• La lutte historique des agriculteurs en Inde entre dans son deuxième mois de mobilisation (Blog de Nico Maury 5/01/21)

    La lutte historique des agriculteurs en Inde entre dans son deuxième mois de mobilisation

    La mobilisation paysanne entre dans sa 38ème journée de lutte.

    La pression sur le gouvernement central indien continue de se renforcer et ce dernier a déjà céder sur 2 des 4 revendications principales. Face à son refus de supprimer pleinement les lois anti-agriculteurs, la mobilisation autour de Delhi, comme dans le pays, se renforce.

    Traduction Nico Maury

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    Après plus de 35 jours de lutte acharnée de centaines de milliers d'agriculteurs-agricultrices autour de Delhi et à travers le pays, le gouvernement central du BJP a finalement été contraint d'ouvrir les yeux, mais insuffisamment. Le 30 décembre, le gouvernement a repris les pourparlers avec le Samyukta Kisan Morcha (SKM) après une longue interruption de 25 jours, la première série de pourparlers ayant eu lieu le 5 décembre.

    Ce retard dans les discussions est criminel de la part du régime impitoyable de Modi, laissant des centaines de milliers de fermiers camper aux frontières de Delhi, dans le froid glacial de décembre, pendant plus d'un mois. Plus de 40 fermiers ont été violentés aux frontières de Delhi et deux se sont suicidés pour tenter de faire «se faire entendre auprès des aveugles et les sourds».

    Le gouvernement du BJP pensait que la lutte s'éteindrait progressivement et que les agriculteurs-agricultrices commenceraient à rentrer chez eux face à l'hiver pénible. Mais c'est exactement le contraire qui s'est produit. Des dizaines de milliers d'agriculteurs-agricultrices continuent de rejoindre les cinq point de blocages.

    Le bluff du gouvernement n'a pas pris. La sympathie du public pour la lutte a augmenté de façon exponentielle. L'opinion publique a commencé à aller contre le gouvernement. C'est ce qui a finalement amené le gouvernement à la table des négociations après 25 jours de mobilisation. Le 30 décembre, sur les quatre revendications majeures de la lutte, il a accepté deux revendications.

    LE GOUVERNEMENT ENTREOUVRE LES YEUX, MAIS PARTIELLEMENT

    Premièrement, le gouvernement a accepté d'abandonner des dispositions du projet de loi d'amendement sur l'électricité, 2020, qui visent à changer le mode actuel de paiement des subventions aux consommateurs. Ainsi, les subventions d'électricité existantes seront sauvegardées.

    Deuxièmement, le gouvernement a accepté d'exclure les agriculteurs-agricultrices du champ d'application de la "Commission pour la gestion de la qualité de l'air dans la RCN et l'ordonnance sur les zones adjacentes". Cette ordonnance draconienne contient des dispositions pour imposer une amende de 10 millions de roupies ou cinq ans d'emprisonnement ou les deux. Ainsi, le brûlage du chaume sera «décriminalisé».

    Cependant, sur les deux premières demandes clés de la lutte historique - l'abrogation des trois lois agricoles anti-agriculteurs, et la promulgation d'une loi garantissant l'approvisionnement en produits agricoles, le gouvernement central a catégoriquement refusé de céder.

    Le secrétaire général de l'AIKS, Hannan Mollah et le vice-président de l'AIKS du Punjab, Dharampal Singh Seal, ainsi que d'autres dirigeants du SKM, ont participé aux pourparlers avec le gouvernement le 30 décembre. La prochaine série de pourparlers est prévue pour le 4 janvier.

    LE SIÈGE DE DELHI S'INTENSIFIE

    Après l'achèvement d'un mois de lutte paysanne le 26 décembre, elle s'est encore intensifiée. Des milliers d'agriculteurs-agricultrices du Pendjab, de l'Haryana, de l'Uttar Pradesh, de l'Uttarakhand, du Madhya Pradesh et du Rajasthan ont récemment rejoint le siège de Delhi aux frontières de Singhu, Tikri, Ghazipur, Palwal et Shahjahanpur, bloquant toutes les routes nationales là-bas. La mobilisation de l'AIKS et d'autres organisations aux cinq frontières augmente rapidement.

    L'un des aspects les plus encourageants de la mobilisation aux cinq frontières de Delhi est la très forte proportion de femmes et de jeunes. Leur enthousiasme pour la lutte, leur colère contre le régime du BJP et aussi contre les entreprises qui lui sont alliées est évident. Les premiers mots d'ordres disaient : "Nous sommes des agriculteurs, pas des terroristes'', désormais ils disent : "farmer lives matter'', "Les agriculteurs contre les entreprises'', "A bas Modi-Shah-Ambani-Adani'', "Arrêtez le pillage de l'Inde"," Préparez-vous à la deuxième lutte pour la liberté" et de nombreux autres slogans attrayants et imaginatifs relatifs aux quatre principales revendications de la lutte.

    En dépit de centaines de milliers de combats d'agriculteurs-agricultrices impliqués dans le siège de Delhi, le mouvement est entièrement pacifique et démocratique. Le BJP-RSS a tenté d'envoyer des agents provocateurs pour semer le trouble et la violence sur les points de blocages, mais ils ont été immédiatement identifiés, isolés et remis à la police.

    Les appels de la SKM de la seconde quinzaine de décembre ont été mis en œuvre avec enthousiasme dans tout le pays. Le 20 décembre, des réunions ont eu lieu pour rendre hommage aux 40 martyrs paysans dans cette lutte. Le 23 décembre, des jeûnes ont été observés en solidarité avec la lutte. Le 27 décembre, coïncidant avec le talk-show «mannkibaat» de Narendra Modi, des centaines d'agriculteurs-agricultrices de tout le pays ont frappé les thalis pour condamner l'insensibilité totale du gouvernement. Le 29 décembre, "Nation for Farmers" a lancé une campagne nationale "Save Farmers, Save Nation". Le 30 décembre, la CITU a lancé un appel à des manifestations de travailleurs-travailleuses dans toutes les usines du pays en solidarité avec les agriculteurs-agricultrices et pour l'abrogation des réformes du code du travail.

