopolistique des fournisseurs aux collectivités – qui constituent un pôle majeur du capitalisme rentier à la française –, du principe de précaution et de la judiciarisation de la vie publique. Toute la chaîne démocratique en est atteinte.

    Ajoutons qu’en dépit de la décentralisation, de nombreux facteurs limitatifs ont contribué à réduire la marge de manœuvre des maires ; il s’agit des communautés d’agglomération, des règlements et des normes, du caractère oligopolistique des fournisseurs aux collectivités – qui constituent un pôle majeur du capitalisme rentier à la française –, du principe de précaution et de la judiciarisation de la vie publique.

    De tout cela résulte une baisse conséquente de la participation au vote, car les électeurs ont compris cette dégradation du pouvoir municipal. De grands « élus » municipaux, parfois présentés en « barons » ou en « princes » régionaux, ne sont élus que par des minorités. Dans les communes de Lille, Bordeaux ou Grenoble, dont la ville-centre est de taille modeste au regard de l’agglomération dans son ensemble, le maire n’est souvent l’élu que d’une infime partie de la population. Alain Juppé a été élu en 2014 par 46 489 électeurs, soit 33,1 % des inscrits de Bordeaux, mais 5,9% de la population de l’agglomération ; le maire de Montpellier, Philippe Saurel, a été élu avec 29 928 voix, soit 20,55% des inscrits, mais 6,64% des habitants de l’agglomération. En 2020, Martine Aubry a été réélue maire de Lille par 15 389 voix, ce qui représente 12,36% des inscrits, mais 1,31% des habitants de Lille Métropole. À de tels niveaux, la distorsion démocratique est presque rédhibitoire, même si tout semble continuer comme avant. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que la couleur politique des métropoles puisse changer de manière difficilement prévisible, puisque tout dépend d’une petite cohorte de votants.

    Forts de leurs principes démocratiques réaffirmés, les nouveaux maires écologistes de 2020 veulent-ils renouveler les pratiques et l’ancrage de la citoyenneté municipale ? Leurs premiers gestes et déclarations permettent d’en douter. Après Anne Hidalgo en 2019 à Paris, Pierre Hurmic à Bordeaux et Jeanne Barseghian à Strasbourg ont décrété « l’état d’urgence climatique ». Mais sans base juridique, ce projet vise à « défendre une limitation des libertés au nom du changement climatique [ce qui] n’est pas liberticide » (selon l’élue insoumise Manon Aubry)3. Libertés d’éclairages, de chauffage, de déplacement, de consommation, etc. seront désormais soumises à des réglementations contingentes spécifiques. Pourtant, si ces nouveaux élus se présentent en apôtres de la « démocratie participative », il y a un fossé avec leurs pratiques concrètes. Ces adeptes du « collectif » gouvernent leur ville et les métropoles entourés de leurs seuls proches : « Pierre Hurmic à Bordeaux, Grégory Doucet à Lyon ou, encore, Jeanne Barseghian à Strasbourg n’ont attribué qu’à des proches les postes de décision stratégiques, notamment les délégations des intercommunalités 4». Et la journaliste du Figaro Judith Waintraub d’ajouter : « Pierre Hurmic assume de ne pas partager le pouvoir à Bordeaux ».

    Partition des électorats, faible appétence des électeurs, dérive technocratique du pouvoir municipal, dilution du pouvoir et des responsabilités, la liste est longue des maux de la crise de la République municipale qui gouverne les métropoles ; cela est d’autant plus fâcheux que leurs maires sont cités en exemple et érigés en interlocuteurs naturels de l’État. Eu égard à la place conquise par les métropoles dans la production des richesses, dans la reconfiguration de l’espace national et social du pays, il n’est pas abusif de dire que leurs manquements démocratiques sont un grave symptôme de la crise de la République.

    Pierre Vermeren

     

    Notes :

    1: Les lignes suivantes sont issues de son ouvrage.

    2 : Pierre Guillaume, « Bordeaux oublie son port », in Guy Saupin, Villes atlantiques dans l’Europe occidentale du Moyen Âge au XXe siècle, Rennes, PUR, 2006, p.419-427.

    3 : Judith Weintraube, « Les folies des nouveaux maires écolos : leurs obsessions, leur idéologie, leurs dégâts », Le Figaro, 4 septembre 2020.

    4 : J. Waintraub, op. cit., 4 septembre 2020.

