• Fonction publique-Brest:« Seule la grogne marche » (LT.fr-23/05/2018-8h07)

    Fonction publique-Brest:« Seule la grogne marche »  (LT.fr-23/05/2018-8h07)

    Ils étaient à nouveau entre 3 et 4.000, selon les estimations, à défiler pour défendre la Fonction publique, mardi. Une mobilisation équivalente à celle du 22 mars dernier, et qui pourrait se prolonger ce samedi, lors de l'opération « Marée populaire ».

    Une première depuis huit ans. Jamais, depuis 2010, le front syndical n'avait été si largement uni pour appeler à manifester pour la défense du Service public. À Brest, l'intersyndicale départementale CFDT, Cfe-Cgc, CFTC, CGT, Fsu et Solidaires fait donc tourner le micro à l'heure d'exposer ses griefs contre l'actuel gouvernement : rejet du projet de suppression de 120.000 emplois et d'un recours accru à la précarité, désaccord sur la remise en cause du paritarisme et exigence de mesures permettant une réelle amélioration du pouvoir d'achat pour tous les agents publics. Dans le cortège, plus que le gel du point d'indice ou la journée de carence, ce sont bien les conditions de travail et la considération des fonctionnaires qui reviennent en boucle. « Ce gouvernement nous est clairement hostile. Nous sommes montrés du doigt comme une catégorie bénéficiant de trop d'acquis, sans prendre en compte toute la dimension de nos missions », appuie par exemple Laëtitia, Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles) à Brest. « Ils ne sont pas les premiers à nous taper dessus. Mais on a l'impression que ça s'accélère », prolonge Kristen. La jeune enseignante du secondaire se lance dans un inventaire à la Prévert, à l'heure de justifier sa présence : « ParcourSup, manque de postes et de moyens pour les projets, précarisation des emplois, attaques contre le statut... C'est le droit à une éducation de qualité pour tous qui est menacé ! », résume-t-elle, assurant être prête à une mobilisation au long court pour y répondre.

    « C'est nous qui ramassons »

    « C'est triste à dire, mais il n'y a que la grogne qui marche dans ce pays », souffle Yann, contrôleur pour l'aviation civile. « Chez nous, le nombre d'agents baisse depuis dix ans, alors que le nombre d'avions augmente ! Alors on fait preuve de souplesse pour pallier les manques d'effectifs mais ça devient une usine à gaz à organiser. Et dès qu'il y a un grain de sable, un avion en retard, c'est nous qui ramassons. Ce n'est pas l'instauration de primes ou d'intéressement qui va régler le problème, au contraire ». Éducation, santé, enfance, finances publiques, défense, Poste, transport... À peu près tout ce que l'État et les territoires comptent de services publics était représenté mardi, comme une photographie d'un ras-le-bol général. « A priori, les politiques entendent notre souffrance, mais n'apportent rien de concret pour y répondre. Alors il faut maintenir la pression », illustre Loïc, infirmier au CHRU de Brest, « impatient » de découvrir le train de mesures qui doit être annoncé, d'ici l'été, pour l'hôpital. À l'heure de voir le cortège se disperser, les organisations syndicales pouvaient souffler. Programmé au coeur d'un mois de mai ponctué de jours fériés et de ponts, ce rendez-vous n'était pas sans risques. Avec une mobilisation stable par rapport à celle du 22 mars dernier, elles pouvaient parler mardi de « succès ». Reste que le rythme de ces actions pose question. « Ces dates sont trop espacées pour que la mobilisation porte réellement. Il va falloir se poser la question de la reconduction des journées de grève », plaidait ainsi, pour Solidaires, Olivier Cuzon. « Bien sûr que cette journée ne suffira pas. Il faut se saisir de toutes les initiatives, notamment samedi prochain, lors de la Marée populaire », prolongeait Olivier Le Pichon (CGT).

     
    en complément
     
     
    Orientation : le personnel dans l'incertitude
     
    « Nous ne faisons pas que donner les informations que l'on trouve, globalement, sur Internet. Nous orientons les élèves dans leurs incertitudes ». Le personnel du Centre d'information et d'orientation (CIO) doit s'appliquer à lui-même cette expertise, en ce moment, avec le projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Qui pourrait provoquer la fermeture de ces centres. Les régions reprendraient ces missions, pas forcément toutes de la même façon, selon les budgets et les partenariats. Et le flou demeure sur divers points.

    « De plus en plus d'aide à la décision »

    Le centre de Brest-Landerneau (qui couvre un secteur allant de Pont-de-Buis à la côte nord, et Crozon à l'ouest) compte 18 psychologues de l'Éducation nationale chargés de l'orientation et cinq membres du personnel administratif (dont la directrice). Il a déménagé du centre-ville de Brest vers la zone de Kergonan, rue Hubertine-Auclert et les locaux de Landerneau ont fermé il y a trois ans. En 2016-2017, outre les rendez-vous dans les établissements scolaires publics, 1.307 scolaires du public, 816 du privé et 1.037 non scolaires y ont été reçus. De plus en plus de parents, d'ailleurs, se rendent sur place, dans ce lieu neutre par rapport à l'établissement scolaire. Par ailleurs, des services privés se développent. « Nous rendons gratuitement les mêmes services », soulignent les membres du CIO. « Et dans ces officines, certains travaillent bien mais d'autres font du coaching et sans être au point sur le contenu. Et nous faisons de l'accompagnement, de plus en plus d'aide à la prise de décision ». Les psychologues de l'Éducation nationale seraient amenés à se rapprocher administrativement des établissements scolaires. Le personnel administratif serait sans doute reclassé. « Mais nous ne pourrions plus nous regrouper les uns les autres comme nous le faisons ici, dans nos locaux, tous les quinze jours environ, pour une veille documentaire, comme sur Parcoursup par exemple ou pour des études de cas particuliers ». Ce mardi, le centre était fermé et le personnel a participé à la manifestation en ville, tee-shirts « Touche pas à nos CIO » sur le dos.

    Harteloire : le lycée bloqué mardi matin
     
    Dès 7 h du matin, mardi, une cinquantaine d'étudiants et de lycéens ont bloqué l'accès au lycée de l'Harteloire, dont les cours ont été annulés en matinée. Ils protestaient ainsi contre le dispositif Parcoursup, jugé comme une forme « de sélection déguisée et élitiste » pour l'accès aux études universitaires. Lycéens et étudiants ont ensuite rejoint la manifestation à 11 h. N'hésitant pas à courir pour prendre la tête du cortège et ne cachant pas, pour certains, une certaine défiance vis-à-vis des organisations syndicales. Même si on les a vus, à plusieurs reprises, devoir se retourner vers ces mêmes syndicats pour s'informer du parcours à suivre...
     
    Défense : le député Larsonneur interpellé
     
    La CGT et FO Défense ont interpellé Jean-Charles Larsonneur, député (LREM) de Brest-ville, au pied de sa permanence mardi matin, avant le départ de la manifestation. L'élu a accepté d'engager un dialogue avec les syndicats qui l'ont notamment interpellé sur l'entretien repoussé de l'hélicoptère NH 90, les restructurations de l'Hôpital d'instruction des Armées, les suppressions de postes dans les services de soutiens aux bases militaires ou encore le plan de charge de Naval Group et son rapprochement annoncé avec Fincantieri. « On lui a remis une motion sur l'activité de Naval Group à Brest, mais on n'a pas eu le temps d'entrer dans le détail des dossiers. On a donc convenu de le rencontrer rapidement en délégation », commentait Roland Guilcher (CGT).
     
    Front syndical : quand FO se distingue
     
    Alors que c'est une intersyndicale historiquement large qui appelait à la manifestation mardi, le front unitaire s'est lézardé dans le Finistère. FO (Force ouvrière) avait décidé de lancer son propre mot d'ordre pour cette journée de mobilisation, en élargissant l'appel au secteur privé. Une position très moyennement appréciée par les autres syndicats qui évoquaient, en off, une manoeuvre en vue des élections professionnelles de fin d'année. En tout cas, l'intersyndicale n'a pas attendu la fin de la prise de parole de FO pour lancer le cortège, mardi matin, preuve d'un certain agacement sur la question.
     
    Pierre CHAPIN
     
    « Grève des fonctionnaires : plus de 3 000 manifestants à Brest (OF.fr-22/05/2018-16h12)Manifestation à Quimper. Quelques idées reçues sur les fonctionnaires (OF.fr-22/05/2018-17h58) »
    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    Tags Tags :
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :