• Polémique sur le « burkini » : une diversion irresponsable #burkini #racisme (IC.fr-26/08/2016)

    le 26 aout 2016, le conseil d’état a rendu un arrêt invalidant les arrêtés pris par des maires d’extrême droite soit disant contre le port du « burkini » :

    « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. » décision du Conseil d’Etat 26 aout 2016, invalidant l’arrêté de Villeneuve Loubet

    Polémique sur le « burkini » : une diversion irresponsable



    A la suite des graves incidents de Sisco, un village proche de Bastia, la plupart des politiciens n’a pas condamné la manifestation ouvertement xénophobe menée aux cris de « on est chez nous ! » (à Ajaccio, au début de l’été, c’était encore plus explicite : « Arabi fora ! »*), mais ils ont approuvé, Valls en tête, les maires LR démagogues du Sud-Est qui ont pris des arrêtés contre le port du « burkini » sur les plages de France (notre camarade Léon Landini, ancien résistant, s’est déjà exprimé sans la moindre ambiguïté sur notre site à ce sujet).

    Peu leur importe que, suite à l’enquête sur les incidents de Sisco, aucune certitude n’ait pu être établie sur le port d’un « burkini » par une baigneuse « maghrébine » (sic), aussitôt, la polémique malsaine portée par le FN et par les LR, Sarkozy en tête, a enflé en prenant sciemment le double risque de stigmatiser encore davantage les Français de tradition musulmane (dont l’écrasante majorité n’est pas pratiquante !), de violer les libertés individuelles de tous et de pousser nombre de musulmans, essentialisés comme tels, au repli communautaire dont ne peuvent profiter que les intégristes et les fanatiques. C’est exactement ce qu’espèrent à la fois les islamistes terroristes – qui veulent prendre en otage toute une population – et les pyromanes professionnels du FN et de leurs suiveurs de l’ultra-droite sarkozyste, prêts à tout pour exciter l’hystérie raciste et gagner des voix sur des bases malsaines. Plus grave encore, la « justice », de moins en moins encline à statuer sur le droit et de plus en plus portée à juger sous la pression de l’ « opinion », tend à valider les décisions des maires LR au seul motif du « trouble à l’ordre public », le même motif que celui qui servit à Valls, à la mi-juin, pour tenter d’interdire les manifestations de l’Intersyndicale contre la loi Travail. Voilà où l’on en est en France aujourd’hui, dans le cadre d’un état d’urgence à perpétuité, d’un empilement incroyable de lois répressives, d’une vidéosurveillance et d’un flicage de la Toile sans précédent, en un mot, dans un climat de fascisation galopante où la droite et la « gauche » hollandienne ne savent plus quoi inventer – sans pour autant endiguer véritablement le terrorisme ! – pour fliquer la population laborieuse exaspérée par le chômage, la précarité, les inégalités et la paupérisation qui frappent des millions de Français.

    Dans ces conditions, le PRCF rappelle son total attachement à la laïcité républicaine telle que la résument les deux articles initiaux de la Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat mise en place en 1905 sous l’influence de Jaurès :

    1.  sur la liberté de conscience : celle de croire en la religion de son choix, sans immixtion aucune de l’Etat dans l’organisation des cultes, celle également de ne pas croire et d’exprimer sans limite toute critique de la religion, les croyants étant libres de répondre aux critiques par des arguments ;

    2. Séparation totale de la République et des cultes : « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte » ; d’où découle le fait que les services publics doivent être libres de toute manifestation religieuse ostentatoire et que, tout bonnement, l’Etat n’a pas à connaître la religion des citoyens (ou leur irréligion), pas plus qu’à l’inverse, les cultes n’ont à se faire reconnaître dans le cadre du fonctionnement institutionnel de la République (à l’école et à l’hôpital publics, dans les mairies, etc.).

    3. Pour le reste, à partir du moment où le visage est découvert – une condition élémentaire de la citoyenneté et du débat public – libre à chacun de se vêtir à sa guise quitte à encourir la critique d’autrui, ce qui n’a rien à voir avec la répression d’Etat. Cela ne signifie pas que les progressistes, notamment les féministes, n’aient pas le droit de critiquer les tenues qui leur semblent attenter à la dignité des femmes ou à leur égalité avec les hommes (et dans ce cas, n’y a-t-il que les tenues d’inspiration religieuse qui posent problème dans notre société qui marchandise de mille façons le corps des femmes ?), mais cette discussion doit se faire avec la volonté fraternelle de convaincre, et non dans l’esprit de contraindre et de stigmatiser ; faute de quoi c’est systématiquement l’effet contraire au but recherché qui s’imposera et la spirale des haines communautaires sous influence s’aggravera avec un danger évident d’implosion sanglante du peuple français. Fermeté totale contre la burka, qui privatise le visage féminin et qui attente à l’égalité et à l’altérité, interdiction de TOUS les signes religieux ostentatoires sur les bancs de l’école (comment enseigner la philosophie, l’histoire, les sciences naturelles si chacun affiche en classe une « identité » préfabriquée et fermée par avance à tout ce que peuvent apporter la discussion collective et la démonstration scientifique ?). mais pour le reste, liberté pour chacun de parler, de penser et de se vêtir à sa guise, quitte à encourir la mise en discussion de son comportement, voire l’ironie et la caricature, avec bien évidemment le droit d’y riposter sur le même terrain pacifique.

