• Soixante-dix personnes, dont une majorité de commerçants quimpérois et des alentours, ont manifesté leur colère face aux fermetures imposées par le reconfinement, ce mercredi 4 novembre 2020, devant la préfecture à Quimper (Finistère).Soixante-dix personnes, dont une majorité de commerçants quimpérois et des alentours, ont manifesté leur colère face aux fermetures imposées par le reconfinement, ce mercredi 4 novembre 2020, devant la préfecture à Quimper (Finistère). 

    Mercredi 4 novembre 2020, environ soixante-dix commerçants, sédentaires ou non, de Quimper (Finistère) et des alentours, ont manifesté leur colère sous les fenêtres du préfet. Ils veulent pouvoir rouvrir leurs boutiques, fermées depuis vendredi 30 octobre et la mise en place d’un nouveau confinement afin de lutter contre l’épidémie de coronavirus.

    Philippe Morel, disquaire, tient la boutique Ty Blurt Records. Vincent Le Houëzec est le patron du bar Le Vin dans les voiles. Alain Tréfaut, le gérant de la boutique de prêt-à-porter Greyhound. Tous trois sont commerçants à Quimper (Finistère). Et depuis le reconfinement, mis en place vendredi 30 octobre 2020, ils ont dû baisser le rideau.

     Pour nous, qui depuis la réouverture avant l’été, avons mis du gel hydroalcoolique à disposition dans nos commerces, installé des vitres de protection devant les caisses, portons des masques et même, pour certains, des gants pour les paiements par carte bancaire, devoir fermer à nouveau est incompréhensible. Car, dans le même temps, on voit des centaines de personnes faire leurs courses dans les grandes surfaces, qui sont, elles, ouvertes. 

    « Je ne m’abaisserai jamais à vendre en ligne »

    Comme eux, environ 70 commerçants, sédentaires ou non, de Quimper et des alentours, avaient répondu à l’appel lancé par Gilbert Le Quintrec, marchand de vêtements permanent sur des marchés locaux. Ils se sont rassemblés ce mercredi 4 novembre 2020 à 14 h, devant la préfecture.

    Dans leur viseur aussi, la concurrence des grandes plateformes d’e-commerce. Envisagent-ils, eux aussi, de vendre en ligne ?  Je ne m’abaisserai jamais à cela , répond, catégorique, Philippe Morel.  Ce n’est pas le même métier : on vient acheter en boutique pour le lien social, les conseils, pour découvrir et essayer , complète Alain Tréfaut.

    Gilbert Le Quintrec confirme qu’un courrier va être adressé au préfet, pour le rencontrer. Le groupe de commerçants s’est ensuite rendu à l’Hôtel de ville, où quatre d’entre eux ont été reçus. « Ils n’avaient pas sollicité de rendez-vous mais il fallait les écouter. Nous les avons informés des nouvelles actions bientôt mises en place pour soutenir le commerce local  », commente la Ville.

    Pour Gilbert Le Quintrec, il faut désormais envisager  des actions regroupant tous nos métiers, partout en France, le même jour .

     

    Rose-Marie DUGUEN

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Mickaël Morvan est coiffeur à Cesson-Sévigné, près de Rennes, et président de l’U2P Bretagne (Union des entreprises de proximité).Mickaël Morvan est coiffeur à Cesson-Sévigné, près de Rennes, et président de l’U2P Bretagne (Union des entreprises de proximité). 

    Mickaël Morvan est coiffeur à Cesson-Sévigné, près de Rennes, et président de l’U2P Bretagne (Union des entreprises de proximité). Il raconte la détresse des commerçants et des artisans, contraints de fermer à nouveau pendant le confinement.

    Qu’ils soient coiffeurs, libraires, cordonniers, fleuristes, gérants de friperie, ces commerces jugés « non essentiels » ont dû baisser le rideau lors du second confinement. « On vit très mal cet acte II après sept semaines de fermeture administrative en mars et avril   », alerte Mickaël Morvan, propriétaire d’un salon de coiffure rue de Rennes, à Cesson-Sévigné. Et président de l’U2P Bretagne (Union des entreprises de proximité).

    Zéro salaire mais des dettes

    Il pensait, comme bon nombre de ses confrères, qu’il y aurait des aménagements, mais quand le couperet est tombé, « c’était l’affolement, surtout quand on nous a dit qu’on n’était pas essentiel, alors que nous avons investi, aménagé nos postes de travail et appliqué des règles sanitaires strictes. Aujourd’hui on a aucune vision sur l’avenir. C’est zéro salaire pour certains depuis le 17 mars, mais beaucoup de dettes », raconte-t-il.

