• Le Yémen agonise depuis trois ans dans une guerre oubliée par l'Occident. Les bombardements de la coalition menée par l'Arabie saoudite, avec le soutien des pays européens qui lui vendent des armes, tuent et blessent de très nombreux civils. Les enfants sont les premières victimes du conflit. Extrait d'un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 8 février 2018.

    Pour sensibiliser le public occidental à la situation dramatique du Yémen, la réalisatrice Khadija Al-Salami a eu l'idée de confier à des enfants le soin d’interviewer d’autres enfants victimes de la guerre. Ahmed, 11 ans, et Youssef, 9 ans, arpentent la ville de Sanaa dans un reportage, à voir en version courte dans "Envoyé spécial" le 8 février 2018. Dans cet extrait, ils vont à l'hôpital rencontrer des enfants blessés par les bombardements et soignés par une association.

    Le premier d'entre eux, Hassan, 10 ans, a des traces de brûlure sur son bras bandé. L'un de ses os était sorti, un autre cassé. Le garçon a eu treize opérations. Onze à la main, et deux à la cuisse. "On a entendu les avions arriver et ils ont bombardé notre maison pendant qu'on en sortait. Mon frère a été tué." Les avions de la coalition menée par l'Arabie saoudite font énormément de victimes civiles.

    A côté, Rida, 10 ans, est dans un fauteuil roulant. Elle a été touchée à la jambe par un éclat d'obus. C'était avant la fête de l'Aïd. Aujourd'hui, elle ne peut plus marcher.

    Grièvement blessés et traumatisés

    A cause d'une grenade, Nabilla, 9 ans, est blessée aux jambes et a deux doigts de la main droite sectionnés. Elle jouait dans la ferme de ses parents avec neuf autres enfants quand l'engin est tombé. "On l'a jetée, et elle a explosé. Les neuf enfants ont été tués."

    "J'étais à l'école et j'ai vu passer une patrouille", raconte Hatem, 10 ans. La patrouille a été bombardée. "J'ai été propulsé en l'air, et un éclat d'obus m'a touché à la tête." Il a reçu un autre éclat à la jambe. "Je suis resté dix jours sans connaissance, mes nerfs ont été coupés, et mon visage a été paralysé", raconte-t-il, l'effroi visible derrière ses lunettes. Aujourd'hui, il a peur des avions.

    Extrait d'une enquête de Khadija Al Salami, à voir le 8 février dans "Envoyé spécial".

    source: https://www.francetvinfo.fr

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    Depuis mars 2015, une coalition d’États arabes emmenés par l’Arabie Saoudite conduit une campagne militaire particulièrement meurtrière au Yémen. Les combats s’enlisent, marqués par de potentiels crimes de guerre et par une catastrophe humanitaire sans précédent. Tandis que plusieurs États ont décidé d’arrêter de fournir des armes aux belligérants, la France, « patrie des droits de l’homme » semble indifférente à la controverse, se réjouit même de ses ventes d’armes « record » et de leurs performances en matière de destruction.

    Les industriels français de la défense sont fiers des performances de leur matériel. Rien de tel qu’une campagne militaire meurtrière pour en démontrer les qualités ! « Pour ce qui est des chars Leclerc, je vous confirme que leur implication au Yémen a fortement impressionné les militaires de la région », se réjouissait, il y a un an, Stéphane Mayer, PDG du groupe Nexter qui fabrique ces blindés, devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale. Depuis le printemps 2015, 70 à 80 chars Leclerc ont été déployés par l’armée émiratie, alliée de l’Arabie Saoudite, sur le champ de bataille yéménite afin de combattre la rébellion des Houthis.

    Même satisfaction chez Dassault, qui fournit des Mirages 2000-9 à cette même armée des Émirats Arabes Unis, et vient de signer un contrat de modernisation de leur flotte : « L’excellence de l’avion et le succès du programme ont été démontrés avec brio par la grande disponibilité du Mirage 2000-9 et la qualité de sa participation à des opérations menées en coalition internationale », annonce fièrement un communiqué du groupe français. Les opérations en question ? Les frappes aériennes de la coalition arabe au Yémen dont certaines, selon l’ONU et des organisations non-gouvernementales, pourraient constituer des crimes de guerre.

    « Horreur permanente », selon l’Onu

    Quelle est aujourd’hui la situation du Yémen, vitrine de ce savoir-faire français ? Après plus de 30 000 bombardements et un blocus qui entrave l’accès humanitaire, le bilan de cette guerre lointaine est d’au moins 10 000 morts et près de 3 millions de déplacés. L’Unicef estime qu’un enfant y meurt toutes les dix minutes, qu’1,8 million d’entre-eux souffrent de malnutrition aigüe, et que près de 400 000 enfants yéménites sont atteints de malnutrition sévère et luttent pour survivre. Sans parler de l’épidémie de choléra, un désastre dans un pays dont le système de santé est exsangue et où les organisations humanitaires sont elles aussi victimes des bombardements. Plusieurs hôpitaux de Médecins sans frontières (MSF) ont ainsi été visés.

    Le Yémen traverse peut-être actuellement « la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale », alertent les Nations-unies, dont plusieurs responsables qualifient la guerre d’« absurde et futile », tandis que le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, parle d’« horreur permanente ». Le 21 décembre 2017, alors que l’un des pays les plus pauvres du monde subit des bombardements depuis mille jours, plusieurs ONG lancent la campagne « Yemen can’t Wait » : le Yémen ne peut pas attendre. Une situation si dramatique que certains pays commencent à trouver gênant de continuer à fournir des armes aux belligérants qui s’acharnent.

    Un mouvement de désengagement ignoré par la France

    Dès mars 2016, le parlement hollandais vote ainsi une résolution interdisant l’exportation d’armes vers l’Arabie Saoudite, en lien avec son intervention au Yémen. Mi janvier, c’est l’Allemagne, qui a été ces dernières années l’un des gros exportateurs d’armes vers les pays de la coalition qui fait la guerre au Yémen, qui annonce l’arrêt immédiat des ventes d’armes à toutes les parties du conflit. Une décision favorisée par les sociaux-démocrates du SPD, dans le cadre des négociations pour former une nouvelle coalition gouvernementale.

