Depuis le début de la crise sanitaire, des dizaines d’étudiants brestois en quatrième, cinquième et sixième années de médecine se sont portés volontaires pour lutter contre le coronavirus. Certains dénoncent aujourd’hui les conditions de rémunération qui sont les leurs. La conséquence, aussi, d’antagonismes plus anciens avec la direction du CHRU.
Ils sont plus de 500 à avoir répondu positivement à l’appel à volontaires lancé, mi-mars, par le CHRU (Centre hospitalier régional universitaire) de Brest en prévision de l’arrivée de la pandémie à la pointe finistérienne. Des étudiants de quatrième, cinquième ou sixième année de médecine, en grande majorité (mais aussi des élèves infirmiers, kinés et sages-femmes). Au final, seule une cinquantaine d’entre eux a été appelée pour venir au soutien de l’action menée par les personnels du CHRU brestois.
Affectés par la cellule « CentoRH » à différentes missions (aide à la régulation du Samu ; dépistage du Covid-19 à la Cavale Blanche ; suivi des personnels soignants potentiellement contaminés ; cellules mobiles de dépistage dans les Ehpad…), ces étudiants se donnent « corps et âme », de jour comme de nuit, depuis le début de la pandémie, comme l’explique Romain (1), l’un d’entre eux.
« Nous étions tous volontaires, sans délai ni condition »
Sauf que… Évoquée brièvement lors de la réunion de la mi-mars, la question de la rémunération de ces vacations hospitalières pose aujourd’hui problème. Philippe El-Saïr, directeur général du CHRU de Brest (en partance pour Nantes), qui avait pris part à la réunion, « n’avait pas exclu » de s’inspirer des CHRU de Lille ou Dijon, « qui ont mis en place un cadre réglementaire de rémunération pour les externes volontaires » (à hauteur de 52 € brut par garde, le tarif en vigueur en temps normal), selon l’étudiant. « Il n’avait pas été très affirmatif », conteste Bénédicte Simon, de la direction des affaires médicales, qui confirme que si « le sujet a bien été abordé, il n’a jamais été question de s’inspirer de ce qui peut se faire dans un autre établissement ».
« Nous étions tous volontaires, sans délai ni condition. Mais lorsque la direction des affaires médicales nous répond qu’il ne s’agit pas d’une permanence de soins, donc qu’elle n’a pas l’obligation de nous rémunérer, et ce malgré les discours de l’exécutif, c’en est assez », estime quant à lui Romain, avant de rappeler que « les étudiants de quatrième à sixième année sont rémunérés entre 100 et 230 € par mois, ce qui est déjà bien en deçà du minimum légal pour un étudiant salarié ».
Un « problème antérieur »
Exposés au Covid-19 comme tous les autres soignants, certains d’entre eux doivent se tenir à l’écart de leur famille et amis. Ne pouvant prétendre à la prime exceptionnelle allouée aux soignants, ils déplorent d’autant plus ce manque de considération que celui-ci fait resurgir un « problème antérieur ». En cause, un certain nombre de gardes (neuf sur un total de 25) réalisées par ces étudiants dans le cadre de leur cursus et qui ne leur sont pas rémunérées, « comme cela est pourtant prévu ».
« Ce sujet n’a rien à voir avec le Covid, notre unique priorité du moment », balaie Bénédicte Simon. Pour qui ces gardes peuvent être, « dans un certain nombre de cas, assimilées à une période de stage et rémunérées comme telle ».
1. Prénom d’emprunt.