    Ces évidences étant rappelées, il faut revenir au vrai motif, sordide, de la « polémique » sur le « burkini » : alors que notre pays se dissout dans l’acide sulfurique de la « construction » euro-atlantique, qui détruit ses acquis sociaux, son emploi industriel et agricole, ses services publics, ses communes, sa République une et indivisible, son Éducation nationale, sa souveraineté diplomatique et militaire (vassalisation par l’OTAN), alors que la politique étrangère irresponsable de Sarkozy et de Hollande a déstabilisé des pays entiers en attirant le terrorisme sur notre sol, alors que la contestation ouvrière ne désarme pas face aux contre-réformes néolibérales, il s’agit pour Valls et pour les LR d’ouvrir un contrefeu communautariste et fascisant aux luttes sociales, quitte à embraser le pays, à le fasciser, à préparer de futures St-Barthélémy contre une « communauté » religieuse » inventée ad hoc, tout en liquidant la loi laïque de 1905 : en effet, Valls a désormais la prétention d’organiser lui-même le culte musulman tandis que Sarkozy ne cesse de promouvoir, contre la volonté des protestants et d’une majorité de catholiques, le mythe diviseur et typiquement anti-laïque de « la France fille aînée de l’Eglise ». On l’a vu au moment des fêtes de Noël avec la campagne grotesque menée parallèlement par le FN et par les LR pour imposer des crèches – symbole religieux s’il en est – dans les Mairies, notamment à Béziers et à Hénin-Beaumont. En quoi certains maires LR de la Côte d’Azur, qui parfois, participent ès qualités à des cérémonies religieuses catholiques, en quoi Manuel Valls, qui représenta la France à la canonisation de Jean-Paul II, en quoi Hollande qui vient de se faire adouber par le Pape, en quoi Hollande et Valls qui participent ès qualités à des cérémonies religieuses coiffés d’une kippa, en quoi Sarkozy – le « chanoine du Latran » intronisé par le Pape Benoît XVI – ont-ils la moindre légitimité pour se poser en défenseurs d’une laïcité à sens unique qu’ils sont les premiers à violer, y compris en Alsace-Moselle (où l’Etat continue de salarier les prêtres, rabbins et autres pasteurs luthériens) ?

    A cette politique de division et de guerre civile, dont profiteront en dernière analyse les fascistes bleu marine et les islamistes fanatiques, et dont le triomphe signerait l’implosion déshonorante de la patrie des « droits de l’homme », le PRCF appelle les progressistes à préférer une politique authentiquement patriotique, républicaine, laïque, ouvrière, sociale et révolutionnaire : celle du tous ensemble et en même temps contre les régressions et la fascisation, celle d’un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique reconstruisant, hors de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, la République sociale et souveraine en marche vers le socialisme.

     

    Déclaration du PRCF, 26-8-2016

     

    *L’ultranationalisme cultivé par les sécessionnistes à la Talamoni ne vise pas que les « Arabes » (alors que la tête de Maure est l’emblème de la Corse !), il encourage aussi le racisme anti-« Français », comme le montrent les scandaleux graffiti IFF (I Francesi fora, « les Français dehors ! ») qui souillent les murs près de Bastia. La Corse du jacobin Paoli, qui avait demandé une Constitution à J.-J. Rousseau, et que ses héroïques FTPF ont libérée par eux-mêmes du joug mussolinien, mérite mieux que ces étalages de haine tous azimuts.

     

     

     

    RACISME, SEXISME… et BURKINI.

    Par Caroline ANDREANI militante communiste, antiraciste et féministe 



    Militante communiste, féministe et antiraciste, l’affaire du burkini – qui dans un premier temps m’avait abasourdie tellement elle suintait la manipulation politique grossière – me laisse aujourd’hui une impression glaçante.
    Que quelques dizaines de femmes, à l’échelle d’un pays de 65 millions d’habitants, choisissent d’aller à la plage avec un vêtement qui leur couvre le corps, voilà de quoi créer une polémique nationale ! Dans les années 60-70, la polémique portait sur les femmes seins nus sur les plages. À cinquante ans de distance, quelques maires, Les Républicains comme socialistes, désignent à la vindicte populaire des femmes dont le crime est de vouloir profiter des plages sans s’exposer.
    Dans notre société de consommation qui se prétend moderne, pour vendre un déodorant, du dentifrice, des cônes glacés, le principal vecteur publicitaire est… la femme la plus dénudée possible. Le message subliminal est tellement habituel qu’il ne choque plus personne. Tu as quoi que ce soit à vendre ? Basique : il faut filmer une femme à poil, taille mannequin, dans des poses suggestives. Elle peut aussi jouer la bonniche : pour nettoyer les chiottes, faire bouffer les mômes, laver le linge, faire briller la maison du sol au plafond, la putain endosse le costume de la fée du logis. C’est ça, la vision moderne de la femme en France en 2016.
    Une société où les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que leurs homologues masculins, où les conseils d’administration des grandes entreprises sont tous dirigés par des hommes, où le Sénat et l’Assemblée nationale connaissent un taux de femmes de respectivement 25 et 27%, une telle société a encore ses preuves à faire en matière d’égalité hommes-femmes, avant de se préoccuper du burkini !
    On prétend que les arrêtés anti-burkini seraient un moyen de lutter contre l’oppression des femmes… par l’islam. Car comme chacun sait, seul l’islam est une religion sexiste. Le judaïsme et le christianisme sont, c’est bien connu, des religions qui respectent les femmes. Pas besoin de s’étendre sur le sujet.
    En dehors même de ces considérations, ce qui est révoltant dans cette affaire, c’est le cynisme de la classe politique française. Car cette affaire est avant tout une question de politique intérieure. Pour Les Républicains, c’est la course à la primaire. Tous les candidats et leurs affidés veulent se positionner sur le registre sociétal. On connaît : la défense des valeurs les plus réactionnaires, car en période de crise, c’est bien connu, rien de mieux que de naviguer à vue dans les eaux de l’extrême droite. Ça va d’une Kosciusko-Morizet avec une proposition de loi pour rendre le salafisme illégal à Sarkozy, qui n’a plus qu’à se baisser pour ramasser la donne distribuée par les socialistes. Et que dire de Manuel Valls et de ces maires socialistes qui, courant après les maires LR, prennent à leur tout des arrêtés anti-burkini, y compris sur des plages où la présence de femmes portant un tel costume relève du fantasme le plus complet ?
    On peut leur reprocher leur bêtise crasse. Oui, mais pas seulement. Ce n’est plus uniquement de la bêtise. C’est la désignation d’un bouc émissaire. Ce ne sont pas les femmes en burkini qui sont responsables des attentats. C’est la politique néo-coloniale de la France : pour rappel depuis 2007, la France est intervenue militairement en Libye, en Syrie, au Mali, en Centrafrique, en Afghanistan. Tant que notre pays participera à ce type d’aventures militaires, ne nous étonnons pas des répercussions en France.
    En employant la stratégie du bouc émissaire, les élus, les journalistes, les essayistes, les pseudo-experts ne font ni plus ni moins que ce qui se faisait dans les années 30 vis-à-vis des juifs. Le nouvel antisémitisme, ce sont ces attaques fielleuses et constantes contre les musulmans de France. Il se fait, comme dans les années 30, sur une base de classe. Dans les années 30, ce sont les juifs polonais, roumains, tchèques, slovaques, etc. qui étaient vilipendés, sur une double base, religieuse et sociale. Et dans quoi nos politiciens se vautrent-ils aujourd’hui, si ce n’est dans les mêmes travers ? Il n’y a pas de polémique quand un dignitaire saoudien ou des émirats privatise une plage ou un grand magasin pour y dépenser des fortunes. On ne reproche pas, dans les grands hôtels parisiens ou de la côte d’Azur, leurs tenues aux femmes de l’aristocratie qui portent le voile. Quand on a de l’argent, ce type de différence s’estompe complètement.
    Ce qu’on reproche aux musulmans de France, ce n’est pas tant l’islam que leur appartenance à des classes sociales populaires, leur marginalité économique et sociale, quand bien même elle est l’héritage d’une situation historique qu’ils n’ont pas créée : la colonisation, la décolonisation, le néo-colonialisme qui continue à siphonner les richesses des anciennes colonies, les politiques d’immigration des années 60-70 pour l’industrie française, des politiques sociales lamentables en matière d’éducation, de logement, de santé…
    Quoi de mieux qu’un bouc émissaire quand toutes les politiques de relance depuis les années 70 échouent, quand le chômage ne cesse de grimper, quand les acquis sociaux sont démantelés consciencieusement, quand le code du travail est cassé, tout cela par le biais de l’Union européenne ?
    Comment ne pas en vouloir terriblement à ces hommes et ces femmes politiques dont les objectifs à court terme sont leur réélection et qui, pour cela, n’hésitent pas à enfourcher les discours les plus racistes en travestissant la réalité et en reportant l’attention sur une minorité qui n’a pas les moyens de se défendre ? Fracturer la société entre d’un côté les bons, Français, modernes, anti-sexistes, etc. et de l’autre les mauvais, musulmans, rétrogrades, voire terroristes, c’est cela, porter une parole politique ? Non ! C’est jouer avec le feu comme les politiciens des années 30 l’ont fait. Pourquoi en juillet 1942 a-t-on pu arrêter si facilement des centaines d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards au Vel d’Hiv, avant leur déportation ? Parce que l’opinion publique avait été façonnée avant-guerre.
    Je ne peux pas croire qu’en 2016, personne ne soit capable de se rappeler des années 30. Ce qui est fait aujourd’hui est un scandale national, dont les effets risquent de nous dépasser. Notre pays est dirigé par des apprentis sorciers, et nous manquons cruellement d’une perspective de changement de société.

     

     

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