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    Por Gustavo Espinoza M.

    Ceux qui pensent que le départ d'Hector Béjar de la chancellerie résoudra la crise politique se trompent complètement. Elle ne s’achève pas ici, ici elle commence.

    La mafia, vaincue pour l’instant, passera à l’offensive avec l’arrogance que nous lui connaissons tous et cherchera à tout détruire. Dans l’immédiat, elle exigera le départ d’autres ministres, ensuite,  le changement de cabinet ou sa censure, ensuite la rectification des changements de direction du Gouvernement. Enfin elle cherchera à renverser Pedro Castillo.

    Ce n’est pas une prémonition ni un mauvais augure. C’est simplement la logique politique et dans ce cas, elle est marquée par le comportement des forces agissantes dont le pays connaît les antécédents. Voyons certains des éléments qui doivent être pris en compte.

    Les déclarations remises en question

    Tout d’abord il faut signaler que le ministre des relations extérieures remis en question par le haut commandement naval n’a fait aucune déclaration qui aurait pu porter atteinte à la marina ou à qui que ce soit. 

    La déclaration qui a provoqué l’indignation des militaires a été faite non par le ministre mais par le professeur d’université et analyste politique, bien longtemps avant qu’il ne soit chancelier, alors qu’il analysait l’ensemble de la situation du pays dans le cadre d’une interprétation de faits qui se sont produits et de leurs conséquences.

    Si cela peut être utilisé comme outil politique, il faudrait se demander pourquoi on ne s’en est pas servi ainsi que d’autres arguments proches quand Alan Garcia a fait l’éloge du « mysticisme » des membres du Sentier Lumineux et Armando Villanueva a fait l'loge d’Edith Lagos ?

    Pourquoi ce qu'a dit Hector Béjar est-il une horreur et le fait que Fujimori ait « négocié  » avec Abimael Guzman, par personne interposée, pour obtenir une « reddition » discutable, ne l’est pas ?

    Ce qui se passe, c’est qu’ils utilisent à présent cet argument pour obtenir la chute d’un ministre qui a proposé une politique étrangère autonome, indépendante et souveraine, différente de celle que la mafia proposait pendant la campagne électorale, c’est-à-dire, une autre, soumise au dictats de l’empire et aux intérêts de l’extrême droite péruvienne et  étrangère.

    Ils renversent Hector Béjart parce qu’il a annoncé le départ du pays du Groupe de Lima discrédité et  obsolète, parce qu’il a annoncé le rétablissement des relations avec le Gouvernement constitutionnel du Venezuela, parce qu’il s’est déclaré ami de Cuba, parce qu’il a rejeté la politique de blocus, de menaces et d’ingérence étrangère comme celle qu’utilise le Gouvernement des États-Unis pour châtier les peuples. C'est cela, la cause de la furieuse offensive déchaînée par la réaction grâce à ses différents porte-parole.

    Les « déclarations » n'ont été que le prétexte utilisé pour unir les volontés sous l'en-tête du soi-disant patriotisme. Les marins se sont déclarés « héritiers » de Grau, comme si l'amiral avait approuvé une fois une politique opposée.

    La politique étrangère et le Président

    Il faut rappeler que, selon l’article 118 de la Constitution en vigueur, § 11, diriger la politique étrangère de l’État est une attribution du président de la république. Ce n’est pas le rôle du chancelier. Le chef de l’État nomme un ministre pour qu’il exécute les dispositions qu’il prend en la matière mais celui qui décide, c’est lui.

    C’est pourquoi le chancelier ne peut pas être « interpelé ». Au mieux il peut être invité à la commission des relations étrangères du Congrès pour qu’il « informe » sur le déroulement de la politique étrangère que le président de la république a décidé de mettre en œuvre. 

    En d’autres termes, le Congrès pourrait interpeller tous les ministres sauf le chancelier. C’est le président qui devrait rendre compte de ses actes. Personne d’autre. Et en effet le président pourrait demander au ministre des Relations Etrangères de rendre compte de ses actes ou de la façon dont il gère l’application de ses politiques.

    La Marine et le terrorisme

    Au cœur de la déclaration qui est remise en question se trouvent la terrorisme et la marine de guerre.

    Les vice-amiraux – le seul amiral est don Miguel Grau Seminario – ont déchaîné leur ire parce qu'ils se sont sentis « offensés » par une allusion aux activités terroristes de la marine de guerre.

    Cesar Hildebrandt, qui connaît bien ce sujet, a remis chaque chose à sa place mais on n'a pas besoin d'être comme lui pour rappeler une chose qui est encore vivante dans la mémoire de millions de Péruviens : sous Velasco Alvarado, entre 1974 et 1975, les logements de 2 commandants de la marine, le vice-amiral Larco Cox et le vice-amiral Faura Gaig ont été dynamités. C'était bien avant le « Sentier Lumineux. »

    Un peu plus tard, entre 1977 et 1978, toujours avant que le « Sentier Lumineux » n'existe, des charges explosives ont été placées dans 2 bateaux de pèche cubains à l'ancre dans la rade de Callao. Dans tous les cas, le Gouvernement des Etats-Unis a dénoncé la main de la marine de guerre du Pérou.

    Des officiers de marine comme Álvaro Artaza -“Commandant Camión”- et Oscar Brain ont participé à ces actes terroristes ainsi qu'à d'autres. Le premier a dû quitter le pays, on lui a changé son nom et il a « disparu » pour que personne n'enquête sur ses actes et le second s'est volatilisé aussi à ce moment-là.

    Mais l'infanterie de marine a opéré à Ayacucho et a participé activement à la tuerie d'Aucayacu – vous vous en souvenez ? - et à ce qui s'est passé au stade municipal de de Huanta où « a disparu, » entre autres, Jaime Ayala Sulca, reporter au journal “La República.” L'avez-vous oublié ?

    Du reste, ce sont des membres de l'infanterie de marine qui ont tué à Páez,, le village du Cône B-Nord et qui ont ôté la vie à 6 Péruviens, le 19 juillet 1977, pendant la grève nationale. Et même la « voiture piégée » qui a explosé devant la Chaîne 2 était une charrue. Vous en souvenez-vous ?

    Dire que la marine a eu à voir avec ces faits, ce n'est pas vraiment inventer la poudre. C'est mettre le doigt dans la plaie. C'est pourquoi ils sautent au plafond quand on rappelle ces épisodes sinistres de la vie du pays.

    Le commandement naval devrait les reconnaître et demander humblement pardon à tous les Péruviens mais il ne le fait pas. Au contraire, il crache férocement sur ceux qui font allusion à ces histoires.

    La démission

    Malgré la furibonde campagne de l'extrême-droite, le ministre n'aurait pas dû démissionner mais il l'a fait, découragé par l'absence de solidarité du cabinet et par la facilité avec laquelle certains, comme le ministre de la Défense et même le premier ministre, ont cédé aux pressions de l'ennemi. En tout cas, il a eu le courage de résister et d'affirmer que pour lui, la lutte continue. Et ce doit être ainsi.

     Pérou : Le départ d’Hector Béjar ne résoudra rien   (resumen-17/08/21)

    Tant qu'elle aura l’appareil de production et l'économie dans ses mains, tant qu'elle sera la patronne des médias – presse écrite, radio et télévision – tant que le Gouvernement ne dépassera pas l'apathie qui le paralyse et tant que Pedro Castillo ne prendra pas la direction du peuple pour lutter avec lui et à partir de lui, en prenant en mains les drapeaux essentiels du processus que vit la pays, la droite restera imbattable.

    Les choses pourraient changer si l'avant-garde se montre, si le Gouvernement devient homogène, si l'unité et la capacité opérationnelle de la gauche s'affirment et si l'autorité d'un Président qui doit tout au peuple se renforce.

     

    Source en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/17/peru-lo-que-se-viene/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) : http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-le-depart-d-hector-bejar-ne-resoudra-rien.html

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  •  Pérou : Interview de Vladimir Cerrón, chef du parti Pérou Libre  (resumen-15/08/21)

    Par Alonso Ramos

          •  Quel mérite avez-vous dans la victoire de Pedro Castillo ?

    On pourrait dire qu'est un ensemble de facteurs qui ont permis à Pedro Castillo d'arriver à la présidence. On peut en identifier un, évidemment : les qualités de chef de Castillo. Deuxièmement, la légalité du parti sans lequel il lui aurait été impossible de se présenter. Je l'ai dit une fois à Pedro Castillo quand il hésitait encore à se présenter, que le pâturage était sec, que l'étincelle, c'était la parti et le vent, la pandémie. Et que les conditions étaient réunies pour qu'un Gouvernement de gauche, même s'il ne gagnait pas, se rapproche de la victoire et commence à travailler dans cette voie.

    • Quels droits pensez-vous que la victoire de Pedro Castillo vous donne sur le Gouvernement ?

    Sincèrement, je pense n'avoir gagné aucun droit. Je n'ai exigé aucune charge pour aucun militant. Nous avons à peine 2 ministres sur 19 dont un est le premier, qui est un ministre  prêté qui en plus, est à nouveau membre du Congrès. Mais les autres sont des alliés politiques du Front Large, de Nouveau Pérou, de RUNA et presque la moitié, des invités du président de la République lui-même. Alors, c'est un mythe que Cerrón place les ministres.

    • Est-il vrai qu'ils ont choisi Pedro Castillo comme candidat parce que monsieur Guido Bellido a fait une recherche sur Google?

    C'est totalement faux.

    • Monsieur Bellido l'a dit dans une interview au journal El País.

    Pedro Castillo, je l'ai connu en 2017, il est venu me chercher à mon domicile en compagnie de dirigeants du SUTE. A 11 heures du soir, il m'a rendu visite chez loi et pour moi, ça a été une agréable surprise. Depuis, nous avons commencé à discuter de certains sujets politiques et concernant le programme mais pas idéologiques. Ensuite, en 2020, Pedro s'est présenté devant moi et m'a exprimé son désir d'être parlementaire pour Cajamarca. Je lui ai dit ceci : « Pedro, j'ai la cassation (de la sentence judiciaire) qui est en cours. Si elle est favorable, accompagne-moi dans le binôme présidentiel. Et s'il n'en est pas ainsi, tu dois aller à l'avant-garde. » Il me dit : « Laisse-moi y penser. » 3 jour splus tard, il m'a répondu qu'il acceptait les conditions. La cassation n'est pas sortie, elle a été irrecevable et Pedro a dû être candidat. Logiquement, avant d'envisager les choses comme ça, le bureau de Pérou Libre, où il y a (Roger) Nájar, Guido Bellido et, comme invité, Guillermo Bermejo, en a discuté. C'est ainsi qu'on a pris la décision.

    • Que voyiez-vous en Pedro Castillo ?

    J'ai vu que la vie lui avait donné quelque chose de très spécial : il avait dirigé une grève nationale qui, soit dit en passant, a été un succès. Parce que, comme jamais, les enseignants ont réussi à s'unie en remettant en question les positions sectaires d'un certain autre secteur. Alors, une troisième ligne a fait son apparition : dans ce cas, c'est FENATE. Il a réussi à regrouper, à contaminer l'enseignement en l'impliquant dans une lutte nationale. En même temps, cela lui donnait une leçon : l'enseignement ne pouvait pas lutter seul au niveau des revendications. Il ne pouvait plus être au niveau des bombes lacrymogènes, des bâtons ou des geôles mais il devait se battre à un niveau supérieur. Ce un niveau supérieur, c'était la présidence de la République comme une petite partie du pouvoir.

    • Le président a dit que nous ne vous verrions « même pas comme concierge » dans les institutions de l'Etat. Qu'est-ce que cea veut dire ?

    Je suis un homme politique déjà fini. Pour moi, c'est sans importance mais les bases de Pérou Libre l'ont ressenti. Toute la base de Puno est venue et nous a dit : « Nous avons été assez blessés par ce qu'a dit Pedro Castillo. » Et beaucoup de militants ont écrit dans ce sens. Je leur ai répondu en leur disant que ce n'est qu'un problème de zigzag politique. Ca a été ma réponse mais pas seulement ça. Aussi quand il a eu le culot de dire qu'à aucun moment, il ne pourrait donner des coups de pied au groupe de Pérou Libre en ouvrant un front inutile. J'ai dû parer avec chacun des membres du Congrès pour qu'ils ne lui répondent pas. Ça a été un dérapage du camarade Pedro pendant la campagne.

