•  

    Le conflit diplomatique le plus long de la Bolivie dure depuis 7 mois : c'est le siège de la résidence de l'ambassade du Mexique à La Paz où 7 ex-autorités du Gouvernement d'Evo Morales sont toujours réfugiées parce que le Gouvernement de fait continue à refuser de leur accorder le sauf-conduit pour quitter le pays face au danger que court leur vie.

    Ceux qui se trouvent dans cette prison virtuelle sans avoir été condamnés sont l'ex-ministre de la Présidence Juan Ramón Quintana Taborga, l'ex-ministre de la Défense, Javier Zavaleta, l'ex-ministre du Gouvernement Hugo Moldiz Mercado, l'ex-ministre de la Justice Héctor Arce Zaconeta, l'ex-ministre de la Culture Wilma Alanoca Mamani, l'ex-gouverneur du Département d'Oruro, Víctor Hugo Vásquez et l'ex-directeur de l'Agence des Technologies et de l'Information, Nicolás Laguna.

    Ils reçoivent des menaces de mort, par exemple de la part du ministre Arturo Murillo, qui a dit en prenant possession de sa charge : » Nous allons aller à la chasse de Juan Ramón Quintana, » entre autres. Les membres de leur famille sont aussi persécutés et violentés et leurs logements pillés. Dans aller plus loin, le week-end dernier, 200 policiers ont menacé – à nouveau – d'entrer dans la résidence par la force.

    « Aujourd'hui, on a enregistré un mouvement inhabituel de la police dans les environs de la résidence du Mexique en Bolivie. Après avoir discuté avec les autorités du Ministère des Affaires Etrangères qui ont assuré l'intégrité de l'enceinte conformément au Droit International, la police s'est retirée, » ont-ils twitté, le 14 juin dernier, sur le compte officiel de l'ambassade du Mexique en Bolivie pour alerter le monde sur la situation de danger qu'ils vivent.

    Selon l'article 22 de la Convention Américaine des Droits de l'Homme, valable aussi bien pour la Bolivie que pour le Mexique, « toute personne a le droit de chercher et de trouver refuge en territoire étranger en cas de persécution pour des délits politiques ou de droit commun ayant un rapport avec la politique conformément à la législation de chaque Etat et aux conventions internationales. » Selon le Droit International, la propriété en question est territoire mexicain. 

    La Commission Inter-américaine des Droits de l'Homme (CIDH) a exigé, un mois après que l'asile leur ait été accordé, « qu'on remette les sauf-conduits aux personnes qui ont trouvé refuge dans les ambassades du Mexique et d'Argentine ou dans d'autres sièges diplomatiques pour qu'ils puissent exercer leur Droit de l'Homme d'obtenir l'asile et de trouver refuge de telle façon que leurs noyaux familiaux respectifs ne soient pas fragmentés. » Une demande restée sans réponse du Gouvernement de transition jusqu'à aujourd'hui.

    Il y a eu des cas similaires dans la région : l'ex-président Héctor Cámpora est resté 3 ans réfugié à l'ambassade du Mexique en Argentine, ce qui a causé sa mort par manque de soins médicaux, Víctor Raúl Haya de la Torre a trouvé refuge à l'ambassade de Colombie au Pérou en 1950.

     

    Source en espagnol :   https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/06/19/bolivia-siete-meses-de-acoso-a-la-embajada-mexicana-en-la-paz/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :  http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/06/bolivie-7-mois-de-harcelement-a-l-ambassade-du-mexique-a-la-paz.html

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  • La  – terriblement frappée par le covid-19 – à la  et la Martine, compte parmi les déserts médicaux en France. Avec pour conséquences des difficultés d’accès aux soins.
    C’est dans ce contexte qu’en application d’une loi récente levant l’interdiction qui leur était faite injustement, des  cubains vont pouvoir apporter leur aide pour le plus grand bénéfice de la  de nos concitoyens de la caraïbe.

    15 médecins cubains spécialistes en pneumologie, infectologie, radiologie et urgences viennent en effet d’être envoyés par  socialiste pour aider en Martinique.

    Cette première mission durera 2 mois

    Alors que Cuba apporte son aide à la France, comme elle l’a fait avec nos voisins italien ou d’Andorre, et comme elle le fait avec une soixantaines de pays dans le monde où officient près de 30 000 médecins cubains, il apparait plus que jamais urgent de se mobiliser pour faire justice pour Cuba en faisant cesser le criminel blocus américain qui frappe de façon encore renforcée les cubains.

    signez la pétition contre le blocus de cuba : cliquez ici

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Le 26 juin 2020, les étudiants et les employés universitaires ont participé à une manifestation à Quito, la capitale, contre les coupes budgétaires et contre la crise économique pour la pandémie du coronavirus. « Ici, il n’y a pas de politique pour protéger l’emploi, il n’y a pas de politique en faveur des secteurs les plus appauvris de l’Équateur » a signalé une des manifestantes. La police a essayé de disperser les manifestants mais ceux-ci ont riposté.

    Par ailleurs, la Fédération des Chambres de Commerce de l’Équateur estime que les pertes dans le commerce de toute la nation durant la quarantaine ont atteint 5 milliards 807 millions de dollars. Selon des données de la Banque Centrale équatorienne, depuis le début des restrictions ayant pour but d’endiguer la propagation du coronavirus, les ventes ont chuté de 21,4% en mars et de 45,6% en avril. Pour sa part, le ministère de la Production et du Commerce Extérieur a estimé que les pertes des entreprises à cause de la quarantaine commencée le 17 mars, ont atteint 12 milliards de dollars. Le secteur des micro-entreprises a été l’un des plus touchés par la baisse de la demande, « Ceci a généré une diminution des ventes, des limitations d’accès aux matières premières, une réduction de la main d’œuvre, la limitation de l’accès au financement » a expliqué Belén Luzón, chef d’Affaires de Coopérative Andalucía, dédiée à des activités de services de tourisme et de loisirs.

    Avant que l’épidémie ne frappe, l’ qui avait voté pour la poursuite de la révolution citoyenne de  avait vu le président  trahir en appliquant les ordres du  et en se soumettant aux ordres de Washington. Avec pour résultat l’application d’un terrible paquet austéritaire frappant la population. Provoquant d’énormes manifestation de rue, obligeant Moreno à fuir un temps la capital, tandis qu’il faisait donner de la violence policières pou écraser la contestation. Tout en menant un procès politique pour écarter de la prochaine présidentiel son principal et très populaire opposant, l’ex président Correa.

    Après le répits d’un semblant de négociation et ensuite avec la chape de plomb du confinement pour cause de terrible épidémie de covid-19 – très mal gérée – la contestation sociale et démocratique se remobilise très logiquement en Equateur.

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • La Paz, 26 jun (RHC)- Le président du Tribunal Suprême Électoral (TSE) de la Bolivie, Salvador Romero, a fait savoir que les élections générales prévues le 6 septembre prochain se dérouleront dans un climat de sécurité sanitaire pour prévenir le Covid-19. Salvador Romero a précisé que le processus électoral se déroulera de façon similaire à une démarche bancaire et que le TSE enverra au ministère de l’économie et des finances publiques un budget supplémentaire pour assurer l’achat de matériel de sécurité sanitaire. Pour sa part, le porte-parole du TSE, Francisco Vargas, a assuré que dans les prochains jours sera présenté un document qui montrera la nouvelle programmation du calendrier électoral. Francisco Vargas a expliqué que pour l’élaboration des protocoles de sécurité sanitaire, le TSE s’est basé sur l’expérience d’autres pays où se déroulent des élections durant la pandémie de Covid-19. Par ailleurs, l’ex-président de la Bolivie, Evo Morales a appelé au dialogue national dans ce pays pour concilier un agenda permettant la réactivation de la vie économique, sociale et politique une fois le Covid-19 surmonté. Sur son compte twitter, Evo Morales a signalé que l’espace de concertation doit inclure l’état, des acteurs productifs et sociaux pour définir l’agenda économique de l’après-pandémie.
     
    Reynaldo Henquen
    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  • Une équipe de médecins cubains arrivent à l\'aéroport Martinique-Aimé-Césaire, au Lamentin, le 26 juin 2020.Une équipe de médecins cubains arrivent à l'aéroport Martinique-Aimé-Césaire, au Lamentin, le 26 juin 2020

    Cette mission fait suite à l'adoption, en mars, d'un décret autorisant l'intervention de médecins cubains dans certains territoires d'outre-mer, afin de venir renforcer les équipes locales.

    Une délégation de 15 médecins cubains est arrivée vendredi 26 juin en Martinique, a appris l'AFP auprès des autorités cubaines. Il s'agit de la première mission de ce genre sur un territoire français. Cette arrivée fait suite à l'adoption, en mars, d'un décret autorisant l'intervention de médecins cubains dans certains territoires d'outre-mer (Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre-et-Miquelon) afin de venir renforcer les équipes locales. La mission en Martinique, qui durera deux mois, servira à couvrir certaines spécialités dont la pneumologie, l'infectiologie, la radiologie ou encore la médecine d'urgence, selon les autorités martiniquaises. Ces médecins pourront aussi aider à lutter contre l'épidémie de coronavirus.

