• Luttes sociales victorieuses en Allemagne

    Après la lutte des 850 000 métallurgistes allemands fin 2014 qui a paralysé les usines par de fréquents débrayages, le patronat a dû céder en janvier 3,4 % d'augmentation de salaire et 150 euros de prime. Cet accord concerne 4 millions de salariés puisqu'il est inscrit dans la convention collective professionnelle.

     – Après la lutte des pilotes de la Lufthansa qui s'est traduit par neuf mouvements de grève paralysant le transport aérien, le patronat de la branche a dû céder 2% d'augmentation de salaire tous les ans pendant trois ans.

    – Dernièrement, la longue lutte des travailleurs de la Deutsche Bahn (équivalent de la SNCF en France) a permis d'arracher 120 euros (5,1 %) par mois d'augmentation de salaire, 400 embauches, et la réduction du temps de travail de 38 à 37 heures sans perte de salaire.

    Les cheminots allemands n'ont rien cédé aux menaces multiples et à une campagne sans précédent sur « l'illégalité de la grève », sur une prétendue « guerre des syndicats » et la tentative d'opposer les usagers aux travailleurs (prise d'otages etc.), nous connaissons cela…

    La Deutsche Bahn est soumise depuis des années à un démantèlement progressif consistant à réduire les effectifs, baisser les salaires et livrer les services au privé.

    Les travailleurs allemands ont mis un coup d'arrêt à cette politique.

    Face aux puissantes luttes le patronat et gouvernement ont dû reculer.

    C'est encore une fois la démonstration que la lutte unie et déterminée est le seul chemin possible pour obtenir satisfaction sur les revendications.

    Le « dialogue social » allemand mis en avant et tant vanté en France par le MEDEF et le pouvoir, repris par les centrales syndicales, a du plomb dans l'aile.

    La lutte de classe ne se règle pas dans la compromission mais par la détermination des travailleurs à lutter pour satisfaire leurs exigences.

     

    source: le blog de Michel El Diablo  communcommune.com/

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  • Pourquoi l'Allemagne refuse d'alléger la dette de la Grèce-par Yanis Varoufakis (Guardian 11/07/2015)Le Sommet de l'Union européenne de demain scellera le destin de la Grèce dans la Zone Euro. Pendant que j'écris  ces lignes, Euclid Tsakalotos,  mon camarade, grand ami et successeur au Ministère des Finances de la Grèce, va participer à une réunion de l'Eurogroupe qui déterminera si un accord entre la Grèce et nos créanciers est possible et si cet accord comporte un allègement de la dette qui permettrait à l'économie grecque d'être viable dans la Zone euro. Euclid apporte avec lui un plan de restructuration de la dette, modéré et bien pensé, qui respecte sans aucun doute à la fois les intérêts de la Grèce et de ses créanciers (j'ai l'intention d'en publier les détails lundi,  une fois que la poussière sera retombée). Si ces modestes propositions de restructuration  sont rejetées, comme les propos du ministre des Finances allemand le suggèrent, le Sommet de l'Union européenne de dimanche décidera si l'UE jette la Grèce hors  de la Zone Euro maintenant ou si elle l'y maintient pendant un temps plus ou moins long, dans un état de plus en plus grande misère, jusqu'à ce qu'elle s'en aille. La question est : Pourquoi le ministre des Finances allemand, Dr Wolfgang Schäuble, refuse-t-il une restructuration sensible et raisonnable de la dette, dont les bénéfices sont mutuels ? Dans la tribune libre que j'ai publiée aujourd'hui dans The Guardian, je propose une réponse [veuillez noter que le titre de l'article choisi par le Guardian n'est pas mon choix. Le mien est celui du présent article).

    Le drame financier de la Grèce fait  les gros titres depuis cinq ans pour une raison : le refus têtu de nos créanciers de concéder un allègement substantiel des dettes. Pourquoi, en dépit du bon sens, contre le verdict du FMI et contre les pratiques quotidiennes de banquiers faisant face aux débiteurs stressés, nos créanciers résistent-ils à une restructuration de la dette? La réponse ne peut pas être trouvée dans l'économie parce qu'elle s'inscrit profondément dans la politique labyrinthique de l'Europe.

     

     

    En 2010, l'état grec est tombé en faillite. Deux options compatibles avec le maintien de l'adhésion à la zone Euro se sont présentées : l'option raisonnable, que n'importe quel banquier convenable recommanderait - la restructuration de la dette et la réforme de l'économie; et l'option toxique - accorder de nouveaux prêts à une entité en faillite en  la prétendant solvable.

    L'Europe officielle  a choisi la deuxième option, privilégiant la protection des dépôts des banques françaises et allemandes exposées à la dette publique grecque sur la viabilité socio-économique de la Grèce. La restructuration de la dette aurait impliqué des pertes pour les banquiers ayant investi dans la dette grecque. Plutôt que  d'avouer aux Parlements que les contribuables devraient payer de nouveau pour les banques au moyen de nouveaux prêts, les officiels de l'Union européenne ont présenté l'insolvabilité de l'état grec comme un problème de non liquidité et ont prétendu que  "le sauvetage" était une mesure  de "solidarité" envers les Grecs.

     

    Pour transformer en "amour vache" le transfert cynique de pertes privées irréparables sur les épaules de contribuables, on a imposé une austérité record à la Grèce, dont le revenu national, à son tour - avec le remboursement des nouvelles et des vieilles dettes - a diminué de plus d'un quart. Un enfant de huit ans  comprendrait que ce processus ne pouvait pas bien  finir.

     

     

    Une fois l'opération sordide menée à son terme, l'Europe avait automatiquement une autre raison de refuser de discuter la restructuration des dettes : elle frapperait maintenant les poches de citoyens européens. Des doses croissantes d'austérité ont été administrées tandis que la dette augmentait, forçant les créanciers à multiplier les prêts en échange de plus d'austérité.

     

    Notre gouvernement a été élu avec le mandat de mettre fin à ce cercle vicieux, d'exiger la restructuration de la dette et d'en finir avec  l'austérité paralysante. Les négociations sont publiquement parvenues à  une impasse pour une raison simple : nos créanciers continuent à exclure toute restructuration tangible de la dette, en soulignant que notre dette impayable doit être remboursée "paramétriquement" par les plus faibles des Grecs, leurs enfants et leurs petits-enfants.

     

     

    Durant ma première semaine en tant que  ministre des Finances, j'ai reçu la visite de Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone Euro), qui m'a donné ce choix : acceptez "la logique" du sauvetage et laissez tomber toute demande de restructuration de la dette, ou bien votre accord de prêt "s'effondrera" - la conséquence implicite étant que les banques grecques seraient fermées.

     

     

    Cinq mois de négociations se sont ensuivis, dans des conditions d'asphyxie monétaire et de bank-run supervisé et administré par la Banque Centrale Européenne. La messe était dite : à moins que nous ne capitulions, nous affronterions bientôt le contrôle des capitaux, le fonctionnement réduit des distributeurs automatiques de billets, les vacances prolongées des banques et, en fin de compte, le Grexit.

     

    La menace de Grexit, montagne russe,  a rempli d'effroi  en 2010 les financiers car leurs banques étaient pleines  de dette grecque. Même en 2012, quand le ministre des Finances de l'Allemagne, Wolfgang Schäuble a décidé que les coûts de Grexit étaient "un investissement" digne d'intérêt pour discipliner la France et al., la perspective a continué à faire une peur bleue à presque tous les autres.

     

     

    Au moment où Syriza a conquis le pouvoir en janvier dernier et comme pour confirmer notre certitude que "les renflouements" n'avaient   rien à voir avec le sauvetage de la Grèce (et tout pour favoriser l'Europe du Nord), une grande majorité dans l'Eurogroupe - sous la tutelle de Schäuble - avait adopté le Grexit comme la solution préférée  ou l'arme de choix contre notre gouvernement.

     

    Les Grecs, c'est vrai, tremblent à la pensée d'être exclus de l'union monétaire. La sortie d'une devise commune n'est pas une chose simple, comparable à ce que fit la Grande-Bretagne en 1992, quand  Norman Lamont chanta sous la douche le matin où le Sterling quitta le mécanisme de taux de change européen (ERM). Hélas, la Grèce n'a pas de monnaie dont le lien avec l'euro peut être coupé. Elle a l'Euro - une devise étrangère entièrement administrée par un créancier hostile à la restructuration de notre insoutenable dette nationale.

