• Plouhinec. Deux charpentiers de marine reprennent les Chantiers du Goyen (OF.fr-1/11/20-8h18)

    Les charpentiers Cyrille Humbert et Benoît Bouf veulent faire revivre un chantier de réparation et de construction au bord du Goyen.Les charpentiers Cyrille Humbert et Benoît Bouf veulent faire revivre un chantier de réparation et de construction au bord du Goyen. 

    À Plouhinec (Finistère), dans l’anse de Loquéran, Cyrille Humbert et Benoît Bouf, charpentiers de marine, veulent faire revivre un chantier de réparation et de construction navale au bord du Goyen.

    Cyrille Humbert, charpentier voyageur, revient tout juste des antipodes. « Les dix dernières années, j’étais en Australie. Je suis revenu il y a deux mois. Benoît m’a appelé en me disant : Patrick vend l’anse de Loquéran, qu’est-ce qu’on fait ? On pouvait pas ne pas l’acheter ! Des endroits comme ça, c’est très rare. »

    Les deux hommes se sont rencontrés il y a une vingtaine d’années à Douarnenez (Finistère), aux Ateliers de l’Enfer. « On a tous les deux suivi la formation de charpente navale à l’Enfer. Benoît était une année ou deux avant moi. » Pendant des années, les deux jeunes charpentiers se croisent et se relayent sur des chantiers, en France et à l’étranger.

    « Le premier gros chantier qu’on a fait ensemble c’était le Fleur de passion , pour une association suisse du lac Léman. Ils ont acheté un bateau sur membrure acier et ils nous ont demandé de faire le pavois, les espars et la cabine. Cela a pris 18 mois. » Depuis, ce ketch aurique de 25 m a fait un tour du monde de quatre ans. Certains ont pu apercevoir sa coque blanche et bleue et ses deux mâts au large de Douarnenez en 2019.

    Des générations de « pétrisseurs de bois »

    Avant de poser leurs valises et leurs outils dans l’anse de Loquéran, les deux charpentiers ont aussi travaillé ensemble au Moyen-Orient. « On était dans une équipe qui construisait une goélette de 30 m pour un Français, dans la banlieue de Dubaï. On s’occupait de la charpente en collaboration avec des charpentiers indiens et pakistanais. »

    Artisans chevronnés, les deux hommes sont aussi de vrais passionnés du patrimoine maritime. En 2013, Benoît récupère un langoustier à Port Saint-Louis du Rhône : le Fleur de lys, construit en 1926… dans l’anse de Loquéran ! « Pur hasard. La personne m’a donné le bateau. Je l’ai ramené à Douarnenez. On a monté l’association Le Cri de la langouste, autour de ce projet. » La restauration, commencée il y a deux ans, s’achèvera donc à Plouhinec. « Il a été lancé sur la cale qu’on veut rouvrir, à l’époque des frères Landrac ! », s’enthousiasme Cyrille qui connaît parfaitement la généalogie des lieux.

    Avec les trois hangars de 1 000 m2 achetés en mars 2020, les deux charpentiers savent qu’ils héritent d’une longue histoire. « Des générations de locaux ont vu des lancements de bateaux ici. Les gens qui viennent chercher des moules sur l’estran à marée basse nous disent « Ah ! Je me rappelle, quand j’étais gamin, les lancements avec deux cents personnes, les grandes tablées, le curé. »

    Depuis le début du XXe siècle, le site a vu se succéder plusieurs générations de charpentiers dont les frères Landrac, actifs jusqu’aux années 1950, le tandem Kersaudy-Gourlaouen, puis Paul Quillivic, qui a repris le chantier en 1978. « C’était un fameux pétrisseur de bois, il a construit je ne sais pas combien de langoustiers, crevettiers, pour pas mal de pêcheurs locaux. » En 1989, Paul Quillivic cède les lieux.

    Les temps sont alors durs pour les charpentiers. La politique de modernisation de la flotte menée dans les années 1970 a incité les pêcheurs à renouveler leurs bateaux, principalement en bois, souvent vétustes. Pour obtenir une subvention, il faut alors faire casser son bateau… Pour la reconstruction, la majorité des patrons fait le choix du plastique ou de l’acier, moins onéreux que le bois. Dans l’anse de Loquéran, le chantier, racheté par Patrick Prophète, devient un espace d’hivernage qui assure aussi de petites réparations de bateaux en plastique.

    Remettre la cale en service

    Cyrille voit la renaissance du chantier en grand. « Ma vision est de remettre la cale en service. C’est un truc qui m’a tapé dans l’œil tout de suite. Pendant un siècle, ils ont fait des lancements ici. Les plots béton sont existants, il faudrait remettre des rails et un chariot. » L’objectif serait ainsi de pouvoir rentrer et sortir les bateaux à l’intérieur du hangar de manière autonome, avec un treuil pouvant hisser jusqu’à 35 tonnes.

    Les deux entrepreneurs ne doutent pas de trouver une clientèle. Des contacts existent déjà avec des associations faisant naviguer des bateaux anciens, comme le Richard Marika de Douarnenez, ou la Louisette du Centre nautique de Plouhinec. Plusieurs propriétaires particuliers leur ont déjà confié de petits chantiers. Les deux artisans espèrent travailler pour des pêcheurs d’Audierne ou du Guilvinec et n’excluent pas de faire aussi des chantiers « pour des extensions ossature bois ou du mobilier ». Ils envisagent à terme d’ouvrir le lieu à d’autres activités : « Ça pourrait être de la sellerie, de la voilerie. On connaît aussi un jeune forgeron, qui cherche un lieu pour s’installer. »

    Benoît souligne l’inscription du chantier dans une dynamique locale. « Il y a quelque chose qui est en train de se passer à Audierne. Le port est intéressé pour nettoyer toute l’anse. Il y a les projets en cours au port de Poulgoazec. Des gens s’installent ici, comme le collectif d’artistes du Cargo. » Un projet de construction d’un canot sardinier est en train de voir le jour dans le sillage du projet D21 porté à Douarnenez par l’association Treizour.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

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