    Au total, près de 30 000 médecins cubains sont déployés à l'année dans une soixantaine de pays, où ils aident à compléter le maillage sanitaire. Ce programme, lancé dans les années 1960 par Fidel Castro, a par ailleurs connu un véritable regain en raison de la pandémie de Covid-19. Selon les derniers chiffres du gouvernement cubain, l'île a envoyé environ 3 000 professionnels de santé en mission temporaire dans 28 pays, dont le Mexique, la principauté d'Andorre, l'Afrique du Sud ou encore le Qatar.

    Le programme est durement critiqué  par les Etats-Unis et le Brésil, qui dénoncent notamment les conditions de travail de ces professionnels, dont une grande partie du salaire revient à l'Etat. Jeudi 25 juin, les autorités andorranes ont ainsi annoncé que deux soignants de la mission cubaine ont refusé de retourner dans leur pays, pour demander l'asile politique en Europe. Cuba, qui a commencé à facturer ce service aux pays les plus riches à partir des années 2000, en a gagné 6,3 milliards de dollars en 2018, ce qui en fait l'une de ses principales sources de revenus.

    source: https://www.francetvinfo.fr/

     

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  • Romain MIGUS vous invite au lancement virtuel du site Les 2 Rives qui aura lieu le jeudi 2 juillet à 19h30.

    Les 2 Rives est un nouveau site d'information en français sur l'Amérique latine et les Caraïbes. 

    Son objectif est d’offrir une autre information basée sur les luttes et la réalité quotidienne des Peuples latino-américains. Un autre point de vue qui est, malheureusement, invisibilisé dans les lignes éditoriales de la plupart des médias francophones.

    Dernières évènements, articles d'opinion, Web TV, reportages, interviews, analyses, documentaires : les nombreux regards proposés par Les 2 Rives vous aideront à comprendre les dynamiques politiques, sociales et culturels des pays latino-américains et à en saisir les enjeux.  

    Prenez note de ce rendez vous, et partagez l'info à vos contacts. 

    LANCEMENT DU SITE 

    LES 2 RIVES: JEUDI 2 JUILLET 2020 - 19H30

    EN DIRECT DEPUIS LA PAGE FACEBOOK DE ROMAIN MIGUS

    www.facebook.com/migusromain

     WebTV

    Actualités de l'Amérique Latine - 10/19 juin 2020 (Venezuela, Bolivie, Argentine, Brésil)

    Romain Migus décortique l'actualité marquante de la semaine en l'Amérique Latine. Une analyse pour comprendre les enjeux politique du continent. Une autre info sur l'Amérique Latine 

     

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  • Dans son édition du 12 juin, se substituant aux présidents Donald Trump (Etats-Unis), Jair Bolsonaro (Brésil) et Iván Duque (Colombie), trop discrédités pour être audibles, le quotidien français Le Monde a offert une tribune à leur «  protégé », le « président autoproclamé » du Venezuela, Juan Guaido. Décryptage pour Mémoire des Luttes par l’ex-rédacteur en chef du Monde Diplomatique, auteur de nombreux ouvrages et spécialiste de l’Amérique Latine, Maurice Lemoine.

    Qui oserait, aujourd’hui, se réclamer de Donald Trump (nous parlons là de tout humain doté de raison) ? Sans aller jusqu’à faire le bilan de trois années de mandat, sa gestion de la pandémie du coronavirus et de la crise raciale qui a suivi la mort de l’Afro-Américain George Floyd en disent long sur le président des Etats-Unis. S’agissant de la crise sanitaire, il y eut d’abord, entre fin janvier et la mi-mars, dénégation, puis minimisation de la gravité de l’épidémie. Avec ses épisodes ubuesques. Quand, le 10 février, en meeting dans le New Hampshire, Trump déclare : « En avril, dès que les températures auront un peu remonté, ce virus disparaîtra. Comme par miracle. » Quand, en pleine réunion à la Maison-Blanche, le 23 avril, il « réfléchit » à haute voix et suggère d’injecter de l’eau de javel dans les poumons malades ou, pourquoi pas, un traitement aux UV ? « Les briefings de Trump mettent activement en danger la santé du public. Boycottez la propagande. Ecoutez les experts. Et s’il vous plaît, ne buvez pas de désinfectant », devra déclarer, soutenu par la communauté scientifique, Robert Reich, un professeur de la prestigieuse université de Berkeley. Entretenant la confusion, le locataire de la Maison-Blanche n’en appelle pas moins ses partisans à manifester pour « libérer » du confinement les Etats – Michigan, Minnesota, Virginie – gérés par des gouverneurs démocrates. Conséquence : une politique aussi incohérente tue les malades plutôt que la maladie. Désormais premier foyer planétaire du coronavirus, les Etats-Unis comptabilisent plus de 117 000 morts à l’heure de la rédaction de ce billet.

    Même positionnement aberrant après la mort de George Floyd asphyxié par le policier Derek Chauvin à Minneapolis. La situation provoque un mouvement de colère historique, toutes communautés confondues (sauf celles des chrétiens évangéliques blancs, socle électoral du président). Sans un mot de compassion pour la victime et sa famille, Trump parle de déployer l’armée pour ramener le calme dans les villes que secouent d’importantes manifestations contre les violences policières et la discrimination raciale.
    Même des figures du Parti républicain s’opposent désormais à la façon dont le businessman gère le pays. Depuis les colonnes du magazine The Atlantic, son ex-ministre de la Défense, James Mattis, est monté au créneau : « De mon vivant, Donald Trump est le premier président qui n’essaie pas de rassembler les Américains, qui ne fait même pas semblant d’essayer. Au lieu de cela, il tente de nous diviser. (…) Nous payons les conséquences de trois années sans adultes aux commandes. » Plus significatif encore : l’actuel titulaire du Pentagone, Mark Esper annonce en conférence de presse son opposition à l’usage de la Loi d’insurrection qui, pour rétablir l’ordre, permettrait d’utiliser l’armée contre les manifestants.

    Dans sa logique impérialiste, dans son obsession de détruire le multilatéralisme et le droit international, la grosse patte rugueuse de Trump va jusqu’à menacer de quitter, en lui coupant définitivement les vivres, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et à autoriser des sanctions économiques – son arme favorite contre les pays souverains qui lui déplaisent – envers tout magistrat ou responsable de la Cour pénale internationale (CPI) qui enquêterait sur des militaires américains ou les inculperait « sans le consentement des Etats-Unis » [1]. Est-il nécessaire de développer plus avant ?

    Qui (nous parlons-là des personnes responsables) oserait encore soutenir le président brésilien Jair Bolsonaro ? Dès 2016, ce médiocre parlementaire d’extrême droite avait annoncé la couleur : « La carte de visite pour un marginal du MST [Mouvement des sans terre], c’est une cartouche de 7.62. » Nostalgique de la dictature militaire, arrivé au pouvoir grâce au coup d’Etat juridico-parlementaire contre Dilma Rousseff, puis l’emprisonnement arbitraire de Luiz Inácio Lula da Silva, Bolsonaro a nommé un ministre des Affaires étrangères à son image : Ernesto Araujo. Hanté par la « menace communiste », ce dernier voit en Trump « le sauveur de l’Occident ».
    Négationniste comme son mentor du Nord face à la pandémie, Bolsonaro la « gère » de la même façon. Ministre de la Santé, le populaire Luiz Henrique Mandetta a été limogé en avril pour avoir prôné la distanciation sociale et exprimé son désaccord avec la politique du gouvernement fédéral. Il a été remplacé par un millionnaire, Carlos Wizard, dépourvu d’une quelconque expérience dans le domaine de la santé.

    Pour tenter de cacher la réalité désastreuse du Covid-19 – plus de 44 000 morts désormais – alors que le président continue d’en nier la gravité, les autorités ont tenté de changer la façon de compter les cas de contaminations et de décès. Il a fallu que la Cour suprême intervienne pour les en empêcher. De la même manière, le juge Marcio Santoro Roch avait dû annuler un décret présidentiel publié le 27 mars pour exclure les églises, les temples religieux et les bureaux de loterie des mesures de quarantaine imposées dans certains Etats.
    Durant une réunion ministérielle tenue le 22 avril, Bolsonaro, entre insultes et propos venimeux, a demandé à ce que la population soit armée pour éviter qu’une dictature ne s’installe à la tête du pays. Dans le collimateur : les maires et gouverneurs qui adoptent des mesures contraires à ses recommandations dans la lutte contre le fléau sanitaire.

    Si la température grimpe en flèche au Brésil, ce n’est toutefois pas uniquement en raison de la pandémie. Car, le 19 avril, à Brasilia, en haranguant des manifestants qui, brisant la quarantaine, s’étaient rassemblés devant la Caserne générale de l’armée, Bolsonaro a légitimé de fait leur demande : une intervention militaire et la mise en œuvre de l’Acte institutionnel n° 5 (AI-5). En 1968, celui-ci avait permis de supprimer de nombreuses garanties constitutionnelles et de fermer le Congrès.
    Ces prises de position témoignent de l’embarras de l’extrême droite brésilienne. Un juge de la Cour suprême, Celso de Mello, a en effet autorisé l’ouverture d’une investigation sur les accusations selon lesquelles Bolsonaro a tenté de s’ingérer dans le travail de la Police fédérale à des fins politiques. Il s’agissait pour lui d’en faire remplacer le chef pour éviter des enquêtes concernant ses fils. Par ailleurs, le Tribunal supérieur électoral a ouvert une enquête pour déterminer si, lors de la campagne présidentielle de 2018, le « candidat Bolsonaro » n’a pas utilisé des réseaux illégaux disséminant des « fake news » – ce qui, de fait, remettrait en cause son élection.

    Depuis lors, le ton monte contre l’Etat de droit. Le 21 mai, le député fédéral Bia Kicis (PSL-GO), un allié du chef de l’Etat, a suggéré une « intervention militaire constitutionnelle » au cas où l’on continuerait à empêcher celui-ci de gouverner. Alors que les voix se multiplient pour demander sa démission ou une procédure d’ « empeachment », Bolsonaro a explicitement averti (13 juin) la Cour suprême et le Congrès – où il ne dispose pas d’une majorité – que « les Forces armées n’obéissent pas à des ordres absurdes » et qu’elle n’accepteront pas le résultat d’un éventuel jugement politique destiné à le destituer.
    Pour les Brésiliens, le message est clair : en affichant son désir de s’arroger tous les pouvoirs, en s’attaquant délibérément aux corps constitués, Bolsonaro prône rien moins qu’un retour aux méthodes de la dictature militaire du passé.

    Qui (nous parlons là des citoyens moyennement informés) se répandrait en félicitations sur la gestion du président colombien Iván Duque ? Signés en 2016 avec la guérilla des Forces armés révolutionnaires de Colombie (FARC) les Accords de paix ont été torpillés. Dans l’impunité la plus totale, toutes les vingt-quatre heures, un dirigeant social ou populaire est assassiné.
    Les scandales succèdent aux scandales. On apprend que, en 2019, dans la plus totale illégalité, des membres des services de renseignement de l’armée ont placé sur écoute et espionné 130 personnes – magistrats, opposants, journalistes (dont des reporters du New York Times, du Wall Street Journal et de National Geographic) [2]. On découvre que l’actuelle vice-présidente, Marta Lucía Ramírez, a payé 150 000 dollars de caution en 1997 pour faire remettre en liberté, pendant son jugement, son frère Bernardo Ramírez Blanco, arrêté à Miami pour narcotrafic. Celui-ci fut condamné à une peine minime eu égard aux charges qui pesaient sur lui, mais pendant plus de vingt ans, en Colombie, Marta Lucía Ramírez poursuivit sa carrière politique sans jamais rendre publique cette information.
    Devant le tollé provoqué par cette révélation et les demandes de démission provenant d’un certain nombre de sénateurs, le ban et l’arrière-ban de la droite se sont mobilisés pour défendre la « persécutée ». L’intervention la plus remarquée a été celle de Samuel Azout, un « homme d’affaires respectable », ex-Haut conseiller pour la prospérité sociale du président Juan Manuel Santos, quand il a déclaré : « Que celui qui n’a pas un parent ou un ami qui ait été narcotrafiquant lui jette la première pierre [3] ! » Ce qui a au moins le mérité de la clarté.

    Il convient de noter à ce propos que, depuis mai dernier, l’époux de la vice-présidente, Álvaro Rincón Muñoz, doit s’expliquer devant la justice pour ses liens d’affaires, dans le secteur immobilier, avec Guillermo León Acevedo, alias « Memo Fantasma », connu pour ses liens avec les paramilitaires et les narcotrafiquants. Et que la Commission d’investigation et d’accusation de la Chambre des représentants a ouvert une enquête préalable contre le président Duque en personne, mis en cause dans le cadre de la « Ñeñepolítica ». Pour mémoire : avant sa mort par assassinat en mai 2019, l’éleveur José Guillermo Hernández Aponte, dit « Ñeñe », lui aussi notoirement proche des mafieux, a révélé des « achats de votes » et une fraude électorale organisés sur la côte caraïbe et dans la Guajira, pour favoriser l’élection de l’actuel chef de l’Etat [4].

    Dans ces conditions, faut-il s’étonner de la nomination récente, mais surtout particulièrement cynique, au poste de Coordinateur des victimes du conflit armé, au sein du ministère de l’Intérieur, de Jorge Rodrigo Tovar, fils de l’ex-paramilitaire Rodrigo Tovar Pupo, alias « Jorge 40 » ? Démobilisé en 2006, extradé aux Etats-Unis en mai 2008 pour trafic de drogues, prochainement libéré après douze années d’incarcération, « Jorge 40 », ex-commandant du Bloc Nord des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), est directement responsable de 333 massacres dans les Départements de l’Atlantique, du César, du Magdalena et de la Guajira, avec un solde de 1 573 victimes [5]. Il a été exclu du programme Justice et paix, pourtant particulièrement clément, car clé de voûte de la stratégie du président Uribe vis-à-vis de ses alliés, pour n’avoir rien révélé des actes commis sous ses ordres et son désintérêt total pour leurs victimes.
    Un fils ne peut être tenu pour responsable des crimes de son père. Mais, s’est interrogé le député Inti Asprilla (Alliance verte), en phase avec un sentiment largement partagé, « comment va être résolu le conflit d’intérêt : par exemple quand se présenteront à son bureau des victimes de son père [6] » ? Sachant que, publiquement, il défend son géniteur, le considérant comme un « prisonnier politique aux Etats-Unis » et un « héros ».

    Dernière polémique en date. L’arrivée dans le pays des cinquante premiers militaires étatsuniens d’une Security Force Assitance Brigade (SFAB) en comportant dans le futur un nombre indéterminé – peut-être jusqu’à 800. Pour une telle incursion d’une force étrangère sur le territoire national, le Sénat colombien aurait dû donner son autorisation. Il n’a pas été consulté. Visée annoncée du déploiement : la lutte contre le narcotrafic (vingt ans après le début du Plan Colombie – 10 milliards de dollars pour le même supposé objectif – signé par les présidents Bill Clinton et Andrés Pastrana !). Avec une particularité relevée, entre autres, par le sénateur Iván Cepeda (Pôle démocratique alternatif ; PDA) : le manuel d’opérations de ces Forces spéciales « mentionne explicitement la fonction de conseiller des milices non gouvernementales et des associés irréguliers ». Faut-il traduire des groupes illégaux ? Si l’on excepte les guérillas encore en activité, par définition écartées d’une telle alliance, il n’en existe que de deux types (étroitement liés) : les paramilitaires (rebaptisés « bandes criminelles émergentes ») et les narcotrafiquants. Pour lutter contre les activités illicites dont ils sont les acteurs principaux ? Plus vraisemblable : avec les yeux tournés vers un certain pays voisin (au hasard : le Venezuela).

    Trump, Bolsonaro, Duque [7]… Les défauts, tares et souillures qui ternissent leurs mandats sont unanimement réprouvés, et pas uniquement à gauche. Difficile pour quiconque défend une cause ou entend mettre en scène sa propre respectabilité de revendiquer publiquement l’appui de tels « parrains ». Quand bien même ils seraient votre « boss » (Trump) et vos deux partenaires privilégiés. Face aux humains dotés de raison, aux personnes responsables et autres citoyens moyennement informés évoqués précédemment, la mise en avant d’une telle confrérie se révélerait hautement significative. Et donc contreproductive.

    Situation des plus inconfortables pour le président autoproclamé du Venezuela Juan Guaido, leur protégé. Il est en perte de vitesse, chez lui et à l’étranger. De larges factions de l’opposition vénézuélienne ne croient plus en lui. Voire entendent le mettre hors-jeu. Depuis septembre 2019, les secteurs « responsables » de la droite antichaviste négocient avec le gouvernement de l’authentique chef de l’Etat, Nicolás Maduro. Ils préparent ensemble le renouvellement du Conseil national électoral (CNE), en vue d’organiser des élections législatives en cette année 2020. S’ils disposent en s’alliant de la majorité au Parlement, l’opposition modérée et les chavistes, du fait de l’obstruction des radicaux, n’atteignent pas les deux tiers des voix nécessaires à la nomination des nouveaux recteurs du CNE. D’où une situation bloquée. Conformément à ce que stipule la Constitution, c’est donc le Tribunal suprême de justice (TSJ) qui, avec l’aval de la droite modérée, les nommera (le 13 juin). Provoquant qui plus est d’importantes scissions et luttes pour le contrôle des partis traditionnels – Action démocratique, Primero Justicia –, entre les partisans d’une sortie politique et les fous furieux pro-Guaido. Une catastrophe, une défaite politique majeure pour Washington (et ses supplétifs de l’Union européenne), l’extrême droite et le chef d’Etat imaginaire qui, en aucun cas, ne veulent d’un prochain scrutin. Il leur faut « faire tomber » Maduro dans le chaos, la violence et le sang. D’où la contre-offensive lancée depuis plusieurs semaines par Guaido. Mais qui pour se substituer à ses encombrants partenaires, dans le travail de propagande qu’il doit mener ?