    Le 1er janvier, le SKM a invité tou.te.s les citoyen.ne.s de Delhi et des environs à venir passer la nouvelle année avec les agriculteurs-agricultrices en lutte à l'une des cinq frontières. Le même jour, l'AIKSCC a lancé un appel pour s'engager à soutenir la lutte des agriculteurs-agricultrices et à défendre la Constitution. Les 6 et 7 janvier, l'AIAWU a lancé un appel de solidarité dans tout le pays et le 8 janvier, la CITU a lancé un autre appel de solidarité dans tout le pays.

    L'AIKS MAHARASHTRA JATHA REJOINT SHAHJAHANPUR

    Le 25 décembre, jour de Noël, qui était également le 93e anniversaire de l'incendie du Manusmriti en 1927, dirigé par le Dr Babasaheb Ambedkar à Mahad dans le district de Raigad au Maharashtra, la manifestation de l'AIKS Maharashtra jatha, suivie de plus de 1000 les paysans-paysannes, a atteint la frontière de Shahjahanpur. L'AIKS a été accueilli avec enthousiasme par des milliers d'agriculteurs-agricultrices du Rajasthan, de l'Haryana et du Pendjab. Auparavant, elle avait été chaleureusement accueilli à Kota et Jaipur au Rajasthan après avoir parcouru trois jours dans le Maharashtra et le Madhya Pradesh.

    Parmi les dirigeants qui ont accueilli l'AIKS Maharashtra jatha se trouvaient Hannan Mollah, vice-président de l'AIKS, Amra Ram, secrétaire adjoint, Vijoo Krishnan, secrétaire aux finances P Krishna Prasad, président de la CITU, K Hemalata, secrétaire général de l'AIAWU, B Venkat, secrétaire adjoint, Vikram Singh , Secrétaire générale de l'AIDWA, Mariam Dhawale, secrétaire conjointe, Asha Sharma, trésorière S Punyavati, président du SFI VP Sanu, leaders de l'AIKS Major Singh, Dharampal Singh Seal, Pema Ram, Chhagan Lal Choudhary, Duli Chand, Sanjay Madhav, dirigeants de la CITU Surender Singh Surekha, Jogendra Sharma, le leader d'AIDWA Archana Prasad, le leader du PSM Dinesh Abrol et d'autres.

    Une immense réunion publique a été organisée et ont pris la parole Hannan Mollah, K Hemalata, B Venkat et Maraiam Dhawale, et au nom de l'AIKS Maharashtra jatha par le président de l'AIKS, Ashok Dhawale, l'ancien président de l'État, JP Gavit, ex-MLA et le secrétaire général de l'État, AjitNawale.

    LA LUTTE SE PROPAGE À TRAVERS LE PAYS

    Plusieurs actions massives d'agriculteurs-agricultrices ont eu lieu à travers le pays au cours des deux dernières semaines sous la bannière de l'AIKSCC.

    Le 16 décembre, un rassemblement massif de 45.000 fermiers du Bengale occidental a eu lieu à Kolkata et il a été dirigé par le secrétaire général de l'AIKS, Hannan Mollah et d'autres dirigeants de l'État. Au Kerala, des dharnas massifs de milliers de paysans-paysannes sont organisés dans la capitale de l'État Thiruvananthapuram et dans tous les centres urbains du district. A Bengaluru au Karnataka, du 16 au 31 décembre, un dharna continu a été organisé entre paysans, ouvriers, étudiants, jeunes et femmes. Des dharnas similaires sont organisés dans plusieurs centres du Telangana et de l'Andhra Pradesh. Les Jathas se tiendront désormais dans de nombreux États pour porter les revendications au peuple.

    Le 29 décembre, deux immenses rassemblements de plus de 10.000 agriculteurs-agricultrices chacun ont eu lieu à Patna dans le Bihar et à Thanjavur dans le Tamil Nadu sous la bannière de l'AIKSCC. Le rassemblement de Patna était dirigé par le secrétaire général de l'AIKM, Rajaram Singh, le président de l'AIKS, Ashok Dhawale, le secrétaire général de l'AIKS (Ajoy Bhawan), Atul Kumar Anjan, les dirigeants de l'AIKS Lalan Choudhary, Vinod Kumar, Prabhuraj Narayan Rao et les dirigeants d'autres organisations paysannes. Le rassemblement de Thanjavur était dirigé par le responsable de l'AIKSCC, K Balakrishnan, le secrétaire général de l'AIKS, P Shanmugham et le co-secrétaire de l'AIKS, Swami Natarajan, entre autres. Le 30 décembre, un rassemblement de milliers de personnes a eu lieu à Hyderabad à Telangana et était dirigé par T. Veerabhadram et d'autres dirigeants. La lutte des agriculteurs-agricultrices se répand donc dans tout le pays.

    Le 28 décembre, une réunion des dirigeants centraux de l'AIKS, de la CITU, de l'AIAWU, de l'AIDWA et de la SFI s'est tenue à Delhi. Il a été décidé d'intensifier la lutte autour de Delhi et également à travers le pays. L'AIKS publiera bientôt une brochure en hindi sur cette lutte historique des agriculteurs-agricultrices à l'échelle nationale et les questions cruciales sur lesquelles la lutte s'organise.

    Peoples Democracy, organe central du CPI(M)
     
     
     
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