     

    source: https://lvsl.fr/

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  • Dans la période réactionnaire que nous connaissons, deux discours symétriques démobilisateurs en matière d’écologie rencontrent un certain succès : le discours « négationniste » (climatologies-sceptique par exemple), qui nient l’ampleur voire la réalité d’une crise écologique majeure (et dédouane objectivement le capitaliste, qui en est responsable), et le discours catastrophiste annonçant le chaos irréversible voire la fin du monde comme proches (pourquoi donc accomplir quelque action collective que ce soit, si c’est le cas ? Bien pratique aussi pour les capitalistes !). La vérité scientifique se situe entre les deux, comme le rappelle le président du Muséum national d’histoire naturelle Bruno David dans l’ accordé ici au Journal du :  https://lejournal.cnrs.fr/articles/biodiversite-il-nest-pas-trop-tard-pour-agir Notons toutefois que la résilience du vivant se heurte aux pulsions de mort de plus en plus pressantes de l’impérialisme extermiste : on ne peut se borner au constat scientifique sans parler du contenu de classe sous-jacent à la crise écologique si l’on veut y mettre fin.


    « Biodiversité : il n’est pas trop tard pour agir »

    Cet entretien de Bruno DAVID est paru dans le numéro 10 de la revue Carnets de science, en vente en librairies.

    La crise de la biodiversité, dont vous décrivez les prémices dans votre livre À l’aube de la 6eextinction, ne provient-elle pas de notre manière de voir et de comprendre le monde ? Alors que nos lointains ancêtres chasseurs-cueilleurs se pensaient comme immergés dans la nature, ne nous sommes-nous pas extraits de la nature, « dé-naturés » ?
    Bruno David1. Le fait est que, depuis des millénaires, nous avons tendance à nous percevoir comme extérieurs et supérieurs au reste de la nature. La conscience que nous avons de nous-mêmes, contrairement au platane planté par Buffon en 1785, que j’aperçois de mon bureau du Muséum et qui ne sait pas qu’il existe, nous a amenés à nous dire qu’il y a nous, les humains, d’un côté, et tous les autres êtres vivants, de l’autre. À cause de ce dualisme Homme-Nature encore trop prégnant, notre empreinte sur la planète n’a cessé de s’intensifier. Tant que nous étions 500 millions sur Terre, il n’y avait pas de problème majeur. Notre impact était limité et localisé. Mais aujourd’hui que nous sommes près de 8 milliards, la pression que nous faisons subir à la biodiversité est beaucoup plus forte, sachant que l’empreinte écologique d’un du Nord est nettement supérieure à celle d’un Européen ou d’un Africain (l’écart est de 7 à 4 et à 1).

    Alors que les cinq vagues d’extinctions massives que la Terre a connues au cours des 500 derniers millions d’années ont toutes été causées par un événement naturel comme un volcanisme important ou l’impact de météorites, la crise actuelle a pour origine certains comportements d’une espèce de bipèdes à sang chaud plutôt nombreux : Homo sapiens. Plus exactement, cette crise est multifactorielle. Comme dans Le Crime de l’Orient-Express, il y a plusieurs coupables, tous liés à l’Homme : la démographie galopante, l’étalement urbain synonyme d’artificialisation des sols, la surexploitation des ressources océaniques, l’agriculture intensive, la déforestation, les pollutions en tous genres, l’introduction d’espèces invasives, le changement climatique…

    N’y a-t-il pas quelque absurdité à vouloir préserver toutes les espèces animales et végétales, y compris celles qui nous menacent ? 
    B. D. Se poser cette question est légitime, mais penser que l’on pourrait dresser une liste des espèces « utiles » et négliger les « inutiles », quitte à ce qu’elles disparaissent complètement, dénote une méconnaissance du fonctionnement du système vivant. On peut comparer la biodiversité, c’est-à-dire tout à la fois la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes qui constituent le « tissu vivant » de notre planète, à la tour Eiffel. Enlevez quelques rivets (l’équivalent d’individus) et quelques poutrelles (l’équivalent d’espèces) : rien ne bougera. Retirez-en d’autres : rien de grave là encore ne se produira. Mais une fois atteint un certain seuil à partir duquel il ne sera plus possible de revenir en arrière, l’ensemble s’effondrera.

    Or, sans les autres êtres vivants, nous ne pourrions tout simplement pas vivre. Nous respirons grâce à l’oxygène produit par le vivant. Nous mangeons grâce au vivant. Nous digérons grâce au vivant (le microbiote intestinal). Nous nous soignons grâce au vivant. Notre peau est protégée grâce au vivant (la flore bactérienne qui vit à la surface du corps constitue une sorte d’armure invisible), etc. Sans oublier que l’extinction d’une espèce signe une fin irréversible. Éthiquement, nous n’avons pas le droit de priver nos descendants de la présence de telle ou telle espèce sur le globe. Ce serait comme aller au Louvre et y brûler les tableaux qui ne nous plaisent pas. Et tant pis pour les générations suivantes !

    Il faut marteler que nous ne sommes que l’une des millions d’espèces biologiques présentes sur Terre et que chacune d’entre elles a un rôle à jouer. 