    Pour le quotidien français Le Monde, et s’agissant de la République bolivarienne, « toutes les compromissions sont sur la table ». Dans son édition datée du vendredi 12 juin, c’est donc lui qui offre une demi-page de « tribune » au protégé de Trump, Bolsonaro et Duque. Titre : « Sauvons le Venezuela ensemble ». Aucune surprise dans le texte, porteur de l’argumentation classique de l’extrême droite « bushiste » « trumpiste » et vénézuélienne depuis 2002. Objectif principal (et, d’une certaine manière, plutôt amusant) : « Nous appelons la communauté internationale à être particulièrement vigilante sur les efforts de Nicolas Maduro pour mettre définitivement fin à la démocratie au Venezuela. Il compte en effet organiser de nouvelles élections législatives cette année. » En lieu et place, l’homme lige de l’Impérialisme et de la réaction préconise un « gouvernement national d’urgence ». Cela ne coûtant rien, il lustre de quelques coups de brosse à reluire appuyés les « pompes » de l’ex-« socialiste » Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères rallié au président de droite Emmanuel Macron. Le Monde, bien entendu fait sa part du travail de sape. Destiné à demeurer imprimé dans l’esprit du lecteur, composé en plus gros, en lettres capitales et en couleur, l’intertitre reprend la plus spectaculaire des accusations de Guaido (et de Trump, son patron [8]) :

    monde2-6a4f2« La réalité est la suivante : une narco-dictature s’est saisie des institutions et confisque tous les pouvoirs au Venezuela ». En fin de dernière colonne, comme il se doit, également rédigée par le quotidien, ce qu’on appelle la « note signature » : « Juan Guaido Marquez est reconnu comme “président par intérim” de son pays par les Etats-Unis, la France et plus de cinquante pays ».

    « Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! », réagirait Cyrano de Bergerac devant une telle provocation. « On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme… En variant le ton – par exemple, tenez… »

    Juan Guaido, devient député en 2015, avec 91 000 voix (sur les 20 millions d’inscrits sur les listes électorales). N’a émis aucune désapprobation, blâme ou critique, quand, le 4 août 2018, une tentative d’assassinat de Maduro à l’aide de deux drones chargés d’explosifs a échoué de peu. Est élu « président par intérim » le 23 février 2019 par l’administration Trump après que, la veille, le vice-président Mike Pence ait appelé l’opposition à descendre dans la rue. Se proclame chef de l’Etat sur un bout de trottoir. Un mois plus tard, se fait aider par des criminels notoires – les narco-paramilitaires colombiens Los Rastrojos (1 500 victimes) – pour passer clandestinement en Colombie [9]. Destitue fin novembre son pseudo ambassadeur dans ce pays, Humberto Calderón Berti, après que celui-ci ait dénoncé d’importantes malversation des fonds de la supposée « aide humanitaire » de la part de l’équipe désignée par Guaido pour l’administrer.

    Sans se préoccuper aucunement des souffrances infligées à la population, l’individu réclame et appuie les mesures coercitives unilatérales imposées par les Etats-Unis à son pays, dans le but de le mettre à genou économiquement (dernier épisode en date : le Département des Transports US vient d’infliger une amende de 450 000 dollars à la compagnie aérienne panaméenne COPA pour avoir transporté « illégalement », en leur faisant faire une escale évitant un vol direct, « interdit », 15 000 Vénézuéliens entre les Etats-Unis et leur pays). Guaido pille et laisse piller par la puissance impériale les actifs de l’Etat vénézuélien, dont ceux de sa compagnie pétrolière PDVSA, à l’étranger. Le 30 avril 2019, en compagnie d’un groupe réduit de militaires, il tente un dangereux coup de poker en feignant avoir « pris », à Caracas, la base aérienne de La Carlota, afin de faire basculer et l’armée et la population. Personne ne le suit. Le coup d’Etat échoue. Réussi, il aurait déclenché une tragédie.

    Le 16 octobre 2019, Guaido signe un contrat avec Jordan Goudreau, ancien béret vert US et patron d’une compagnie de sécurité privée basée en Floride, Silvercorp [10]. En échange de 212,9 millions de dollars pour une opération durant globalement 495 jours, le mercenaire s’engage à conseiller et assister l’équipe du président élu par Trump, Bolsonaro et Duque « dans la planification et l’exécution d’une opération pour capturer / arrêter / éliminer Nicolás Maduro » (pour les respectables journalistes du Monde ne disposant pas d’un dictionnaire des synonymes, on précisera qu’ « éliminer », dans un tel contexte, signifie « assassiner »).
    C’est ce même Goudreau qui encadre, avec deux autres mercenaires américains, l’opération « Gedeón » du 3 mai dernier : une tentative d’incursion de plusieurs dizaines de commandos (essentiellement des déserteurs vénézuéliens) pour s’emparer de Maduro, « éliminer » un certain nombre de dirigeants chavistes et provoquer la confusion – sachant que, à proximité immédiate, dans la Caraïbe, les Etats-Unis ont déployé une flotte navale, dont un porte-avions, susceptible d’intervenir pour des raisons « humanitaires », afin de « sauver des vies », en cas de chaos [11].
    Entraînés par les hommes de Goudreau en Colombie, les assaillants y ont bénéficié au moment de leur départ de la collaboration non des Rastrojos, mais, cette fois, d’Elkin Javier López Torres, alias « Doble Rueda », l’un des principaux « capos » du narcotrafic de la région de la Guajira.

    Au terme de ce nouvel échec (qui confirme les liens mafieux de sa mouvance), Guaido ne cache pas sa satisfaction lorsqu’il entend Donald Trump déclarer qu’il a « encerclé » le Venezuela à un niveau « que tout le monde ignore » et que « quelque chose arrivera » parce que Washington « ne supporte plus la situation [12] ».
    A chacun ses références. Pour l’anti-Bolsonaro, le très respecté ex-président brésilien « Lula » – élu homme politique de l’année 2004, quand il était à la mode (pour de bonnes raisons) par le quotidien… Le Monde –, il y a longtemps que Guaido « devrait être en prison pour les violences meurtrières qu’il a co-organisées et ses tentatives de coup d’Etat [13]  ».
    Voilà, somme toute, ce qui aurait pu figurer dans la « note signature »d’un quotidien d’information. Il n’en a rien été. Pourquoi ? La question est moins innocente qu’il y paraît. On ne prétendra pas ici que Le Monde est « à la botte du pouvoir » – ce qui serait particulièrement insultant. Mais on notera tout de même que, par le plus grand des hasards, la tribune de Guaido est parue le jour même où l’ambassadeur d’Emmanuel Macron au Venezuela, Romain Nadal, régulièrement épinglé pour son appui ostentatoire au président fantoche, devait être auditionné par le Sénat.

    L'auteur: Maurice Lemoine, spécialiste de l'Amérique Latine depuis quarante ans, ex-rédacteur en chef du Monde Diplomatique. Ici dans un barrio populaire des hauteurs de Caracas, en 2003. Photo: Thierry Deronne

    L’auteur: Maurice Lemoine, dans un barrio populaire des hauteurs de Caracas, en 2003. Photo: T. Deronne

    Notes:


    [1L’enquête souhaitée par la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, vise entre autres des exactions qui auraient été commises par des soldats américains ou des agents de la CIA en Afghanistan, pays où les Etats-Unis mènent depuis 2001 la plus longue guerre de leur histoire.

    [2Curieusement, Jorge Mario Eastman, ex-vice-ministre de la Défense (sous Andrés Pastrana et Álvaro Uribe), puis secrétaire général de la Présidence de Duque, a également été espionné.

    [6 El Tiempo, Bogotá, 19 mai 2020.

    [7Plus, évidemment, leurs habituels comparses : le chilien Sebastian Pinera (sauvé de la fureur des mouvements sociaux par l’explosion de la pandémie) ; l’équatorien Lenín Moreno (lequel, trahissant la gauche qui l’a élu, a détruit l’Equateur en deux ans) ; la bolivienne Janine Añez (présidente de facto après le coup d’Etat contre Evo Morales et manœuvrant pour se maintenir au pouvoir en tentant d’empêcher la future élection présidentielle de septembre prochain) ; ainsi que leurs amis conservateurs du Groupe de Lima – Canada, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Panamá, Paraguay, Pérou. Sans parler, évidemment, de l’Union européenne.