    Face au risque que les armes soient utilisées contre des civils, la Norvège, la Belgique et le Canada gèlent également des exportations vers les Émirats Arabes Unis ou vers l’Arabie saoudite. En Finlande, tous les candidats à la présidentielle de février 2018 se sont engagés à arrêter les ventes d’armes aux émiratis, après que des images aient prouvé leur utilisation dans la guerre au Yémen. Quand les gouvernements ne bougent pas, c’est la société civile qui prend le relai : des plaintes sont en cours au Royaume-Uni, en Wallonie et au Canada contre des contrats d’exportation militaires dans la région.

    La France, impassible, semble épargnée par ce mouvement. « A ce jour, nous n’avons pas d’information sur le fait que la France aurait revu sa position sur les exportations d’armes », déplore Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer « armes et justice internationale » pour Amnesty France. Aucune vente d’arme à l’étranger ne peut pourtant avoir lieu sans l’autorisation du gouvernement. La France est par ailleurs signataire d’un Traité sur le commerce des armes (TCA), et a adopté une Position commune de l’Union européenne (UE) sur les exportations de matériel militaire. Ces règlementation interdiraient a priori tout transfert d’armes vers les parties du conflit yéménite, compte tenu des graves violations du droit humanitaire qui y sont constatées.

    Plus d’un milliard d’euros d’équipement pour les saoudiens

    Pire : depuis le second semestre de l’année 2014, la France a accordé pas moins de 1989 licences d’exportation de matériel militaire aux différents pays engagés dans la coalition menée par Riyad ! Depuis 2007, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Égypte sont les trois principaux clients de la France après l’Inde. Sur la seule année 2016, plus d’un milliard d’euros d’équipement militaire a été livré à l’Arabie Saoudite [1].

    Dès lors, il n’est pas étonnant de retrouver des armes françaises sur le champ de bataille yéménite : des corvettes Baynunah du constructeur français CMN (Constructions mécaniques de Normandie) pour assurer le blocus, des canons Caesar pour pilonner le Yémen depuis sa frontière… Pour l’Observatoire des armements, la coalition profite ainsi d’un matériel français « dernier cri ».

    L’exécutif français ne dit (presque) jamais non

    C’est le Premier ministre après avis de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), qui décide ou non d’autoriser les ventes d’armes à l’étranger. Avec des représentants des ministères de la Défense, de l’Économie et des Affaires étrangères, la CIEEMG est un organe purement exécutif : le Parlement ou la société civile en sont exclus.

    De surcroît, son fonctionnement est opaque : il ne prévoit aucune transparence sur les motivations des décisions, ni sur leur conformité aux traités internationaux. Seul élément d’information officiel : le Rapport annuel sur les ventes d’armes du pays, transmis au Parlement. Il indique par exemple qu’en 2016, alors que Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve occupaient Matignon, seules 48 demandes de licences d’exportation de matériel militaire ont été rejetées sur la base de la Position commune de l’UE. Tandis que 4454 licences étaient accordées. Soit un taux d’approbation de près de 99 %...

    Des bénéfices pour les entreprises et les pays acheteurs

    Pourquoi un tel enthousiasme des politiques à approuver des exportations d’armes vers d’autres pays, quels qu’ils soient ? Le système militaro-industriel français s’est construit sur la dépendance aux exportations : les entreprises d’armement ont besoin de vendre pour être rentables. Et elles peuvent compter sur l’État pour les soutenir.

    Cette rentabilité est en effet largement subventionnée, que ce soit par des avances financières, des garanties publiques à l’exportation, ou l’emploi des fonctionnaires de la Direction générale de l’armement et des attachés de défense pour promouvoir les armes françaises à l’étranger. Sans compter l’engagement des ressources de l’armée française, amenée à participer aux salons d’armement, aux démonstrations de matériel, et à former les personnels étrangers : des dépenses qui s’élèvent à des dizaines de millions d’euros par an, pour booster les ventes des industriels.

    Pour gagner des contrats, les fabricants d’armes concèdent des compensations ou « offsets » à l’État acheteur, c’est-à-dire des réinvestissements dans l’économie locale et des transferts de technologies. Dans le cas du contrat sur l’achat de Rafales, l’Inde a obtenu un niveau de compensation de 50 %, ce qui signifie que plus de 3 milliards d’euros seront investis dans l’économie indienne sur les 7,87 milliards du contrat. Une aubaine pour l’économie et les emplois… dans le pays acheteur. « Le contrat des sous marins en Australie va probablement créer plus d’emplois en Australie qu’en France », confirme Aymeric Elluin, d’Amnesty France.

    La prolifération, « effet boomerang » de la stratégie française

    Outre la délocalisation des emplois, les concessions octroyées aux pays clients, et notamment les transferts de technologies, leur permettent à terme de créer leur propre industrie militaire. Ainsi, grâce au savoir-faire acquis avec la production des hélicoptères d’Aérospatial (aujourd’hui Airbus) dans les années 80, la Chine fabrique désormais ses propres hélicoptères militaires, qu’elle exporte au Cambodge, au Pakistan, en Namibie ou encore en Zambie. En mai 2017, l’Arabie Saoudite annonçait la création de sa propre entreprise d’armements, la Saudi Arabian Military Industries (SAMI).

    Les exportations d’armes de la France contribuent donc à la prolifération des capacités de production dans le monde, y compris chez des concurrents et peut-être même à destination d’adversaires potentiels ou d’États peu scrupuleux. Pas de quoi refroidir le gouvernement, qui continue à faire la promotion des industriels français de la Défense, du Qatar à la Turquie, sans faire beaucoup de cas de ses engagements en matière de droits humains. Le Yémen est sans doute loin d’être le seul terrain où des civils sont ou seront victimes des technologies françaises.

    Un contrôle démocratique plus que jamais nécessaire

    Certains écrits commencent à questionner cette stratégie de la course aux exportations. L’industrie de la défense française serait de plus en plus dépendante des exportations [2]. Par ricochet, le budget de l’État peut aussi être affecté. Ainsi, l’équilibre financier de la Loi de programmation militaire 2014-2019 était-il lié à la vente des Rafales de Dassault à l’étranger, puisqu’en cas d’échec, le gouvernement s’était engagé à couvrir les surcoûts de production de l’avionneur. Pour préserver les finances publiques, il faut vendre à tout prix. Y compris à l’Égypte, malgré la décision de l’Union européenne de suspendre les ventes d’armes au régime dictatorial du maréchal al-Sissi.

    Pourtant, ces contrats qui se chiffrent en milliards d’euros restent largement présentées comme des succès commerciaux, et la France comme une « championne des exportations » qui « talonne la Russie ». « En France, il n’y a pas de culture de contestation ou de débat sur la question des exportations d’armes, comme en Grande Bretagne, en Allemagne ou en Belgique, relève Aymeric Elluin. C’est consubstantiel à la cinquième République. »

    Alors qu’au Royaume-Uni, il existe une Commission parlementaire dédiée au contrôle des exportations d’armes, le débat en France se limite essentiellement à quelques questions écrites et un rapport annuel qui est transmis aux députés sans plus de discussions. « Il faudrait qu’il y ait des contre-rapports, des questions sur l’utilisation des armes à l’étranger, des garanties contre les violations des droits humains : c’est un enjeu pour les générations futures », conclut Aymeric Elluin. D’ici là, le Yémen attendra.

    Anne-Sophie Simpere

    Photo : un canon Caesar déployé en Afghanistan

    - Lire aussi notre entretien avec l’économiste Claude Serfati, qui montre à quel point l’armée et les industries militaires sont « chez elles » dans les institutions et l’économie politique de la Vème République.

    Notes

    [1Source : Rapport aux parlementaires sur les ventes d’armes 2017.

    [2L’industrie de défense française était en 2012 dépendante des exportations à hauteur de 20% de son chiffre d’affaires. Récemment, le PDG de la Direction des constructions navales (aujourd’hui Naval group) indiquait que son entreprise était dépendante à 50 % des exportations. Voir Lucie Béraud-Sudreau, « La politique française de soutien aux exportations d’armement : raisons et limites d’un succès », Institut français des relations internationales, juin 2017.

    source: https://www.bastamag.net

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  • Du 11 au 15 septembre se tient à Genève la Conférence des États parties au traité sur le commerce des armes. Troisième plus gros vendeur d’armement au monde, la France est l’un des fournisseurs privilégiés de l’Arabie saoudite et de ses alliés. Selon des informations inédites de l’Observatoire des armements livrées à Orient XXI, le gouvernement français serait passé par un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen et accélérer ses livraisons d’armes au plus fort du conflit.

    Les États-Unis et le Royaume-Uni sont régulièrement accusés de complicité de crimes de guerre en raison de leurs livraisons d’armes à l’Arabie saoudite, à la tête de cette coalition arabe regroupant dix armées. Mais la France échappe aux condamnations, bien qu’ayant une longue tradition de partenariat avec le royaume saoudien et plusieurs de ses alliés. À partir de la fin des années 2000, Paris veut se tourner davantage vers les pays du Golfe pour booster ses exportations d’armement. Les autorités ouvrent une base militaire à Abou Dhabi où se déroulent des démonstrations de matériel, et vont jusqu’à compromettre l’indépendance politique du pays pour vendre des armements. En 2016, environ 50 % des prises de commande enregistrées par la France concernaient les pays du Proche-Orient2. La monarchie saoudienne est son premier client : elle lui a acheté près de 9 milliards d’armes entre 2010 et 2016, ce qui représente environ 15 à 20 % des exportations d’armes françaises chaque année. Cet armement s’adapte facilement aux conditions du Yémen : il a été construit en fonction des besoins des pays du Proche-Orient, qui regroupe à la fois clients riches et pays en guerre ou en instabilité chronique. D’après des informations inédites de l’Observatoire des armements, la France et l’Arabie saoudite auraient détourné un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen.

    Un marché juteux

    Les bombardements de la coalition — dont des « bavures » qui s’apparentent à des crimes de guerre sur lesquels l’Arabie saoudite a réussi à empêcher l’ONU d’enquêter jusqu’à présent — auraient tué 10 000 civils d’après les données relayées depuis janvier 2017, le bilan exact est en fait inconnu. L’ONU et plusieurs ONG parlent d’épidémie de famine, de choléra, et de milliers de blessés et déplacés. Une « catastrophe entièrement causée par l’homme », rappelle le dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. À cela s’ajoutent la destruction partielle de la vieille ville de Sanaa, patrimoine mondial de l’humanité, et l’expansion d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) : « AQPA est plus puissant que jamais. Alors que l’organisation de l’État islamique (OEI) fait les gros titres [...], Al-Qaida est le modèle de réussite ». Il a notamment « su exploiter une économie de guerre florissante », écrit April Longley Alley. L’Arabie saoudite a inondé le Yémen de fusils d’assaut Steyr AUG ; une partie d’entre eux a atterri entre les mains d’AQPA, dont se réclamait un des tueurs de Charlie Hebdo, ce qui pose la question du détournement des armes par des groupes terroristes.

    Le Traité sur le commerce des armes (TCA) ratifié par la France le 2 avril 2014 interdit pourtant les exportations d’armes pouvant servir à des violations du droit international humanitaire. Or, non seulement la France n’a pas stoppé ses ventes d’armes aux belligérants en mars 2015 mais elle les a accentuées : Rafale au Qatar et à l’Égypte, porte-hélicoptères Mistral et frégate Fremm à l’Égypte, blindés légers Renault Sherpa light et hélicoptères Caracal à Koweït. Créancière de certains de ces pays, l’Arabie saoudite a la capacité de les entraîner dans une guerre, et l’armement vendu à ses alliés peut lui être prêté ou servir ses objectifs militaires.

    « La France a octroyé pour un peu plus de 16 milliards d’euros de licences pour la seule Arabie saoudite en 2015 et livré à ce pays pour 900 millions d’euros d’équipements militaires la même année [...]. À aucun moment, le gouvernement n’a indiqué ces deux dernières années qu’il avait refusé, révoqué ou suspendu des autorisations d’exportation », commente Amnesty International.

    L’Arabie saoudite, un client choyé

    La facilité avec laquelle les sociétés d’armement françaises s’adaptent aux demandes saoudiennes est le reflet des liens étroits et anciens entre les deux pays. S’il est extrêmement difficile d’avoir des informations précises sur ce sujet très opaque, des sources indiquent que :

    - dès le déclenchement de la guerre au Yémen, l’armée française « a effectué des vols de reconnaissance au-dessus des positions houthies pour le compte du client saoudien et continue à former ses pilotes de chasse », selon MS&T Magazine ;

    - la France a également transféré des nacelles Thalès Damocles XF de désignation de cible et de guidage de bombes, que les forces saoudiennes placent sous leurs avions de chasse – ce qui n’empêche pas les « bavures » ;

    - trois mois après le début du conflit, un avion ravitailleur Airbus 330-200 MRTT a été livré à l’Arabie saoudite. C’est le dernier d’une flotte de six ; en avril 2017, deux de ces avions étaient déployés au Yémen. Indispensables à la guerre en cours, ils ravitaillent en vol les F-15 saoudiens en carburant ;

    - des canons Caesar 155 mm de l’entreprise française Nexter, des hélicoptères de transport Cougar du groupe européen EADS et des drones de renseignement militaire SDTI de l’entreprise française Sagem ont été transférés durant le conflit ;

    - en 2016, la France a livré 276 blindés légers indique son propre rapport rendu en juillet 2017 au secrétariat du TCA. Ce lot serait composé en grande partie de blindés légers Renault Sherpa light et Vab Mark 3 du groupe Renault Trucks Defense originellement destinés au Liban. Dès février 2016, face à l’échec des campagnes de bombardements, la coalition s’appuie sur des milices locales équipées de véhicules légers émiratis Nimr pour tenter de déloger les forces houthies3. L’arrivée des blindés légers français, qui se faufilent sans difficulté dans les rues étroites des villes arabes, s’inscrit pleinement dans cette stratégie de contre-insurrection déployée au sol. Et les Sherpa light sont équipés de capteurs de dernière génération offrant une protection contre les engins explosifs improvisés posés par les forces houthies ;

    - de plus, la coalition fait également usage de petits patrouilleurs, en soutien aux navires de guerre, pour assurer le blocus du pays. Si l’entreprise française Couach bloque à quai deux patrouilleurs rapides à destination du Yémen en raison de l’embargo, elle débute ses livraisons d’intercepteurs rapides à l’Arabie saoudite dès août 2016, publie Mer et Marine. Selon Ouest-France, 39 nouveaux exemplaires de ce type de bateaux sont destinés à Riyad. En décembre 2016, le contrat était en cours de finalisation ;

    - pour assurer le blocus qui affame la population, la coalition utilise des Corvettes Baynunah livrées aux Émirats arabes unis, notent Nadav Pollak et Michael Knights dans « Gulf Coalition Operations in Yemen (Part 3) : Maritime and Aerial Blockade »4. Quand la flotte du royaume est entrée en maintenance en mars 2016, la marine française l’a remplacée pour assurer la continuité du blocus, expliquait alors La Lettre de l’Océan indien. L’artillerie et la marine des forces de la coalition sont par ailleurs munies de systèmes électroniques de navigation vendus par Safran, autre groupe d’armement français. Des instruments notamment essentiels à la logistique des tirs ;

    - enfin, 745 fusils de précision ont été livrés à Riyad en 2015 et 500 en 2016 selon les rapports au Parlement sur les exportations d’armes de 2016 et 2017.

    Des armes pour le Liban qui filent au Yémen

    Certains de ces armements étaient initialement destinés à l’armée libanaise. Conclu fin 2014 entre Paris et Riyad pour un montant de trois milliards d’euros, l’accord Donas (Don Arabie saoudite) prévoyait en effet la livraison aux Forces armées libanaises (FAL) d’équipements militaires français achetés par l’Arabie saoudite, la facture de 2,2 milliards d’euros était à la charge du royaume. Motif avancé pour ce transfert : la lutte contre l’organisation de l’État islamique (OEI) et la guerre en Syrie. La facture de 2,2 milliards d’euros était à la charge de l’Arabie saoudite. Ce contrat sur lequel travaillaient les industriels depuis 2011 a donné lieu à une première livraison en avril 2015 mais a été remis en cause peu après, sur fond de conflit avec l’entreprise française intermédiaire ODAS. Six mois après l’officialisation du contrat, l’Arabie saoudite déclenche l’offensive contre le Yémen. Des industriels de l’armement contactés par l’Observatoire des armements s’interrogent : le contrat Donas a-t-il été ficelé en prévision de cette guerre ? Pour que leur matériel s’adapte aux conditions définies par les pays destinataires, les sociétés d’armement doivent respecter les accords de l’OTAN. « Dès 2015, nous avons engagé les tests de matériel prévus pour Donas. Or à notre surprise, il fallait adapter le matériel aux conditions5 qui ne correspondent pas à celles du Liban. Dès lors, nous avons compris. Nous travaillions sur du matériel ayant vocation à servir au Yémen », confie un industriel sous couvert d’anonymat. D’après ce dernier, en avril 2017, « 80 % du parc destiné à Beyrouth aurait fait l’objet d’une commande ferme de l’Arabie saoudite à destination de ses propres forces et 95 % était déjà déployé sur le terrain, en test ou définitivement ». Selon la presse généraliste française, le contrat aurait été renommé Saudi-French Military Contract (SFMC) en 2015 et destiné à la seule Arabie saoudite, en revanche, selon la presse de renseignement, il existerait toujours. En semant le trouble sur le contrat Donas, la livraison ou non d’armements et leur utilisateur final, la France dilue ses responsabilités et détourne l’attention des problématiques liées à l’utilisation de ces armes.

    La France a également équipé les autres belligérants, l’Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït. Parmi le matériel utilisé au Yémen, des chars Leclerc émiratis – des hauts gradés français se sont vantés sur LCI de la performance inédite du matériel français dans ce conflit — et des Mirage 2000 émiratis et qataris6, dont la France continue d’assurer la maintenance, la mise à niveau et l’approvisionnement en obus7. Ces avions de chasse sont destinés aux bombardements, les forces émiraties se déclarant insatisfaites de leurs capacités d’emport en munitions, note Air & Cosmos.

    Par ailleurs, en vendant des armements tels que les Mirage, chars Leclerc ou Rafale, la France s’engage à assurer une maintenance qui peut durer de quinze à vingt-cinq ans. Elle est donc liée pendant cette période à la politique de l’Etat-client.

    Pendant la guerre les affaires continuent

    Un an après le début de ce conflit voulu par le jeune prince de 31 ans Mohammed Ben Salman (fils du roi Salman) en quête de légitimité après avoir été nommé ministre de la défense, son échec était déjà visible. La ligne de front n’a guère évolué, des poches de résistance se sont créées, la coalition y répond par une stratégie de contre-insurrection en s’appuyant sur des milices locales équipées de véhicules émiratis Nimr, alors que l’économie et les citoyens saoudiens pâtissent eux aussi de cette guerre.

    Au même moment, les rapports d’Amnesty International, et de Human Rights Watch dénoncent « les crimes de guerre » de la coalition. En février 2016, suite aux pressions du réseau européen contre le commerce des armes (Enaat) dont l’Observatoire des armements est membre et de l’ONG britannique Saferworld, le Parlement européen vote une résolution demandant un embargo de l’Union européenne sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Malgré des pressions du gouvernement de Manuel Valls, les députés socialistes se rallient au texte. Mais la France ne revoit pas sa politique et le 4 mars 2016, François Hollande décore même secrètement de la Légion d’honneur le prince héritier Mohammed Ben Nayef.

    Le soutien militaire de la France aux opérations saoudiennes est donc militaire, logistique et politique, ce qui explique le silence de sa diplomatie. Sa responsabilité dans la complicité des crimes commis au Yémen n’est toujours pas posée. Les parlementaires français restent impassibles. Aucune commission d’enquête parlementaire n’est en place alors qu’ONG et associations appellent l’État français à stopper immédiatement toute transaction avec les belligérants du conflit et à effectuer un contrôle parlementaire des ventes d’armes.

    Le 16 décembre 2015, soit neuf mois après le début de l’offensive, des industriels de l’armement y prenant part se félicitaient des ventes record lors d’un colloque à la Sorbonne sur « les industries de défense face aux enjeux internationaux ». Pascale Sourisse, directrice générale en charge du développement international du Groupe Thalès, dont le premier client était le ministère de la défense français, se réjouissait de la vigueur d’un marché « pas du tout en train de rétrécir » et d’« une année exceptionnelle ». Même satisfaction pendant le salon international de la défense et de la sécurité Eurosatory de 2016 organisé à Paris, durant lequel Emmanuel Macron a d’ailleurs visité le stand Thalès. Étienne de Durand, délégué pour la politique et la prospective de défense à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère de la défense a commenté ironiquement à la Sorbonne : « Vendre des armes, ce n’est pas comme vendre des chaussures ». Surtout quand on sait qu’à l’occasion d’une rencontre avec une dizaine de journalistes français à l’ambassade de l’Arabie saoudite le 22 mars dernier à laquelle Orient XXI était convié, des généraux et représentants du royaume ont laissé entendre qu’ils n’avaient pas la moindre idée de l’issue de cette guerre ni de la stratégie à suivre pour sortir de cet enlisement. Contacté par Orient XXI, le ministère des affaires étrangères français n’a pas répondu aux questions.

     

    Notes

    1Sur le Yémen, lire les travaux de Laurent Bonnefoy, dont « Deux ans de destruction et d’impasse au Yémen », Orient XXI, 27 mars 2017.

    3Michael Knights, Alexandre Mello, « Gulf Coalition Targeting AQAP in Yemen », The Washington Institute, 10 mai 2016.

    4The Washington Institute, 25 mars 2016.

    5Le Yémen possède une géographie de « courant d’air, de couloir venteux » qui détermine l’action du sel et du sable sur les composants électroniques autrement que la géographie du Liban « fermée, polluée et restreinte ».

    7Lieutenant Mathieu, « 503e RT : Le PCR1 arme la mission TITAN », Défense Sud-Est.

     

    source: https://orientxxi.info

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  • L’art de la guerre -Otan et nukes ne sont pas des thèmes électoraux (Il Manifesto)

    Le Gouvernement [italien - NdR], qui dans la période électorale reste en place pour “traiter les affaires courantes”, est sur le point de prendre de nouveaux engagements contraignants dans l’OTAN pour le compte de l’Italie. Ils seront officialisés dans le Conseil Atlantique-Nord, qui se tient les 14 et 15 février à Bruxelles au niveau des ministres de la défense (pour l’Italie Roberta Pinotti).

    L’ordre du jour n’a pas encore été communiqué. Il est cependant déjà écrit dans le “National Défense Strategy 2018”, que le secrétaire à la Défense des États-Unis Jim Mattis a donné le 19 janvier. À la différence des précédents, le rapport du Pentagone est cette année top secret. Seul un résumé en a été publié, suffisant quand même pour nous faire comprendre ce qui se prépare en Europe.

    Accusant la Russie de “violer les frontières de nations limitrophes et d’exercer un pouvoir de veto sur les décisions de ses voisins”, le rapport déclare : “Le moyen le plus sûr de prévenir la guerre est d’être préparés à en gagner une”.

    Il demande ainsi aux alliés européens de “maintenir leur engagement à augmenter la dépense pour augmenter la puissance de l’OTAN”. L’Italie s’est déjà engagée dans l’OTAN à porter sa propre dépense militaire des actuels environ 70 millions d’euros par jour à environ 100 millions d’euros par jour. Mais pratiquement personne n’en parle dans le débat électoral.

    Tout comme on ne parle pas du contingent italien déployé en Lettonie au bord du territoire russe, ni des avions de chasse italiens Eurofighter Typhoon basés le 10 janvier en Estonie, à une dizaine de minutes de vol de Saint Petersburg, avec le motif de protéger les pays baltes de l’”agression russe”.

    Silence sur le fait que l’Italie a pris le 10 janvier le commandement de la composante terrestre de la Force de Réaction de l’OTAN (Nato Response Force), utilisable dans n’importe quelle partie du monde “sous la dépendance du Commandant suprême des forces alliées en Europe”, toujours nommé par le président des Etats-Unis.

    Ignorée, la nouvelle que la Marine italienne a reçu le 26 janvier le premier avion de chasse F-35B à décollage court et atterrissage vertical, dont le personnel sera entraîné dans la base des Marines de Beaufort en Caroline du Sud.

    Tout cela et d’autres choses sont passées sous silence dans le débat électoral. Celui-ci se concentre sur les implications économiques de l’appartenance de l’Italie à l’Union européenne, mais en ignore celles politiques et militaires, et en conséquence économiques aussi, de l’appartenance de l’Italie à l’OTAN sous commandement étasunien, dont font partie (après le Brexit) 21 des 27 états de l’UE.

    Dans ce cadre ne se trouve pas soulevée la question des nouvelles bombes nucléaires B61-12, que dans environ deux ans le Pentagone commencera à déployer en Italie à la place des actuelles B-61, poussant notre pays au premier rang dans la confrontation nucléaire toujours plus dangereuse avec la Russie.

    Pour rompre la chape de silence sur ces questions fondamentales, nous devrions poser aux candidates et candidats aux élections politiques (comme le propose le Comité No Guerra No Nato) deux questions précises dans des rencontres publiques, sur les réseaux sociaux et émissions radio-télévisées : ”Ȇtes-vous favorable ou non à ce que l’Italie sorte de l’OTAN ? Ȇtes-vous favorable ou non au déplacement immédiat hors de l’Italie des armes nucléaires étasuniennes ? Répondez Oui ou Non, en motivant éventuellement la raison de votre choix”.

    Aux 243 parlementaires (parmi lesquels se distingue le candidat leader du M5Stelle Luigi Di Maio), signataires de l’engagement Ican à faire adhérer l’Italie au Traité onusien sur l’interdiction des armes nucléaires, nous devrions poser une troisième question : “Sur la base de votre engagement soussigné, vous engagerez-vous, dans la prochaine législature, pour le déplacement immédiat hors de l’Italie des bombes nucléaires étasuniennes B-61, qui déjà violent le Traité de non-prolifération, et pour la non-installation des B61-12 et d’autres armes nucléaires ?”.

    Manlio Dinucci

    Edition de mardi 6 février 2018 de il manifesto-Traduit de l’italien par M-A P.

    sources:  https://ilmanifesto.it/nato-e-nucleare-non-sono-temi-elettorali/
    https://www.legrandsoir.info/otan-et-nukes-ne-sont-pas-des-themes-electoraux-il-manifesto.html
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  • Forte augmentation du budget militaire annoncée par Macron : pour le PRCF, c’est NON ! (IC.fr-21/01/2018)

    Parlant devant les principaux gradés peu de temps après l’éviction très mal vécue de Pierre de Villiers, alors Chef d’état-major des armées,  s’est flatté de porter une forte augmentation des crédits militaires. Bien entendu, aucun officier ne se plaindra de bénéficier de moyens plus importants si ces derniers permettent d’améliorer la condition militaire, dont le livre de P. de Villiers montre l’inquiétante dégradation. Surtout si cette manne budgétaire sert réellement à défendre le territoire national et l’indépendance de notre pays, ce qui est la seule finalité légitime de l’institution militaire.

    Hélas, la forte augmentation prévue va dans la direction opposée. Il s’agit d’abord d’abonder la poursuite des opérations en Afrique dont nous avons plusieurs fois montré la signification néocoloniale. De prolonger aussi les opérations inavouables engagées en Libye et au Proche-Orient alors que ces aventures, héritées de Sarkozy puis de Hollande, ont largement discrédité notre pays dans le monde arabe, attiré la foudre terroriste sur notre sol, secondé l’entreprise américaine de « Grand Moyen-Orient » (qui a provoqué des millions de morts suivies de migrations de masse). Et surtout, il faut se souvenir que la décision d’augmenter fortement les budgets militaires en Europe ne vient pas de Paris mais de… Washington. C’est Obama d’abord, puis Trump qui ont publiquement sommé les « partenaires européens » de l’OTAN de porter à marche forcée leurs budgets respectifs à 2, voire à 3% de leurs PIB. Des chiffres dictés de l’étranger qu’ont repris tels quels, soit dit en passant, les programmes présidentiels des Macron, Fillon, Le Pen, Dupont-Aignan et Hamon. Tant pis pour l’emploi productif en France, tant pis pour les services publics civils massivement désossés, tant pis pour le surcroît d’austérité sur les retraites, la Sécu, les maigres indemnités chômage, le SMIG et les autres salaires.

    Et tout cela dans quel but ? Macron n’en fait pas mystère, il veut mettre en place la «  européenne » dans le cadre de l’OTAN, c’est-à-dire en clair, offrir à Berlin sur un plateau la clé de la dissuasion nucléaire française… En attendant sans doute de céder gracieusement à l’Union européenne, donc, encore une fois, à Berlin, le siège dont dispose la France au Conseil de sécurité de l’ONU (ainsi ne verra-t-on plus de veto français à une invasion américaine tel que celui qu’avait utilisé Chirac en 2003 pour empêcher l’ONU de parrainer l’invasion US de l’Irak…) ?

    Les militants du PRCF ne demanderaient pas mieux que d’abonder une défense authentiquement nationale telle qu’en aurait fortement besoin une France franchement insoumise à l’UE/OTAN, refusant la domination de l’Axe Washington-Berlin et s’approchant de ce que Jaurès décrivait jadis dans son livre L’ nouvelle. Mais manifestement, ce n’est pas de cela qu’il est question. Dans les conditions actuelles, l’augmentation du budget militaire servira au contraire à liquider dans son principe même de la défense NATIONALE, à protéger, non pas la paix mondiale, mais la marche vers de nouvelles guerres impérialistes potentiellement mondiales (tournées notamment, contre les peuples russe, iranien, etc.) sous la férule de l’Oncle Sam et de l’Europe allemande, dont Macron est le zélé serviteur.

    Les militaires, et plus généralement, tous les patriotes attachés à l’idée d’une « France libre, forte et heureuse », comme disait jadis le PCF, doivent donc refuser d’être dupes du cadeau budgétaire empoisonné que leur fait Macron : d’ailleurs, comment l’homme qui détruit à coups d’ordonnances le modèle social issu du CNR, qui préfère le tout-anglais à sa langue maternelle (cf dernièrement le « One Planet’s Summit » organisé par Macron à Paris …), qui brise le secteur industriel et les services publics d’Etat (Alsthom, STX, mais aussi EDF, SNCF, Hôpitaux, Equipement, autoroutes…) sur l’autel de l’euro-austérité et des délocalisations, pourrait-il servir la défense « nationale » ? La défense est indissociable de celle du PEUPLE, monde du travail en tête si bien qu’on ne peut pas maltraiter le monde du travail, qui forme la majorité écrasante du peuple, sans saborder la nation tout entière. 

     

    C’est donc en bloc, dans sa sinistre cohérence antisociale et antinationale, qu’il faut donc rejeter la politique de ce gouvernement, y compris dans ses dimensions militaire et diplomatique.

    source: https://www.initiative-communiste.fr

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  • Un missile intercontinental nord-coréen.Un missile inter-continental nord-coréen

    Les bombes atomiques, 70 000 à l'apogée de la Guerre froide, 15 000 aujourd'hui, peuvent provoquer la guerre, en Corée par exemple, et anéantir l'humanité. Un espoir cependant : le prix Nobel de la Paix couronne la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican) et son action en faveur du Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires (Tian), traité que 122 États de l'Onu ont voté le 7 juillet 2017.

    Voulu pour abolir les armes nucléaires, ce traité est à la fois nécessaire et insuffisant. Nécessaire, car il fallait les interdire comme les armes biologiques et chimiques, les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions qui frappent indistinctement civils et militaires, commettant des crimes contre l'humanité.

    Ce traité est insuffisant. Il entrera en vigueur quand cinquante États l'auront ratifié. Mais il n'engagera qu'eux. Aucun des neuf États dotés d'armes nucléaires n'a annoncé son intention de le signer. Pour les États nucléaires, deux procédures d'adhésion sont prévues : avant ou après avoir désarmé. Mais rien n'est prévu pour un désarmement multilatéral, seul moyen, pour des États qui croient à l'efficacité dissuasive des armes, d'accepter de les éliminer.

    Il interdit « à jamais » les armes nucléaires sous tous leurs aspects : possession, fabrication, acquisition, hébergement, transfert, menace d'emploi, emploi « en toutes circonstances »... Mais il autorise un État à s'affranchir de ces interdictions un an après avoir invoqué des circonstances « extraordinaires » qui, soit existent déjà, soit peuvent se présenter à tout moment. Il admet donc les « politiques de dissuasion » qu'il condamne par ailleurs.

    « Créer un mouvement citoyen »

    Il souligne que l'emploi d'armes nucléaires serait catastrophique, mais néglige de rappeler que, selon une résolution de l'Onu du 24 novembre 1961, ce serait un crime contre l'humanité - rappel qui aurait fait de leur interdiction une norme impérative du droit international.

    Enfin, il outrepasse son objet lorsqu'il affirme, comme le TNP (Traité de non-prolifération des armes nucléaires), un « droit inaliénable de tous les États parties de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques », « droit » que le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian) n'avait pas à interdire, mais pas non plus à proclamer.

    Il n'existe aucun droit de contaminer la planète, même pacifiquement. En outre, les centrales, stocks et transports de matières nucléaires sont autant de « bombes sales » à la merci d'attentats ou d'accidents.

    Continuant à moderniser ses armes pour quatre et bientôt six milliards par an, la France ne signera pas ce traité. Mais elle est tenue par le traité de non-prolifératon des armes nucléaires de négocier avec les autres États l'élimination planifiée de leurs armes, sous un contrôle strict. Et mutuel. Elle doit donc s'engager sans délai pour un traité d'abolition à deux volets : l'interdiction universelle, et l'élimination totale, définitive et contrôlée des armes nucléaires.

    Car il ne suffit pas d'interdire les armes nucléaires, il faut les abolir. Seul un vaste mouvement citoyen se fixant clairement cet objectif pourra y parvenir. Nous appelons à le créer.

    Le collectif des signataires :

    Jean-Marie Matagne, président d'ACDN ; Patrick Viveret, philosophe ; Bruno Boussagol, metteur en scène ; Françoise Boman, médecin chercheur ; Stéphane Lhomme, directeur de l'Observatoire du nucléaire ; Jean-Jacques Delfour, philosophe ; Pierre Peguin, docteur ès-sciences ; Kolin Kobayashi, journaliste indépendant ; Chantal Bourry, écrivaine ; Jacques Terracher, officier mécanicien navigant.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-un-appel-pour-abolir-les-armes-atomiques-5472265

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  • Crozon- Ty Skol. Le désarmement nucléaire en débat (LT.fr-15/12/2017)

    Près d'une centaine de personnes a assisté, mercredi soir, à Saint-Hernot, à la rencontre avec Dominique Lalanne, Prix Nobel de la Paix, sur le thème du désarmement nucléaire. Porte-parole d'Ican France et président de l'association Abolition des armes nucléaires, le conférencier a d'abord commenté un diaporama devant un public attentif. L'occasion d'un état des lieux de l'armement nucléaire dans le monde et de son évolution. Comment fonctionne une bombe nucléaire ? Quelles conséquences sur l'homme ? Sur la nature ? L'importance du symbole, pour un pays, de posséder des armes nucléaires ?.... Autant de questions qui ont ainsi figuré parmi les thèmes abordés.     

    source: http://www.letelegramme.fr

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  • Débat à Crozon. Un prix Nobel de la Paix à Ty-Skol (LT 13/12/2017)

    Dominique Lalanne, physicien nucléaire, ancien chercheur au CNRS, est porte-parole de l'Ican en France. Il a reçu, dimanche, le Prix Nobel de la Paix à Oslo. (Crédit : Abolition des armes nucléaires.org)

    Ty-Skol invite, ce soir, Dominique Lalanne, porte-parole du collectif Ican et président de l'association Abolition des armes nucléaires à une conférence-débat. Le collectif Ican a reçu le Nobel de la Paix 2017, dimanche, à Oslo.

    Commençons par un état des lieux. Quels pays possèdent des armes nucléaires ?
    « Neuf pays en ont : la France, les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni, qui sont les "anciens" et ont signé un traité de non-prolifération des armes nucléaires il y a 40 ans. Contrairement à l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël, qui ont également des armes nucléaires. Cinq autres pays dans le monde ont en dépôt des armes nucléaires pour l'Otan, sans en être propriétaires : l'Italie, la Belgique, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Turquie ».

    Dans quels pays risque-t-on le plus de voir ces armes utilisées ?
    « Actuellement, nous avons des face-à-face extrêmement dangereux : la Corée du Nord qui menace les États-Unis, une crise larvée au Moyen-Orient, avec Israël et le Pakistan qui possèdent des armes nucléaires dans cette partie du monde... Il y a 15.000 armes nucléaires dans le monde et 2.000 sont en état d'alerte permanent. Elles sont sur des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, comme à l'Île-Longue, sur des avions bombardiers et, aux États-Unis et en Russie, en silos. Tout est potentiellement prêt à l'emploi mais sert aussi et surtout à menacer, à montrer sa force ».

    L'Ican a reçu dimanche à Oslo le Prix Nobel de la Paix, vous en êtes le porte-parole en France. Quel symbole ce prix revêt-il ?
     
    « C'est un symbole fort. Pour la première fois, le Prix Nobel de la Paix a récompensé un travail collectif, pas celui d'une seule personne. Ce qui est récompensé, c'est notre travail pour le traité d'interdiction des armes nucléaires dans le monde, mené depuis plus de dix ans par l'Ican dans près de 500 pays. Ce traité a été signé en juillet par 122 pays et sera ratifié si au moins 50 d'entre eux le signent. Les pays ne l'ayant pas signé, notamment les treize qui possèdent ces armes, sont en porte-à-faux mais rien ne les obligera à s'y soumettre. Ils n'ont pas participé aux discussions. À Oslo, il n'y avait pas d'ambassadeurs français ni américains ! ».

    Ce soir vous êtes en conférence à Crozon. La proximité de l'Île-Longue présente-t-elle un danger pour la population ?
    « À l'Île-Longue, tout est soumis au Secret Défense : s'il y a un incident, la population n'en sera pas informée. Cela dit, il ne faut pas s'affoler, les armes nucléaires n'explosent pas comme ça. Les produits annexes sont aussi dangereux mais très peu utilisés à l'Île-Longue. L'entretien de ces armes se fait près de Dijon (Côte-d'Or). Les plus gros risques, c'est tout ce qui touche à la manipulation et au transport. Au quotidien, pour les Presqu'îliens, il n'y a donc pas de danger, ni immédiat ni actuel...
    ».


    Pratique
    Conférence-débat en présence de Dominique Lalanne, à l'initiative du collectif Presqu'île de Crozon en transition et de la Ligue des droits de l'homme, aujourd'hui, à Ty-Skol, Saint-Hernot, à 20 h 15. Entrée libre.
     

     

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  • « Les armes atomiques françaises font de notre pays une cible » déclare Roland Nivet, porte-parole national du Mouvement de la Paix

    Déclaration du Porte-parole
    du Mouvement de la Paix

    Hier (mardi 12 décembre 2017), les sirènes de la Mairie de Roscanvel (Finistère), toute proche de la base de sous-marins nucléaires de l’Ile Longue située dans la rade de Brest ont retenti. La Mairie et l’école de Roscanvel, commune toute proche, ont été fermées, etc.

    Alors que cet exercice se prolonge, Roland Nivet, porte-parole national du Mouvement de la Paix et coordonnateur du Mouvement de la Paix en Bretagne, sollicité par la presse régionale a déclaré :

    « La réalité du danger des armes atomique est là. La présence de ces armes sur le territoire français transforme notre pays en cible potentielle comme le montre cet exercice de simulation en cours autour de la base nucléaire de la FOST (force océanique stratégique).

    C’est pourquoi il est incompréhensible qu’après l’adoption du Traité d’interdiction des armes nucléaires par l’ONU le 7 juillet 2017 et quelques jours après la remise du prix Nobel de la paix au réseau international ICAN, le gouvernement français s’obstine à s’opposer à la ratification de ce Traité déjà adopté par 122 Etats à l’ONU et signé par plus de 5O Etats.

    Il est incompréhensible que le 2 novembre dernier à l’ONU, la France se soit prononcée contre la tenue d’une conférence de haut niveau sur la question des armes nucléaires qui aura lieu en mai 2018 à l’ONU alors que c’est  la première conférence de haut niveau consacrée par les Nations Unies à la question des armes nucléaires.

     

    Alors que tous les sondages confirment que les français souhaitent à 75-80 % que la France participe au processus de désarmement nucléaire en cours, il est nécessaire que la population s’exprime et soutienne la pétition lancée par plus de 150 organisations qui exigent que la France ratifie le Traité d’interdiction des armes nucléaires et gèle immédiatement le programme de modernisation des armes nucléaires pour  lequel la Ministre des armées a déclaré à Brest le 21 septembre dernier que la France allait dépenser 6 milliards d’Euros par an avec comme objectif de renouveler totalement la flotte de sous- marins nucléaires de la FOST basée à Crozon (Finistère). Il faut signer la pétition lancée par 150 organisations pour que la France ratifie le Traité d’interdiction des armes nucléaires ».

    Paris le 13/12/2017

     

    Pour signer la pétition nationale en ligne

    cliquer ICI

     

    source: https://www.mvtpaix.org

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  • Déclaration de l'Association pour la Renaissance Communiste en Finistère / Pôle de Renaissance Communiste en France

     

    Exercice de sécurité nucléaire, Prix Nobel de la Paix & Traité de l’ONU d’interdiction des armes nucléaires

     

     Exercice de sécurité nucléaire,

    Prix Nobel de la Paix & Traité de l’ONU d’interdiction des armes nucléaires

     

    Ces 12 et 13 décembre 2017, la Presqu’île de Crozon fait l’objet d’un exercice national de sécurité nucléaire. Il s’agit, nous dit-on, de comprendre un accident nucléaire sur les installations de l’Ile Longue qui provoquerait une dispersion limitée de matière radioactive. Trois cents militaires se sont préparés à cet exercice qui prévoit également un impact sur les zones civiles alentour. La mairie de Roscanvel sera fermée et les enfants des écoles de Saint-Fiacre et Roscanvel devront se soumettre à un exercice de confinement et d’évacuation.

    L’organisation d’un tel exercice de sécurité nucléaire rappelle, s’il en était besoin qu’un accident nucléaire est possible à l’Ile Longue, mais ne saurait malheureusement nous préserver de ses conséquences et protéger réellement les populations.

    Exercice de sécurité nucléaire et/ou interdiction des armes nucléaires ?

    Les communistes de l’ARC29/PRCF (Association pour la Renaissance Communiste en Finistère/Pôle de Renaissance Communiste en France) s’étonnent que cet exercice de sécurité nucléaire se tienne deux jours après le remise à Oslo du Nobel de la Paix à la Campagne Internationale pour l’interdiction des Armes Nucléaires (ICAN) pour sa contribution à la lutte pour le désarmement nucléaire, notamment pour le traité adopté à l’ONU par 122 pays le 7 juillet dernier dont le Saint-Siège.

    Les communistes de l’ARC29/PRCF rappellent comme l’a déclaré la Présidente du Comité Nobel : « Les armes nucléaires sont si dangereuses que la seule mesure responsable est d’oeuvrer à leur démantèlement et à leur destruction » et regrettent que l’Ambassadeur de France à l’instar de l’Ambassadeur des Etats-Unis ait boycotté la cérémonie du Nobel contrairement aux usages.

    Les communistes de l’ARC29/PRCF appellent les travailleurs et les citoyens à agir pour que la France ratifie le traité international pour l’interdiction des armes nucléaires et retrouve son indépendance nationale en sortant de l’OTAN.

     

    Quimper le 11/12/2017

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