• Guingamp-Elle aimait la liberté : Denise Le Graët-Le Flohic, grande résistante, est décédée (OF.fr-12/05/22-1847)

    Elle aimait la liberté : Denise Le Graët-Le Flohic, grande résistante, est décédée  (OF.fr-12/05/22-1847)La résistante Denise Le Flohic-Le Graët a passé une année en déportation, en Allemagne. Des collégiens de Guingamp ont été récompensés pour le court-métrage qu’ils lui ont consacré.

    Résistante à 20 ans, emprisonnée, torturée, puis déportée, Denise Le Graët Le Flohic, née à Bourbriac (Côtes-d’Armor) avait survécu au pire, et œuvrait pour le devoir de mémoire. Elle est décédée ce mercredi 11 mai 2022, à Saint-Agathon.

    Une femme d’un grand courage vient de s’éteindre : Denise Le Flohic, née Le Graët, est décédée ce mercredi 11 mai 2022, à l’âge de 99 ans, à la résidence Beau-Chêne, à Saint-Agathon. dans les Côtes-d’Armor.

    Œuvrant pour l’indispensable devoir de mémoire de la guerre et de la déportation, elle avait déclaré, en 2018, devant des élèves du lycée Jules-Verne de Guingamp : Je me suis engagée dans la Résistance parce que j’aimais la liberté et nous ne l’avions plus.

    Résistante à 20 ans

    Née le 5 janvier 1923, dans une famille de quatre enfants, fille de cafetiers de la place du Centre de Bourbriac, elle entre dans la Résistance en 1943. Recrutée par Jean Devienne comme agent de liaison, elle distribue le journal clandestin Le Patriote résistant, transmet des messages, confectionne de fausses cartes pour les réfractaires du STO (service du travail obligatoire), fournit des armes aux francs-tireurs et partisans.

    À 20 ans, Denise Le Flohic avait intégré les rangs de la Résistance, à Bourbriac, près de Guingamp. 

    Battue, torturée, menacée

    En mai 1944, les Allemands envahissent le bourg, de Bourbriac. Ils frappent au store du café et l’emmènent. Elle a été dénoncée, avec d’autres résistants : « La nuit tombante, ils nous ont interrogés, racontait-elle en 2015, à Ouest-France. Nous avons passé la nuit assis sur une chaise, alignés face à un mur. Le lendemain, j’ai été amenée à la Gestapo, à Guingamp. J’ai été menacée, j’ai été battue. On me demandait le nom de mon chef dans la Résistance. Je n’ai rien dit ».

    En convoi de déportés

    Denise est enfermée dix jours à la prison de Guingamp. Ils m’ont envoyée ensuite à celle de Saint-Brieuc. Il y avait un lit en ciment, sur les murs maculés de sang étaient inscrits les adieux de ceux qui étaient passés par là​. Elle y sera torturée.

    En 2018, Denise Le Flohic était venue témoigner de son histoire, devant les élèves du lycée Jules-Verne (ici avec le proviseur d’alors, Hervé Touron (de dos), et le président des Amis du Patrimoine de Guingamp, Jean-Paul Rolland. 

    Convoyée puis emprisonnée à Rennes, à la prison Jacques-Cartier, Denise Le Graët-Le Flohic est embarquée, en urgence, dans un train pour une destination qu’elle ignore alors. Il s’agit du dernier convoi de déportés à quitter Rennes, le 3 août 1944 : Nous avons roulé pendant dix jours, entassés dans des wagons à bestiaux​.

    Elle découvre le camp de Ravensbrück (Allemagne). « C’était sinistre, ça sentait la mort partout. On voyait la fumée qui sortait des cheminées, décrit la Résistante, en 2011. J’ai un caractère très fort, je disais toujours que je reviendrai dans ma famille. Cela m’a aidée à survivre. »

    Pour elle, ce sera le matricule 69845 et, comme les autres déportés, les coups, les brimades, les humiliations, la sous-nutrition. 92 000 femmes y périront.

    La marche de la mort

    Le 17 avril 1945, elle est transférée au camp de concentration d’Oranienbourg-Sachsenhausen (Allemagne) : Quelques jours plus tard, les Allemands nous ont rassemblées. Face à l’arrivée des Alliés, on partait pour la Marche de la mort : 400 km en dix jours. On mangeait des racines, on buvait l’eau croupie des mares. Je marchais avec des godillots beaucoup trop grands pour moi, je n’avais plus de peau sous les pieds, décrit Denise Le Graët-Le Flohic en 2015. ​C’était marche ou crève​.

    Seulement 37 kg à son retour

    Le 15 mai 1945, la résistante retrouve la France. Quelques jours plus tard, j’arrivais enfin à Bourbriac. Je ne pesais plus que 37 kg, ma peau était jaune, mes yeux exorbités. Au retour, je n’ai pas réussi à sourire pendant un mois. Et de ce qu’on avait vu dans les camps, on n’en parlait pas.

    Elle retrouve les terres de son enfance, se marie, et donne naissance à ses deux filles, Martine, en 1949, puis Françoise, en 1958. Elle était très diminuée lorsqu’elle est revenue, témoigne son aînée, Martine Le Flohic. Elle avait le scorbut. Elle a failli perdre la vie lors de ma naissance.

    La résistante Denise Le Flohic-Le Graët, à 96 ans, entourée de ses proches, dont ses deux filles, Martine et Françoise, et son gendre, Guy Stéphan, a reçu l’insigne de commandeur dans l’Ordre national du Mérite. 

    Après un passage à Landerneau, Denise Le Graët- Le Flohic est revenue s’installer à Ploumagoar, au tout début des années 60. Elle y a vécu avec son mari dans la maison familiale, avant d’intégrer la résidence Beau-Chêne, il y a huit ans, à Saint-Agathon, où elle s’est éteinte à 99 ans, ce 11 mai 2022, dans l’après-midi.

    Toute la vie de Denise Le Flohic aura été marquée par les épreuves vécues durant la guerre 39-45. 

    « Une fonceuse, tenace, volontaire »

    Interrogées sur le caractère de leur mère, ses deux filles Martine Le Flohic et Françoise Stéphan évoquent une femme d’un fort caractère, que l’on ne faisait pas changer d’avis. Une fonceuse, une femme énergique, courageuse, pugnace, tenace, volontaire​.

    Généreuse, elle aimait également beaucoup la cuisine et la couture. Extrêmement marquée par les épreuves de sa jeunesse, elle en témoignait à chaque fois que je la voyais​, indique Martine, très admirative. Elle a pris des risques dans la Résistance, et elle a eu du cran. Quand aux camps, tellement peu en sont revenus. Pour en revenir, il lui a fallu un mental très fort​.

    Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait présidé une cérémonie en l’honneur de Denise Le Flohic – Le Graët, et lui avait remis l’insigne de commandeur dans l’ordre national du mérite, en mai 2019. 

    Pour son parcours hors norme et l’immense courage dont elle a fait preuve dans la Résistance, puis dans les camps, ainsi que pour ses témoignages œuvrant au devoir de mémoire, Denise Le Graët Le Flohic a été décorée à de multiples reprises : croix de guerre avec palmes, croix de combattant volontaire de la Résistance, médaille de la reconnaissance française, médaille d’honneur du Sénat, légion d’honneur…

    Le 26 mai 2019, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, était venu à Saint-Agathon remettre à Denise Le Graët-Le Flohic l’insigne de commandeur dans l’Ordre national du mérite.

    Pour le maire de Ploumagoar, Yannick Echevest, qui était allé la voir le 22 avril dernier : C’est une grande perte pour la commune, dont une rue porte son nom. On ne peut qu’être admiratif devant le courage de Denise Le Graët Le Flohic ».

    En 2015, dans Ouest-France, elle avait évoqué l’importance du devoir de mémoire et du témoignage de ceux qui ont vécu l’horreur : Je n’en parle que depuis quelques années. C’est important. Qui le fera quand nous ne serons plus là ?

    Les obsèques de Denise Le Flohic née Le Graët seront célébrées lundi 16 mai 2022, à 14 h 30, en l’église de Ploumagoar, suivies de l’inhumation dans le caveau familial, au cimetière de la commune.

     

    Fabrice BERNAY

    source: https://www.ouest-france.fr/

     

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