    [8Lire « Maduro mort ou vif » – http://www.medelu.org/Maduro-mort-ou-vif

    [9« Venezuela : aux sources de la désinformation » – http://www.medelu.org/Venezuela-aux-sources-de-la-desinformation

    [11A ce jour, 79 participants à cette opération ont été arrêtées par les forces de sécurité.

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  •  

    Entretien accordé par Ernesto Villegas, homme politique, journaliste et ministre de la culture du Venezuela à Alejandro López Canorea pour le site espagnol En Déchiffrant la Guerre.

    Cette culture politique de type social et interventionniste, plus keynésienne, est en recul en Amérique Latine après les victoires néolibérales au Brésil, en Uruguay ou en Equateur. Considérez-vous que ce « socialisme du XXI° siècle, » comme ils l'appelaient, est en train de disparaître ?

    Ernesto Villegas : Non. Regarde, les temps historiques sont beaucoup plus longs que les temps journalistiques. Tu peux avoir un certain moment dans lequel un cadre électoral peut représenter une victoire temporaire pour un courant déterminé de pensée mas cela ne veut pas dire, d'aucune façon, que l’histoire s'arrête là et que cette photo est le film complet. Je dois aussi dire 2 choses. Une, le keynésianisme n'est pas le « socialisme du XXI° siècle. » Le keynésianisme est plus une forme du capitalisme. Et je dois dire que le keynésianisme est de retour. Et c'est ni plus ni moins que monsieur Trump qui le prouve avec ses politiques et ses annonces. Le keynésianisme est comme ces récipients dans lesquels se trouvent les extincteurs d'incendies sur lesquels il est écrit : « briser en cas d’urgence. » Pour le capitalisme, le keynésianisme est un extincteur d'incendies. Et là, nous l'avons vu. Les capitalistes ne sont pas gênés par la fait d'avoir encouragé le libre commerce et maintenant, de briser la vitre pour essayer d'éteindre l'incendie avec le protectionnisme et l'interventionnisme. Mais ce ne sont pas nécessairement des victoires ou des défaites du « socialisme du XXI° siècle » qui, parce qu'il est socialisme, n'est pas capitalisme. Il peut s'exprimer de façons très particulières. Je dirais que la victoire du peuple vénézuélien face au chantage des sanctions est l'expression d'une conscience socialiste. La conscience avec laquelle on a tenu à distance le coronavirus est aussi l'expression d'une conscience sociale, différente de l'individualisme exacerbé. Quand tu te protèges toi pour défendre ton prochain, tu fais aussi la démonstration d'une conscience différente de celle de l'être individuel que le néolibéralisme met en avant. Je pense que cette bataille est en plein développement. Si les idées du socialisme avaient échoué, je ne comprends pas pourquoi, alors, du président des Etats-Unis jusqu'en bas, ils sont en guerre permanente contre le socialisme. C'est vraiment un phantasme qui fait très peur, s'il est mort.

    Mais le Venezuela est un pays capitaliste parce que la Constitution établit que l'Etat encourage l'initiative privée, parce que la plus grande partie du Produit Intérieur Brut est dans des mains privées, parce qu'il y a une forte présence du capital privé dans la banque et dans d'autres secteurs stratégiques comme celui de l'alimentation et qu'ils paient peu d'impôts. Tout cela est-il compatible ?

    Ernesto Villegas : Oui, c'est sûr. Parce que c'est la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela de 1999. Ce n'est pas une Constitution socialiste. Ce n'est pas la Constitution d'un pays avec ce qu'on appelle le « socialisme réel » ou une version classique d'une Constitution socialiste. En fait, ici, les formes économiques continuent à être fondamentalement capitalistes. C'est un processus en développement dans la construction du socialisme qui a des expressions d'avancées et de retour en arrière dans différents domaines. Cela doit être la construction, en outre, de la nation vénézuélienne. Ici, l'un des grands apports du Commandant Chávez a été de rompre avec la notion classique des manuels et d'ouvrir la voie à des processus politiques, économiques et sociaux qui restent encore à conclure. Notre propre histoire à la recherche de l'indépendance au Venezuela est pleine de ces contradictions. Par exemple, la junte qui s'est installée à Caracas pour remplacer le capitaine général Vicente Emparan en 1810, certainement celui qui ne le sait pas pourrait en rire, mais c'était une junte conservatrice des droits de Fernando VII. C'est à dire que cette junte n'envisageait pas expressément la recherche de l’indépendance par rapport à l'Espagne, c'était une junte conservatrice des droits de Fernando VII, qui défendait Sa Majesté le Roi d'Espagne. Et cette junte, en 1810 a ouvert la voie pour que, le 5 juillet 1811, l’indépendance du Venezuela soit déclarée. Cette Constitution bolivarienne de 1999 ouvre la voie pour que se développent les pouvoirs créateurs de notre peuple et que nous puissions construire une société d'inclusion et non d'exclusion. Le Commandant Chávez, en 2007, a tenté une réforme de la Constitution vers l'expression du caractère socialiste de la Révolution vénézuélienne et regarde, quel paradoxe, cette réforme n'a pas été approuvée lors d'un référendum populaire et a été la première défaite électorale de la Révolution Bolivarienne Ce qui ne veut pas dire que cette même Constitution ne permet pas de grandes avancées dans la construction d'une société plus juste. Nous, nous l'appelons le « socialisme bolivarien du XXI° siècle » qui aura encore beaucoup à faire mais certainement, dans la société vénézuélienne, nous ne pouvons pas dire qu'il existe un socialisme définitif sous une forme renforcée. C'est une contradiction qui existe toujours.

    Dans le socialisme, les positions nationalistes et la culture « bolivarienne du XXI° siècle » dont vous parlez s'opposent. Souvent, on utilise le terme « nation » peut-être avec trop de véhémence. Considérez-vous que vous faites partie d'un Gouvernement socialiste ou nationaliste ?

    Ernesto Villegas : Le termes peuvent avoir une acception déterminée qui dépend de l'endroit et du lieu où on les emploie. Par exemple, pour Simón Rodríguez, le libéralisme était quelque chose de différent de ce qu'on entend aujourd'hui par libéralisme. En Espagne, parler de socialisme, si c'est celui du PSOE, cela peut signifier une chose mais à Cuba, cela peut en signifier une autre. Ou en Albanie. C'est pourquoi, ce que tu dis du nationalisme a aussi ses bémols parce que notre Constitution a, par exemple, la reconnaissance des droits des peuples indigènes et donne le rang d'idiomes à leurs langues. Imagine un nationalisme si étrange. Nous, nous considérons que nous sommes, oui, nationalistes mais pas dans le sens que donne Franco, par exemple, à ce mot en Espagne. Il a une explication différente de la nation, pour nous, cela signifie autre chose. Nous, nous reconnaissons la nation wayuu. Nous sommes Vénézuéliens mais nous comprenons que notre peuple indigène wayuu, qui possède un territoire binational puisqu'il est en partie au Venezuela et en partie en Colombie, et qui a une histoire antérieure à l'existence même du Venezuela et de la Colombie, est aussi une nation. Regarde, une contradiction. Nous, nous nous sentons comme la Bolivie qui est plurinationale. Nous sommes nationalistes mais nous acceptons aussi la plurinationalité. Est-ce une contradiction ? Oui, c'est une contradiction. Que celui qui n'a pas de contradictions nous jette la première pierre.

    Nous pouvons considérer que vous, bien qu'il y ait une contradiction, êtres plus préoccupé par la classe ouvrière de n'importe quel territoire que d'une lutte au Venezuela pour des territoires ou des identités ? Non ?