    • Quelles sont vos relations actuelles avec le Président ?

    Mes relations sont totalement amicales, cordiales, respectueuses de l'autonomie de chacun de nous . Pedro Castillo n'est pas soumis à Cerrón et Cerrón n'est pas soumis à Castillo. Cela a toujours été clair. J'ai été clair comme du cristal dans les réunions que nous avons eues.

    • Parlez-vous de problèmes d'Etat avec lui ? Avez-vous traité des sujets concernant la façon de gouverner ?

    Aucunement. Nous, ce que nous voyons, ou ce qui est de ma compétence, ce snt des sujets concernant le programme du parti. J'ai toujours dit à Pedro que nous, nous n’allons pas faire ce que font d'autres partis : utiliser leurs organisations politiques pour arriver au Gouvernement. Le gouvernement, c'est le moyen et l'aspiration finale, c'est d'obtenir ce que souhaite le parti. Alors, les conversations avec Castillo vont dans ce sens et lui, il peut prendre des mesures dans son programme, comme les écarter. C'est son droit absolu.

    • Comment communiquez-vous avec lui ?

    Quand nous étions attaqués par la presse, je le rencontrai à 4, 5, 6 heures du matin, chez lui à Sarratea (Breña). Tous les jours où ils m'appelaient et où il y avait une urgence. Nous parlions des conspirations contre lui et des dénonciations qui commençaient à sortir après le second tour. Il y a eu une avalanche de dénonciations, même de dénonciations de terrorisme, qui étaient l'expression de la franche persécution politique qui existe dans le pays. Si nous aviosn été dans les années 80, j'aurais reçu une balle dans la nuque depuis longtemps.

    • Que voulez-vous dire quand vous écrivez : « La présence de Cerrón n'affaiblit pas Castillo, au contraire, elle le renforce ? Qu'avez-vous voulu prouver ainsi, au-delà de la haute estime que vous avez de vous-même ?

    Parce que le peuple sait que je garantis peut-être plus l'accomplissement de ce qu'on a proposé dans le programme que Pedro. De plus, modestement, on a déjà une expérience de gestion de l'Etat. Nous venons d'une expérience nettement politique et du parti et pas d'une expérience syndicale. C'est pourquoi les adversaires voient que ce binôme pourrait être indestructible et ils se sont consacrés à le diviser parce qu'ils savent qu'il y a là une puissante connexion avec le domaine politique. 

    • Pensez-vous être populaire ?

    Ce n'est pas que je me sente populaire mais je pourrais contribuer à ce qu eles promesses de campagne se rapprochent de la réalité, c'est pour cela que le peuple péruvien a voté.

    • Que dites-vous de ces 84% du peuple péruvien qui veut que vous vous écartiez du Gouvernement, selon le dernier sondage d' Ipsos?

    Les sondages ont une mission. Qui financent les instituts de sondages pour qu'ils puissent agir ? Est-ce que ce ne sont pas les groupes de pouvoir comme El Comercio, par exemple ? Les grands patrons ne les paient-ils pas ? Et les instituts de sondages que, comme cela a été démontré dans les procès, Vladimiro Montesinos soudoyait chaque mois. Mieux encore, ces instituts de sondages, dans un pays entièrement démocratique, devraient être interdits et proscrits depuis longtemps. Et toutes leurs actions déclarées nulles et non avenues. Mais ce pays es tun pays dans lequel ces espaces sont violés et où on viole aussi la Constitution et la démocratie elle-même.

    • Vous n'allez pas vous écarter du Gouvernement ?

    Ce n'est pas que je m'écarte du Gouvernement. Je ne me sens même pas intégré dans le Gouvernement mais je suis un ami du Gouvernement. Je peux faire des suggestions au Gouvernement, je peux critiquer le Gouvernement. Je peux corriger le Gouvernement avec certaines opinions. Et ils ont tout le droit de faire la même chose avec moi.

    • Alors, vous n'allez pas faire un pas de côté.

    J'ai fait un pas de côté, en pratique, et même le parti l'a fait. Parce que je t'ai déjà dit que Pérou Libre a moins de 10% des membres du Conseil des Ministres. Cette relation est assez claire mais ce n'est pas pas parce qu'ils sont minoritaires que mes opinions ne pourraient pas être écoutées au bon moment.

    • Pourquoi un homme comme Guido Bellido, qui a fait l'éloge de membres du Sentier Lumineux comme Edith Lagos y Carlota Tello, est adéquat pour assumer la charge de premier ministre ?

    Il faudrait le demander à celui qui l'a désigné. Dans ce cas, le professeur Pedro Castillo. Le parti avait proposé Roger Nájar à cause du fait que c'est un bon analyste politique. Il a été membre du Congrès et c'est un homme de parti. Au début, ce n'était ni Guido Bellido ni un autre. Que s'est-il passé quand on a commencé à attaquer Roger Nájar ? Il a décidé de faire un pas de côté pour que le nouveau Gouvernement puisse gouverner. Alors, le parti a fait une proposition : Jaime Quito, Silvana Robles, Álex Flores ou Guido. Parmi eux, le président a choisi Guido.

    • Condamnez-vous le premier ministre pour avoir fait l'éloge d'Edith Lagos?

    Je critique cela. Il n'aurait pas dû le faire, pour une meilleure utilisation de sa liberté de pensée. Parce qu'il l'a fait publiquement sur un réseau social ou à la télévision. Mais je peux t'affirmer une chose : Guido Bellido n'est pas un terroriste, j'en mets ma main au feu.

    • Elle ne va pas brûler ?

    Pas du tout.

    • La nomination de Guido Bellido n'a pas été une provocation envers le Congrès pour essayer de le dissoudre ?

    Comme je te l'ai dit, c'est au Président de la République de répondre. Mais si tu me le demandes, je peux te dire que non. Mieux encore, si le Congrès refuse sa confiance 2 fois au Conseil des Ministres, il n'est pas obligatoire de le dissoudre. C'est au bon vouloir du Président Castillo. Je suis sûr qu'il n'opterait pas pour cette solution parce que je le considère comme un démocrate. Et le Congrès, que sa majorité de droite nous plaise ou non, c'est celui que le peuple a élu. Nous demandons le même respect au Congrès. Qu'il respecte l'Exécutif et son Conseil des Ministres. Qu'il le respecte (Castillo) parce qu'il a été élu démocratiquement et qu'ils lui ont donné la faculté de composer son cabinet.

    • Vous n'êtes pas favorable à une dissolution comme Guillermo Bermejo.

    Aucune expérience de dissolution du Congrès, dans ce pays, n'a été fructueuse. Les dissolutions du Congrès n'ont jamais été importantes. La dissolution du Congrès (de 1993) nous a amené une Constitution plus antidémocratique que celle que nous avions. Elle nous a mis sur le tapis la copie du consensus de Washington dans les 10 points de la Constitution, c'est à dire que cette Constitution n'a même pas été faite au Pérou, simplement, Fujimori a mis en place le coup d'Etat.

    • Vous avez dit qu'un coup d'Etat se prépare, maintenant. Pourquoi ?

    Il y a des secteurs de droite qui appellent constamment à faire un coup d'Etat en utilisant indûment le Parlement. C'est à dire les fameux coups d'Etat parlementaires grâce auxquels ils ont chassé Lugo, Zelaya, Dilma Rouseff et grâce auxquels ils ont essayé de chasser d'autres présidents. On veut faire la même chose maintenant parce que c'est le plan Condor II. Nous voyons la judiciarisation de la politique, le mépris des médias et les coups d'Etat parlementaires. Le trépied, auparavant c'était les chars, les balles, les fosses communes. Les tactiques se sont modernisées.

    • Monsieur Bellido devrait rester en place ?

    S'il a la confiance de monsieur le Président, il restera président du Conseil des Ministres mais je pourrais, en tant que parti, suggérer d'autres changements. Je ne veux pas citer de noms en ce moment. Certains ont commis des erreurs qui non seulement provoquent des critiques du Gouvernement mais aussi du parti. 

    • Vous pensez au ministre des Transports, (Juan Silva)?

    Je ne peux pas citer de noms mais le gouvernement existe depuis 11 ou 12 jours. Ce serait très tôt. Nous sommes en ce moment comme à la sortie des urnes. Le décompte rapide pourrait être l'année prochaine. Certains ministres qui ont commis des erreurs, dont je suggère qu'ils pourraient être sujets à une nouvelle évaluation de monsieur le Président.

    • Comment un homme (Héctor Béjar) accusé d'assassinat, qui dit que le Sentier Lumineux a été une création de la CIA, peut-il diriger la politique étrangère péruvienne ? 

    Lui, quand il dit que le Sentier Lumineux a été une création de la CIA, il dit clairement qu'il ne peut le prouver. C'est son hypothèse et elle soit être respectée. C'est la liberté de pensée. Il y a un autre paragraphe, dans la même conférence qu'il a donnée, dans lequel il dit quelque chose qui est certain : le travail de la CIA, c'est de diviser la gauche en permanence. 

    • Vous aussi, vous êtes un chancelier, dans l'ombre. Vous avez annoncé dans un twitt que le Pérou allait quitter le Groupe de Lima, sans que la Chancellerie l'ait annoncé.

    C'était sur les réseaux sociaux. Dans les médias, bien avant mon twitt. Et j'ai exprimé mon souhait par cette annonce, que le Pérou quitte le Groupe de Lima, qui est en réalité le Groupe de Washington. J'affirme que c'est l'expression du néocolonialisme contemporain.

    • Prenons le problème de l'Assemblée Constituante : le président a dit qui'l allait insister sur ce point mais qu'il passerait par le Congrès. Etes-vous d'accord ?

    Je suis d'accord pour qu'on examine la voie du Congrès et sans le Congrès. Les 2 dans le cadre de la Constitution. L'une dit qu'elle est pour la réforme de la Constitution grâce au Parlement et l'autre par un referendum. Les 2 voies sont conformes à la Constitution. Nous ne sortons pas de ce cadre. Nous devons respecter la Constitution en vigueur. Par conséquent, on ne peut pas dire que la seconde option est antidémocratique, putschiste, autoritaire comme la droite, ; qui veut nous enfermuer dans la première option, rien d'autre, veut la présenter.

    • La crainte, avec l'Assemblée Constituante, c'est que Pérou Libre chercher à se maintenir au pouvoir en tenant compte du fait que vous vous êtes montré favorable à la réélection du président. N'est-ce pas un risque pour la démocratie ?

    Je pense que non. J'étais contre le fait qu'on interdise aux maires, aux présidents des régions et aux membres du Congrès d'être réélus. Alors, ils veulent avoir des gens qui fassent une carrière politique ? Comment pourraient-ils faire une carrière si on le leur interdit à tout moment ? Je suis favorable à la réélection. Si le peuple réélit un gouverneur à n'importe quel niveau, il faut simplement le comprendre comme la ratification de la volonté du peuple. Il ne faut pas le voir comme un maintien au pouvoir. Dans ce cas, je pourrais dire que la droite s'est maintenue 200 ans au pouvoir, jusqu'à ce que Pérou Libre gagne. On ne peut pas dire cela parce qu'il y a des nuances dans la droite, certaines plus démocratiques, certaines plus dictatoriales, etc...

    • Etes-vous d'accord pour que Julio Velarde reste ?

    J'ai suggéré que Julio Velarde reste. J'ai parlé avec lui. Je pense que ça a été une suggestion qu'ensuite j'ai faite au président et il l'a bien pris.

    • Que lui avez-vous dit ?

    Je l'ai salué et je lui ai dit qu'il nous semblait bien qu'il n'y avait pas de traumatisme concernant l'économie, ce qui est ce qui nous a été le plus réclamé. La conversation a été très brève. Cela (confirmer Velarde) n'a pas été un écart de conduite du professeur problème Castillo, comme on l'a dit. Ça a été une décision collégiale prise par leparti et par le candidat.

    • Que vous a dit monsieur Velarde ? 

    Il m'a salué, sans plus. Ça a été très rapide. 

    Alliances

    Annoncer un nouveau parti qui a le soutien du secteur de l'enseignement du groupe n'est-ce pas anticiper une rupture ? 

    Nous, nous avons salué l'inscription du Parti de l'Enseignement et du Peuple. Si le peuple s’organise plus, nous allons obtenir de nouvelles victoires, plus de conquêtes. Ici, l'important, c'est que nous ne sommes pas des ennemis de classe. Et, dans la lutte, nous nous rencontrerons, nous nous donnerons l'accolade et nous vaincrons un ennemi plus fort. Par conséquent, cela n'affecte pas du tout Pérou Libre. Au contraire, nous nous félicitons qu'il en soit ainsi. Dans la sincérité mais aussi dans la fraternité et dans le principe d'unité, de discussion, de divergence mais à nouveau d'unité.

    • Pourquoi les enseignants membres du Congrès ne se sont-ils pas affiliés à Pérou Libre ?

    Parce que beaucoup ont été invités au dernier moment. Stratégiquement, la candidature de Castillo, nous l'avons gardée en réserve jusqu'au dernier moment. Parce que sinon, une campagne anti-Castillo aurait commencé et ils auraient pu le condamner ou lui interdire de se présenter comme ils l'ont fait avec Gregorio Santos, Aduviri et Cerrón. Par conséquent, on a pris la décision de ne sortir la candidature qu'une semaine avant la clôture des inscriptions.

    • J'aimerais approfondir une phrase que vous avez lancée au congrès du parti Pérou Libre. Vous avez dit : « Si le Gouvernement dévie, le parti doit rectifier la ligne. » Et vous avez parlé d'une conspiration « caviar ». Ce sont les « caviars » qui veulent faire dévier le président ?

    Je pense que le président d'un Gouvernement acquiert sa légitimité quand il tient ses promesses et que le pouvoir politique se renforce si ce qu'on fait, c'est ce qu'on a dit. Si le professeur Pedro Castillo ne convoque pas l'Assemblée Constituante ou au moins, ne meurt pas dans cette lutte, le peuple aura l'idée d'une « caviarisation. » Si Castillo n'appelle pas à renégocier les contrats que nous considérons comme préjudiciables à l'Etat, il s'engagera dans la voie de « l'humalisation. » Si Castillo ne prend pas le contrôle des principales ressources naturelles, ce qui ne signifie pas nécessairement les nationaliser ou les étatiser, le peuple se sentira trompé une fois de plus. Le parti, après une critique, doit être vigilant. Tout échec ou toute victoire de Castillo retombe sur le parti.

    • Et que signifie « conspiration caviar » ?

    Dans le sens que beaucoup de gens proches d eces secteurs répètent constamment qu'une Assemblée Constituante n'est plus nécessaire. Que c'est suffisant pour faire un pays juste. Et nous l'avons prouvé. Nous avons eu de la croissance économique mais nous n'avons pas tous eu la même hauteur de croissance.

    • Qu'est-ce que c'est, un « caviar » pour vous ?

    Un « caviar » pour nous, c'est quelqu'un qui vit de l'Etat, souvent sans se dire de droite ou de gauche, sans prendre parti idéologiquement et politiquement en tant que tel et qui préfère être bien avec tout le monde, y compris avec le système. Bien qu'il ait dans son discours un langage anti-Etat, dans le fond, il renforce le noyau dur du système. 

    • Pedro Francke est un caviar? 

    Pedro Francke, je le connais trop peu pour avoir une idée très solide. J'espère qu'il sera plus proche de la gauche socialiste dorénavant. Je ne peux pas stigmatiser quelqu'un en le nommant.

    • Je veux lire quelque chose que vous avez écrit en février 2021: «  Pérou Libre a pour priorité de résoudre les problèmes économiques du pays en fonction de la majorité et Nouveau Pérou (le parti de Verónika Mendoza et Pedro Francke) a pour priorité de résoudre les problèmes des minorités sexuelles et du mariage égalitaire. » Confirmez-vous ?

    Oui, évidemment. Je pense qu'en ayant résolu les problèmes économiques du pays, les autres problèmes de la majorité et des minorités pourront être résolus par la force d'inertie. 

    • Je vous lis quelque chose que vous avez écrit : «  Pérou Libre est indépendant de toute ONG. Il considère les ONG comme des organismes d'infiltration politique dans d'autres Gouvernements. Nouveau Pérou et le Front Large (le parti du ministre de la Santé Hernando Cevallos) son dépendants des ONG. Vous confirmez aussi ?

    Pour pouvoir dire que l'Etat ne pratiquait pas l'ingérence, les Etats-Unis ont créé les organisations non gouvernementales.  

    • Avalez-vous des couleuvres, avec l'alliance avec Verónika Mendoza, Pedro Francke et Hernando Cevallos? 

    Non. Peut-être le professeur Castillo mais pas moi.

    • Verónika Mendoza ne vous pose aucun problème ? 

    Figurez-vous que la gauche est uné ventail très varié, qu'il faut nous entendre. Par exemple, nous, nous venons de mouvements régionaux. Héctor Béjar peut venir de guérillas, comme d'autres. D'autres viennent de mouvements étudiants, d'autres viennent de mouvements syndicaux ou d'ONG. Finalement, dans une certaine mesure, nous sommes tous liés. Même avec des secteurs du centre et aussi de droite. Si quelqu'un ne voit pas la politique dans son ensemble, il tombera dans ce qu'ils ont toujours appelé l'infantilisme de la gauche, se sentir les seuls. C'est ça, le fondamentalisme qui doit disparaître. 

    Dénonciations

    • Comment êtes-vous devenu un magicien des finances et êtes-vous arrivé à épargner plus d'1 200 000 sols ?

    En fait mon patrimoine est un peu plus élevé. Totalement justifié.

    • Combien ?

    Je ne peux pas te le dire pour des raisons de sécurité. Je dois être le neurochirurgien le plus pauvre du pays parce que j'ai fait une grande partie de mes opérations, plus de 1000, totalement gratuitement, sans toucher un centime. Le peuple d'Huancayo peut en témoigner. Des opérations qui, à Lima, peuvent coûter entre 100 000 et 200 000 sols. Avec 5 de ces opérations, j'aurais eu le patrimoine que j'ai eu en 20 ans de travail. Il n'y a pas de magie là, là, il y a du travail et même du travail philanthropique.

    • En 2013, vous avez déclaré aux impôts 14 300 sols de revenus mensuels et n'avez rien déclaré pour des activités privées. 

    Mes comptes sont totalement vérifiés. J'ai eu 8 enquêtes pour blanchiment d'argent sur ces comptes. 6 sont closes. 1 pour non-lieu. La conclusion de toutes les expertises qui ont été faites est la suivante : il n'existe pas de déséquilibre dans mon patrimoine. Concrètement. 

    • D'où vient votre fortune ?

    De la quatrième catégorie : l'activité privée. Et de la cinquième catégorie en tant que neurochirurgien à l'EsSalud, gouverneur régional, professeur à l'Université Nationale du Centre et à l'Université Péruvienne des Andes, à un moment.

    • Pourquoi avez-vous voulu retirer de l'argent de la banque ? 

    Parce que je voulais chager de banque pour avoir plus de rentabilité. Si vous êtes sous le coup d'une enquête pendant 6 ans pour blanchiment d'argent, aucune banque ne veut augmenter votre rentabilité. Alors, il faut en changer parce que tu peux avoir un rendement minimum, presque rien, simplement parce que tu es exposé politiquement. C'est pour cela que ces mouvements ont été faits. Donc, à aucun moment, Interbank n'a offert une meilleure rentabilité et cet argent a été transféré avec un chèque de banque. Autour de ça, on a tissé toute une histoire disant que cet argent venait du Vraem, des Dinámicos. C'est le même argent sur lequel on a enquêté il y a longtemps. Par conséquent, je n'ai aucun problème avec mon patrimoine. Comme patrimoine, ce que j'ai, en ce moment, c'est seulement une maison, et mes comptes d'épargne. Rien d'autre. Je n'ai pas d'entreprises, je n'ai pas d'argent à l'étranger, je ne gère pas de cartes de crédit.

    • Vous devez être un médecin très envié

    Envié, je ne crois pas. Parce qu'aucun neurochirurgien, au Pérou, n'est peut-être aussi pauvre avec la profession que j'ai. Parce que j'aurais eu une grande clinique à Huancayo si j'avais travaillé comme médecin néolibéral. Et je ne l'ai pas fait pour 2 raisons : parce que mon père était un homme de gauche assassiné pour ses idées et parce que la Révolution cubaine m'a éduqué pour que je ne sois pas un commercial.

    • Vous appelez « pauvreté » le fait d'avoir plus d'1 000 000 de sols ?

    Ce que je t'indique, c'est mon patrimoine maintenant, comme tout neurochirurgien à Lima, il serait de 16 à 20 000 000 et ce n'est pas le cas. Enquêtez sur d'autres neurochirurgiens ici, à Lima et vous verrez la différence abyssale avec le patrimoine que j'ai acquis en 20 ans de travail. 

    • Comment avez-vous payé la réparation civile de 850 000 sols ?

    C'est un autre mythe. Je n'ai pas payé 850 000 sols. J'ai payé, si je ne me trompe pas, près de 269 000 sols. Le reste, c'est les autres condamnés qui l'ont payé. Nous sommes 4 condamnés. Dire que l'un a payé tout fait partie d'un raisonnement malveillant pour me discréditer face à l'opinion publique.

    • Comment cet argent a-t-il été recueilli ? Les « balles, » comme dit le premier ministre Guido Bellido dans un enregistrement audio.

    Ils doivent expliquer qui l'a déposé pour leur part et moi, expliquer ce que j'ai déposé pour mon compte, qui l'a été avec le soutien du parti parce que le parti a fait une réunion. En voyant que ma condamnation avait un caractère politique, le parti a aussi décider de faire un apport. C'est l'apport qu'a fait madame Dina Boluarte avec monsieur Braulio Grajeda et avec la coordination, à l’époque, de Guido Bellido.

    • L'hypothèse du procureur dans l'affaire de Los Dinámicos del Centro est que de l'argent illégal du gouvernement régional a été collecté pour financer la campagne de Pérou Libre. 

    Totalement faux. Le procureur a une théorie dans cette affaire. C'est bien qu'il fasses des hypothèses. Je le félicite, c'est son droit le plus strict. Notre devoir est de démontrer qu'il n'en est pas ainsi. Moi, je suis tout à fait sûr qu'aucun centime n'est allé à la campagne du professeur Pedro Castillo. La solidarité de classe d'un peuple ne peut entrer dans l'esprit de l'adversaire politique, pas du Parquet. Pour le dire clairement : la campagne de Pedro Castillo n'a été financée ni par le gouvernement régional de Junín ni par de l'argent sale du trafic de drogues ou du terrorisme ni par la direction régionale des Transports et des Communications.

    • Et pourquoi le patrimoine de Pérou Libre a-t-il augmenté ? En 2018, il avait zéro sols et en 2021, 762 000 sols.

    Parce que le parti a décidé de faire un pas du niveau régional au niveau national et cela impliquait que nous ayons un local à Lima, nous ne pouvions pas être des gitans. Alors, on a réuni une assemblée et on a demandé aux militants de faire un apport extraordinaire pour pouvoir acheter ce local qui a coûté 220 000 sols, celui de la rue du Brésil. Et que nous les exonérerions de leur cotisation les années suivantes. Pérou Libre est un parti dont les statuts permettent les apports. 

    • Etes-vous un troll sur Twitter ?

    Je dirais que je suis un « discuteur d'opinions. » Sur Twitter, sur Facebook, sur WhatsApp, sur les réseaux sociaux. J'ai aussi écrit des livres : 2 de médecine, 1 d'histoire, un autre sur la décentralisation. Je suis en train d'en écrire 2 autres. Alors, le travail intellectuel n'est pas éloigné. L'héritage de mon père est une belle et grande bibliothèque de pédagogie, d'histoire et de philosophie. C'est de là que viennent les opinions que j'ai. 

    • Allez-vous vous présenter à la présidence ?

    Si les conditions sont réunies, je vais être candidat à la présidence de la République. Si les conditions ne sont pas réunies, je ne serai pas candidat et le parti travaille à former de nouveaux cadres et nous pensons qu'en 2026, Pérou Libre devrait avoir 2 cadres hommes et 2 cadres femmes pour la présidence. 