    Les mesures d’aide accordées lors du premier confinement, et celles à venir, ne suffiront pas à enrayer les faillites et ses conséquences sociales. « Les gens m’appellent en pleurs car ils ne se payent plus depuis des mois. C’est une question de survie pour eux, ils sont en sursis depuis trop longtemps », explique Mickaël Morvan, fraîchement élu président de l’U2P Bretagne (Union des entreprises de proximité) qui rassemble 500 métiers de l’artisanat. « On est propriétaire de notre affaire à 100 %, indépendants et responsables. Cela fait beaucoup trop et la colère va grandissant devant l’inégalité de traitement », s’inquiète-t-il.

    Des solutions pour rouvrir vite

    « On est conscient de l’impact de l’épidémie, mais on travaille sur des solutions pour demander la réouverture au 15 novembre, et on remettra le tout à la préfète. On peut recevoir sur rendez-vous en jauge réduite et en respectant les 4 m2, mieux que les grandes surfaces. Il ne faut pas louper Noël, sinon ce sera une catastrophe. Pour certains, c’est 40 à 60 % du chiffre annuel. »

    L’Ucal et la mairie ont mis en place une cellule de crise pour aider les commerçants et les artisans dans leurs démarches.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • La toma de posesión de Luis Arce y David Choquehuanca pondrá fin al Gobierno de facto golpista de Jeanine Áñez.

    Le président et le vice-président élus de Bolivie, Luis Arce et David Choquehuanca prêteront serment au cours d’une cérémonie ancestrale indigène de prise de possession samedi prochain avant leur investiture prévue pour dimanche.

    La cérémonie aura lieu à Tiwanaku, dans le département de La Paz. Elle sera identique à d’autres cérémonies auxquelles avait pris part le président Evo Morales avant chacune de ses investitures en tant que chef de l’Etat bolivien à partir de 2006. cette information a été divulguée par le sénateur élu Félix Ajpi.

    Bien que cette cérémonie n’ait pas l’ampleur qu’elle avait d’habitude, c’est un acte qui réaffirme l’identité indigène du Mouvement Vers le Socialisme (MAS). Le porte-parole de ce groupe, Sebastián Michel, a fait savoir que des cérémonies similaires se dérouleront également dans divers huacas (lieu sacrés indigènes).

    « Dans toutes les huacas du pays, on s’ouvre avec foi et énergie, il y aura beaucoup de rituels, ils sont les bienvenus, ça nous fait plaisir qu’il en soit ainsi, » a déclaré le porte-parole du parti qui a gagné les élections.

    La cérémonie officielle d’investiture est prévue pour dimanche 8 novembre au siège du Palais Législatif et mettra fin à presque 1 an de dictature de Jeanine Áñez.

     

    source en espagnol :  https://www.telesurtv.net/news/bolivia-toma-posesion-simbolica-20201104-0022.html

    source en français (traduction de F. Lopez) :  http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/11/bolivie-une-ceremonie-ancestrale-pour-l-investiture-de-luis-arce.html

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  • La COB  (Centrale Ouvrière de Bolivie) appelle ses affiliés à se mobiliser à La Paz pour surveiller et garantir le processus d'investiture du nouveau gouvernement de Luis Arce dimanche.

    La COB a demandé à ceux qui ne reconnaissent pas les résultats des élections "d'accepter la défaite", elle ne se laissera pas voler son gouvernement avec un second coup d'état.

    Article et traduction Nico Maury

     
    La COB est en état d'urgence et appelle à protéger l'investiture de Luis Arce dimanche
     
    La Central Obrera Boliviana (COB) s'est déclarée en état d'urgence et a annoncé qu'avec ses syndiqués elle protégera et assurera que l'acte d'investiture du président élu Luis Arce, prévu pour le 8 novembre, se déroulera sans inconvénient, ni violence de la part des groupes qui refusent de reconnaître les résultats des élections.

    "La COB se déclare en état d'urgence pour protéger la paix, le Palais présidentiel, la Plaza Murillo, pour qu'il n'y ait pas d'affrontement entre frères le jours de la transition du commandement", a déclaré Juan Carlos Huarachi, secrétaire exécutif de la COB, lors d'une conférence de presse.

    Huarachi a souligné que tous les secteurs "affiliés et non affiliés" à la COB ont reçu pour instruction de se déplacer vers la ville de La Paz "pour participer à l'acte de transmission de commandement et pour protéger en tant que soldats du processus" l'acte de possession.

    La COB a demandé à ceux qui ne reconnaissent pas les résultats des élections "d'accepter la défaite".

    "N'offensez pas le peuple, assez de discrimination et de racisme, acceptez votre défaite. Vous avez eu l'opportunité de gouverner, même par un coup d'État, ils ont volé et pillé l'État. Les gens ne sont pas aveugles, ils ne sont pas sourds, il est temps de se réconcilier, de reconstruire ce que notre patrie est depuis 14 ans ", a déclaré Huarachi.

    Le message de la COB intervient après que des groupes fascistes de Santa Cruz et Cochabamba aient décidé de ne pas connaître les résultats des élections.
     
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  • Les deux chambres de l'Assemblée Législative Plurinationale sont entrées en fonction le 3 novembre et le nouveau président entrera en fonction officiellement le 8 novembre.