    Ernesto Villegas : Evidemment. Mais regarde. Il y a un livre très intéressant que je te recommande en tant que chercheur : « La fin de la modernité juive, » d'Enzo Traverso. Des notions comme l'internationalisme prolétaire de Marx ont des racines culturelles dans le cosmopolitisme juif parce que Marx était un Juif non-juif. C'était à dire que c'était un Juif qui a transcendé le religieux, il était athée mais culturellement, il était Juif.Peut-être sans s'en rendre compte comme Trotski qui était aussi un Juif non-juif et un autre passionné de l'internationalisme de la révolution permanente. Il exprimait culturellement dans ses idées politiques sa notion du cosmopolitisme qui est une vision très propre au peuple juif. Pour nous, il ne se passe pas la même chose. Nous, évidemment, nous voyons que les frontières réelles sont des frontières de classe. Les frontières sont celles de al classe sociale, c'est sûr. Mais en même temps, nous reconnaissons comme création culturelle l'idée de nation. Quand le néolibéralisme prétend limiter les racines de nos corps pour diluer votre identité et mieux vous dominer, nous, nous trouvons dans l'identité nationale un élément de cohésion. Chávez a été un maître en cela. Et plus encore avec le peuple colombien. Nous, non seulement nous nous reconnaissons Vénézuéliens, nous nous reconnaissons héritiers d’une idée bolivarienne qui, à l'origine, était mirandienne, de Francisco de Miranda, dans le cadre de ce projet qui était la Grande Colombie. Nous savons que ce peut être une contradiction verbale pour celui qui nous écoute mais pour nous, c'est très clair. Notre nature a autant de poids dans notre conception du monde qu'une idée orthodoxe au sujet de l'existence des classes sociales, la lutte qu'elles se livrent entre elles et la nécessité de les abolir en tant que fierté et compréhension de nos origines. En plus, elle a aussi à voir avec l'expérience de l'échec du socialisme sous d'autres latitudes qui a discrédité le sujet des nationalités dans beaucoup de cas et a imposé des formes qui ne sont pas enracinées dans les peuples où elles ont été essayées. Il ne peut y avoir de création aérienne d'un socialisme dépendant des réalités culturelles des peuples qui doivent le construire. Et là où nous en sommes, c'est le grand apport de Chávez. Chávez réunit autour du projet du « socialisme bolivarien du XXI° siècle » des personnes qui ont une croyance religieuse marquée (des chrétiens évangéliques) et des athées militants, il réunit des gens liés au monde de l'armée et des gens qui viennent des rangs de la guérilla, qui ont été ennemis dans les années 60. Chávez a eu la capacité de former un casse-tête assez impensable auparavant.

    Puisque vous parler de frontières de classe en conservant encore l'élément national, je comprends que vous n'accorderez aucune importance à la revendication de l'Esequibo, ou je me trompe ? Parce que le Venezuela va amener le litige avec le Guyana à la Cour Internationale de Justice le 30 juin.

    Ernesto Villegas : La politique du Commandant Chávez et le politique du président Maduro a été un rapprochement avec le peuple guyanais, étant entendu que cet affrontement a été basée sur les projets impérialistes aussi bien des Etats-Unis que de l'Angleterre à son époque. Nous, pendant les années du Commandant Chávez, avons développé une coopération importante avec le peuple et le Gouvernement du Guyana. Maintenant, il y a eu une attitude hostile, en particulier de la part du président Granger, qui a obligé le Venezuela à défendre ses droits. Il y a aussi des intérêts entremêlés des grandes compagnies pétrolières transnationales qui ont signé aves le Gouvernement guyanais des accords qui peuvent porter atteinte aux intérêts du Venezuela. Ce litige n'est pas réellement un litige avec le peuple du Guyana, c'est réellement un affrontement avec les élites et en particulier avec les transnationales qui dont les mains trempent dans ce conflit.

    Respecterez-vous la décision de la Cour Internationale de Justice si elle ne reconnaît pas la souveraineté du Venezuela sur ce territoire ?

    Ernesto Villegas : Si je me souviens bien, parce que je ne se suis pas occupé directement de ce sujet, nous, nous avons insisté pour que la figure du médiateur soit maintenue aux Nations Unies et nous avons souhaité que toute décision soit le produit d'une entente amicale, écartant toujours le scénario de la guerre qui l'un de ceux par lesquels l'impérialisme nord-américain a réussi à imposer son hégémonie. Ils ont favorisé des guerres entre nos pays pour échapper à la leur. Moi, en ce moment, en tant que Ministre de la Culture, je dois m'abstenir d'exprime rune opinion sur toute sentence des instances internationales sur l'Esequibo parce que ce problème a des connotations qui ne concernent que notre Chancellerie. Mais je peux donner des éléments qui pourraient aider à comprendre mieux ce conflit. Ce n'est pas que le Venezuela, égoïstement et refusant de reconnaître les droits du peuple guyanais, cherche à commettre un quelconque abus. Au contraire. Rappelons que la carte du Venezuela incluait ce territoire comme une partie intégrante de la Capitainerie Générale du Venezuela.

    A propos de l'impérialisme dont vous parlez, récemment, Luis Almagro a été réélu à la tête de l'Organisation des Etats Américains (OEA), une des organisations dont vous dites qu'elles collaborent avec l'impérialisme. Et avec le soutien du représentant du Venezuela qui n'est pas reconnu par son Gouvernement. L'Organisation des Etats Américains est-elle légitime pour contrôler les politiques et les processus électoraux de la région ?

    Ernesto Villegas : L'OEA n'a fait que se discréditer elle-même.Mais elle l'a fait en élisant une fois de plus monsieur Almagro comme son secrétaire général. Imagine-toi qu'il n'a pas ouvert la bouche pour condamner les violations des Droits de l'Homme aux Etats-Unis. Il n'a absolument rien dit. Il n'a pas compris ce qui s'est passé, cette rébellion populaire face au racisme et à l'injustice, la-bas, aux Etats-Unis. C'est vraiment, comme disait le Che Guevara, le Ministère des colonies. C'est une institution faite à l'image et à la ressemblance des intérêts des Etats-Unis. C'est pourquoi il est triste qu'il y ait eu cette convergence de Gouvernements de droite comme tu l'as remarqué, qui mettent des obstacles sur le chemin du renforcement de l'UNASUR (Union des Nations Sud-américaines). Une instance comme l'UNASUR, où les Etats-Unis et son allié le Canada ne sont pas présents, a plus de légitimité latino-américaine pour aborder nos problèmes. Mais dans les conditions actuelles, chaque jour qui passe, l'OEA se discrédite un peu plus parce que simplement elle est destinée à atteindre des objectifs de la politique étrangère étasunienne.

    Précisément, cette semaine, on a publié un rapport qui remet en question la soi-disant fraude électorale en Bolivia en 2019. Des entités comme le Groupe de Puebla ont déjà demandé à Jeanine Áñez de rendre le pouvoir. Du point de vue du Gouvernement du de Venezuela, monsieur Villegas, qui devrait être aujourd'hui président ou présidente de la Bolivie? SN3 P4 L4 

    Ernesto Villegas : L'OEA est un instrument de la politique étrangère étasunienne. Et la politique étrangère étasunienne avait pour objectif de renverser le président Evo et c'est ce qu'elle a fait. Ainsi, elle a réussi et c'est à cela qu'a travaillé Almagro. Et pour ça, il a gagné le prix du meilleur employé du mois. Ce prix lui a servi à être réélu. Dans le cas d' Evo, je vais te proposer une comparaison. Je ne sais pas si tu te souviens du 23 février de l'année dernière, quand a été donné à Cúcuta ce concert populaire qui était le prélude à une incursion étrangère au Venezuela déguisée en aide humanitaire. A cette occasion, j'ai publié sur mon compte Twitter des vidéos que m'ont fournies des camarades de Colombie, de chaînes de télévision colombiennes, sur lesquelles on voit clairement que les bombes incendiaires lancées du côté colombien anti-chaviste ont été celles qui ont incendié les camions qui transportaient la soi-disant aide humanitaire. En plus, on a découvert que les marchandises étaient très pauvres. Mais il s'est passé, j'estime, 15 jours ou 1 mois avant que le New York Times publie une étude confirmant que cette soi-disant aide humanitaire avait été brûlée comme je te l'ai dit. C'est à dire qu'elle avait été brûlée par les opposants à Maduro. Mais tous ces jours et toutes ces nuits sont passées avant que le New York Times le publie.

