Les quatre cinémas municipaux bretons, oubliés des aides du Centre national du cinéma (CNC), s’insurgent. Les maires de Loudéac, Penmarc’h, Quimperlé et Quiberon en appellent à la ministre de la Culture.
La Bobine, à Quimperlé ; le Quai des images, à Loudéac ; l’Eckmühl, à Penmarc’h ; le Paradis, à Quiberon : ces quatre cinémas ont pour particularité d’être exploités en régie municipale. Ce sont les seuls en Bretagne. Ce sont également les seuls en Bretagne à être exclus des aides aux pertes d’exploitation versées par le CNC.
« On n’a pas le droit à l’aide au chômage partiel et on n’a pas le droit à l’aide pour la perte de recettes », s’indigne Isabelle Allo. La directrice du Quai des Images, à Loudéac, s’inquiète : « Le CNC concerne toutes les salles, publiques comme privées. C’est la première fois que les salles municipales sont exclues des aides du CNC, ça crée un précédent ».
Un courrier commun des quatre maires
Gwenaëlle Kervella, adjointe au maire de Loudéac, déplore cette inéquité, préjudiciable à la mission de service public assumée par les quatre municipalités bretonnes. « Géographiquement, en France, les salles municipales se trouvent surtout dans les banlieues ou les milieux ruraux où le privé ne va pas s’installer faute de rentabilité », rappelle l’élue loudéacienne.
Les maires de Loudéac, Quimperlé, Penmarc’h et Quiberon souhaitent que leurs cinémas municipaux bénéficient des mêmes aides que les autres. (Le Télégramme/Samuel Uguen)Les maires de Loudéac, Quimperlé, Penmarc’h et Quiberon en appellent donc à Roselyne Bachelot. Dans un courrier adressé à la ministre de la Culture et de la Communication, ils regrettent un dispositif « pour l’heure réservé aux cinémas privés et associatifs, en excluant les salles publiques qui ont, elles aussi, subi de plein fouet les conséquences du confinement ».
« Les difficultés rencontrées depuis le début de la crise sanitaire ne sont pas moins prononcées pour ces salles publiques que pour les autres », soulignent Bruno Le Bescaut, Michaël Quernez, Gwenola Le Troadec et Patrick Le Roux.
Des « structures culturelles fragiles en difficulté »
Un premier bilan établi par les quatre cinémas fait état d’une baisse de fréquentation comprise entre 56 et 58 %, avec des pertes d’exploitation allant de 64 915 € à 124 910 €, soit près de 393 000 €. « Des pertes conséquentes » pour les collectivités qui « mettent aujourd’hui ces structures culturelles fragiles en difficulté ». « C’est grâce aux politiques publiques que des équipements comme les nôtres peuvent continuer à proposer une programmation active et pertinente avec une politique tarifaire résolument sociale, proche des habitants. Sans votre soutien, cette politique culturelle sera gravement mise en péril et durablement fragilisée par une situation sanitaire inédite », s’alarment les élus bretons.
Bruno Le Bescaut, Michaël Quernez, Gwenola Le Troadec et Patrick Le Roux demandent « solennellement que les aides du CNC, en direction de l’exploitation, soient les mêmes pour toutes les salles de cinéma de France, quel que soit leur statut : public ou privé ».