• D. Simonnet « Je tiens à dénoncer la totale connivence entre la politique gouvernementale et celle de la ville de Paris » (IO-28/05/2015)

      In« Je tiens à dénoncer la totale connivence entre la politique gouvernementale et celle de la ville de Paris »terview  de Danielle Simonnet, conseillère de Paris du Parti de Gauche (Informations Ouvrières n°353-28 mai/3 juin 2015)

    Tu es élue à la Ville de Paris. Tu t'opposes à la plupart des délibérations. Pourrais-tu expliquer?

     Les grandes questions qui se posent à la Ville de Paris sont celles qui se posent dans toutes les collectivités de France où les politiques d'austérité de ce gouvernement ont un impact terrible. La réduction des dépenses publiques est faite d'abord et avant tout contre le service public !

     Il se dit dans les différents couloirs de l'Hôtel de Ville que l'an prochain, il y aurait entre 5 et 20  de baisse de budget par direction. Un exemple qui est peut-être anecdotique, mais symbolique: au niveau des musées de la Ville, les directives administratives demandent aux salariés caissiers de solliciter les citoyens, qui viennent déjà de payer leur entrée 11 euros, pour qu'ils fassent un don. On demande à des fonctionnaires de faire la quête auprès des citoyens pour financer la politique culturelle des musées parisiens! C'est emblématique de la situation qu'ils nous préparent: à la faillite. Certes, de façon moins immédiate que pour la Grèce «, Mais la politique de la Ville s'est d'ores et déjà engagée dans une stratégie de liquidation et de vente.

    Sur les politiques sociales et de santé, c'est assez flagrant. Les EHPAD, établissements pour les personnes âgées, qui sont en dehors de Paris, on les ferme, comme celui de Sarcelles. Le CEFp, qui s'occupe des mineurs isolés étrangers en Indre-et-Loire, on le ferme. Et on demande aux fonctionnaires de venir sur la région parisienne alors qu'ils ont construit leur vie ailleurs. Cela va se traduire par des licenciements de fonctionnaires.

     Il y a un manque de places dans les structures d'accueil pour les personnes âgées en perte d'autonomie, pour les mineurs isolés étrangers, et on ferme ces établissements! Toutes les administrations souffrent de sous-effectif, de la précarité. La mairie de Paris a mis en place la délégation de service public à des structures associatives. Leurs subventions baissant, ces associations s'engagent dans des licenciements.

    Officiellement donc, ce n'est pas du fait de la Mairie de Paris! Plus ça va. plus on entre dans le bois dur des politiques d'austérité.

    A côté de cela, les intérêts privés se portent très bien. C'est le cas pour les parkings municipaux: plus de la moitié est gérée par des entreprises privées, dont Vinci. Vinci engrange pour cette gestion des parkings 45 millions de bénéfices nets par an ! Si les parkings étaient gérés par la Ville, on pourrait baisser les tarifs de stationnement et réinvestir ailleurs. La Ville de Paris se soumet aux politiques d'austérité, elle dégrade ses services publics,  elle réduit ses investissements, ne répond pas aux besoins en logements, crèches, solidarité, à l'urgence écologique, et favorise les intérêts privés.

     Tu étais tout à l'heure [21 mai] au rassemblement des hospitaliers de l'AP-HP.

    C'était une mobilisation historique, je ne sais pas depuis quand on n'avait pas vu une mobilisation aussi massive! Elle incarne à la fois le ras-le-bol et une très forte détermination des fonctionnaires de l'AP-HP. La situation est invivable pour les personnels. Le projet de Martin Hirsch est directement dicté par Marisol Touraine: c'est le gouvernement qui a décrété qu'il fallait faire une baisse de trois milliards dans les dépenses de santé. Ils ont décidé de faire de l'AP-HP le terrain d'expérimentation. Us organisent une régression sociale contré les agents et la casse de l'offre de soins de manière catastrophique !

     Le discours de Martin Hirsch relève de la stratégie du choc: il prétend que le problème de l'AP-HP serait le trop grand nombre de RIT. Non! C'est le sous-effectif qui empêche les fonctionnaires de prendre leurs RTT. Il est urgent de créer un mouvement de solidarité, de soutien à cette grève très massive, qu'on a pu voir aujourd'hui, nécessaire pour défendre notre système de santé.

    Je tiens à dénoncer la totale connivence entre la politique gouvernementale et celle de la Ville de Paris. Mme Hidalgo est présidente de J'AP-HP. Elle cautionne le projet à l'hôpital Hôtel-Dieu de transformer la moitié des surfaces en logement social, et donc de réduire l'offre de soins. Elle ne s'oppose pas à la vente du tiers du foncier prévue à Lariboisière, à la fermeture des hôpitaux Beaujon et Bichat pour faire un grand hôpital Paris-Nord, etc. CAP·HP est sommée par le gouvernement de liquider une partie de son foncier, et la Ville de Paris en profite par effet d'aubaine pour répondre à ses propres objectifs de logements sociaux. Je vais continuer au Conseil de Paris à dénoncer ces logiques, pour défendre les hôpitaux parisiens.

    Notre journal organise une assemblée-débat le 6 juin pour discuter de la situation et des suites du 9 avril. Comment vois-tu la suite face au gouvernement ?

     Le gouvernement mène une politique de droite totalement dans la continuité de la politique de Sarkozy et en cohérence avec les directives européennes de réduction des dépenses publiques. Comment lutter contre cela? JI faut créer les synergies, les convergences, parce qu'il ya plein de luttes, de poches de résistance, et à travers le 9 avril, on a eu la démonstration d'une forte disponibilité pour s'opposer à cette politique. On l'a vu aujourd'hui avec la mobilisation des agents hospitaliers.

    Le type de cadre de rencontre que vous organisez est, je pense, celui qu'Il faut démultiplier: permettre aux salariés qui luttent, aux élus locaux qui résistent, aux collectifs associatifs et citoyens mobilisés de se rencontrer. Il faut créer les cadres où tous les citoyens qui s'engagent dans des résistances à différents niveaux puissent échanger. C'est important pour donner confiance à ceux qui luttent, pour amplifier ces combats.

    Ces cadres doivent assumer aussi l'affrontement politique direct avec la politique du gouvernement, à la fois dans la rue, mais aussi dans les urnes. Que ce soient les échéances des régionales ou de la présidentielle, il faut être en capacité de créer des citoyens où, quel que soit l'engagement des citoyens, associatif, syndical, politique, ils puissent être en capacité de reprendre le pouvoir sur leur vie et décider dans ces échéances électorales de leur programme électoral, des listes et de leur stratégie. C'est la démarche que nous souhaitons impulser par le biais d'appels au rassemblement citoyen dès les régionales, en Ile-de-France comme ailleurs.

     Source : Informations Ouvrières n°353 [28 mai au 3 juin 2015]
    « URSS vingt ans après. Retour de l'Ukraine en guerre -par Marianne DUNLOPDiscrimination : Boris Le Lay à nouveau condamné (OF 29/05/2015) »
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