• Les électeurs russes sont appelés aux urnes et ils pourraient bien décider de voter massivement pour le parti communiste. Les donnent en effet des prévisions très encourageantes pour les candidats du KPRF. Le parti communiste est la principale – et de très loin – force d’opposition au pouvoir en place et au président Poutine. On remarquera que les partis ultra libéraux soutenus par l’Axe Union Européenne Etats-Unis ne font toujours pas recette auprès des russes.

    Ce 17 septembre, d’après la commission électorale, 9% des électeurs avait déjà voté durant le premier jours qui débute les opérations de vote qui vont se conclure 19 septembre. Les élections générales comprennent outre les élections à la Douma, celles de neuf présidents de région et 39 parlement régionaux.

    20% pour le KPRF ?

    Les sont très encourageants pour le parti communiste qui s’installe toujours plus comme la principale force d’opposition à Russie Unie le partie de droite du président Poutine.

     

    D‘après le sondate VTsIOM réalisé le 9 septembre, le KPRF pourrait obtenir entre 18 et 22% des voix contre41 à 44% pour Russie Unie. Le parti libéral LPRD, 3e, ne receuillerait que 10 à 13% des suffrages

    Le sondage INSOMAR réalisé le 8 septembre donnait les résultats suivants :

    45,1% pour russie unie, 18,6% pour le parti communiste (KPRF) et 12% pour le parti libéral LPRD. La participation était estimés à 57%

    Le sondage TSIPKR donnait le KPRF à 20% au coude à coude avec Russie Unie (23%)

    L’enquête NMCPSM réalisé entre le 30 aout et le 5 septembre du 85 000 répondant donnait le KPRF à 19% contre 34% à Russie Unie

    Enfin le sondage CIPKR réalisé du 6 au 9 septembre accorde 25% au KPRF contre 29% à Russie Unie

    Aux citoyens de Russie ! 

    Appel du Comité central du Parti communiste

    14 septembre 2021

    Journal de la Pravda. Gennady Zyuganov, président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie.

     

    Nous faisons appel à vous à un moment troublant et extrêmement difficile. Une guerre hybride est actuellement menée contre la Russie. Aujourd’hui plus que jamais, l’unité de la société et l’unité d’action pour la défense de notre patrie de toutes les forces patriotiques de gauche, dirigées par le Parti communiste de la Fédération de Russie, sont requises.

    Les élections à la Douma d’Etat détermineront l’avenir de chacun de nous et le sort du pays. C’est à vous de décider quel chemin empruntera la Russie. À notre avis, la situation nécessite des mesures urgentes. L’économie est en crise. Les prix et les tarifs des logements et des services communaux augmentent de manière incontrôlable. Les revenus des citoyens sont en baisse pour la huitième année consécutive. La division dans la société s’accroît chaque jour. Il y a de plus en plus de familles nécessiteuses dans le pays. Une éducation de qualité et des réalisations culturelles leur sont de moins en moins accessibles. Le montant des dettes des citoyens envers les banques et les escrocs financiers a atteint un montant monstrueux. Il a dépassé le budget du pays de près d’une fois et demie.

    La réforme des retraites, lancée avec le soutien de Russie unie, a frappé tout le monde d’un revers de main. Les personnes âgées sont contraintes de travailler malgré des problèmes de santé. Il est de plus en plus difficile pour les jeunes de trouver un emploi.

    Sous prétexte de lutter contre le coronavirus, les autorités réduisent la gratuité des soins. Dans le même temps, des restrictions aux droits et libertés des citoyens sont introduites. En entravant la tenue des réunions avec les électeurs, les autorités ne compensent pas cela en multipliant les retransmissions télévisées préélectorales et les débats à part entière. Les responsables à tous les niveaux ne préparent pas tant l’hiver qu’ils arrachent les résultats des élections. Des pressions s’organisent sur les enseignants, médecins et autres agents de l’Etat pour les forcer à voter pour tout le parti agaçant.

    Cela ne peut pas continuer comme ça – cela ne devrait pas et est simplement destructeur ! La demande de changement devient de plus en plus aiguë. Le mûr est mûr pour un juste mécontentement à l’égard de la politique à long terme conduisant à l’appauvrissement de la population et à l’étranglement de l’économie, ce qui signifie la destruction du pays.

    La Russie est arrivée à une bifurcation historique : soit les changements cardinaux imminents dans l’intérêt de la majorité, soit une explosion sociale et un troupeau de vautours sur le pays, prêts à le déchirer selon les recettes du « Maïdan ». Seule une victoire convaincante des forces patriotiques de gauche aidera la Russie à sortir démocratiquement de l’impasse et à attraper le vent arrière de son mouvement en avant précipité. Seul le pouvoir du peuple permettra de sentir l’approche d’un avenir digne d’un grand pays.

    Notre programme « Dix étapes vers le pouvoir du peuple » n’est pas seulement un document de parti. C’est un plan d’action pour le bien de la population. La majorité populaire dans la nouvelle Douma d’Etat sera une grande victoire commune pour tous les travailleurs. Nous formerons un gouvernement de confiance du peuple. Il lancera la lutte contre la pauvreté. Va rapidement freiner la hausse des prix des aliments et des médicaments. Il arrêtera la baisse des revenus des citoyens. Augmentera le salaire minimum à 25 mille roubles. Élimine le chômage croissant. Va abolir la servitude du crédit des citoyens. Donnera à l’économie des prêts gouvernementaux abordables. Soutiendra activement le secteur réel de l’économie, les petites et moyennes entreprises. Restituera les prestations aux retraités, aux étudiants, aux personnes handicapées, aux familles avec enfants, à tous les travailleurs. Soutiendra les « enfants de la guerre ».

    Dans ces élections, ce n’est pas la question de la simple représentation des partis au parlement qui est tranchée. C’est une question sur l’avenir de notre pays. Le Parti communiste de la Fédération de Russie est déterminé à mettre en œuvre son programme de transformation. Chaque jour, nous lui donnons vie, apportant la parole de vérité, soutenant les entreprises populaires et collectives, proposant des projets de loi pour protéger les intérêts de la majorité populaire.

    D’année en année, le Parti communiste de la Fédération de Russie surmonte obstinément la résistance de ceux dont la politique conduit la Russie dans une impasse historique. Nos candidats ne sont pas autorisés à participer aux campagnes électorales. L’année dernière, cinq de nos camarades n’ont pas été admis d’un seul coup aux élections des gouverneurs. Maintenant, nous luttons pour la loi constitutionnelle de P.N. Grudinin pour être élu à la Douma d’Etat. La machine de l’arbitraire bureaucratique et judiciaire en empêche un dirigeant talentueux, qui a recueilli les voix de près de neuf millions de citoyens aux élections présidentielles en Russie.

    La pratique de fabrication de fausses affaires pénales et administratives se développe. C’est exactement ce qui s’est passé avec A.S. Levchenko, I.I. Kazankov, E.I. Bessonov et nos autres camarades. Ils essaient d’intimider les militants du Parti communiste de la Fédération de Russie, les attaquent, les détiennent lors d’actions de protestation. Nos agitateurs sont empêchés de distribuer des journaux et des tracts, avec des menaces de perte d’emploi et de harcèlement policier. Mais nous poursuivons avec confiance la lutte pour atteindre nos objectifs politiques.

    Nous sommes bien conscients de notre responsabilité envers le peuple. Un seul parti – le Parti communiste de la Fédération de Russie – mène une lutte décisive pour la démocratie, pour la justice sociale, pour une vie meilleure pour des dizaines de millions de travailleurs en Russie. Notre parti lutte contre la politique d’anarchie, de pauvreté et de misère, pour le respect de l’ouvrier, contre l’arbitraire bureaucratique et policier.

    Il est temps de changer votre vie pour le mieux ! La victoire du Parti communiste de la Fédération de Russie ouvrira une nouvelle page de l’histoire de la Russie. Rejoignez les rangs du Parti communiste ! Devenez observateur électoral ! N’hésitez pas à venir au bureau de vote ! Le vote de chaque électeur est particulièrement important aujourd’hui. Conduisons les falsificateurs dans un coin – par notre adhésion aux principes, par notre participation aux élections, par notre vote uniquement le 19 septembre.

    Camarade!

    Citoyen!

    Compatriote!

    Votre voix peut changer beaucoup de choses !

    Votez pour la fête du peuple !

    Soutenez le Parti communiste !

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Vous avez dit « Alliance » atlantique ? A propos d’une vente de sous-marins torpillée par l’Oncle Sam.(IC.fr-17/09/21)

     Par Georges Gastaud, Fadi Kassem, Aymeric Monville – 17 septembre 2021

    Eté 2020 : que ce soit au large du Liban ou à proximité des côtés libyennes, les flottes française et turque se confrontent presque bord à bord et l’on frôle l’incident militaire grave. Au Tchad et ailleurs en Afrique, le sultan néo-ottoman Receipt Erdogan soudoie des milices, intégristes ou pas selon les cas, qui taillent des croupières à la « Françafrique » en difficultés. Paris appelle alors ses bons alliés, l’UE, l’Allemagne, l’OTAN et les Etats-Unis à faire acte de solidarité : mais tous « nos chers alliés » se taisent et, de fait, « couvrent » les agissements antifrançais caractérisés d’Erdogan. De la sorte, l’Oncle Sam inflige un camouflet sévère à Macron, pourtant si prévenant envers ses mentors états-uniens, bruxellois et berlinois.

    Eté 2021 : alors que la France bourgeoise officielle s’imaginait être au mieux avec l’Australie capitaliste, à qui elle avait vendu 16 sous-marins conventionnels, le grand allié et le nouvel « ami » australien déchirent froidement le contrat franco-australien. Dans le dos de Paris, Washington s’est entendu avec Canberra pour l’équiper de sous-marins à propulsion nucléaire en lieu et place des 16 sous-marins conventionnels français. Immédiatement, Pékin et Moscou protestent en voyant dans le renforcement de l’axe Washington-Canberra un bond en avant du menaçant « containment » (refoulement) étatsunien  de la présence chinoise dans l’océan austral.

    Tout récemment on apprenait aussi, incidemment, que le Gabon, pays francophone s’il en est, et jusqu’ici enfant sage de la Françafrique, venait de décider d’adhérer… au Commonwealth. Bref, l’ « Entente cordiale » franco-britannique a encore frappé, et c’est une fois de plus la langue française, bien commun de la Francophonie internationale, qui paie la facture… Mais comment Macron, qui promeut le tout-anglais en France même*, pourrait-il réellement réagir à ce nouveau coup porté à la Francophonie internationale ?

    Tout cela s’opère au moment même où Paris, cherchant à se désenliser de la nasse malienne, se tourne béatement – et combien dangereusement – vers l’insertion des armées française dans la marche au « conflit de haute intensité » avec la Chine et la Russie planifié par Washington : il n’est que de voir les déclarations bellicistes du nouveau chef-d’état major des Armées, le général Thierry Burckhard. Mais que sont donc récemment allés faire les croiseurs français en mer de Chine, à des milliers de kilomètres de nos frontières ?

    Plus la France bourgeoise donne des gages de servitude volontaire à l’Empire euro-atlantique, plus elle s’engage dans la marche, au mieux irresponsable, au pire suicidaire, vers la guerre potentiellement paneuropéenne et mondiale avec la Chine et la Russie, et plus elle reçoit des rebuffades, des camouflets, voire des coups de poignard dans le dos de la part de ses bons « alliés » anglo-saxons ou allemands ! 

    Comment est-il possible dans ces conditions de parler encore d' »Alliance » atlantique alors que dans cette affaire, tout va à sens unique ?

    Bien entendu, il ne s’agit nullement pour nous de pleurnicher sur les mauvaises affaires des marchands de canon « français », ces Lagardère, Dassault, Bolloré et Cie qui, du même mouvement, avec l’appui de l’indéboulonnable Yves Le Drian (déjà rapporteur des lois de programmation militaire sous Mitterrand !), dépècent notre pays, servent la soupe aux marchands de canon hexagonaux et pillent les pays du Sud (le projet de « communauté francophone d’affaires » porté par le MEDEF accélérera cette prédation). Il s’agit encore moins pour nous, militants du Frexit progressiste, de réclamer une « Armée européenne » et une illusoire « diplomatie européenne » soi-disant indépendantes des Etats-Unis : nous constatons en effet que l’UE se dit clairement la « partenaire stratégique » de l’OTAN et que l’impérialisme allemand, surtout depuis que Biden est au pouvoir, se pense – pour le moment du moins – comme le fondé de pouvoir européen du grand superviseur yankee, pourtant en déroute à Kaboul. Berlin exige « seulement », que la France cède à l’UE (ce faux-nez de Berlin) son siège au Conseil de sécurité de l’ONU. En réponse, Paris propose… de mettre la force de frappe atomique française au service de la « défense européenne », en rupture totale avec la doctrine gaulliste de « défense tous azimuts » du seul territoire national. 

    Et quand bien même l’Europe pilotée par Berlin finirait par se découpler des Etats-Unis, nous n’aurions pas la sottise, nous militants franchement communistes du PRCF, de nous réjouir que la France s’affranchisse de l’Aigle américaine pour se mettre totalement à merci de l’Aigle bicéphale germanique : on ne s’affranchit pas d’un bandit lointain en faisant allégeance à un gang rival encore plus proche!

    Il ne s’agit certainement pas plus de soutenir « notre » impérialisme qui fait un avec l’oligarchie hexagonale liquidatrice de notre pays, de ses acquis sociaux, de sa République une, laïque et indivisible, de son « produire en France », de sa souveraineté nationale, et même de sa langue sacrifiée au tout-anglais impérial. Bref, ce n’est pas ce genre de forbans que nous supplierons jamais de rétablir l’indépendance nationale, de restaurer la dignité de notre pays et de sauver la paix mondiale : autant demander aux émules de Joe Biden de soutenir Cuba socialiste !

    Décidément, il n’y a pas d’avenir pour la France, de quelque manière qu’on le conçoive, dans une « Alliance » atlantique où chacun des « partenaires » de l’OTAN cherche fraternellement à « plumer le coq gaulois ». Car reconnaissons-le une fois pour toutes : la « construction » euro-atlantique et maastrichtienne a fait de notre pays l' »homme malade de l’Europe » en lieu et place de cet Empire ottoman décadent que les puissances impérialistes cherchaient avidement à se partager en 1914. Quarante ans de politiques maastrichtiennes, initiés notamment par le « tournant » mitterrandien de la « rigueur » et du « franc fort » (prémices de l’alignement du franc sur la zone euromark en gestation, 1983), ont DELABRE notre pays menacé à la fois d’euro-dislocation et de fascisation de moins en moins rampante. 

    N’en déplaise aux sociaux-impérialistes de la fausse gauche partisans de l’« Europe sociale », l’UE n’est pas et n’a jamais été un endroit DECENT pour un patriote français, et encore moins pour un militant tant soit peu conscient de la classe laborieuse. La grande bourgeoisie monopoliste française, celle qui trône sur le CAC 40 et sur les ventes d’armes, est définitivement devenue incapable d’accoucher d’un nouveau de Gaulle expulsant les troupes américaines de France en 1966 avec le soutien du Parti Communiste Français. 

    Pour la paix du monde, pour la sécurité des Français, cette oligarchie destructive doit donc au plus tôt céder la place au monde du et à ses alliés si nous voulons que notre pays, tenaillé par une crise existentielle qui frappe toutes les dimensions de sa vie nationale, industrie, agriculture, recherche, université, SNCF, EDF, école, etc., ne subisse pas à terme, voire à court terme, un irrémédiable naufrage historique. 

    Souvenons-nous de l’appel lancé au prolétariat allemand par l’immortel Karl Liebknecht à l’orée du premier conflit mondial : « l’ennemi principal est DANS ton propre pays » (« der Hauptfeind steht in eignem Land ») ; et combattons le mot d’ordre secret que nos oligarques hexagonaux, continentaux et transcontinentaux voudraient nous voir adopter pour notre plus grand malheur et pour leur plus grand profit à court terme : « l’ennemi principal est TON propre pays » !

    Bref, si l’on veut que la France n’ « y reste pas », sortons au plus tôt, par la porte à gauche, de cette mortifère UE arrimée à l’OTAN! FREXIT PROGRESSISTE, VITE ! 

     

    Georges Gastaud, Fadi Kassem, Aymeric Monville – 17 septembre 2021

     

    *Les deux dernières conférences internationales convoquées à Paris par Macron s’appelaient « Choose France! » et « One Planet Summit ». Sans commentaire, ou plutôt, « no comment »… 

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     

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  • Fadi Kassem et Georges Gastaud – comité central du PRCF 12 septembre 2021

    A l’issue de sa session du 12 septembre 2021, le Comité Central du PRCF a accédé à la proposition de Georges Gastaud d’élire Fadi Kassem comme seul secrétaire national du PRCF. Fadi Kassem a chaleureusement remercié Georges Gastaud pour ses 17 ans passés bénévolement à la tête du secrétariat national et pour l’immense travail accompli permettant au PRCF de dessiner concrètement une alternative rouge et tricolore susceptible de fédérer les luttes populaires. Il a aussi demandé à Georges de rester à ses côtés secrétaire national adjoint jusqu’à la prochaine conférence nationale tout en assurant la direction politique d’Initiative communiste. La présente entrevue est donc la dernière de Georges Gastaud en tant que secrétaire national en titre.

    INITIATIVE COMMUNISTE – Comment se présente selon toi la situation internationale et quelles perspectives de lutte s’offrent-elles aux communistes fidèles au marxisme-léninisme ?

    GEORGES GASTAUD : D’un côté, l’impérialisme, et son secteur le plus agressif, qui n’est autre que le bloc euro-atlantique surarmé que dirige Washington, prépare ouvertement un « conflit de haute intensité » avec la Russie et avec la Chine, que Biden, après Trump, présente comme le « rival stratégique » des Etats-Unis. D’où le battage permanent antichinois et antirusse constamment « agrémenté » d’un anticommunisme et d’un antisoviétisme particulièrement rances et sentant le « réchauffé ». D’où aussi une gigantesque course aux armements que dénoncent fort peu, hélas, non seulement le mouvement syndical français dans son ensemble, mais la « gauche » établie et l'« eurocommunisme » institutionnel, alors que la militarisation de l’économie, la fascisation institutionnelle et l’austérité contre les masses ne sont qu’un seul et même processus réactionnaire. 

    D’un autre côté, ce battage inquiétant n’est pas signe de force et de confiance en l’avenir pour les forces encore dominantes. Les faucons étatsuniens savent que le temps travaille contre eux, qu’une part croissante de la jeunesse populaire du monde, y compris aux Etats-Unis, a compris que le capitalisme-impérialisme mène l’humanité et la planète à la mort, qu’il est impossible d’asservir éternellement, fût-ce au moyen d’un consumérisme irresponsable, la majorité de l’humanité. Les va-t-en-guerre yanquis et leurs suiveurs européens constatent aussi que, malgré tous leurs efforts de sabotage et de dénigrement, Cuba socialiste et le Venezuela bolivarien tiennent bon, que les partis communistes dirigent à nouveau d’immenses forces populaires de l’Inde au Chili sans négliger la Grèce et le Portugal. Les chefs de file de l’impérialisme voient aussi, comme les tenants de la Françafrique néocoloniale, qu’aucune force impériale, si surarmée soit-elle, ne tient bien longtemps le terrain quand les peuples décident d’en finir avec ce que Robespierre appelait les « missionnaires armés ». Il n’est que de voir que l’Etat raciste israélien ne parvient toujours pas à mater Gaza, que l’impérialisme euro-atlantique a été viré de Syrie principalement par l’Armée nationale syrienne de conscription, et que même si personne de sensé ne peut se réjouir de la victoire des talibans, ces anciens poulains de la CIA dans sa sale guerre contre l’Armée rouge, l’Invincible Armada US essuie revers sur déroute partout où elle prétend jouer les « libératrices » sur fond de trafic de drogue et de corruption. 

    Quelles leçons tirer de tout cela ?

    La première, c’est que la contre-révolution des années 1980-1990 qui a détruit la première expérience socialiste de l’histoire, ne peut durablement empêcher que notre époque soit ou redevienne, de plus en plus, celle du passage révolutionnaire du capitalisme-impérialisme à un socialisme-communisme de nouvelle génération. 

    La seconde, c’est que cette lutte ne sera pas menée par les renégats du marxisme-léninisme qui, sous couvert d’eurocommunisme, de « perestroïka » gorbatchévienne, d' »Etats-Unis socialistes d’Europe » et autres fadaises rosâtres embellissant la dictature capitaliste. Cette lutte sera menée à la victoire finale par ceux qui auront su reconstruire le Mouvement communiste international, et pourquoi pas le jour venu, une Nouvelle Internationale Communiste, en restant fidèles à la classe des travailleurs salariés et en prenant appui sur une analyse marxiste-léniniste actualisée du monde contemporain. Il se pourrait même, si nous tous, militants et partis franchement communistes d’Europe, savons bien travailler, que la chasse aux sorcières lancée par l’UE contre les communistes fidèles à la faucille et au marteau ne se retourne contre ses initiateurs. A nous de faire vivre offensivement de cent façons cet emblème ouvrier et paysan que l’UE anticommuniste et belliciste fardée de rose par les renégats du communisme a eu l’imprudence de prétendre criminaliser !

    La troisième leçon, c’est qu’à notre époque où le capitalisme-impérialisme prend une allure de plus en plus fascisante, voire « exterministe » (en entendant par là le fait qu’à notre époque, le maintien des rapports de production et de l’idéologie capitalistes deviennent incompatibles, non seulement avec le développement, mais avec la survie même de l’humanité), le mot d’ordre de Fidel et du Che « le socialisme ou mourir ! » est de plus en plus approprié et fédérateur. Pas seulement au sens que des révolutionnaires doivent savoir risquer cette vie qu’ils aiment pour défendre leur idéal émancipateur, mais au sens que, si l’humanité ne parvient pas à renverser à temps le capitalisme et à construire le socialisme-communisme au XXIème siècle, celui-ci pourrait bien sonner le glas de notre espèce, voire de la vie sur Terre. Cette haute signification anti-exterministe, donc anticapitaliste et anti-impérialiste du combat communiste moderne doit donc irriguer nos luttes pour la paix, pour l’environnement, pour le développement d’une culture véritablement humaniste et progressiste, pour la souveraineté des nations et pour leur fraternelle coopération. C’est pourquoi d’ailleurs Fidel n’a jamais séparé les deux mots d’ordre « Socialismo o morir ! » et « Patria o muerte ! « , tant il est clair que c’est un seul et même ennemi, le capitalisme-impérialisme, qui mène l’humanité vers des catastrophes globales et qui désosse au quotidien les peuples et les nations souveraines, à commencer par la nôtre ! C’est ce que notre Jaurès résumait en déclarant que « l’émancipation nationale forme le socle de l’émancipation sociale ». 

    INITIATIVE COMMUNISTE – Face à la politique sanitaire macroniste, comment unir le mouvement populaire et fédérer la contre-offensive sociale et démocratique ?

    GEORGES GASTAUD : Dès le 12 juillet, date de la déclaration Macron annonçant l’instauration du « passe », le PRCF a condamné cette politique pseudo-sanitaire qui, à défaut d’offrir aux Français une politique de soin et une politique vaccinale cohérentes, a surtout cherché à restreindre leurs libertés, à les conditionner au flicage informatique et à les diviser en fonction de leurs opinions sur les vaccins. Depuis lors, les militants du PRCF vont aux manifs en y diffusant le tract de leur organisation. Il ne s’agit ni de snober ce mouvement, ni de l’abandonner à l’extrême droite complotiste, il s’agit d’apporter les explications et les solutions rassembleuses de notre organisation. Il faut en effet dénoncer le piège que nous a tendu Macron, et dans lequel beaucoup sont tombés tête première, de nous diviser en vaccinés et non vaccinés. En effet, à l’heure actuelle encore, si toutes les personnes susceptibles d’être vaccinées voulaient l’être, la France ne disposerait pas des doses nécessaires pour le faire ! Si l’on y réfléchit trois secondes, cela montre à quel point la stigmatisation des soignants qui refusent d’être vaccinés est une « ruse de guerre » politicienne, comme serait du reste un positionnement anti-vaccinal simpliste qui, émanant de communistes traditionnellement amis du progrès scientifique, ne pourrait qu’aggraver le confusionnisme politico-sanitaire. La position que défend le PRCF et qu’il propose à l’ensemble du mouvement progressiste peut seule, en réalité, éviter la fracture du mouvement social et jeter les bases d’un rassemblement des forces syndicales et progressistes.

     Nous exigeons d’abord des moyens massifs pour l’hôpital et pour le soin, et dans cet esprit nous trouvons scandaleux que nombre de directions du mouvement populaire continuent de TAIRE à leurs adhérents que, depuis 2011, l’UE a sommé plus de SOIXANTE FOIS la France de « diminuer ses dépenses de santé » !

    Nous exigeons par ailleurs que le français mette à la disposition des citoyens, quoi qu’en pense la sacro-sainte UE, l’ensemble des vaccins mondialement disponibles : anglais, américains, mais aussi franco-autrichiens, chinois, cubains et russes, sachant que Poutine avait même proposé à Macron de disposer du vaccin russe sans brevet et que c’est Macron, pour complaire à l’UE et au sacro-saint « monde anglo-saxon », qui a refusé l’offre amicale des Russes. Ainsi, tous les Français pourraient-ils réellement choisir le vaccin de leur choix, ce qui augmenterait le nombre de personnes volontairement vaccinées sans que soient forcés de se vacciner sous peine de licenciement les citoyens qui ne souhaitent pas l’être, du moins avec des vaccins à ARN. De la sorte, le libre choix de chacun – qui ne se réduit certes pas au fameux « libre-arbitre » philosophiquement creux des « libertariens » – serait respecté pour tous et tous ensemble nous pourrions alors repartir ENSEMBLE à l’offensive pour reconstruire la Sécu, la médecine de ville et le système hospitalier, nationaliser Sanofi, casser l’effarante interpénétration de la haute fonction publique d’Etat et des monopoles capitalistes de la pharmacie. 

    En outre, nous ne devons absolument pas nous cantonner à la lutte contre ce que d’aucuns appellent improprement la « dictature sanitaire ». S’il y a fascisation en France, ce n’est pas seulement, ni même principalement sur le terrain sanitaire, lequel n’est en outre qu’un prétexte MENSONGER à cette fascisation. Rappelons qu’il y a eu quatorze lois liberticides successives en 13 ans, sous Sarkozy, Hollande, Macron, que l’état d’urgence a été gravé dans le marbre de la loi, que la vidéo-surveillance est d’ores et déjà généralisée en France ainsi que le flicage de l’internet, que neuf milliardaires possèdent la quasi-totalité des journaux, que les pires bavures policières sont presque toujours couvertes, que des ministres en exercice ont cautionné des manifs de flics en uniforme à deux pas de l’Assemblée nationale, et qu’au printemps, Valeurs actuelles n’a cessé de publier des tribunes de hauts gradés appelant à un coup d’Etat militaire! C’est donc bien contre l’ensemble de la politique de fascisation qu’il faut se rebeller à temps, pas seulement contre ce « passe sanitaire » que nous, PRCF, avons condamné les premiers le 12 juillet dernier.

    Et pour cela, nous, militants franchement communistes du PRCF, devons porter haut et fort la proposition stratégique de notre commission luttes: dans toutes les AG syndicales, associatives, politiques, etc., portons l’idée d’une immense unitaire de combat à Paris, avec les syndicalistes de lutte de toutes les organisation syndicales dignes de ce nom, les gilets jaunes, les militants politiques progressistes, pour dire non à TOUTES les contre-réformes (hôpital 2022, contre-réforme du lycée, Parcoursup, casse des statuts publics et du Code du travail, destruction des retraites par répartition, dépeçage en douce de la Sécu, casse des indemnités chômage…), à TOUTES les régressions démocratiques, à TOUTES les euro-privatisations (SNCF, EDF, Aéroports, Poste…), à TOUTES les délocalisations et fusions industrielles (Renault, PSA, Alsthom…). Au rebours du « dialogue social » bidon cher à Berger, au-delà des manifs « saute-moutons » qui ne cessent de segmenter et d’épuiser le mouvement populaire (les luttes catégorielles sont un point de départ obligé, mais on ne peut que perdre quand on y va séparément et successivement au lieu de saisir chaque lutte pour construire le « tous ensemble en même temps »?), une telle manif de combat aurait l’autorité nécessaire pour faire germer partout dans le pays cette idée simple, conforme à toute l’histoire sociale de la France: « les capitalistes cassent notre pays et nos acquis ? Bloquons leurs profits ! »

    De plus en plus d’ailleurs, des militants syndicaux de classe se dressent dans le pays contre les orientations de défaite, de compromission et d’accompagnement de la casse. De plus en plus, nombre de syndicalistes de classe, par ex. à EDF ou à la SNCF, ont compris que, sans dédouaner en rien Macron et le MEDEF qui collaborent à la casse du pays et qui l’impulsent sans pitié, l’état-major continental de l’oligarchie est de plus en plus concentré à Bruxelles et à Berlin, l’oligarchie « française » y déléguant en permanence ses Pierre Moscovici, Michel Barnier et autre Xavier Breton. En réalité, un sprint final est engagé entre les euro-dislocateurs, euro-privatiseurs, euro-fascisateurs de la France et tous ceux qui, à partir des luttes populaires et en s’adressant à tous les patriotes républicains, veulent faire vivre l’idéal d’une République sociale, fraternelle et souveraine en marche révolutionnaire vers le socialisme !

    INITIATIVE COMMUNISTE – A l’approche des présidentielles et des législatives, comment rouvrir à notre peuple la perspective du changement social et politique ?

    GEORGES GASTAUD : Se servant de l’énorme manœuvre de diversion et de division qu’il a lancée le 12 juillet pour scinder le mouvement populaire sur fond de passe sanitaire, Macron prépare sa réélection en faisant monter face à lui l’extrême droite, qu’elle soit représentée par Le Pen, par Zemmour, par Philippot, par Dupont-Aignan ou par le « républicain » niçois Ciotti. Bien entendu, les Xavier Bertrand et autre Pécresse (qui promeut le tout-anglais à Paris et déclare le français « langue déclinante ») sont en réserve du « bloc bourgeois » pour le cas où Macron, le poulain n°1 de l’oligarchie, trébucherait avant le printemps. Tel est le « vrai duo/faux duel » que le PRCF dénonce depuis des mois. Et pour cause, il ne faut pas oublier que les Hidalgo, Montebourg et autre Roussel ont appelé à voter Macron en mai 2017 en présentant ce chef de file de la libéral-fascisation comme un rempart à l’extrême droite ! Sur le fond, on ne peut que constater que « la gauche » institutionnelle est incapable de présenter une alternative crédible. Ne parlons pas d’Hidalgo et Montebourg, ces deux étoiles de la social-bobocratie qui n’ont jamais rien eu d’autre dans leur fonds de commerce que, s’agissant de la mairesse de Paris, une batterie de gadgets pseudo-écolos pour CSP++, et s’agissant du second, qu’une série de slogans creux (bien entendu, en anglais!) pour raviver EN PAROLES le « made in France ». Surtout, il est triste de constater que Jean-Luc Mélenchon, qui avait obtenu le soutien critique du PRCF tant qu’il fut capable a minima de porter le mot d’ordre « l’UE on la change ou on la quitte », contourne ce sujet, s’adresse désormais plus à la gauche écolo-bobo de Jadot qu’à l’électorat ouvrier. Après avoir demandé à discuter avec le PRCF au printemps dernier, JLM a finalement renoncé à ce qui aurait pu paraître trop compromettant aux militantes « euro-constructives » et aseptisées Autain et Aubry. Quant à Fabien Roussel, quel boa constrictor n’est-il par prêt à faire avaler à ses militants « identitaires », un jour courtisant une manif antirépublicaine en uniforme, un autre déléguant aux préfets le soin de trier les sans-papiers, une autre fois refusant le mot nationalisation ou félicitant ces-grandes-fortunes-qui-ont-tant-apporté-au-pays; et, toujours, pour ménager le Parti de la Gauche Européenne dont le PCF est l’enseigne francisée, refusant ne serait-ce que d’engager le débat sur le Frexit progressiste grossièrement assimilé à l’ « isolement de la France ». A cela, Georges Marchais répondait déjà en riant, il y a quelques décennies, que la France avait commercé avec le monde entier bien avant le Traité de Maëstricht et qu’elle n’en continuerait que mieux à le faire quand elle serait sortie du carcan euro-atlantique de l’UE maastrichtienne ! 

    Dans ces conditions, nous faisons tout notre possible avec notre jeune secrétaire national Fadi Kassem, syndicaliste enseignant, diplômé de Sciences politiques et agrégé de l’Université, pour promouvoir les fondamentaux de notre ligne franchement communiste et 100% républicaine, antifasciste et anti-Maastricht :

    • pour la reconstruction d’un vrai, d’un grand parti communiste allié à un grand mouvement syndical de classe remettant le monde du travail au coeur de la vie nationale ;
    • pour le Frexit progressiste, pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, pour un bond en avant des conditions de vie des couches populaires et moyennes et pour la réduction drastique des inégalités, pour la coopération internationale tous azimuts, pour la paix mondiale et la sortie de l’OTAN, pour une démocratie sociale offensive débouchant sur la transformation révolutionnaire de notre pays.

    C’est dans cet esprit que, à l’heure de lui passer le flambeau de secrétaire national, avec le plein soutien de notre camarade Léon Landini, je soutiens la campagne rouge et tricolore menée par mon camarade et ami Fadi Kassem tout en appuyant sa courageuse pré-candidature pour 2022. Certes, le PRCF est une organisation de taille encore modeste et il est universellement censuré, sans parler de tous ceux qui, se réclamant hypocritement du mouvement ouvrier, ne cessent de le dénigrer et de lui tirer dans le dos : mais toute cette hostilité, pour démesurée qu’elle soit, est aussi le signe que le Pôle est porteur d’une cohérence programmatique sans équivalent dans le pays. Cette cohérence, c’est celle d’une politique centrée sur le monde du travail, soucieuse du syndicalisme de classe, éclairée par le marxisme-léninisme, articulée aux luttes du Mouvement communiste international, porteuse à la fois de renaissance de la France et de fraternité entre tous les peuples épris d’égalité.

    INITIATIVE COMMUNISTE – Comment vois-tu le développement du PRCF et, plus globalement, le travail de reconstruction d’un vrai parti communiste en France ?

    GEORGES GASTAUD : Avec mes camarades du PRCF, les anciens issus des grands combats du passé, les Léon, Hermine, Geo, Pierre, Jean-Pierre, Henriette, Jeanne, Simone, Bernard Guillaumin, Michelle, Roger, Eugène, Georges Cabaret, Maria, Bernard Parquet, sans oublier notre cher Henri Alleg qui fut membre de notre comité de parrainage, avec les camarades expérimentés venus de la classe ouvrière rouge comme Bernard, le typo de Vénissieux, José, l’ouvrier du bâtiment du Boulonnais, Jo, l’électricien d’Albi, Jean-Claude, le roulant de Lens, Jean-Pierre, l’ouvrier peintre d’Eleu, Désiré, le tréfileur et prêtre-ouvrier lensois, avec tous les copains qui ont tenu et qui tiennent encore à bout de bras le travail quotidien ingrat d’une orga disposant d’un mensuel politique, d’une revue théorique, d’un site renouvelé chaque jour, avec les Vincent, Benoît, Daniel, Annette, Madeleine, Jany, Diane, Anna, Jean-François, Rémi, Gilda, etc., sans compter les potes des Alpes-Maritimes et ceux du bassin minier lensois avec qui j’ai fait et ferai encore tant de « terrain », et surtout avec la jeune génération combative et dévouée des Fadi, Damien, Gilliatt, Manon, Clément, Pauline, Jérémy, Rachida, Thomas, Sylvain, Léo, Yannick, Tristan, etc., l’amalgame se fait et la transition générationnelle entre les jeunes et les vieux est en bonne voie, d’autant que les jeunes des JRCF sont déjà une aile marchante du Pôle. Henri Alleg disait peu avant sa mort « si le PRCF n’existait pas, il faudrait l’inventer ». Il existe bel et bien, camarades, il a tenu bon contre vents et marée, il s’est renouvelé et il faut d’urgence le renforcer ; car si le PRCF en appelle à tous, pas seulement à lui-même, pour reconstruire le vrai, le grand parti de combat qui nous manque pour stopper les régressions et lancer la contre-offensive, ce qui est certain c’est qu’un tel parti ne se refera pas sans le PRCF et contre le PRCF.

    D’ores et déjà, notre organisation – par-delà les défauts qui sont surtout liés à son manque de moyens – assume au jour le jour avec honneur depuis des années le traçage d’une ligne franchement communiste pour le pays; elle travaille à organiser les militants communistes département par département, elle se tourne principalement vers les entreprises et, à l’occasion des présidentielles, elle a l’audace tranquille, parce qu’il le faut et que nul ne le fera si elle ne s’y « colle » pas, de porter crânement son programme rouge et tricolore, d’avancer, seule sur la place, le Frexit progressiste, antifasciste et internationaliste et de faire connaître ses militants d’avenir en bravant les envieux et les ricaneurs pense-petit.  La bonne attitude n’est pas alors de « compter les points » comme si on jouait au tiercé en pariant ou pas sur une organisation : car une telle attitude confortable, et pour tout dire, politicienne, n’est pas digne d’un communiste, c’est-à-dire, comme disait Marx, d’un « matérialiste pratique ».

    La bonne attitude, l’attitude courageuse est d’aider, d’aider franchement, et pourquoi pas, de rejoindre, une organisation qui fait objectivement le plus, avec un désintéressement attesté par des dizaines d’années de lutte à contre-courant d’abord dans le PCF, puis en dehors quand la dénaturation social-démocrate de ce parti, l’ainsi-dite « mutation » portée par Hue et parachevée par Buffet et Laurent, s’est avérée incurable, pour ORGANISER la renaissance communiste, pas seulement pour en parler à l’infini ou pour jouer les « think tanks » pseudo-communistes.  Car étant donné la révolte qui gronde dans le pays et l’état de dislocation, virtuellement violente, où il de plonger tête baissée, vraiment, l’heure n’est plus, je le répète, à s’interroger comme Soeur Anne, l’heure est à s’engager, à « sauter le pas ». C’est pourquoi à l’heure de passer le flambeau au camarade Fadi, mon appel s’adresse prioritairement aux travailleurs qui veulent devenir communistes, aux jeunes intellectuels révolutionnaires, aux militants du syndicalisme de classe qui ont compris qu’ils ne triompheront pas sans reconstituer, et pas dans cent ni dans dix ans, cet outil de classe incontournable : un VRAI PARTI COMMUNISTE pour notre pays et sa classe ouvrière.

     

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  • Dans le contexte politique actuel, les questions du racisme et du sort réservé aux populations issues des anciennes colonies prennent de plus en plus de place dans le débat public mondial. Nous assistons ces derniers temps à une paradoxale de la parole raciste, parfaitement résumée par l’ignoble et caricaturale candidature d’Eric Zemmour à la magistrature suprême, à laquelle tente de s’opposer une certaine théorie dite « post-coloniale » condamnée à l’impuissance par son refus du matérialisme et de l’analyse infrastructurelle.

    Dans cette conférence, nous entreprendrons d’expliquer la nature du racisme, le rôle qu’il occupe dans le mode de production capitaliste et ses différentes évolutions théoriques. Nous nous intéresserons également aux écrits des principaux penseurs marxistes sur la question, de Marx à Losurdo en passant par Lénine et Politzer, ainsi qu’à la lutte antiraciste et anticoloniale des différentes expériences socialistes.

     

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  • « Le Vol de Piatakov. La collaboration tactique entre Trotsky et les nazis » vient de paraître.
    Il s’agit d’un des livres les plus importants quant à ses conséquences politiques concrètes et immédiates : la disparition de la légitimité de la scission trotskyste dans le courant léniniste.
    C’est bien un événement intellectuel et éditorial. A relayer largement donc.

    Dans une vidéo, Aymeric Monville, son éditeur en France, revient sur cet ouvrage.

     

     

    Ce livre peut être commandé dans toutes les librairies ou sur le site de la maison d’ Delga ici : https://editionsdelga.fr/produit/le-v…

    872 pages 29 euros ISBN 978-2-37607-218-8

     

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  • La rentrée s’annonce, et le retour des revues de presse de Fadi Kassem aussi. Il sera question aujourd’hui dans cette nouvelle édition de faire le point sur qui s’est passé cet été, et également ce qui a eu lieu il y a quelque jours à Marseille et des diverses déclarations qui ont pu y être faites par nos actuels dirigeants… Bon visionnage !

     

     

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  • Etincelles N°50 est bientot disponible Au sommaire notamment un dossier spécial Chine avec entre autres des contributions de Bruno Guigue, Maxime Vivas et Michel Aymerich.

    A paraître : Etincelles n°50 avec un dossier spécial Chine ! abonnez vous, achetez le !  (IC.fr-8/09/21)

     

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  • Tamila Yabrova est l’une des figures de la lutte et de la résistance antifasciste en Ukraine, une des personnalités communistes engagées pour la paix et donc la reconstruction du socialisme, à travers son action en Ukraine et en ex Union Soviétique mais également pour le mouvement communiste international. Nos camarades de la commission avait pu la rencontrer à plusieurs reprises, encore récemment à l’Initiative des partis communistes et ouvriers, mais également sur le terrains des mobilisations antifascistes auxquels ils ont pu participé ensemble. Alors que l’on vient d’apprendre son décès, emportée tragiquement comme trop de camarades par le covid-19, ils souhaitent s’associe aux hommages qui lui sont rendus, témoignant de « son énergie et de son engagement ». Initiative Communiste se fait un devoir de publier la traduction de l’hommage rendu par ses camarades du PCUS.

     

    L’hommage du PCOR/PCUS à Tamila Yabrova

    Le 3.09.21, le mouvement communiste et ouvrier international a subi une perte irréparable, après une longue maladie, dont la cause est l’infection par nouveau virus, le coeur de notre camarade de combat Yabrova Tamila Iossifovna, leader de l’ d’Ukraine a cessé de battre! L’irremplaçable rédacteur en chef du magazine international «Marxisme et Modernité», ardente communiste et simplement Être Humain en lettres majuscules. Elle était une savante de renommée internationale, menant des journées presque ininterrompues de travail théorique et scientifique, Tamila Iossifovna était restée une des peu nombreux combattants actifs contre le révisionisme et l’opportunisme contemporain.

    Le trait caractéristique de la camarade Yabrova était son engagement dans l’organisation de la réelle lutte REVOLUTIONNAIRE pour le socialisme, pour le pouvoir Soviétique. A cet égard, la démonstration en fut l’activisme de Tamila Iossifovna en 2013-2014 quand sur l’Ukraine planait encore la menace d’un nouveau Maïdan. A l’époque, elle avait prévenu et avait pronostiqué «une catastrophe imminente», avant tout dans la partie Sud-Est du pays. Alors quand «les mineurs et les tractoristes» se sont levés les armes à la main pour la défense de leurs droits et littéralement pour la vie de leurs famille, elle a pris la parole en exigeant des communistes de l’espace post-soviétique de prendre une part active dans le soulèvement du prolétariat. Montrant personnellement l’exemple en allant dans le feu-même de la guerre en cours, elle obtint la création d’un groupe de travail du Comité central du PCOR-PCUS sur les conditions d’assistance aux travailleurs et au mouvement communiste du Donbass. Depuis 2014 et jusqu’à l’interruption des moyens de transports avec la Russie, sous la menace des représailles des voyous fascistes de Kiev et malgré son âge avancé, Tamila Iosifovna plus d’une fois s’est rendue en première ligne chez les milices ouvrières du Donbass. On la connaissait pratiquement dans tous les bataillons combattants des Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk.

    Au niveau international, la camarade Yabrova défendait, dans les faits et non en paroles, l’idée d’une renaissance d’un Komintern Léniniste en tant que fondation pour la réalisation du slogan « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».

    Suite au décès de Yabrova Tamila Iossifovna, nous exprimons nos condoléances à ses parents, à ses proches et à ses camarades; nous leur assurons que nous étudierons son héritage théorique, scientifique et idéologique afin de le mettre en pratique. Cela signifiera que la camarade Yabrova Tamila Iossifovna continuera à vivre en tant qu’enseignante, mentor et inspiratrice idéologique de notre combat pour le socialisme et le pouvoir Soviétique. Pour sa grande contribution à l’organisation du combat des communistes, des travailleurs du Donbass contre le nazisme ukrainien, pour la manifestation de son courage personnel, le CC du PCOR-PCUS distingue Yabrova Tamila Iossofovna de l’Ordre du Drapeau à titre posthume !

    Sur décision du CC du Parti Communiste Ouvrier Russe (bolchévique) du PCUS :

    Tcherepanov A.K. – Secrétaire du CC du PCOR (b)-PCUS à l’organisation du parti

    Touroulo V.N. – Secrétaire du CC du PCOR (b)-PCUS à l’idéologie

    Domratchev Z.T. – Secrétaire du CC du PCOR (b)-PCUS au mouvement ouvrier

    Sazanov P.P. – Secrétaire du PCOR (b)-PCUS à la jeunesse

    traduction depuis le russe RB pour www.initiative-communiste.fr

     

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    Corée du Sud : face au retour de Moon Jae-In aux pratiques fascisantes, solidarité avec le syndicat KCTU et son président Yan Jyeung-soo   (IC.fr-8/09/21)

    En Corée du Sud, malgré la révolution des bougies et la démission, puis l’incarcération, de l’héritière du régime Park, Park Gueun-hye, le président Moon Jae-in semble revenir aux traditions fascisantes qui ont présidé à la création de la République de Corée du Sud sous le joug de la redoutable K-CIA. C’est ainsi que le président du principal syndicat de lutte du sud de la péninsule s’est retrouvé embastillé sous des prétextes fallacieux. Sans duper personne sur le véritable motif de l’arrestation : mettre un coup d’arrêt à l’organisation d’une grève générale.

    Nous reproduisons ci après le communiqué de soutien adressé par la CGT.

    Solidarité avec Yang Kyeung-soo, Président de KCTU

    Publié le 3 sep 2021. Partout dans le monde, la criminalisation de l’action syndicale cherche à s’imposer. Le 17 août, le tribunal du district central de Séoul émis un mandat d’arrêt contre le Président de KCTU (Confédération syndicale coréenne), Yang Kyeung-soo, pour avoir organisé un rassemblement le 3 juillet afin de demander un moratoire sur les licenciements pendant la crise du COVID-19 et des mesures immédiates pour protéger la vie et les moyens de subsistance des personnes. Le 2 septembre, à 5h30, la police armée a fait irruption au siège de KCTU, arrêté le président de KCTU et fouillé l’intégralité des locaux syndicaux.

    Les accusations fallacieuses portées contre lui visent à empêcher le droit à manifester au motif de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses. Ces accusations sont, bien sûr, contestées fermement tant par Yang Kyeung-soo que par KCTU.
    La CGT proteste contre cette arrestation et condamne le gouvernement coréen de Moon Jae-in qui tente d’imposer le silence aux voix des travailleur·euse·s en niant le droit à la liberté d’association et de manifestation.
    La criminalisation des dirigeants syndicaux pour leur activité syndicale et la pratique de la détention préventive en Corée ont été fermement condamnées à plusieurs reprises par l’OIT et les organes des droits de l’homme des Nations Unies.
    Malgré cela, les autorités chargées de l’enquête continuent d’y recourir, même après l’adoption, par la Corée, de la convention n° 87 de l’OIT sur la liberté d’association.
    D’après la KCTU, les raisons réelles de son incarcération seraient à rechercher dans la volonté du gouvernement coréen de perturber les préparatifs pour l’organisation d’une grève nationale le 20 octobre. À la date du 3 septembre, Yang Kyeung-soo est toujours embastillé.
    Manifester n’est pas un crime !
    La CGT demande que le mandat d’arrêt soit levé, que Yang Kyeung-soo soit relâché sans délai et sans poursuite et que les actions des organisations syndicales coréennes puissent se dérouler sans entraves comme l’impose la convention 87 de l’OIT.

     

    Montreuil, le 3 septembre 2021

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • La fête de l’Avante, organisée tous les ans par le Parti communiste portugais, est toujours un moment décisif pour le communisme au niveau européen et même mondial. Les photos que nous y avons prises cette année parlent d’elles-mêmes quant à l’ampleur de la participation populaire.

    Fête 2021 d’Avante le journal du PCP

    Cette année, le Parti communiste portugais fêtait son centième anniversaire. « 100 ans de lutte au service du peuple et de la patrie pour la démocratie et le socialisme. »

    A l’exposition organisée à cette occasion, nous avons pu photographier les pancartes montrant clairement quelle est l’orientation de ce parti, ce qui compte le plus pour eux, ce qu’ils souhaitent mettre le plus avant. Il n’est pas étonnant de voir pourquoi le PCP jouit d’un tel respect auprès de la population : le PCP est un parti communiste respectable car c’est un parti communiste qui se respecte.

    Identité Communiste

    « L’expérience historique du PCP, avec la configuration de son identité communiste propre, de même que son expérience du mouvement communiste et révolutionnaire international, montrent comme caractéristiques importantes d’un parti communiste : sa nature de classe, le marxisme-léninisme comme base théorique ; le projet d’une société socialiste et communiste ; une profonde démocratie interne ; une unique orientation générale et une unique direction centrale basées sur le développement créateur du centralisme démocratique ; une intervention permanente orientée vers la classe ouvrière et vers les masses ; le patriotisme et l’internationalisme. Ce sont là les caractéristiques fondamentales du PCP, qui le différencient des autres partis et le définissent comme communiste. »

     

    A propos de l'adhésion funeste du Portugal à la CEE

     

    « Avec l’intégration du Portugal à la Communauté économique européenne janvier 1986, de nouveaux problèmes se sont posés au pays : les multinationales ont renforcé leur domination sur l’économie nationale, le processus de désindustrialisation s’est intensifié, la production agricole a chuté brusquement et le secteur de la pêche a presque disparu. La nature de classe vindicative du projet supranational de la CEE/Union européenne, au service des grands groupes économiques et des grandes puissances, continue à rencontrer au PCP une opposition ferme car celui-ci considère la souveraineté nationale comme une question naturelle et centrale pour le pays. »

    « Dans la CEE/ Union européenne, avec de graves conséquences pour notre pays et contre la volonté manifeste des peuples, le traité de Maastricht a signifié un nouvel assaut dans l’approfondissement de la domination impérialiste des multinationales avec l’imposition de l’Union économique et monétaire, dont les conséquences s’aggraveront quelque temps après la mise place de l’euro ; la logique de l’UE comme bloc politico-militaire s’est institutionnalisée. D’importantes parts de la souveraineté nationale ont été transférées aux institutions de l’Union européenne. Le PCP a alerté et mis en garde à propos des graves conséquences qu’une monnaie unique amènerait pour un pays périphérique et de plus en plus dépendant, du point de vue économique, dans le contexte européen. Une fois de plus, la vie a donné raison au PCP : depuis l’introduction de l’euro en 2000, le Portugal a traversé deux décennies de stagnation et de régression économique et sociale. »

    Notre camarade Aymeric Monville, présent pour la troisième fois consécutive à cet important rendez-vous du communisme international, a été chaleureusement accueilli lors d’une rencontre bilatérale très enrichissante, par le camarade Carlos Gonçalves, responsable de la de contrôle.

    Le PRCF est fier de pouvoir compter Europe sur des camarades aussi valeureux, rempart du peuple portugais dans sa lutte menée pendant 48 ans contre le fascisme et aujourd’hui contre l’euro-otano-désagrégation de nos pays.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Que sont-ils devenus ? La trajectoire d’ex-dirigeants confédéraux (CGT-CFDT-FO),des années 1980 aux années 2010  (IC.fr-7/09/21)

    Regarder dans le rétroviseur permet, à l’aune du chemin parcouru par les uns et les autres, de corriger le tir pour l’avenir. C’est bien l’objet du très sérieux travail de recherche que publie en cette rentrée l’universitaire spécialiste des mouvements syndicaux, Stéphane Sirot, en analysant la trajectoire de dirigeants de différentes centrales syndicales ces dernières années, pour mieux éclairer ce que cela nous apprend des évolutions de certaines composantes du mouvement syndical. Celles et ceux qui voient le syndicalisme avant tout comme un contre-pouvoir devraient en sortir davantage confortés que les promoteurs les plus assidus du partenariat social.

    Que l’on ne s’y méprenne pas, ce travail est à l’exact opposé d’un brûlot antisyndical, dénigrant en tenant du statu quo de l’exploitation capitaliste, l’engagement et l’organisation syndicale en général, les syndicalistes en particulier, au prétexte justement de certaines trajectoires ou comportements dévoyés de certains dirigeants en collusion avec le patronat . Tout d’abord, car c’est une documentation et une analyse factuelle dressant un panorama objectif de la trajectoire particulière des différents dirigeants des centrales syndicales. Surtout, car cette analyse objective distingue justement ce qu’est l’engagement syndical des centaines de milliers de militants, un engagement collectif au service de la classe des travailleurs, de certaines trajectoires de certaines de ces personnalités du syndicalisme institutionnalisé si souvent si loin de cette lutte de classe et de masse.

    L’avant propos que nous donnons à lire ci après l’illustre.

    Ce travail, qui est s’inscrit dans la suite du travail reconnu du spécialiste incontesté des luttes sociales et du mouvement syndical en France qu’est Stéphane Sirot, gagne donc à être lu et diffusé par l’ensemble des syndicalistes qui, comme il y invite, « croient encore que celui-ci demeure un instrument essentiel et incontournable de la conquête du progrès social « 

    Commander l’ouvrage :

    Bon de commande B 8 Stéphane sirot

     

    Le présent opus était en gestation depuis longtemps. Au regard du devenird’après-mandat des derniers secrétaires généraux des principales centrales, tel querépercuté quelquefois non sans complaisance par les médias, la réalité concrète dela dimension de contre-pouvoir du syndicalisme m’a paru de plus en plus hypothétique, tout au moins dans ses récentes incarnations nationales.
    Parallèlement, j’ai pu constater comme tout un chacun que ces dernières années, l’hégémonie des grandes confédérations de travailleurs sur les mobilisations sociales a eu tendance à se déliter, l’épisode des Gilets jaunes étant évidemment le plus spectaculaire en la matière. Or, de mon point de vue, la prise de distance manifestement croissante d’une partie des milieux populaires vis-à-vis des syndicats n’est pas sans aucun lien avec l’image offerte par la reconversion des figures dirigeantes les plus connues du grand public, qui peut les faire apparaître d’instinct comme participant d’une vaste sphère institutionnelle, elle-même de plus en plus massivement honnie.
    Ces ressentis citoyens se télescopaient avec mon interprétation d’historien des transformations de longue durée du syndicalisme français. Ne pouvait donc que naître l’envie de prendre une mesure plus précise du degré d’assimilation à l’ordre dominant des responsables de plus haut niveau, par définition les plus repérables et, le cas échéant, de mettre en exergue la diversité de leurs rapports à l’engagement, d’une centrale à une autre. Ce qui, pour moi, n’a rien d’anecdotique, dans la mesure où ces cadres nationaux sont issus d’un processus de sélection à l’intérieur de leurs organisations et représentent ainsi bien davantage qu’eux-mêmes. Or, leur cheminement fait écho, tout en jouant le rôle de miroir grossissant, à des évolutions et des conceptions parfois communes, mais aussi clairement différenciées du syndicalisme et peut parfois interroger a posteriori sur la construction du sens de leur positionnement dans l’exercice de leur mandat.
    Toutefois, avant d’aller plus loin, le lecteur ne doit pas se méprendre sur les intentions de l’auteur. Il n’est pas ici question de jeter le discrédit ou de dénoncer quiconque et, d’ailleurs, ne seront nommément cités pour l’essentiel que les cas connus de tous. Il s’agit encore moins de nourrir les préventions à l’égard du fait syndical. Je connais personnellement l’investissement des militants de terrain, que je rencontre notamment quand je suis invité à venir débattre avec eux. Leurs convictions m’impressionnent souvent, les sacrifices qu’ils consentent volontiers forcent toujours mon respect. J’ai aussi admiré et j’admire encore d’anciens dirigeants qu’il m’a été offert de côtoyer. Ainsi le regretté Pierre Delplanque, qui a oeuvré aux côtés de Marcel pour le bien commun et en parfait désintéressement personnel, Roger Silvain, figure de la CGT Renault-Billancourt, engagé jusqu’à son dernier souffle, ou encore François Duteil, qui sait faire partie de cette brochure et dont la cohérence du parcours personnel aussi bien que la constance et la finesse intellectuelle lui valent mon indéfectible fidélité. Sans parler de Georges Séguy, avec qui j’ai eu la chance de pouvoir échanger un peu, bien trop vite à mon goût, et que je regardais comme le monument historique qu’il était.
    Bref, si certains esprits se sentent pour les uns heurtés ou fort marris, pour les autres confortés par les constations qui suivent, celles-ci ne résultent pas de ma
    volonté et ne sont que le fruit des choix opérés par les acteurs concernés. À chacun, donc, d’en tirer les enseignements personnels ou collectifs qu’il voudra, le présent et l’avenir du syndicalisme étant évolutifs et appartenant à celles et ceux, dont je ne me cache pas de faire partie, qui croient encore que celui-ci demeure un instrument essentiel et incontournable de la conquête du progrès social.

    Avant propos

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  •             Avec FADI KASSEM et le PRCF, PORTONS L’ALTERNATIVE ROUGE ET TRICOLORE               Communiqué n°34 – 3 septembre 2021

     

    Pour une politique au service des citoyens et des travailleurs, avec Fadi KASSEM et le PRCF, portons l’#Alternative #RougeTricolore ! (IC.fr-4/03/21)

     

    En cette rentrée scolaire 2021, la Macronie confirme sa haine de classe. Ainsi, Jean-Michel Blanquer reprend un mantra réactionnaire en affirmant, au sujet des allocations versées aux familles plongées dans une effroyable précarité : « On sait bien, si on regarde les choses en face, qu’il y a des achats d’écrans plats plus importants au mois de septembre qu’à d’autres moments ». Tout aussi adepte de la désinformation traduisant sa haine de classe envers les milieux populaires, Emmanuel Macron, en campagne pour la présidentielle aux frais des contribuables et bénéficiant de la complicité des médias aux ordres, surenchérit en déclarant : « Nous serions aveugles ou naïfs de penser que la totalité de ce que chaque ménage touche en allocation de rentrée scolaire est reversée pour acheter des fournitures ou les livres des enfants. […] Il y a, comme partout, des gens qui font les choses comme il faut, et il y a toujours des gens qui [ne] les font pas comme il le faut et qui n’utilisent pas l’argent [pour ce à quoi il est destiné]. » Et tant pis si une étude de la Caisse d’allocation familiale indique que 95% des parents ont utilisé majoritairement l’allocation de rentrée pour acheter des fournitures scolaires et des vêtements, tandis que les autres dépenses constatées sont liées aux assurances, à la cantine et les transports.

    Une nouvelle fois, derrière les images de propagande présentant Macron en pseudo « roi thaumaturge » au chevet des citoyens et des travailleurs désemparés comme dans les quartiers populaires de Marseille, la Macronie et ses satellites, le fascisant Manuel Valls en tête, confirment leur subordination au camp du grand capital auquel ils ne demandent jamais de compte sur les centaines de milliards d’euros dilapidés depuis des décennies dans le cadre des « baisses de cotisations sociales », du « CICE » et d’autres cadeaux fiscaux assurant la prospérité du CAC 40. comment pourrait-il en être autrement dans le cadre de « l’économie de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussée » (en tout cas pour les profits capitalistes) qu’est la mortifère Union européenne, dont la raison d’être est le démantèlement des « services d’intérêt économique général » comme la SNCF, EDF-GDF, l’Education nationale, les hôpitaux, etc., « ouverts à la concurrence » au nom des directives euro-austéritaires aux conséquences catastrophiques pour les classes populaires ? Dès lors, tout soi-disant « plan d’urgence », comme le fait Macron à Marseille, relève de la supercherie et du mensonge éhonté, autant de paroles de marchands de sables condamnées à un échec patent comme l’a volontiers reconnu le royaliste Manuel Valls. En effet, d’ores et déjà, la cure euro-austéritaire est programmée pour 2023, tandis que le gouvernement Castex prépare la destruction de l’assurance-chômage et des retraites par répartition.

    Voilà pourquoi Fadi Kassem et le PRCF mènent la campagne pour une Alternative Rouge et Tricolore en 2022, la seule en mesure de satisfaire les besoins urgents des travailleurs et des citoyens, ce qui implique de rompre définitivement avec l’ordre atlantiste et capitaliste et ses institutions corrompues et mafieuses, à commencer par la mortifère UE et sa monnaie euro-austéritaire, également l’OMC, le FMI et la Banque mondiale. Pour se faire, la des grands moyens de production (dont les énergies), des banques et assurances, des transports, des communications et de la grande distribution, aussi la reconstruction des services publics au service du peuple donc entièrement nationalisés – à commencer par les hôpitaux et l’Education nationale – et le renforcement des conquêtes sociales démocratiques comme les retraites par répartition sont des urgences absolues en ces temps d’euro-liquidation des classes populaires.  pour cela, il faut recouvrir une souveraineté pleine et entière et, par conséquent, œuvrer pour le Frexit progressiste – et certainement pas célébrer les grandes fortunes qui « ont créé, inventé, et ne pourront refuser un pacte pour la jeunesse, de participation à l’amélioration du système éducatif et d’augmentation des salaires » comme l’a récemment déclaré le candidat PCF Fabien Roussel –, sans lequel toute politique prétendument au service des travailleurs et des citoyens n’est que tartufferie.

     

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  • Lorsqu’en 2005, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe  proclamait la nécessité de condamner les crimes du communisme au niveau international (Rapport de Göran Lindblad), face à cette provocation, Mikis Theodorakis, récemment disparu, a réagi en publiant ce qui suit le 22 décembre 2005 :

    je n’ai qu’un seul mot à adresser à ces « Messieurs » : HONTE ! »

     

    Déclaration du célèbre compositeur grec, Mikis Theodorakis, à propos du mémorandum anticommuniste

     

    « Les héros comparés aux criminels »

    « Le Conseil de l’Europe a décidé de changer l’histoire. Il veut la déformer en confondant les agresseurs avec les victimes, les héros avec les criminels, les libérateurs avec les conquérants, les communistes avec les nazis.

    Il considère que les plus grands ennemis du nazisme, c’est à dire les communistes, sont des criminels, qui égalent même les nazis ! Et il s’inquiète et proteste aujourd’hui car, tandis que les hitlériens ont été condamnés par la communauté internationale, rien de tel n’est encore arrivé aux communistes. C’est pourquoi il propose que cette condamnation ait lieu lors de la session plénière de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe des 24-27 janvier prochain.

    Il s’inquiète de ce que « la conscience publique envers les crimes commis par les régimes communistes est très mince ». Et encore parce que « les partis communistes sont légaux et actifs dans certains pays et même que, dans certains cas, ils ne se sont pas distanciés de ces crimes ».

    En d’autres termes, le Conseil de l’Europe annonce d’avance la persécution future des communistes européens qui n’ont pas encore fait de déclaration de repentance comme celle que demandaient les bourreaux de la Gestapo et les tortionnaires de Makronisos[1].

    Peut-être demain décideront-ils de mettre hors la loi les partis communistes et d’entrouvrir ainsi la porte aux fantômes à des Hitler et Himler qui, comme on le sait, ont débuté leurs carrières en interdisant les partis communistes et en emprisonnant les communistes dans des camps de la mort.

    Ces nazis ont été finalement noyés dans le sang de leurs propres victimes, les 20 millions de morts de l’ communiste et les centaines de milliers de communistes qui ont donné leur vie, en prenant la tête des mouvements de résistance nationale, en Grèce, comme à travers toute Europe.

    Pourtant, dans leurs souhaits de restaurer les méthodes condamnées par la conscience de l’histoire et des peuples, ces Messieurs du Conseil de l’Europe, viennent en second lieu, car ils ont déjà été dépassé par leur grand frère, les Etats-Unis, qui massacrent des peuples entiers avec leurs méthodes hitlériennes, comme en Irak, qu’ils ont réduit à une ruine jonchée de prisons américaines, où sont torturées tous les jours de manière abominable des milliers victimes innocentes.

    Face à ce grand crime contre l’humanité, tout comme celui du camp hitlérien de torture moderne de Guantanamo, le Conseil de l’Europe n’a rien à dire.

    Comment donc pourrait-on croire que celui-ci se préoccupe des droits de l’homme, lorsque chez lui, en Europe, il autorise les avions de la CIA à transporter des personnes privées de droits, pour les torturer dans des prisons spéciales ?

    De tels citoyens ne peuvent être des accusateurs. Dans la Cour de Justice de l’histoire, qui condamnera un jour les crimes innombrables de leur grand frère, du Viêt-nam au Chili et d’Amérique du sud en Irak, ils seront jugés pour avoir toléré ou s’être rendus complices de ces crimes.

    Malheureusement, aujourd’hui je suis obligé de parler davantage au nom des morts qu’au nom des vivants. Au nom, donc, de mes camarades communistes morts, de ceux qui sont passés par la Gestapo, les camps de la mort et les lieux d’exécution pour que soit abattu le nazisme et pour célébrer la liberté, je n’ai qu’un seul mot à adresser à ces « Messieurs » : HONTE ! »

    [1] Ile grecque où ont été déportés et torturés les communistes et résistants.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Par la Éducation du PRCF 04-09-2021

    Tous les membres de la Éducation du PRCF sont, comme il se doit pour des communistes, syndiqués et militants syndicaux. Il n’est donc pas question pour eux de cultiver l’anti-syndicalisme démagogique et pour finir toujours réactionnaire. De même qu’il est hors de leur propos de céder au spontanéisme gauchiste en idéalisant n’importe quel mouvement de masse indépendamment de ses finalités sociales et culturelles. Ces deux indispensables pré-requis fermement posés, il ne saurait être question de cautionner, fût-ce par le silence, l’autosatisfaction incroyable qui caractérise les directions nationales du syndicalisme enseignant. 

    Il n’est pas utile de s’attarder sur le cas des cartels de cireurs de bottes ministérielles que sont les apparatchiks de l’UNSA et du SGEN-CFDT. En effet ces deux organisations n’ont eux de cesse de soutenir toutes les CONTRE-REFORMES imposées aux enseignants par des gouvernements réactionnaires et directement inspirées par l’Union Européenne. Ce faisant, elles n’ont cessé de saboter les luttes de la profession, d’en travestir les légitimes revendications et d’en brader les luttes.

    Nous ne pouvons qu’exprimer notre consternation quand nous regardons ce qu’est le bilan du syndicalisme (de moins en moins) majoritaire que représentent la FSU et les syndicats enseignants qui la composent (SNUIPP, SNES, SNEP). En effet, sur le plan des dossiers revendicatifs, c’est la catastrophe sur toute la ligne que ce soit sur le plan salarial, professionnel, didactique, pédagogique ou social, la réaction accumule les mauvais coups tandis que les enseignants et les usagers du service public souffrent davantage à chaque défaite.

    • Statuts massacrés, avec notamment la disparition du paritarisme, le développement des logiques de cycles et de pluri-valence.
    • Précarité galopante avec le développement du recrutement de contractuels, l’éviction massive périodique de ceux qui étaient en poste (histoire de nourrir l’hyper-précarité) et l’explosion du nombre de postes partagés,
    • Austérité salariale sans fin, avec le gel du point d’indice, la hausse des mutuelles (prises à la gorge par l’UE) et la division machiavélique entre les enseignants jeunes et les enseignants expérimentés systématiquement écartés des primes.
    • Mise à mort des concours avec des changements TOUS LES ANS dans les modes de recrutement depuis la contre-réforme doucereuse de mastérisation imposée par l’UE avec le système LMD.
    • Déstructuration des disciplines scolaires avec l’imposition de programmes scolaires arasant les contenus disciplinaires et la multiplication des injonctions hiérarchiques, contraires aux règles de l’art du métier d’enseignant, et visant à détruire les cultures disciplinaires et professionnelles patiemment construites par des générations de professeurs, tout cela dans le cadre du dogme du Livret de compétences directement inspirée du Sommet européen de Lisbonne imposant un marché européen de la Connaissance
    • Caporalisation accélérée de la profession, avec la multiplication des hiérarchies intermédiaires, le règne du « New Management », l’autonomie des chefs d’établissement et le musèlement des Conseils d’Administration dénaturés à coup de Conseils Pédagogiques et de comités ad hoc.
    • Répression antisyndicale et surveillance généralisée dans un climat de division de la communauté éducative sans précédent
    • Extinction du lycée général à la française et du Baccalauréat national, et non pas comme le prétendent sans rire les affiches du SNES « affaiblissement » du baccalauréat national
    • Etranglement des Lycées professionnels et technologiques traités de façons assumée comme des voies de garage.
    • Démolition du collège par les contre-réformes prétendument « socialistes » héritées de Vallaud-=Belkacem et Cie
    • Désorganisation des écoles primaires et maternelles par la logique des cycles et la multiplication des missions médiatiques selon la mode du moment,
    • Arasement de la politique d’éducation prioritaire
    • Glissement accéléré vers l’Université à l’américaine avec le triomphe de Parcours Sup et du tri social illimité des étudiants, 
    • Renforcement des flux vers l’école privée, tout cela sur fond de désarticulation de la République française une et indivisible, de l’instrumentalisation réactionnaire de laïcité  et du recul planifié du français au profit du tout-anglais de la maternelle à l’Université (ou de l’enseignement « immersif » en langues régionales dans le cadre d’écoles privées type Diwan), 
    • il n’y a pas un seul dossier, surtout dans le Supérieur et le Secondaire, où les revendications historiques du mouvement enseignant laïque ne soient laminées ou en voie de l’être. 

    Le ministre Blanquer, après la très hautaine Vallaud-Belkacem, incarne et impulse ces régressions sans précédent. Ajoutant l’humiliation à la violence il s’est grossièrement affiché comme le ministre le plus méprisant et le moins responsable à l’égard des usagers et des personnels dont il a la charge, usant systématiquement pour ce faire de méthodes ultra-brutales et autoritaires alliées à une communication basée sur le dévoiement systématique de la vérité et sur le culte de la personnalité. 

    Avec un cynisme rare il a osé profiter de la Pandémie pour accélérer la destruction de l’Education Nationale et se servir des diverses vagues épidémiques, au péril de la santé des personnels des élèves et de leurs familles, comme autant d’expérimentations réactionnaires lui permettant de violer les missions des personnels et de les dénigrer afin de mettre en place son dogme réactionnaire et néolibéral.

    Après un tel régime, l’Education Nationale est en miettes. Les résultats scolaires se sont effondrés, les personnels et les élèves sont en souffrance, tandis que la communauté éducative est fracturée comme jamais du fait des campagnes de division et de dénigrement entretenues depuis le sommet de l’appareil d’Etat jusque dans les médias; dans le même temps, les étudiants se détournent massivement des métiers d’enseignant.

    Pourtant, comme si de rien n’était, la direction actuelle du SNES, de la FSU et du SNUIPP, continue de refuser d’appeler à la démission du pire ministre que l’école ait dû endurer depuis l’abject Claude Allègre, tout cela pour soi-disant préserver un « dialogue social » en forme de mascarade.

    Dans le même temps, ces mêmes syndicats (de moins en moins majoritaires) continuent de se vanter d’être les premiers (alors que le nombre d’adhérents est historiquement faible) et tentent désespérément d’euphémiser la débâcle et de présenter des reculs comme des avancées dans de tristes tentatives d’auto-promotion.

    Les syndicats de second plan que sont FO, Sud et la CGT, ne prennent quant eux pas leur part de responsabilité, peinant à sortir des postures gauchistes pour développer un véritable syndicalisme de classe à vocation majoritaire.

    On pourrait cependant objecter que l’on n’y peut rien et que le rapport de forces est mauvais pour les travailleurs. Certes, mais le fait d’avoir successivement appelé à voter Hollande, puis Macron au nom d’un antifascisme de pacotille, et surtout, de n’avoir jamais, depuis le très funeste traité de Maastricht, éclairé les enseignants sur la parfaite incompatibilité entre Éducation NATIONALE et intégration européenne supranationale et néolibérale, a-t-il aidé à construire le rapport des forces idéologique ou bien a-t-il contribué à désarmer le monde enseignant appelé par les pouvoirs maastrichtiens successifs à jouer le rôle de chien de garde idéologique, anticommuniste et euro-béat de l’=empire euro-atlantique en gestation ?

    Quand la FSU fut créée en 1995, nombreux étaient ceux qui espéraient qu’avec elle, en alliance avec la CGT à l’époque moins euro – dérivante qu’aujourd’hui, le syndicalisme de lutte allait donner le ton dans le pays. Par la faute des dirigeants de ces appareils syndicaux, c’est quasiment l’inverse qui s’est produit et jamais le pseudo syndicalisme d’accompagnement inféodé à Bruxelles n’a été si fort. 

    Dénoncer ce bilan de faillite n’est certes pas agréable ni suffisant pour relancer le syndicalisme de lutte, mais c’est une condition nécessaire pour que les syndicalistes de terrain se réapproprient les outils de lutte au lieu de croire faire montre d’esprit de responsabilité en continuant de suivre les bergers roses ou franchement jaunes qui pèsent sur nos luttes comme un étau. D’autant que dans les circonstances funestes de la crise sanitaire les enseignants ont pu, tout en accomplissant leur mission avec compétence et professionnalisme tandis qu’ils étaient abandonnés voire dénigrés par leur hiérarchies, prendre conscience de leur place indispensable dans la société tant pour le développement scientifique, social et culturel du Pays, que pour permettre tout simplement que la production perdure et que la vie sociale continue.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Grand compositeur contemporain, maître d’un art engagé au service tout à la fois de l’art et des peuples, et notamment du grec, internationaliste, ancien député communiste du Pirée, antifasciste et patriote, Mikis ThEodorakis est mort. Connu notamment pour la musique mondialement dansée de Zorba le Grec, éminent résistant antifasciste sous la dictature sanglante des colonels grecs parrainés par l’OTAN, Mikis reste pour nous avant tout le compositieur du « Canto general » qui mit en musique cet autre chef d’oeuvre que reste le grand poème épique de Pablo Neruda, le poète communiste chilien.

    Mikis Théodorakis, ce furent aussi les contradictions, et parfois les confusions d’une époque, en particulier celles du Mouvement communiste international à l’époque du développement du révisionnisme international, puis de la contre-révolution en URSS. On vit ainsi Mikis choisir malencontreusement, contre son parti d’origine, le KKE, les prétendus « communistes de l’intérieur », en réalité les eurocommunistes. Puis soutenir la gauche pseudo-radicale de Syriza avant de la dénoncer quand, prévisiblement pourtant, Tsipras eût trahi le grec en se soumettant aux exigences mortifères de la Troïka euro-germanique. 

    On vit aussi Mikis, à la demande sans doute de Melina Merkouri, amie de Mitterrand, composer l’hymne du PS français « changer la vie » (comme on sait, en fait de changer la vie, les hiérarques socialistes ont surtout changé la leur!); mais il est vrai qu’à la même époque, « notre » chanteur communiste national, Jean Ferrat, écrivait une chanson – très belle d’ailleurs, mais politiquement regrettable – intitulée « la rose au poing », contribuant ainsi aux illusions sur le mitterrandisme, ce pire ennemi qui fût du Parti communiste français… 

    En somme, chez Mikis, les impulsions du coeur l’emportaient parfois sur la rationalité et la rigueur d’une analyse de classe.

    Il n’en reste pas moins que, à côté des Chostakovitch et autre Katchatourian, Théodorakis reste le témoin musical privilégié de la geste communiste, prolétarienne, antifasciste et populaire du XXème siècle. 

    Sa ligne politique, incontestablement courageuse et désintéressée, ne fut pas toujours droite, pas plus que ne fut chez nous celle du grand Louis Aragon, mais sa musique continuera longtemps de parler aux combattants rouges de la liberté.

    « Longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues »… (Charles Trenet) 

    Daniel Antonini (*)

    * J’ai eu la chance de le rencontrer chez lui à Neuilly, alors secrétaire international du Mouvement de la JC, lors de son expulsion de Grèce par le régime des colonels et pris contact avec lui pour lui demander de soutenir le grand rassemblement de soutien  à la révolution cubaine à St Denis en 2005; la réponse fut immédiate ,par fax avec sa signature autographe.


     

    Pour rappel, Mikis Theodorakis fut un grand combattant antifasciste, combat qu’il mena à l’encontre du révisionnisme anticommunisme en s’opposant, en décembre 2005, à une scélérate résolution adoptée par le Conseil de l’Europe en assimilant les libérateurs communistes aux tortionnaires barbares nazis. Nous reproduisons ci-dessous son texte :

    Déclaration du célèbre compositeur grec, Mikis Theodorakis, à propos du mémorandum anticommuniste

    « Je quitte ce monde comme un communiste »

    Mikis Theodorakis, anticipant la fin de sa vie, avait contacté par téléphone le secrétaire général du Comité central du Parti communiste de Grèce, Dimitris Koutsoumbas, lui transmettant les stigmates de ses dernières volontés.

    Dans la lettre personnelle qu’il a adressée le 5 octobre 2020 à Dimitris Koutsoumbas, il a écrit :

    « Maintenant, à la fin de ma vie, à l’heure des comptes, les détails s’effacent de mon esprit et restent la vue d’ensemble. Je constate donc que mes années les plus critiques, les plus fortes et les plus mûres ont été passées sous la bannière du KKE. C’est pourquoi je veux quitter ce monde en tant que communiste. »

    Initiative communiste relaie également la déclaration du Parti communiste grec (KKE) qui rend hommage au « combattant-créateur » dans le communiqué suivant :

    COMITE CENTRAL DU KKE

    NOUS AVONS Dit ADIEU À MIKIS THEODORAKIS AVEC UNE PROFONDE DOULEUR ET UNE OVATION ENTHOUSIASTE

    LComité central du KKE a publié la déclaration suivante, faisant ses adieux à Mikis Theodorakis :

    La musique de Mikis Theodorakis continuera d’inspirer nos luttes – Par Daniel Antonini, responsable de la commission Internationale du PRCF (IC.fr-4/09/21)

    « C’est avec une profonde tristesse et une ovation enthousiaste que nous faisons nos adieux à Mikis Theodorakis ; un combattant-créateur, un leader et pionnier d’un nouvel art militant en musique.

    Impulsif, inspiré et ayant une ambition ardente de contribuer au peuple, Theodorakis a réussi à inclure toute l’épopée de la lutte populaire du 20 e siècle dans notre pays dans son œuvre majestueuse. Après tout, il faisait partie de cette épopée.

    A 17 ans, il rejoint l’EAM et peu après le KKE, participant à la Résistance nationale. En décembre 1944, il a participé à la bataille d’Athènes, qui a entraîné un bain de sang. Après la défaite de l’Armée démocratique de Grèce, lui et ses camarades ont fait face à de graves persécutions de la part de l’État bourgeois. Il a été exilé à Ikaria et Makronisos, où il a été brutalement torturé. Dans les années qui ont suivi, il s’est battu par l’intermédiaire de l’EDA et des Lambrakis Democratic Youth pour la renaissance culturelle, tandis qu’il payait son activité illégale contre la dictature militaire des colonels en 1967 avec de nouvelles difficultés, des emprisonnements et l’exil.

    Les concerts qu’il donne à l’étranger jusqu’à la chute de la dictature puis dans toute la Grèce sont spectaculaires. En 1978, il a été candidat du KKE à la mairie d’Athènes, tandis qu’en 1981 et 1985 il a été élu député du Parti. « J’ai vécu mes plus grandes et plus belles années dans les rangs du KKE » , avait-il déclaré lors de l’événement organisé par le Parti en l’honneur des 90 ans de sa contribution artistique et sociale.

    En effet, Theodorakis n’a jamais oublié les idéaux de liberté et de justice sociale, qui sont restés insatisfaits. Son travail est une confrontation constante avec l’injustice et le défaitisme, un appel au combat, à de nouvelles luttes, à la résistance, à l’élévation et à l’espoir. « Romiosini » est sa réponse à l’amertume et à la frustration d’un dont les rêves ne se sont pas encore vengés.

    Cette détermination à vivre et à lutter n’est ni superficielle ni toujours facile. Parfois, il émerge à travers une réflexion tortueuse. Sans aucun doute, Mikis a su dénoncer toute forme d’injustice, tout comme il a su affirmer la conviction que l’amour, le bonheur, la paix et la liberté sont tangibles. Quelle que soit la vigueur avec laquelle il agitait « l’épée à double tranchant », l’« épée brillante » de sa musique, il savait comment adoucir sa chanson, touchant avec une tendre sensibilité tout ce qui est bon et beau dans la vie et dans le monde.

    La musique de Mikis est dotée de tous ces matériaux qui composent le grand art, l’art qui capture le pouls de son temps et devine les événements à venir. Le sentiment, l’esprit, la mémoire et l’expérience des personnes en difficulté sont la source de son inspiration. « Quoi qu’on ait fait, on l’a pris au et on le rend au peuple », disait-il, et ce n’était pas une fausse modestie. Theodorakis était profondément conscient que l’époque dans laquelle il vivait jouait un rôle important pour sa réussite artistique personnelle. Il était pleinement conscient que les actions du peuple se reflétaient dans la manière particulière et le dynamisme de son art, et que sa propre participation à la lutte populaire, bien que le distrayant dans une certaine mesure de la création, en était l’oxygène.« L’artiste qui vit et crée au sein de la lutte, assure une place particulière à son travail », a-t- il déclaré. Son travail est un brillant exemple du fait que le grand art est toujours politique, que son créateur le recherche ou non.

    Theodorakis faisait confiance au peuple. Il croyait que le peuple avait le pouvoir de conquérir les choses les plus nobles et les plus belles que l’humanité puisse créer dans l’histoire. C’est pourquoi, avec une dévotion énorme, il a créé un art qui élève les gens. Mikis n’a pas seulement composé de manière exquise de la musique pour des poèmes sans trahir la poésie, il l’a recréée et l’a livrée sous une forme qui a directement transpercé le cœur des gens. « Il a apporté de la poésie à la table des gens, à côté de leur verre et de leur pain », comme Ritsos l’a écrit à son sujet. Ce n’est pas seulement le discours irremplaçable de sa musique avec la poésie de Ritsos dans « Epitaph », qui à travers les interprétations étonnantes de Bithikotsis et Chiotis est devenu un deuil populaire intemporel et un hymne à la mort qui féconde l’avenir. Theodorakis a réussi à parler avec la plus belle poésie dans l’âme du peuple, même à travers des formes musicales exigeantes et inhabituelles à l’oreille des gens, comme celles de « Axion Esti » d’Elytis, de « Epiphania-Averoff » de Seferis, de « Pnevmatiko Emvatirio » » d’Angelos Sikelianos, etc.

    Son œuvre prolifique comprend presque tous les genres de musique : les modes mélodiques des chansons folkloriques, la tragédie antique, les gammes musicales byzantines, le chant classique, la musique symphonique, les oratorios. Étant polyvalent, multi-talentueux et intellectuel, il a également eu une riche œuvre littéraire. Dans le cas de Mikis Theodorakis, le génie artistique a rencontré une personnalité agitée, alerte et créative qui a toujours ressenti le besoin de se dépasser. Sa musique dépassait les frontières du pays, tant sa langue a l’universalité des souffrances communes, des espoirs et des visions partagées par tous les peuples, tous les humbles de la terre. L’attribution du prix Lénine pour la paix a couronné sa contribution artistique et sociale. A l’avenir, c’est avec sa propre musique que les peuples de Grèce, de Turquie, de Chypre, des Balkans, du Moyen-Orient,

    Mikis aimait faire de longues promenades, respirer « dans les grandes rues, sous les  ». Et là, sa musique continuera à se faire entendre, à inspirer, à motiver, à éduquer. Nous continuerons à marcher en écoutant la musique de Mikis jusqu’à ce que « sonne les cloches de la libération sociale ». Mais même quand « la guerre sera finie » nous ne l’oublierons pas… Il sera présent même quand « les rêves rougissent ».

    La mémoire de Mikis vivra en nous pour toujours !

    Le KKE présente ses sincères condoléances à sa famille et lui souhaite du courage.

    Athènes 02/09/2021 

    Le Comité central du KKE

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Fabien Roussel, candidat déclaré du PCF-PGE, était l’invité de Natacha Polony sur BFM-TV ce 31 aout 2021. Après qu’il se soit posé en défenseur de la production – non sans de fortes ambiguités puisque tout en se déclarant comme le candidat du « pouvoir d’achat« , Fabien Roussel vante les grandes fortunes à qui il prête des mérites « de créativité et d’inventivité » justifiant de ne pas leur faire la chasse – le chef de file du PCF s’est vu poser la question de la compatibilité de ses promesses sociales avec les contraintes structurellement imposées par l’Union Européenne.

    affiche du PRCF de 2005 pour le non à toute constitution européenne

    Mais la journaliste ne s’est pas satisfaite de sa réponse se bornant à vanter la participation du Front de Gauche à la campagne contre le traité constitutionnel européen aboutissant au NON du 2 2005, réponse d’autant plus ambigüe que l’on se souvient que contrairement aux communistes qui avec le PRCF faisaient campagne contre TOUTE constitution européenne, déjà en 2005 le PCF refusait de fermer la porte à la renégociation des traités, facilitant ainsi la forfaiture du traité de Lisbonne en 2009.

    C’est pourquoi la journaliste a relancé le candidat PCF pour l’obligé à expliquer comment il comptait mettre en œuvre ses belles promesses dans le cadre de cette Union Européenne qui elle les interdit.

    Malheureusement sans surprise et en continuité des Robert Hue et Pierre Laurent, Fabien Roussel a indiqué qu’il comptait renégocier les traités européens:

    « Nous voulons remettre en cause les traités européens et en réécrire d’autres »… « avec Mme Merkel ».

    Fabien Roussel, répondant à Natacha Polony – 31/08/2021

    Refusant donc toute possibilité de sortie de l’Union Européenne, et affirmant bien au contraire vouloir rester au sein de l’Union Européenne et de l’Euro. Prétendant obtenir par sa seule demande, une modification des traités…

    Comment M. Roussel, qui ne va même pas jusqu’à dire comme Mélenchon le faisait en 2017 (et plus guère maintenant, les européennes sont passées par là…) « l’UE on la change ou on la quitte », fera-t-il, s’il est élu (si…) avaler une réorientation sociale de l’UE à tous les gouvernants néolibéraux et fascisants qui dirigent les 26 autres Etats européens ? N’est-il pas évident, comme le lui fait remarquer Natacha Polony, que c’est impossible si l’on refuse, non seulement de claquer la porte de l’UE, mais même simplement d’en évoquer l’idée? Bref, le mensonge de la réorientation sociale de l’UE sur la base d’une gentille discussion d’un gentil communiste « euro-constructif » avec les gentils 26 Etats-membres de l’UE, tous plus réacs les uns que les autres, éclate à nouveau de manière tonitruante dans l’échange entre Fabien Roussel et Natacha Polony. Qui peut le plus peut le moins : comment Roussel, qui n’arrive même pas à imposer un virage eurocritique sérieux à son propre parti de peur de le faire éclater en mille morceaux (tant les euro-béats à la Pierre Laurent et autres dirigeants de l’Huma tiennent le « parti profond »), pourra-t-il l’imposer à la CDU et au SPD allemands, sans parler des gouvernements FASCISANTS des ex-pays socialistes ?

    De fait, pour qui veut une alternative de progrès social, une alternative démocratique de souveraineté populaire, une alternative de coopération internationaliste solidaire… la vraie alternative, crédible et sérieuse qui s’impose, c’est l’alternative rouge et tricolore, celle du Frexit progressiste. Observons que son porte parole, Fadi Kassem, qui mène avec l’ des militants communistes du PRCF et des JRCF une campagne active et de terrain centrée sur des propositions politiques pour apporter des solutions et un avenir aux travailleurs de France est contrairement à Fabien Roussel pour le moment totalement interdit d’antenne. Il est vrai que son discours franc et direct n’hésitant pas à proposer et construire le Frexit progressiste est bien plus menaçant pour les milliardaires qui détiennent et contrôlent ces médias.

     

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  • Avec FADI KASSEM et le PRCF, PORTONS L’ALTERNATIVE ROUGE ET TRICOLORE

    Communiqué n°33 – 25 août 2021

     

    Pour mettre l’économie au service des travailleurs et des citoyens, avec Fadi KASSEM, portons l’Alternative Rouge et Tricolore ! 

    Comme chaque fin de mois d’août, le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), repaire du grand patronat et des actionnaires du CAC 40 et des grandes multinationales, se réunit à Longchamp pour chanter les vertus du capitalisme. Maniant parfaitement le cynisme et la propagande mensongère, la rencontre des entrepreneurs de France (REF) est l’occasion pour le grand patronat de diffuser sa vision réactionnaire en faveur de l’ordre capitaliste euro-atlantique tout en abordant des thèmes plus « inattendus » comme la laïcité, les femmes ou l’environnement, avec un mot-clé en fil bleu : la « liberté ». Et comme chaque année, les vassaux politiques du MEDEF, aussi bien macronistes (Bruno Le Maire, Elisabeth Borne, Barbara Pompili, etc.) que pseudo « Républicains » (François-Xavier Bellamy, Olivier Marleix) et « socialistes » (Boris Vallaud), s’inclinent devant le grand patronat, tandis que nombre de propagandistes comme Agnès Verdier-Molinié, de « journalistes » et même d’anciens syndicalistes comme Bernard Thibault, chanteront les louanges du « dialogue social », autrement dit une véritable collaboration de classe. Enfin, comme toujours, la malfaisante « Union européenne » sera au cœur des discussions, aussi bien sur le « libre-échange » que sur « la paix et les libertés ». 

    Cette célébration annuelle du grand patronat – auquel Manuel Valls déclara même sa flamme en août 2016 – révèle l’état de soumission absolu des euro-dirigeants de France envers les forces euro-capitalistes. Cette grand-messe est d’autant plus insupportable qu’à l’heure où les dividendes du CAC 40 explosent, le capitalisme continue de se développer en détruisant les sources de richesse que sont la Terre et les travailleurs – comme l’affirmait déjà Karl Marx. En effet, la France compte 10 millions de pauvres et des millions de chômeurs, le gouvernement Castex prépare déjà une nouvelle guerre sociale en promettant de détruire le RSA et en menaçant la Complémentaire santé solidaire (ex-CMU), les retraites par répartition et l’assurance-chômage, le pays subit la casse des services publics et une massive désindustrialisation, le dérèglement climatique atteint des proportions folles… et pendant temps, le bloc bourgeois s’auto-célèbre et vante les mérites de son ordre euro-capitaliste mortifère. Et ne comptons pas sur les fausses alternatives comme le mensonger « Rassemblement national » et tout qui s’en rapproche (Dupont-Aignan, Philippot, Zemmour…) toutes prêtes à satisfaire les desiderata du MEDEF, au point que ce dernier proposa d’inviter la réactionnaire Marion Maréchal en 2019. 

    Voilà pourquoi Fadi Kassem et le PRCF mènent la campagne pour une Alternative Rouge et Tricolore en 2022, la seule en mesure d’œuvrer pour mettre enfin l’économie au service des travailleurs et des citoyens, qui implique de rompre définitivement avec l’ordre atlantiste et capitaliste et ses institutions mortifères, à commencer par la mortifère UE et sa monnaie euro-austéritaire, mais également l’OMC, le FMI et la Banque mondiale, tous irréformables car au service de l’exploitation capitaliste. Pour ce faire, la nationalisation des grands moyens de production (dont les énergies), des banques et assurances, des transports, des communications et de la grande distribution, mais aussi l’instauration d’une véritable démocratie dans les entreprises par le biais de comités de travailleurs contrôlant l’outil de production et le processus de décision ainsi que l’extension des droits des travailleurs et syndicalistes sont indispensables pour mettre l’économie au service des citoyens et des travailleurs. En outre, le soutien aux petits artisans, agriculteurs, commerçants et indépendants, victimes du productivisme capitaliste, est fondamental pour œuvrer au passage progressif à une économie socialiste valorisant avant tout le Travail. Mais pour accomplir tout cela, il faut recouvrir une souveraineté pleine et entière et, par conséquent, œuvrer pour le Frexit progressiste, sans lequel tout discours prétendument favorable à une rupture avec le capitalisme n’est que tartufferie

     

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  • Ruptures et continuités dans la question d’Orient : Les alliances de la Première Guerre Mondiale et leurs suites immédiates après la défaite des empires centraux et la chute de l’Empire ottoman 

     

    Par Stéphane RIALS

     

    [Vers une nouvelle guerre de Crimée ? L’extrême danger du projet du Canal d’Istanbul / 2/3]

    Il m’a semblé utile d’insérer, au cœur de l’article « Vers une nouvelle guerre de Crimée ? », cet assez long développement entre le premier volet publié en juillet et le deuxième prévu à la fin de septembre [lequel sera désormais le troisième] ; il permettra à ceux qui mesurent bien l’importance de la compréhension dans la longue durée du jeu des acteurs principaux sur la scène sombre du monde, de faire un point utile à la faveur de cette fin de mois d’août, et de bien saisir le contexte de l’effondrement de l’empire ottoman et certaines de ses conséquences immédiates, tous aspects qui pèsent encore sur les plus redoutables tensions internationales contemporaines, chacun le comprendra sans peine ; à dessein, je charge les notes [environ les deux tiers du nombre total des signes], permettant deux types de lectures, l’une rapide et l’autre plus fouillée, et propre à donner aussi peut-être, celle-ci, quelques idées de lectures.

    Ce détail d’une toile de William Orpen, montrant la signature du traité de Versailles en 1919, permet de reconnaître certains personnages évoqués dans le présent texte [bien que le traité de Versailles ne soit bien sûr pas celui qui doit nous retenir dans l’affaire ottomane] ; partons de Clemenceau, très reconnaissable ; en face de lui, de dos ou de profil, les plénipotentiaires allemands – le Dr Johannes Bell, assis, en train de signer, et Herr Hermann Muller, debout à ses côtés ; à sa gauche Lloyd George, Bonar Law, Lord Balfour ; à sa droite, le Président Thomas Woodrow Wilson ; accoudé à un pilastre, au second plan – sur la gauche du détail retenu –, Stephen Pichon ; penché vers Lloyd George, immédiatement derrière Clemenceau, Hankey.


    L’ÉVOLUTION DES ALLIANCES

    Lors de la Première Guerre, deux systèmes d’alliances se sont affrontés  – cela a été rapidement mentionné dans le premier volet de cette étude mais doit être un peu précisé au regard des enjeux vraiment considérables de ces affaires, en général bien sûr, concernant le dernier siècle et notre pénible situation présente, mais en particulier ici pour notre question ; évoquons donc certains aspects de l’évolution des contours de ces systèmes d’alliances et de leurs suites, mais grossièrement et de la façon la plus synthétique possible [fût-ce avec quelques notes digressives].

    La Triple Alliance ou Triplice était dite telle, au début du moins, parce qu’elle associait l’Italie à la Duplice d’abord formée par les empires centraux[i], selon des modalités d’ailleurs complexes[ii] ; mais l’Italie, après s’être déclarée neutre, au motif que l’Alliance était en principe strictement défensive, et donc avoir quitté de fait cette dernière, rejoignit en mai 1915 la Triple Entente francorussoanglaise[iii], dont elle avait obtenu, en cas de victoire, des promesses territoriales comblant certaines de ses ambitions[iv]. En face, les empires centraux, qui pouvaient compter depuis 1883 sur la Roumanie, secrètement liée à eux mais qui affirma sa neutralité lors de la guerre avant de rejoindre les Alliés occidentaux, reçurent l’appui de l’Empire ottoman en octobre 1914[v] – d’une façon qui eût été inimaginable cinquante ans plus tôt, mais qui manifestait à n’en guère douter le rayonnement croissant de l’Empire allemand en Orient[vi] –, puis celui de la Bulgarie [l’on parla parfois alors de la Quadruplice].

    Bien entendu – puisque la question des détroits turcs nous préoccupe tout particulièrement dans cette série –, le ralliement de la Porte à l’Alliance était de grande portée, non du fait de la qualité – plutôt médiocre selon beaucoup, malgré des réformes[vii] – de l’armée ottomane, mais parce qu’il emportait la fermeture des détroits, et coupait donc ainsi l’Entente en deux, obligeant cette dernière, de la fin de l’hiver 1915 au début de l’hiver 1916, à la très difficile campagne des Dardanelles, dite encore de Gallipoli, laquelle se consuma dans un sanglant échec[viii] que la Turquie d’aujourd’hui célèbre toujours avec une insistance particulière[ix] ; un an plus tard, le ralliement à l’Entente de la Bulgarie [septembre 1915], alliée traditionnelle pourtant de la Russie[x], assurerait au contraire la continuité territoriale de ses membres dans la mesure où Sofia remporterait immédiatement une victoire totale sur une Serbie désormais entièrement occupée par ses troupes.

     

    Les deux ensembles eussent pu être considérés comme à peu près équivalents, mais le début de la guerre avait pu d’emblée faire craindre pour le destin de l’Entente ; des parieurs rationnels eussent sans doute plutôt misé sur l’Alliance après l’immédiat fléchissement de la France en particulier, certes interrompu, mais non inversé, à la bataille de la Marne, et alors que la capacité de projection continentale anglaise semblait très limitée dans un premier temps – avec un modeste corps expéditionnaire tout d’abord –, et le demeurerait durablement, et que l’efficacité des forces russes, très nombreuses certes, pouvait décevoir, sans pour autant que leur participation ne fût pas précieuse, contrairement à ce que certains, en proie à leurs obsessions ordinaires, se risquent à dire parfois.

    L’Italie, avons-nous vu, avait des buts de guerre ; la France aussi bien sûr, parmi lesquels le recouvrement de nos provinces perdues d’Alsace-Moselle était le plus sensible ; j’évoquerai plus loin, parce qu’ils n’ont cessé de peser depuis deux siècles, les intérêts orientaux de l’Angleterre. Mais les empires centraux et leur allié ottoman avaient bien sûr eux aussi des « buts de guerre », contradictoires peut-être, méritant en tout cas la considération si l’on veut comprendre dans toute son épaisseur et toute sa consistance la question apparemment limitée qui nous occupe. Les Russes étant globalement considérés comme des adversaires par la Porte, le projet « panturc », de projection au Caucase et peut-être en Asie centrale, semblait prometteur à celle-ci – au sein de laquelle l’esprit « Jeune-Turc » dominait – comme il le demeure, sur un mode encore exaspéré[xi] [mais l’Empire allemand lui aussi avait des ambitions au Caucase et en Asie centrale, ainsi qu’y a fortement insisté Fritz Fischer[xii]] ; de façon générale, Constantinople voulait non seulement mettre [ou remettre] la main sur la Transcaucasie, autrefois largement sous domination persane et désormais russe [Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan], et aussi sur une partie de la Perse, mais aussi faire en sorte que fût tranchée de façon favorable à ses intérêts, ou du moins compatible avec ceux-ci, la question des détroits [laquelle sera donc finalement réglée en 1936 par la convention de Montreux dont les menaces qui la visent nous inquiètent] ; bien entendu, consciente de la progression très méthodique de l’Angleterre dans le monde arabe, la Porte aspirait aussi à renforcer ses positions en Méditerranée et au Moyen Orient.

    Le second élan de la révolution russe – ce que l’on appelle révolution d’Octobre – fit sortir la Russie de l’Entente avec Paris et Londres dès la fin de novembre 1917[xiii], avec des conséquences considérables, non seulement immédiates et stratégiques [car quoi qu’on en dise les troupes russes immobilisaient encore des effectifs militaires austroallemands à l’est, soulageant ainsi, comme elles le faisaient depuis l’été de 1914[xiv], le front occidental], mais encore pour la suite de ce qui prit immédiatement la signification de relations Ouest-Est particulièrement conflictuelles, puisqu’opposant non seulement deux mondes depuis longtemps lourdement antagonistes [Londres et Saint-Pétersbourg], mais encore désormais deux systèmes irréconciliables, le Capitalisme, rendu particulièrement agressif par la victoire bolchévique, et le Socialisme – le camp capitaliste se durcissant bientôt, à l’intérieur et à l’extérieur, dans un grand nombre de pays, sur le mode du fascisme ; malgré les gros efforts consentis par Saint-Pétersbourg – puissance qui compta le plus grand nombre de morts et de blessés –, la Russie  ne put être ainsi parmi les bénéficiaires de la victoire[xv], et pas seulement parce que ses nouveaux dirigeants ne voyaient pas du tout de cette manière – et peut-être pas assez de cette manière – les termes de la question[xvi]. Pis, elle dut affronter le triple assaut des armées blanches [parfois alliées à des forces de gauche russes marginalisées par les bolcheviks], de diverses formations armées insurrectionnelles[xvii], et des armées occidentales, celles en tout particulier des « alliés » anglais et français[xviii], soucieux de châtier la défection russe mais surtout, en soutenant les armées blanches, ou en se coordonnant avec elles, d’entraver un mouvement immédiatement diabolisé et caricaturé[xix], pour de transparentes raisons, et d’enrayer la contagion révolutionnaire qui gagnait des régions européennes plus occidentales [ainsi en Allemagne à la charnière de 1918 et 1919 ou en Hongrie en 1919].