    • Puisque vous parlez de cous-même à la troisième personne, que pense Vladimir Cerrón de Vladimir Cerrón?

    Je dirais, comme Vallejo, que je suis né un jour où dieu était malade, c'est pourquoi, je peux souvent être ignoblement incompris. Mais quand on me connait, on sait que le Vladimir Cerrón que mes ennemis ont dépeint ne ressemble en rien au Vladimir Cerrón réel. Maintenant, jusqu'à récemment, avant cette interview, on ne connaissait que le Vladimir Cerrón virtuel.

     

    Source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/15/peru-vladimir-cerron-pedro-castillo-no-es-subordinado-mio-ni-cerron-es-subordinado-de-castillo/

    Source en français(traduction de Françoise LOPEZ): http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-interview-de-vladimir-cerron-chef-du-parti-perou-libre.html

     

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  • Afghanistan : 20 ans de désinformation massive, et ça continue aujourd’hui. Pourquoi les USA se fichent du sort des femmes. Et de Ben Laden aussi. L’invasion de l’Afghanistan n’avait rien à voir avec le 11/9. Ce que nous apprennent Brzezinski et Kissinger et quelques autres stratèges US. Liens cachés entre les États-Unis et le terrorisme. Le déclin, voir la chute, de l’empire américain (et français aussi), une bonne chose ? Panorama des rapports de force en Asie, Afrique, Amérique latine et au Moyen-Orient. Ce qui se passe au tiers monde aura-t-il des conséquences sur l’économique et le social en Europe ? Comment chacun peut-il jouer un rôle important dans la bataille contre la désinformation ? Pourquoi les livres sont indispensables…

     

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  • LE SOCIALISME AUX CARACTÉRISTIQUES CHINOISES

    Par Bruno Guigue – Le 30 juin 2021

     

    Le Parti communiste chinois a été fondé en juillet 1921. Cent ans plus tard, la réussite spectaculaire de la Chine bouleverse les idées reçues. Après avoir libéré et unifié le pays, aboli le patriarcat, réalisé la réforme agraire, amorcé l’industrialisation, doté la Chine du parapluie nucléaire, vaincu l’analphabétisme, donné aux Chinois 28 ans d’espérance de vie supplémentaire, mais aussi commis des erreurs dont le peuple chinois a tiré les leçons, le maoïsme a passé la main. Ses successeurs ont tenu compte des inflexions de la vie internationale, mais sans jamais lâcher le gouvernail. Les Chinois ont multiplié leur PIB, vaincu la pauvreté, élevé le niveau technologique du pays de façon impressionnante.

    Certes, des problèmes demeurent : inégalité des revenus, vieillissement de la population, surcapacités industrielles, endettement des entreprises. Il n’empêche que la Chine avance à grands pas. Elle construit une «société de moyenne aisance», développe son marché intérieur, accélère la transition écologique. Le maoïsme voulait développer les forces productives tout en transformant les rapports sociaux. Avec «la réforme et l’ouverture», le changement est radical, mais l’objectif demeure : construire une société socialiste.

     

    En attirant capitaux et technologies, les réformes de la période post-maoïste ont dopé la croissance. Pilotées au plus haut niveau du Parti-État, elles ont été conduites en trois étapes. La première vise l’agriculture : elle commence en 1979 avec le relèvement des prix agricoles et l’autonomie des équipes de production. Les communes populaires, vastes unités de production créées lors de la collectivisation, sont progressivement démantelées. Le processus s’accélère lorsque le double interdit pesant sur l’exploitation forfaitaire familiale et la distribution de la terre entre les foyers est levé.

    Un cap décisif est franchi en mars 1981 lorsqu’une directive centrale invite les collectivités agricoles à adopter des modes de production appropriés au contexte local. A la fin de 1983, la plupart des familles paysannes ont adopté la formule de l’exploitation forfaitaire familiale : les terres restent soumises à un régime de propriété collective, mais elles sont réparties contractuellement entre les foyers en vue de leur exploitation. Les contrats sont signés pour une période de trois à quatre ans, puis ils sont prolongés à trente ans afin d’encourager les investissements à long terme.

    La généralisation de ce «système des responsabilités» contribue à l’amélioration des performances de l’agriculture chinoise, qui bénéficie au même moment des avancées techniques réalisées à l’époque maoïste : sélection des semences, mécanisation des cultures et usage des engrais. La croissance de la production permet au gouvernement de lever le monopole étatique sur le commerce des céréales, puis sur l’ensemble des productions agricoles. Les échanges commerciaux orientent désormais la production, encourageant la spécialisation des régions productrices et la diversification des cultures, certaines familles se spécialisant dans l’élevage, la pisciculture, le thé ou la sériciculture. En définitive, la réforme de l’agriculture a rétabli le système d’exploitation instauré par la révolution agraire de 1950, la scolarisation généralisée et la modernité des équipements en plus.

    La deuxième étape des réformes, au cours des années 1980-2000, vise le secteur industriel. L’ouverture de l’économie chinoise, de la création des «zones économiques spéciales» à l’entrée dans l’OMC, voit affluer les investissements extérieurs. La Chine se spécialise d’abord dans les industries à forte intensité de travail et à faible valeur ajoutée : jouets, textiles, composants électroniques. Le pari de Deng Xiaoping, c’est de provoquer la modernisation de l’économie par une intégration au marché mondial. Maîtrisée par un État-stratège, cette ouverture est une réussite : les investissements directs étrangers s’envolent. Industrialisation rapide, qui stimule l’activité, elle risque toutefois d’accroître la dépendance de la Chine envers le marché mondial.

    La troisième étape des réformes, dans les années 2001-2021, voit le retour en force d’un État-investisseur, qui se mobilise notamment pour faire face à la crise financière de 2008 et à ses conséquences. Politique volontariste, qui accorde la priorité au marché intérieur et à la modernisation des infrastructures. Politique, surtout, qui mise sur l’innovation technologique. Adopté en 2015, le plan «Made in China 2025» accélère la montée en puissance d’une économie à forte valeur ajoutée qui réduit sa dépendance à l’égard de l’étranger. La croissance chinoise repose désormais sur le numérique, l’informatique, les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle, les véhicules électriques, etc..

    Pour conduire cette politique, la Chine s’est affranchie du «consensus de Washington» et de ses dogmes libéraux : la privatisation du secteur public, la déréglementation des activités financières, le dessaisissement de l’État au profit des entreprises transnationales et des institutions comme le FMI et la Banque mondiale. Au contraire, les dirigeants chinois ont consolidé un puissant secteur public dont les entreprises sont omniprésentes sur les grands chantiers, en Chine comme à l’étranger.

    Comme l’explique Thomas Piketty, «le pays n’est plus communiste, puisque la propriété privée représente dorénavant près de 70 % des propriétés ; mais il n’est pas non plus capitaliste, puisque la propriété publique représente toujours un peu plus de 30 % du total, ce qui est certes minoritaire mais tout de même très substantiel. Le fait de détenir près d’un tiers de tout ce qu’il y a à posséder dans le pays donne à la puissance publique chinoise, sous la houlette du PCC, des possibilités d’intervention considérables, pour décider de la localisation des investissements et des créations d’emplois, et pour mener des politiques de développement régional» 1

    Dirigé par le Parti communiste, l’État chinois n’est ni l’instrument docile de l’oligarchie financière mondialisée, ni l’exécutant d’une nouvelle bourgeoisie indifférente aux besoins de la population. C’est un État souverain, investi d’une mission stratégique : faire de la Chine un pays prospère. Au début des années 2000, Washington misait sur l’intégration économique de la Chine pour précipiter sa décomposition politique. Soumise à la loi fixée par des multinationales brandissant la bannière étoilée, la Chine devait accomplir la prophétie du néolibéralisme en levant le dernier obstacle à la domination du capital mondialisé. L’inverse a eu lieu : Pékin a utilisé les multinationales pour accélérer sa mue technologique et ravir à Washington la place de leader de l’économie mondiale.

    Lors de la crise de 2008, face au chaos provoqué par la dérégulation néolibérale, Washington s’est montré incapable de réguler la finance. Prisonnier de l’oligarchie bancaire, il s’est contenté de creuser le déficit public pour renflouer les banques privées, y compris celles qui étaient responsables, par leur cupidité sans bornes, du marasme général. Pékin, au contraire, a pris ses responsabilités en procédant à des investissements massifs dans les infrastructures publiques. Ce faisant, il a amélioré les conditions de vie du peuple chinois tout en soutenant la croissance mondiale, sauvée du plongeon auquel la promettait la rapacité de Wall Street.

    Dire que la Chine est devenue «capitaliste» après avoir été «communiste» relève d’une vision naïve du processus historique. Qu’il y ait des capitalistes en Chine ne fait pas de ce pays un «pays capitaliste», si l’on entend par cette expression un pays où les détenteurs privés de capitaux contrôlent l’économie et la politique nationales. On a sans doute mal interprété la célèbre formule du réformateur Deng Xiaoping : «Peu importe que le chat soit blanc ou gris, un bon chat attrape les souris». Elle ne signifie pas que le capitalisme et le socialisme sont équivalents, mais que chacun des deux systèmes sera jugé sur ses résultats.

    Une forte dose de capitalisme a donc été injectée pour développer les forces productives, mais le secteur public demeure la colonne vertébrale de l’économie chinoise : représentant 40% des actifs et 50% des profits générés par l’industrie, il prédomine à 80-90 % dans les secteurs stratégiques : la sidérurgie, le pétrole, le gaz, l’électricité, le nucléaire, les infrastructures, les transports et l’armement. Tout domaine d’activité important pour le pays et pour son rayonnement international est étroitement contrôlé par l’État. L’ouverture était la condition du développement des forces productives, et non le prélude à un changement systémique.

    Cette nouvelle voie chinoise vers le développement n’est pas exempte de contradictions. Contrairement à l’image véhiculée par le discours officiel, la société chinoise est une société traversée par la lutte des classes. Avec l’introduction des mécanismes de marché, la flambée des inégalités et la précarité de l’emploi, dans les années  2000, ont frappé des millions de jeunes ruraux, généralement peu qualifiés, qui sont venus grossir les rangs des travailleurs migrants. De la constitution au forceps de cette nouvelle classe ouvrière est née une vigoureuse lutte des classes. La grève victorieuse des 2 000 ouvriers de l’usine Honda de Foshan, en 2010, a acquis une valeur emblématique : elle a eu pour résultat une augmentation des salaires et une réforme des syndicats. Ce ne sera pas la seule, et pour la seule année 2013, on a recensé 637 mouvements de grève dans tout le pays.

    Cette multiplication des conflits sociaux n’a pas été sans effet sur l’évolution des salaires. On lit ainsi dans la presse chinoise que «le salaire mensuel moyen dans 38 grandes villes a atteint 8 829 元 (yuans) », soit 1123 € » 2 Or ces données doivent être complétées avec des données sur le coût de la vie. Avec un salaire moyen de 1123 €, les salariés chinois des grandes villes disposent d’un pouvoir d’achat très largement supérieur à celui d’un salarié français rémunéré au SMIC, compte tenu de la différence des prix entre la Chine et la France. A titre d’exemple, le ticket de métro à Guangzhou coûte entre 2 et 4 元 , soit entre 0,25 et 0,50 €, contre 1,90 € à Paris. A Nanning (Guangxi), le ticket de bus coûte 1 元 , soit 0,15 €, contre 1,60 € à Toulouse. A Guilin (Guangxi), une soupe chinoise dans un petit restaurant populaire coûte 12 元 , soit 1,53 €. Un billet de LGV entre Guangzhou et Nanning (600 km) coûte 160 元 , soit 24 €.

    Autre donnée intéressante : en Chine comme en France, il existe un salaire minimum. Les autorités provinciales fixent le montant du salaire minimum dans chaque région, en fonction du niveau de développement et du coût de la vie. Shanghai a le salaire minimum le plus élevé, avec 2 420 元 soit 307 €, suivi de Shenzhen (2 200 元/279 €) et de Pékin (2 120 元 /269 €). Au bas de l’échelle, le salaire minimum dans certaines régions de la province du Guangxi est de 1 000 元 /127 €. Mais ce salaire minimum est en constante augmentation, année après année, dans toutes les provinces. On a pu lire dans la presse française, par exemple, que «de 2006 à 2010, le salaire minimum n’avait gagné que 12,5 % par an. L’accélération est nette ces dernières années : cela a commencé par des hausses de 22,8 % en 2010, puis 22 % en 2011» 3 On croit rêver : en France, une augmentation annuelle de 22 % du SMIC relève de l’impensable.

    En Chine, non seulement cette augmentation est possible, mais elle est reconduite d’année en année. Au cours des vingt dernières années, le salaire moyen urbain et le revenu brut par habitant ont été multipliés par huit. Il est vrai que le taux de croissance est beaucoup plus élevé, et que les luttes sociales y sont vigoureuses. Longtemps laissés-pour-compte des réformes, les travailleurs migrants ont obtenu leur régularisation à coups de grèves massives. Aujourd’hui, 80% des salariés chinois appartiennent au secteur déclaré, avec contrat et protection à la clé, tandis qu’en Inde la proportion est inverse : 80% des salariés relèvent du secteur informel.

    La Chine est-elle socialiste ? Assurément, si l’on définit le socialisme comme un régime social dans lequel la collectivité détient les principaux moyens de production et d’échange ; et non seulement les détient, mais les utilise de telle sorte qu’il en résulte une amélioration constante des conditions d’existence de la population. Pour atteindre cet objectif, la Chine s’est dotée d’une économie complexe et diversifiée, associant une multitude d’opérateurs publics et privés. Véritable économie mixte, elle est placée sous la tutelle d’un État qui possède le tiers de la richesse nationale ; qui oriente l’activité économique conformément aux orientations fixées par le plan quinquennal ; qui fait corps avec le Parti communiste, garant historique d’un développement à long terme.

    Aujourd’hui, l’excédent commercial chinois représente à peine 2% du PIB, et le marché intérieur est en plein essor. Les Occidentaux qui s’imaginent que la Chine vit de ses exportations feraient mieux de regarder les chiffres : la Chine est deux fois moins dépendante du commerce extérieur que l’Allemagne ou la France. Contrairement à l’Union européenne, où les salaires stagnent, les Chinois ont vu leur salaire moyen multiplié par huit en vingt ans. Chez nous, l’État est une fiction : il a tout vendu, et il est endetté jusqu’au cou. En Chine, il détient 30% de la richesse nationale, et ses entreprises publiques sont des leaders mondiaux. C’est un État souverain, quand le nôtre obéit à Bruxelles. Quand il faut faire face à une pandémie, il construit 17 hôpitaux et règle le problème en trois mois.

    Marteler que «la Chine est capitaliste» n’a pas beaucoup de sens. Heureusement pour les Chinois, ils n’ont pas attendu l’heureux effet de l’autorégulation des marchés pour atteindre leur niveau de vie actuel. Il suffit de comparer la Chine avec le seul pays avec lequel la Chine est comparable, compte tenu de son poids démographique et de sa situation initiale. Affichant dix ans d’espérance de vie supplémentaire et un PIB quatre fois supérieur, la Chine socialiste court largement en tête devant l’Inde capitaliste, régulièrement consacrée comme «la plus grande démocratie du monde» en dépit de la misère qui y règne.

    Certes, la Chine n’est pas communiste au sens où Marx entendait le communisme, stade de la société qui doit un jour succéder au socialisme : une société transparente à elle-même, harmonieuse et prospère. Mais si la Chine n’est pas «communiste», elle est bien au «stade primaire du socialisme», comme dit la Constitution chinoise, et le processus en cours n’a jamais dévié de cet objectif à long terme. Le système actuel est inachevé, imparfait, traversé de contradictions. Mais quelle société n’en a pas ? Il reste beaucoup à faire, bien sûr, pour redistribuer les fruits de la croissance et réduire les inégalités. Seul le rapport de forces entre les groupes composant la société chinoise, autrement dit la lutte des classes, déterminera la trajectoire future de la Chine.

    Mais quand l’État améliore les conditions d’existence de la population, qu’il privilégie la santé publique et allonge l’espérance de vie, qu’il modernise les infrastructures publiques, qu’il supprime le chômage et éradique la pauvreté dans les villages les plus reculés, qu’il offre à tous les Chinois une scolarisation saluée par les enquêtes internationales, qu’il investit massivement dans la transition écologique, qu’il préserve l’indépendance nationale et ne fait la guerre à personne, qu’il s’oppose à l’ingérence impérialiste et livre gratuitement des vaccins à des pays pauvres, il est légitime de se demander si cet État a quelque chose à voir avec le socialisme.

    Bruno Guigue

     

     
    1.  Thomas Piketty, « Capital et idéologie », Seuil, 2019, p. 707.
    2. Le Quotidien du Peuple, 8 janvier 2021.
    3. Le Monde, 8 février 2014. 

     

    source:  https://lesakerfrancophone.fr/la-passionnante-histoire-du-parti-communiste-chinois-5eme-partie

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  • OMBRES ET LUMIÈRES                  DE LA RÉVOLUTION CULTURELLE

     

    Par Bruno Guigue – Le 25 juin 2021

     

    Quand on évoque la «Grande Révolution culturelle prolétarienne», de quoi parle-t-on ? Officiellement, elle s’est déroulée de 1966 à 1976. Mais encore faut-il dissiper une ambiguïté, la même expression désignant en réalité deux temporalités distinctes : la séquence courte (1966-68) et la séquence longue (1966-76). Or la narration dominante a trois caractéristiques : elle souligne l’immensité des violences et des destructions qui caractérisent la séquence courte (1966-68) ; elle en impute la responsabilité à la soif de pouvoir de Mao Zedong ; et elle fait l’impasse sur les transformations sociales qui ont accompagné la séquence longue (1966-1976). Mais la réalité est quelque peu différente, et des chercheurs chinois comme Mobo Gao et Hongsheng Jiang contribuent à une intelligibilité nouvelle de l’événement, à égale distance de la vulgate occidentale et de l’histoire officielle chinoise.

     

    Dans sa séquence courte (1966-68), la Révolution culturelle est un événement révolutionnaire d’une extrême intensité, accompagné de violences qui ont marqué une génération entière. Avec cette révolution dans la révolution, Mao et les gardes rouges entendent mobiliser les masses contre l’appareil du parti lui-même, afin de l’empêcher de restaurer le capitalisme et de sombrer dans un révisionnisme de type soviétique. Figure chinoise d’une révolution ininterrompue, qui a soulevé davantage de questions qu’elle n’en a résolues, et qui a rencontré ses limites dans une société harassée. Dans une résolution adoptée en 1981, le Parti communiste chinois  a porté un jugement sévère sur cette expérience historique, qualifiée de «dérapage gauchiste» 1 Condamnant à l’oubli cette séquence révolutionnaire, il a engagé des réformes que les gardes rouges auraient conspuées. Marxiste à sa façon, le «socialisme aux caractéristiques chinoises» repose sur l’idée que le développement des forces productives, désormais, est la condition indispensable de la transformation des rapports sociaux.

    La Révolution culturelle, dans sa séquence courte, épouse les orientations de la direction maoïste en faveur d’une rénovation radicale de l’appareil communiste et d’une accélération de l’édification socialiste. Moment-clé, la «circulaire du 16 mai» adoptée par le bureau politique en 1966 appelle au combat contre la pensée réactionnaire dans tous les domaines. Mais c’est dans les milieux universitaires que va commencer cette entreprise d’auto-épuration du parti et de la société. La Chine a accompli un effort colossal de scolarisation : elle compte 103 millions d’élèves dans le primaire, 13 millions dans le secondaire et 534 000 étudiants dans le supérieur. Éduquée dans l’amour des valeurs socialistes, cette jeunesse scolarisée représente une force explosive dans une société où les moindres privilèges suscitent l’indignation. Le point de départ de la Révolution culturelle, c’est un dazibao (journal en gros caractères) rédigé par des étudiants en philosophie qui incrimine la direction de l’Université de Pékin. La presse du parti lui donne aussitôt un large écho, et Mao y voit le «premier dazibao marxiste-léniniste de Chine».

    Lors du comité central qui se réunit en août 1966, Mao accomplit un geste symbolique lourd de conséquences : il fait diffuser aux membres du comité central la lettre qu’il a adressée aux gardes rouges du Lycée annexe de l’Université Tsinghua : «Il est juste de se rebeller». Plus explicitement encore, il fait afficher son propre dazibao : «Bombarder le quartier général» ! Dans la foulée, on adopte les fameux «Seize Points» qui définissent les objectifs du mouvement : il s’agit de «combattre et écraser les responsables engagés sur la voie capitaliste, critiquer les autorités académiques réactionnaires de la bourgeoisie, critiquer l’idéologie de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses, réformer le système d’enseignement, la littérature, les arts et toutes les autres branches de la superstructure qui ne correspondent pas à la base économique socialiste». Appelée à poursuivre le mouvement, la jeunesse va s’enrôler massivement dans les gardes rouges. D’abord vouée à la critique du système éducatif, cette organisation connaît un essor considérable après le rassemblement d’un million de jeunes sur la Place Tiananmen le 18 août.

    Jusqu’au début du mois de septembre, la capitale subit un déferlement de violence verbale et physique. Les gardes rouges dégradent des rues, des édifices, des monuments. Ils déclarent «ennemis de classe» des personnalités connues, écrivains ou enseignants, ils fouillent et saccagent leurs résidences. Ces jeunes qui défilent en scandant des slogans révolutionnaires ou molestent des «droitiers» en les coiffant de bonnets ridicules haïssent le vieil ordre social, et c’est parce qu’ils en voient partout la survivance – à tort ou à raison – qu’ils déchaînent une violence qui ne restera pas toujours verbale. Ils ne veulent pas abattre le régime en place, même s’ils exècrent nombre de ses dirigeants. Ce que veulent ces jeunes exaltés, c’est perpétuer le flux de la révolution prolétarienne, introduire dans la société le ferment d’un mouvement incessant. Pourquoi ? Pour l’empêcher de succomber à sa propre pesanteur, à son propre conservatisme, pour freiner la chute du régime fondé par la révolution vers les abîmes d’une restauration insidieuse.

    Au cours de l’automne 1966, le mouvement des gardes rouges se répand dans tout le pays. Mais il se divise aussi en factions rivales, donnant naissant à des organisations de «gardes rouges rebelles» qui prétendent incarner la véritable ligne maoïste. La composition même du mouvement évolue aussi. D’abord majoritaires, les lycéens et collégiens sont supplantés par les étudiants. Plus expérimentés, ils ciblent davantage les responsables politiques, suspectés d’être engagés dans la voie capitaliste et de pactiser avec le révisionnisme. Ils visent explicitement ce «quartier général bourgeois» qui est tapi dans l’ombre. Ils s’en prennent à l’armée, où des milliers d’étudiants des écoles militaires mettent en cause les organismes de direction ou occupent les états-majors. Mais c’est surtout l’entrée en scène des ouvriers qui va donner à la Révolution culturelle une nouvelle impulsion tout en aiguisant ses contradictions internes. Une extension du mouvement d’abord redoutée des autorités, aussi soucieuses de préserver l’appareil productif que d’appliquer les consignes révolutionnaires. Mais lorsqu’elles mobilisent des ouvriers pour défendre les institutions face aux gardes rouges, elles les impliquent dans le cours des événements.

    En décembre 1966, les ouvriers obtiennent le droit, comme les étudiants, de créer des organisations rebelles dans les usines et de participer aux «échanges d’expériences révolutionnaires». Cette effervescence atteint notamment les ouvriers les plus défavorisés, apprentis ou temporaires. On leur interdit de s’organiser à l’échelle nationale, mais à Shanghai, ils contribuent à la prise du pouvoir par l’avant-garde révolutionnaire. Coalisées contre les autorités municipales, les organisations rebelles d’ouvriers, d’étudiants et de fonctionnaires marginalisent les organisations officielles et s’emparent du pouvoir. Le 5 février 1967, sur la Place du peuple, elles proclament la «Commune de Shanghai» devant un million de personnes. Exaltée par la presse maoïste, cette «Tempête de janvier» fait désormais figure de modèle. Mais le pouvoir local est finalement confié à un comité révolutionnaire qui prend la succession de la Commune de Shanghai. Un schéma appliqué dans d’autres provinces, où il suscite de nouvelles dissensions, voire l’éclatement des organisations rebelles. Dans le processus en cours, la participation des militaires est désormais officielle : l’armée doit «soutenir la gauche», tout en étant affectée à la protection des centres vitaux et des activités économiques.

    Un exercice de haute voltige qui divise les militaires, mais le tropisme de l’institution la conduit à s’allier aux forces modérées. Les étudiants radicaux la prennent alors pour cible, et l’armée se trouve entraînée malgré elle dans la tourmente. A Pékin, la vieille garde du parti menée par le maréchal Ye Jianying se rebiffe. C’est le «Contre-courant de février» dénoncé par les maoïstes, qui sera rebaptisé «Résistance de janvier» par le Parti après 1976 : les représentants de l’appareil critiquent vivement la Révolution culturelle. Cette fronde n’est pas seulement verbale. Dans les provinces reculées, comme le Sichuan et le Qinghai, l’armée réprime durement les mouvements rebelles. Confortés par la direction maoïste, les rebelles impliquent alors les militaires dans leurs sanglantes querelles. L’été 1967 est chaotique. A Wuhan, lorsque la faction «conservatrice» apprend que les représentants du comité central ont pris position en faveur de la faction rebelle, les usines sont prises d’assaut par des unités militaires. Une offensive des modérés qui se heurte à une contre-offensive rebelle, et le comité révolutionnaire est mis à son tour en état d’arrestation. Avec «l’affaire de Wuhan», le pays est au bord de la guerre civile.

    Si les provinces s’embrasent, la situation à Pékin est extrêmement tendue. Confiants dans le soutien de Mao, les gauchistes attaquent le ministre des affaires étrangères Chen Yi. Le 22 août, les gardes rouges provoquent des incidents devant l’ambassade soviétique et incendient le bâtiment de la légation britannique. Des excès qui conduisent Mao à réagir. Il exige l’abandon des slogans hostiles à l’armée, et se montre résolu à encadrer fermement le processus révolutionnaire. Redoutant que le pays ne s’enfonce dans une guerre civile généralisée, la direction maoïste inflige un sérieux coup d’arrêt aux débordements. Elle ordonne le retour à la normale dans les établissements d’enseignement à l’automne 1967, mais de véritables batailles rangées continuent d’opposer les factions rivales. Une étape décisive est franchie lorsque Mao, le 27 juillet 1968, ordonne l’intervention de 30 000 militaires et miliciens à l’Université Tsinghua.

    Une méthode bientôt généralisée : pour assurer le retour à l’ordre dans les établissements, on y envoie des équipes ouvrières et des détachements militaires chargés d’y propager la véritable pensée de Mao Zedong. Simultanément, on procède à une nette inflexion de la doctrine : la Révolution culturelle doit désormais être dirigée par les ouvriers, non par les étudiants. La page des gardes rouges est tournée. Mais le mouvement étudiant n’est pas seulement marginalisé sur le plan politique. Ces jeunes qui ont fort peu étudié depuis deux ans, Mao décide de les envoyer à la campagne pour y être éduqués par les paysans. Politique abrupte, qui permet de trouver un emploi à des cohortes de diplômés, et de mettre un terme à l’agitation en confrontant la jeunesse au monde réel. Au total, plus de 16 millions de jeunes seront envoyés à la campagne, parfois dans des régions reculées et déshéritées. Véritable école de la vie, pénible et roborative, dont le futur président Xi Jinping a fait l’expérience.

    Avec le IXe Congrès, en avril 1969, c’est le rétablissement des prérogatives d’un Parti-État placé sous protection militaire. Sur les 29 comités révolutionnaires de rang provincial, 20 sont présidés par des officiers de l’Armée populaire de libération. Au fur et à mesure du rétablissement de l’ordre, la part des rebelles dans la composition des comités s’amenuise, tandis que s’accroît celle des militaires. Les affrontements et les destructions ont désorganisé l’appareil productif et compromis la marche vers le socialisme. La priorité est désormais à la réorganisation administrative et au redressement économique. Comme toute révolution, la Révolution culturelle a débouché sur une concentration du pouvoir. D’abord écartés du processus révolutionnaire, les militaires y ont fait leur entrée pour «soutenir la gauche». Mais cette participation était équivoque : en définitive, les militaires répriment sévèrement les mouvements radicaux, puis ils prennent une place prépondérante dans la refondation du Parti et du pouvoir. Au cours des années suivantes, jusqu’à la mort de Mao, la Révolution culturelle se poursuit, mais sous le contrôle d’un parti réorganisé et militarisé. Les rivalités au sommet connaîtront de nouvelles péripéties, notamment avec la fuite tragique de Lin Biao en 1971.

    L’ordre rétabli, l’économie remise sur pieds, l’édification du socialisme connaît un nouvel essor, favorisé par les avancées scientifiques et technologiques dont bénéficient l’agriculture et l’industrie. Le peuple chinois accède à des services collectifs inconnus auparavant, le spectre de la famine s’éloigne, l’espérance de vie s’accroît régulièrement. Une des réussites de cette période, ce sont «les médecins aux pieds nus», affectés dans les campagnes pour y diffuser les techniques de prévention et d’hygiène, et qui vont faire reculer les maladies de façon spectaculaire, donnant 64 ans d’espérance de vie aux Chinois à la mort de Mao, alors qu’elle est de 52 ans en Inde à la même date. L’envoi de jeunes diplômés auprès des paysans a diffusé le savoir et rompu l’isolement de régions éloignées. Pour la première fois dans l’histoire chinoise, les enfants de paysans des provinces déshéritées sont soignés et scolarisés. Pour ces membres de l’élite intellectuelle, la vie à la campagne est rude, et les détracteurs de cette politique diront qu’on les a expédiés dans des «camps de travail». Ils oublient que cette vie laborieuse et frugale, sans eau courante ni électricité, était encore celle des masses paysannes. Et ils se gardent bien de poser la véritable question : ces jeunes intellectuels, médecins et instituteurs, ont-ils contribué à améliorer le sort des populations ?

    Sur le plan économique, l’apport de la période 1969-1976 est également positif. Les comparaisons avec la Corée du Sud ou Taïwan n’ont guère de sens. Ces petits pays ont bénéficié d’une aide massive de la part des États-Unis, tandis que la Chine est sous le coup de sanctions économiques imposées par le monde occidental. La Chine a obtenu l’aide de l’Union soviétique jusqu’en 1958, mais elle est sans commune mesure avec l’aide américaine au Japon, à la Corée du Sud et à Taïwan. Quand Washington alloue 30 dollars par habitant à Taïwan, les Chinois ne reçoivent que 30 cents de Moscou. Quant au Japon, il est déjà une puissance industrielle avant-guerre, et il bénéficie après 1945 d’une reconstruction financée par les États-Unis tout en étant dispensé du moindre effort militaire.

    Totalement isolée à partir de 1960, la Chine est contrainte de bâtir son développement avec ses seules forces et sous la menace d’une agression impérialiste. Pourtant elle s’industrialise à grande vitesse, elle construit 8000 km de voie ferrée et 220 000 km de routes, elle fait exploser sa première bombe nucléaire en 1964, elle lance son premier satellite en 1975. «Hormis les deux années chaotiques 1967 et 1968, la croissance économique de la Chine est supérieure en moyenne à celle de la plupart des pays en développement à cette époque. En 26 ans, de 1952 à 1978, la croissance annuelle du PIB est de 6,8 %, soit beaucoup plus que la moyenne mondiale de 3 %. La capacité industrielle de la Chine était équivalente à celle de la Belgique lors de la création de la République populaire de Chine en 1949, et quand Mao est mort en 1976, la Chine était déjà la sixième puissance industrielle du monde. A ce moment-là, elle était déjà le troisième producteur de charbon, le plus gros producteur de coton filé et le deuxième producteur de céréales», relève l’universitaire Mobo Gao 2

    Impossible, donc, de porter une appréciation sur la Révolution culturelle chinoise sans distinguer la séquence longue (1966-1976) et la séquence courte (1966-68). Au cours de cette dernière, la Révolution culturelle se distingue radicalement des révolutions du passé : c’est une subversion du pouvoir communiste qui provient de la direction du parti lui-même. Étrangeté d’un processus qui paraît suicidaire ? Certainement pas, puisqu’il finit par remettre le parti en selle au prix de sérieuses secousses. Pour Mao, la Révolution culturelle est destinée à épurer le parti, non à le détruire ; elle entend lui insuffler un sang neuf, non le remplacer. C’est une révolution contre le parti, mais pour l’améliorer, pour le rendre apte à poursuivre sa tâche. Exercice périlleux, car il suppose la difficile maîtrise des forces déchaînées par l’appel à la rébellion. Dialectique de la révolution dans la révolution, qui met le parti sur la corde raide et impose un ordre du jour où il faut démolir pour reconstruire.

    Mais cette acrobatie politique, la direction maoïste la croit indispensable à la régénération du parti communiste et à la poursuite du processus engagé en 1949. Ce que Mao redoute, c’est une dérive de type soviétique, explique le chercheur Hongsheng Jiang : «Si un Khrouchtchev chinois prenait le pouvoir, la Chine passerait du socialisme au capitalisme, comme l’URSS après la mort de Staline. Pour éviter la restauration du capitalisme, il fallait donc lancer la RC pour combattre le révisionnisme d’un certain nombre de cadres, même si l’ensemble était bon. Le but de la RC n’était pas d’abattre un grand nombre de cadres mais de forger les révolutionnaires qui leur succéderaient, d’éduquer les masses dans le combat contre le révisionnisme, pour préparer le moment où les vétérans de la révolution céderaient la place» 3

    Comme les gardes rouges qui défilent Place Tiananmen, Mao entend poursuivre la révolution, balayer les obstacles qui se dressent sur sa route. Dans une société placée depuis 1949 sous l’emprise du parti, le danger n’est plus seulement à l’extérieur, il est aussi à l’intérieur du système. C’est la pente détestable des privilèges, de la corruption, du bureaucratisme, du conservatisme, qui constituent autant d’anticipations funestes d’une dérive plus profonde. Le capitalisme, même s’il est apparemment vaincu, demeure à l’état latent comme une tentation permanente, une menace insidieuse qui pèse sur le cours de la révolution. Les «routiers de la voie capitaliste», ceux qui veulent entraîner la Chine vers une restauration dont le révisionnisme soviétique offre l’exemple, sont à la manœuvre. Pour les neutraliser, pour extirper ces ferments de corruption, Mao s’appuie sur une jeunesse imbue de principes égalitaires pour qui les cadres sont surtout des arrivistes entre lesquels se cachent sournoisement de vrais contre-révolutionnaires.

    La Révolution culturelle, de ce point de vue, porte bien son nom : c’est la lutte sans merci entre deux cultures, celle qui sanctuarise les positions acquises, et celle qui les conteste au nom de la pureté révolutionnaire. Parce qu’elles ne songent qu’à leur propre perpétuation, les institutions du pouvoir opposent leur force d’inertie à la moindre réforme. L’idéologie officielle sert de paravent à la formation d’une couche de privilégiés qui se drapent dans les plis du socialisme. Pour vaincre cette résistance, la direction maoïste s’emploie alors à mobiliser la jeunesse, elle l’enrôle dans les gardes rouges et les organisations rebelles. L’originalité de la Révolution culturelle, c’est la constitution de ces organisations de masse qui exercent une pression considérable sur le parti, afin de maintenir le cap de l’édification socialiste.

    Mais cette mobilisation massive de la jeunesse étudiante et ouvrière a son revers de la médaille. Elle ouvre la boîte de Pandore d’une contestation radicale qui s’adonne à la surenchère, se dissout dans les luttes fractionnelles et finit par se couper de la majorité de la population. L’exaltation révolutionnaire prédispose à la violence, et le purisme idéologique lui procure sa légitimité doctrinale. Cette entreprise d’auto-purification confère au chaos une sorte de consécration, comme s’il était le creuset d’une refondation salutaire et le moyen de débarrasser la société, une fois pour toutes, des miasmes putrides du révisionnisme. Pour cette jeunesse radicalisée qui s’enrôle dans les gardes rouges, il n’y a pas de violence qui soit disproportionnée : elle s’ordonne toujours, avec ses pires excès, aux fins dernières de la purification révolutionnaire. Les gardes rouges haïssent le vieux monde, et tout est bon pour l’expédier dans les poubelles de l’histoire.

    En un sens, l’issue était prévisible : la Révolution culturelle voulait donner le pouvoir aux masses, et il est demeuré entre les mains du Parti-État. Échec inéluctable d’une entreprise de subversion qui a sans douté placé la barre trop haut. Pour Alain Badiou, ce qu’il y a de révolutionnaire dans la Révolution culturelle s’épanouit avec les gardes rouges et les organisations rebelles, mais cette formidable flambée est bientôt recouverte par la figure classique du Parti-État : «En définitive, la Révolution culturelle, dans son impasse même, atteste l’impossibilité de libérer réellement et de façon globale la politique du cadre du parti-État, quand elle y est enfermée. Elle est une irremplaçable expérience de saturation, parce qu’en elle une volonté violente de chercher un nouveau chemin politique, de relancer la révolution, de trouver des formes nouvelles de la lutte ouvrière dans les conditions formelles du socialisme, est venue s’échouer sur la maintenance obligée, pour des raisons d’ordre étatique et de refus de la guerre civile, du cadre général du parti-État» 4

    La Révolution culturelle était peut-être le commencement prometteur d’un processus inédit, mais ce commencement augurait aussi d’une fin que Mao lui-même a prononcée. Contre les tentations anarchisantes, il savait bien qu’une révolution fait toujours appel aux mouvements de masse, mais qu’elle n’instaure jamais le règne des organisations de masse. Pour conduire la marche au socialisme dans un pays en voie de développement, il ne voit pas d’alternative au Parti-État, dût-on le soumettre périodiquement à une cure de rigorisme révolutionnaire. La frange radicale de la Commune de Shanghai, elle, voulait abolir tous les grades et tous les titres, y compris celui de «directeur», et cette rêverie libertaire a fait long feu. Reste que les directeurs, dans la Chine collectivisée qui naît de la Révolution culturelle, sont moins bien payés désormais que certains ouvriers, et qu’il mettent la main à la pâte en participant aux tâches matérielles.

    Entreprise d’auto-subversion condamnée par ses excès, la séquence courte de la Révolution culturelle a provoqué un déferlement de violence. Comme toutes les révolutions, ou à peu près : la Révolution française et la Révolution russe n’étaient pas des «dîners de gala». Pour la Révolution culturelle, l’estimation du nombre de morts violentes varie de 500 000 à 700 000. Victimes des exactions des gardes rouges, des affrontements entre groupes rebelles et milices ouvrières, des combats fratricides entre factions rebelles, de la répression, enfin, dont l’Armée populaire de libération assume la responsabilité à partir de l’été 1967.

    Dans sa séquence courte, la Révolution culturelle est une quasi-guerre civile où s’opposent des factions militarisées. Mais les guerres civiles sont généralement meurtrières, et les massacres de la Révolution culturelle chinoise, en proportion de la population, sont beaucoup moins sanglants que ceux de la Guerre de Sécession aux États-Unis. Dans les deux cas, le pays tout entier est déchiré par un violent conflit armé. Entre 1860 et 1865, la Civil War provoquée par la sécession du Sud fait 680 000 tués pour une population totale de 31,5 millions d’habitants, soit 2 % de pertes humaines. En Chine, entre 1966 et 1968, la Révolution culturelle fait 700 000 morts pour une population de 680 millions d’habitants, soit 0,1 % de pertes humaines. Se pose alors la question de savoir pourquoi on décrit uniquement le second événement dans des termes apocalyptiques. La deuxième question est de savoir pourquoi Mao et les maoïstes passent pour des criminels, tandis que les dirigeants de l’Union et de la Confédération passent pour des héros.

    Il est vrai que l’historiographie occidentale veut réduire à tout prix la signification de la Révolution culturelle à la lutte pour le pouvoir d’un Mao finissant. L’échec du Grand Bond ayant marginalisé le Grand Timonier, il aurait minutieusement préparé sa revanche et déclenché la rébellion de la jeunesse pour évincer ses rivaux. Tout n’est pas faux dans cette interprétation : les instances du Parti-État, par définition, sont des instances où se nouent des rapports de forces politiques. Mais Mao n’a nul besoin, en 1966, de reprendre un pouvoir dont il n’a jamais été dessaisi. «Personne n’a repris, ni n’a pu reprendre le pouvoir suprême à Mao, car il avait conservé les deux postes les plus puissants du système, à savoir celui de président de la Commission militaire, sans la permission duquel on ne pouvait engager aucune action militaire, quelle qu’en soit la nature, et le poste le plus important de tous : président du PCC», souligne Mobo Gao 5

    La séquence courte de la Révolution culturelle fut à maints égards un épisode tragique. Dans sa séquence longue, elle a contribué à faire entrer dans les mœurs un égalitarisme absolument inédit à une telle échelle dans l’histoire humaine. Outre l’extrême étroitesse de l’éventail des salaires, l’accès à des prestations collectives y est généralisé d’une manière impensable en régime capitaliste : logements quasiment gratuits, cantines collectives dans les entreprises, couverture maladie et maternité, enseignement obligatoire à tous les niveaux, système généralisé de retraites. La société chinoise forgée par la Révolution culturelle est cadenassée, mais égalitaire ; frugale, mais juste. La division entre travail manuel et intellectuel, entre tâches de direction et d’exécution n’y est pas absente, mais elle est atténuée par l’égalitarisme salarial et la participation directe des cadres à la production matérielle. Née de la Révolution culturelle, cette société austère et égalitaire volera en éclats sous l’effet des réformes. Les communes populaires et les cantines collectives laisseront la place à une nouvelle organisation sociale, ouverte à la dynamique de l’entreprise privée et à l’émulation de l’enrichissement individuel. La société nouvelle qui en résultera sera à la fois beaucoup plus riche et beaucoup plus inégalitaire. Tentative héroïque pour accélérer le passage au «communisme», la séquence révolutionnaire de 1966-68, en un sens, aura eu pour effet d’en éloigner l’horizon.

    Bruno Guigue

     
    1. PCC, «Résolution sur quelques questions de l’histoire de notre parti depuis la fondation de la République populaire», Beijinginformation, 6 juillet 1981. 
    2. Mobo Gao, «La fabrique de la Chine, Déconstruction d’un discours occidental», Éditions critiques, 2021, p. 50. 
    3. Hongsheng Jiang, «La Commune de Shanghaï et la Commune de Paris», La Fabrique, 2014, p. 109. 
    4. Alain Badiou, «L’hypothèse communiste», Lignes, 2009, p. 126. 
    5. Mobo Gao, op cit, p. 204. 

     

    sourcehttps://lesakerfrancophone.fr/la-passionnante-histoire-du-parti-communiste-chinois-4eme-partie 

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    Evidemment, la défaite des secteurs de l'oligarchie péruvienne a provoqué une telle hystérie et un tel maccarthysme qu'il n'y a pas un jour sans que les membres du cabinet de Pedro Castillo ne soient interpellés ou attaqués avec rage.Maintenant, c'est le chancelier Béjar, l'un des meilleurs ministres des Relations Extérieures qu'ait eu le Pérou depuis des décennies, qui est dans la ligne de mire.

    La groupe fujimoriste et d'autres groupes alliés demandent que le ministre des Relations Extérieures réponde à une liste de questions et fasse connaître « le tournant que prendra le Pérou face à la communauté internationale. »

    Le groupe parlementaire Force Populaire de Keiko Fujimori a présenté la motion d'ordre du jour n.º 082 pour interpeller le ministre des Relations Extérieures sur le départ éventuel du Pérou du Groupe de Lima. 

    « On a décidé d'interpeller Monsieur Héctor Béjar Rivera, ministre des Relations Extérieures, afin qu'il se rende à la session plénière du Congrès de la République pour qu'il réponde à la liste de questions sur différents aspects concernant la gestion de sa charge et le tournant que prendra le Pérou face à la communauté internationale,»

    dit le document.

    Dans les motivations de cette motion, on précise qu'il n'y aurait pas de bonne raison pour que le Pérou ne fasse plus partie du Groupe de Lima. On précise même qu'il n'a pas démenti cette hypothèse.

    « Il n'existe pas de raison valable pour que le Pérou doive se retirer du Groupe de Lima et ainsi nier les principes et les valeurs démocratiques que tous les ministres d'Etat ont juré de respecter et de préserver mais le chancelier n'a pas démenti avoir pensé que notre pays doive abandonner le Groupe de Lima, » ajoute le texte.

    Sur cette même ligne, la droite corrompue et putschiste souligne que cette instance est importante pour préserver « la liberté de tous les peuples de notre région » face à d'éventuelles « idéologies totalitaires. »

    « Le Groupe de Lima a été constitué pour défendre la démocratie et préserver la liberté de tous les peuples de notre région pour, comme dans le cas de la République sœur du Venezuela, soutenir tout pays latino-américain qui se verrait menacé par des idéologies totalitaires et antidémocratiques.

    Le document indique aussi que le chancelier n'a pas exprimé sa position sur la situation du Venezuela et de Cuba ni sur la façon dont va agir le ministère qu'il dirige face à ces pays.

    Dans le meilleur langage maccarthyste du siècle dernier, la droite fujimoriste péruvienne insiste : « Bien que les peuples du Venezuela et plus récemment de Cuba aient subi les ravages de dictatures communistes qui les ont amenés à vivre privés de leurs droits fondamentaux, monsieur Béjar n'a pas pris position à ce sujet et n'a pas fait connaître les actions qu'exécuterait la chancellerie à ce sujet sous sa direction. »

    On remet même en question le fait que le chancelier n'ait pas « fait de critique ou fixé de limites à propos des récents événements au Nicaragua où le gouvernement aurait ordonné l'arrestation de pré-candidats et d'opposants au régime. »

    On évoque aussi dans cette motion le fait que « Monsieur Béjar a été l'un des guérilléros qui ont fondé l'Armée de Libération Nationale au Pérou, celle-là même qui a porté atteinte ànotre démocratie et encouragé, en arrivent même à publier un livre, l'idéologie totalitaire communiste. Cependant, depuis son mouvement jusqu'à aujourd'hui, il n'a donné aucune preuve qu'il s'est éloigné de cette position antidémocratique et contraire à un Etat de droit. »

    Ils critiquent aussi le fait que le ministre des Relations Extérieures ait soi-disant affirmé qu'il chercherait « à reconstruire et à moderniser l'UNASUR » parce que le Pouvoir Exécutif a qualifié comme l'une des raisons de son retrait de cet organisme le fait que celui-ci se soit soumis à une idéologie et politisé. » 

    Enfin, Force Populaire et toute la droite ajoutent qu'il saignent à cause de la blessure causée par la défaite infligée par Pérou Libre et soulignent que le Congrès est « contre le socialisme du XXI ème siècle » et « pour la défense de la démocratie. »

    « Il faut exprimer la position du Congrès de la République contre contre le socialisme du XXI ème siècle » et en faveur de la défense de la démocratie, de l'Etat de Droit, des droits de l'homme et du respect des libertés de tous les citoyens . »

     

    Source en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/12/peru-ofensiva-de-la-derecha-narcofujimorista-contra-el-canciller-hector-bejar-vuelven-a-reivindicar-al-cartel-de-lima-y-el-macartismo/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) : http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-la-droite-attaque-le-chancelier-hector-bejar.html

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    Par Geraldina Colotti

     

    En ce qui se manifeste comme étant la seconde vague progressiste de ce siècle en Amérique Latine, le Pérou de l'instituteur de campagne Pedro Castillo, qui est devenu président lors du bicentenaire de l'indépendance du pays, promet de faire sa part. L'attente longue et compliquée de la ratification du résultat et l'agressivité des forces conservatrices qui soutiennent le fujimorisme montrent, cependant, que son projet n'aura pas la vie facile.

    L'oligarchie et les grands intérêts multinationaux qui se reflètent dans les élites des zones urbaines ont formé un anneau autour du parti Force Populaire. Un parti bastion de al droite radicale sud-américaine représentée par Keiko Fujimori, la fille de l'ancien dictateur péruvien au pouvoir de 1990 a 2000, qui a obtenu 49,87% des voix au second tour des élections présidentielles.

    L'instituteur Pedro Castillo, syndicaliste, à la tête d'un parti comme Pérou Libre, a sa proincipale réserve de voix dans les zones rirales du pays, habitées principalement par des paysans pauvres, métis et indigènes. Il a obtenu 50,2% des voix. Au congrès, élu pour les 5 prochaines années, son parti a seulement 37 sièges sur 130, plus les 5 de Veronika Mendoza (Ensemble pour le Pérou).

    Par conséquent, il n'a pas une majorité qui lui permettrait de mettre en palce facilement le programme de gouvernement qui se résume par la promesse « jamais plus de pauvres dans un pays riche » et la promesse d'une Assemblée Natioanle Constituante qui puisse remplacer la Constitution fujimoriste de 1993 par uen Constitution équi ait la couleur, l'odeur et la saveur du peuple. »

    De 2018 et la démission de Pedro Pablo Kuczynski à la destitution de Martín Vizcarra en 2020 et la démission de son successeur Manuel Merino de Lama, et à l'intérim de Francisco Sagasti qui a conduit lepays aux élections, les grands groupes de pouvoir qui se sont divisé le pays ont réglé leurs comptes grâce à la judiciarisation de lapolitique et aux coups d'Etat institutionnels.

    Après 30 années de néolibéralisme effréné, 19% des jeunes péruviens qui ont entre 15 et 24 ane ne font pas d'études et ne travaillent pas alors que les bénéfices des multinationales qui exploitent les ressources du troisième producteur mondial de cuivre, de zinc et d'étain et sixième producteur d'or ont augmenté significativement. Dans un pays qui se trouve parmi les pays les plus touchés par le COVID-19 et dont, selon le fonds Monétaire International lui-même, le nombre de pauvres est à présent de presque 2 000 000, lepeuple a répondu par la lutte et ensuite par le vote. Et maintenant, il n'a pas l'intention de se laisser ôter la parole grâce à l'imposition de règles et d'institutions artificielles qui ferment la porte au changement.

    Une première tension avec l'oligarchie s'est manifestée après les nominations faites par Castillo, en commençant par celle du premier ministre Guido Bellido. La droite s'est exprimée violemment devant la maison du président mais les gens sont venus la défendre et pendant ce temps, comme dans le scénario le plus classique de la CIA mis en place depuis l'époque d'Allende et toujours en vigueur au Venezuela aujourd'hui, la hausse des prix et l'attaque des médias contre le nouveau Gouvernement sont arrivés, comme si ceux qui fixent les prix et profitent des augmentations, ce n'étaient pas les commerçants et les grands groupes économiques...

    Le sujet principal agité par le fujimorisme est celui de la « lutte contre le terrorisme » car certains fonctionnaires du Gouvernement sont accusés de sympathies envers les défuntes guérillas communistes du Sentier Lumineux dont les militants purgent 30 ans de prison. Le principal dirigeant du Sentier Lumineux, Abimael Guzmán, qui a presque 90ans, est en train de mourir en prison après 29 ans d'isolement et de torture ert a récemment été transporté d'urgence à l'hôpital.

    Un autre sujet que la droite aime bien, c'est celui de la peur du « communisme, » transformée en «castro-chavisme» mais de nombreux députés ont prêté serment au Congrès en levant le poing et en exprimant leur position en faveur de l'intégration latino-américaine et de la seconde indépendance.

    Pérou Libre est, en outre, un parti qui se définit lui-même comme marxiste-léniniste-mariateguiste, » qui fait partie du Forum de Sao Paulo, dont les militants et les dirigeants ont participé aux congrès mondiaux organisés Caracas ces dernières années. En politique étrangère, il se considère comme « internationaliste et anti-impérialiste » et il soutient les processus révolutionnaires à Cuba, au Venezuela, au Nicaragua et en Bolivie.

    C'est pourquoi les déclarations du chancelier Héctor Béjar concernant un changement d'attitude en faveur du multilatéralisme et de la non ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et de la remise en marche de l'UNASUR ont suscité de grands espoirs. Béjar, un ancien guérilléro de 85 ans qui a connu Che Guevara, a également exprimé sa reconnaissance pour le discours prononcé par le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, devant les chanceliers de la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens (CELAC), dans lequel il a condamné l'OEA d'Almagro et la politique de « sanctions. »

    Comme l'avait prévu le porte-parole du parti, Vladimir Cerrón, le Pérou pourrait quitter le Groupe de Lima comme l'ont déjà fait le Mexique, la Bolivie et l'Argentine, 3 pays qui se sont tournés vers la gauche. Mais cette décision n'est pas encore officielle au Pérou. Les positions de l'alliance de gouvernement concernant le principal objectif de cet infâme Groupe de Lima : saper la légitimité des institutions vénézuéliennes à partir de l'élection du président Nicolás Maduro sont disparates. Etant donné l'équilibre interne actuel et le poids de ceux qui font pression pour une « voie social-démocrate » en économie qui s'accompagnerait d'une position modérée également en politique étrangère, ce serait déjà un grand pas en avant si le Pérou suivait les pas du Mexique et de l'Argentine. 

    Pendant ce temps, Castillo a été reconnu comme chef des Forces Armées par le haut commandement militaire devant qui il a honoré les hommes et les femmes qui ont construit l'indépendance. « Je vous invite à garder vivante la mystique qui a caractérisé les les hommes et les femmes qui ont forgé l'histoire de notre pays pour obtenir un Pérou plus inclusif et tolérant, » a-t-il dit. 

    Le président du Conseil des Ministres, Guido Bellido, pour sa part, a affirmé : « Depuis plus de 200 ans, il y a un Pérou officiel et un autre non officiel, un Pérou qui a tout et un autre qui n'a rien. Un Pérou oublié et discriminé et un autre qui avait toute l'autorité. Nous ne sommes contre personne, nous sommes ici pour soutenir les 33 000 000 de Péruviens , pour que tous aient de meilleures conditions et plus d'opportunités. »

     

    Source en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/11/peru-ya-no-quiere-menear-la-cola-en-el-patio-trasero-de-estados-unidos/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-ne-plus-remuer-la-queue-dans-l-arriere-cour-des-etats-unis.html

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  •  Pérou : Pedro Castillo se rendra aux Etats-Unis pour rencontrer Biden  (Resumen-11/08/21)

    Le président de la République, Pedro Castillo, se rendra aux Etats-Unis du mardi 21 au jeudi 23 septembre pour avoir une réunion bilatérale avec son homologue étasunien Joe Biden, selon des sources proches de La República.

    Entre ces 2 dates, il interviendra à la « gestion annuelle » de l'Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) dont le siège est à New York et il se rendra à l'Organisation des Etats Américains (OEA) à Washington D. C. où il est possible qu'il fasse un discours ;£

    Depuis ce 11 août, le Pérou préside le Conseil Permanente de l'OEA sous la direction du représentant du pays à l'organisation, Harold Forsyth.

    Le chancelier rencontre l'ambassadrice des Etats-Unis  

    Le 9 août, l'ambassadrice des Etats-Unis au Pérou, Lisa Kenna, a rencontré le chancelier Héctor Béjar lors d’une visite de courtoisie pendant laquelle les relations bilatérales, qui traversent un excellent moment, ont été passées en revue, » a fait savoir le ministère des Relations Extérieures.

    Dans un communiqué, le ministère a indiqué qu'ils « ont parlé de la visite officielle du président Pedro Castillo à Washington D.C. Après qu'il ait participé à l'Assemblée Générale des Nations Unies (ONU). »

    Lors de cette rencontre, ils ont aussi traité d'autres sujets comme « les vaccins et la coopération non remboursable des Etats-Unis dans les régions les plus pauvres du Pérou. » Et ils ont discuté de l'initiative du président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, et du gouvernement de Norvège « pour favoriser le dialogue entre le Gouvernement et l'opposition vénézuélienne. »

    Enfin, le ministre et l'ambassadrice ont été d'accord sur le fait que la priorité pour le Gouvernement du Pérou et celui des Etats-Unis est la lutte contre la pandémie, les inégalités et l'exclusion et une remise en marche de l'économie qui permette de surmonter la pauvreté. 

     

    Source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/11/peru-pedro-castillo-viajara-a-estados-unidos-en-setiembre-para-reunirse-con-joe-biden/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-pedro-castillo-se-rendra-aux-etats-unis-pour-rencontrer-biden.html

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  •  Pérou : Soutien total au dialogue au Venezuela   (Resumen-10/08/21)

    Dans un communiqué émis par le ministre des Relations Extérieures Héctor Béjar, le Gouvernement du Pérou exprime son soutien total à la reprise du processus de dialogue entre le Gouvernement du président Nicolás Maduro et l'opposition vénézuélienne. C'est un retournement clair de la politique étrangère du Pérou.

    « Nous sommes en faveur de toute action destinée à contribuer au dialogue nécessaire entre le Gouvernement du Venezuela et l'opposition pour qu'on puisse arriver à un accord pour organiser des élections libres, justes et démocratiques. Nous pensons que ce dialogue doit servir aussi à créer les conditions d'une levée des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis qui affectent seulement les conditions de vie du peuple vénézuélien.

    Le Pérou va favoriser la convergence de toutes les initiatives internationales vers le Groupe de contact qui aujourd'hui, se présente comme le moyeb la plus efficace d'unifier l'action internationale en faveur d'une solution au problème vénézuélien.

    Dans le cadre de cette nouvelle orientation, c'est une bonne nouvelle que le processus de dialogue entre l'opposition et le gouvernement soit réactivé avec la médiation de la Norvège, à Mexico.

    Le Pérou soutient pleinement et totalement cette initiative qu'il appelle la communauté internationale à soutenir. » 

     

    source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/10/peru-el-gobierno-manifiesta-su-total-apoyo-al-dialogo-en-venezuela/

    source en français (traduction de Françoise Lopez) :http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-soutien-total-au-dialogue-au-venezuela.html

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  •  Pérou : Des règles pour la nomination des ministres   (resumen-10/08/21)

    Le président du Pérou, Pedro Castillo, a accepté aujourd'hui de restreindre ses possibilités de nommer des ministres et d'autres fonctionnaires en créant une loi qui fixe les conditions à remplir, selon l'inspecteur général, Nelson Shack, après 200 ans pendant lesquels il suffisait d'être majeur et d'avoir la confiance du président pour pouvoir être ministre.

    « Le gouvernement que je suis honoré de présider commence une nouvelle étape de travail qui se caractérisera par l'efficacité au bénéfice de la population, » a écrit Castillo sur Twitter. 

    Il y a parmi ses ministres des dirigeants sociaux et des personnalités politiques qui ne osnt pas du goût de l'opposition et les attaques contre eux deviennent matière àune campagne médiatique et politique qui remet en question l'absence de titres universitaires de la plupart des fonctionnaires désignés et exige le remplacement d'au moins 6 d'entre eux dont le premier ministre Guido Bellido.

    Schack a annoncé qu'il présenterait au Parlement à majorité d'opposition un projet de loi destiné à standardiser leprofil de ceux qui seront proposés pour assumer des charges publiques, une chose qui n'est actuellement appliquée qu'aux agents techniques. 

    Il a ajouté que chaque fois su'on nommera un h aut fonctionnaire, il devra être soumis à une procédure de contrôle et que si l'inspection trouve que sa désignation n'est pas bonne, elle alertera les autorités.

    Le Président est conscient que les profils doivent être respectés et il a averti que le non respect des conditions fixées entraînera des sanctions qui pourront aller jusqu'à 5 ans d'interdiction d'exercer des charges publiques.

    Castillo a aussi reçu le défenseur du Peuple, Wálter Gutiérrez, un autre fonctionnaire autonome qui s'est joint aux remises en question de la désignation des ministres.

    En sortant du palais du Gouvernement, Gutiérrez a exprimé sa satisfaction pour la réceptivité de Castillo concernant ses propositions qui incluent uen demande publique de reconsidération de la nomination des ministres.

    D'autre part, la presse indique que Castillo a dit à Gutiérrez qu'il convoquerait une réunion du Conseil d'Etat qui réunisse les titulaires des pouvoirs de l'Etat et d'autres organismes autonomes comme l'Inspection et la Défense du Peuple.

     

    source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/10/peru-presidente-peruano-acepta-fijar-requisitos-para-nombrar-ministros/

    source en français (traduction de Françoise Lopez) :http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-des-regles-pour-la-nomination-des-ministres.html

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