     

     

    Pour sortir de l'eurozone, nous devrions créer une nouvelle monnaie à partir de zéro. Dans l'Irak occupé, l'introduction d'une nouvelle monnaie de papier a pris presque une année, 20 Boeing 747s, la mobilisation de la force d'armée des USA, trois sociétés d'impression et des centaines de camions. En l'absence d'un tel support, le Grexit reviendrait à annoncer une grande dévaluation plus de 18 mois à l'avance : une recette pour liquider tout le capital social grec et le transférer à l'étranger de toutes les façons possibles.

     

     

    Avec le Grexit renforçant le bank-run induit par la BCE,  nos tentatives pour remettre la restructuration de la dette sur la table de négociations sont tombées dans l'oreille d'un sourd. Maintes et maintes fois on nous a dit que ceci était une question qui se poserait plus tard, après l'achèvement  "du programme" - une extraordinaire situation inextricable puisque "le programme" ne pourra jamais réussir sans une restructuation de la dette.

     

     

    Ce week-end est à l'apogée des pourparlers car Euclid Tsakalotos, mon successeur, lutte, de nouveau, pour mettre le cheval avant le chariot - pour convaincre un Eurogroupe hostile que la restructuration de dette est un prérequis pour réformer avec succès la Grèce, et non une récompense a posteriori. Pourquoi cela est-il si dur à faire admettre ?

     

    Je vois trois raisons.

     

    L'Europe n'a pas su répondre à la crise financière. Devrait-elle se préparer à une expulsion (Grexit) ou à une fédération ?

     

     

    D'abord, il y a une inertie institutionnelle très forte. Ensuite, la dette insoutenable donne un pouvoir immense aux créanciers sur des débiteurs - et le pouvoir, comme nous le savons, corrompt même les meilleurs. Enfin, la troisième raison me semble la plus importante.

     

     

    L'euro est un hybride d'un régime de taux de change fixe, comme le ERM des années 1980, ou l'étalon-or des années 1930, et une monnaie d'état. Le régime de taux de change fixe compte sur la crainte d'expulsion pour tenir, tandis que l'argent d'état implique des mécanismes pour recycler des surplus entre des États membres (par exemple, un budget fédéral). La zone Euro est en déséquilibre à mi-chemin - c'est plus qu'un régime de taux de change et moins qu'un état.

     

     

    Et c'est là le hic. Après la crise de 2008/9, l'Europe n'a pas su répondre. Devrait-elle préparer le terrain pour au moins une expulsion (c'est-à-dire le Grexit) afin de renforcer la discipline ? Ou aller vers une fédération ? N'ayant fait  ni l'un ni l'autre, son angoisse existentielle n'a cessé de monter. Schäuble est convaincu que dans l'état actuel des choses, il a besoin d'un Grexit pour nettoyer l'air, d'une façon ou d'une autre. Soudain, une dette publique grecque insoutenable, sans laquelle le risque de Grexit s'effacerait, a acquis une nouvelle utilité pour Schauble.

     

     

    Que veux-je dire par là? Fondée  sur des mois de négociation, ma conviction est que le ministre des Finances allemand veut que la Grèce soit poussée hors de la monnaie unique pour insuffler la crainte de Dieu chez les Français et leur faire accepter son modèle d'Eurozone disciplinaire.

    source: yanisvaroufakis.eu

    traduction de Monica          http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/120715/varoufakis-pourquoi-lallemagne-refuse-dalleger-la-dette-de-la-grece

     

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  • L'essayiste habitué des polémiques livre son analyse de la crise de la dette grecque dans un entretien au journal belge "Le Soir".

    Pour Emmanuel Todd, l'Europe "se suicide sous direction allemande"

    De quoi la crise de la dette grecque est-elle le symptôme ? D'une "autodestruction" de l'Europe "sous direction allemande", affirme l'essayiste Emmanuel Todd dans un entretien au quotidien belge Le Soir (article payant) paru jeudi 9 juillet et repris par le site Herodote (PDF). L'historien, habitué des polémiques, y plaide pour une sortie de la zone euro car "l’euro est le trou noir de l’économie mondiale" et "personne n’ose dire que ça ne marche pas"

    Emmanuel Todd estime que l'Europe est actuellement "contrôlée par l’Allemagne et par ses satellites baltes, polonais, etc" et qu'elle est "devenue un système hiérarchique, autoritaire""On est en train sans doute d’assister à la troisième autodestruction de l’Europe", estime-t-il, rappelant les précédentes : "Il y a d’abord eu la guerre de 14, puis la deuxième guerre mondiale." Il en conclut que "l’Europe est un continent qui, au XXe siècle, de façon cyclique, se suicide sous direction allemande."

    Europe du Nord contre Europe du Sud et point Godwin

    L'anthropologue voit dans le bras de fer entre le Premier ministre grec issu de la gauche radicale, Alexis Tsipras, et les autres dirigeants de la zone euro une lutte entre Europe du Nord et Europe du Sud, dont l’opposition culturelle est "aussi ancienne que l’Europe". Il semble prendre le parti des pays d'Europe du Sud "influencés par l’universalisme romain" et "instinctivement du côté d’une Europe raisonnable". Soit "une Europe dont la sensibilité n’est pas autoritaire et masochiste" et "qui a compris que les plans d’austérité sont autodestructeurs, suicidaires". Par opposition à une Europe du nord "plutôt centrée sur le monde luthérien". 

    Et la France dans tout ça ? "Les deux tiers de la France profonde sont du côté de l’Europe du sud", juge Emmanuel Todd, qui se risque au point Godwin lorsqu'il en vient à la position de François Hollande dans le dossier. "S’il laisse tomber les Grecs, il part dans l’Histoire du côté des socialistes qui ont voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Si les Grecs sont massacrés d’une façon ou d’une autre avec la complicité de la France, alors on saura que c’est la France de Pétain qui est au pouvoir."

    source: francetvinfo.fr

    Télécharger « 150710-L'entretien d'Emmanuel Todd au quotidien belge Le Soir - l'Europe se suicide sous direction allemande-.pdf »

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  • Lu sur le Blog de Michel El diablo communcommune.com/

    Grèce : de l’absurde au tragique [Stathis Kouvélakis]

    Il faut s’opposer à ceux qui mènent la Grèce et la gauche grecque à la capitulation. Nous publions ici un texte de Stathis Kouvélakis initialement paru sur le site états-unien Jacobin.
    Stathis Kouvélakis est membre du comité central de Syriza, et enseigne la théorie politique à King’s College (Londres).

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    Quiconque vit actuellement, ou se contente de suivre, les derniers développements en Grèce ne comprend que trop bien le sens d’expressions telles que « moments critiques », « climat de tension », « rupture dramatique », ou encore « situation-limite ». Compte tenu des événements qui se déroulent depuis lundi, un nouveau mot devra être ajouté à la liste : l’« absurde ».

    Le terme peut paraître étrange, ou exagéré. Mais comment caractériser autrement le renversement total du sens d’un événement aussi extraordinaire que le référendum du 5 juillet, quelques heures seulement après sa conclusion, par ceux-là même qui l’avaient initié ?

    Comment expliquer que les dirigeants de Nouvelle démocratie et de To Potami, respectivement Vangelis Meïmarakis et Stavros Theodorakis – chefs du camp qui a été battu de manière écrasante dimanche dernier –, soient devenus les porte-parole officiels de la ligne qui est actuellement défendue par le gouvernement grec ? Comment est-il possible que le Non fracassant au mémorandum austéritaire puisse être interprété comme le feu vert à un nouveau mémorandum ? Pour le dire simplement : si le gouvernement était disposé à signer un accord encore plus défavorable et contraignant que celui proposé il y a deux semaines par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à quoi bon le référendum et le combat pour la victoire du Non ?

    Le sentiment d’absurdité n’est toutefois pas le simple produit de ce renversement inattendu. Il découle en premier lieu du fait que tout survient « comme s’il ne s’était rien passé », comme si le référendum était une sorte d’hallucination collective qui avait soudainement pris fin, nous laissant reprendre librement nos activités antérieures. Néanmoins, comme nous ne sommes pas tous devenus amnésiques, donnons-nous la peine de nous livrer à un bref rappel de ce qui s’est passé durant les derniers jours.

