• Il y a 80 ans, Brest tombait aux mains des Allemands (LT.fr-19/06/20-7h01)

    Prisonniers français (Dépêche 18 juillet 1940) château de Brest Des prisonniers français au château de Brest (La Dépêche du 18 juillet 1940).

     
    Au lendemain de l’appel du Général de Gaulle, Brest tombait aux mains des Allemands, prise par l’ennemi pour la première et unique fois de son histoire. Il y a quelques mois, l’historien brestois Olivier Polard a mis la main, totalement par hasard, sur plusieurs dizaines de photographies prises au cours des semaines ayant suivi ce 19 juin 1940. Il raconte.
     
    D’où proviennent ces photos ?

    « Du fonds de l’historien brestois Jean Le Goualc’h (décédé en 2010). Je connais bien son fils, Alain, et j’avais rencontré sa mère pour un projet sur la Seconde Guerre mondiale. Elle m’avait donné accès aux très nombreuses archives de son mari. C’est comme ça que j’ai retrouvé le témoignage de Stéphane Massé (cœur du livre d’Olivier Polard et de Gildas Priol, « Les Brestois dans la guerre »). J’avais alors dit à Alain que ce serait bien que les archives de son père ne se perdent pas, et qu’un jour les archives municipales puissent les récupérer. À la mort de sa mère, il y a quelques mois, il m’a invité à venir faire le tri dans ces documents et objets divers. Parmi tout ça se trouvait une enveloppe avec 120 négatifs originaux datant de la Seconde Guerre mondiale, dont 70 correspondent à l’arrivée des Allemands. Quand j’ai vu ça, j’ai eu l’impression de trouver un trésor. Je les ai ensuite confiées aux archives municipales, qui les ont scannées ».

    Sait-on qui les a prises ?

    « Il s’avère que c’est un journaliste de La Dépêche (devenu le Télégramme en 1944). D’après mes recherches, et sans pouvoir l’affirmer à 100 %, il doit s’agir de Joël Brannelec. Un gars au parcours assez incroyable, arrivé à la Dépêche en 1938 en tant que photographe. C’est lui qui avait demandé à couvrir l’arrivée des Allemands à Brest, pour montrer comment ça se passait pour les prisonniers au château et pour rassurer la population aussi. En consultant les archives de la Dépêche, j’ai pu retrouver plusieurs articles de presse - non signés - correspondant aux photos de l’enveloppe. Je n’ai en revanche aucune idée de comment elles se sont retrouvées en possession de Jean Le Goualc’h ».

     
     
    À quelle période correspondent ces documents ?

    « Les 70 photos en question ont été prises dans un laps de temps assez court, entre juin et juillet 1940. Le 18 juin, au moment de l’appel du Général de Gaulle, les Allemands sont aux portes de Brest. Quelques petits points de résistance se trouvent sur leur route et ça canarde un peu. Parce que si Brest est une ville ouverte, selon le cessez-le-feu signé par Pétain, elle reste une place forte qui ne peut pas se rendre comme ça. Mais les gars qui cherchent à freiner la progression des Allemands ont trois camions et une mitrailleuse : autant dire que l’armée en face n’a pas eu trop de mal à prendre la ville… ».

    Que montrent ces photos ?

    « Des soldats allemands dans Brest, des prisonniers au Château - avant leur transfert dans les stalags allemands - ou au camp de Pontanézen. Des troupes hétéroclites, composées de marins, de soldats, de coloniaux, de gamins comme de vieux. C’étaient des troupes de réserve, peu aguerries, qui ont tenu Brest jusqu’à la démobilisation. On peut lire sur les visages de l’abattement mais du soulagement aussi. Il y a des photos d’ambiance assez fortes, des scènes de vie comme quand la population s’agglutine devant les locaux de la Dépêche (place Wilson, où se trouve aujourd’hui la rédaction du Télégramme) pour regarder les dernières nouvelles, ou toutes celles montrant les sabotages commis dans l’arsenal par les artificiers anglais qui, avant de partir, ont fait sauter tout ce qu’ils pouvaient, des bateaux, des sous-marins… Les Allemands vont mettre plusieurs mois avant de pouvoir réutiliser l’arsenal ».

    Pratique-Dans le prochain numéro des Cahiers de l’Iroise (à paraître à la rentrée et consacré à la période 1939-1941), Olivier Polard signe un article revenant sur ce 19 juin 1940 dans la cité du Ponant et intitulé « Le Jour où Brest tomba ».
     

    Thierry Dilasser

     
    Des prisonniers français au château de Brest (La Dépêche du 18 juillet 1940)
     
    Soldats français prisonniers à Brest chasseur alpins au château de Brest (Dépêche 5 juillet 40)
     
    Soldats français prisonniers à Brest chasseur alpins au château de Brest (Dépêche 5 juillet 40)
     
    Vers les Quatre Pompes, à Brest (Dépêche 30 juin 1940)
    Vers les Quatre Pompes, à Brest (La Dépêche du 30 juin 1940)
     
     
     
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