    Maintenant, il se passe la même chose avec Evo et c'est un nouveau format que je peux, en empruntant cette expression, qualifier de « vérité retardée. » Qu'est-ce que cela signifie ? Que les grands médias de l'industrie de la communication permettent qu'on conçoive des patrices grâce auxquelles on provoque le renversement violent d'un Gouvernement ou une tentative de renversement violent d'un Gouvernement. Et ensuite, quand tout est fini, tu laves ou tu blanchis ta crédibilité en publiant une étude qui dit : « celle que nous avons publiée il y a 15 jours, 20 jours, 3 mois, 8 mois... n'était pas la vérité, la vérité, c'est celle-ci. » Mais c'est déjà fini. C'est l cas pour Evo. C'est fini. Maintenant, le New York Times lave son visage entre guillemets, se lave le visage avec un chiffon sale et ce format de la vérité retardée sera présent à l'avenir pour d'autres situations. C'est très dangereux. Nous, nous l'avons vécu au Venezuela avec le coup d'Etat du 11 avril 2002 contre Chávez. Une marche de plusieurs milliers de personnes soi-disant attaquée par des pistoleros chavistes provoque un soulèvement militaire et le renversement de Chávez. Après, on démontre que ce récit n'était pas la vérité mais Chávez avait été renversé. Dans ce cas, le cas du Venezuela, le peuple est sorti dans la rue et a remis Chávez en place. Mais il s'était passé exactement la même chose et c'est aussi arrivé avec Allende mais les rythmes étaient différents pour Allende. Nous devons être très en alerte parce qu'une bonne partie des informations internationales que nous consommons sont filtrées par des ordres du jour destinés à créer des états de l'opinion publique pour justifier certaines actions. Dans le cas du Venezuela, ils abondent et je suis sûr que dans le soi-disant refus du fait qu'ils réussissent à obtenir gain de cause au Venezuela et qu'ils renversent le Gouvernement bolivarien, 15 jours 3 mois, 6 mois, 2 ans, 3 ans après... commenceraient à apparaître des informations disant « caramba, c'était un mensonge, ce n'est pas vrai que Maduro telle ou telle chose. » Regarde les armes de destruction massive en Irak, s'il te plaît. Maintenant, même Trump le confirme. Un livre que je te conseille, c'est celui de Bob Woodward, un des journalistes du Watergate. Il s'appelle « Nier l'évidence. » et il parle de l'inexistence des armes de destruction massive en Irak. Colin Powell, au Conseil des Nations Unies, avait montré un faux anthrax comme preuve qu'en Irak, ils fabriquaient des armes de destruction massive. Le chef d'Etat en fonction des Etats-Unis l'a dit lui-même. Colin Powell l'avait déjà dit en 2004. Mais c'est la même chose, c'est le même format. Celui qu'ils utilisent contre Evo en Bolivia, celui qu'ils utilisent contre Maduro en Venezuela, celui qu'ils ont utilisé en Irak, celui qu'ils utilisent à Cuba. Disons que la création d'une opinion publique est un pouvoir dangereux pour la démocratie. 

    En effet, on a qualifié le renversement d'Evo Morales de renversement violent. Qualifieriez-vous le Gouvernement actuel de putschiste ?

    Ernesto Villegas : Evidemment. On ne peut pas l'appeler autrement. C'est un gouvernement qui est le produit d'un acte fallacieux. Et regarde les paradoxes. L'OEA de monsieur Almagro félicite, donne sa bénédiction, lui baise les mains passe la brosse dans le dos de la présidente Jeanine Áñez en l'appelant « présidente » et n'exige pas qu'elle organise des élections. Ce Gouvernement n'est le produit d'aucun processus électoral. Par contre, de Maduro, on exige des élections ou on le remet en question quand dans son pays, on désigne un Conseil National Electoral conforme à la Constitution de la République. C'est un double langage qu'il faut être myope pour ne pas voir.

    Mais vous, par exemple, qu'auriez-vous fait à la place de monsieur Morales? Auriez-vous reconnu l'audit de l'Organisation des Etats Américains et auriez-vous refait les élections ou vous seriez-vous proclamé vainqueur?

    Ernesto Villegas : Moi, en tant que Ministre de la Culture, je ne peux pas exprimer es opinions personnelles à ce sujet mais je dois te dire que beaucoup de choses qui se sont passées en Bolivie ne se seraient jamais passées au Venezuela. Nous, ici, nous avons développé une capacité destinée à identifier très tôt les ordres du jour putschistes, les pièges, les coups de poignard dans le dos que la droite et ses chefs de l'Empire ont toujours en réserve. De sorte que ce qui s'est passé en Bolivie ne se passera jamais au Venezuela. Nous, nous avons déjà assez d'expérience.

    Croyez-vous possible de reprendre le dialogue avec l'opposition ?

    Ernesto Villegas : Imagine-toi que oui, je vois avec beaucoup d'espoir le fait qu'on ait désigné un Conseil National Electoral (CNE) qui, au-delà des opinions initiales que des agents de l’opposition ont exprimées, est composé par des personnes d'une tendance et de l'autre, qui ont une expérience dans le domaine électoral et je pense que nous nous rapprochons d'un processus électoral qui peut être guérisseur pour la société vénézuélienne.

    Au cas où les conversations avec l'opposition reprendraient, Juan Guaidó est-il un interlocuteur valable pour votre Gouvernement ? 

    Ernesto Villegas : Pour qu'on soit arrivé à ce Conseil National Electoral, il a fallu que les conversations aient lieu. Quand tu revois les noms de chacun de ceux qui ont été désignés et leur trajectoire politique, tu te rends compte qu'on n'a pu arriver à cet ensemble que grâce à un dialogue politique. Et je te dis, en outre, que souvent le dialogue est visible et d'autres fois pas tellement. Il y a une phrase de José Martí, l’Apôtre Cubain, que j'aime beaucoup : « La vérité de la politique est souvent dans ce qui ne se voit pas. »

    Si on n'arrive pas à une entente politique, les élections présidentielles pourraient-elles être anticipées ?

    Ernesto Villegas : Je ne vois pas cela à l'ordre du jour. Ce que je vois plus, c'est un ordre du jour d’élections législatives. A propos de monsieur Guaidó, je pense qu'il a fini par être une gêne pour tout le monde. Pour ses propres camarades, qui ne savent déjà faire que faire de lui. C'est une espèce de vase chinois. Et c'est dommage parce que c'est un homme politique jeune et qu’il aurait pu avoir un rôle plus digne sur la scène politique vénézuélienne. Il a obtenu 90 000 voix quand il s'est présenté à la députation sous le précédent CNE qui ensuite, est devenu soi-disant illégitime. Figure-toi, c'est le monde à l'envers, comme disait Eduardo Galeano. Les porte-parole de la soi-disant illégitimité de la démocratie vénézuélienne sont le produit de processus électoraux organisés par ce CNE soi-disant maduriste, chaviste, macabre, satanique, que sais-je... Le fait est qu'ils s ont élus grâce à ce même système électoral. Alors, selon le cas, le système est bon quand il les favorise et dans d'autres cas, le système est mauvais quand il ne les favorise pas. Et je peux te dire, si ça avait été pour mes intérêts personnels, que je me suis présenté comme candidat 2 fois avec ce CNE et en étant une figure publique du chavisme. Les 2 fois, j'ai perdu. Alors, je devrais protester contre ce CNE chaviste qui ou m'a laissé perdre ou m'a fait perdre, selon l'optique anti-chaviste. Cette dictature est une curieuse dictature.

    Le président Nicolás Maduro a accusé directement le président de la Colombie, Iván Duque, de superviser les mercenaires et les paramilitaires qui font des incursions au Venezuela. Pensez-vous de Duque est derrière les tentatives de coups d'Etat contre votre Gouvernement ?

    Ernesto Villegas : Je vais te répondre avec les mots du chancelier Jorge Arreaza : « C'est la première fois que le Gouvernement des Etats-Unis n'est pas derrière un coup d'Etat mais devant. » Et évidemment, le Gouvernement colombien est avec lui. Ce ne sont pas des mouvements insurrectionnels ou des rebelles vénézuéliens soutenus à distance par des Gouvernements étrangers. Cette agression est une agression étrangère de la part de Gouvernements étrangers avec le concours de certains agents aventuriers de la police vénézuélienne. Evidemment, c'est un plan extérieur, pas intérieur. Ici, la plupart des Vénézuéliens, ce qu'ils veulent, c'est la paix, ils ne veulent pas d'actes de guerre. Laisse-moi te dire qu'on ne peut rien attendre d'un Gouvernement dont la vice-présidente, Marta Lucía Ramírez, a avoué devant le pays tardivement qu'elle a payé une caution pour faire libérer son frère condamné pour trafic d'héroïne aux Etats-Unis. Ça, c'est le Gouvernement colombien. C'est leur portrait à tous.

    Pour terminer, une question sur les grandes puissances. Les relations avec la Chine et la Russie se sont notablement resserrées ces dernières années. Que pensez-vous de cette entrée de l'Asie en Amérique Latine en pleine époque de retour de la doctrine Monroe nord-américaine ? 

    Ernesto Villegas : Dans le cas du Venezuela, l'alliance stratégique avec la Russie et la Chine s'exprime explicitement dans le domaine politique mais nous sommes loin d'être le seul pays du continent qui de très bonnes relations avec la Chine. La Chine a des relations économiques extraordinaires avec d'autres pays du continent au-delà des affinités politiques et idéologiques. La présence de la Chine en tant que puissance mondiale est une donnée importante du cadre géopolitique actuel et futur de cette planète. L'initiative de la bande et de la Route est une initiative d'énormes proportions qui, évidemment, met en alerte son principal rival, les Etats-Unis. Et dans le cas de la Russie, nous avons aussi des relations très étroites du point de vue politique, économique et diplomatique avec le Gouvernement du président Vladímir Poutine, en plus d'une extraordinaire relation personnelle entre les présidents mais ce n'est pas non plus le seul cas. La Russie a récupéré une partie, pas toute évidemment, de l'influence qu'a eue à son époque l'ancienne Union soviétique, au-delà des clefs de la guerre Froide. La Russie a une politique étrangère très diverse et nous ne sommes pas une exception dans la région à avoir des relations avec ces 2 pays qui sont des puissances de référence dans le monde actuel.