    Dimanche dernier donc, le peuple grec a ébranlé l’Europe et le monde. En répondant massivement à l’appel de son gouvernement, et dans des conditions vraiment exceptionnelles (banques fermées, contrôle des capitaux, retraits plafonnés à 60 euros par jour, retraites et allocations partiellement versées), a voté très largement « non » aux propositions humiliantes et exorbitantes des créanciers. Aussi bien l’ampleur du « non » que sa composition qualitative, à savoir la majorité écrasante obtenue parmi les travailleurs, les classes populaires et la jeunesse, donnent à voir la profondeur des transformations qui sont à l’œuvre, ou plutôt qui se sont cristallisées, en un temps très court, dans la société grecque.

    Les mobilisations de masse de vendredi dernier, le climat de mobilisation « par en bas » qui a prévalu la semaine dernière, sans même parler de la vague enthousiaste de solidarité internationale, témoignent du potentiel énorme libéré par le choix de la confrontation plutôt que de la retraite.

    Mais dès lundi matin, alors même que l’écho des cris de victoire sur les places publiques du pays s’était à peine tu, le théâtre de l’absurde a commencé. Sous l’égide du président de la République, Prokopis Pavlopoulos, qui avait très activement pris parti pour le Oui, le gouvernement a convoqué les dirigeants des partis défaits battus pour élaborer un cadre de négociation faisant de l’euro une ligne rouge indépassable, et déclarant en particulier qu’il n’avait aucun mandat pour quitter l’union monétaire.

    Encore embrumée par la joie de dimanche, l’opinion publique a vu les représentants des 62% se soumettre à ceux des 38% et cela immédiatement après une victoire éclatante pour la démocratie et la souveraineté populaire.

    Mardi, le gouvernement s’est rendu à Bruxelles pour une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe sans aucune nouvelle « proposition » dans ses bagages et, comme prévu, il s’est trouvé confronté à un nouvel ultimatum, plus brutal encore que le précédent. Le lendemain, Euclid Tsakalotos a inauguré ses fonctions de ministre des Finances – nous ne nous arrêterons pas ici, par souci de brièveté, sur la démission de Yanis Varoufakis, remarquant simplement qu’il s’agissait d’une exigence des créanciers – en envoyant au MES (Mécanisme de stabilité européenne), l’organisation qui gère la plus grande part de la dette grecque, une lettre demandant un nouveau prêt de 50 milliards d’euros, un prêt qui doit s’accompagner bien sûr d’un troisième mémorandum. Il est ainsi prévu que le Parlement commence à voter lundi les lois d’application des engagements stipulés dans le Mémorandum.

    La lettre de Tsakalotos précise par la suite que la Grèce s’engage à « honorer en temps et en heure l’intégralité de ses obligations financières à l’égard de tous ses créanciers ». Il est évident que malgré les assurances, après la proclamation du référendum, selon lesquelles les discussions reprendraient de zéro, les « négociations » continuent au point exact où elles avaient été laissées, la partie grecque faisant de plus en plus de concessions à leurs adversaires.

    Le même jour, dans l’attente des nouvelles « propositions » grecques, qui, selon la novlangue des « institutions » européennes se devaient d’être « dignes de confiance » et « détaillées », le Premier ministre Alexis Tsipras s’est adressé au Parlement européen et a déclaré : « si mon objectif avait été de mener la Grèce hors de l’euro, je n’aurais pas, immédiatement après la fin du scrutin, fait les déclarations que j’ai faites et interprété le résultat du référendum, non comme un mandat pour rompre avec l’Europe, mais comme un mandat pour renforcer nos efforts de négociation afin de parvenir à un meilleur accord ».

    Cette déclaration revient à reconnaître, d’une manière plus ou moins franche, que le résultat du référendum a été interprété avec un but spécifique en tête, à savoir la négociation à tout prix et l’évitement d’une rupture.

    Dans le même discours, le Premier ministre résume la philosophie qui a présidé, durant toutes ces dernières, à la ligne suivie la partie grecque et que le référendum n’a guère modifié :

    Avec ces propositions, nous nous sommes évidemment fortement engagés à atteindre les objectifs fiscaux requis par les règles, parce que nous reconnaissons, et respectons, le fait que la zone euro a des règles. Mais nous nous réservons le droit de choisir, le droit d’être en mesure, en tant que gouvernement souverain, de décider où nous concentrerons ou augmenterons le fardeau fiscal, dans le but d’atteindre les objectifs fiscaux requis.

    Le cadre est donc posé : il s’agit de mesures restrictives visant à obtenir des excédents fiscaux en vue du remboursement de la dette. C’est incontestablement le cadre tel qu’il a été défini par les deux mémorandums qui ont précédé. Le désaccord porte uniquement sur la dite « répartition du fardeau ». Celle proposée par Alexis Tsipras implique une variante de l’austérité (prétendument) « plus juste socialement », qui sera présentée comme une forme de « redistribution » alors même qu’elle prolongera la récession – toute référence aux engagements interdisant l’acceptation de mesures récessionnistes ayant été effacée – et approfondira la paupérisation du plus grand nombre.

    Alors que ces propos suaves achevaient de détruire ce qui restait des engagements programmatiques de Syriza, l’état de siège que subit le pays ne cessait de s’aggraver. Dès lundi, la BCE a maintenu la fermeture du robinet des liquidités et diminué encore davantage la valeur des titres bancaires grecs, ce qui conduit immanquablement à l’effondrement des banques du pays.

    Pourtant, malgré la gravité de la situation et en dépit du fait que l’instauration du contrôle des capitaux a permis de parcourir une partie du chemin, personne – à l’exception de Costas Lapavitsas et de quelques cadres de la Plateforme de gauche – ne parle des mesures simples et évidentes d’auto-protection nécessaires en de telles circonstances, à commencer par le contrôle public et la nationalisation du système bancaire.

    L’explication est évidemment très simple : toute mesure de ce type placerait la Grèce partiellement en dehors de l’Euro, ce à quoi le gouvernement ne consent en aucune manière, malgré les déclarations d’économistes mainstream comme Paul Krugman pour qui « la plus grande partie du coût [d’un Grexit] a été acquittée », la Grèce pouvant désormais en « récolter les bénéfices ».

    Une conclusion évidente émerge de tout ce qui précède : par les décisions prises cette semaine, le gouvernement s’est purement et simplement retrouvé dans le piège dans lequel il était pris avant l’annonce du référendum, cette fois dans une position encore moins favorable, soumis à la pression d’un étranglement financier encore plus impitoyable. Il est ainsi parvenu à dilapider en un temps record le précieux capital politique créé par la victoire du 5 juillet. Il se trouve sous l’emprise de ceux qui s’y étaient opposés et qui ont toutes les raisons de se sentir légitimés, malgré leur déculottée électorale.

    Reste que le référendum a bien eu lieu. Il ne s’agit pas d’une hallucination dont chacun serait revenu. Au contraire, l’hallucination consiste dans la tentative de rabaisser le référendum, en en faisant un simple moyen de « relâcher la pression », avant de reprendre le chemin qui conduit tout droit à un troisième mémorandum.

    Or c’est bien dans cette voie suicidaire que le gouvernement s’est s’engagé. Hier, tard dans la soirée, il a envoyé par courrier électronique à tous les membres du Parlement un texte d’une douzaine de pages, rédigé à la hâte en anglais par des experts envoyés par le gouvernement français, s’appuyant sur la demande de prêt de 50 milliards d’euros faite pas Tsakalotos.

    Il s’agit tout simplement d’un nouveau plan d’austérité – en fait un copier-coller du plan Juncker rejeté par les électeurs il y a quelques jours. Ses grandes lignes ne sont que trop familières : excédents primaires, coupes dans les retraites, augmentation de la TVA et autres taxes, et une poignée de mesures visant à lui donner une petite touche de « justice sociale » (par exemple une augmentation de deux points de l’impôt sur les bénéfices des sociétés). Le document a été validé par la plupart des principaux ministres, à l’exception de Panos Kammenos, dirigeant du parti souverainiste des Grecs Indépendants (ANEL), et de Panagiotis Lafazanis, leader de la Plateforme de gauche.