    Combien d’espèces, à l’instar du dodo de l’île Maurice, se sont-elles totalement éteintes en quelques siècles ? 
    B. D. Très peu. Les extinctions vraiment constatées sont de l’ordre de 1 à 3 % dans chaque groupe (oiseaux, mammifères, amphibiens…), au grand maximum 10 à 12 % selon les projections les plus pessimistes. Seule une petite partie de la biodiversité a été détruite, alors que chaque grande crise du passé géologique s’est traduite par 75 à 80 % d’extinctions. Nous ne sommes donc qu’à l’aube d’une extinction de masse, d’où le titre de mon livre. Pas à midi, pas le soir, disons vers 7-8 heures du matin. Le vrai problème, c’est que les aiguilles de la pendule tournent très, très vite : 100 à 1 000 fois plus vite que lors des précédents épisodes. Quand on extrapole les données recueillies depuis deux siècles, on obtient un taux d’extinction de 8 000 % pour les mammifères. Jamais la biosphère n’a foncé à pareille allure en direction d’une crise.

    En mai 2019, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, l’équivalent, pour la biodiversité, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a annoncé que, dans les prochaines décennies, 500 000 à 1 million d’espèces allaient décliner et, à terme, être menacées d’extinction.

    L’érosion de la biodiversité accroît-elle le risque de voir éclater de nouvelles pandémies comparables au Covid-19 ? 
    B. D. Sans jouer les Cassandres, on peut répondre oui en raison de la règle appelée « Kill the winner » (« Que le vainqueur meure »). Cette règle qui prévaut dans le monde des pathogènes dit que ces derniers se tournent de préférence vers les espèces dominantes, les formes biologiques qui ont le plus de succès, simplement parce qu’elles « offrent plus à manger » si je puis dire.

    Plus la biodiversité est riche, plus les pathogènes infectent des espèces différentes et plus ils nous épargnent. À l’inverse, plus nous serons nombreux, plus la déforestation nous rapprochera d’espèces sauvages, plus nous consommerons de viande de brousse, plus nous pratiquerons l’élevage intensif qui offre des conditions idéales à l’éclosion et à la propagation de nouveaux pathogènes, et plus nous nous désignerons nous-mêmes comme le « winner » aux yeux des virus.

    Autrement dit, plus nous porterons atteinte à la biodiversité et plus la probabilité que des zoonoses se déclenchent et se propagent augmentera. Altérer des écosystèmes qui ont mis des millions d’années à se construire, c’est se coller une grosse cible sur le dos. 

    Votre essai n’est ni désespéré ni désespérant. Vous accordez « une place raisonnable à l’optimisme » Pour quelle raison  ?
    B. D. La capacité de résilience des écosystèmes est étonnante. La biodiversité cicatrise relativement bien et relativement vite tant que l’on n’a pas dépassé la limite qui fait basculer un écosystème vers un nouvel équilibre. Ce qui veut dire que si l’on agit, les effets positifs apparaissent en peu de temps. On peut prendre l’exemple du thon rouge de Méditerranée, au bord de l’extinction à la fin des années 2000. Des quotas de pêche drastiques et des mesures de protection ont été adoptés et ont permis aux stocks de se reformer. En Thaïlande, fermer les plages de Maya Bay pendant quelques mois a suffi pour que les requins à pointe noire reviennent croiser à proximité du rivage. Autre exemple : une marée noire est un accident terrible, le littoral est ravagé, mais dix ans après, il n’y a plus aucune trace de cette catastrophe. La biodiversité marine s’est reconstituée. 

    Que faut-il faire, concrètement, pour contrecarrer l’appauvrissement de la biodiversité qui interroge l’avenir même des sociétés humaines ? 
    B. D. Je ne veux pas donner des leçons, dire : « Attention ! Il faut impérativement faire ceci ou surtout ne pas faire cela ». Je dresse un constat : la pression que nous exerçons sur le vivant est excessive et il devient urgent de rectifier le tir en veillant évidemment à ce que les mesures prises soient socialement acceptables pour ne pas courir le risque d’un raidissement des populations, comme l’ont montré les mouvements des « bonnets rouges » ou des « gilets jaunes » dans notre pays.

    En outre, ma conviction est que nous ne devons pas nous imaginer que notre technophilie, grâce à laquelle le rover Perseverance s’est posé récemment sur Mars, une prouesse fascinante qui me remplit d’admiration, pourrait nous permettre d’agir sur le vivant comme on agit sur une machine. Ce serait faire injure à l’hypercomplexité de la planète et de sa biosphère. De même, on ne pourra pas se contenter d’une logique de territoires où la faune et la flore seraient protégées à 100 % et en dehors desquels tout ou presque serait permis. 

    Pour arrêter de dilapider notre capital « Terre », changer nos comportements les plus « prédateurs » sera indispensable. Je compte beaucoup sur la mobilisation individuelle. Tout geste même minime accompli par des millions d’individus finit par produire un effet important. Stopper l’accroissement démographique va aussi s’avérer nécessaire, le rythme actuel d’un milliard d’humains de plus tous les treize ans étant incompatible avec une Terre décemment habitable. Espérons que cela se fasse naturellement, ce qui n’est pas du tout à exclure car, dans ce domaine très intime, toute ingérence autoritaire est à rejeter avec la plus grande fermeté. La trajectoire actuelle sur laquelle Homo sapiens inscrit la planète est certes délétère, mais elle n’est pas une fatalité. Il n’est pas trop tard pour agir, chacun à l’aune de ce que sa situation personnelle lui permet de faire. Alors, agissons en limitant les facteurs de pression et la biodiversité, notre patrimoine commun, réagira positivement. ♦   

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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    Grève à la Fonderie de Bretagne : malgré des milliards d’euros d’aides publiques, Renault roule ses salariés-par Guy Pichard (bastamag-7/04/21)

     

    Depuis plus de deux semaines, la Fonderie de Bretagne, propriété de Renault est à l’arrêt. Les employés usent du blocage pour protester contre la mise en vente du site et l’absence de dialogue avec leur direction, et s’interrogent sur l’attitude du constructeur.

    « Nous les avons questionnés sur notre sort et ils n’ont pas daigné nous répondre », explique Christophe, salarié depuis une trentaine d’années à la Fonderie de Bretagne de Caudan (Morbihan), et gréviste depuis le 27 avril. Sept membres de la direction de l’usine, qui fabrique des pièces pour les châssis, les moteurs ou les boîtes de vitesse de véhicules Renault, sont alors retenus sur le site par des salariés inquiets. « On les a alors seulement bloqués ! Ils ont été retenus jusqu’à 22 heures, pas séquestrés comme on a pu le lire... », rétablit l’ouvrier sur le parking du site. Depuis ce jour, plus d’une centaine de salariés se relaient quotidiennement pour occuper la fonderie, avec un roulement bien précis. « Personnellement, j’occupe tous les jours l’entreprise. Il y a trois groupes qui se relaient : le matin de 6 à 14 heures, puis de 14 à 22 et enfin de 22 à 6, ce sont les 3 x 8 en somme !  », détaille Christophe. « Rien ne sortira de la fonderie avant que l’on puisse dialoguer avec la direction », prévient-il.

    Dernier bastion d’un savoir-faire et d’une vie ouvrière séculaires dans le pays de Lorient, la Fonderie de Bretagne est l’héritière d’une tradition sidérurgique locale au passé riche. L’usine bretonne a vu son nombre d’employés divisé par trois en une trentaine d’années (340 aujourd’hui). Elle n’est malheureusement pas la seule fonderie actuellement en difficulté. Ainsi, Jinjiang FVM (127 salariés) à Villiers-la-Montagne en Meurthe-et-Moselle a été placée en liquidation le 19 avril. Dimanche 25 avril, dans l’Aveyron, une manifestation a eu lieu pour le maintien de l’emploi à la SAM (357 salariés), en redressement judiciaire depuis fin 2019 et toujours sans repreneur... La liste est encore longue car la France dénombre près de 380 fonderies sur son territoire. Le 3 mai, le ministère de l’Économie annonçait encore un nouveau prêt de 10 millions d’euros à la société Alavance, propriétaire de trois fonderies dans la Vienne et l’Indre.

    Pourtant l’argent coule à flots pour l’industrie automobile

    Une étude sur le secteur de la fonderie automobile en France, datant de mai 2020 et commandée par le gouvernement et la filière automobile (PFA, qui rassemble Renault, Valeo ou Michelin), estime même que dans les dix prochaines années, 40 % des emplois du secteur pourraient être amenés à disparaître... soit environ 5000 postes sur les 13 500 que comptent la filière aujourd’hui ! À Caudan, cela fait un an environ que la situation est confuse, depuis qu’un article du Canard Enchaîné a révélé que le groupe Renault comptait – déjà – se séparer du site, alors même que le constructeur au losange venait de bénéficier d’un prêt de l’État de 5 milliards d’euros et d’une aide à la relance.

    De quoi déclencher une première grève et une fronde des élus. Une semaine de négociation suffit alors pour que le sort de la Fonderie de Bretagne soit préservé et qu’une revue stratégique du site soit lancée. Mais un an plus tard, le 11 mars 2021, le couperet tombe : Renault annonce officiellement vouloir rechercher un repreneur.