    Nous, nous soutenons et encourageons un monde multipolaire. Nous, nous ne voulons pas de mauvaises relations avec les Etats-Unis. Nous avons des relations traditionnelles avec ce pays qui sont assez longues et étroites, même du point de vue culturel. Ici, au Venezuela, l'un des sports les plus populaires est le base-ball. L'exploitation du pétrole a laissé ici son empreinte culturelle. Et nous avons aux Etats-Unis une communauté vénézuélienne très importante qui a amené là-bas, au-delà des différences politiques, notre propre identité culturelle jusqu'à un point inimaginable. Nous, nous souhaitons les meilleures relations avec tous les pays. La seule chose que nous demandons, c'est ce que nous leur offrons : le respect. Rien de plus.

     

    Source en espagnol :   https://albaciudad.org/2020/06/ernesto-villegas-ii-lo-que-sucedio-en-bolivia-jamas-pasara-en-venezuela/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :  http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/06/venezuela-ce-qui-est-arrive-en-bolivie-ne-se-passera-jamais-au-venezuela.html

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  • Añez se había reunido en la mañana de este domingo con el titular del TSE para instar al órgano judicial a posponer las elecciones generales fijadas para septiembre.

    La présidente de fait de la Bolivie, Jeanine Áñez, a promulgué dimanche soir la loi qui fixe la date du 6 septembre pour les élections nationales.

    Dans une allocution au pays, Áñez dit avoir subi des pressions du candidat du Mouvement Vers le Socialisme (MAS), Luis Arce, de l'ex-président Evo Morales, ainsi que du candidat de Communauté Citoyenne à la présidence, Carlos Mesa pour que les élections aient lieu le plus rapidement possible.

    Elle a insisté sur la fait qu'ils devront assumer les conséquences « de l'avoir forcée à organiser les élections juste pendant la pandémie de coronavirus » et elle a ajouté qu'elle n'a pas l'intention de s'accrocher au pouvoir.

    Dimanche matin, l'ex-président Evo Morales avait écrit sur son compte officiel Twitter : « Ils planifient un nouveau coup d'Etat contre l'Assemblée Législative et les organisations sociales et syndicales qu'ils n'ont pas pu liquider en novembre. » 

    Il a écrit cela juste après que le présidente de fait de la Bolivie, Jeanine Áñez, ait rencontré le président du Tribunal Suprême Electoral (TSE), Salvador Romero, pour discuter de al date des élections générales prévues pour le 6 septembre.

    Evo Morales Ayma

    @evoespueblo

    La date étant fixée, il revient, maintenant, aux organes de l'Etat de garantir des élections propres et transparentes en préservant la santé et le droit de participer sans persécutions politiques. Que ce soit le peuple qui définisse démocratiquement le destin de notre chère Bolivie. 

    Añez et ses ministres prennent prétexte de la situation épidémiologique du pays pour justifier le report des élections en disant qu'à la date fixée, le pays sera en plein pic de pandémie avec 130 000 cas prévus. 

    Après cette rencontre, il n'y a pas eu de déclarations officielles aux médias et la ministre de la Santé, Eidy Roca, a déclaré qu'elle s'était limitée à présenter les prévisions sanitaires pour le pays dans les prochains mois. 

    Mais Romero, dans une interview accordée dimanche au supplément Animal Politique du journal bolivien La Razón, a déclaré que « le TSE a toujours considéré des éléments scientifiques. C'est la raison pour laquelle il a pris la décision de chercher, avec le soutien des Nations Unies, de l'Union Européenne et de l'Eglise, la concertation avec les acteurs politiques » au moment de proposer une date pour les élections générales.

    Eva Copa

    @EvaCopa_Bol

    Réponse à la lettre envoyée par la Présidente par intérim. Je réaffirme que mes actions se centreront sur le respect de la Constitution. D'abord, il y a le peuple bolivien, le pays a besoin d'un Gouvernement légitime pour affronter la crise sanitaire, politique, économique et sociale.

    Face au refus du Gouvernement de fait de promulguer la loi 691, approuvée le 9 juin dernier, la présidente de l'Assemblée Législative Plurinationale de Bolivia, Eva Copa, a rappelé à Añez, le 17 juin dernier, que son seul mandat est d’organiser les nouvelles élections.

    Copa a averti que « ne pas promulguer la loi qui a été écrite ne ferait qu'avancer les élections au 2 août 2020, da te fixée par la loi 1297, du 30 avril. »

     

    Source en espagnol :https://www.telesurtv.net/news/bolivia-presidenta-facto-bolivia-promulga-ley-elecciones-generales-20200621-0019.html

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/06/bolivie-anez-promulgue-la-loi-sur-les-elections.html

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Vendredi 19, une délégation du président par intérim autoproclamé du Venezuela Juan Guaidó a pris possession officiellement de l'ambassade du Venezuela à La Paz, Bolivie. De la terrasse de al résidence, ils ont déployé une pancarte avec le portrait de Juan Guaidó sur laquelle on pouvait lire : « Juan Guaidó président légitime du Venezuela » en criant : « Vive le Venezuela libre. » Une autre pancarte disait : éIci, l'usurpation a cessé. Gouvernement légitime du Venezuela. »

    La prise de possession du nouvel ambassadeur autoproclamé du Venezuela en Bolivie s'est déroulée dans le hall de a résidence de l'ambassade du Venezuela en présence d'un pasteur et des médias. On a imploré Dieu de bénir le nouvel ambassadeur autoproclamé du Venezuela et on a ajouté : « nous prions Dieu pour que la liberté de l'Amérique du Sud irradie depuis la Bolivie. » Enfin, ils ont coupé le ruban et sont entrés dans la résidence.

    Cet acte a été réalisé avec la complicité de la Guaidó bolivienne, Jeanine Áñez, seconde présidente à s'être autoproclamée dans la région mais la seule qui a réussi à concrétiser un coup d'Etat, le 10 novembre 2019. Elle s'était autoproclamée avec la Bible à la main, dans un Parlement vide et c'est un militaire qui lui avait mis l'écharpe présidentielle.

    Guaidó avait aussi envoyé ses diplomates autoproclamés à Buenos Aires mais ceux-ci ont été rejetés par la communauté bolivienne en Argentine.

    Ce n'est pas un hasard si en 2019, en Argentine, avant le coup d'Etat, un parfait inconnu comme Jeanine Áñez et Juan Guaidó s'était autoproclamé « président de la collectivité bolivienne » à Baires. Ce fait aurait été une plaisanterie s'il n'avait été soutenu par le macrisme. C'était une anticipation caricaturale mais de forte valeur symbolique pour les plans des Etats-Unis concernant la Bolivie. Les événements qui ont été des événements fables qui ont montré la tournant que prenait la Bolivie, ce sont les innombrables tentatives de coup d'Etat ratées au Venezuela et au Nicaragua ces dernières années, surtout en 2019. La recrudescence et le renforcement du blocus Cuba avec la Loi Helms- Burton. Tous ces signes n'ont pas été pris en compte dans le pays le plus convoité par l'Empire pour sa richesse économique et des ressources naturelles et parce que c'était un processus sans précédent dans la région mis en place après plus de 500 ans de lutte depuis les entrailles du continent par les véritables maîtres de cette terre, les peuples originaires. Rappelons que les premiers à se révéler à la couronne espagnole ont été les dirigeants indigènes Tupak Katari, Bartolina Sisa, Tupak Amaru et Micaela Bastidas qui ont encouragé les indépendances sur le continent bien qu'ils soient exclus de l'histoire. Le coup d'Etat en Bolivie a été un coup d'Etat contre l'Indien et cela inclut un coup d'Etat contre le lithium. Ces 2 concepts ne peuvent être dissociés car la défense des ressources naturelles est un drapeau de la lutte indigène qui a plus de 500 ans.

    Avant le coup d'Etat en Bolivie, on a pu voir entrer massivement dans le pays des citoyens vénézuéliens venus faire campagne contre Evo Morales et ils ont entraîné les groupes paramilitaires grâce à leur expérience des “guarimbas” et des tentatives ratées de coups d'Etat au Venezuela.

    De la même façon, des citoyens vénézuéliens sont entrés en Argentine pour soutenir la campagne de Macri qui leur a accordé des privilèges qu'aucun autre migrant d'une autre nationalité n'a jamais reçus.

    Ainsi, la droite internationale a travaillé de façon structurée dans la région, en particulier dans les pays où il y avait des élections présidentielles en 2019, l'Argentine, la Bolivie et l'Uruguay.

     Verónica Zapata

    Source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/06/20/bolivia-delegacion-de-juan-guaido-tomo-la-embajada-de-venezuela-en-la-paz/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez):http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/06/venezuela-une-delegation-de-juan-guaido-prend-l-ambassade-du-venezuela-a-la-paz.html

    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique