• Pérou : Interview de Vladimir Cerrón, chef du parti Pérou Libre (resumen-15/08/21)

     Pérou : Interview de Vladimir Cerrón, chef du parti Pérou Libre  (resumen-15/08/21)

    Par Alonso Ramos

          •  Quel mérite avez-vous dans la victoire de Pedro Castillo ?

    On pourrait dire qu'est un ensemble de facteurs qui ont permis à Pedro Castillo d'arriver à la présidence. On peut en identifier un, évidemment : les qualités de chef de Castillo. Deuxièmement, la légalité du parti sans lequel il lui aurait été impossible de se présenter. Je l'ai dit une fois à Pedro Castillo quand il hésitait encore à se présenter, que le pâturage était sec, que l'étincelle, c'était la parti et le vent, la pandémie. Et que les conditions étaient réunies pour qu'un Gouvernement de gauche, même s'il ne gagnait pas, se rapproche de la victoire et commence à travailler dans cette voie.

    • Quels droits pensez-vous que la victoire de Pedro Castillo vous donne sur le Gouvernement ?

    Sincèrement, je pense n'avoir gagné aucun droit. Je n'ai exigé aucune charge pour aucun militant. Nous avons à peine 2 ministres sur 19 dont un est le premier, qui est un ministre  prêté qui en plus, est à nouveau membre du Congrès. Mais les autres sont des alliés politiques du Front Large, de Nouveau Pérou, de RUNA et presque la moitié, des invités du président de la République lui-même. Alors, c'est un mythe que Cerrón place les ministres.

    • Est-il vrai qu'ils ont choisi Pedro Castillo comme candidat parce que monsieur Guido Bellido a fait une recherche sur Google?

    C'est totalement faux.

    • Monsieur Bellido l'a dit dans une interview au journal El País.

    Pedro Castillo, je l'ai connu en 2017, il est venu me chercher à mon domicile en compagnie de dirigeants du SUTE. A 11 heures du soir, il m'a rendu visite chez loi et pour moi, ça a été une agréable surprise. Depuis, nous avons commencé à discuter de certains sujets politiques et concernant le programme mais pas idéologiques. Ensuite, en 2020, Pedro s'est présenté devant moi et m'a exprimé son désir d'être parlementaire pour Cajamarca. Je lui ai dit ceci : « Pedro, j'ai la cassation (de la sentence judiciaire) qui est en cours. Si elle est favorable, accompagne-moi dans le binôme présidentiel. Et s'il n'en est pas ainsi, tu dois aller à l'avant-garde. » Il me dit : « Laisse-moi y penser. » 3 jour splus tard, il m'a répondu qu'il acceptait les conditions. La cassation n'est pas sortie, elle a été irrecevable et Pedro a dû être candidat. Logiquement, avant d'envisager les choses comme ça, le bureau de Pérou Libre, où il y a (Roger) Nájar, Guido Bellido et, comme invité, Guillermo Bermejo, en a discuté. C'est ainsi qu'on a pris la décision.

    • Que voyiez-vous en Pedro Castillo ?

    J'ai vu que la vie lui avait donné quelque chose de très spécial : il avait dirigé une grève nationale qui, soit dit en passant, a été un succès. Parce que, comme jamais, les enseignants ont réussi à s'unie en remettant en question les positions sectaires d'un certain autre secteur. Alors, une troisième ligne a fait son apparition : dans ce cas, c'est FENATE. Il a réussi à regrouper, à contaminer l'enseignement en l'impliquant dans une lutte nationale. En même temps, cela lui donnait une leçon : l'enseignement ne pouvait pas lutter seul au niveau des revendications. Il ne pouvait plus être au niveau des bombes lacrymogènes, des bâtons ou des geôles mais il devait se battre à un niveau supérieur. Ce un niveau supérieur, c'était la présidence de la République comme une petite partie du pouvoir.

    • Le président a dit que nous ne vous verrions « même pas comme concierge » dans les institutions de l'Etat. Qu'est-ce que cea veut dire ?

    Je suis un homme politique déjà fini. Pour moi, c'est sans importance mais les bases de Pérou Libre l'ont ressenti. Toute la base de Puno est venue et nous a dit : « Nous avons été assez blessés par ce qu'a dit Pedro Castillo. » Et beaucoup de militants ont écrit dans ce sens. Je leur ai répondu en leur disant que ce n'est qu'un problème de zigzag politique. Ca a été ma réponse mais pas seulement ça. Aussi quand il a eu le culot de dire qu'à aucun moment, il ne pourrait donner des coups de pied au groupe de Pérou Libre en ouvrant un front inutile. J'ai dû parer avec chacun des membres du Congrès pour qu'ils ne lui répondent pas. Ça a été un dérapage du camarade Pedro pendant la campagne.

    • Quelles sont vos relations actuelles avec le Président ?

    Mes relations sont totalement amicales, cordiales, respectueuses de l'autonomie de chacun de nous . Pedro Castillo n'est pas soumis à Cerrón et Cerrón n'est pas soumis à Castillo. Cela a toujours été clair. J'ai été clair comme du cristal dans les réunions que nous avons eues.

    • Parlez-vous de problèmes d'Etat avec lui ? Avez-vous traité des sujets concernant la façon de gouverner ?

    Aucunement. Nous, ce que nous voyons, ou ce qui est de ma compétence, ce snt des sujets concernant le programme du parti. J'ai toujours dit à Pedro que nous, nous n’allons pas faire ce que font d'autres partis : utiliser leurs organisations politiques pour arriver au Gouvernement. Le gouvernement, c'est le moyen et l'aspiration finale, c'est d'obtenir ce que souhaite le parti. Alors, les conversations avec Castillo vont dans ce sens et lui, il peut prendre des mesures dans son programme, comme les écarter. C'est son droit absolu.

    • Comment communiquez-vous avec lui ?

    Quand nous étions attaqués par la presse, je le rencontrai à 4, 5, 6 heures du matin, chez lui à Sarratea (Breña). Tous les jours où ils m'appelaient et où il y avait une urgence. Nous parlions des conspirations contre lui et des dénonciations qui commençaient à sortir après le second tour. Il y a eu une avalanche de dénonciations, même de dénonciations de terrorisme, qui étaient l'expression de la franche persécution politique qui existe dans le pays. Si nous aviosn été dans les années 80, j'aurais reçu une balle dans la nuque depuis longtemps.

    • Que voulez-vous dire quand vous écrivez : « La présence de Cerrón n'affaiblit pas Castillo, au contraire, elle le renforce ? Qu'avez-vous voulu prouver ainsi, au-delà de la haute estime que vous avez de vous-même ?

    Parce que le peuple sait que je garantis peut-être plus l'accomplissement de ce qu'on a proposé dans le programme que Pedro. De plus, modestement, on a déjà une expérience de gestion de l'Etat. Nous venons d'une expérience nettement politique et du parti et pas d'une expérience syndicale. C'est pourquoi les adversaires voient que ce binôme pourrait être indestructible et ils se sont consacrés à le diviser parce qu'ils savent qu'il y a là une puissante connexion avec le domaine politique. 

    • Pensez-vous être populaire ?

    Ce n'est pas que je me sente populaire mais je pourrais contribuer à ce qu eles promesses de campagne se rapprochent de la réalité, c'est pour cela que le peuple péruvien a voté.

    • Que dites-vous de ces 84% du peuple péruvien qui veut que vous vous écartiez du Gouvernement, selon le dernier sondage d' Ipsos?

    Les sondages ont une mission. Qui financent les instituts de sondages pour qu'ils puissent agir ? Est-ce que ce ne sont pas les groupes de pouvoir comme El Comercio, par exemple ? Les grands patrons ne les paient-ils pas ? Et les instituts de sondages que, comme cela a été démontré dans les procès, Vladimiro Montesinos soudoyait chaque mois. Mieux encore, ces instituts de sondages, dans un pays entièrement démocratique, devraient être interdits et proscrits depuis longtemps. Et toutes leurs actions déclarées nulles et non avenues. Mais ce pays es tun pays dans lequel ces espaces sont violés et où on viole aussi la Constitution et la démocratie elle-même.

    • Vous n'allez pas vous écarter du Gouvernement ?

    Ce n'est pas que je m'écarte du Gouvernement. Je ne me sens même pas intégré dans le Gouvernement mais je suis un ami du Gouvernement. Je peux faire des suggestions au Gouvernement, je peux critiquer le Gouvernement. Je peux corriger le Gouvernement avec certaines opinions. Et ils ont tout le droit de faire la même chose avec moi.

    • Alors, vous n'allez pas faire un pas de côté.

    J'ai fait un pas de côté, en pratique, et même le parti l'a fait. Parce que je t'ai déjà dit que Pérou Libre a moins de 10% des membres du Conseil des Ministres. Cette relation est assez claire mais ce n'est pas pas parce qu'ils sont minoritaires que mes opinions ne pourraient pas être écoutées au bon moment.

    • Pourquoi un homme comme Guido Bellido, qui a fait l'éloge de membres du Sentier Lumineux comme Edith Lagos y Carlota Tello, est adéquat pour assumer la charge de premier ministre ?

    Il faudrait le demander à celui qui l'a désigné. Dans ce cas, le professeur Pedro Castillo. Le parti avait proposé Roger Nájar à cause du fait que c'est un bon analyste politique. Il a été membre du Congrès et c'est un homme de parti. Au début, ce n'était ni Guido Bellido ni un autre. Que s'est-il passé quand on a commencé à attaquer Roger Nájar ? Il a décidé de faire un pas de côté pour que le nouveau Gouvernement puisse gouverner. Alors, le parti a fait une proposition : Jaime Quito, Silvana Robles, Álex Flores ou Guido. Parmi eux, le président a choisi Guido.

    • Condamnez-vous le premier ministre pour avoir fait l'éloge d'Edith Lagos?

    Je critique cela. Il n'aurait pas dû le faire, pour une meilleure utilisation de sa liberté de pensée. Parce qu'il l'a fait publiquement sur un réseau social ou à la télévision. Mais je peux t'affirmer une chose : Guido Bellido n'est pas un terroriste, j'en mets ma main au feu.

    • Elle ne va pas brûler ?

    Pas du tout.

    • La nomination de Guido Bellido n'a pas été une provocation envers le Congrès pour essayer de le dissoudre ?

    Comme je te l'ai dit, c'est au Président de la République de répondre. Mais si tu me le demandes, je peux te dire que non. Mieux encore, si le Congrès refuse sa confiance 2 fois au Conseil des Ministres, il n'est pas obligatoire de le dissoudre. C'est au bon vouloir du Président Castillo. Je suis sûr qu'il n'opterait pas pour cette solution parce que je le considère comme un démocrate. Et le Congrès, que sa majorité de droite nous plaise ou non, c'est celui que le peuple a élu. Nous demandons le même respect au Congrès. Qu'il respecte l'Exécutif et son Conseil des Ministres. Qu'il le respecte (Castillo) parce qu'il a été élu démocratiquement et qu'ils lui ont donné la faculté de composer son cabinet.

    • Vous n'êtes pas favorable à une dissolution comme Guillermo Bermejo.

    Aucune expérience de dissolution du Congrès, dans ce pays, n'a été fructueuse. Les dissolutions du Congrès n'ont jamais été importantes. La dissolution du Congrès (de 1993) nous a amené une Constitution plus antidémocratique que celle que nous avions. Elle nous a mis sur le tapis la copie du consensus de Washington dans les 10 points de la Constitution, c'est à dire que cette Constitution n'a même pas été faite au Pérou, simplement, Fujimori a mis en place le coup d'Etat.

    • Vous avez dit qu'un coup d'Etat se prépare, maintenant. Pourquoi ?

    Il y a des secteurs de droite qui appellent constamment à faire un coup d'Etat en utilisant indûment le Parlement. C'est à dire les fameux coups d'Etat parlementaires grâce auxquels ils ont chassé Lugo, Zelaya, Dilma Rouseff et grâce auxquels ils ont essayé de chasser d'autres présidents. On veut faire la même chose maintenant parce que c'est le plan Condor II. Nous voyons la judiciarisation de la politique, le mépris des médias et les coups d'Etat parlementaires. Le trépied, auparavant c'était les chars, les balles, les fosses communes. Les tactiques se sont modernisées.

    • Monsieur Bellido devrait rester en place ?

    S'il a la confiance de monsieur le Président, il restera président du Conseil des Ministres mais je pourrais, en tant que parti, suggérer d'autres changements. Je ne veux pas citer de noms en ce moment. Certains ont commis des erreurs qui non seulement provoquent des critiques du Gouvernement mais aussi du parti. 

    • Vous pensez au ministre des Transports, (Juan Silva)?

    Je ne peux pas citer de noms mais le gouvernement existe depuis 11 ou 12 jours. Ce serait très tôt. Nous sommes en ce moment comme à la sortie des urnes. Le décompte rapide pourrait être l'année prochaine. Certains ministres qui ont commis des erreurs, dont je suggère qu'ils pourraient être sujets à une nouvelle évaluation de monsieur le Président.

    • Comment un homme (Héctor Béjar) accusé d'assassinat, qui dit que le Sentier Lumineux a été une création de la CIA, peut-il diriger la politique étrangère péruvienne ? 

    Lui, quand il dit que le Sentier Lumineux a été une création de la CIA, il dit clairement qu'il ne peut le prouver. C'est son hypothèse et elle soit être respectée. C'est la liberté de pensée. Il y a un autre paragraphe, dans la même conférence qu'il a donnée, dans lequel il dit quelque chose qui est certain : le travail de la CIA, c'est de diviser la gauche en permanence. 

    • Vous aussi, vous êtes un chancelier, dans l'ombre. Vous avez annoncé dans un twitt que le Pérou allait quitter le Groupe de Lima, sans que la Chancellerie l'ait annoncé.

    C'était sur les réseaux sociaux. Dans les médias, bien avant mon twitt. Et j'ai exprimé mon souhait par cette annonce, que le Pérou quitte le Groupe de Lima, qui est en réalité le Groupe de Washington. J'affirme que c'est l'expression du néocolonialisme contemporain.

    • Prenons le problème de l'Assemblée Constituante : le président a dit qui'l allait insister sur ce point mais qu'il passerait par le Congrès. Etes-vous d'accord ?

    Je suis d'accord pour qu'on examine la voie du Congrès et sans le Congrès. Les 2 dans le cadre de la Constitution. L'une dit qu'elle est pour la réforme de la Constitution grâce au Parlement et l'autre par un referendum. Les 2 voies sont conformes à la Constitution. Nous ne sortons pas de ce cadre. Nous devons respecter la Constitution en vigueur. Par conséquent, on ne peut pas dire que la seconde option est antidémocratique, putschiste, autoritaire comme la droite, ; qui veut nous enfermuer dans la première option, rien d'autre, veut la présenter.

    • La crainte, avec l'Assemblée Constituante, c'est que Pérou Libre chercher à se maintenir au pouvoir en tenant compte du fait que vous vous êtes montré favorable à la réélection du président. N'est-ce pas un risque pour la démocratie ?

    Je pense que non. J'étais contre le fait qu'on interdise aux maires, aux présidents des régions et aux membres du Congrès d'être réélus. Alors, ils veulent avoir des gens qui fassent une carrière politique ? Comment pourraient-ils faire une carrière si on le leur interdit à tout moment ? Je suis favorable à la réélection. Si le peuple réélit un gouverneur à n'importe quel niveau, il faut simplement le comprendre comme la ratification de la volonté du peuple. Il ne faut pas le voir comme un maintien au pouvoir. Dans ce cas, je pourrais dire que la droite s'est maintenue 200 ans au pouvoir, jusqu'à ce que Pérou Libre gagne. On ne peut pas dire cela parce qu'il y a des nuances dans la droite, certaines plus démocratiques, certaines plus dictatoriales, etc...

    • Etes-vous d'accord pour que Julio Velarde reste ?

    J'ai suggéré que Julio Velarde reste. J'ai parlé avec lui. Je pense que ça a été une suggestion qu'ensuite j'ai faite au président et il l'a bien pris.

    • Que lui avez-vous dit ?

    Je l'ai salué et je lui ai dit qu'il nous semblait bien qu'il n'y avait pas de traumatisme concernant l'économie, ce qui est ce qui nous a été le plus réclamé. La conversation a été très brève. Cela (confirmer Velarde) n'a pas été un écart de conduite du professeur problème Castillo, comme on l'a dit. Ça a été une décision collégiale prise par leparti et par le candidat.

    • Que vous a dit monsieur Velarde ? 

    Il m'a salué, sans plus. Ça a été très rapide. 

    Alliances

    Annoncer un nouveau parti qui a le soutien du secteur de l'enseignement du groupe n'est-ce pas anticiper une rupture ? 

    Nous, nous avons salué l'inscription du Parti de l'Enseignement et du Peuple. Si le peuple s’organise plus, nous allons obtenir de nouvelles victoires, plus de conquêtes. Ici, l'important, c'est que nous ne sommes pas des ennemis de classe. Et, dans la lutte, nous nous rencontrerons, nous nous donnerons l'accolade et nous vaincrons un ennemi plus fort. Par conséquent, cela n'affecte pas du tout Pérou Libre. Au contraire, nous nous félicitons qu'il en soit ainsi. Dans la sincérité mais aussi dans la fraternité et dans le principe d'unité, de discussion, de divergence mais à nouveau d'unité.

    • Pourquoi les enseignants membres du Congrès ne se sont-ils pas affiliés à Pérou Libre ?

    Parce que beaucoup ont été invités au dernier moment. Stratégiquement, la candidature de Castillo, nous l'avons gardée en réserve jusqu'au dernier moment. Parce que sinon, une campagne anti-Castillo aurait commencé et ils auraient pu le condamner ou lui interdire de se présenter comme ils l'ont fait avec Gregorio Santos, Aduviri et Cerrón. Par conséquent, on a pris la décision de ne sortir la candidature qu'une semaine avant la clôture des inscriptions.

    • J'aimerais approfondir une phrase que vous avez lancée au congrès du parti Pérou Libre. Vous avez dit : « Si le Gouvernement dévie, le parti doit rectifier la ligne. » Et vous avez parlé d'une conspiration « caviar ». Ce sont les « caviars » qui veulent faire dévier le président ?

    Je pense que le président d'un Gouvernement acquiert sa légitimité quand il tient ses promesses et que le pouvoir politique se renforce si ce qu'on fait, c'est ce qu'on a dit. Si le professeur Pedro Castillo ne convoque pas l'Assemblée Constituante ou au moins, ne meurt pas dans cette lutte, le peuple aura l'idée d'une « caviarisation. » Si Castillo n'appelle pas à renégocier les contrats que nous considérons comme préjudiciables à l'Etat, il s'engagera dans la voie de « l'humalisation. » Si Castillo ne prend pas le contrôle des principales ressources naturelles, ce qui ne signifie pas nécessairement les nationaliser ou les étatiser, le peuple se sentira trompé une fois de plus. Le parti, après une critique, doit être vigilant. Tout échec ou toute victoire de Castillo retombe sur le parti.

    • Et que signifie « conspiration caviar » ?

    Dans le sens que beaucoup de gens proches d eces secteurs répètent constamment qu'une Assemblée Constituante n'est plus nécessaire. Que c'est suffisant pour faire un pays juste. Et nous l'avons prouvé. Nous avons eu de la croissance économique mais nous n'avons pas tous eu la même hauteur de croissance.

    • Qu'est-ce que c'est, un « caviar » pour vous ?

    Un « caviar » pour nous, c'est quelqu'un qui vit de l'Etat, souvent sans se dire de droite ou de gauche, sans prendre parti idéologiquement et politiquement en tant que tel et qui préfère être bien avec tout le monde, y compris avec le système. Bien qu'il ait dans son discours un langage anti-Etat, dans le fond, il renforce le noyau dur du système. 

    • Pedro Francke est un caviar? 

    Pedro Francke, je le connais trop peu pour avoir une idée très solide. J'espère qu'il sera plus proche de la gauche socialiste dorénavant. Je ne peux pas stigmatiser quelqu'un en le nommant.

    • Je veux lire quelque chose que vous avez écrit en février 2021: «  Pérou Libre a pour priorité de résoudre les problèmes économiques du pays en fonction de la majorité et Nouveau Pérou (le parti de Verónika Mendoza et Pedro Francke) a pour priorité de résoudre les problèmes des minorités sexuelles et du mariage égalitaire. » Confirmez-vous ?

    Oui, évidemment. Je pense qu'en ayant résolu les problèmes économiques du pays, les autres problèmes de la majorité et des minorités pourront être résolus par la force d'inertie. 

    • Je vous lis quelque chose que vous avez écrit : «  Pérou Libre est indépendant de toute ONG. Il considère les ONG comme des organismes d'infiltration politique dans d'autres Gouvernements. Nouveau Pérou et le Front Large (le parti du ministre de la Santé Hernando Cevallos) son dépendants des ONG. Vous confirmez aussi ?

    Pour pouvoir dire que l'Etat ne pratiquait pas l'ingérence, les Etats-Unis ont créé les organisations non gouvernementales.  

    • Avalez-vous des couleuvres, avec l'alliance avec Verónika Mendoza, Pedro Francke et Hernando Cevallos? 

    Non. Peut-être le professeur Castillo mais pas moi.

    • Verónika Mendoza ne vous pose aucun problème ? 

    Figurez-vous que la gauche est uné ventail très varié, qu'il faut nous entendre. Par exemple, nous, nous venons de mouvements régionaux. Héctor Béjar peut venir de guérillas, comme d'autres. D'autres viennent de mouvements étudiants, d'autres viennent de mouvements syndicaux ou d'ONG. Finalement, dans une certaine mesure, nous sommes tous liés. Même avec des secteurs du centre et aussi de droite. Si quelqu'un ne voit pas la politique dans son ensemble, il tombera dans ce qu'ils ont toujours appelé l'infantilisme de la gauche, se sentir les seuls. C'est ça, le fondamentalisme qui doit disparaître. 

    Dénonciations

    • Comment êtes-vous devenu un magicien des finances et êtes-vous arrivé à épargner plus d'1 200 000 sols ?

    En fait mon patrimoine est un peu plus élevé. Totalement justifié.

    • Combien ?

    Je ne peux pas te le dire pour des raisons de sécurité. Je dois être le neurochirurgien le plus pauvre du pays parce que j'ai fait une grande partie de mes opérations, plus de 1000, totalement gratuitement, sans toucher un centime. Le peuple d'Huancayo peut en témoigner. Des opérations qui, à Lima, peuvent coûter entre 100 000 et 200 000 sols. Avec 5 de ces opérations, j'aurais eu le patrimoine que j'ai eu en 20 ans de travail. Il n'y a pas de magie là, là, il y a du travail et même du travail philanthropique.

    • En 2013, vous avez déclaré aux impôts 14 300 sols de revenus mensuels et n'avez rien déclaré pour des activités privées. 

    Mes comptes sont totalement vérifiés. J'ai eu 8 enquêtes pour blanchiment d'argent sur ces comptes. 6 sont closes. 1 pour non-lieu. La conclusion de toutes les expertises qui ont été faites est la suivante : il n'existe pas de déséquilibre dans mon patrimoine. Concrètement. 

    • D'où vient votre fortune ?

    De la quatrième catégorie : l'activité privée. Et de la cinquième catégorie en tant que neurochirurgien à l'EsSalud, gouverneur régional, professeur à l'Université Nationale du Centre et à l'Université Péruvienne des Andes, à un moment.

    • Pourquoi avez-vous voulu retirer de l'argent de la banque ? 

    Parce que je voulais chager de banque pour avoir plus de rentabilité. Si vous êtes sous le coup d'une enquête pendant 6 ans pour blanchiment d'argent, aucune banque ne veut augmenter votre rentabilité. Alors, il faut en changer parce que tu peux avoir un rendement minimum, presque rien, simplement parce que tu es exposé politiquement. C'est pour cela que ces mouvements ont été faits. Donc, à aucun moment, Interbank n'a offert une meilleure rentabilité et cet argent a été transféré avec un chèque de banque. Autour de ça, on a tissé toute une histoire disant que cet argent venait du Vraem, des Dinámicos. C'est le même argent sur lequel on a enquêté il y a longtemps. Par conséquent, je n'ai aucun problème avec mon patrimoine. Comme patrimoine, ce que j'ai, en ce moment, c'est seulement une maison, et mes comptes d'épargne. Rien d'autre. Je n'ai pas d'entreprises, je n'ai pas d'argent à l'étranger, je ne gère pas de cartes de crédit.

    • Vous devez être un médecin très envié

    Envié, je ne crois pas. Parce qu'aucun neurochirurgien, au Pérou, n'est peut-être aussi pauvre avec la profession que j'ai. Parce que j'aurais eu une grande clinique à Huancayo si j'avais travaillé comme médecin néolibéral. Et je ne l'ai pas fait pour 2 raisons : parce que mon père était un homme de gauche assassiné pour ses idées et parce que la Révolution cubaine m'a éduqué pour que je ne sois pas un commercial.

    • Vous appelez « pauvreté » le fait d'avoir plus d'1 000 000 de sols ?

    Ce que je t'indique, c'est mon patrimoine maintenant, comme tout neurochirurgien à Lima, il serait de 16 à 20 000 000 et ce n'est pas le cas. Enquêtez sur d'autres neurochirurgiens ici, à Lima et vous verrez la différence abyssale avec le patrimoine que j'ai acquis en 20 ans de travail. 

    • Comment avez-vous payé la réparation civile de 850 000 sols ?

    C'est un autre mythe. Je n'ai pas payé 850 000 sols. J'ai payé, si je ne me trompe pas, près de 269 000 sols. Le reste, c'est les autres condamnés qui l'ont payé. Nous sommes 4 condamnés. Dire que l'un a payé tout fait partie d'un raisonnement malveillant pour me discréditer face à l'opinion publique.

    • Comment cet argent a-t-il été recueilli ? Les « balles, » comme dit le premier ministre Guido Bellido dans un enregistrement audio.

    Ils doivent expliquer qui l'a déposé pour leur part et moi, expliquer ce que j'ai déposé pour mon compte, qui l'a été avec le soutien du parti parce que le parti a fait une réunion. En voyant que ma condamnation avait un caractère politique, le parti a aussi décider de faire un apport. C'est l'apport qu'a fait madame Dina Boluarte avec monsieur Braulio Grajeda et avec la coordination, à l’époque, de Guido Bellido.

    • L'hypothèse du procureur dans l'affaire de Los Dinámicos del Centro est que de l'argent illégal du gouvernement régional a été collecté pour financer la campagne de Pérou Libre. 

    Totalement faux. Le procureur a une théorie dans cette affaire. C'est bien qu'il fasses des hypothèses. Je le félicite, c'est son droit le plus strict. Notre devoir est de démontrer qu'il n'en est pas ainsi. Moi, je suis tout à fait sûr qu'aucun centime n'est allé à la campagne du professeur Pedro Castillo. La solidarité de classe d'un peuple ne peut entrer dans l'esprit de l'adversaire politique, pas du Parquet. Pour le dire clairement : la campagne de Pedro Castillo n'a été financée ni par le gouvernement régional de Junín ni par de l'argent sale du trafic de drogues ou du terrorisme ni par la direction régionale des Transports et des Communications.

    • Et pourquoi le patrimoine de Pérou Libre a-t-il augmenté ? En 2018, il avait zéro sols et en 2021, 762 000 sols.

    Parce que le parti a décidé de faire un pas du niveau régional au niveau national et cela impliquait que nous ayons un local à Lima, nous ne pouvions pas être des gitans. Alors, on a réuni une assemblée et on a demandé aux militants de faire un apport extraordinaire pour pouvoir acheter ce local qui a coûté 220 000 sols, celui de la rue du Brésil. Et que nous les exonérerions de leur cotisation les années suivantes. Pérou Libre est un parti dont les statuts permettent les apports. 

    • Etes-vous un troll sur Twitter ?

    Je dirais que je suis un « discuteur d'opinions. » Sur Twitter, sur Facebook, sur WhatsApp, sur les réseaux sociaux. J'ai aussi écrit des livres : 2 de médecine, 1 d'histoire, un autre sur la décentralisation. Je suis en train d'en écrire 2 autres. Alors, le travail intellectuel n'est pas éloigné. L'héritage de mon père est une belle et grande bibliothèque de pédagogie, d'histoire et de philosophie. C'est de là que viennent les opinions que j'ai. 

    • Allez-vous vous présenter à la présidence ?

    Si les conditions sont réunies, je vais être candidat à la présidence de la République. Si les conditions ne sont pas réunies, je ne serai pas candidat et le parti travaille à former de nouveaux cadres et nous pensons qu'en 2026, Pérou Libre devrait avoir 2 cadres hommes et 2 cadres femmes pour la présidence. 

    • Puisque vous parlez de cous-même à la troisième personne, que pense Vladimir Cerrón de Vladimir Cerrón?

    Je dirais, comme Vallejo, que je suis né un jour où dieu était malade, c'est pourquoi, je peux souvent être ignoblement incompris. Mais quand on me connait, on sait que le Vladimir Cerrón que mes ennemis ont dépeint ne ressemble en rien au Vladimir Cerrón réel. Maintenant, jusqu'à récemment, avant cette interview, on ne connaissait que le Vladimir Cerrón virtuel.

     

    Source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/15/peru-vladimir-cerron-pedro-castillo-no-es-subordinado-mio-ni-cerron-es-subordinado-de-castillo/

    Source en français(traduction de Françoise LOPEZ): http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/perou-interview-de-vladimir-cerron-chef-du-parti-perou-libre.html

     

    « Kaboul : un tournant dans l'Histoire - Michel Midi (YT-InvestigAction 20/08/21) Pérou : Le départ d’Hector Béjar ne résoudra rien (resumen-17/08/21) »
    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :