• La main de Poutine dans la culotte de Griveaux-par Jack DION (Marianne-18/02/20)

    Après l'affaire Griveaux, les kremlinologues professionnels, les poutiniens du petit matin, les ex-soviétologues avertis y vont de leur petite musique pour explorer la piste enneigée de l’ennemi venu du froid pour semer le trouble dans notre bonne vieille démocratie.

    On ne la lui fait pas à Alain Duhamel. A peine éclatée l’affaire Griveaux, le célèbre éditorialiste exposait sur BFMTV une thèse que l’on pourrait résultat ainsi : là où il y a du Russe, il y a du Poutine.

    Bon, c’était dit plus finement (encore que…), c’était juste suggéré, pas question de prêter le flanc à l’accusation de conspirationnisme, non non, mais enfin, sachant ce que l’on sait des moeurs de la Russie (pas grand chose en fait), on peut supputer que derrière le grand Piotr Pavlenski, il y a sans doute la main de l’ours russe.

    Depuis, c’est un festival. Partout, sur un mode plus ou moins suggestif, on explique que le couple Pavlenski/Alexandra de Taddeo, ne peut pas avoir agi seul, quand bien même eut-il reçu l‘appui de l’incontrôlable Juan Branco. Chaque journal, chaque chaine de télévision, avec plus ou moins de délicatesse, échafaude des plans dignes d’un roman de John Le Carré.

    Les kremlinologues professionnels, les poutiniens du petit matin, les ex-soviétologues avertis y vont de leur petite musique pour explorer la piste enneigée de l’ennemi venu du froid pour semer le trouble dans notre bonne vieille démocratie.

    En quoi cela aiderait-il la diplomatie russe ?

    Interrogée par Le Parisien, Galia Ackerman, essayiste, assène gravement : « Cela me rappelle les techniques soviétiques. On employait des jeunes femmes et hommes pour piéger des politiques et avoir des matières compromettantes contre eux ». Et d’ajouter de manière définitive : « Poutine l’a utilisé plusieurs fois ». Voilà. Pas besoin de chercher plus loin. La main qui s’est glissée dans la culotte de Griveaux, c’était celle de Poutine, vu que tout ex du KGB a été formé depuis son plus jeune âge à cet exercice périlleux.

    Résumons l’affaire. Du temps où il était en Russie, Piotr Pavlenski était un anti-Poutinien connu et reconnu. Nul ne sait s’il s’était cloué les testicules en espérant faire chuter le nouveau tsar, mais personne ne l’a jamais imaginé en agent retourné, devenu un espion à a solde de Moscou. Telle est pourtant la thèse défendue par la dame citée ci-dessus, présentée par Le Parisien comme une « spécialiste de la Russie ». Quelle piste explorerait-elle si ce n’était pas le cas ?

    On veut bien que l’ex empire rouge ait son armada d’espions (comme tout le monde). On veut bien que Poutine ne soit pas regardant sur les moyens (mais Trump l’est-il ?). On veut bien qu’il soit adepte des coups tordus (qui ne l’est pas ?). Mais a priori, il n’est pas fou. On ne voit donc pas comment il pourrait être assez dingue pour laisser filer en France un provocateur notoire, incontrôlable de surcroît, afin de l’utiliser ensuite à des fins dont on a du mal à saisir la logique. En quoi le scandale Griveaux aiderait-elle en quoi que ce soit la diplomatie russe ?

    Aucun intérêt à affaiblir Macron

    Certains expliquent que Poutine voudrait déstabiliser Emmanuel Macron. Mais outre que ce dernier est assez grand pour se déstabiliser tout seul, la Russie n’a aucun intérêt à affaiblir le Président d’un des rares pays qui a fait un geste en sa direction. Certes, lors de la conférence sur la sécurité de Munich, sans que l’on comprenne le pourquoi du comment, Emmanuel Macron a encore accusé Moscou de velléités agressives. Mais cela ne saurait faire oublier ses dernières déclarations en faveur d’un rapprochement avec la Russie.

    Bref, qu’on prenne cette affaire par tous les bouts, comme dirait Benjamin Griveaux, la piste russe, jusqu’à preuve du contraire, commence et finit avec Piotr Pavlenski. Tout le reste n’est que mauvais feuilleton rédigé par des nostalgiques de la guerre froide.

    Certes, on peut toujours échafauder les pires hypothèses, évoquer les précédents (réels ou supposés), rappeler l’intervention russe dans la campagne américaine (qui a plutôt tourné au flop), il n’y a pas plus de preuve d’une filière russe que de soupçon d’un complot interne à LREM pour éliminer Benjamin Griveaux d’une course électorale qui s’annonçait perdue d’avance.

    Au fait, Stanislas Guérini ne serait-il pas un agent russe ? Il faudra poser la question à Alain Duhamel, afin qu’il consulte ses fiches avant d'émettre un jugement circonstancié.

    Jack DION

    source: https://www.marianne.net/

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