    Le Parlement a été réuni pour voter sur ce texte aujourd’hui, suivant les mêmes procédures d’urgence que celle dénoncées avec véhémence par Syriza par le passé. À bien des égards, ce processus peut être considéré comme un « coup parlementaire », puisqu’on soumet au vote du Parlement un texte qui n’est ni une proposition de loi, ni une convention internationale, donnant ainsi carte blanche au gouvernement pour signer n’importe quel accord de prêt, avec le Mémorandum qui l’accompagne. Mais cette validation par le Parlement a été explicitement posée comme condition préalable à toute reprise des négociations par le ministre des Finances allemand Wolfang Schäuble.

    Comme on pouvait le prévoir, et tel était bien le but recherché, l’accord proposé a déclenché un tollé au sein de Syriza. Pour l’heure, les réactions les plus virulentes viennent principalement de la Plateforme de gauche et d’autres courants à la gauche de Syriza, comme le KOE, organisation maoïste qui compte quatre députés. Au cours de la réunion du groupe parlementaire de Syriza, qui s’est tenue aujourd’hui, Lafazanis, ministre de l’Energie et chef de file de la Plateforme de gauche, a déclaré que l’accord était « incompatible avec le programme de Syriza » et qu’il « n’offrait pas de perspective positive au pays ». Les ministres de la Plateforme de gauche devraient donc démissionner aujourd’hui.

    Thanassis Petrakos, l’un des trois porte-parole du groupe parlementaire de Syriza et figure importante de la Plateforme de gauche a quant à lui déclaré :

    Le « non » au référendum est un « non » radical et un « non » de classe. Certains camarades haut placés insistent sur la logique selon laquelle « il n’y a pas d’autre choix ». Nous devrions nous préparer à quitter l’Eurozone et le dire clairement aux gens. La gauche a un avenir lorsqu’elle déploie ses ailes face à l’inconnu, pas lorsqu’elle se soumet au néant. Ceux qui insistent sur le choix de rester dans l’euro coûte que coûte savent que cela conduit au désastre. Nous avons besoin d’une sortie préparée pour ouvrir une nouvelle voie. Les premiers pas sont le contrôle public des banques et de la banque centrale grecque, ainsi que des mesures sévères à l’égard de l’oligarchie.

    Varoufakis se serait également opposé à l’accord, tout comme certains membres du groupe des « cinquante trois » (l’aile gauche de la majorité au Parlement), bien que lors d’une réunion qui s’est tenue hier, un fossé important est apparu entre la base et les cadres intermédiaires, très opposés à l’accord, et les députés, plus enclins à le soutenir. Le vote qui aura lieu en fin de soirée sera certainement crucial pour les développements à venir, mais également pour l’avenir de Syriza.

    Quelle que soit la tournure que prendront les événements lors des prochaines heures et des prochains jours, une chose est claire : toute tentative pour réduire à néant la volonté populaire d’en finir avec l’austérité et les mémorandums revient à une forme d’hubris, au sens ancien du terme en grec. Quiconque décide de conduire le pays, et la gauche, à la capitulation et au déshonneur, doit donc être prêt à faire face à Némésis.

    Stathis Kouvélakis

    Traduit par Soraya Guénifi et Ugo Palheta-Le 10 juillet 2015

     source: communcommune.com/

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  • Les conditions d’un “Grexit”-par Jacques Sapir (11/07/2015)La question d’un possible « Grexit » a été à nouveau évoquée lors de la réunion de l’Eurogroupe ce samedi 11 juillet. Il s’apparenterai dans les faits à une expulsion de la Grèce, à moins que son Premier ministre ne consente à présenter sa émission, et ce en dépit d’un vote de confiance massif au Parlement dans la nuit de vendredi à samedi, et en dépit du succès remporté par le « non » au référendum du dimanche 5 juillet. Les conditions d’une sortie de la Grèce de l’Euro dans l’urgence doivent être étudiées très sérieusement compte tenu des positions de l’Allemagne à l’Eurogroupe. Si le blocage des négociations à l’Eurogroupe persiste, et devant la mauvaise fois désormais évidente de certains interlocuteurs, au nombre desquels il faut compter M. Schäuble, le Ministre allemand des finances ou M. Dijsselbloem, le Président de l’Eurogroupe, on ne peut exclure un « Grexit » dans l’urgence dès le début de la semaine prochaine. Confrontée à cette éventualité la Grèce serait dans une situation certes difficile, car les banques sont à cours de liquidités, avec des problèmes de bilans très sérieux, et la Banque Centrale (ou BofG) n’a pas de réserves. Mais cette situation est loin d’être insoluble et ne doit pas effrayer outre mesure le gouvernement grec. Si donc un « Grexit » en urgence doit être envisagé il faudra traiter les problèmes suivants, qui vont des réserves de la Banque Centrale aux liquidités en passant par la question de la dette :

     

    1-La question des réserves de la Banque Centrale

    On admet qu’un taux de réserves par rapport au PIB de 1/30 à 1/20 suffit pour un pays dont le compte courant (balance des exports-imports de biens et services) est à l’équilibre. Le PIB de la Grèce est aujourd’hui de 200 milliards d’Euros, soit approximativement 220 milliards de dollars. Un rapport de 1/20 donnerait donc 11 milliards de dollars. Portons à 20 milliards cette somme pour se prémunir contre tout imprévu. Cette somme pourrait venir de plusieurs sources :

    • Le gouvernement pourrait gager une partie des ressources du tourisme, qui représente 17% du PIB actuellement. Si on applique un taux de TVA à 23% sur ce secteur (hôtels et restaurants), les revenus fiscaux gagés vont représenter 8,5 milliards de dollars. Le gouvernement pourrait émettre des certificats gagés sur cette somme.
    • Les grecs ont sortis ces derniers mois plus de 35 milliards d’euros (équivalents à 39 milliards de dollars). Ils devront les réintroduire dans la circulation monétaire ne serait-ce que pour payer les impôts. Dans ces conditions 20% de cette somme pourrait être affectée aux réserves de la Banque Centrale, soit 7 milliards de dollars.
    • La Grèce pourrait demander à des pays avec lesquels elle entretient de bonnes relations un prêt complémentaire de 5 milliards de dollars.

    Cet argent irait abonder un fonds de réserve de la nouvelle monnaie. Compte tenu de l’équilibre de la balance courante, il serait suffisant pour stabiliser cette monnaie. En fait, et compte tenu du quasi-équilibre de la balance courante, on peut penser que ce fonds de réserve serait très peu utilisé. Le contrôle des capitaux déjà en vigueur permet de limiter les prises de positions spéculatives sur la future monnaie grecque.

    2-La question des liquidités

    La Grèce est aujourd’hui étranglée par le manque de liquidités. C’est un fait bien établi. Cet étranglement, la version moderne du lacet des assassins ottomans, est entièrement lié à la politique de la Banque Centrale Européenne. Face à cela, le gouvernement grec peut émettre des reconnaissances de dette à trois ou six mois auxquelles il confèrerait le cours légal et qu’il accepterait en paiement des impôts. Ceci permettrait à l’économie de retrouver de la liquidité.

    Mais, comme on l’a dit dans une précédente note, la solution qui s’impose serait en réalité une réquisition de la Banque Centrale. Cette réquisition doit être faite dans le cadre des pouvoirs d’urgence que le gouvernement grec ne manquerait pas d’invoquer si un « Grexit » était constaté. Cette réquisition permet, de manière temporaire et en attendant qu’une nouvelle loi précisant l’organisation bancaire ne soit votée, de placer la BofG sous le contrôle direct du Ministère des finances et de remplacer son directeur actuel. Cette opération permettrait au gouvernement de libérer les réserves détenues soit à la BofG soit sous contrôle de la BofG dans les banques commerciales. De toute manière, dans le cas d’une sortie de l’Euro, la réquisition de la Banque Centrale s’impose. En combinant ces deux méthodes, le gouvernement grec desserrerait le lien qui aujourd’hui l’étrangle. Il montrerait aussi à tous les agents, qu’ils soient grecs ou étranger, sa résolution à reprendre en main sa monnaie et son destin.

    3-la question de la dette

    Le problème de la dette grecque se pose ensuite. Cette dette est importante par rapport au PIB, représentant 341 milliards d’euros. En cas de dépréciation de la nouvelle monnaie, il est clair que le poids de cette dette, qui pèse déjà très lourdement sur la Grèce, serait accru. Cette dette a été émise de Bruxelles et de Francfort dans le cadre des plans d’aide qui furent en réalité des plans de transfert des créances détenues par des banques privées vers les Etats de la zone Euro. Cela constitue une importante différence avec la dette de la France ou de l’Italie, dette qui est émise dans des conditions bien plus normales et qui est majoritairement (à plus de 97% dans le cas de la France) émise dans le droit national. Dans le cas de la Grèce le problème est que – dans ces conditions particulières – la lex monetae ne s’applique pas. Il n’y a donc pas de solution autre que le défaut sur la dette, comme le fit la Russie en 1998. Une fois ce défaut réalisé, la condition de reconnaissance de la dette (à 20% ou 30 de sa valeur faciale) pourra être discutée. Mais, il est très important que le gouvernement grec annonce le défaut sur sa dette en même temps qu’il constatera que l’Euro ne peut plus avoir cours légal sur son territoire. En fait, la question du changement de monnaie et du défaut sont étroitement liées.

    4-La question des banques commerciales

    Les banques commerciales grecques, dans le cas d’un défaut sur la dette et d’une rupture avec la BCE, se trouveront en faillite. Le montant nécessaire pour leur recapitalisation est évalué actuellement à 25 milliards d’euros par le FMI. C’est une somme considérable. Ces banques commerciales doivent donc être nationalisées, mais, s’inspirant de l’exemple islandais, le gouvernement grec ferait bien de ne pas chercher à les recapitaliser entièrement. En fait la partie « banque d’investissement » doit être laissée à elle-même et doit faire faillite. Par contre la partie banque de circulation doit elle être sauvée. Cette partie pouvant opérer sous le contrôle de l’Etat, avec une garantie des dépôts de la population à travers une aide exceptionnelle apportée par la Banque Centrale, la BofG, qui aura été au préalable réquisitionné ». Cette partie devra être recapitalisée et le gouvernement devrait pour cela déclarer un emprunt obligatoire sur tous les ménages gagnant plus de 60 000 euros par an, emprunt dont les intérêts seraient égaux à l’inflation.

    Telles sont les mesures qui s’imposeraient si la Grèce devait se faire expulser de la zone Euro, mesure inouïe, et qui libérerait la Grèce de l’obligation de respecter les traités, du moins dans le domaine monétaire. Ceci n’épuise pas le sujet. Il est clair que les responsabilités de l’Allemagne seraient alors immenses, et que d’autres pays pourraient très sérieusement songer à quitter l’Euro, provoquant de fait sa dissolution. Mais, aujourd’hui, l’urgence est de montrer le chemin que la Grèce peut suivre afin que ce « Grexit » se passe le mieux possible, quitte à par la suite attaquer en justice la BCE et l’Allemagne.

    Jacques SAPIR

     

    source: russeurope.hypotheses.org/

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  • Compte-rendu du KKE, 11 juillet 2015, traduction depuis la page en anglais du site du KKE, par MlN pour solidarite-internationale-pcf.fr

    Non au nouveau mémorandum de “gauche” (KKE le 11/07/2015)Athènes le 10 juillet 2015-Manifestation à l'appel du Front syndical PAME

    Le gouvernement du parti de « gauche » SYRIZA et du parti nationaliste ANEL place le fardeau insupportable de nouvelles mesures antipopulaires sur le dos de la classe ouvrière et des autres couches du peuple, avec le soutien du parti de droite ND, du parti social-démocrate PASOK (les deux gouvernaient ensemble jusqu’en janvier 2015) et du parti centriste POTAMI.

    Dans la nuit du 10 juillet, a été mise à l’ordre du jour de la séance plénière du Parlement la question d’autoriser ou non le gouvernement à négocier un nouveau mémorandum, le 3ème, comprenant une série de mesures antipopulaires. L’alternative a été posée de la façon suivante : ou bien la continuation de la ligne politique antipopulaire, ou bien la banqueroute du pays et une sortie de la zone euro.

    Le premier ministre, Alexis Tsipras a défendu son mémorandum, le « mémorandum-Tsipras », en expliquant en substance que les mesures antipopulaires devaient être prises pour regagner la confiance des investisseurs et des marchés.

    A 5 heures du matin, 251 députés ont voté pour la proposition du gouvernement. L’ensemble du groupe KKE a voté contre. Au final, il s’est trouvé 32 voix contre et 8 abstentions volontaires. 9 députés étaient absents.

    Ces développements, qui révèlent une fois de plus le vrai visage du gouvernement « patriotique de gauche » de SYRIZA/ANEL, montrent la position inacceptable tenue ces derniers mois par différentes forces à l’étranger, y compris par certains partis communistes et ouvriers, qui ont soutenu le gouvernement au nom de la « solidarité avec la Grèce ».

    Prenant la parole devant le Parlement pendant la discussion générale relative à « l’autorisation » au gouvernement d’approuver le nouveau, 3ème, mémorandum, le secrétaire général du Comité central du KKE, Dimitris Koutsoumbas, a insisté interpelant gouvernement :

    « Vous avez toujours pratiqué l’absence de morale en politique, l’opportunisme, ce qui veut simplement dire littéralement, sans approfondir théoriquement, être opportuniste et aventuriste.

    Il y a à peine 10 jours, ici même, pendant la discussion sur la proposition de référendum, le KKE a clairement expliqué devant vous que vous appeliez le peuple à voter sur un « oui » ou un « non » qui ne diffèrent que superficiellement, puisque tous les deux portaient l’acceptation d’un nouveau mémorandum, peut-être pire encore que les précédents.

    Vous avez transformé le « non » du peuple en un « oui » à un nouveau mémorandum.

    Cela s’est trouvé confirmé le lendemain même du référendum. Les autres partis politiques, aussi bien ceux qui soutenaient le «oui» que ceux qui soutenaient le «non», se sont mis d’accord sur un nouveau mémorandum qui sera encore plus dur.

    Nous étions certains depuis le départ qu’il allait en être ainsi. Non parce que nous sommes devins, mais parce que votre stratégie, votre programme, votre position sur l’UE, l’euro et les alliances capitalistes en général, votre position sur le mode de développement et le système qui vous servez, vous menaient inévitablement du côté de l’UE, de la BCE, du FMI, du grand capital, des groupes monopolistes. Avec eux, vous avez vu comment le butin serait partagé, comment vous alliez servir leurs rendements, comment, en fin de compte, vous alliez diminuer le revenu de la population, comment vous alliez économiquement réduire le prix de la force de travail, comment vous alliez sucer les gens jusqu’à l’os pour que les parasites du système puissent prospérer ».

    Le secrétaire général du CC du KKE, au sujet de l’alternative posée par le gouvernement, « accord antisocial, c’est-à-dire mémorandum, ou Grexit », a souligné les points suivants : « Le 3ème mémorandum va se traduire par une véritable banqueroute pour le peuple. Evidemment suivant une voie qui, d’une certaine façon, est mieux ordonnée. Nous allons connaître des mesures antipopulaires barbares. Avec le Grexit, nous connaîtrions un appauvrissement rapide, la faillite des ménages conjuguée avec la faillite de l’Etat, sans aucune voie de sortie, toujours pris au piège, emprisonnés dans le carcan de l’UE, dans le même vieux mode de développement capitaliste.

    C’est pourquoi tous les autres partis portent une responsabilité historique, en particulier SYRIZA qui gouverne aujourd’hui et a bénéficié de la confiance du peuple.

    La véritable voie pour sortir de la crise, pour un développement profitable aux intérêts des travailleurs et de la population, passe par l’organisation du peuple lui-même, la mise au point de son intervention, un langage de vérité, des programmes et des positions clairs qui permettent au peuple lui-même de décider, de prendre le pouvoir et d’organiser l’économie et une nouvelle société, en dehors et bien loin des regroupements capitalistes, avec une planification centralisée, avec une propriété socialisée des richesses produites par la classe ouvrière et le peuple.

    Toutes les autres options se ramènent aux expériences d’échec de la gestion social-démocrate, des soi-disant gouvernements de gauche qui ont géré le système dans le cadre du capitalisme. Les espoirs fugitifs qu’ils ont répandus, les fausses attentes ont conduit le peuple à une grande désillusion, le mouvement des travailleurs à un recul. Ils ont renforcé les tendances conservatrices et même extrêmement réactionnaires ».

    A propos de l’enchevêtrement entre la « question grecque » et les contradictions interimpérialistes, D. Koutsoumbas a fait remarquer :

    « Vous présentez souvent le « cruel » Schaüble comme l’adversaire unique, ce Schaüble qui représente une part importante du capitalisme allemand, mais vous présentez aussi de temps en temps, comme des amis de la Grèce, les Etats-Unis et le FMI, maintenant la France, en concentrant l’attention sur la question de la restructuration de la dette publique.

    Pas plus le capital américain, le capital français ou le capital allemand ne sont les amis du peuple. Ils réclament tous aussi bien la mise à mort des droits et des revenus du peuple. La concurrence entre eux se déroule dans le contexte de la crise capitaliste et des profonds déséquilibres au sein du noyau dur de la zone euro. Les Etats-Unis et l’Allemagne sont en concurrence pour l’hégémonie en Europe, le FMI, la France et l’Allemagne pour l’avenir de la zone euro. Des sections du capital grec, industriels, banquiers, armateurs sont impliqués dans cette confrontation.

    Tant que nous serons pris dans ce dangereux tissus de contradictions, tous les choix possibles seront un cauchemar pour le peuple : autant un nouvel accord/mémorandum, qu’un défaut de paiement ou même l’éventualité d’une guerre dans la région ».

    Concernant les développements d’avenir, Le secrétaire général a souligné ceci :

    « Malgré les compromis temporaires, la tendance reste lourde à l’expulsion de certains pays. Cela ne concerne pas simplement que la Grèce mais tous les pays endettés, même ceux qui sont candidats à rejoindre l’euro.

    Le peuple ne doit pas avoir à choisir entre sa faillite avec l’euro ou sa faillite avec la drachme.

    Une solution décisive en faveur du peuple nécessite une vraie rupture qui n’a rien à voir avec la fausse rupture que certains courants dans SYRIZA invoquent quand ils défendent une sortie de la Grèce, uniquement, de la zone euro.

    Ceux qui prétendent – parmi eux, ces courants de SYRIZA, comme d’autres forces nationalistes et réactionnaires partant d’un autre point de vue – que la sortie de la Grèce de la zone euro, avec une monnaie dévaluée, donnerait un coup de fouet à la compétitivité et à la croissance et aurait de bonnes répercussions pour le peuple, sont en train, délibérément, de tromper le peuple.

    La perspective d’une Grèce, pays capitaliste doté d’une monnaie nationale, ne constitue pas une rupture en faveur du peuple. Ces forces politiques qui mettent en avant cet objectif comme une solution ou comme un objectif intermédiaire en vue de changements radicaux (comme la « plateforme de gauche » de SYRIZA, ANTARSYA, ou comme également des forces d’extrême-droite fascistes en Europe) jouent dans les faits le jeu de certaines sections du capital.

    Aussi nous ne choisirons pas si nous ferons faillite avec l’euro ou avec la drachme, sous l’effet d’une dévaluation interne ou externe.

    Pour cette raison, nous ne choisissons pas entre un mémorandum ou un Grexit.

    Parce qu’il y a une solution alternative si le peuple lutte pour une rupture avec l’UE, le capital et leur pouvoir.

    Par exemple, nous pouvons abolir les directives de l’UE qui ont causé la stagnation de la production nationale, de la production de sucre et de viande aux chantiers navals en passant par bien d’autres secteurs.

    Nous pouvons utiliser les contradictions entre les centres impérialistes et gagner des accords internationaux avantageux pour la Grèce et le pouvoir populaire, dégagés de l’UE et de l’OTAN.

    Nous pouvons préparer la voie à la satisfaction des besoins populaires en procédant à la socialisation des monopoles, des moyens de production avec une planification nationale scientifique de l’économie ».

    En conclusion, D. Koutsoumbas a rappelé que le KKE appelle les travailleurs à organiser leur riposte dans les rues et les lieux de travail contre les nouvelles mesures de destruction.

    Dans l’après-midi, ce même jour (vendredi 10 juillet), le PAME organisait un rassemblement de masse à Athènes et dans les principales villes du pays contre le 3ème mémorandum (« de gauche ») regroupant des mesures antipopulaires. Les manifestations ont regroupé des syndicats, des comités populaires, des associations et groupes féminins, des organisations de masse, des comités de lutte de chômeurs, de travailleurs indépendants et d’artisans, comme d’étudiants, c’est-à-dire de tous ceux qui sont frappés par les mesures du gouvernement de coalition. Tous ont crié : « assez ! – Une autre voie existe dans l’intérêt du peuple”.

    D. Koutsoumbas, qui a participé au rassemblement de masse du PAME à Athènes a déclaré: "nous ne pouvons pas perdre plus de temps. Les travailleurs doivent organiser leur lutte, mettre en avant leurs revendications et organiser l'alliance populaire ".

    sources: solidarite-internationale-pcf.fr/fr.kke.gr/en/

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  • lu sur le Blog communcommune  de Michel El Diablo

    GRÈCE: la proposition d'accord de Tsipras APPROUVÉE par le Parlement

    Le parlement grec a donné samedi (11 juillet 2017) son feu vert au gouvernement d'Alexis Tsipras pour négocier un nouveau plan d'aide sur la base de propositions "loin" de ses promesses de campagne, mais bien accueillies par les créanciers, annonce l'AFP.

    Le Parlement a largement approuvé, par 251 voix pour (sur un total de 300) cette proposition, qui reprend dans les grandes lignes ce que souhaitaient les créanciers et a fait renaître l'espoir qu'un accord puisse être conclu pour permettre le maintien du pays dans la zone euro.

    Vendredi dans la soirée, une source européenne avait révélé que les trois institutions créancières (UE, BCE, FMI) jugeaient la proposition d'Athènes "positive", et constituant "une base de négociation" en vue d'un troisième plan d'aide au pays d'un montant de 74 milliards d'euros  

    Exactement au même moment, le Premier ministre grec Alexis Tsipras était devant le Parlement, appelant les députés de tous bords à un vote de "haute responsabilité" et à l'autoriser à négocier ce plan, en reconnaissant que le gouvernement avait fait "des erreurs", que le plan était "très éloigné" des promesses de Syriza, mais qu'il était finalement le meilleur possible.

    Les concessions du gouvernement ont d'ailleurs provoqué plusieurs défections dans les rangs de la gauche radicale puisque huit députés Syriza se sont abstenus, deux ont voté contre et sept étaient absents lors du vote, dont l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis.

    Cette marque de défiance fissure la majorité parlementaire pour les votes à venir et pourrait entraîner des changements au sein du gouvernement, selon les commentateurs. L'opposition socialiste et conservatrice a largement soutenu le texte.

    La proposition sera examinée samedi par les ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, avant de déboucher dans le meilleur des cas sur "un accord politique", avant un sommet extraordinaire des 28, dimanche, qui pourrait relancer officiellement les négociations.

    Il s'agira d'étudier le document publié dans la nuit de jeudi à vendredi, et dans lequel, moins d'une semaine après avoir fait voter non à 61% par la population sur un texte très proche, Athènes s'engage à adopter une grande partie des mesures proposées par les créanciers.

    Les propositions d'Athènes paraissent en effet désormais toutes proches des voeux de ceux-ci, sur la plupart des sujets qui fâchent: retraites, TVA, privatisations, taxe sur les sociétés…

    Vendredi, les marchés financiers avaient anticipé les nouveaux développements, avec un raffermissement de l'euro, une hausse des bourses européennes et une nette détente des taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe.

    Syriza soutient le capitalisme

    A la tête du camp des conciliants, le président français François Hollande avait jugé les propositions d'Athènes "sérieuses" et "crédibles".

    Alors que de nombreuses rumeurs font état d'un soutien actif de la France, très engagée en faveur d'un compromis, dans la préparation des mesures, le Premier ministre Manuel Valls avait jugé pour sa part "équilibrée et positive" la position des Grecs.

    Le gouvernement allemand avait refusé au contraire de donner son opinion, indiquant "ne pas pouvoir juger du contenu" des propositions à ce stade, et "attendre que les institutions communiquent leur avis", avant l'Eurogroupe.

    Mais certains Grecs ayant voté non dimanche faisaient part de leur mécontentement.

    Sept à huit mille personnes ont ainsi manifesté vendredi soir à Athènes à l'appel du PAME, syndicat communiste, et de partis de gauche. "Syriza soutient le capitalisme", affirmait une banderole. "Si les Grecs ont voté aussi massivement pour le non c'est parce qu'ils voulaient mettre fin à la rigueur. Le gouvernement n'en tient pas compte", déplorait Evgenia Roussos, une étudiante proche du parti Antarsya ("Mutinerie").

    "Il y avait beaucoup de oui dans le non et beaucoup de non dans le oui" au référendum, expliquait, philosophe et résigné, Grigoris Manthoulis, un commerçant dont l'activité est au ralenti depuis la fermeture des banques et l'instauration d'un contrôle des capitaux, le 29 juin.
     

    Cette mesure est prévue pour durer jusqu'à lundi mais le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas a laissé entendre vendredi qu'elle pourrait encore se prolonger, avec des aménagements.

    Et maintenant, la dette

    Ce qui permettait au gouvernement grec de garder la tête haute malgré tout était l'espoir exprimé par M. Tsipras de voir enfin s'ouvrir "un débat sérieux sur la restructuration de la dette" grecque, qui atteint 180% du PIB du pays. Manuel Valls a estimé qu'avoir "une perspective claire" sur ce point était nécessaire.

    Le sujet divise les Européens mais Athènes insiste sur le sujet, avec le soutien affiché de la France, du FMI (dont l'ancien directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a plaidé à titre personnel pour un allègement de la dette grecque dans sa première prise de position publique depuis 2011), du président du Conseil européen Donald Tusk et de nombreux économistes.

    Berlin a vu vendredi "très peu de marge de manœuvre" pour restructurer cette dette. Une sorte d'avancée néanmoins par rapport à jeudi, lorsque la chancelière Angela Merkel avait dit qu'une réduction de la dette grecque était "hors de question". L'option la plus probable est celle d'une "restructuration light" de la dette.

    Le nouveau ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos a estimé pour sa part que "beaucoup des demandes de la Grèce sur la dette vont être acceptées", citant notamment un échange de 27 milliards d'euros d'obligations entre la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES), prôné de longue date par les Grecs, qui lui permettrait d'éviter l'écueil des plus de 7 milliards d'euros à rembourser à la BCE en juillet et août.

    Absent au parlement, son prédécesseur Yanis Varoufakis s'est en revanche distingué par une tribune dans le quotidien britannique Guardian où il a accusé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, de vouloir une sortie de la Grèce de la monnaie unique pour faire peur à la France et l'inciter à accepter "le modèle de discipline de la zone euro".

    source: http://fr.sputniknews.com/actualite/20150711/1016961874.html

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  • 8 000 manifestants à Athènes à l’appel du front syndical PAME

    Selon la police, plus de 8 000 manifestants se sont rassemblés contre le plan d’austérité proposée par A Tsipras, à l’appel des syndicats du PAME, proche des communistes, afin de rappeler que le non à l’austérité de dimanche ne pouvait être bafoué.  Des rassemblements massifs avaient lieu simultanément dans des dizaines d’autres villes grecques.

    sources: http://www.paraskhnio.gr/to-pame-stin-omonoia-foto/

    & http://www.tagesschau.de/newsticker/griechenland-1013.html

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  • 10 juillet 2015 : le PAME appelle à des manifestations massives en Grèce contre le nouveau mémorandum UE-Tsipras

    Après les annonces de Tsipras pour complaire à l’UE et pour rester dans l’euro, les syndicats grecs organisent la riposte populaire avec des manifestations en Grèce contre le nouveau memorandum.

    Le front syndical PAME appelle ce 10 juillet à des manifestations massives à travers toutes la Grèce contre le nouveau mémorandum proposé par Tsipras à l’Union Européenne qui prévoit le renforcement de l’austérité avec notamment une augmentation de la TVA et le recul de l’age de départ à la retraite, consacrant des mesures pourtant rejetées très largement il y a moins d’une semaine par la majorité du peuple grec.

    En violation du NON Grec du 5 juillet, dès le 9 juillet, il apparaît qu’il n’est pas possible de sortir de l’UE, sans sortir aussi de l’euro et du capitalisme. Le mensonge de la réorientation « sociale » de l’Union Européenne apparaît on ne peut plus clairement.

    Rappelons que pendant que Tsipras est contraint à nouveau de proposer un renforcement drastique de l’austérité et des mesures anti-populaire, Hollande en France, annonce pour répondre aux injonctions de la Commission Européenne un nouveau plan d’austérité de 4 milliards d’euros.

    Contre l’UE, contre l’euro, contre la dictature capitaliste, plus que jamais il faut faire Front !

    JBC pour www.initiative-communiste.fr – 10 juillet 2015

     

    L’appel à manifester du PAME – 10 juillet 2015

     

    Tous dans la rue contre le nouveau memorandum, Manifestations du PAME aujourd’hui

    La nuit dernière, le Gouvernement Grec des sociaux démocrates de SYRIZA et de l’extrême droite d’ANEL a annoncé les mesures du nouveau memorandum qu’ils ont soumis comme proposition à l’Union Européenne.

    la liste des mesures est un véritable apocalypse, un Armageddon contre le peuple et la classe des travailleurs.

    le PAME appelle à contre attaquer immédiatement avec des manifestations partout en Grèce AUJOURD’HUI

    Rompre avec l’Union Européenne et avec la voie de développement capitaliste est la seule façon pour les travailleurs de s’en sortir. Tous dans la rue !

    Nous avons le pouvoir. Nous pouvons renverser leurs mesures brutales.

    Manifestation du PAME à Athène place Omonoia à 19:00

    ++

    Non au nouveau memorandum de Syriza, Paiement de toutes les pensions maintenant!

    C’est avec une manifestations de militants devant le ministère des finances que les Syndicats de Retraités ont demandé ce 10 juillet le paiement immédiat de la totalité du montant de leur pension.

    En raison des derniers développement, avec la proposition du gouvernement SYRIZA d’un nouveau memorandum de nouvelles mesures d’austérité contre le peuple, les retraités dénoncent les nouvelles mesures contre les retraités, les travailleurs et le peuple et appellent à une participation massive aux manifestations organisées par le PAME contre le Nouveau Memorandum

    ++

    Déclaration de Dimitri Koutsoubas (KKE) – 10 juillet 2015

    Le fait que le débat de la nuit dernière est en effet inaceptable pour des procédures d’urgence au parlement, suggère que le gouvernement SYRIZA ne devrait pas cacher le fait que la totalité des autres partis politique – à l’exception du Parti Communiste (KKE) – ont également accepté d’autoriser M Tsipras à signer le « nouveau » Memorandum n°3 comportant des mesures brutales contre notre peuple.

    source: initiative communiste

     

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  • La trahison de Tsipras? -par Jacques SAPIR (10/07/2015)Par · 10 juillet 2015

    Les propositions soumises par Alexis Tsipras et son gouvernement dans la nuit de jeudi à vendredi ont provoqué la stupeur. Elle reprennent largement, mais non totalement, les propositions formulées par l’Eurogroupe le 26 juin. Elles sont largement perçues dans l’opinion internationale comme une « capitulation » du gouvernement Tsipras. La réaction très positive des marchés financiers ce vendredi matin est, à cet égard, un signe important.

     

    On sait par ailleurs qu’elles ont été en partie rédigées avec l’aide de hauts fonctionnaires français, même si cela est démenti par Bercy. Ces propositions résultent d’un intense travail de pressions tant sur la Grèce que sur l’Allemagne exercées par les Etats-Unis. La France a, ici, délibérément choisi le camp des Etats-Unis contre celui de l’Allemagne. Le gouvernement français n’a pas eu nécessairement tort de choisir d’affronter l’Allemagne sur ce dossier. Mais, il s’est engagé dans cette voie pour des raisons essentiellement idéologique. En fait, ce que veut par dessus tout M. François Hollande c’est « sauver l’Euro ». Il risque de voir très rapidement tout le prix qu’il a payé pour cela, et pour un résultat qui ne durera probablement que quelques mois. Car, ces propositions, si elles devaient être acceptées, ne règlent rien.

    Les termes de la proposition grecque

    Ces propositions sont donc proches de celles de l’Eurogroupe. On peut cependant noter certaines différences avec le texte du 26 juin, et en particulier la volonté de protéger les secteurs les plus fragiles de la société grecque : maintien du taux de TVA à 7% pour les produits de base, exemptions pour les îles les plus pauvres, maintien jusqu’en 2019 du système d’aide aux retraites les plus faibles. De ce point de vue, le gouvernement grec n’a effectivement pas cédé. De même, le gouvernement a inclus dans ce plan des mesures de luttes contre la fraude fiscale et la corruption, qui faisaient parties du programme initial de Syriza. Mais, il faut bien reconnaître qu’il s’est, pour le reste, largement aligné sur les demandes de l’Eurogroupe. Faut-il alors parler de capitulation comme le font certains ? La réponse est pourtant moins simple que ce qu’il paraît.

    En effet, le gouvernement grec insiste sur trois points : un reprofilage de la dette (à partir de 2022) aboutissant à la reporter dans le temps de manière à la rendre viable, l’accès à 53 milliards sur trois ans, et le déblocage d’un plan d’investissement, dit « plan Juncker ». Mais, ce « plan » inclut largement des sommes prévues – mais non versées – par l’Union européenne au titre des fonds structurels. Surtout, le gouvernement grec insiste sur un engagement contraignant à l’ouverture de négociations sur la dette dès le mois d’octobre. Or, on rappelle que c’était justement l’une des choses qui avaient été refusées par l’Eurogroupe, conduisant à la rupture des négociations et à la décision d’Alexis Tsipras de convoquer un référendum.

    De fait, les propositions transmises par le gouvernement grec, si elles font incontestablement un pas vers les créanciers, maintiennent une partie des exigences formulées précédemment. C’est pourquoi il est encore trop tôt de parler de capitulation. Une interprétation possible de ces propositions est qu’elles ont pour fonction de mettre l’Allemagne, et avec elle les autres pays partisans d’une expulsion de la Grèce de la zone Euro, au pied du mur. On sait que les Etats-Unis, inquiets des conséquences d’un « Grexit » sur l’avenir de la zone Euro, ont mis tout leur poids dans la balance pour amener Mme Merkel à des concessions importantes. Que l’Allemagne fasse preuve d’intransigeance et c’est elle qui portera la responsabilité du « Grexit ». Qu’elle se décide à céder, et elle ne pourra plus refuser au Portugal, à l’Espagne, voire à l’Italie, ce qu’elle a concédé à la Grèce. On peut alors considérer que ce plan est une nouvelle démonstration du sens tactique inné d’Alexis Tsipras. Mais, ces propositions présentent aussi un grave problème au gouvernement grec.

    Le dilemme du gouvernement grec

    Le problème auquel le gouvernement Tsipras est confronté aujourd’hui est double : politique et économique. Politiquement, vouloir faire comme si le référendum n’avait pas eu lieu, comme si le « non » n’avait pas été largement, et même massivement, majoritaire, ne sera pas possible sans dommages politiques importants. Le Ministre des finances démissionnaire, M. Yannis Varoufakis, a d’ailleurs critiqué des aspects de ces propositions. Plus profondément, ces propositions ne peuvent pas ne pas troubler non seulement les militants de Syriza, et en particulier la gauche de ce parti, mais aussi, et au-delà, l’ensemble des électeurs qui s’étaient mobilisés pour soutenir le gouvernement et Alexis Tsipras. Ce dernier prend donc le risque de provoquer une immense déception. Celle-ci le laisserait en réalité sans défense faces aux différentes manœuvres tant parlementaires qu’extra-parlementaires dont on peut imaginer que ses adversaires politiques ne se priveront pas. Or, la volonté des institutions européennes de provoquer un changement de gouvernement, ce qu’avait dit crûment le Président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz, n’a pas changé. Hier, jeudi, Jean-Claude Juncker recevait les dirigeants de la Nouvelle Démocratie (centre-droit) et de To Potami (centre-gauche). Privé d’un large soutien dans la société, ayant lourdement déçu l’aile gauche de son parti, aile gauche qui représente plus de 40% de Syriza, Tsipras sera désormais très vulnérable. Au minimum, il aura cassé la logique de mobilisation populaire qui s’était manifestée lors du référendum du 5 juillet et pendant la campagne. Il faut ici rappeler que les résultats de ce référendum ont montré une véritable mobilisation allant bien au-delà de l’électorat de Syriza et de l’ANEL, les deux partis du gouvernement. Cela aura, bien entendu des conséquences. Si les députés de la gauche de Syriza vont très probablement voter ces propositions au Parlement, il est néanmoins clair que les extrêmes, le KKE (les communistes néostaliniens) et le parti d’Extrême-Droite « Aube Dorée », vont pouvoir tirer profit de la déception que va susciter ces propositions.

    Au-delà, la question de la viabilité de l’économie grecque reste posée, car ces propositions n’apportent aucune solution au problème de fond qui est posé. Certes, cette question de la viabilité sera posée dans des termes moins immédiatement dramatiques qu’aujourd’hui si un accord est conclu. La crise de liquidité pourra être jugulée sans recourir aux mesures radicales que l’on a évoquées dans ces carnet. Les banques, à nouveau alimentée par la BCE, pourront reprendre leurs opérations. Mais, rien ne sera réglé. Olivier Blanchard, l’ancien économiste en chef du Fond Monétaire International signale que les pronostics très négatifs réalisés par son organisation sont probablement en-deçà de la réalité. Après cinq années d’austérité qui l’ont saigné à blanc, l’économie grecque a désespérément besoin de souffler. Cela aurait pu passer par des investissements, une baisse de la pression fiscale, bref par moins d’austérité. Ce n’est pas le chemin vers lequel on se dirige. Cela aurait pu aussi passer par une sortie, et non une expulsion, hors de la zone Euro qui, en permettant à l’économie grecque de déprécier sa monnaie de -20% à -25%, lui aurait redonné sa compétitivité. On ne fera, à l’évidence, ni l’un ni l’autre. Dès lors, il faut s’interroger sur les conditions d’application des propositions soumises par la Grèce à ses créanciers. Même en admettant qu’un accord soit trouvé, la détérioration de la situation économique induite par l’action de la Banque Centrale Européenne, que M. Varoufakis a qualifiée de « terroriste », venant après cinq années d’austérité risque de rendre caduques ces propositions d’ici à quelques mois. Une chute des recettes de la TVA est aujourd’hui prévisible. Une nouvelle négociation sera donc nécessaire. En ce sens, ces propositions ne règlent rien.

    L’Euro c’est l’austérité

    Il faut, alors, s’interroger sur le sens profond de ces propositions. Si elles sont tactiquement défendables, elles correspondent très probablement à une erreur de stratégie. Alexis Tsipras a déclaré ce vendredi matin, devant le groupe parlementaire de Syriza, qu’il n’avait pas reçu mandat du peuple grec pour sortir de l’Euro. Le fait est aujourd’hui débattable, surtout après l’écrasante victoire du « non » au référendum. Il est clair que telle n’était pas l’intention initiale du gouvernement, et ne correspondait pas au programme sur lequel il avait été élu. Mais, on peut penser que mis devant l’alternative, refuser l’austérité ou refuser l’Euro, la population grecque est en train d’évoluer rapidement. En fait, on observe une radicalisation dans les positions de la population, ou du moins c’est ce qui était observée jusqu’à ces propositions. Les jours qui viennent indiqueront si cette radicalisation se poursuit ou si elle a été cassée par ce qu’a fait le gouvernement.

    En réalité, ce que l’on perçoit de manière de plus en plus claire, et c’est d’ailleurs l’analyse qui est défendue par l’aile gauche de Syriza et un économiste comme Costas Lapavitsas[1], c’est que le cadre de l’Euro impose les politiques d’austérité. Si Tsipras a cru sincèrement qu’il pourrait changer cela, il doit reconnaître aujourd’hui qu’il a échoué. L’austérité restera la politique de la zone Euro. Il n’y aura pas « d’autre Euro », et cette leçon s’applique aussi à ceux qui, en France, défendent cette fadaise. Dès lors il faut poser clairement le problème d’une sortie de l’Euro, qu’il s’agisse d’ailleurs de la Grèce ou de nombreux autres pays.

    [1] Voir son interview, http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=14181

     

    source: http://russeurope.hypotheses.org/4080

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