Baptisée en grande pompe en 1979, à Pont-l'Abbé, la rue Youenn Drezen, voit son nom contesté en référence au passé collaborationniste de son parrain.
Daniel Quillivic, enseignant à la retraite à Pont-l'Abbé, le proclame. « La rue Youenn Drezen, une voie à renommer » !, soutient-il. Une revendication qu'il exprimait à l'occasion des élections municipales 2014, en adressant un document exhaustif, reprenant son argumentation, aux 4 listes, alors en lice à Pont-l'Abbé.
« Le patronyme de cette rue constitue un outrage permanent à notre vivre ensemble », y résumait-il. « Né Français, Youenn Drezen ne se reconnaissait pas comme tel et qualifiait notre Fête nationale du 14 juillet, de journée de deuil. Ceci, dans une France occupée par des nazis qui prônaient ouvertement l'antisémitisme entre-autres discriminations racistes, soutenait le collaborateur en octobre 1942, lorsqu'il glorifiait l'occupant dans l'hebdomadaire Je suis partout », rappelle Daniel Quillivic.
Renommer la rue Youenn Drezen constituerait un acte militant, estime encore Daniel Quillivic. En novembre 2014, le maire Thierry Mavic se disait, selon lui, « totalement en phase » avec l'étude qu'il avait mené s'agissant du comportement de Youenn Drezen, pendant la Seconde guerre mondiale. Une opinion, à concilier avec celle des riverains qui souhaiteraient ne rien changer et conserver le nom de la rue pour des raisons de commodité.
« En 1979, lors de l'inauguration, Per Jakez Helias faisait le discours, qu'il convenait alors à l'événement, en présence des élus et de représentants syndicaux communistes de la CGT et personne ne trouvait rien à redire », se souvient un habitant de la rue. « Il s'agit pourtant d'un outrage permanent imposé à la mémoire de l'écrivain Auguste Dupouy, père de 2 fils Résistants qui périrent dans des camps de concentration et dont la rue se situe à la perpendiculaire de celle de Youenn Drezen », souligne Daniel Quillivic. Des antagonismes difficiles à concorder sur la forme.
Elles ne rebuteraient cependant pas Thierry Mavic, le maire de la ville. « Le 12 décembre dernier, Il m'a promis une prochaine réunion administrative, avec les riverains de la rue, à laquelle je serais invité, afin de les convaincre du patriotisme de ma démarche qui valent bien quelques petits désagréments temporaires pour l'honneur du territoire et des Bigoudens », conclut Daniel Quillivic.
source: ouest-france.fr