    Grève à la Fonderie de Bretagne : malgré des milliards d’euros d’aides publiques, Renault roule ses salariés-par Guy Pichard (bastamag-7/04/21)Au milieu des machines à l’arrêt, des panneaux félicitent les ouvriers pour leurs récents records de productivité. Une vidéo promotionnelle a même été tournée sur place récemment pour vanter la modernisation du site / © Guy Pichard

    C’est le grand paradoxe de la situation : l’argent coule à flots pour l’industrie automobile. Outre le prêt accordé à Renault, un plan de 8 milliards d’euros va soutenir le secteur, qui bénéficiera aussi de nouvelles aides prévues par le plan de relance. Un « comité stratégique de la filière automobile » a même été créé, avec un casting de choix affiché fièrement par le gouvernement : quatre ministres, deux patrons de l’industrie et un budget de 50 millions d’euros annoncé le 26 avril, la veille de l’occupation de la Fonderie de Bretagne, dont 20 millions versés par les constructeurs pour aider les employés licenciés à se reconvertir. Si la question des fonderies y est abordée, c’est l’absence de perspectives qui a décidé les employés de celle de Bretagne à relancer une grève.

    « Ce n’est pas la première grève à l’usine », explique Marie, qui a travaillé deux ans à la fonderie en intérim. « Je ne suis pas pessimiste pour l’avenir de l’usine car cela fait plusieurs fois que cette situation a lieu. Ce qui est étonnant, c’est qu’encore la semaine dernière, la direction a même congratulé les employés pour avoir battu un record de rendement ! », s’étonne la jeune femme.Renault félicite ses salariés, avant de d’en débarrasser

    Drôle d’ironie à l’intérieur du bâtiment. Certaines salles abritant les machines à l’arrêt sont ornées de panneaux sur lesquels la direction félicite les employés de leurs « records de production » établis quelques semaines avant l’annonce du groupe Renault de se séparer de l’usine ! « Après l’incendie qui avait ravagé notre outil de travail l’année dernière (en 2019, ndlr), Renault s’était engagé à nous donner plus de volume de travail à une condition : que l’on atteigne les objectifs imposés », s’est exclamé Maël Le Goff, secrétaire général de la CGT Fonderie de Bretagne, et figure médiatique de la contestation, lors du rassemblement du 1er mai à Hennebont, ajoutant : « Ces objectifs ont été atteints et dépassés mais ils veulent tout de même partir ! Sommes-nous sur une relation de maître à esclave ? »

    Grève à la Fonderie de Bretagne : malgré des milliards d’euros d’aides publiques, Renault roule ses salariés-par Guy Pichard (bastamag-7/04/21)« Les salariés n’accepteront pas d’être sacrifiés avec femme et enfants au nom de la logique capitaliste », lance Maël Le Goff, secrétaire général de la CGT Fonderie de Bretagne, lors du 1er mai qui réunit environ 2000 personnes dans le centre d’Hennebont / © Guy Pichard

    Un mot revient sur les lèvres et les pancartes : trahison. « Cette décision de nous vendre nous rappelle à tous de très mauvais souvenirs. Comment Renault peut-il trahir ses salariés, les pouvoirs locaux et la population ? » L’amertume est grande chez les salariés et leurs proches, mais également au sein de la classe politique locale... Une partie d’entre elle avait donné rendez-vous aux salariés ce 1er mai, après le défilé, dans le centre d’Hennebont, au Parc botanique de Kerbihan. Si tous les politiques présents étaient d’accord pour soutenir le maintien de l’usine au sein du groupe Renault, certains avaient la partie plus difficile que d’autres... Jean-Michel Jacques par exemple, seul député LREM à s’être déplacé, a pu globalement dérouler son discours calmement, sauf quand il est tombé dans la caricature. « Les communistes souhaitaient la nationalisation de la fonderie, si vous voulez un régime soviétique c’est votre choix ! », a lâché le député de la majorité présidentielle au milieu de la foule, provoquant de vives réactions.

    « Nous avons tous l’impression que ce sont les patrons qui décident et les politiques qui suivent »

    Malgré le cadre bucolique de la réunion du 1er mai, les quelques élus bretons ont aussi montré des divergences dans leur soutien à l’usine. Un point a cristallisé les désaccords : une clause de confidentialité signée par certains élus de droite. « Quelques semaines après la revue stratégique, nous – élus de l’opposition – avons appris que des élus locaux, comme le président de l’agglomération mais aussi le maire de Caudan, avaient signé une clause de confidentialité », dénonce Damien Girard, candidat EELV malheureux à la mairie de Lorient. « Les documents qui ont été présentés aux élus n’étaient pas les mêmes que ceux présentés au syndicat, il y avait eu deux réunions différentes à deux moments ! À partir de là, il était clair que Renault menait en bateau les salariés de l’entreprise », détaille l’écologiste. Malheureusement, ces manœuvres politiciennes n’ont fait que renforcer le constat amer partagé par bon nombre de grévistes sur place : l’inégal rapport de force entre la classe politique et le patronat.

    Grève à la Fonderie de Bretagne : malgré des milliards d’euros d’aides publiques, Renault roule ses salariés-par Guy Pichard (bastamag-7/04/21)« Les communistes souhaitaient la nationalisation de la fonderie. Si vous voulez un régime soviétique, c’est votre choix ! » Jean-Michel Jacques, député LREM du Morbihan, répond aux grévistes à Hennebont le 1er mai / © Guy Pichard

    « Les politiques locaux soutiennent par la parole mais cela manque d’actes », regrette Marie, dont le mari travaille toujours à la fonderie. « Aujourd’hui nous avons tous l’impression que ce sont les patrons qui décident et les politiques qui suivent. Renault a pourtant bénéficié de milliards de subvention de la part de l’État ! », poursuit la jeune femme. En effet, depuis 2009, plus de 8 millions d’euros ont été injectés dans l’usine par l’État, la région Bretagne et Lorient-Agglomération. L’enjeu est de taille, car avec ses 350 salariés (et 1000 emplois indirects), la Fonderie de Bretagne est un outil industriel capital dans cette partie de la Bretagne.

    « Nous aurons tous toujours besoin de fabriquer des voitures dans des conditions écologiques et sociales les meilleures possibles »

    La deuxième semaine de grève étant bien entamée, ses premières conséquences se sont fait ressentir chez Renault... Ainsi, le 3 mai, Maël Le Goff annonçait qu’à l’usine du Mans, la ligne de production de la Zoé – la voiture électrique du constructeur – était stoppée, faute de pièces livrées par la fonderie. En effet, l’usine, qui fabrique notamment des bras de suspension et des différentiels de boîtes de vitesse, équipe aussi les voitures électriques de Renault, et l’affiche fièrement. Le modèle Zoé est brandie sur les pancartes de contestation, comme pour tordre le cou aux arguments qui feraient passer la fonderie comme obsolète. « C’est aussi l’enjeu de cette mobilisation », explique Dominique, présent dès le premier jour de la grève.

    « Nous voulons faire comprendre à la population que nous fabriquons des pièces pour les voitures électriques. Il n’y a plus de fonte ici. Renault va juste délocaliser ailleurs pour engendrer plus de bénéfices ! » continue l’ouvrier. Espagne, Turquie ou encore Maroc, les pays visés semblent promettre toujours plus de travail à coût réduit, quitte à polluer davantage, que ce soit en termes de transport des marchandises ou via les équipements de fabrication. « Malgré la transition écologique, la France doit pouvoir conserver ce type d’usine », commente l’écologiste Damien Girard. « Nous aurons tous toujours besoin de fabriquer des voitures mais nous devons essayer de les fabriquer en France, dans des conditions écologiques et sociales les meilleures possibles », ajoute-t-il.

    Cette nouvelle lutte pour la survie s’annonce délicate pour les ouvriers de la Fonderie de Bretagne, et le soutien de la population locale (une cagnotte en ligne existe d’ailleurs) ne sera pas de trop pour exiger du groupe Renault qu’il tienne ses promesses. « Renault pensait éteindre un foyer de perte comptable, ils attisent un foyer de colère nuisible à leur image », a clamé Maël Le Goff à la foule.

    Guy Pichard

    source: https://www.bastamag.net/

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  • Pierre-Olivier POYARD, 38 ans, militant du Mouvement de la Paix (Comité des Vosges) et membre du Conseil National, ainsi que de l’ARAC des Vosges, a écrit pendant le premier confinement un livre de synthèse intitulé « Osez la Paix » et sous-titré « Agir contre les guerres aux Peuples et à la Nature, cultiver un monde de Paix ». Sortie annoncée le 7 juillet 2021 au « Temps des cerises » : jusqu’à cette date, une souscription est en cours. Un livre au service des actions pour la paix. Entretien avec Pierre-Olivier Poyard

    Bonjour Pierre-Olivier, d’où vient ce projet de livre ?

    J’ai travaillé, lors du 1er confinement en 2020, sur une synthèse de dizaines d’ouvrages qui traitent de Paix… et de guerres. Je voulais aider au développement du mouvement pacifiste à travers la France, concevoir un outil, à destination des militants, qui puisse les convaincre de s’engager pour la Paix. J’ai beaucoup appris en militant avec les pacifistes. J’ai rencontré des personnes extraordinaires. Je pense à Roland Weyl qui vient de nous quitter…  Ce livre est ma petite contribution personnelle à ce mouvement important.

    Peux-tu nous évoquer ce que tu développes dans ce livre ?

    Je présente, tout d’abord, l’actualité du combat pour la Paix, les liens multiples entre le militaire et la crise écologique, cette France qui est « en guerre », comme l’a dit Monsieur Macron, à plusieurs titres, et l’empire états-unien, qui a dominé la deuxième partie du XXe siècle par une violence inouïe, au nom du capitalisme, mais qui prépare encore de nouvelles guerres contre la Chine, « le péril rouge… et jaune ». Ensuite, j’évoque les acquis et quelques outils dont disposent les pacifistes pour leurs combats : la Charte des Nations-Unies, une véritable Révolution pacifiste, les organisations internationales qu’elle a créées, qui peuvent se montrer utiles, le droit international et « la culture de la Paix ». Pour finir, je développe un projet de société pacifiste, internationaliste et humaniste qui doit affronter la propagande et les autres obstacles élaborés par les milliardaires qui profitent des guerres…  à l’ des organisations comme le Mouvement de la Paix, qui porte 70 ans de luttes et pour laquelle je propose des pistes de renouvellement militant, ou de l’ARAC.

    Comment comptes-tu diffuser ce livre ?

    C’est vrai que la question de la diffusion est centrale pour un livre. Je ne suis pas un écrivain, je suis un militant. Pour moi, tout ce travail n’aura servi à rien s’il n’est pas au service de la cause de la Paix. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas retirer de profit financier de la vente de l’ouvrage : tout bénéfice sera reversé au Mouvement de la Paix, comité des Vosges. De plus, je compte me mobiliser pour rencontrer, tout à travers la France, toutes les personnes intéressées, lors de débats, de , d’animations diverses… Je souhaite aller au contact pour convaincre qu’il faut s’engager dans les organisations pacifistes. De toute façon, je n’ai pas le choix : pour que le livre soit diffusé, nous ne pouvons compter que sur la diffusion militante… certainement pas sur la presse des marchands de canons !

    Concrètement, comment cela va-t-il se passer ?

    Pour l’instant et jusqu’au 7 juillet, nous avons lancé une souscription sur « helloasso.com » et par courrier postal afin de récolter la somme de 3000 euros afin de pouvoir lancer la diffusion du livre. Les souscripteurs pourront bénéficier d’une réduction de 2€ sur chaque ouvrage acheté (13€ au lieu de 15€). Nous en sommes actuellement à 700€. Après cette date (que nous avons choisie de manière symbolique, puisque c’est l’anniversaire du Traité pour l’Interdiction des Armes Nucléaires), nous débuterons  un « Tour de France » : je me rendrai partout où des collectifs militants m’auront sollicité, ce qui me permettra de livrer les ouvrages commandés. N’hésitez pas à m’inviter : je suis disponible, volontaire et motivé pour venir discuter de la Paix avec vous !

    Pour tous contacts : vosgespourlapaix@gmail.com

    https://www.helloasso.com/associations/comite%20des%20vosges%20du%20mouvement%20de%20la%20paix/collectes/souscription-pour-le-livre-osez-la-paix

     

    En savoir plus : « Osez la Paix », de Pierre-Olivier POYARD, à paraître au « Temps

    des Cerises »

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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    Nos amis Argan et Serge Grossvak ont accepté qu’ »Initiative Communiste » publie l’article ci-dessous. Ils montrent comment la soif de profit s’attaque désormais aux dispositifs idéologiques de la bourgeoisie, ici, le sport spectacle… Les communistes du P..C.F aimeraient partager leur optimisme quant à « la fin d’une époque ». Nous estimons pour notre part qu’elle nécessite d’arracher le pouvoir économique à ses propriétaires, le pouvoir politique à leurs mandataires et qu’il faut s’en donner les moyens organisationnels. Mais ce sera en troisième mi-temps…

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    Fric, Foot et Révolution.

    par  Argan et Serge Grossvak

     

    L’événement a été oublié aussi vite que possible, banalisé, rangé aux anecdotes. Et pourtant ! La défaite de la “superleague” représente un véritable tremblement de terre, pour le foot, pour le monde de la finance, pour le monde politique. 

    Commençons par résumer les faits au plus simple : une “super league de foot” est lancée par les plus gros clubs de foot européen. Ce projet est uniquement financier. Les supporters se révoltent, et les joueurs, et les clubs plus modestes qui ont été exclus. Et incroyable, la vient à bout des puissants en 4 jours. Pire, les initiateurs doivent demander pardon. Le peuple du foot est un redoutable gilet jaune ! Bravo à eux !

    Déjà l’histoire n’est pas mal. Arrêter le bras des financiers n’est pas si fréquent ! Mais demeurent d’autres facettes croustillantes de cet événement qui promettent d’étonnants rebonds du ballon rond. Le fric et le foot, le moins que l’on puisse dire c’est que ça n’est pas nouveau, mais quelque chose a commencé à changer : les propriétaires. Avant, c’étaient des milliardaires qui s’offraient un club, pour briller, pour se donner de l’importance. Tout en cherchant le moyen de rentrer plus de fric, ils y laissaient un paquet de pognon et finissaient par passer la main. Petit à petit les sommes brassées ont monté et sont devenues gigantesques. Les “grands” clubs sont devenus de beaux projets de spéculation, ils sont rentrés en bourse. Et là arrivent de nouveaux propriétaires : les fonds de pension. Le foot est un produit à cash. Le ballon n’a plus à tourner rond mais à rouler pognon. Là dessus arrive le Covid. 