    Bref, faut-il insister sur l’importance de long terme de la Grande Guerre ? Qui n’entendrait pas qu’elle fut l’incubatrice d’un futur qui nous inclut encore, faisant surgir, pour ne retenir que les très grandes lignes, les bellicismes fascistes et ultérieurs, le socialisme du mouvement communiste, les États à venir en Orient, inscrits dans une relation originaire avec l’impérialisme occidental, et installant déjà en embuscade la nouvelle thalassocratie étatsunienne, laquelle s’était imposée internationalement avec des pertes très faibles[xx], contrastant avec les quarante millions de morts et de blessés du conflit[xxi].

    LES GRANDES ESPÉRANCES BRITANNIQUES

    Bien entendu, l’effondrement de l’Empire ottoman était une bonne chose pour, bientôt créée, la nouvelle Union des Républiques Socialistes Soviétiques ; mais ce n’est pas à elle, j’y reviendrai brièvement, que bénéficiait ce tournant, mais essentiellement aux deux grandes puissances mandataires, Londres, sa plus grande ennemie depuis désormais trois siècles, et assez secondairement la France, qui n’était pas alors, pour des motifs politiques évidents, une amie ; Londres, au fond, agissant avec beaucoup de détermination sur le fondement d’une réflexion ancienne et approfondie[xxii], ne songeait plus qu’à succéder à sa façon à un empire qu’elle avait longtemps soutenu par hostilité première pour la Russie[xxiii], mais dont elle jugeait plus opportun désormais de profiter de la chute, sauf à « désintéresser » un peu la France, dont il n’échappait pas outre-Manche qu’elle avait supporté – et de loin – le plus gros des souffrances à l’Ouest, humaines et matérielles, et qu’il ne fallait pas à l’excès la provoquer en la roulant répétitivement dans la farine.

    C’est dans un tel contexte bien sûr qu’il faut comprendre l’accord secret négocié entre le Britannique Sir Mark Sykes [1879-1919] et le Français François Georges-Picot[xxiv] [1870-1951]. Ces accords sont d’ailleurs assez mythifiés ; sans bien en connaître ni les dispositions ni les évolutions, on les évoque à la moindre lourde difficulté en Orient [« c’est la remise en cause de Sykes-Picot » est la formule magique que se murmurent ceux que les formules apaisent et qui n’aiment pas rester coi[xxv]] ; et il y a quelque chose d’un peu absurde à les considérer comme l’œuvre à strictement parler de deux personnages malgré tout subalternes ; leur préparation serait plus justement imputée à notre ambassadeur à Londres, Paul Cambon[xxvi] [1843-1924], et à sir Edward Grey [1862-1933], secrétaire au Foreign Office ; quoi qu’il en soit, les discussions de Sykes et Picot aboutirent en mai 1916 et l’accord de la Russie impériale fut obtenu[xxvii].

    Lesdits accords furent toutefois remis en cause presque immédiatement : la répartition territoriale qu’ils esquissaient fut modifiée ; la répartition finale des mandats de la Société des Nations n’a finalement pas vraiment transcrit leur distribution ; ce que l’on appelle déclaration Balfour[xxviii] [2 novembre 1917] et ses suites de longue durée, puisque cet aspect est bien entendu central dans l’histoire du Proche et Moyen Orient [et même du monde] du dernier siècle, ont bouleversé peu à peu le contexte originaire de la construction de Sykes et Picot ; sans même que soit évoquée – mais [comment faire autrement ?] je vais en dire quelques mots – l’obsession croissante de la question des hydrocarbures, sous le double aspect des sources et des routes[xxix], dont on va voir qu’elle a conduit à une modification plus tardive des mandats respectifs de Londres et de Paris.

    Les accords eux-mêmes, quoi qu’il en soit, prévoyaient cinq zones, et non pas seulement les frontières d’une Syrie et d’un Irak =

    1/ la Zone bleue française, zone d’administration directe formée du Liban actuel et de la Cilicie, c’est-à-dire d’une partie de l’Anatolie méridionale ;

    2/ la Zone arabe A, sous influence française, comportant l’essentiel de la Syrie actuelle et la province aujourd’hui irakienne de Mossoul ;

    3/ la Zone rouge britannique, sous administration anglaise directe, composée de l’actuel Koweït et de la basse Mésopotamie, courant du Golfe persique jusqu’à assez peu au nord de Bagdad ;

    4/ la Zone arabe B, sous influence anglaise, comprenant d’étroites bandes méridionales de l’actuelle Syrie, la Jordanie d’aujourd’hui, et aussi une longue bande à l’est de la péninsule arabique ;

    5/ et puis une zone ici manifestée en jaune, mais que l’on appelait Zone brune – correspondant à la Palestine pour l’essentiel.

    DE SÈVRES À LAUSANNE – LE RÉTABLISSEMENT DE LA TURQUIE ET LE DÉSAPPOINTEMENT DE LA FRANCE

    Les choses, après la défaite des empires centraux et ottoman, ne tournèrent toutefois pas vraiment comme prévu ; cette affaire est assez embrouillée et je vais essayer de l’évoquer seulement à gros traits, en distinguant trois temps =

    1/ Dans un premier temps, le sultan Mehmed VI [1918-1922] accepta de signer le traité de Sèvres du 10 août 1920, lequel reprenait les termes de l’armistice de Moudros du 30 octobre 1918 ; les conditions imposées à Constantinople étaient très sévères = renonciation aux importantes possessions arabes en Orient et au Maghreb ; en Europe, abandon à la Grèce de la Thrace orientale à l’exception de la région immédiate de Constantinople ; en Anatolie orientale renonciation à de vastes territoires au bénéfice d’une Arménie et d’un Kurdistan étendus ; démilitarisation des détroits – Dardanelles [d’ailleurs désormais, sur la rive européenne, bordées par la Grèce] et Bosphore [dont par contre les deux rives demeuraient rattachées à la Turquie].

    2/ En réaction à ces concessions, un pouvoir alternatif se dressa alors à Ankara contre celui, à Constantinople, du sultan ; ce pouvoir rebelle, conduit par Moustafa Kemal [1881-1938], était issu de la Grande Assemblée Nationale de Turquie, élue en avril 1920 à l’initiative de Kemal lui-même, laquelle prétendait cumuler les fonctions législative et exécutive ; en novembre 1922, le sultan fut déposé [le califat sera supprimé en 1924] ; et à partir de 1923, l’assemblée fut composée uniquement de membres du parti unique, le Parti Républicain du Peuple. Dans le même temps, du printemps 1919 à l’été 1922, se déroula une guerre, engagée par la Grèce, soucieuse de renouer avec son destin, mais dans laquelle la Turquie – son adversaire ayant joué de malheur – fut finalement victorieuse[xxx].

    3/ Finalement, la Grèce, abandonnée par les Occidentaux – Angleterre, France, Italie –, lourdement frappée par la contre-offensive turque, dut, parmi les massacres d’innombrables chrétiens orientaux [la Mikrasiatikē Katastrophē], achevant de dessiner les contours de l’un des grands génocides de l’histoire humaine[xxxi] commencé avec les Arméniens[xxxii] [dès les massacres « hamidiens », il ne faut pas l’oublier[xxxiii]] et les Assyro-Chaldéens[xxxiv], se résoudre à renoncer au maintien du traité de Sèvres ; le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923, donna une satisfaction à peu près totale à Ankara qui obtint ses frontières d’aujourd’hui, à l’exception du Sandjak d’Alexandrette que la France se ferait stupidement une joie, de façon tout à fait scandaleuse pour la Syrie, de lui offrir une quinzaine d’années plus tard = il n’y aurait donc ni Kurdistan, ni grande Arménie ; et par ailleurs se trouvait consommée une épuration ethnicoreligieuse à grande échelle[xxxv], un million six cent mille chrétiens devant quitter une Anatolie que moins de quatre cent mille musulmans de Grèce rejoignaient – il n’y aura à peu près plus de chrétiens sur la terre de Paul de Tarse, ce qui était une première depuis dix-neuf siècles et manifestait assez la nature, souvent incomprise, du kémalisme[xxxvi].

    En toute hypothèse – Sèvres ou Lausanne –, on aura compris que les grandes – et illégitimes – espérances françaises du temps de la carte Sykes-Picot avaient été entièrement déçues en Anatolie – la plus grande partie, n’est-ce pas, de la Zone bleue était en tout cas retranchée de son emprise orientale telle qu’elle avait été dessinée [même si à Sèvres l’on évoquait encore une influence française en Anatolie, mais dont on ne voit pas quels eussent pu être ses contours et son effectivité, à l’heure singulièrement de la dictature kémaliste] ; d’un autre côté, comme on le comprend en regardant les cartes des mandats respectifs, l’essentiel de l’héritage ottoman non-anatolien tomba dans la zone d’influence anglaise.

    LONDRES ET LES DÉPOUILLES ARABES DE L’EMPIRE OTTOMAN

    Le pétrole de Mossoul

    Le mandat conféré à Londres selon les termes de l’article 22 du Pacte de la Société des Nations[xxxvii] recelait de tout autres promesses que celui attribué à la France, singulièrement telle que sa configuration avait été tardivement modifiée en allouant la pointe orientale du mandat français comme pointe septentrionale du mandat britannique ; il s’agissait de Mossoul – c’est-à-dire de gisements de pétrole alors assurés ; en ce domaine, Londres, on ne doit pas l’oublier, avait plusieurs longueurs d’avance sur Paris.

    Il faut bien conserver à l’esprit qu’une première révolution du pétrole s’était déroulée au XIXe siècle ; le pétrole était certes connu depuis des millénaires et employé à diverses fins – bitume en vue notamment de l’imperméabilisation des coques des navires, emplois supposément thérapeutiques, feux grégeois utilisés militairement d’abord par l’empire romain d’Orient [d’où leur nom], et même, dans certaines cultures, éclairage [mais pas sous la forme encore de la « lampe à pétrole »], graissage d’essieux et de rouages, etc. ; mais tout cela demeurait malgré tout marginal ; ce fut avec le développement de l’industrie et du machinisme que les usages lubrifiants du pétrole prirent une place tout à fait inédite ; à peu près dans le même temps, l’apparition du « pétrole lampant » bouleversa l’éclairage ; la question de la production et du raffinage prit ainsi une importance croissante à partir du milieu du XIXe siècle ; les forages commencèrent, tant à Bakou qu’aux États-Unis[xxxviii] ; et la fin du XIXe siècle vit l’ascension de deux grandes puissances pétrolières – les Etats-Unis et la Russie ; dans les premiers, la fortune de John Davison Rockfeller [1839-1937] se construisit  sur le raffinage et la commercialisation du pétrole lampant, amorçant l’envol de la puissance étatsunienne ; la Russie tzariste, de son côté, après un départ assez médiocre, se hissa au sommet après la cession en 1873 de gisements à Bakou aux frères Nobel, ceux de la dynamite, des armes… et du prix ; la Compagnie pétrolière des frères Nobel [la Branobel], en particulier Robert [1829-1896] et Ludvig [1831-1888], deviendra en peu de temps, temporairement, grâce à leurs capacités de chimistes et à leur sens de l’innovation industrielle, le premier producteur mondial de produits pétroliers, dans une Bakou chaque année davantage bouleversée par l’énormité de la manne, le désastre écologique, l’accroissement des inégalités, et l’exploitation des prolétaires azéris[xxxix] ; grâce à des tankers de taille moyenne, les Nobel exporteront les produits de Bakou jusqu’en mer Baltique par le chemin de la Volga et ses compléments[xl] – aventure tout à fait saisissante, on en conviendra, ouvrant l’ère des tankers, précédant de peu celle des oléoducs, les chemins de fer jouant aussi un rôle important.

    Bien entendu, la deuxième révolution du pétrole survint à la fin du siècle, après que le moteur à explosion eût été mis au point autour de 1880 ; l’Angleterre n’eût pu demeurer à l’écart, en particulier parce qu’elle devait toujours se tenir à la pointe du progrès technique pour disposer d’une flotte capable d’assurer le maintien d’une puissance de la nature de la sienne ; dès avant la Première Guerre[xli], elle commença à recourir au mazout, qui présentait le triple avantage d’accroître encore la taille et la rapidité des navires, d’étendre leur rayon d’action, et de permettre une bien plus grande discrétion que ne l’autorisaient les énormes panaches de fumée des steamers ; l’Angleterre avait donc un besoin pressant de pétrole ; or elle n’ignorait pas qu’il y en avait en Perse et en Mésopotamie.

    Mais revenons un peu en arrière ; tandis que, autour de 1900, le monde semblait se partager, du point de vue qui nous occupe, entre la domination atlantique de Rockfeller[xlii] et la prééminence russe et nordique des Nobel, d’autres acteurs se préparaient ; la branche française des Rothschild ainsi, laquelle créait la Compagnie pétrolière de la Caspienne et de la Mer Noire, et faisait fond sur une ligne Bakou-Batoumi – port de la Mer Noire et cité russe depuis peu[xliii] – puis, pour compléter la voie ferrée, sur un oléoducd’environ soixante-dix kilomètres facilitant le franchissement d’une zone ingrate du Caucase, toutes entreprises réalisées en collaboration avec les Nobel[xliv] ; un peu plus tard, associée aux Samuel de Londres et aux Worms de Paris, les mêmes Rothschild français se lanceront – ce sera, pour dire simplement les choses, la naissance de la Shell, plus tard associée à Royal Dutch – à la conquête de l’Extrême Orient, des tankers y acheminant le pétrole depuis Batoumi, en empruntant commodément[xlv] le canal de Suez grâce à une autorisation du Premier ministre Disraeli [1804-1881] en 1892[xlvi]. La concurrence entre grands capitalistes n’excluait pas les tentatives d’entente en vue d’un partage exclusif d’un marché toujours plus considérable. Des négociations entre Rockfeller, Rothschild et Nobel aboutirent ainsi en 1895 à une répartition secrète du marché mondial, depuis les États-Unis et la Russie, trois quarts pour la partie étatsunienne, un quart pour la partie, nullement russe on l’aura compris, mais prétendant parler « au nom de l’industrie du pétrole de Russie » ; un tel épisode laissera pantois ceux qui demeurent aveugles aux logiques profondes du capitalisme ; les autres se confirmeront dans des sentiments, non seulement moralement, mais rationnellement critiques envers un tel système. Quoi qu’il en soit, des fuites [pas dans les tankers ici – dans la presse] conduisirent le gouvernement du tsar à s’opposer à un tel montage[xlvii].

    On me pardonnera à la fois de poursuivre et de hâter ma pochade, à la fois indispensable pour comprendre la situation de la première après-guerre, et intéressante pour nous ici surtout par les conclusions auxquelles je tends. Le nouvel enjeu pétrolier est entré vigoureusement dans l’espace qui nous intéresse particulièrement ici – celui, dirais-je par commodité, des cinq empires – britannique [puis étatsunien aussi], allemand [la puissance montante en Orient au début du XXe siècle[xlviii]], russe, ottoman et perse, l’espace à la fois, si l’on préfère, de la mouvante ligne de front du Grand Jeu et du destin du Très Grand Moyen Orient[xlix], disons, de l’Atlantique à l’Himalaya. Or, dans ce très grand espace, les succès marquants de la Russie, qui était parvenue au fond à prendre au XIXe siècle l’avantage sur l’Angleterre, du moins en Asie centrale[l], et particulièrement en Perse, allaient rapidement – pour un temps – marquer le pas puis s’effacer, au bénéfice indéniable de l’Angleterre, puis du monde « anglosaxon », en particulier dans un empire persan épuisé.

    Il est révélateur que les prodromes des troubles russes à venir se soient manifestés à Bakou et à Batoumi, c’est-à-dire dans deux métropoles du monde qui venait[li] – en des lieux prometteurs, au fond, de la grandeur russe[lii], même si l’empire ne s’y montrait pas vraiment capable d’y exercer un contrôle adéquat des agissements des compagnies étrangères ; des grèves, dès 1902, impitoyablement réprimées, des troubles en tous genres, une grève véritablement insurrectionnelle à Bakou en 1904, accompagnée de l’incendie délibéré de nombreux puits, arrachèrent pour finir des avantages importants au patronat étranger[liii] = il s’agissait du prologue de la révolution de 1905[liv] ; or cette révolution prit à Bakou des allures d’apocalypse ; la prospérité de nombre de chrétiens arméniens[lv], la misère d’un prolétariat principalement musulman [azéris chiites et tatars sunnites], avaient exaspéré les haines communautaires et les massacres interethniques se multiplièrent ; finalement la ville et ses moyens de production furent très largement détruits ; Bakou ne s’en remettra pas vraiment dans les années suivantes, les investisseurs étrangers se montrant peu désireux de courir des risques excessifs ; la Russie, placée à la fin du XIXe siècle en très bonne position dans le jeu international des rivalités du fait de la fécondité du sous-sol des terres conquises sur l’empire de Perse [ou plutôt sur son successeur temporaire dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le fragile Khanat de Bakou], ne redeviendrait pas, de longtemps, la puissance de tout premier rang qu’elle avait pu être dans le domaine, désormais, le plus stratégique des rivalités internationales.

    On entre donc, avec le XXe siècle, dans un temps d’inversion de la tendance antérieure au Proche et Moyen Orient ; la Russie, – au nord et à l’ouest de l’Afghanistan du moins – avait marqué beaucoup plus de points qu’Albion en s’emparant du Caucase et de l’essentiel de l’Asie centrale, et aussi en affermissant davantage sa prééminence en Iran, mais voici que soudainement l’autocratie, exposée à un double choc[lvi], n’était en mesure de conserver l’illusion du maintien de ses positions antérieures qu’à la faveur d’un nouveau jeu européen des alliances qui, justement, la rapprochait de la vieille ennemie anglaise[lvii], laquelle ne manquerait pas de se retourner comme un serpent venimeux après la grande révolution.

    Revenons donc aux subtiles manigances de Londres en Orient, en relation avec le nouveau bien stratégique ; en 1901, le britannique William Knox d’Arcy [1849-1917] avait obtenu une concession d’une durée de soixante années en vue de l’exploitation du pétrole de l’empire perse dans les trois quarts de ce dernier ; le montage était assez complexe [comme souvent], et il n’est pas utile ici de s’attarder sur ses modalités[lviii] ; l’entreprise était incertaine mais très rapidement – dès 1903 – commencèrent les découvertes, certes bien modestes tout d’abord ; Knox d’Arcy céda bientôt sa concession à la Burmah Oil Company, fondée en 1886[lix] en vue d’exploiter les gisements birmans par Sir David Sime Cargill [1826-1904], lequel venait d’ailleurs de mourir ; Londres avait attentivement veillé à ce que ce possible trésor demeurât en mains anglaises[lx] ; et il le demeurerait dans toute la mesure du possible lorsque, après la découverte en Perse de l’immense gisement de Masjed, à la limite de la basse Mésopotamie, serait créée en 1909 l’AngloPersian Oil Company [APOC], faiblement reliée à la Burmah O.C.[lxi],  et dans laquelle on retrouverait d’ailleurs Knox d’Arcy – APOC, notons-le, qui contribuerait à hauteur de 50%[lxii] à la fondation de la… Turkish Petroleum Company [TPC] en 1912, laquelle deviendrait l’Irak Petroleum Company en 1927 – au temps du mandat britannique[lxiii].

    Il y a bien sûr ici quelque chose de saisissant dans le destin de l’Empire britannique ; il ne fait guère de doute que son déclin relatif était déjà nettement enclenché au début du siècle dernier ; mais il allait se trouver pourtant bientôt – du fait de la destruction ottomane, de la faiblesse perse, de la défaite allemande [dont on comprend sans peine qu’elle tranchait en sa faveur la question du pétrole de l’ex-empire ottoman, tel qu’on avait commencé à le découvrir le long de la partie irakienne de la ligne concédée à l’Allemagne du Bagdadbahn – voir la fin de la longue note 47], de la pulvérisation de l’empire austro-hongrois et de la très sévère marginalisation de la Russie nouvelle, résolument tenue à l’écart et bien entendu peu inclinée par doctrine aux rivalités impérialistes extérieures, dans une situation extrêmement favorable – à ceci près bien sûr que son propre « Mini-Me[lxiv] » n’allait pas manquer de se transformer en « Maxi-Me » et de se substituer rapidement à elle comme première puissance impérialiste du monde[lxv].

    Mais je reviens à la modification du partage territorial projeté quelques années plus tôt par l’Accord Sykes-Picot ; cet épisode est assez exemplaire d’une forme de naïveté française d’autrefois dans les relations avec les retorses puissances ultracapitalistes nordatlantiques ; aujourd’hui, ici, ce n’est bien sûr pas la naïveté qui prévaut parmi nos monstrueux gouvernant et nos ignobles « élites », mais l’esprit méthodique de trahison ; mais il n’en allait pas uniformément ainsi il y a un siècle ; une partie de nos élites était certes toujours davantage aspirée par le modèle nordatlantique[lxvi] après avoir couru après l’Allemagne depuis 1871 ; mais la corruption d’un nombre important de nos politiciens ne manifestait pas qu’ils eussent été entièrement gagnés à la nouvelle vue du monde dont nous observons désormais les suites les plus radicales, ni qu’ils eussent cessé de demeurer de sincères patriotes ; nul ne hasardera sans doute que « le Tigre » n’appartînt pas à cet effectif, quoiqu’il eût épousé d’abord une jeune fille du Connecticut, parlât l’anglais couramment, ait vu peser sur lui des soupçons de corruption lors de l’affaire de Panama, se fût montré impitoyable contre les grèves, le mouvement ouvrier ou les vignerons du midi, etc. ; il avait d’ailleurs manifesté des réserves sur les excès du libéralisme économique et les justifications ferrystes insupportables du colonialisme ; mais ici, il est intéressant de voir [j’y consacre l’importante note 63 ci-après] comment, dès lors que le principe de mandats injustifiables était agréé tant par Londres que par Paris, la seconde – et en particulier, mesurant mal les enjeux des temps nouveaux, Clemenceau [1841-1929] – se laissa berner par la première – Lloyd George [1863-1945] – qui put prendre sa revanche sur une précédente démarche infructueuse de Londres en vue d’obtenir le même résultat entre septembre 1914 et le mois d’avril 1916[lxvii], et faire main basse sur le pétrole de Mossoul[lxviii].

    La grande Révolte Arabe et ses suites

    La péninsule arabique, déjà soumise dans une certaine mesure à Londres au sud d’une ligne entre le Qatar et Aden, se trouvait, de façon un peu imprévue certes, aspirée médiatement par l’empire universel anglosaxon ; en quelques mots = en 1914, il faut considérer ici deux territoires en particulier – la grande région de Riyad, au centre, celle d’Abdelaziz ben Abderrahmane el Séoud [1876-1953], que traditionnellement en France on désigne comme Ibn Séoud, et le bientôt royaume du Hedjaz, le long de la Mer Rouge, gouverné par un Hachémite, Hussein ben Ali [1853-1931], Chérif de La Mecque et Serviteur/Gardien des « Deux Nobles Sanctuaires »[lxix] de La Mecque et Médine[lxx] ; le Chérif Hussein, personnage peu enthousiasmant selon certains témoins, se comportait en allié des Anglais en vue d’émanciper une vaste entité arabe de la sujétion ottomane et bien entendu d’y installer, d’une façon ou d’une autre, la dynastie Hachémite, ce qui sera on va le voir, partiellement, et temporairement pour l’essentiel, le cas ; négociant avec l’Angleterre, quoi qu’il en soit, le Chérif de La Mecque pouvait penser que celle-ci l’accompagnerait dans la création d’un grand Royaume Arabe incluant les actuels territoires de l’Arabie séoudite, de l’Irak, de la Jordanie et de la Syrie[lxxi] ; c’est dans ce contexte qu’en juin 1916, il proclama l’indépendance du Hedjaz envers la Porte, lançant ainsi la grande « Révolte Arabe », aventure certes extraordinaire puisqu’en deux ans elle conduisit son fils le prince Fayçal ben Hussein [1883-1933], à la tête des forces rebelles, jusqu’à Alep, le faisant roi de Syrie en 1920 puis, du fait du refus de la France mandataire[lxxii], roi d’Irak de 1921 à 1933.

     

     

     

     

     

     

    Il est très important de comprendre que Londres jouait un triple jeu, avec le génie propre et le cynisme d’une tradition diplomatique qui a permis a un pays excentré par rapport aux lieu anciennement à fort enjeu de jouer de ses faiblesses pour devenir pendant longtemps la première puissance planétaire = un jeu se présentant comme bienfaisant mais à de claires fins d’influence élargie et de captation des richesses avec son assistance à la « Révolte Arabe » ; un jeu colonial atténué avec son projet de mandats ; un jeu tout à fait autre avec le projet de « Foyer National Juif » ; bien entendu, les acteurs des différents jeux ignoraient l’essentiel de cette triplicité dont la coordination, parfois délicate, était opérée à Londres ; il est admis que le Chérif Hussein, malgré les avantages tirés des évolutions postérieures à la guerre par sa dynastie, eut le sentiment d’avoir été dans une certaine mesure berné[lxxiii].

    Un mot encore sur la solide préparation de Londres à sa projection impérialiste en Orient, liée bien entendu à l’expérience du Grand Jeu, et manifestant la continuité des vues de l’Angleterre et son souhait d’étendre, depuis l’Asie centrale, le Great Game jusqu’à la Méditerranée où elle était déjà puissante, présente en tout particulier à Chypre depuis 1878 [et plus fermement encore depuis 1914, on l’a dit – voir note 21] et en Égypte depuis 1882 ; une institution en particulier intéresse = le fameux Arab Bureau du Caire[lxxiv], créé à l’initiative de Sykes ; cette institution eut à subir beaucoup de critiques car on le rendait responsable des échecs – il y en eut bien sûr – de la politique orientale de Londres, mais il y avait là deux exagérations, d’une part parce que cette simple branche arabisante des renseignements anglais, dont la mission était de surveiller que la route stratégique des Indes demeurât libre[lxxv], était seulement une agence de renseignement et d’influence et que cela n’a guère de sens de l’accabler pour une politique d’ensemble qu’elle ne dictait pas si elle la nourrissait de ses informations, et d’autre part dans la mesure où la politique anglaise dans la région fut dans l’ensemble, pendant et après la guerre, plutôt un succès, comme on l’aura déjà compris, au regard du moins des fins et des méthodes ordinaires de Londres. Parmi les agents du Bureau, deux personnalités au moins impressionnent beaucoup.

    Gertrude Lowthian Bell [1868-1926] tout d’abord, jeune femme riche, patriote et curieuse, fut une archéologue, ethnologue, alpiniste, diplomate et espionne anglaise ; cette femme qui aima mais n’eût jamais connu la chair dit-on, cette paradoxale adversaire des féministes de son temps arpenta l’Orient à dos de chameau et dormit ordinairement sous la tente – connaissant profondément les populations bédouines et se faisant estimer d’elles –, faisant partie ainsi du petit nombre de ceux qui contribuèrent à l’incubation et au déploiement de la grande Révolte Arabe et à la nouvelle configuration du Proche Orient ; on la connaît par quelques livres particulièrement attachants[lxxvi] et elle permet de méditer la redoutable ambiguïté de l’impérialisme de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, jouant de sentiments au fond ambivalents – une curiosité sincère pour les populations servant finalement, à la façon d’une ruse de l’histoire coloniale, des desseins de domination[lxxvii].

    Mais bien entendu, le plus connu du grand [lxxviii] est le colonel Lawrence ; il y a quelque chose de fascinant, d’ailleurs, chez Thomas Edward Lawrence [+1935] – sorte d’Indiana Jones profond, mais personnage très controversé. Il était né en 1888, et n’avait donc pas trente ans au moment des affaires qui nous occupent ; archéologue, auteur d’une thèse sur L’influence des croisades sur l’architecture militaire d’Europe jusqu’à la fin du XIIIe siècle[lxxix], bon connaisseur de l’Orient de longues années avant la guerre, il avait manifestement été sujet à un éblouissement oriental, qui ne fut pas chose rare dans la longue durée des contacts de l’Occident avec l’Orient, et le conduisit en particulier à apprendre l’arabe.

    Dans le même temps, ses travaux d’archéologie couvraient une activité de cartographie pour l’état-major britannique ; on prend ici la mesure de l’ambivalence du personnage, laquelle lui vaut, à la fois, de fasciner et de susciter un soupçon parfois sans mesure. C’est très naturellement, quoi qu’il en soit, que, lors du déclenchement de la guerre, il avait été affecté au « Bureau arabe », et qu’un contact fut établi entre lui et les hachémites du Hedjaz, soucieux – et cela faisait bien sûr alors [du moins pour ce qui concernait le premier volet, négatif, du projet] les affaires de Londres – de secouer la domination ottomane et d’établir un « grand royaume arabe ». Ainsi que je le suggérai il y a un instant, les vues de Lawrence étaient parfaitement en intersection avec celles du Premier Ministre Lloyd George. Le – très – sulfureux [mais bon connaisseur et de l’Allemagne et de l’Orient arabe] Jacques Benoist-Méchin [1901-1983] rappelait ces vues lawrenciennes dans le livre qu’il consacra au héros = « Toute sa vie, Lawrence aura éprouvé deux haines également farouches : celle des Turcs, qui ont conquis le monde arabe au XVe siècle, et celle des Français, dont il soupçonne les visées sur la Syrie et le Liban. Si les Turcs ont confisqué dans le passé l’indépendance du monde arabe, les Français, à ses yeux, menacent son intégrité future. »

    Lawrence, très probablement, par-delà les soupçons nourris par certains [et même, finalement, par l’émir Fayçal ben Hussein], demeura longtemps dans l’ignorance [cela paraît assuré] des projets mis au point par Sykes et Picot, et crut, presque jusqu’au bout, les perspectives anglaises largement compatibles avec celles de la dynamique panarabe qu’il encourageait.

    LA MARGINALISATION RUSSE PUIS SOVIÉTIQUE

    Tous ces très importants bouleversements régionaux et internationaux se passèrent à la fois sous la houlette d’ensemble de Londres et en l’absence d’un acteur majeur, intéressé au premier chef par toutes ces affaires, et vomi par Londres = la Russie puis l’Union soviétique ; il est de première importance de conserver cela à l’esprit, car la Convention de Montreux ne se bornera pas à manifester la reviviscence d’une Turquie relativement forte sous la poigne de Moustafa Kemal, mais aussi l’impossibilité, progressivement apparue, de tenir à l’écart de la vie internationale l’Union soviétique.

    L’immensité de l’empire russe eût dû être une ressource précieuse pour la révolution bolchevique [comme la puissance relative de la France monarchique avait été un atout remarquable, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, en vue de l’extension de l’horizon de l’esprit d’égalité et de la satisfaction croissante des espérances de la raison[lxxx]] ; mais la remise en ordre de ce colosse malgré tout très délabré, et éprouvé par les suites immédiates de la guerre et de la révolution, soumis surtout au déchaînement des forces centrifuges, n’alla pas sans peine. La création de l’URSS, le 30 décembre 1922, par un traité unissant Russie, Ukraine, Biélorussie et République fédérative de Transcaucasie[lxxxi], fut en tout cas frappée du sceau d’une certaine ambiguïté ; d’un côté, il est admis que Lénine [1870-1924] voulait surtout entraver le retour au nationalisme russe en créant un État fédéral ; mais d’un autre côté, l’URSS fut le cadre commode de la reconstitution progressive de l’immense territoire de l’empire russe, auquel toutefois, du fait du fédéralisme, son unité profonde était désormais donnée par le Parti communiste = la Biélorussie [1/1/1919] l’Ukraine [10/3/1919], l’Azerbaïdjan [28/4/1920], l’Arménie [2/12/2020], la Géorgie [25/2/1921] devenues « Républiques socialistes soviétiques » au cours des quatre années précédentes [j’ai porté après chaque nom la date de cette transformation] purent être rassemblées à nouveau aux côtés d’une République de Russie [23/1/1918] appelée à faire, de façon quelque peu hétérodoxe du point de vue de la doctrine la plus répandue sur le fédéralisme, fonction d’État fédéral, en attendant [je simplifie sensiblement la présentation d’un processus assez complexe] le Turkménistan [27/10/1924], l’Ouzbékistan [id.], le Tadjikistan [5/12/1929], le Kazakhstan [5/12/1936], le Kirghizistan [id.] l’Estonie [21/7/1940], la Lettonie [id.], la Moldavie [2/8/1940], la Lithuanie [3/8/1940].

    La position de Lénine, d’ailleurs, était peut-être plus ambivalente qu’on n’a eu souvent tendance à le dire dans le propos de l’opposer à Staline [1878-1953] ; la transaction fédérale pouvait lui sembler permettre d’éviter certes le nationalisme russe, mais aussi les nationalismes respectifs des autres entités, voire une scission de l’empire antérieur sur un fondement plus ou moins ethniciste[lxxxii] ; Mme Carrère d’Encausse voit plausiblement juste en suggérant que, finalement, tout bien pesé, et quelles qu’aient été les positions de départ, le nouveau « régime ne pouvait accepter de perdre la moitié des territoires de l’ancien empire et de se retrouver en face de provinces passées dans le camp de la contre-révolution. La reconquête des nationalités devenait un impératif de survie pour le régime soviétique. »[lxxxiii] Pour autant, la politique dire d’indigénisation [ou d’enracinement][lxxxiv], qui devait permettre de former des cadres des diverses nationalités, devrait être imputée à Staline, et il n’est pas certain que Lénine, parvenu à la fin de sa vie, ait cru qu’elle suffirait à ce que la page du « chauvinisme grandrusse » fût tournée, et y ait véritablement souscrit[lxxxv].

    Cet aspect plus ou moins résolu, la question de la rupture de l’isolement international imposé à Moscou devait être traitée, le propos n’étant nullement d’engager le pays dans un conflit ruineux pour ses objectifs politiques, ni de renoncer à toutes relations commerciales extérieures[lxxxvi] ; deux volets doivent être bien distingués ; le nouveau continent politique ne fut à aucun moment véritablement isolé en ce qu’il put compter sur des effectifs ouvriers et le soutien de nombreux intellectuels dans tous les pays, et bien entendu sur l’Internationale communiste ou Komintern, créée le 2 mars 1919 ; mais tout autre chose était la possibilité d’entretenir des relations avec les diverses puissances, qui appelait au fond que l’on ne dépassât pas certaines bornes dans l’activisme révolutionnaire global[lxxxvii].

    Pendant longtemps, Moscou n’eut de relations « normalisées » qu’avec Berlin, selon les termes du Traité de Rapallo du 16 avril 1922 – accord entre réprouvés [certes inégalement] en quelque sorte[lxxxviii] – ; mais la question du remboursement des dettes de l’Empire russe entravait le développement de liens avec d’autres pays, et en particulier la France[lxxxix]. Pourtant, le succès de la NEP, puis la survie du régime à la mort de Lénine [le 21 janvier 1924],  – surprenante pour beaucoup d’observateurs occidentaux –, contribuèrent à persuader de nombreux États que l’URSS n’était pas une formation appelée à disparaître à moyen terme et à les incliner à la reconnaître en forme, sans pour autant cesser ce qu’un auteur a appelé une « guerre sourde » contre Moscou[xc] ; même l’Angleterre et la France s’y résignèrent, mais la première, tombant à nouveau aux mains des conservateurs, et intoxiquée par un faux fabriqué dans l’émigration russe, différa finalement la chose jusqu’en 1929, si la France du Cartel des Gauches poussa la démarche à son terme dès l’automne de 1924, sans pour autant que les relations devinssent simplement cordiales, une inflexion se dessinant simplement à partir de 1931[xci].

    Par contre, et cet aspect est bien entendu d’une particulière importance pour nous ici, les relations entre l’URSS et la Turquie de Moustafa Kemal furent bonnes d’emblée ; il est vrai que la Russie révolutionnaire avait d’emblée renoncé au bénéfice de la Turquie – conformément aux vues assez déraisonnablement angéliques sur ce chapitre qui avaient d’abord prévalu à Moscou, on l’a relevé plus haut – à deux territoires d’une taille non négligeable, Kars et Ardahan, aux frontières actuelles de la Turquie avec la Géorgie et l’Arménie ; le choix russe fut toutefois récompensé puisqu’un traité d’amitié entre les deux puissances fut signé en 1925, et qu’un tel climat favorisa indéniablement dix ans plus tard la Convention de Montreux, bénéfique pour les deux puissances, dont les relations se dégradèrent toutefois à partir de la Seconde Guerre mondiale.

    [21 août 2021]

    Stéphane Rials

    Professeur émérite à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas


    [i] une « Duplice » avait en effet été constituée entre Berlin et Vienne dès 1879 ; de façon intéressante, c’est la projection de l’impérialisme de Paris en Tunisie en 1881 – lorsque le traité du Bardo avait établi le protectorat français sur la Régence de Tunis – qui avait poussé l’Italie à rejoindre les empires centraux dès 1882 [assez paradoxalement pourtant le flux des colons fut nourri davantage par l’Italie que la France ; la situation de la Tunisie était d’ailleurs singulière à tous égards = le bey y conservait en pure apparence ses pouvoirs, mais ils étaient en fait exercés par le résident général français, lequel exerçait son autorité sur une population essentiellement arabe, marginalement mêlée d’apports turcs, et moindrement juive ou italienne, et finalement française de façon seulement moindre encore, ce qui d’ailleurs ne laissait pas de préoccuper un peu nos administrateurs, lesquels toutefois mirent à profit une procédure spéciale de naturalisation qui permit aux Français de se grossir d’apports divers, notamment maltais].

    [ii] puisque la géométrie de l’accord de Rome avec Berlin n’était pas la même que celle de son accord avec Vienne.

    [iii] notamment du fait de la volte-face du chef socialiste Benito Mussolini [1883-1945], lequel, appartenant alors à la gauche du Parti Socialiste Italien, dirigeait l’organe de presse de cette formation depuis 1911 ; Mussolini, neutraliste au début de la guerre, avait changé de position en octobre 1914, et avait d’ailleurs été immédiatement exclu de la direction de l’Avanti comme du PSI ; il bénéficiera toutefois rapidement de la coalition des radicalités interventionnistes, englobant des effectifs de droite radicale et des éléments issus de diverses sensibilités de gauche, regroupés notamment dans plusieurs organisations dont, créés dès la fin de 1914, les Fasci d’Azione Rivoluzionaria.

    [iv] les « buts de guerre » de l’Italie, selon l’expression consacrée, ne sont ainsi pas très mystérieux = principalement obtenir des territoires exigés au nom de l’ « irrédentisme » mais dominés par la double monarchie austro-hongroise au nord-est de la péninsule ; le calcul ne fut pas vraiment mauvais puisque, en dépit d’une guerre assez médiocre [quoique très coûteuse en vies], marquée en particulier, à l’automne de 1917, par la grande défaite de Caporetto, non loin d’Udine, Rome obtint certaines des terres désirées [le Trentin-Haut-Adige et Trieste] mais pas toutes [non la Dalmatie ainsi], ce dont nombre d’Italiens éprouvèrent une vive amertume.

    [v] dans la dernière histoire publiée en langue française de l’empire ottoman tardif, on lira un très bon récit de cette entrée en guerre, à peu près acquise, mais secrètement, dès les premiers jours d’août après une négociation avec l’Allemagne, mais retardée en partie du fait des divisions parmi les « Jeunes-Turcs » – L’Empire ottoman. Le déclin, la chute, l’effacement, pp. 293 sq. ; utile aussi par sa clarté d’ensemble, un ouvrage de M. Henry Laurens, dont le titre n’est au fond pas très explicite – L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945 – évoque largement le délitement de l’Empire ottoman et le destin de ses composantes.

    [vi] bien qu’il ne faille rien exagérer, j’y reviendrai plus loin au fil d’une longue note n° 48.

    [vii] un ouvrage utile sur la question – technique et politique – de l’armée à l’époque qui nous intéresse ici = Odile Moreau, L’Empire ottoman à l’âge des réformes […] [1826-1914].

    [viii] les troupes ottomanes se comportèrent certes mieux que prévu, mais une mauvaise préparation handicapa les forces alliées ; les Dardanelles étaient minées – et les auteurs divergent sur le point de savoir si nous avions ou non des dragueurs de mines… [sachant que la Navy en possédait, mais probablement pas au bon endroit, et que la Marine française disposait bien de chalutiers militaires en mesure de faire l’affaire, mais qu’ils étaient peut-être demeurés en Europe] –, d’où le redoutable débarquement de la presqu’île de Gallipoli ; il eût fallu probablement déminer le détroit et aller frapper Constantinople, mais pour cela certes envoyer en Orient quelques belles unités de la Grand Fleet jugées par Londres plus utiles en Mer du Nord pour bloquer la Hochseeflotte de la Kaiserliche Marine, grande œuvre de Guillaume II [1859-1941] et du Großadmiral Alfred von Tirpitz [1849-1930] – on y reviendra – ,dans le port de Wilhelmshaven, ce qui fut le choix allemand à la suite des trois engagements de Heligoland [1914], du Dogger Bank [1915] et du Jutland, ou Skagerrak [1916] ; sur ce désastre de Gallipoli, v. Pierre Rigoux, Les Dardanelles [1915] et Max Schiavon, Le Front d’Orient, qui couvre ce Front jusqu’à la victoire de 1918.

    [ix] il est vrai que Moustafa Kemal [1881-1938], nommé colonel à la suite de son succès, commandait les forces turques qui jouèrent le rôle principal dans cette affaire sous l’impulsion supérieure du général allemand Otto Liman von Sanders [1855-1929], chef de la mission militaire allemande dans l’Empire ottoman ; Kemal reçut d’ailleurs la croix de fer de la part de l’empereur Guillaume II ; v. Alexandre Jevakhoff, Kemal Atatürk, pp. 34 sq.

    [x] mais dont le trône était occupé par un Saxe-Cobourg-Gotha, Ferdinand Ier [1861-1948], tsar des Bulgares [1908-1918, mais prince de Bulgarie depuis 1887], et surtout soucieuse de s’agrandir au détriment en particulier de la Serbie afin de construire la « Grande Bulgarie » dessinée par le traité de San-Stefano [3 mars 1878] que la Russie était parvenue à imposer à l’Empire ottoman – immédiatement abrogé dans ses effets sous la pression de Londres et de Vienne par le traité de Berlin [13 juillet 1878].

    [xi] il me semble possible de considérer que les vues « Jeunes-Turques », par-delà les tiraillements internes de la mouvance, forment le fonds commun des celles qui permettent de comprendre la relative continuité d’une forme de pénible idéologie turque de Kemal à M. Erdogan [né en 1954] – nationalisme autoritaire ; thème de la turcité pouvant aller jusqu’au pantouranisme désormais ; reconnaissance de l’importance de l’Islam mais acceptation plus ou moins large – en recul certes désormais – d’une modernité sécularisée.

    [xii] auteur controversé [comme l’on dit lorsque le propos contrarie les ordinairement illusoires vues courantes] mais dont les vues perspectives ont été finalement agréées par beaucoup, sur un mode simplement édulcoré ; de Fischer, voir en particulier l’important Germany’s Aims in the First World War, traduit sous le titre Les buts de guerre de l’Empire allemand ; Fischer tendait donc à charger, mais de façon très persuasive, l’Allemagne ; il devait encore durcir son point de vue dans War of Illusions ; v. aussi From Kaiserreich to Third Reich. [sur les thèses de Fiscer et leurs critiques, et beaucoup d’autres constructions, voir Jacques Droz, Les causes de la Première Guerre mondiale. Essai d’historiographie].

    [xiii] lorsque, le 26 novembre, le gouvernement bolchevik adressa aux empires centraux une demande d’armistice acceptée dès le lendemain ; dans les semaines qui suivront les finalités poursuivies par le Reich se dévoileront peu à peu, puissamment servies il faut bien le reconnaître, par l’excessive fraîcheur [inexpérience si l’on préfère] des gouvernants bolcheviks – saisissant mal, par-delà la théorie, l’extrême violence des relations internationales –, porteuse tout d’abord d’un mouvement de fragmentation délétère [vivement encouragé par l’imprudente, mais précieuse pour encourager le mouvement révolutionnaire, et bien entendu belle dans sa radicalité, « Déclaration des droits des peuples de Russie » du Conseil des commissaires du peuple de la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie en date du 15 novembre 1917 et le décret sur les Nationalités l’accompagnant] ; la position stratégiquement mal évitable – celle, notons-le, plus d’un siècle plus tôt, des Jacobins contre les Girondins – est de réputer contrerévolutionnaire tout séparatisme [c’est d’ailleurs presque toujours le cas, d’une façon ou d’une autre] dès lors que la révolution a gagné au centre politique de l’espace concerné, fût-il historiquement « impérial » ; une telle présomption n’est au fond jamais démentie – et elle ne le fut pas dans les temps qui suivirent la grande révolution de 1917, où les puissances étrangères et les armées blanches bénéficièrent de contradictions parasitaires qu’il n’eût pas fallu encourager à la légère eu égard à l’énormité des forces de l’ennemi [le Capital œuvrant par le moyen des forces étatiques]. Notons que lors de la création de l’URSS, le 30 décembre 1922, Staline [1878-1953] sauva l’avenir en imposant ses vues, finalement plus centralisatrices, contre un Lénine [1870-1924] affaibli par la maladie, mais qui avait néanmoins rendu ses vues sur ce chapitre plus réalistes au regard du contexte de lutte internationale  ; c’est en effet en fin de compte la vue stalinienne d’un Parti communiste dirigeant – parfaitement cohérente au demeurant avec la vue léniniste de l’institution d’un organe de manifestation de la dictature du prolétariat comprise comme dictature de l’avant-garde du prolétariat, perspective intimement liée à ce que l’on peut appeler son volontarisme – qui permit de surmonter les risques du fédéralisme, qu’eussent exploités contrerévolutionnaires et puissances impérialistes ennemies. Quoi qu’il en soit, le traité de Brest-Litovsk du 3 mars 1918 consentait aux empires centraux tout ce qu’ils contrôlaient déjà sur le terrain, c’est-à-dire moins de 4% du territoire de l’Empire russe, certes,  mais 25% de sa population, et plus de 30% de sa production agricole et 20% de sa production industrielle ; cette perte des pays baltes, de la Finlande, de la Pologne, de la Biélorussie et de l’Ukraine ne sera que partiellement annulée par la défaite allemande de novembre 1918.

    [xiv] la tendance de notre temps est bien sûr à la minimisation de la contribution russe ; un tel point de vue est injuste ; eussions-nous remporté la victoire de la dernière chance, dite de La Marne, en septembre 1914, si les combats n’avaient au même moment fait rage à l’est, les Russes se trouvant certes défaits, à Tannenberg ou aux Lacs de Mazurie mais immobilisant des forces allemandes ? ceux qui voudraient lire un livre là-dessus pourraient retenir Pierre Rigoux, Tannenberg 1914. Sacrifice russe pour la France ?, volume d’une très précieuse série sur les grandes batailles publiée chez Économica ; l’auteur répond plutôt par la négative à sa question ; mais c’est bien entendu que la notion de « sacrifice » ne se justifie pas ici ; l’on peut admettre, de fait, que le très gros des troupes allemandes se trouvait sur le front occidental [ainsi que notre état-major l’avait suggéré depuis longtemps, sans que la Stavka ne le croie suffisamment] ; qu’il ne s’est pas agi pour les forces impériales russes d’aider subjectivement les Français, mais de développer, contrairement à ce que suggérera par la suite l’historiographie soviétique puis russe, une offensive en Prusse orientale qui était tout à fait rationnelle, avec toutefois, objectivement, l’effet de retenir des troupes allemandes à l’est et d’entraîner même le transfert d’un certain nombre d’unités depuis l’ouest ; qu’il y a là, de toute façon, une illustration des bienfaits de l’entente francorusse, appelée plus qu’aucune autre par la géopolitique, s’il s’agit de contenir les empires qui menacent l’une et l’autre nation, les éternels « empires centraux » et leurs divers pseudopodes en des temps lointains, les Teutoniques ainsi, tel autre empire à prétention universelle aujourd’hui bien sûr [Washington après et avec Londres] ; j’ajouterai que si les Russes, très supérieurs en nombre [si du moins la Ière armée s’était coordonnée avec la IIe], avaient été plus efficacement commandés, l’effet immédiat d’une victoire apparemment à portée de main eût été de soulager le front occidental – beaucoup s’est joué alors, hélas, jusqu’au destin ultérieur de la Russie, et de l’Europe et du monde peut-être – qui pourra jamais le dire ? Je ne veux pas terminer sans ajouter que le commandant de la IIe armée russe, le général Alexander Samsonov [1859-1914] — homme de valeur mais manquant sans doute de capacités stratégiques et organisationnelles – l’art de la guerre, ici l’art de la bataille, est l’un des plus difficiles qui soit, le flux imprévisible des combats surprend de toute façon les plus doués, que l’on songe à Napoléon ! –, brouillé depuis longtemps [en tout cas depuis la bataille de Moukden, en Mandchourie, en 1905 – l’épisode terrestre le plus important de la si lourde de conséquences guerre russojaponaise] avec l’officier, peut-être assez douteux, qui commandait la Ière armée russe, le général balte Pavel von Rennenkampf [1854-1918], battu lui-même peu après dans la bataille du lac Mazure [ou des lacs de Mazurie] – sauva son honneur en se suicidant le 29 [16] août auprès du champ de bataille [dans Août Quatorze, Soljenitsyne [1918-2008] a longuement évoqué cette affaire terrible ; il imagine dans une page très belle la mort du général Samsonov – version complète, pp. 413 sq.]

    [xv] on l’a mesuré à la note 13.

    [xvi] puisqu’à l’extension de l’emprise territoriale du nouveau régime socialiste eût correspondu symétriquement le recul de la domination capitaliste, tandis que ses replis eussent emporté l’avancée mécanique du capitalisme, et donc de l’impérialisme ; comparer les avancées territoriales du socialisme et celles du capitalisme ne revêt ainsi guère de sens, puisque les premières peuvent se voir allouer la signification d’une marche en avant du mouvement d’émancipation véritable des peuples, tandis que les secondes manifestent l’extension du territoire de l’oppression planétaire d’un système appelé à s’accomplir toujours davantage en dictature oligarchique, ainsi que notre temps achève de le démontrer de façon éclatante et terrifiante, invitant à considérer le fascisme, non seulement comme la militarisation d’un capitalisme menacé et sur la défensive, comme on put le penser dans l’Entre-deux-guerres [je propose de parler de fascisme de premier degré], mais comme le stade ultime et définitif du capitalisme [comportant bien entendu le volet impérialiste classiquement souligné, mais évoluant alors vers un globalisme malgré tout nouveau, destructeur des peuples mais indispensable au système] ; je propose de parler alors de fascisme de second degré ou fascisme absolu [ce que nous vivons et que nous devons comprendre].

    [xvii] en particulier ce que l’on appela les « armées vertes », armées paysannes constitués contre les réquisitions et la conscription, mais en général nullement plus favorables aux Blancs qu’aux Rouges.

    [xviii] et étatsuniens aussi, ou plus encore, avec des intentions dont la réalisation eût été lourde de conséquences, japonais – tous débarquant à Vladivostok avec le propos de contrôler dans une certaine mesure la Sibérie. Un livre peut être utile, mais il est un peu embrouillé malheureusement du fait du choix d’un plan trop synthétique = Jean-David Avenel, Interventions alliées pendant la guerre civile russe [1918-1920]

    [xix] dans sa précieuse somme, Une guerre sourde. L’émergence de l’Union soviétique et les puissances occidentales, p. 56, M. Michael Jabara Carley, cite ces propos du Secrétaire d’État étatsunien Robert Lansing [1864-1928], issu d’un milieu certes très notable [un grand-père sénateur, ce qui est bien sûr une fonction de grande importance outre-Atlantique], lui-même démocrate conservateur et anglophile, et proche des milieux d’affaires = « L’esprit des bolcheviks rôde partout […]. C’est la chose la plus hideuse et la plus monstrueuse qui ait été conçue par l’être humain […], un monstre cherchant à dévorer la société civilisée et à réduire le monde à l’état de bête sauvage. » [ce dernier terme peut nous faire sourire = comme on le sait, la « bête sauvage », pour Clouscard [1928-2009], sollicitant un peu une expression de Hegel, c’était la « société civile » devenue pur marché – c’est-à-dire la radicalité capitaliste elle-même].

    [xx] morts militaires à peine supérieurs à cent mille, et civils inférieurs à mille [l’affaire du Lusitania et les équipages de navires marchands].

    [xxi] appréciation un peu grossière ; il faudrait affiner et discuter ; mais on admettra la mort d’environ dix millions de combattants et de dix millions de civils, et la somme de vingt millions de blessés. Né en 1951, dans une famille fortement éprouvée par la Première Guerre, cette expérience – si vivante jusqu’à la fin des années soixante, c’est-à-dire jusqu’à la mort d’un bon nombre de ceux qui avaient survécu – est l’une de celles qui a le plus marqué ma formation et m’a donné le goût de l’étude des relations internationales [sans que je néglige bien entendu, le rôle du Capital dans cette terrible affaire, mais tout en constatant l’absence de la grande synthèse empirique qui serait si utile pour ordonner des matériaux nombreux et très divers].

    [xxii] l’exemple de Chypre est particulièrement frappant ; en 1878, Londres avait obtenu de Constantinople l’administration de l’île moyennant un tribut annuel ; Chypre était considérée comme un protectorat de la Couronne ; bien entendu, l’entrée en guerre de la Porte aux côtés des puissances centrales donna à l’Angleterre un prétexte pour procéder à l’annexion pure et simple de Chypre au titre de colonie de la Couronne, et ceci dès le 5 novembre 1914, solution qui dura jusqu’en 1960 malgré le souhait de la majorité chrétienne d’être rattachée à la Grèce ; aujourd’hui, Londres conserve à Chypre deux énormes bases de 75 km carrés chacune, Akrotiri et Dhekelia, dotées du statut de bases souveraines – sites particulièrement stratégiques pour la perpétuation des méfaits britanniques au Proche Orient.

    [xxiii] ce qui n’empêcherait par l’Angleterre plus tard – et c’est le cas en tout particulier aujourd’hui, pas seulement dans le cadre strict des entreprises de l’OTAN, on le relève en Syrie – de jouer la Turquie [et aussi les jihadistes, naguère à la Ghouta, toujours à Idleb] contre la Russie [et le gouvernement séculariste légitime de Damas] autant qu’utile, dans la considération de la constance de ses intérêts durcis avec le temps en une forme de haine singulière, donnant lieu à toutes sortes de montages absurdes [allant du False Flag gazeux attesté par des White Helmets soutenus par Londres à l’invraisemblable affaire Skripal].

    [xxiv] sur cette affaire majeure, le grand livre est désormais – traduit en français chez Perrin il y a quatre ans – celui de James Barr, Une ligne dans le sable. Le conflit francobritannique qui façonna le Moyen Orient.

    [xxv] ce sont généralement les mêmes que ceux qui, si vous risquez le premier un propos, vous regardent avec commisération et objectent = « c’est plus compliqué » ; eh oui ! c’est toujours plus compliqué, et tout propos est une perspective qui vaudrait d’être croisée avec d’autres ; mais, sauf à ce que tous se taisent pour toujours, la règle du jeu de toute conversation intéressante est de ne pas geler la possibilité de l’échange par un irritant « c’est plus compliqué », puisque nul n’en saurait jamais douter.

    [xxvi] à ne pas confondre avec son frère cadet Jules Cambon [1845-1935], personnage encore plus considérable de la politique extérieure de la Troisième autour de la Première Guerre ; les Cambon, quoi qu’il en soit, partageaient, avec talent certes, les vues convenues des élites françaises de leur temps = anglophiles, ils méprisaient assez la Russie [il y a près de vingt ans, M. Laurent Villate avait publié une biographie conjointe des deuxfrères Cambon, et il l’avait appelée La République des diplomates ; ceux-ci jouissaient en effet alors, pour diverses raison institutionnelles et techniques, d’un jeu dont on n’a plus guère l’idée, aujourd’hui que les histrions exécutifs s’agitent à plein temps ; quelques années après l’acmé de l’influence des Cambon, celle du briandiste Philippe Berthelot [1866-1934] sera considérable aussi avec l’effet désormais de favoriser une attitude conciliante envers l’Allemagne ; bien qu’il ne concerne guère les questions qui nous retiennent, on consultera avec intérêt un ouvrage utile de sociologie du monde diplomatique français entre 1871 et 1914, publié l’an dernier = Isabelle Dasque, Les diplomates de la République [1871-1914]].

    [xxvii] ce sont d’ailleurs les bolcheviks qui révéleront dès la fin de 1917 la teneur de ces petits arrangements entre amis sur le dos des peuples.

    [xxviii] du nom du Secretary of State for Foreign Affairs britannique de décembre 1916 à octobre 1919, Arthur Balfour [1848-1930].

    [xxix] la question des routes est souvent sous-estimée par le « grand  » ; or elle est fondamentale ; c’est d’ailleurs, dans la présente série d’articles, d’une route qu’il est question, celle qui emprunte les détroits turcs [une route maritime indispensable à un immense pays enclavé pour accéder, moyennant d’autres pertuis si l’on peut dire – détroits et canal – à l’Océan mondial] ; et – pour retenir un exemple actuel – chacun a noté à quel point la route dessinée par Nord Stream 2 était conflictuelle ; car il y a des routes maritimes, terrestres, aériennes, des routes en bitume et des routes aquatiques, des oléoducs ou des gazoducs, ou des câbles, par exemple sous-marins, etc.

    [xxx] je laisse de côté certaines questions intéressantes et complexes, mais pas indispensables ici = les promesses faites à la Grèce – une Grèce d’ailleurs que la guerre avait profondément divisée, ce que l’on appela l’Ethnikos Dikhasmos, le Schisme national – mais aussi à d’autres, de façon contradictoire [cela semble une spécialité, en particulier, de la diplomatie anglaise, pendant la guerre ; les passions politiques et religieuses de part et d’autre, exaspérées par la découverte de l’ampleur des politiques génocidaires conduites contre les chrétiens arméniens, mais aussi grecs, lorsque les Jeunes-Turcs étaient au pouvoir ; le rêve en particulier, nourri notamment par cet homme politique de premier plan qu’était Venizelos [1864-1936],  d’une grande restauration grecque tout autour de la Mer Égée.

    [xxxi] tous les éléments constitutifs de la notion de génocide sont réunis ; l’année dernière, la contribution de M. Taner Akçam, Ordres de tuer, a permis à certains de surmonter leurs choquantes réticences à consacrer l’intention meurtrière des autorités.

    [xxxii] on considère que la moitié au moins, les deux tiers peut-être, des Arméniens de l’Empire ottoman ont été éliminés en 1915 et 1916, soit probablement huit cent mille à un million deux ou trois cent mille personnes ; on se reportera en particulier aux travaux de M. Yves Ternon, notamment Les Arméniens. Histoire d’un génocide ; le même, après d’importantes recherches dans les archives du Vatican, vient de publier un volume sur les massacres qui ont affecté diverses confessions chrétiennes à la fin de l’Empire ottoman et dans les premières années de la nouvelle Turquie, La Turquie aux Turcs ; très récemment aussi a paru un volume de M. Joseph Yacoub, Les Assyrochaldéens. Mémoires d’une tragédie qui se répète ; v. encore la somme de MM. Benny Morris et Dror Ze’evi, The Thirty-Year Genocide, etc.

    [xxxiii] il est important de ne pas réduire l’effectif des partisans d’une « purification » génocidaire à la mouvance « Jeune-Turque » du Comité Union et Progrès, comme on le fait parfois ; ceux-ci, certes regroupés en société secrète dès 1889, n’ont en effet accédé au pouvoir qu’en renversant, en 1909, le sultan Abdülhamid II [1842-fév.1918] ; or, sous le règne de celui-ci, avaient été perpétrés les massacres justement dits « hamidiens » entre 1894 et 1896, causant deux ou trois cent mille morts parmi les populations arméniennes et des dizaines de milliers de morts parmi les chrétiens syriaques, en particulier à Diyarbakir.

    [xxxiv] notons qu’en 1913, avant même le début du génocide arménien, des dizaines de milliers de Grecs et de Bulgares ottomans avaient déjà été expulsés violemment de Thrace orientale et de la côte orientale de l’Anatolie.

    [xxxv] l’élimination radicale du christianisme anatolien peut être considérée ainsi comme la matrice de l’identité turque contemporaine [et partant, sur le mode inverse, de l’identité grecque], porteuse ainsi d’inévitables discriminations au sein de la population nationale de la Turquie, même après l’éradication du christianisme, ainsi au détriment de la significative minorité plus ou moins chiite des alévis ; comme l’a souligné M. Alexis Heraclides dans sa somme The Greek-Turkisk Conflict in the Aegean, une Turquie islamoturciste s’oppose ainsi depuis au moins un siècle à une Grèce helléno-orthodoxe [et bien entendu à tout effectif qui ne cumule pas les deux exigences requises ; il va de soi qu’une telle division est entretenue à des fins de domination, mais il demeure qu’elle est opérationnelle et ordinairement génératrice d’une constante violence contre les minorités ; la culture politique turque est l’une des plus toxiques du monde méditerranéen, et il est très troublant que, OTAN et russophobie aidant, la plupart des « européens » fassent mine de ne rien voir et n’exigent pas même avec un véritable sérieux la reconnaissance des génocides organisés par la Turquie et la manifestation d’une certaine contrition pour tant d’horreurs].

    [xxxvi] bien entendu – et c’est ce que l’on retient exclusivement –, le kémalisme s’est affirmé comme un sécularisme, mais d’une part celui-ci était assez relatif, l’État contrôlant très étroitement la religion et, d’autre part, il n’admettait pas vraiment le pluralisme ethnoreligieux ; ce sécularisme était en quelque sorte réservé à des musulmans [une telle configuration me semble d’autant plus intelligible pour un Français d’aujourd’hui qu’elle n’était pas sans annoncer certains aspects de la curieuse situation présente de notre pays, où beaucoup de défenseurs de la laïcité tendent à la considérer, au moins implicitement, comme une règle du jeu entre postchrétiens et peinent à y dessiner une place acceptable pour tous à l’intention des musulmans] ; d’une certaine façon, l’État kémaliste était l’État d’une nation aussi uniformément turcomusulmane que possible ; et Atatürk se réjouissait de pouvoir dire, en des termes saisissants, « Dieu merci, nous sommes tous Turcs, et donc tous musulmans », jugeant, un peu étrangement peut-être, que c’était justement sous cette double condition que « nous pourrons et devrons être tous laïques ».

    [xxxvii] voici de larges extraits de cet article, propres à intéresser ceux qui ne connaîtraient pas l’institution du mandat = « 1. Les principes suivants s’appliquent aux colonies et territoires qui, à la suite de la guerre, ont cessé d’être sous la souveraineté des États qui les gouvernaient précédemment et qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne. Le bien être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation, et il convient d’incorporer dans le présent pacte des garanties pour l’accomplissement de cette mission. –  2. La meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations développées qui, en raison de leurs ressources, de leur expérience ou de leur position géographique, sont le mieux â même d’assumer cette responsabilité et qui consentent à l’accepter : elles exerceraient cette tutelle en qualité de mandataires et au nom de la Société.3. Le caractère du mandat doit différer suivant le degré de développement du peuple, la situation géographique du territoire, ses conditions économiques et toutes autres circonstances analogues. […] » / On ne s’attardera pas – tout y est vraiment ! – sur l’expression crue d’une idéologie coloniale pénible ; on comprend bien par contre que, le propos colonialiste [l’accord de 1916] ayant précédé le montage de l’institution du mandat par le Pacte de la SDN [1919], cette dernière revêtait une signification de justification ex post du projet anglofrançais, lequel n’était d’ailleurs nullement exclusif d’autres projets de même nature [encore que les mandats aient été divisés en trois classes, correspondant à des degrés et durées de tutelle distincts selon le niveau de « développement », entendu très généralement, supposément atteint.

    [xxxviii] dans ce dernier pays, on retient en particulier, en 1858, en Pennsylvanie la tentative couronnée de succès du fameux « colonel » Drake [1819-1880], laquelle démontrait qu’il était possible d’obtenir de grandes quantités du précieux fluide, entraînant une fièvre collective très caractéristique de la société étatsunienne, toujours plus ordonnée à une certaine conception de la « réussite » ; surtout, les termes nouveaux de la question du pétrole dans les États-Unis du XIXe siècle, singulièrement après l’accroissement des besoins emportés par la Guerre que nous disons de Sécession, allaient favoriser un procès de concentration capitalistique d’ensemble sans aucun précédent, appelé à peser sur l’histoire, jusqu’au temps présent bien entendu ;  une lecture commode = le livre d’un bon journaliste, M. Matthieu Auzanneau, Or noir. La grande histoire du pétrole, désormais en poche, très abordable, chez Maspero – c’est une très bonne lecture d’été.

    [xxxix] les employés des Nobel jouissaient toutefois, conformément aux vues paradoxales de ces inquiétants entrepreneurs, de conditions très supérieures aux autres.

    [xl] La Caspienne, puis l’immense Volga puis, au nord, élaboré au début du XIXe siècle et modifié dans le temps, le complexe système du canal Mariinsk, englobant un ensemble de lacs, de rivières et de canaux.

    [xli] il serait difficile en effet de ne pas considérer les navires de la classe Queen Elizabeth – cinq unités lancées entre 1912 et 1914, sensiblement plus grandes que les navires antérieurs, plus rapides [23 nœuds], jouissant d’une puissance de feu inédite avec leurs – environ – quinze canons.

    [xlii] à peu près contraint alors d’étendre ses activités du raffinage et de la commercialisation à la production primaire de pétrole, à l’exploitation de puits.

    [xliii] aujourd’hui en République d’Adjarie, composante [tièdement] musulmane de la Géorgie qui fut un temps sécessionniste mais a regagné le giron géorgien, à la différence de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud-Alanie.

    [xliv] en 1907, un oléoduc relierait, sur une distance treize fois plus longue, les deux villes.

    [xlv] avec un avantage considérable sur la Standard Oil de Rockfeller.

    [xlvi] la Couronne, notons-le, avait pu prendre le contrôle du canal grâce à un prêt… des Rothschild en 1875.

    [xlvii] plus précisément, Sergueï Witte [1849-1915], homme politique d’une grande importance alors, durablement ministre des Finances, soucieux que le pétrole servît au développement de l’immense empire russe et en particulier au fonctionnement du Transsibérien, dont les neuf mille kilomètres furent construit à partir du milieu des années quatre-vingt ; tel est du moins le sentiment de M. Auzanneau, mais je n’ai pas trouvé de confirmation sur la présence de locomotives recourant au pétrole dans les débuts du grand train ; supposons qu’il s’agissait de machines à vapeur – puisqu’il n’y aura pas de locomotives à moteur diesel [inventé d’ailleurs seulement à l’extrême fin du siècle par Rudolf Diesel] avant les années trente –, mais peut-être avec chauffe au mazout, comme la fameuse 141R de la SNCF après la Seconde Guerre, ou ce que l’on appelle chauffe mixte à charbon et mazout – tous procédés connus semble-t-il à la fin du XIXe.

    [xlviii] voici une note un peu longue [annoncée plus haut lorsque fut évoquée l’alliance de la Porte avec les empires centraux lors de la Première Guerre], que pourront lire ceux que ces choses intéressent davantage ; il faut saisir les conséquences, dans la région qui nous préoccupe ici, de la défaite des empires centraux ; on ne doutera pas en effet qu’une Allemagne victorieuse en 1918 ne fût devenue, à la faveur de l’éclipse russe, une puissance orientale de premier plan, capable probablement d’équilibrer Londres puis Washington [mais certes sans profit pour d’autres que les capitalistes allemands] ; néanmoins, la défaite allemande était l’urgence la plus assurée qui fût en 1918, puis ensuite, lors du conflit suivant, l’écrasement de Berlin par  les héroïques troupes soviétiques. L’Allemagne de Guillaume Ier [1797-1888] était certes déjà remarquablement active internationalement sous l’impulsion du chancelier otto von Bismarck [1811-1898] ; toutefois, l’obsession de ce que l’on appela à Berlin Weltpolitik surgit seulement après le départ du vieux chancelier, un an et demi après que, en 1888, Guillaume II [1859-1941] eut succédé à son père, Frédéric III [1831-1888], très brièvement empereur, trois mois seulement, après son propre père, Guillaume Ier – celui qui avait été proclamé Deutscher Kaiser dans la Galerie des Glaces le 18 janvier 1871 ; il est notable d’ailleurs, sur un fond de pensée de plus ancienne venue [v. par ex. Michel Korinman, Continents perdus. Les précurseurs de la géopolitique allemande, et quelques textes recueillis par Céline Trautmann-Waller, Quand Berlin pensait les peuples […] [1850-1890]], que les premières esquisses « géographiques » de Friedrich Ratzel [1844-1904] ne datent que de cette période, et que l’un des pères supposés de la « géopolitique », Karl Haushofer [1869-1946] ne se soit imposé, et pour cause, que beaucoup plus tard, après le britannique Halford John Mackinder [1861-1947] d’ailleurs [v. en particulier Korinman, Quand l’Allemagne pensait le monde ; le même auteur a donné aussi une somme sur le pangermanisme]. Au fond d’ailleurs, l’idée si volontiers reçue d’une rupture dans la politique allemande autour de 1890 ou peu après ou même sensiblement plus tard encore, ne serait pas aisément vérifiée dans l’effectivité des politiques conduites, marquées plutôt par la continuité quant au caractère centralement européen des perspectives jugées les plus pertinentes et urgentes ; au point qu’il m’est arrivé de penser que l’hostilité de beaucoup de commentateurs à Guillaume II, intelligible certes, avait pu contribuer à durcir les appréciations de certains alors que, en suivant les choses patiemment, le sentiment eût pu l’emporter que la politique étrangère de l’empire allemand était demeurée dans l’ensemble – je le dis sans indulgence aucune – assez prudente. Attardons-nous un instant sur les premières années de la supposée rupture = en 1890 donc, Guillaume II choisit pour nouveau chancelier le général Leo von Caprivi [1831-1899] ; la politique que conduisit cet homme assez peu considéré dans la mesure où Bismarck le dénigrait méthodiquement, et où les politiciens qui lui fussent dévoués étaient peu nombreux, mais plutôt respectable – le Neuer Kurs, le nouveau cours –, n’était pas sans qualités, en particulier dans le domaine social ; mais il ne parvint pas à s’imposer véritablement ; à l’extérieur, ce militaire était, comme il n’est pas rare chez ceux de son état, prudent, et soucieux de ne pas s’engager dans un conflit, même s’il ne fut pas en mesure d’empêcher une dégradation des relations avec la Russie [le rapprochement de Saint-Pétersbourg et de Paris lui sera d’ailleurs reproché ; mais il n’est pas du tout certain qu’une telle imputation soit justifiée] ; s’il échoua à faire éclore un net rapprochement de l’Allemagne et de l’Angleterre, qui était pourtant l’objectif central de sa politique extérieure – certes périlleuse pour la France –, il est difficile de lui imputer un échec surtout dû au souhait de l’Angleterre de conserver les mains libres ; à la charnière des politiques intérieure et extérieure, il prolongea de façon plutôt efficace son souhait d’un développement industriel puissant par une politique tarifaire sensiblement moins protectionniste que celle de son prédécesseur. On se demande bien dès lors pourquoi son nom est parfois associé, comme mécaniquement, à une nouvelle « Weltpolitik » allemande ; d’autant que Caprivi était même hostile à ce que, à l’instar de ses compétiteurs européens, l’Allemagne s’engageât dans la voie de l’élargissement d’un empire colonial fort modeste. Il faudrait donc imputer à Guillaume II le tournant vers la Weltpolitik ; mais, là encore, on va le comprendre, rien n’est si net que cela.Et sans doute faut-il faire la part, d’un côté, des implications qu’emportait l’alliance avec l’Autriche-Hongrie, bien sûr, impliquée historiquement dans toute « question d’Orient », d’Orient… occidental bien sûr, et d’un autre côté de la forme d’engrenage enclenché par l’immense essor récent du capitalisme industriel en Allemagne ; pour la très puissance industrielle qu’était en train de devenir l’Empire allemand, il eût été difficile, par exemple, de ne pas se préoccuper, à la fin du XIXe siècle, à la fois des ressources et des débouchés, et, s’il s’agissait des ressources, de la nouvelle ressource indispensable – le pétrole ; la France, retardataire ici par rapport à ses rivales, obsédée par ses projections coloniales, avait une conscience moins aiguë de tels aspects [pour autant, l’épargne française, jugée souvent peu audacieuse à domicile, multipliait, cela est bien connu, les achats de titres publics étrangers, même si elle reculait moins qu’on ne l’a dit devant les investissements directs à l’étranger, en dehors même de l’espace colonial]. Concernant quoi qu’il en soit la politique ottomane de Berlin, il y aurait trois erreurs possible il me semble = sous-estimer son importance ; la surestimer, en négligeant la place d’autres acteurs, notamment financiers [ainsi la France] ; ne pas, plus à l’Orient, en Iran ou en Afghanistan, considérer la véritable demande adressée à Berlin de populations prises en otages dans le grand jeu anglorusse et désireuses de pouvoir desserrer les mâchoires de la tenaille en s’appuyant sur un empire tiers, auréolé du prestige de ses victoires militaires et économiques, et certainement surévalué dans ses capacités effectives de projection militaire et financière. On a le sentiment toutefois que l’esprit de la Realpolitik bismarckienne ne s’était pas retiré en 1890 avec le vieux chancelier, et que le propos fameux de celui-ci au moment de la guerre de Crimée demeura pour l’essentiel pertinent après lui = « Les États allemands ne peuvent pas prendre des engagements qui n’ont pas pour objet des intérêts strictement allemands. » [texte cité avec des variantes, dont je n’ai jamais lu l’original, mais qui n’est pas douteux dans sa substance] ; une telle position demeura celle des gouvernements suivants, ce qui eut pour effet de limiter les objectifs allemands de projection tant que, du moins, on le verra, la Première Guerre se trouvant déclenchée, il ne s’agira pas de perturber les adversaires, anglais ou russes, mais surtout anglais, sur les fronts plus orientaux sur lesquels ils s’étaient si longtemps affrontés. Néanmoins, c’est surtout à propos de la politique ottomane de l’empire allemand que l’on évoque, comme une évidence, le tournant de la Weltpolitik ; certes, on met aussi en avant la création d’une imposante marine – la Hochseeflotte, la flotte de haute mer – sous l’impulsion du Grand Amiral Alfred von Tirpitz, secrétaire d’État à la Marine à partir de 1897 –, entreprise impressionnante, mais qui laisserait malgré tout l’Allemagne loin derrière l’Angleterre et ne lui permettrait assurément pas de s’imposer lors de la Première Guerre [après avoir eu l’effet le plus probable de contribuer, par sa seule menace, à rapprocher Londres de Paris] ; certes, on cite volontiers certains propos, signalant en particulier de vastes ambitions coloniales, mais en oubliant que la projection coloniale, assez limitée par rapport à d’autres, contemporaines, s’était faite sous le prudent Bismarck, au milieu des années quatre-vingt [Togo, Cameroun, Afrique de l’ouest allemande, aujourd’hui Namibie, Afrique orientale allemande, désormais Tanzanie – et en Asie, Nouvelle-Guinée] ; on ne surestimera donc pas la portée de la phrase du prince Bernhard von Bülow [1849-1929] en 1897, alors qu’il est ministre des Affaires étrangères avant de devenir un peu plus tard, longuement, chancelier, posant que « l’Allemagne veut une place au soleil » ; ou bien ces mots de l’empereur lui-même, certes préoccupants = « Une politique mondiale pour tâche, une puissance mondiale pour but, et pour instrument, la flotte ». Même dans l’empire ottoman, on a le sentiment que les effectivités n’ont pas toujours autant accompagné les apparences qu’on ne serait tenté de le croire ; on retient bien entendu la contribution de Berlin à la réorganisation de l’armée du sultan [par l’intermédiaire, entre 1883 – dès Bismarck donc – et 1895, du baron Wilhelm Colmar von der Goltz [1848-1916], désigné à Constantinople comme Goltz Pacha, lequel accédera sur le tard à la dignité de maréchal et, ayant repris du service, se comportera comme une brute sanguinaire en Belgique au début de la Première Guerre] ; mais finalement, il est possible que le style propre de Guillaume II ait contribué à l’image exagérée d’une Allemagne étirant sa grande ombre sur les terres ottomanes, et jouant la carte habile de l’amitié entre les peuples, contre, bien évidemment, l’esprit de prédation des puissances impérialistes traditionnelles ; le voyage impérial de l’automne de 1898, long de presque un mois,  fut ainsi à n’en pas douter un grand moment – ainsi lorsque, visitant la tombe de Saladin, à Damas, auprès de la mosquée des Omeyyades, Guillaume prononça ces mots = « Les trois cents millions de musulmans dans le monde peuvent être assurés que l’empereur allemand restera à jamais leur ami et protecteur » [l’empereur allait d’ailleurs assurer les frais de restauration du mausolée] ; il demeure que l’Allemagne – cela ressort de savants travaux historiques – n’avait pas véritablement les moyens financiers, au regard de l’ensemble de ses autres choix domestiques, de conduire une grande politique en Orient en général et dans l’empire ottoman en particulier ; l’affaire de la Bagdadbahn est ici assez exemplaire [v. par ex. Edward Mead Earle, Turkey, the Great Powers, and the Bagdad Railvay ; Jean Ducruet, Les capitaux européens au Proche Orient, pp. 180 sq.] ; l’idée en avait germé, là encore, sous Guillaume Ier et Bismarck, autour de 1885 ; mais l’Allemagne, lorsqu’elle se lancera, devra faire appel aux capitalistes français pour une part, faute d’avoir la possibilité de procéder de façon plus solitaire ; cette affaire se révélera d’ailleurs source de trouble jusqu’à la guerre – le gouvernement de Paris, soumis en cette affaire à la critique constante de Moscou et de Londres, et désapprouvant lui-même vivement cette implication du capital français dans le renforcement de la présence allemande en Orient [voir un recueil de textes de Raymond Poidevin, Finances et relations internationales [1887-1914], partic. pp. 119 sq. ; diverses choses aussi dans la somme du même, Les relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne de 1898 à 1914 ; la recherche des aspects pertinents est facilitée par l’index] ; en fait, selon une répartition des rôles qui n’est pas vraiment pour surprendre, la France – ou ses ressortissants – fut la puissance financière majeure dans l’empire ottoman, et l’Angleterre [bien sûr] fut en mesure d’y figurer comme une puissance commerciale très dominante [capitaux anglais et français se trouvant toutefois conjoints dans la Banque ottomane, bien qu’elle jouât en gros de rôle de banque centrale de l’empire – v. André Autheman, La Banque impériale ottomane – livre intéressant d’ailleurs sur la Bagdadbahn, pp. 185 sq.], l’Allemagne se trouvant tout à fait surclassée ainsi [v. le recueil d’articles de Jacques Thobie, La France et l’est méditerranéen depuis 1850]. Aussi l’engagement ottoman auprès des empires centraux en 1914 ne fut-il certainement pas la conséquence d’une quelconque domination allemande, mais plutôt, conjecturera-t-on, le fruit de deux considérations intelligibles = 1/ les buts de guerre de Constantinople, d’une part, ne pouvaient n’être pas très contrariants pour la Russie [et peut-être, secondairement, pour Londres] ; 2/ la Russie et l’Angleterre, les adversaires du Grand Jeu, incarnaient dans les mondes orientaux, de façon intelligible, une violence impérialiste dont l’Allemagne, absente, ne pouvait être accusée ; d’ailleurs, ce dernier argument avait incité la Perse elle aussi – ulcérée par la convention de 1907 par laquelle Russie et Angleterre s’étaient partagées les zones d’influence sur son territoire – à se rapprocher de l’Allemagne dès avant la guerre ; le déclenchement de cette dernière inclina Berlin à multiplier les envois de missions pour essayer de déstabiliser ses adversaires, œuvrant momentanément ensemble contre elle – et ceci sur plusieurs théâtres stratégiques, au Caucase, en Perse, en Égypte, etc. ; selon les mots du général Helmut von Moltke [1848-1916], le chef du Grand État-major général, en août 1914 : « Il est de la plus haute importance […] que des troubles surviennent aux Indes, en Égypte, et aussi au Caucase. Le traité avec la Turquie doit permettre à la Wilhelmstraße [Ministère des Affaires étrangères] de mettre ses plans à exécution et d’éveiller le fanatisme islamique. » [cité dans son excellent livre – dont tout le début m’a beaucoup éclairé autrefois sur les questions posées ici – par Antoine Fleury, La pénétration allemande au Moyen Orient – 1919-1939, p. 27] ; mais bien entendu, Berlin, à la faveur de la partie qui se jouait, pensait bien, en cas de victoire germano-ottomane, accéder, avec une plausible exclusivité aux regard de la configuration de l’affrontement, à de désormais très probables ressources pétrolières en Mésopotamie, et aussi dans le Golfe persique, tout en évitant le canal de Suez, sous contrôle anglofrançais ; les premières ne lui seraient certainement pas disputées puisque, obtenant la construction de la ligne Berlin-Bagdad, l’Allemagne s’était vu consentir un droit d’exploitation des matières premières et ressources naturelles sur une bande de 20 km de chaque côté ; on notera que la voie ferrée devait passer par Mossoul ; par contre, Londres avait réussi à arracher la construction de la voie de Bagdad à Bassorah – région qui se révèlerait elle aussi très favorable – ; Berlin pouvait simplement espérer qu’une victoire liquiderait la présence anglaise – comme Londres, prévoyant les mandats conjointement avec la France, aspirait bien entendu à l’élimination de l’Allemagne de la région, et à la plus large domination de la Turkish Petroleum Company, créée en 1912 – je m’arrête ici car la question des capitaux de cette institution et de l’évolution de cette dernière appelleraient à elle seule quinze mille signes de plus…

    [xlix] cette formule – issue de la théorisation de ses projections par l’impérialisme yankee – agace un peu notre ami Georges Gastaud, et l’on comprend bien ses motifs, mais ici elle m’est commode pour faire que l’on n’oublie pas l’immensité du déploiement de l’antagonisme inexpiable entre Angleterre et Russie, les plus anciens empires ottoman et perse se trouvant en quelque sorte parmi les enjeux du terrible affrontement ; c’est d’une certaine manière le Great Game encore élargi, et associant désormais, contre la Russie [et peu à peu contre la Chine soucieuse de sa projection OBOR des « routes de la soie »], Londres à Washington, qui constitue  dans un mouvement copernicien un espace immense en Greater Middle East doté d’une signification purement politique au sein de la construction impérialiste du monde.

    [l] largement entendue ici, par rapport aux usages les plus fréquents de la langue contemporaine, comme englobant le « Turkestan russe », l’Iran et l’Afghanistan – c’est-à-dire toute la partie du grand Touran située à l’est de la Caspienne, et bien entendu, juste en-dessous, le grand Iran, comprenant au fond la Perse, l’Afghanistan et bien entendu le Tadjikistan, qui n’est nullement turcique ; je ne saurais passer sous silence ici les remarquables travaux de Mme Svetlana Gorshenina, russe « ethnique » de nationalité ouzbèque autrefois, mais désormais mariée à un Français et devenue notre compatriote, ce qui est une grande chance pour notre pays ; parmi ses nombreux livres, deux permettent plus particulièrement de comprendre comment la Russie impériale, à partir du XIXe siècle, a construit l’espace qui se trouvait à son midi en y progressant = Asie centrale. L’invention des frontières et l’héritage russosoviétique, et L’invention de l’Asie centrale. Histoire du concept de la Tartarie à l’Eurasie ; deux autres ouvrages recommandables = le si précieux Andreas Kappeler, La Russie, empire multiethnique, et Vera Tolz, Russia’s Own Orient. The Politics of Identity and Oriental Studies in the Late Imperial and early Soviet Periods.

    [li] monde du pétrole – c’est-à-dire dans lequel on peut considérer que la croissance et l’ensemble du mode de vie se sont trouvés indexés sur l’accroissement quantitatif durable d’une nouvelle énergie plutôt bon marché ; je ne désignerais pas, je le précise, notre monde présent comme monde de l’électricité… puisque l’électricité n’est pas une énergie primaire ; rien ne fonctionne vraiment à l’électricité au fond ; c’est bien sûr un aspect des difficultés contemporaines de l’opinion mise en forme par la propagande – elle écarte diverses sources d’énergie mais ne semble pas en identifier une qui lui convienne, et elle ne comprend pas l’ampleur de la régression qui accompagnerait une baisse significative de la consommation énergétique – les choses du monde sont lourdes à soulever et les pentes rudes à grimper…

    [lii] puisque la Russie, grâce aux gisements de Bakou, était le premier producteur d’huile du monde dans les premières années du vingtième siècle, avec près de deux cent cinquante mille barils/jour, contre près de deux cent mille pour les Etats-Unis, les deux pays réalisant quatre-vingt-dix pour cent de la production planétaire ; le caractère apparemment contradictoire de cette hiérarchie avec l’accord de 1895 cité au texte s’explique peut-être parce que ce dernier évoquait un partage du marché, tandis que les présentes valeurs concernent les productions respectives ; il faudrait bien sûr creuser.

    [liii] en dépit de directives plutôt modératrices des bolcheviks locaux, dont un certain Koba – nom de guerre alors de Joseph Vissarianovich Djougachvili, plus tard appelé Staline.

    [liv] du moins la chose sera-t-elle rétrospectivement entendue ainsi.

    [lv] peu soutenus, pour le moins, par des forces de l’ordre semblant se tenir largement à l’écart.

    [lvi] la défaite finale de Saint-Pétersbourg dans la guerre russojaponaise [1904-1905] ayant vu la destruction complète de la marine de guerre russe engagée, s’étant accompagnée, comme on vient de l’évoquer, de la révolution dite de 1905.

    [lvii] au point que put être signée ainsi, en 1907, la convention anglorusse de Paris, laquelle ajustait les zones d’influence respectives en Perse, en Afghanistan et au Tibet, avec l’effet notons-le de diminuer encore la latitude d’action de Téhéran, dont le territoire était partagé en trois zones, l’une septentrionale au bénéfice des Russes, la deuxième, au sud-est, revenant aux Anglais, et le reste du pays se trouvant abandonné aux ébats concurrentiels des deux empires du nord, dans le cadre d’une situation toujours plus détériorée de la situation de l’autorité en Perse.

    [lviii] v. le très récent livre de M. Leonardo Davoudi, Persian Petroleum. Oil, Empire and Revolution in Late Qajar Iran.

    [lix] v. T.A.B. Corley, History of the Burmah Oil Company, 1886-1924.

    [lx] d’Arcy avait été invité à ne pas se tourner vers des acquéreurs extérieurs – en particulier par l’Amirauté, cette pièce maîtresse du dispositif impérial britannique, laquelle souhaitait faire évoluer au plus vite, je l’ai déjà relevé plus haut, les techniques de propulsion des bâtiments de la flotte [l’on voit, ici, comment se noue le cycle impérial = pour avoir des colonies, il fallait une flotte, et pour moderniser la flotte au début du XXe siècle, on comprenait désormais qu’il fallait du pétrole, et donc des sources d’approvisionnement, et encore des navires pour parcourir les routes et les garantir – tout cela aurait quelque chose de jubilatoire si cela ne relevait pas du cycle ordinaire d’une épouvante sans fin].

    [lxi] dont, peu d’années plus tard, l’Angleterre allait acquérir la majorité du capital social, à l’initiative d’un homme très au fait des enjeux nouveaux du monde, Sir Winston Churchill [1874-1965], First Lord of the Admiralty de 1911 à 1915, et parfaitement conscient bien évidemment des conséquences des hydrocarbures pour l’amélioration des capacités de la marine de guerre.

    [lxii] l’autre moitié des parts de la TPC était dans un premier temps détenue par la Deutsche Bank, l’AngloSaxon Oil Company [filiale de la Royal Dutch Shell], la National Bank of Turkey [dans laquelle dominaient les capitaux britanniques]et le fameux Calouste Gulbenkian.

    [lxiii] sur l’ensemble de ces aspects dans la longue durée, un livre très facile à lire = Edwin Black, British Petroleum and the Redline Agreement ; et tout le début de la somme en deux volumes de J.H. Bamberg, The History of the British Petroleum Company ; celle-ci pousse jusqu’en 1954 ; un autre livre du même permet de suivre le fil presque jusqu’à la révolution iranienne, British Petroleum and Global Oil [1950-1975]. The Challenge of Nationalism.

    [lxiv] les familiers d’Austin Powers sauront quel personnage j’évoque.

    [lxv] sous la réserve de ce qui suivra à la fin de la note, un moment majeur de l’essor des États-Unis vers une place très dominante dans le secteur du pétrole sera ce que l’on appelle le « Pacte du Quincy », lorsque le second Roosevelt, revenant de la Conférence de Yalta, rencontrera le 14 février 1945 Ibn Séoud à bord du croiseur USS Quincy mouillant dans le Canal de Suez pacte réputé avoir garanti l’appui de Washington à la dynastie Wahhabite et à l’intégrité territoriale du royaume en échange de la reconnaissance par l’Arabie d’une relation très privilégiée avec les États-Unis, assurant ces derniers d’un approvisionnement énergétique suffisant ; il est toutefois possible que cette affaire ait seulement la signification d’un mythe [certes précieux pédagogiquement car aisément mémorisé par les étudiants du fait de l’incarnation qu’il permet] ; en effet les échanges publiés ne comportent pas de mention du pétrole ; et d’un autre côté, les liens pétroliers de Washington et de Riyadh avaient commencé dès 1933, et plusieurs entreprises étatsuniennes étaient associées depuis lors à la prospection et à l’exploitation des gisements séoudiens – avec des résultats d’ailleurs d’abord assez moyens –, la fameuse Arabian American Oil Company [Aramco] se trouvant formellement constituée en 1944.

    [lxvi] j’ai évoqué ces tropismes mimétiques successifs il y a bien longtemps dans mon livre Administration et organisation [1910-1930]. De l’organisation de la bataille à la bataille de l’organisation […] ; s’agissant de l’obsession allemande de la première partie de la Troisième, le grand classique de Claude Digeon, La Crise allemande de la pensée française [1870-1914], demeure une passionnante lecture.

    [lxvii] j’évoque l’aventure de ces effectifs de l’Armée des Indes, partis de Bassorah qu’ils viennent d’occuper, lesquels, après une campagne très éprouvante sous les ordres du Gal Arthur Barrett [1857-1926] puis du Gal Charles Townshend [1861-1924], assiégés dans Kut el-Amara, durent capituler de façon humiliante ; on notera que les assiégeants ottomans étaient dirigés par le Feldmarschall allemand Colmar von der Goltz, déjà mentionné ici il y a quelques notes [lequel ne dut pas voir l’issue de l’affaire qu’il avait conduite, puisqu’il mourut le 19 avril 1916 à Bagdad et que le siège prit fin seulement le 29 du même mois] ; sur cette affaire complexe, intéressante, et surtout révélatrice des préoccupations de l’Empire britannique au début du XXe siècle, voir Fabrice Monnier, 1916 en Mésopotamie.

    [lxviii] grâce au livre de James Barr cité plus haut, Une ligne dans le sable [partic. pp. 81 sq.] cette passionnante et édifiante histoire peut être connue avec précision. Mais il est utile peut-être, avant de reprendre le récit de celui-ci, d’évoquer la figure de l’homme fort de la politique britannique à la fin de la guerre et dans l’immédiate après-guerre = David Lloyd George, dernier Premier ministre libéral  de la vie politique britannique avant que ne s’impose le duopole des Travaillistes et des Conservateurs ; Lloyd George, qui avait été longuement chancelier de l’Échiquier auparavant, occupa Downing Street de la fin de 1916 à la fin de 1922, et donc au moment qui nous occupe. Issu d’un milieu modeste du Pays de Galles, orphelin jeune, élevé par un oncle « non-conformiste », c’est-à-dire appartenant à une mouvance religieusement hostile à l’anglicanisme et radicale, et longtemps persécutée [aspects dont on ne tirera pas la conséquence, inexacte, que ce coureur de jupons, très moyennement scrupuleux du fait de son appétit d’argent ait été un esprit tourmenté par les questions religieuses], il manifestait une forte personnalité et se dressait volontiers contre l’élite à l’anglaise ; pacifiste affirmé, mais modifié par la venue de la guerre, comme tant d’autres en Europe, il avait manifesté un patriotisme exigeant et participé très effectivement aux choix stratégiques et à la conduite de la guerre, affirmant sans nuance, à partir de son accès aux fonctions de Premier ministre, sa prééminence. Quoiqu’il puisse être tentant de le rapprocher, dans les circonstances, de Clemenceau, il se montrera son adversaire en souhaitant, lors du traité de Versailles, adoucir suffisamment le poids de la défaite pour l’Allemagne ; c’est qu’il veillait de près aux intérêts britanniques et, fidèle au fond à la plus constante politique anglaise, ne voulait pas rompre, au bénéfice de la France, cet équilibre des puissances continentales dont Londres a toujours tenté de jouer froidement afin que nulle ne puisse lui disputer sa domination sans pareille. Il finira par tomber des suites de la question de l’Irlande, mais jouira d’une très longue carrière parlementaire encore, laquelle n’a pas lieu de nous retenir ici. Ce qui nous importe est autre = Lloyd George, selon le mot de James Barr, « éprouvait une aversion viscérale pour les Turcs […] et souhaitait depuis longtemps la destruction de l’empire ottoman » [p. 81] ; mais, d’un autre côté, il rejetait les accords Sykes-Picot, du moins dans leur stricte économie d’origine ; ici, l’on ne saurait mieux faire que de citer James Barr, citant d’ailleurs lui-même pour partie Lloyd George [entre crochets, précisions Rials] = « Lors du Conseil des ministres où il découvrit que Balfour [Secretary of State for Foreign Affairs] avait prié Allenby [le général Edmund Allenby [1861-1936], commandant la Force expéditionnaire égyptienne en 1917-1918, avait pris Jérusalem en décembre 1917 – se heurtant alors d’ailleurs à un certain François Georges-Picot, le négociateur des accords Sykes-Picot, Haut-commissaire français en Palestine et en Syrie de 1917 à 1919… – puis fait tomber successivement Damas, Homs et Alep, au cours d’une remarquable offensive, en octobre 1918, à la veille de la capitulation de Constantinople] de respecter ce pacte controversé, il le qualifia de “franchement inapplicable dans les circonstances présentes, et […] d’accord dans l’ensemble fort peu souhaitable du point de vue britannique”. À ses yeux, la Couronne avait défait les Ottomans à elle seule – “Les autres gouvernements s’étaient contentés de poster quelques policiers nègres pour veiller à ce que nous ne dérobions pas le Saint-Sépulcre !” écrivit-il plus tard -, et dès lors le Royaume-Uni devait s’attribuer la part du lion de ce butin. » [ibid.] ; on notera que ce sont les Français qui sont désignés, au travers d’une formulation très caractéristique de l’esprit anglogermanique, de ce temps du moins, espérons-le [esprit, de fait, très exactement partagé par Hitler], associant un racisme antiafricain féroce et une francophobie volontiers incandescente ; l’on comprend certes l’emploi de l’article « inapplicable », mais l’on doit surtout souligner l’expression « fort peu souhaitable du point de vue britannique » qui explique en cette affaire le constant révisionnisme de Londres. Quoi qu’il en soit, Londres poursuivit ses fins, et celles-ci, au regard de l’évolution de l’information concernant la géographie pétrolière de l’Orient, ne pouvaient qu’incliner un homme tel que Lloyd George à se montrer d’une radicale intransigeance en vue de faire tomber la grande région de Mossoul dans la gibecière de la prédatrice Angleterre, voire même d’écarter le plus possible la présence française en Orient, terre promise à l’impérialisme anglosaxon. L’affaire est bien connue grâce aux « Papers » du secrétaire particulier du Premier Ministre et secrétaire du Comité de Guerre, secrétaire encore de l’Imperial War Cabinet, Maurice Hankey [1877-1963], conservés aux Churchill’s Archives de Cambridge ; or c’est justement Hankey – lui-même ancien marin, et indéfectiblement attaché, comme la plupart des responsables britanniques de son temps, aux vues impérialistes anglaises les plus traditionnelles [ce serait peu de dire que ce remarquable et méticuleux travailleur ait été pourvu d’originalité d’esprit] –, qui, auprès de Lloyd George, manifestait la plus forte perception du caractère désormais stratégique, pour une thalassocratie comme l’Angleterre, de la maîtrise d’importantes ressources pétrolières = autosuffisante en charbon, il fallait qu’elle ne devînt pas, à l’heure de l’achèvement de la conversion progressive de sa flotte à la nouvelle énergie, dépendante de puissances extérieures, possiblement hostiles à ses finalités propres [et l’on pouvait songer aux États-Unis wilsoniens – Lloyd George détestait d’ailleurs l’angélisme moralisateur du président Thomas Woodrow Wilson [1856-1924], si réprobateur de l’impérialisme d’ancien style de la vieille Europe]. Dès le début de l’automne de 1918, quoi qu’il en soit, c’est-à-dire avant même la chute d’un Empire allemand qui venait de manifester de façon si dangereuse, au printemps et au début de l’été, qu’il conservait encore une grande vigueur militaire lors de la terrible offensive Ludendorff [dite Kaiserschlacht, bataille du Kaiser] favorisée notons-le par la paix de Brest-Litovsk, la position de Lloyd George était fermement arrêtée ; Londres n’ignorait plus que les géologues allemands, sans doute à l’occasion de la grande affaire du Bagdadbahn, avaient dès avant la guerre localisé dans la région de Mossoul des gisements d’huile dont tout indiquait qu’ils étaient considérables ; assurément, si l’Angleterre mettait la main sur ce trésor, tout en poursuivant ses entreprises dans le même domaine en Iran, elle s’assurerait une indépendance énergétique lui permettant de maintenir durablement sa suprématie maritime, et donc son empire ; dans une note, dont Hankey s’était fait l’écho auprès de Lloyd George – en soulignant que de tels enjeux constituaient « un but de guerre britannique de premier plan » –, un amiral écrivait ainsi = « La grande puissance qui contrôlera les terres pétrolifères de Perse et de Mésopotamie maîtrisera la source d’approvisionnement de la majorité des combustibles liquides du futur. […] Ce contrôle doit être absolu et il est exclu que de quelconques intérêts étrangers y soient mêlés. » C’est au regard de telles considérations que Lloyd George prit la décision, nullement indispensable à des fins stratégiques immédiates, de faire occuper Mossoul par les troupes britanniques, ce qui fut accompli dès le 3 novembre 1918, quatre jours après l’armistice avec l’empire ottoman ; le propos, selon les mots de M. James Barr, était de « pourvoir mettre [les] alliés devant le fait accompli », et en particulier bien entendu les Français – dont il faut comprendre, en ne plaquant pas rétrospectivement sur les sentiments partagés après la Première Guerre ceux que nous peut inspirer la cruelle défaite de 1940, qu’elle passait alors pour la plus grande puissance d’Europe, dans l’effondrement des empires centraux et la marginalisation politique de la Russie, et donc, pour Londres, une menace qu’il fallait s’employer à limiter méthodiquement selon la vue traditionnelle de l’Angleterre s’agissant du continent ; et ceci en agissant avec promptitude car les représentants de la France semblaient très fermes dans leur désir de donner leur pleine signification aux accords Sykes-Picot [v. James Barr, pp.  87 sq.]. Londres – certes tenue à l’œil dans ses démarches par le président Wilson, si réprobateur des traditionnelles façons européennes – sut marquer ici – comme il ne fut pas rare au fil du temps en de telles sortes d’affaires – sa claire supériorité sur Paris, en comprenant simplement [et ici l’on basculait à mon sens progressivement du deuxième temps de l’impérialisme contemporain — je considère comme premier temps l’impérialisme des débuts de la modernité – que je ne dirais pas strictement précapitaliste, puisqu’il connaissait le capitalisme commercial – tel qu’il a fini par culminer dans les politiques mercantilistes –, deuxième temps toujours dominé par les formes diverses du pur et simple colonialisme, à un troisième temps que nous observons en action à présent encore, ne cessant d’ailleurs de se projeter et de s’affirmer par les techniques sophistiquées d’une inlassable et multiforme « guerre hybride » contre les peuples] –, en comprenant donc que le triomphe d’Albion [le géant, fils du dieu des flots, Poseidon… – curieusement l’usage appelle à dire « la perfide Albion », alors qu’Albion est une divinité mâle] se consommerait dans les apparences de la liberté arabe [je souligne parce que je pense que c’est bien de cela qu’il s’est agi, et que l’on tient-là l’esquisse des nouvelles voies de la domination – une domination plus indirecte, plus latérale, plus oblique, je ne sais comment dire mieux – une domination plus rusée, si l’on veut – et, rusé, notre pays, lui, ne saurait pas l’être en Syrie, si bien que, des deux présences des puissances sises de part et d’autre de la Manche, l’une donnerait finalement le sentiment d’avoir réussi, tandis que l’autre paraîtrait avoir dans l’ensemble échoué]. Selon le mot de Lord Curzon [1859-1925], en tant que président de la « Commission orientale » [l’Eastern Committee, commission interministérielleconstituée au sein du Cabinet de Guerre en mars 1918 et placée, donc, sous la présidence du leader de la Chambre des Lords, laquelle se réunira des dizaines de fois jusqu’au début de 1919, afin d’élaborer une politique orientale cohérente], dès le 20 décembre 1918, il fallait, à défaut d’une autre voie, « jouer l’autodétermination » comme propre à avantager Londres par rapport à tout autre acteur du jeu oriental – voici le passage crucial de son intervention  = « I am inclined to value the argument of self-determination because I believe that most of the people would determine in our favour […]. If we cannot get out of our difficulties in any other way we ought to play self-determination for all it is worth wherever we are involved in difficulties with the French, the Arabs, or anybody else, and leave the case to be settled by that final argument knowing in the bottom of our hearts that we are more likely to benefit from it than anybody else. » [cité par William Roger Louis, Ends of British Imperialism. The Scramble for Empire, Suez and Decolonization, p. 275][NB = Lord Curzon, cinquième baron Scarsdale et premier marquis Curzon de Kedleston, était un produit typique de l’aristocratie britannique – les Curzon étaient devenus « baronets », d’ailleurs, c’est-à-dire nobles mais sans la pairie, dès le début du XVIIe siècle, puis barons et pairs par la suite ; la carrière de George Curzon fut ainsi, comme naturellement dans un tel système, éblouissante = vice-roi des Indes à quarante ans, leader conservateur de la chambre des Lords de 1916 à 1924, et impérialiste affirmé, membre du Cabinet de Guerre de Lloyd George depuis 1916, il était alors, en un moment décisif, sur le point de remplacer lord Balfour à la tête du Foreign Office ; on lui prête des formules révélant une infaillible bassesse d’âme – telle = « To be born English is to draw first prize in the lottery of life » – ;il avait donc l’étoffe d’un homme politique important dans un monde de la domination, interne et externe, tel que le sien.] Clemenceau, de son côté, intelligiblement hanté par l’Alsace-Moselle, ne se préoccupait guère de l’Orient, et laissait même entendre qu’il n’avait pas – personnellement du moins, car il savait bien que tous ne partageaient pas sa perspective à Paris – de vues sur la Syrie ; Lloyd George, désireux avant tout d’obtenir Mossoul à ce moment-là, était ainsi en mesure de jouer de la peur du « Tigre » de voir notre pays frustré, après tant de sacrifices, de nos provinces de l’Est, pour parvenir à ses fins ; or, grâce aux Hankey Papers, l’on connaît les échanges des deux chefs de Gouvernement au tout début de décembre 1918 – voici comment James Barr [p. 89] les évoque = « Eh bien, commença [Clemenceau] lorsqu’il rencontra Lloyd George […], de quoi devons-nous discuter ? — […] De la Mésopotamie et de la Palestine, répondit [Lloyd George]. — Dites-moi ce que vous voulez, fit le Tigre. — Je veux Mossoul. — Vous l’aurez, lui assura le Français. Rien d’autre ? — Si, je veux aussi Jérusalem. — Vous l’aurez », répéta Clemenceau, non sans avertir son hôte que son très impérialiste ministre des Affaires étrangères, Stephen Pichon [1857-1933], créerait « des difficultés au sujet de Mossoul. » [Pichon avait été, après quelques affectations diplomatiques à l’étranger, Résident général en Tunisie de 1901 à 1906 ; il occupa le Quai d’Orsay de 1906 à 1909, en 1913, et de 1917 à 1920. Ce républicain ardent, proche de Clemenceau, fut bien entendu, du fait de ses fonctions, l’un des négociateurs du traité de Versailles en 1919. ] Que Pichon l’ait sermonné ou qu’il se soit ressaisi de lui-même, le « Tigre » eut sans doute le sentiment d’avoir été trop bon prince ; il retrouva bientôt ses crocs ; et lors de la première réunion du Conseil suprême des puissances victorieuses, le 12 janvier 1919 – présidant la séance tenue au Quai d’Orsay, à la fois comme puissance invitante, et en tant qu’il était le plus âgé des gouvernants présents –, il fut manifeste que l’administration française se battrait pied à pied pour que les promesses du temps de guerre fussent tenues [ici, pp. 90 sq., James Barr est très intéressant, comme toujours, mais la francophobie usuelle des Anglais, excitée par la rugueuse personnalité de Clemenceau, suinte de tout le passage] ; il se trouve, toutefois, que la France se trouvait fort handicapée dans sa démarche, conformément à la prédiction plutôt brillante de Lord Curzon, que j’ai évoquée plus haut ; en effet, Wilson ne voulait pas entendre parler d’autre chose que de la perspective d’une autodétermination des peuples et, en tout cas, exigeait que l’on considérât leurs souhaits, si une tutelle très temporaire devait être maintenue ; or l’émir hachémite Fayçal ben Hussein [1883-1933] [que l’on va retrouver au texte dans un instant] exprimait une nette préférence pour les Anglais, pour divers motifs dont ceux tirés de l’histoire proche n’étaient certes pas les moindres ; et, bien entendu, tout en se montrant fort compréhensif sur le chapitre de la Palestine [une époque, n’est-ce pas, qui se poursuit aujourd’hui, s’ouvrait], il fit habilement valoir l’horizon de l’autodétermination lorsqu’il fut admis à prendre la parole [traduit de l’arabe par le colonel Lawrence], et il rencontra le plus grand succès auprès de la délégation étatsunienne, et de façon générale fit le meilleur effet [Barr, p. 93]. Bien entendu, la presse française et le gros de la classe politique de notre pays dénoncèrent une ruse de l’impérialisme anglais ; et c’était à n’en pas douter le cas ; de ce côté-ci du Pas-de-Calais, on se revendiquait des titres légaux si anciens de la France auprès de la Porte ottomane, liés à la vocation du Royaume Très-Chrétien à défendre les chrétiens d’Orient [et à la stratégie anti-impériale, et donc hostile à la Maison d’Autriche, du royaume], mais on ne voit pas trop quelle justification nous eussions pu donner à la revendication impérialiste française sur la Syrie, et l’on ne saurait s’empêcher de sourire en constatant l’évocation nostalgique des Gesta Dei per Francos [ou à peu près] par l’athée Clemenceau ; la façon qu’avait Londres de suggérer qu’elle eût tout fait en Orient ne pouvait au demeurant qu’être odieuse à notre pays meurtri – la patrie d’un million et demi de morts, la patrie des blessés innombrables, et, désormais, la patrie de sept cent mille veuves, et la patrie des mères et des pères orphelins de leurs propres fils ; et notre sentiment était compréhensible que si Londres avait pu faire davantage ailleurs, avec des dangers minimes, c’est parce que nous avions tenu ici, supportant la plus lourde part, sur notre sol dévasté, du terrible choc ; mais, je le redis, un tel sentiment ne permettait pas que nous jugeassions que nous avions comme un droit à nous « refaire », en quelque sorte, sur le monde arabe dans son complexe et attachant département syrien étendu, selon l’accord de 1916, jusqu’à la grande région de Mossoul ; toutefois, bien qu’un effectif croissant de l’opinion française ait fini par considérer l’aspect oriental comme un enjeu d’importance pour le pays, notre gouvernement, redoutant sans doute de s’affaiblir internationalement au regard du climat de l’heure, préféra se replier afin de pouvoir privilégier d’autres enjeux ; et, le 15 février 1919, il signifia à Londres que la France 1/ renonçait à l’application stricte des accords Sykes-Picot, 2/ abandonnait en particulier toute ambition sur la province de Mossoul, et 3/ consentait à se contenter d’un simple mandat sur la Syrie, tel qu’il lui en serait consenti un par la suite. Une telle reculade donna bien sûr tous les culots à Albion, laquelle – n’hésitant pas à révéler ses motifs profonds, touchant bien sûr à l’huile –, accrut ses exigences en réduisant le territoire consenti aux Français et en exigeant le rattachement d’une partie de la Syrie à la Mésopotamie, afin de pouvoir faire passer un oléoduc par Palmyre, dont la vocation serait d’acheminer le pétrole du nord de l’Irak jusqu’à la Méditerranée ; mais cette fois, Clemenceau – légitimement [si on laisse de côté l’illégitimité intrinsèque de toutes les figures de la domination impérialiste] – se raidit définitivement ; et il ne pouvait être invité au compromis au-delà d’un certain point par Stephen Pichon, lequel était profondément engagé en faveur de l’affirmation impérialiste de la France [ici, bien entendu, nous découvrons un monde, très présent déjà autrefois, et qui n’a fait que prospérer = celui des « lobby[ies] », des intérêts organisés, ordonnés à un travail constant de « relations publiques » – comme finira par dire Bernays – ; plus précisément = il est acquis que Pichon œuvrait – non sans quelques avantages personnels, semble-t-il – en relation avec le Comité de l’Asie Française, institution créée en 1901 et qui devait, en particulier, publier jusqu’en 1940, d’abord le Bulletin du Comité de l’Asie Française, ensuite la revue simplement intitulée L’Asie Française ; je reviendrai quelque jour, si l’occasion s’en présente, sur  la constellation d’institutions – des sociétés de géographie aux purs et simples groupes de pression – dont le travail culminait au Parlement dans ce qu’on appelait le « Parti colonial »].

    [lxix] ce titre de Khadim al-Haramayn al-Sharifayn – forme duelle notons-le – donne un immense prestige à celui qui le porte.

    [lxx] la dynastie hachémite assuma cette fonction du XIe siècle jusqu’au XXe, lorsqu’Ibn Séoud la lui ravit ; le Khadim est ainsi depuis près de cent ans le roi séoudien.

    [lxxi] cela ressort en gros, malgré un certain flou, de la correspondance entretenue – une dizaine de lettres parfois longues – de l’été 1915 à l’hiver 1916 par le Chérif de La Mecque avec Arthur Henry McMahon [1862-1949], colonel et Haut-Commissaire de la Couronne britannique en Égypte ; anecdote révélatrice, McMahon était né au Penjab en 1862, fils du général Charles Alexander McMahon [1830-1904], lequel travaillait pour le British Raj [et passait pour bon géologue et s’intéressant au… pétrole], fils lui-même, ai-je pu trouver grâce à une petite recherche, d’un capitaine Alexander McMahon « of the East India Company’s Service »… ; on a là une de ces grandes familles d’officiers et administrateurs coloniaux sur lesquelles pouvaient compter l’Empire britannique, lesquelles jouissaient bien sûr de développements de carrière inespérés dans les pays moins bien pourvus en colonies.

    [lxxii] désigné malgré lui comme roi constitutionnel de Syrie par un Congrès national syrien qui mesurait mal la radicalité de la détermination de ses adversaires, en particulier français, et qui proclama l’indépendance de la Syrie et l’union de la Syrie, de la Jordanie et de la Palestine, Fayçal fut écarté après la Conférence de San Remo [avril 1920] plaçant comme annoncé la Syrie sous mandat de la France ; le général Henri Gouraud [1867-1946], Haut-Commissaire de la République en Syrie et au Liban, et placé à la tête de l’armée du Levant, se montra inflexible ; ce notable officier colonial, indéniablement courageux, doté pendant la Grande Guerre d’importants commandements [le Corps expéditionnaire français aux Dardanelles ainsi en 1915], se montra très inférieur à sa mission en Syrie, son manque de finesse, résultant manifestement d’un sectarisme religieux inapproprié, et nuisible dans la durée aux chrétiens eux-mêmes, contrastant avec la subtilité anglaise d’ensemble dans le mandat voisin ; ainsi Fayçal dut-il quitter son royaume, pour en retrouver toutefois un autre, celui d’Irak, par la volonté de l’habile puissance mandataire anglaise.

    [lxxiii] il paraît toutefois assez fréquemment que les agents britanniques qui étaient utilisés sur le terrain, en vue d’un programme ou d’un autre, demeuraient partiellement ignorants, et des autres programmes et même parfois d’une partie des finalités au fond poursuivies ; tel fut le cas même du colonel Thomas Lawrence [1888-1935], on va l’évoquer dans quelques lignes.

    [lxxiv] v. Bruce Westrate, The Arab Bureau. British Policy in the Middle East [1916-1920].

    [lxxv] c’est-à-dire le chemin de la Méditerranée à l’Océan Indien en passant par le canal de Suez, la Mer Rouge et Bab el-Mandeb.

    [lxxvi] dont Amurath to Amurath, en 1911, traduit très récemment en français sous le titre Ainsi finissent les empires, particulièrement riche en notations intéressantes.

    [lxxvii] il me semble ainsi que le soupçon d’Edward Saïd [1935-2003], inlassablement repris, est finalement trop unilatéral, et qu’une analyse implacable de l’impérialisme, indispensable, ne gagne pas beaucoup à caricaturer les psychés complexes de certains de ses acteurs ; on ne peut ainsi comparer une Bell avec un Sykes, et moins encore un amateur sincère d’art africain avec d’innombrables prédateurs sans scrupules dont Léopold II de Belgique [1835-1909], en tant que « souverain de l’État libre du Congo », de 1885 à 1908, fut probablement le plus monstrueux.

    [lxxviii] Sans doute à cause du très fameux film Lawrence of Arabia de David Lean [1962], avec Peter O’Toole dans le rôle titre ; il n’est pas certain que la projection successivement il y a quelques années d’un film de Werner Herzog, Queen of the Desert, et d’un long et beau documentaire, malheureusement difficile à trouver en ligne, Letters from Baghdad, ait suffi à conférer la même notoriété à Gertrude Bell ; peut-être certains seront-ils heureux de voir le film d’Herzog – en voici une version non payante = https://ok.ru/video/433080765014  [version originale anglaise sous-titrée en arabe]

    [lxxix] s’agissant de sa thèse, il s’agit d’un mince mais intéressant ouvrage, publié en 1936 sous le simple titre Crusader Castles, et republié à plusieurs reprises depuis un tiers de siècle

    [lxxx] ma position est distincte de celle de certaines personnes que j’estime, je l’ai mesuré à l’occasion de commémorations récentes ; les guerres de nos armées révolutionnaires étaient des guerres tendant à la libération des peuples ; elles furent largement comprises ainsi au travers de l’Europe, que ce fût pour s’en réjouir ou pour le déplorer, au point que les puissances traditionalistes traitassent la France en ennemie ; un document sonore que j’aime entre tous – ultérieur de cent ans, mais rappelant que le souvenir de cette signification objectivement révolutionnaire de nos guerres n’était pas oubliée en Italie – = le fameux air « Vittoria » du deuxième acte de Tosca de Puccini est véritablement enthousiasmant ; l’on est en juin 1800 et Bonaparte gagne la victoire de Marengo ; lorsque le peintre Cavaradossi, détruit pourtant par la torture que lui fait administrer le baron Scarpia, chef de la police du camp réactionnaire, entend un messager annoncer la victoire française à Marengo, il retrouve quelque force et entonne l’air évoqué = « Vittoria ! Vittoria ! / L’alba vindice appar / che fa gli empi tremar ! / Libertà sorge, crolla tirannidi ! » [si on en a le goût, voir à la vingt-et-unième minute de la vidéo suivante, avec la merveilleuse Callas dans le rôle de Tosca et Renato Cioni celui de Cavaradossi, Tito Gobbi donne un extraordinaire Scarpia dans une mise en scène de Franco Zeffirelli = https://www.youtube.com/watch?v=rT-86OtwzDI // une version plus complète, mais sans les images – on cherchera alors à 1h2mn15s = https://www.youtube.com/watch?v=2K00z1dPBM4 / Bien entendu, à l’époque récente, c’est surtout des guerres napoléoniennes qu’il a été question ; on ne saurait nier, ni qu’elles furent des guerres révolutionnaires, imposées dans une large mesure par les forces les plus réactionnaires, ni qu’on doit les réputer pourtant ambivalentes, du fait d’une dérive qui toutefois ne semble pas devoir  affecter le jugement que l’on porte sur le choix d’un jeune homme certes un peu confus, Fabrice Del Dongo ; si l’empereur avait perdu plus rapidement, le destin de l’Europe, et en tout cas de la France s’en fût trouvé changé ; et c’est pourquoi je peine à suivre ceux qui ne veulent pas distinguer entre Napoléon et ses adversaires [autre chose le cas de Napoléon III, lequel partagea bien, dans sa jeunesse du moins, quelques idées brumeusement généreuses, mais dont le règne fut en tous aspects désastreux].

    [lxxxi] éphémère regroupement des républiques d’Arménie, et Arménie ; développements clairs sur cette affaire qu’il évoque à juste titre comme « extraordinairement complexe », de M. Nicolas Werth [russe issu de l’émigration], libéral je le précise, mais analyste intelligent et auteur, tout bien pesé, souvent préférable à mon sens à beaucoup d’autres au sein de l’historiographie libérale bourgeoise, réservé en particulier sur les ravages de la doctrine, purement politique et dirigée contre le socialisme comme on le sait, du « totalitarisme » ; v. Histoire de l’Union soviétique, 1ère éd., PUF, 1990, pp. 173 sq. [ce livre, notons-le, a rencontré un très grand écho, dans sa traduction russe, après la chute de l’Union soviétique].

    [lxxxii] ici, l’affaire Mirsaïd Sultan-Galiev [1892-1940] est d’un extrême intérêt sous tous ses aspects ; v., déjà ancien, Bennigsen et Lemercier-Quelquejay, Sultan Galiev. Le père de la révolution tiersmondiste

    [lxxxiii] L’URSS de la Révolution à la mort de Staline, p. 100 ; notons que M. Werth, ibid., p. 176, écrit quelque chose de plus net encore = « Malgré son hostilité au fédéralisme, Lénine, devant le danger de désintégration de l’ex-Empire russe, décida de faire du principe fédéral le fondement du nouvel État soviétique. »

    [lxxxiv] korenizatsia – d’où l’emploi parfois en France du curieux mot korénisation

    [lxxxv] v. les vues très fermes en ce sens de M. Mathieu Renault, qui présente, de façon certes persuasive, un Lénine donnant la priorité moins à la réforme d’un empire qu’à sa destruction, in L’empire de la révolution. Lénine et les musulmans de Russie, pp. 131 sq.

    [lxxxvi] le commissaire du peuple aux Affaires étrangères de l’URSS de 1923 à 1930, Gueorgui Vassilievitch Tchitcherine [1872-1936] souhaitait absolument rétablir des liens commerciaux suffisamment denses ; notons que cet homme très talentueux, ce remarquable polyglotte, était un personnage assez atypique dans la galerie des nouveaux dirigeants du pays ; issu d’une famille de vieille noblesse byzantine devenue russe au XVIe siècle [ce qui n’était pas fréquent en dépit de ce qu’avait suggéré Marc Ferro il y a quelques années – Félix Dzerjinski, dira-t-on, appartenait bien à la noblesse polonaise – mais celle-ci est innombrable –, et le père de Lénine aurait été anobli], toujours opposant au régime impérial, mais passé par plusieurs formations politiques avant de rejoindre les bolcheviks vers la fin de la guerre, cet homme raffiné passait pour homosexuel ; un livre sur l’homme et l’activité = Timothy Edward O’Connor, Diplomacy and Revolution. G.V. Chicherin and Soviet Foreign Affairs.

    [lxxxvii] pour avoir opposé Staline à Trotski [1879-1940] à partir de 1924, le thème de la « révolution dans un seul pays », venu de Boukharine [1888-1938], ne doit pas être caricaturé ; la pratique effective de l’URSS fut, raisonnablement, transactionnelle, les besoins de la révolution suggérant que l’on ne se jetât pas dans un conflit extérieur permanent, mais l’internationalisme interdisant bien entendu le repli sur soi [puisque le propos était bien « la victoire du socialisme dans tous les pays », selon les termes du début du ch. 2 de la « Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité » rédigée par Lénine en 1918 [et placée au début de la constitution du 10 juillet 1918 de la République socialiste fédérative soviétique de Russie] ; d’une certaine façon, les échecs des révolutions marxistes en Europe après la Première guerre comme la survie du régime soviétique après la mort de Lénine, appelaient les deux parties – l’Ouest et l’Est si l’on veut – à un minimum de cohabitation, sauf à s’engager dans un processus de guerre perpétuelle.

    [lxxxviii] Rapallo comportait un aspect assez sombre certes ; à côté d’une renonciation des deux parties à des réparations et d’un volet commercial, l’institution d’une collaboration militaire secrète, laquelle sera maintenue jusqu’en 1933, favorisera l’entraînement et le réarmement allemand selon les orientations d’un personnage important dans cette affaire, le général von Seeckt [1866-1936] ; v. James Corum, The Roots of Blitzkrieg. Hans von Seeckt and the German Military Reform – avec d’intéressantes illustrations.

    [lxxxix] les personnes d’un certain âge ont le souvenir du rappel autrefois fréquent des fameux « emprunts russes » ; la bourgeoisie française, on l’a relevé plus haut, peu audacieuse et moins orientée que d’autres vers les investissements productifs domestiques, se tournait volontiers vers des titres d’État étrangers ; il n’est pas exact, contrairement à ce que l’on disait en général, qu’il y ait eu un strict refus de la Russie de rembourser les dettes de l’État impérial auquel elle succédait ; Moscou eût voulu une négociation plus globale, acceptant de reconnaître le principe de sa dette, mais sollicitant en échange de nouveaux prêts et un développement des relations commerciales, ainsi que d’importantes réparations pour l’intervention contrerévolutionnaire récente des puissances occidentales – toutes exigences qui échouèrent à la Conférence de Gênes d’avril-mai 1922, en particulier du fait de leur caractère inacceptable aux yeux de Raymond Poincaré [1860-1934], président du Conseil depuis le mois de janvier.

    [xc] Voir le livre déjà cité de M. Michael Jabara Carley, Une guerre sourde. L’émergence de l’Union soviétique et les puissances occidentales.

     

    [xci] on peut se reporter par ex. à l’assez récent ouvrage de M. Georges Vidal, Une alliance improbable. L’armée française et la Russie soviétique [1917-1939], partic. pp. 189 sq.

     

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  • Ce 21 aout 2021 à Toulouse, à l’initiative du PRCF et des JRCF, et à l’appel d’un large collectif de défenseurs de la Paix, s’est tenu un rassemblement contre le centre de guerre spatiale de l’OTAN. Une manifestation saluée et soutenue par de nombreux partis communistes des pays membres de l’OTAN et qui s’est tenue avec la du Parti Communiste des Peuples d'Espagne (PCPE).

    Signalons la mobilisation exemplaires des jeunes camarades des JRCF, avec des délégations venues à Toulouse depuis l’Alsace et la Bretagne, et ce au cœur de l’été. Rejoignant la présence pour ce rassemblement symbole d’une cinquantaine de manifestants.

    Retrouvez en vidéo les images de cette manifestation.

     

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr

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  • Lettre aux agriculteurs - par Fadi Kassem porte parole de l'Alternative Rouge Tricolore (IC.fr-

    Cher(e)s concitoyen(ne)s,

     

    Héritier des grandes traditions républicaines, patriotiques et progressistes du Parti Communiste Français, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) s’adresse à vous fraternellement.

    A l’heure d’une situation sanitaire anxiogène débutée il y a plus d’un an désormais, vous êtes inquiets pour votre avenir, celui de vos enfants, celui de la France qui conditionne votre existence même. La casse organisée de notre pays s’accélère sur tous les plans – industriel, agricole, social, culturel, linguistique même car tout est fait à tous niveaux pour substituer à la langue française le tout-globish de l’UE et de la mondialisation capitaliste ; les services publics sont peu à peu liquidés ; le lien social se distend. Tout est soumis aux directives autoritaires et aberrantes de Bruxelles et de Berlin avec la complicité active de nos gouvernants depuis des décennies, Macron, Philippe et Castex prenant le triste relais des Sarkozy et autre Hollande.

    Sur le plan agricole, la nouvelle 2023/2027 reste dans le même esprit que les précédentes : abandon des petites exploitations familiales, aucune réflexion pour réguler la volatilité des marchés agricoles, et un effort insuffisant pour soutenir la reprise ou l’installation de jeunes agriculteurs.

    Les politiques européennes sont insuffisantes et nuisibles pour résoudre le manque de dynamisme de l’agriculture française.

    Insuffisantes, car la demeure un système de subventions et de primes : doit-on se satisfaire d’un système agricole sous perfusion de fonds publics et où les aides directes représentent 46% du revenu des paysans ? Un paysan ne devrait-il pas vivre pleinement et dignement de son travail ?

    Nuisibles, car l’Union européenne met en concurrence directe les agriculteurs français avec leurs homologues espagnols, polonais, roumains, etc., exigeant que les produits agricoles français soient aussi compétitifs que les autres, alors qu’ils ont été produits avec des normes sanitaires, sociales et environnementales plus strictes. Pire : par l’adoption de traités comme le CETA ou le TAFTA, l’UE va renforcer les logiques de concurrence et les étendre aux marchés mondiaux, menaçant ainsi davantage l’avenir de l’agriculture de notre pays.

    Nous, communistes du PRCF, refusons les solutions faciles et mortifères consistant à : réduire les exigences environnementales dans le but de promouvoir le tout-pesticides et OGM de l’agro-business ; diminuer les normes sanitaires exposant la nation française et les filières agricoles à une nouvelle crise de la vache folle ou un autre H1N1 ; démanteler les droits sociaux de chacun hypocritement dénoncés par les partis et médias bourgeois comme des « charges sociales » ; sacrifier l’agriculture sur l’autel du tout profit au détriment du travail accompli par les agriculteurs.

    Au contraire, nous défendons le principe d’une agriculture à taille humaine, fondé historiquement en France sur un modèle familial. Nous sommes favorables au développement et à l’utilisation des progrès scientifiques et techniques dans l’agriculture (sans faire pour autant table rase des savoirs empiriques venant du terrain), sans que ceux-ci soient dévoyés par les capitalistes imposant le modèle destructeur et à bout de souffle fondé sur les pesticides toxiques, les engrais issus de ressources non renouvelables et la destruction de la nature. La recherche agronomique doit devenir réellement indépendante des groupes de pression : la priorité doit être donnée au long terme et au respect des équilibres naturels.

    Le problème essentiel des prix agricoles doit être réglé par une intervention de l’État, sans cesse contraint par l’Union européenne qui promeut une « économie de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussée ». Des prix garantis couvrant les coûts de production et la rémunération des paysans doivent être mis en place comme ce fut le cas avec l’Office National Interprofessionnel du Blé (ONIB) créé en 1936. La mainmise de la Grande Distribution et des industriels des semences et des produits phytosanitaires doit prendre fin. Est-il normal que certains paysans travaillent 55h par semaine pour gagner moins que le SMIC ? Et surtout, qui leur vole le fruit de leur travail, si ce n’est le distributeur et l’industriel ?

    Une véritable politique de souveraineté alimentaire doit être reconstruite sur la base, dans un premier temps, d’un protectionnisme agraire (comme le fond certains pays comme la Suisse par exemple) : favoriser le commerce local/national, mettre fin aux spéculations financières sur les céréales par l’organisation d’un stockage public, relocaliser et développer l’approvisionnement alimentaire de la restauration collective, redévelopper les CUMA, taxer les produits alimentaires issus de l’importation, etc., sont des priorités essentielles pour reconstituer notre souveraineté alimentaire.

    Pour ce faire, il faut sortir, par la voie progressiste, de ce collier étrangleur que sont l’euro et l’Union européenne qui interdit toute lutte sérieuse contre les grands monopoles capitalistes qui exploitent, aujourd’hui comme hier, les travailleurs de l’usine et de la terre.

    C’est pourquoi le PRCF vous invite à la réflexion, à la discussion, et pourquoi pas à l’action commune. L’ennemi du paysan n’est nullement le salarié, le syndicaliste ouvrier, l’enseignant et le fonctionnaire qui subissent le blocage des salaires et les suppressions d’emplois massives depuis plus de trente ans. Pas davantage les travailleurs immigrés jetés sur les routes de l’exil par les guerres impérialistes et par le pillage capitaliste des pays de l’Est et du Sud. L’ennemi des agriculteurs est le complexe agro-industriel capitaliste, seulement mu par le désir du profit maximal et du dividende de plus en plus déconnectés de la production matérielle concrète qui est au cœur du quotidien de l’artisan, de l’agriculteur, du petit commerçant, etc.

    Une coopération entre nations souveraines, sans importations concurrentielles et en fonction des besoins réels de chaque pays, est possible. C’est le développement de chaque individu fondé sur la propriété commune des grands moyens de production, des ressources naturelles, des avancées scientifiques, que nous voulons promouvoir sous le nom de communisme.

    Combattant les faux « patriotes » du RN qui, derrière un discours démagogique et haineux, mènent la France à la guerre civile, opposés aux faux communistes et aux faux socialistes qui ont rallié la pseudo « construction » européenne et contribué à la destruction des structures productives de la France, nous agissons, sous l’impulsion de notre porte-parole national Fadi Kassem, pour une Alternative rouge-tricolore, afin de reconquérir la souveraineté nationale et populaire sans laquelle une production relocalisée, de qualité et efficace sera détruite par la concentration capitaliste mortifère.

    Construisons une société où l’efficacité économique, l’initiative individuelle et la modernité technologique ne seront plus le masque de l’exploitation pour la majorité, mais la base du mieux-vivre pour toutes et pour tous, et qu’ainsi adviennent les nouveaux « Jours heureux » dont nous avons tant besoin !

    Nous sommes à votre disposition pour engager le dialogue.

    FADI KASSEM, porte-parole national du PÔLE de RENAISSANCE COMMUNISTE en FRANCE (PRCF)

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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    Le 13 aout 2021 les parlementaires venezueliens réunis en congrès ont approuvé l’accord négocié à Mexico sous l’égide de la Norvège entre le gouvernement du président Nicolas Maduro et certains représentants de l’opposition de droite. Un accord qui comprend une avancée historique, la reconnaissance par l’opposition de la légitimité du président Nicolas Maduro. Ainsi que l’engagement à renoncer à la violence et à demander que les sanctions états-uniennes frappant le Venezuela soient levées. Les négociations doivent se poursuivrent du 3 au 6 septembre prochain. Cependant cet accord avec une opposition représentant la classe capitaliste venezuélienne, totalement aux ordres de Washington et qui n’a de cesse de démontrer sa violence pour rétablir sa mise en coupe réglée du pays et de ses richesses n’est pas sans poser de question. C’est en ce sens que le parti communiste du Venezuela appelle le peuple, les travailleurs du Venezuela a se mobiliser pour défendre leurs intérêts.

    Le pacte des élites se consolide

    au Mexique. PCV

    Les représentants des deux fractions les plus importantes de la bourgeoisie nationale se sont mis d’accord au Mexique pour jeter les bases d’un processus de négociations politiques qui prend du temps et qui donne des résultats concrets au profit des ennemis du peuple vénézuélien.

    D’un côté, nous avons le gouvernement de Nicolás Maduro et la direction du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), représentant les intérêts des puissants «nouveaux riches» formés à l’ombre des entreprises d’État. De l’autre côté, l’aile droite, dirigée par Juan Guaidó, Henrique Capriles et les partis sociaux-démocrates, représente la bourgeoisie nationale traditionnelle et les intérêts des groupes monopolistiques transnationaux étasuniens et européens.

    Il faut rappeler que la fraction de la droite de l’opposition agit ouvertement en subordination aux intérêts de l’impérialisme américain et européen, elle tire sa source pour forcer les négociations de l’impact nuisible des sanctions coercitives, unilatérales et illégales imposées par les puissances impérialistes contre le pays.

    Compte tenu de cette composition de classes des deux forces qui se réunissent au Mexique, il est clair que le contenu des « dialogues de paix » sera centré sur leurs intérêts. C’est pourquoi, quand ils parlent de négociations pour la « stabilité » ou du « salut national », ils se réfèrent à la création de conditions pour assurer leur propre stabilité et leur salut, au détriment des intérêts du pays et du peuple travailleur de la ville et des campagnes

    Le mémorandum d’accord du Mexique repose sur les accords économiques antérieurs, qui visent à fournir des garanties aux capitaux privés. Le gouvernement et l’opposition de droite sont d’accord sur l’actuel ajustement économique néolibéral imposé par la politique de libération des prix, la dollarisation de fait de l’économie, les privatisations d’actifs publics, le retour des entreprises publiques et des terres agricoles dans les griffes du capital privé et des propriétaires fonciers, les politiques d’assouplissement fiscal, l’ouverture au capital privé dans le secteur pétrolier, la politique de destruction des et la déréglementation des relations de travail. Ainsi que les importantes promesses faites aux capitaux privés nationaux et étrangers de juteux avec les Zones économiques spéciales et les attentes d’une réforme de la loi sur les hydrocarbures qui vise à privatiser le secteur pétrolier et à réduire la capacité de l’État à capter les revenus pétroliers.

    C’est pour cela que la classe ouvrière, la paysannerie et les secteurs populaires ne peuvent être appelés à la tromperie avec les dialogues de la bourgeoisie qui se tiennent au Mexique. Ce ne sont pas nos intérêts ni nos besoins qui comptent dans l’agenda des représentants politiques de la rapace bourgeoisie nationale et transnationale, bien au contraire : c’est sur le sacrifice de nos conquêtes et de nos droits, et en faisait porter sur nos épaules tout le poids de la et des sanctions impérialistes illégales, qu’aujourd’hui ces deux forces politiques de la bourgeoisie se serrent la main et aspirent à signer le « calumet de la paix ».

    Un exemple de cette réalité est que, alors que les dialogues donnent des résultats rapides dans la libération de personnalités de droite impliqués dans des agressions étrangères contre le pays, de nombreux travailleurs sont toujours emprisonnés en raison d’une politique croissante de judiciarisation et de criminalisation des luttes ouvrières, syndicales et paysannes.

    Mais les preuves vont plus loin : alors que les dialogues génèrent des réponses rapides aux demandes des patrons de payer moins d’impôts et de libérer des prix, les exigences des travailleurs pour un salaire minimum rémunérateur et contre les licenciements illégaux sont rejetées.

    Le Bureau Politique du Comité Central du Parti Communiste du Venezuela (PCV) rejette et condamne cette farce de négociations qui s’impose de dos aux exigences et aux besoins réels du peuple travailleur de la ville et de la campagne.

    Nous dénonçons auprès du peuple vénézuélien que l’objectif des négociations du Mexique est de consolider le pacte bourgeois pour le partage des richesses du pays entre les capitalistes nationaux et étrangers, tout en imposant un ajustement économique anti-populaire. Tout cela, en garantissant une impunité grotesque à ceux qui ont amassé de grandes fortunes sous couvert de corruption et à ceux qui ont favorisé des sanctions illégales étrangères contre le pays et se sont emparés de ressources appartenant à la nation.

    Aujourd’hui plus que jamais, les travailleurs doivent être unis pour lutter contre l’offensive que le pacte bourgeois du Mexique imposera contre nos droits et la souveraineté du pays.

    Hier, c’était le pacte de Punto Fijo; aujourd’hui, ce sera le pacte de Mexico. Avec de nouveaux et d’anciens acteurs, mais toujours contre les intérêts du peuple travailleur et de la patrie.

    La classe ouvrière, la paysannerie et les forces populaires doivent construire l’Alternative à caractère populaire et révolutionnaire face à la nouvelle alliance des élites.

    Bureau politique du Comité central du Parti communiste du Venezuela (PCV)

    Caracas, 17 août 2021

    traduction depuis l’espagnol Boris pour la commission internationale du PRCF et www.initiative-communiste.fr

     

     

    source:   https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Dès le 12 juillet, date de l’allocution de décrétant le « passe sanitaire », les deux secrétaires nationaux du PRCF ont condamné le discours et les dispositifs ségrégatifs et liberticides du « tyranneau de l’Elysée » en montrant qu’ils ne pouvaient que

    • dresser les Français les uns contre les autres,
    • affaiblir en réalité la lutte contre la grave épidémie en cours,
    • faire diversion aux énormes manquements sanitaires du pouvoir (y compris en matière de vaccination: à quoi rime de stigmatiser la minorité de soignants qui refusent la vaccination si dans le même temps, des millions de gens qui souhaitaient être vaccinés, enseignants et assistantes maternelles en tête, ne pouvaient l’être faute de doses et de vaccinodromes sur l’ensemble du pays?)
    • et aggraver à la fois la fascisation en marche de la société (par ex. la scandaleuse loi dite de « sécurité globale », ou l’inscription à perpétuité dans la loi des dispositifs de l’état d’urgence!) et les attaques contre les droits sociaux.

    C’est pourquoi les militants du PRCF vont aux manifestations contre le passe sanitaire, non pas pour faire chorus avec l’anti-vaccinisme de principe, cet obscurantisme, ni pour y soutenir l’idéologie libertarienne de droite (« à bas l’Etat, je fais ce que je veux, mon corps est sacré »), mais pour y dénoncer l’ensemble des mesures liberticides et anti-égalitaires dont le passe sanitaire est la déclinaison pseudo-sanitaire.

    Refusant de tomber dans le piège d’une opposition entre pro-vaccins et anti-vaccins qui ne fait que diviser les travailleurs (que ceux qui veulent se vacciner puissent le faire vite, partout, avec l’ensemble des vaccins mondialement disponibles y compris russes, chinois et cubains!) et que ceux qui ne le veulent pas n’y soient pas contraints par des policiers qui ne sont eux-mêmes pas soumis à l’obligation vaccinale! 

    Et surtout, que germe dans ces manifs estivales comme dans tous le pays l’idée de construire à la rentrée une énorme manifestation nationale de combat contre l’ensemble des mesures liberticides, antisociales (casse des retraites, des indemnités chômage, de l’Education nationale et de l’hôpital public, euro-privatisation d’EDF et de la SNCF, démantèlement programmé de Renault et de PSA, etc.) dictées par le MEDEF et l’Union européenne. Car seule une telle manif aurait l’autorité populaire nécessaire pour appeler tous les travailleurs de France à engager la lutte sur toutes les formes pour qu’émerge enfin le « tous ensemble en même temps » indispensable pour sauver la France de l’euro-dislocation et de la fascisation de moins en moins rampante sous l’égide du Parti Maastrichtien Unique qui va de Le Pen à EELV en passant par LREM, les LR, le PS maastrichtien et ses éternels satellites électoraux).

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Appel aux patriotes républicains fidèles à l’esprit du 18 juin 1940   (IC.fr-20/08/21)

    Par Georges Gastaud et Fadi Kassem, secrétaires nationaux du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF)

    Léon Landini Président du PRCF, résistant FTP MOI, Pierre Pranchère vice-président du PRCF, résistant FTP

    Annie Lacroix-Riz, historienne

    « La flamme de la Résistance française ne s’éteindra pas ».

    Charles de Gaulle, 18 juin 1940

     « Jamais, un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ».

    Appel clandestin Duclos/Thorez du 10 juillet 1940.

     

    Chers compatriotes, 

    En dépit des apparences, notre pays vit un des moments les plus périlleux et humiliants de son histoire et c’est désormais son existence même qui est en jeu. 

    Intensément malaxé par les forces de marée de l’intégration euro-atlantique, qui détruisent sa souveraineté, ses acquis sociaux forgés en 1945/47, sa politique internationale non alignée, sa République une, laïque et indivisible et jusqu’à sa langue sacrifiée au tout-globish de l’euro- dite néolibérale, la France est également rongée de l’intérieur, non par les travailleurs immigrés inlassablement stigmatisés par les racistes, mais par toute une série de séparatismes euro-régionalistes qui misent ouvertement sur sa dislocation, de la Corse à la Bretagne et de l’Alsace aux Pyrénées-Orientales. 

    Non seulement les partis dits de gouvernement, LREM, LR, PS, EELV et leurs éternels micro-satellites électoraux, se relaient au pouvoir pour appliquer la politique unique de l’Europe germano-americaine, mais ils le font désormais en connivence avec le Rassemblement lepéniste, dit « national »: en effet, dernier accepte désormais très officiellement l’UE supranationale et atlantique, la monnaie unique alignée sur le deutsche Mark et les Accords de Schengen; la présidente du RN ne dit mot de l’arrachage en cours du français au profit du globish et elle se satisfait de surenchérir sur les politiques liberticides et sur les dérives hyper-atlantiques de Macron, Hollande et autre Sarkozy en matière diplomatique et militaire. 

    Face à l’affaissement général de notre pays en tous domaines, y compris militaire et éducatif (repositionnement stratégique général des Armées, mais aussi fin de l’Education nationale et du baccalauréat national anonyme, dérive accélérée vers l’enseignement hyper-inégalitaire prédominant aux Etats-Unis d’Amérique, tout cela sous l’égide des Blanquer et autre Pécresse), Berlin, auquel le Traité d’Aix-la-Chapelle donne un scandaleux droit de regard sur la politique française, en est désormais à exiger sans ménagements que la force de frappe française et que le siège français au Conseil de sécurité de l’ONU soient transférés à l’UE faux nez de l’impérialisme allemand qui domine l’Europe sous la supervision générale de Washington.

    Dans ces conditions, le PRCF, dont les fondateurs sont presque tous des Résistants et des descendants de Résistants, rappelle que naguère, sans pour autant jamais renier leurs identités respectives, les gaullistes et les communistes ont pesé ensemble, ou du moins parallèlement, pour refuser l’asservissement de la France à l’Occupant nazi, pour créer le Conseil National de la Résistance, pour empêcher que la France ne devienne un protectorat américain en 1945, pour que l’Europe supranationale ne nous dicte pas notre conduite, pour que l’appareil industriel et agricole français ne soit pas démantelé et pour que la France sorte de la direction intégrée de l’Alliance atlantique. 

    Un tel esprit de résistance et d’indépendance est d’autant plus vital et actuel que la politique euro-atlantique actuelle est ouvertement orientée vers un « conflit de haute intensité » avec la Chine et la Russie. Or un tel confit pourrait signifier l’extermination sans reste du peuple français, si n’est la mort de l’humanité. 

    D’autant que nous avons une dette d’honneur envers le peuple russe puisque le Général de Gaulle, en visite d’État à Moscou en 1944, y déclarait loyalement : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ».

    Dans ces conditions, le PRCF déclare solennellement que la mobilisation unitaire pour sortir la France de l’OTAN, et de son partenaire stratégique, l’UE, et plus généralement et offensivement, pour reconstruire une République française souveraine, sociale, laïque, indivisible, démocratique, fièrement francophone, internationalement libre et non alignée, est plus vitale que jamais.

    C’est dans cet esprit que nous, PRCF, avec l’appui de plusieurs militants gaullistes connus, avons impulsé le rassemblement unitaire de Toulouse contre l’OTAN le 21 août 2021 et que, plus globalement, nous menons campagne pour un Frexit progressiste capable de rendre à la France sa liberté et sa place d’honneur, héritée des Lumières et de la française, dans la lutte pour pour la paix, pour le progrès social, pour le droit de chaque peuple à disposer de lui-même et pour l’émancipation sociale et nationale de tous peuples.

    Ensemble, et chacun à partir des références politiques, historiques et morales qui motivent son engagement de toujours, militons pour un grand sursaut populaire, progressiste et patriotique.

    Il n’est que temps pour tous ceux qui aiment vraiment leur pays.

     

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  • A plusieurs reprises, de sales individus ont clandestinement maculé de graffitis nazis la plaque commémorative portant le nom de Simone Veil* dans une petite ville de Bretagne. Dans certaines manifs récentes, de tristes personnages ont promené des pancartes déshonorantes lourdes d’un antisémitisme allusif. Sur les réseaux sociaux, la fachosphère se déchaîne et désigne indirectement les juifs comme l’origine de la pandémie. Le marxiste allemand Bebel désignait déjà l’antisémitisme comme « le socialisme des imbéciles », c’est-à-dire comme le moyen utilisé par la réaction pour détourner les masses de la lutte internationaliste contre le capital.

    Ces résurgences nauséeuses sont l’accompagnement idéologique de la fascisation en marche de notre pays et de l’Europe à l’heure où le « parlement » européen ose mettre dans le même sac l’Allemagne nazie et l’URSS, son principal vainqueur militaire, les hitlériens et les communistes, qui furent le fer de lance des Résistances antifasciste des Brigades d’Espagne aux Partisans de France, d’Italie, de Grèce ou de Yougoslavie ? Car écrire la monstrueuse équation prétendument antitotalitaire « communistes = nazis », c’est nécessairement rabaisser les premiers et REHAUSSER, BANALISER les seconds ! C’est ainsi que l’Autoroute A 1 est parsemée de slogans – que les autorités n’ont cure d’effacer – « A bas la République ! » et « Vive le Christ-Roi ! ». Et dire que, pendant ce temps, des formations qui se croient républicaines et progressistes et qui ne verraient pas le soleil à midi, continuent de pinailler sur la notion de fascisation !

    *Nous n’avons certes pas une admiration sans nuance pour cette grande bourgeoise réactionnaire à laquelle est attribué le mérite d’avoir légalisé à elle seule l’IVG : chacun sait au contraire que la prétendue « loi Veil » ne fut votée qu’avec l’appui massif des députés communistes et socialistes alors que la droite parlementaire UDF et RPR votait majoritairement contre. Il y a mille Résistantes communistes, à commencer par Danielle Casanova, Martha Desrumeaux ou Marie-Claude Vaillant-Couturier qui eussent mérité d’entrer au Panthéon avant Mme Veil, sans parler de la Résistante et philosophe non communiste Simone Weil, mais tel n’est pas notre propos aujourd’hui. S. Veil est salie post mortem PARCE QUE juive et parce que symbole, vrai ou faux, de l’émancipation féminine, de même que Christiane Taubira, membre des très maastrichtiens gouvernements Hollande, était sans cesse attaquée par la droite parce que Noire, femme et ennemie de l’homophobie. Mille fois moins sectaires que les anticommunistes primitifs soi-disant « progressistes » qui nous gouvernent, nous communistes ne transigerons jamais avec n’importe quelle forme d’obscurantisme, de machisme, d’homophobie et d’antisémitisme

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  • Un hélicoptère évacue l’ambassade américaine alors que les Talibans entrent dans Kaboul


    Par Georges Gastaud

    Suite à la débâcle US en Afghanistan, la totalité des commentateurs bien-pensants se lamentent sur cette incontestable victoire de portée mondiale du fanatisme islamiste. Oui les égorgeurs financés par le Pakistan et les pétromonarchies vont à nouveau dévaster un pays entier, lyncher des centaines de milliers d’individus suspects de modernisme, humilier et rabaisser les femmes, exporter dans le monde entier leurs pratiques sanglantes contraires à l’Islam tolérant d’Averroès et de la Nahda.

    Mais ne dites pas, Messieurs les antisoviétiques de choc qui avez inlassablement milité pour la victoire des prétendus « combattants de la liberté » (= les seigneurs de la guerre afghans armés par les USA contre les communistes afghans soutenus par l’URSS), « nous n’avons pas voulu cela », comme osait le faire le Kaiser Guillaume II à l’issue des massacres de la Première Guerre mondiale: oui, vous avez voulu cela car votre fanatisme anticommuniste et antisoviétique était tel, dans les années 1978/1992, que vous avez financé, armé, soutenu politiquement et porté aux nues n’importe quel mouvement intégriste, féodal et fanatique pour que tombe le jeune Afghanistan laïque, mixte et progressiste que tentaient de construire les jeunes officiers afghans qui, durant la même période, ont tenté de mettre en place la , le libre accès à l’eau de tous les paysans afghans, l’accès des filles à l’école et à l’Université (en 1980 les filles étaient plus nombreuses que les garçons à l’Université de Kaboul!) et un début très timide de laïcisation du pays.

    Mais à l’époque, vos aboyeurs BHL, André Glucksmann et Cie, soutenus par toute la droite, toute la social-démocratie et par une bonne partie de l’extrême gauche « trotskiste » montaient en chaire tous les jours pour appeler à la défaite de l’URSS, à son départ de l’Afghanistan, où l’Armée rouge avait été appelée par le gouvernement légal conformément au traité d’assistance mutuelle existant (c’est-à-dire conformément au droit international: il n’y a jamais eu d’ « invasion » soviétique de l’Afghanistan) selon le prétexte suprêmement fanatique de l’exterminisme capitaliste: « plutôt morts que rouges » ou, plus précisément « plutôt n’importe qui, y compris Ben Laden, que les communistes »!

    A l’époque, ce n’est d’ailleurs pas la défaite militaire de l’Armée afghane aidée par l’URSS qui a provoqué la chute du régime laïco-progressiste de Kaboul, c’est la capitulation en rase campagne de Gorbatchev cédant sur tous les terrains aux exigences de l’impérialisme occidental et privant même l’armée afghane des moyens militaires lui permettant de tenir tête aux égorgeurs. A l’époque, Messieurs les humanistes, vous n’avez même pas eu un frisson d’horreur quand notre camarade Najibullah, ultime président « communiste » afghan, et par ailleurs musulman pratiquant, fut publiquement châtré et torturé publiquement par les talibans avant d’être pendu: un communiste, ce n’est évidemment pas une « personne humaine » comme vous les affectionnez… 

    Aujourd’hui, ce sont vos amis qui vont subir le pire et nous, communistes, ne nous en réjouissons pas car, loin de pratiquer votre morale inhumaine du « n’importe qui plutôt que les rouges », nous savons que l’anticommunisme mène au pire et que ceux qui livrent les communistes aux bourreaux ici, fanatiques religieux ailleurs, se condamnent eux-mêmes tôt ou tard à subir le même sort. Une phrase célèbre attribuée au pasteur Niemöller a déjà exprimé cette idée moult fois.

    Face à la défaite globale des Lumières qui se produit sous nos yeux à Kaboul, par la faute des impérialistes américains et de leurs petits vassaux européens, l’heure n’est certes pas à un bloc mondial contre l’ et encore moins à un « choc des civilisations » (Occidentaux contre musulmans) qui fait le jeu des pires fanatiques tout en aggravant la fascisation en cours des Etats occidentaux dominants. L’heure est à la renaissance du Mouvement communiste international (y compris, il faut y réfléchir sérieusement tant les dangers sont graves pour toute l’humanité, à l’émergence d’une nouvelle Internationale communiste tenant compte de toute l’expérience historique), à la résurgence du Front anti-impérialiste pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à la lutte pour les Lumières communes qui sont foncièrement incompatibles avec l’antimarxisme, l’anti-léninisme et l’anticommunisme dominants. 

     

    Georges GASTAUD, le 16/08/2021


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  • Communiqué n°32 – 17 août 2021

     

    La prise de pouvoir des Talibans, qui n’a connu aucune réelle résistance, est l’acte final du drame du peuple Afghan commencé il y a plus de trente ans lors de la mise à mort de la République démocratique d’Afghanistan par les Etats-Unis.

    Ce désastre pour les forces démocratiques survient vingt ans après que Washington se fut engagée dans une « guerre contre le terrorisme » en multipliant les exactions de masse en Afghanistan et en oubliant que le plus important pour garantir la stabilité d’un Etat demeure la sortie du pays de l’extrême pauvreté dans lequel l’ordre capitaliste mondialisé, s’ajoutant à l’alliance des impérialistes avec les féodaux les plus rétrogrades, a plongé ce pays.

    En effet, en finançant les pseudo « combattants de la liberté » des années 1980 au nom de la lutte contre le dirigeant communiste Najibullah et contre l’URSS, les Etats-Unis et leurs affidés ont nourri une Bête immonde qui s’apprête à priver les femmes de tout droit et à plonger dans l’obscurantisme un pays auxquels le Parti afghan allié à l’URSS avait apporté des avancées en termes de réforme agraire, de mixité (il y avait plus de filles que de garçons à l’Université de Kaboul dans les années 1980!) et d’ouverture sur la modernité.

    La responsabilité des Etats-Unis, tous présidents confondus, dans ce chaos est immense ; leur bellicisme toujours justifié par une pseudo « Destinée manifeste » se révèle contre-productif à terme aussi bien en Afghanistan qu’en Irak ou qu’au Vietnam. Mais on ne saurait négliger la politique atlantiste suicidaire des euro-dirigeants successifs de France qui, Mitterrand en tête, ont applaudi à la chute de la République démocratique d’Afghanistan, le pseudo « philosophe » BHL s’enturbannant même aux côtés des moudjahidines dans les années 1980…

    De surcroît, entendre Macron défendre « l’égalité quelque que soit l’origine, la religion ou le sexe » alors qu’il courtise les pires pétromonarques – au point de vendre armes et avions à l’Arabie saoudite – relève de la tartufferie. En effet, on ne peut prétendre combattre les forces islamistes qui plongent le Moyen-Orient et une partie de l’Afrique dans le chaos tout en s’alliant avec le wahhabisme saoudien. De même, on ne peut prétendre défendre les droits de l’homme tout en soutenant l’Etat colonialiste d’Israël, qui poursuit son œuvre d’élimination du peuple palestinien.

    Voilà pourquoi Fadi Kassem et le PRCF mènent campagne pour une Alternative Rouge et Tricolore en 2022 : il s’agit d’œuvrer à un ordre mondial pacifié et vraiment internationaliste, ce qui implique de rompre avec les néfastes OTAN et l’UE atlantique. La coopération sur des bases égalitaires avec les autres nations doit se substituer à la domination impérialiste prête à tout pour assurer son hégémonie, y compris en finançant – au moins dans un premier temps ! – les forces islamistes. Pour changer radicalement de cap géopolitique, la France doit recouvrer sa souveraineté, donc œuvrer pour le Frexit progressiste sans lequel tout discours humaniste est mensonge.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • A désormais 8 mois du premier tour de la présidentielle 2022, la campagne politique, programmatique pour et par les travailleurs est lancée. Lancée pour battre en brèche les voies dangereuses et sans issues, porteuses de la destruction de notre pays et de misère et d’exploitation de ses travailleurs. Celle de la tenaille sordide du duo Macron Le Pen, face similaire de la perpétuation du système en place accélérant ainsi la fascisation. Celle aussi des fausses alternatives, des Bertrand Pécresse à la droite extrème au centre mou des Jadot Hidalgo et autre Piolle variante bleuie, verdie, rosie ou même rougie freulaté de la lutte des places remplaçant la lutte des classes, c’est à dire celle du même programme, celui de l’application des directives imposées depuis Bruxelles, par le MEDEF et le CAC 40 par le refus de la sortie de l’UE et de l’euro. Car de Piolle à Le Pen en passant par Macron c’est bien des candidats pour un même programme, celui décidé par le grand patronat et ses monopoles, de faire toujours plus profond les poches des travailleurs, si besoin en approfondissant la répression anti populaire et en accélérant toujours plus dans l’eurofascisation .

    La campagne lancée pour ouvrir l’alternative…

    Une alternative progressiste c’est à dire au service des intérêts de la classe des travailleurs, ces 99% qui font le pays, le fond tourner comme on a pu le constater de façon éclatante tout au long de la crise sanitaire et de ses confinement. Une alternative rouge. Une alternative faite de souveraineté populaire pour que prime la décision du peuple, de souveraineté nationale aussi pour briser ces chaines de l’Union Européenne qui chaque jour écrasent un peu plus le pays, ses conquêtes sociales, ses droits démocratiques, son appareil productif et ses services publics sous le joug de la dictature de la classe capitaliste, Une alternative pour sortir de l’UE, de l’Euro et de l’OTAN et rouvrir ainsi les possibles des coopérations internationales en lieu et place de la concurrence dressant sous les affres du dumping fiscal, social et écologique les peuples les uns contre les autres pour faire exploser sans cesse plus les profits des milliardaires Une alternative de paix également donc . C’est à dire une alternative tricolore. Une alternative rouge et tricolore qui seule permet de s’en sortir en sortant de l’Union Européenne, de l’Euro, de l’OTAN et du Capitalisme.

    Avec le Frexit progressiste, en sortir pour s’en sortir : Fadi Kassem et le PRCF, l’alternative rouge et tricolore

    Cette alternative rouge et tricolore est incarnée depuis maintenant plusieurs mois par un porte parole, qui est donc naturellement candidat à la candidature pour l’élection présidentielle de 2022, Fadi Kassem, jeune co secrétaire national du PRCF. Une alternative rouge et tricolore portée par une campagne de terrain avec des affichages et tractages partout en France. De la Région parisienne à la Dordogne, de la Corrèze au Nord Pas de Calais, de Saint Etienne à Bordeaux, de Marseille à Strasbourg.
    Alors vous l’aurez remarqué, en dehors de quelques rares tribunes qui ont pu être relayées par le site de l’hebdomadaire Marianne, Fadi Kassem et l’alternative rouge et tricolore sont interdits de médias. Il faut le dire c’est là le résultat d’une censure systématique et impacable mise en oeuvre par les quotidiens des milliardaires, leurs chaînes de télévisions et de radios, ainsi que par l’audiovisuel . Car comme vous pouvez le constater ci dessous, chaque semaines des milliers de journalistes de ce pays ont reçu des communiqués de presse les informant des initiatives et propositions du candidat Fadi Kassem, porte parole de l’alternative rouge et tricolore.

    Faites entendre votre voix de travailleurs, rejoignez la campagne

    Cela n’étonnera personne qu’il ne faut pas attendre des capitalistes de donner la parole dans leurs médias à ceux qu’ils asservissent et exploitent. Bien sûr que dans la presse et les radios des milliardaires, pour donner l’image d’un semblant de pluralisme il est possible d’entendre parfois quelques voix se réclamant du progrès. Cyniquement d’ailleurs parfois pour diviser en ne laissant parler aujourd’hui un candidat fraichement émoulu pour mieux critiquer un plus ancien dont la popularité les millions de voix ont pu inquiéter ces même milliardaires hier. Mais la censure frappant les communistes, surtout lorsqu’ils sont franchement communistes et entendent rebatir le solide parti communiste donc les travailleurs de ce pays ont besoin comme le font les militants du PRCF, et bien cette censure est totale.

    Pour faire avancer le débat d’idées au service des travailleurs, celui des propositions pratiques et concrètes, à chacun donc sur les réseaux sociaux comme de vive voix auprès de sa famille, de ses proches, de ses collègues, de ses camarades de syndicats ou d’association de briser cette censure. En rejoignant la campagne de l’alternative rouge et tricolore, en portant avec Fadi Kassem, non pas une action électoraliste, mais un militantisme de terrain, politique au sens le plus noble du terme, celui du front populaire et des jours heureux.

    jbc 

    L’alternative Rouge et Tricolore en 30 communiqués de presse :

     

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Au coeur de cet été sous grondement populaire, Georges Gastaud appelle dans une récente note de son blog à s’appuyer sur les lumières communes.

     

    Mouvement populaire, renaissance communiste et Lumières communes.

    “Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire”. Diderot et D’Alembert Ce mot d’ordre porté par les Encyclopédistes Diderot et d’Alembert inspira la Révolution française en permettant l’arrimage du Tiers-État en mouvement et de la philosophie des Lumières. “Pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire”. Lénine La devise de Lénine permit la jonction du mouvement prolétarien russe … Lire la suite de Mouvement populaire, renaissance communiste et Lumières communes.

     

    Depuis ce mois de mars 2021, Lumières Communes, de philosophie générale à la lumière du en cinq Tomes bénéficie d’une réédition.

    Pour cammander les 5 tommes (soit 2500 pages grand format) :

    • Par Chèque : 113,15 € (soit 100€ + 13.15 euros de faris de port pour la France métropolitaines) à l’ordre d’Editions degla – à envoyer à Editions Delga 38 rue Dunois 75013 Paris merci de ne pas oublier d’indiquer votre adresse pour recevoir les exemplaires
    • par carte bleue ou paypal depuis le site des éditions delga
     
     
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  • Nous ne nous débattons pas ici des mérites comparés des différents vaccins, des traitements etc. L’analyse que nous versons ici au débat est un simple bilan mathématique qui vise à éclairer une des racines du coup politique de Macron lancé le 12 juillet dernier alors qu’après un troisième déconfinement ratés en raison de la poursuite du sous investissement dans la prévention et le soin, ainsi que des contraintes structurelles imposées par la mondialisation capitaliste virale, une nouvelle vague épidémiques se propagent à grande vitesse dans le pays.

    C’est l’un des scandales à la base du scandale : la pénurie effective de vaccin alors que le régime Macron est incapable de produire les vaccins contre le covid-19 et se trouve dépendant des livraisons américaines et allemandes :

    • cela car il a fait le choix aux ordres de l’Allemagne et du CAC40 de refuser la levée des brevets sur ces vaccins
    • et cela aussi car il a refusé la proposition pourtant formulée dès l’automne dernier par la Russie de produire en France le vaccin Sputnik V, le premier mis au point et disponible et ayant montré l’un des plus haut taux d’efficacité. Un vaccin qui est toujours interdit par l’Union Européenne, pour des raisons non explicitées mais qui ont tout à voir avec la guerre froide menée par l’Axe impérialiste Washington Bruxelles et peu à voir avec la médecine
    • sans parler du dénigrement systématique des vaccins chinois, et de la censure frappant les vaccins développés par Cuba sur la base de la technique innovante et théoriquement la plus sûre, celle des protéines sous unitaires.

    En conséquence la France ne dispose pas du nombre de doses suffisantes pour vacciner immédiatement la totalité de la population qui est soumise aux obligations du passe sanitaire. Il est de ce point de vue faux de croire comme le diffusent certains agitateurs de peurs que le pass sanitaire aurait été mis en place pour écouler d’hypothétiques stocks de vaccins pléthoriques, tout particulièrement de vaccin ARN, stocks qui n’existent pas en France et ce alors même que l’OMS ne cessent de protester contre l’immense pénurie de vaccins pour la majorité de l’Humanité, se trouvant dans les pays en développement.

    Faisons les comptes.

    Quelles sont les stocks de vaccins livrés en France ? un jeu de données publié par Santé Public France permet de le suivre jour par jour : https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/donnees-relatives-aux-stocks-des-doses-de-vaccins-contre-la-covid-19/

    le site web covid tracker en donne une représentation graphique quotidienne

    A la date du 15 août 2021 on décompte ainsi pour les 4 seuls vaccins autorisés par l’Union Européenne le nombre total de doses livrées de

    • Pfizer 65 391 690
    • Moderna 9 424 800
    • Astrazeneca 10 739 400
    • Jansen 2 379 800
    • total : 87 935 690 doses

    Ces chiffres comprennent cependant les doses déjà injectées. Soit au 11 aout 2021 :

    • Pfizer 62 808 795
    • Moderna 7 790 681
    • Astrazeneca 7 747 412
    • Jansen 940 195
    • total : 79 287 083 doses

    Il y a donc à la date du 15 aout 2021 les doses en stocks ou en prévision de livraisons suivantes

    • Pfizer 2 582 895
    • Moderna 1 634 119
    • Astrazeneca 2 991 988
    • Jansen 1 439 605
    • total : 8 648 607 doses

    On remarquera, que pour les personnes ne souhaitant pas se faire vacciner par les injections à ARN de Biontech et Moderna, les stocks les plus importants en termes de disponibilités sont ceux d’astrazeneca et Jansen (51% des doses disponibles).

    Au 12 août, il y avait :

    • 38 185 615 personnes totalement vaccinées
    • 45 517 748 personnes n’ayant eu qu’une doses
    • 33 508 323 secondes doses injectées et 45 517 748 premières doses injectées.

    Le besoin théorique en doses de vaccins pour vacciner les 56 millions de personnes éligibles (plus de 12 ans) est donc au 12 aout de :

    • 7 332 133 secondes doses à fournir aux personnes ayant eu une dose mais non encore vaccinées (primo injection et rappel)
    • 10.5 millions de non vaccinés nécessitant donc 21 millions de doses pour une double injection
    • soit un besoin d’environ 28.3 millions de doses

    20,5 millions de doses manquantes, 10 millions de personnes ne peuvent être vaccinées !

    Le besoin de doses est donc comme on vient de le calculer de plus de 28 millions de doses. Or il n’y en a dans les stocks et prévus en livraison au 15 aout que 8.6 millions. Soit un déficit de 20.5 millions de doses. Soit au 15 aout 2021 10 millions de nos concitoyens qui bien que soumis au passe sanitaire sont dans l’impossibilité structurelle d’être vaccinées. La pénurie est toujours là, et heureusement pour Macron que les 12 millions de non vaccinés ne débarquent pas dans les centres de vaccinations. De ce point de vue on comprend bien le pourquoi et le commun de la stratégie politique adoptée par le régime Macron pour passer en force ce passe sanitaire et pour faire de la provocation autour. Alors que la responsabilité du régime Macron est engagée dans ce qui est une pénurie effective de vaccin, cela lui permet de mener une campagne médiatique pour stigmatiser comme responsable de la crise sanitaire… ceux qui s’opposent au passe sanitaire ! Et de compter sur le renforcement de l’opposition à la vaccination pour que des millions de personnes les centres de vaccination pour éviter que de longues files d’attente ne mettent en évidence encore plus qu’aujourd’hui la pénurie. Cynique dites vous ?

    Quel est le stock total, y compris les injections actuellement effectuées, de doses nécessaire pour que toute la population éligible aie la garantie d’avoir accès au nombres d’injections requis ? 107.7 millions de doses.

    D’après covidtracker, au 22 septembre prochain, le total n’aura qu’à peine dépassé les 100 millions ! Et ce alors que le gouvernement prétend à cette date procéder à des doses de rappel complémentaires pour 5 millions de personnes déjà vaccinées !

    Il y a donc urgence à mettre en œuvre les revendications portées par le PRCF en matière de vaccin contre le covid qui sont à l’opposée du passe sanitaire, exprimée dès l’automne 2020, et renforcées ce 12 juillet dernier (lire ici)

    Et bien évidemment de mettre en œuvre tous les autres moyens de luttes : gestes barrières, prévention et dépistage, sans oublier le soin dans toutes ses composantes et au plus tôt et avec tous les traitements possibles sous la libre prescription des médecins !

     

    JBC 

    source: http://www.initiative-communiste.fr/

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  • Non au centre d’excellence spatiale de l’O.T.A.N. à Toulouse !  (IC.fr-12/08/21)

    Non au centre d’excellence   spatiale  de l’O.T.A.N. à Toulouse !                Rassemblement le 21 août-15h         pour la paix et la coopération internationale  entre les peuples

    Alors que la de guerre contre la Russie et la Chine s’amplifie jour après jour, Macron a validé l’installation d’un centre d’excellence spatiale de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Toulouse. Ainsi, la , se retrouve embarquée plus que jamais dans une désastreuse marche à la guerre – déjà, des navires français patrouillent aux côtés de la flotte de guerre des Etats-Unis en mer de Chine – tout en livrant aux grandes multinationales étatsunienne le peu de souveraineté industrielle et spatiale qu’il lui reste.

    C’est pourquoi, à l’appel du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), sera organisé un rassemblement le samedi 21 août 2021 à 15h à Toulouse, afin de dénoncer ce projet aussi coûteux que dangereux pour la paix mondiale et pour exiger la sortie de l’OTAN, condition indispensable pour assurer une paix mondiale et une véritable coopération internationaliste. Cet appel signé par des militants communistes, progressistes et patriotiques et progressistes, politiques, syndicalistes, associatifs et simples citoyens et travailleurs, s’adresse à toutes et tous ceux désireux d’en finir avec une machine de guerre qui sème le chaos et le désarroi dans le monde entier.

    Tous ensemble en même temps, le samedi 21 août 2021 à Toulouse, clamons haut et fort : DEHORS L’OTAN !

     
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