Barnenez, le plus vieux monument du monde

Classé monument national, le cairn de Barnenez, à Plouézoc’h (Finistère), est impressionnant. Face à la mer, ce monument funéraire de 75 mètres de long sur 28 mètres de large aurait été construit à partir de 4 500 ans avant J.-C. Devenu carrière de pierre dans les années 1950, il a pu être sauvé in extremis. À l’intérieur, onze chambres funéraires, des pierres gravées et même des traces de peinture sur les roches.

Monument visitable du mardi au dimanche, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h.

Le cairn de Barnenez, situé sur la presqu’île de Kernéléhen, à Plouezoc’h.

L’île de Guénioc, plongée dans le passé

Pour Florian Cousseau, qui a participé aux fouilles sur l’île, c’est le meilleur endroit pour se rendre compte ce qu’était un cairn ». Quatre cairns s’y dressent, renfermant une quinzaine de dolmens. Le chercheur explique : Un dolmen, c’est le reste d’un cairn qui s’est dégradé. Ce qui demeure, ce sont les gros blocs difficilement déplaçables. C’est une image très actuelle : les hommes du Néolithique n’ont pas vu ça. Il y a 6 000 ans, les dolmens étaient recouverts de pierres (les cairns) ou de terre (les tumulus).

Une exposition autour de ces monuments sera organisée à Landéda à l’automne. En attendant, les cairns sont visibles depuis la presqu’île Sainte-Marguerite. Et l’île est accessible à pied, à marée basse. Florian Cousseau conseille de prolonger la balade en passant voir les menhirs de Kergadiou, à Plourin et Kerloas, à Plouarzel, parmi les plus grands de Bretagne.

À Camaret-sur-Mer, un mini-Carnac

Proches de la plage du Toulinguet, les alignements de Lagatjar comptent aujourd’hui une centaine de menhirs. On estime qu’il a pu y en avoir au moins 600 à l’époque de leur mise en place, vers 2 500 avant J.-C. Contrairement aux dolmens, les menhirs (de men : pierre et hir : long, en breton) ne sont pas forcément des monuments funéraires.Les menhirs sont liés à des cérémonies, explique le préhistorien Florian Cousseau. Il y a de multiples raisons d’en dresser : geste politique, marquage du territoire, attribution d’un pouvoir…

Les alignements de Lagatjar, à Camaret-Sur-Mer, comptent une centaine de menhirs

Au rocher de l’impératrice, Lascaux sur tablettes

Dans le bois de Kérérault, à Plougastel- Daoulas, le rocher de l’impératrice surplombe la rade de Brest. Un peu en dessous, une grotte est fouillée depuis 2013. Elle a été occupée à la fin du Paléolithique par des groupes de chasseurs. On y a trouvé une cinquantaine de plaquettes de schistes gravées de motifs géométriques, de représentation de chevaux ou d’aurochs (espèce disparue de bovidé) datant de 14 000 ans avant notre ère.

Aujourd’hui, on peut faire une balade autour du site (dont l’accès est interdit par des clôtures) dans un environnement boisé et profiter de la vue sur la rade. Mais à l’époque des chasseurs préhistoriques, le niveau de la mer était 100 mètres plus bas. La côte se situait à la hauteur de l’archipel de Molène. En bas, l’actuelle rade de Brest était une vaste steppe parsemée de buissons.

Une nouvelle découverte à côté de Carhaix

C’est seulement l’an dernier que des fouilles ont commencé sur la butte de Goasseac’h, près de Carhaix. Aucune grande pierre ne sortait. C’est pour ça que ça n’a jamais trop attiré l’attention jusqu’ici », raconte Florian Cousseau, également chercheur à l’université de Genève et l’Unité mixte de recherche (UMR) 6 566 du centre national de la recherche scientifique (CNRS), à Rennes 1, en charge des fouilles. Un cairn de 90 mètres de long est caché sous la butte de terre. C’est la première fois qu’on trouve un monument aussi grand dans le Centre-Bretagne », apprécie le chercheur.

Des visites guidées sont organisées les mardis 11 et 18 et les jeudis 13 et 20 août, à 15 h 30 et le samedi 22 août à 10 h 30. D’une durée de deux heures, elles partent de Vorgium, à Carhaix. Tarif : 4,50 €.

Samedi 15 août, la butte de Goasseac’h offre une journée portes ouvertes dans le cadre des Rencontres préhistoriques de Bretagne. Au programme, de 10 h à 19 h : visites flashs avec les archéologues et animations autour du Néolithique (polissage de haches de pierres, façonnage de céramique, tiré de menhir, construction d’un mini-cairn…). Entrée libre.

Des fouilles ont lieu ce mois d’août 2020, sur la butte de Goasseac’h, près de Carhaix. 

Menez-Dregan, les plus anciennes traces de feu

Menez-Dregan, ce sont trois sites préhistoriques en un seul lieu à Plouhinec. La grotte le long de la falaise a été occupée il y a plus de 465 000 ans. Elle a livré parmi les plus anciennes traces de foyers en Europe. Une équipe d’archéologues s’y affaire en ce moment. La grotte n’est pas accessible au public, mais on peut emprunter le chemin qui la surplombe. Au-dessus, on découvre deux sites néolithiques, les dolmens de la pointe du Souc’h et l’allée couverte de Pors Poulhan. Un petit centre d’interprétation est complément précieux à la visite. À l’intérieur : dessins et explications sur la vie quotidienne il y a 400 000 ans, crânes des différentes espèces humaines qui ont pu se succéder et film sur les fouilles en cours depuis 30 ans.

Lundi, profitez des ateliers proposés dans le cadre des Rencontres préhistoriques de Bretagne : fabrication de parures préhistoriques, peinture à l’ocre et au charbon, initiation à l’allumage du feu… Inscriptions et restauration sur place. De 11 h à 17 h 30. Tarifs : 4,50 €, gratuit moins de 7 ans.

Des archéologues fouillent à Menez-Dregan et à Goasseac’h ce mois-ci. Respectez les horaires des visites guidées proposés afin de ne pas interrompre leur travail, déjà compliqué par les mesures sanitaires.

Aurore TOULON.

source: https://www.ouest-france.fr/