    Avec le Covid le foot ne peut plus mettre le feu dans ses stades, mais à ses finances ça flambe sérieux. En , Lille et Bordeaux, brillants clubs historiques, sont sur les bancs de la banqueroute. Et puis alors en Espagne et en Italie il y a un gigantesque trou dans la pelouse ! Banqueroute ? Banqueroute ! On en reparle plus tard. 

    Les banquiers, les fonds de pension n’aiment pas perdre des sous, du flouz. Ils ne sont pas là pour jouer, eux. Alors faut que ça rentre, et vite. La “superleague” c’était génial pour eux : le fric est gardé pour leurs clubs et plus question de prendre le risque de résultats sportifs. Bénèf assuré. La Banque JP Morgan est à l’appui. Le sondage (comme pour les élections) est truqué pour faire avaler la manoeuvre (66% de pour). Que dalle les supporters sont en rage. On en reparle plus tard.

    Le sport est fait d’incertitude et avant tout de passion. Penser pouvoir en faire une ressource financière, c’est méconnaitre le football. Que pouvaient ils en savoir ? Là, l’histoire a basculé. Les premiers libéraux d’Europe ont dit stop. Les réseaux sociaux ont joué un énorme rôle, mais ce sont les Anglais qui ont sonné la révolte. On ne touche pas à leur football. Et pourtant, ils ont les clubs les plus riches, la ligue la plus riche, pourtant ce pas supplémentaire en était trop pour eux. En 48h ils ont forcé leurs clubs à se retirer. Les clubs espagnols et italiens, demeurés seuls, ont rendus les . L’affaire était pliée. Demeure le trou, demeurent les risques de banqueroutes. Et dans le foot aujourd’hui les sommes sont gigantesques. Derrière les malheurs de clubs, et du foot, réside une “bulle financière” qui pourrait impacter jusqu’à la Bourse, jusqu’à constituer l’étincelle de la prochaine méga crise financière. Il n’y a pas de doute, le foot c’est trépidant, plein d’émotions et de surprises. Mieux vaut avoir le coeur bien accroché. Ca aurait pu être la conclusion, mais non, attendez la suite.

    On vous l’a dit, “les supporters sont en rage” et pas uniquement eux. Les Anglais ne se sont pas arrêtés à leur triomphe contre le projet financier. Les voici qui exigent le départ des responsables qui ont voulu de cette Super League. Pour protester et demander ces  départs, les fans de Manchester United ont pénétré dans leur stade avant un des chocs de leur championnat. Même révolte sur les réseaux sociaux où les dialogues les plus passionnés ont porté sur ce fric qui pourri le foot. 

    Et puis il y a les journalistes français qui tout soudain libèrent leur parole. Les voila qui évoquent leur désaccord avec cet ultra-libéralisme. La Révolution est en marche comme dit un ami !

     « Si on en avait parlé avant, on existerait plus aujourd’hui ». Liberté j’écrit ton nom. 

    Ah, le voici le mot de la fin. Juste pour remarquer qu’en peu de temps, peu de mois, les auront appris à ne pas faire confiance aveuglément en leurs institutions politiques, en leurs institutions policières, en leurs institutions scientifiques, en leurs institutions médiatiques, et maintenant en leurs institutions sportives. Ca sent très fort la fin d’une époque !

    Argan et Serge Grossvak

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     

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  • C’est sur sa page Facebook que Stéphane Sirot, historien spécialiste du mouvement social et syndical, a annoncé avoir terminé le numéro 7 de la série de brochure “problématiques sociales et syndicales”. Un numéro consacrer au rapport entre syndicalisme, religion A se procurer d’urgence donc

    Pendant que l’inénarrable Marlène Schiappa ouvrait les “États généraux de la laïcité”, que le gouvernement rencontrait des problèmes avec les siens (ceux à képis, bien sûr, et en charentaises) et que Cyril Hanouna préparait déjà ses blagues aussi drôles que celles de Patrick Sébastien en vue du débat de second tour des présidentielles, j’achevais laborieusement le 7e opus de la série “Problématiques sociales et syndicales”, dont la parution est prévue en fin de semaine prochaine.On a les occupations qu’on peut, à défaut de pouvoir aller au-delà de dix kilomètres.

    L’historien a aussi indiqué que ses travaux lui permettront de publier à l’été 2021 le numéro 8 de la série posant la question de la trajectoire des ex dirigeants confédéraux à l’issue de leur mandat. Une recherche qui s’annonce remplie d’enseignements à l’évidence.

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