    Malgré un vote sans appel, validé par le Tribunal électoral suprême, validé par les observateurs internationaux (y compris ceux qui soutiennent les putschistes), à Santa Cruz, l'extrême droite conduite par Fernando Camacho veut annuler les résultats et fait appelle aux militaires pour établir une dictature militaire.

    Article et traduction Nico Maury

     
    En Bolivie, les fascistes veulent annuler les élections
     
    Fernando Camacho, le gouverneur de la région, Rubén Costas, et les milices fascistes (Union Juvenil Cruceñista) sont à la manœuvre dans le département de Santa Cruz pour bloquer l'investiture de Luis Arce le 8 novembre et pour renverser les institutions du pays.

    Le Comité civique de Santa Cruz conteste les résultats des élection et demande un audit des élections du 18 octobre. Ainsi, la droite de Santa Cruz, qui souhaitait déjà en 2008 la sécession de ce riche territoire, et qui l'an dernier a ouvert la voie à un coup d'état contre Evo Morales, a annoncé une grève général pour ce jeudi et vendredi pour exiger un audit de l'élection présidentielle du 18 octobre.

    Le président du Tribunal électoral suprême, Salvador Romero, a rejeté la demande d'audit "puisque ce processus est clos" et a rappelé que le résultat a été validé par diverses organisations internationales et nationales comme l'OEA, qui a joué un rôle clé dans le coup d'état de 2019.

    Des veillées sont organisées devant les sièges de la police, des unités tactiques et de l'armée pour demander une intervention et que les élections soient annulées.
     
    Hors de Santa Cruz, ces mobilisations ne trouvent pas un plus grand écho.
     
     
     
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  • Le vote

    Jour d’élection ce 9 août 2020. Olga m’a invité à me rendre au bureau de vote avec elle. Ponctuelle, elle me retrouve à la station de métro Avtazavodskaya (Автозаводская). « Tu vas voir, il y a habituellement des stands sur lesquels tu peux acheter des produits alimentaires ou boire de l’alcool, il y a aussi de la musique ». Comme annoncé, une chanson aux accents pop nous accueille devant l’établissement scolaire situé au numéro 51 de la rue Narodnaïa ( улица Народная ), à Minsk. Des tables et des chaises ont été installées dans la cour intérieure et quelques personnes s’y sont assises afin de manger et boire quelques rafraîchissements. « C’est un moyen d’attirer du monde, de favoriser la participation » explique Olga sans cacher sa moue moqueuse. La jeune femme est une ancienne journaliste. Porteuse d’un regard attentif sur la vie politique de son pays, elle sait à quel point le scrutin est sous haute tension. « c’est un moment intéressant » dit-elle avec une sorte d’enthousiasme.

    Cinq candidats sont présents sur la liste, mais seulement deux retiennent toute l’attention. Le premier, l’actuel dirigeant Alexandre Loukachenko, qui se présente aux élections présidentielles pour la sixième fois consécutive. Figure écrasante de la scène politique nationale depuis sa victoire (inattendue) en 1994, l’homme a incarné le pouvoir politique du Bélarus pendant plus d’un quart de siècle. Il est souvent qualifié de « dernier dictateur d’Europe » par les médias qui se sont empressés de reprendre ainsi les propos de l’ancienne secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, Condolezza Rice, qui, en 2005, avait également qualifié le pays de « poste avancé de la tyrannie ». Le second candidat est une novice. Svetlana Tikhanovskaya, catapultée dans la course présidentielle suite à l’arrestation de son mari, le blogueur Sergeï Tikhanovsky (officiellement pour troubles à l’ordre public), peu avant l’été. « Ce n’est pas une véritable politicienne, elle est un peu-là par hasard » explique Olga. Ayant hérité de la popularité drainée par son conjoint, Mme Tikhanovskaya a également été rejointe par les équipes de campagne de deux autres candidats écartés : le banquier Viktor Babariko, officiellement détenu pour corruption, et Valéry Tsepkalo, qui n’a pas pu valider suffisamment de signature de citoyens pour s’enregistrer (100.000 sont nécessaires). Tous deux avaient dénoncé des manoeuvres politiciennes visant à les neutraliser.

    Olga a une trentaine d’années et a étudié à l’étranger. Elle n’a jamais voté pour Alexandre Loukachenko. Ce matin, c’est certain, elle ne dérogera pas à cette règle. Mais malgré l’engouement indéniable que Mme Tikhanovskaya suscite auprès de la population urbaine de la capitale, Olga ne votera pas pour elle non plus. « Je pense personnellement que les critiques qui affirment qu’elle est une ‘création du KGB’ ne sont pas sans fondement, et je ne veux pas voter pour les oligarques russes ». La jeune femme se réfère entre autres aux déclarations de Zanion Pazniak, ancien candidat à la présidence de 1994 (il avait obtenu 12 %) et figure historique du nationalisme bélarusse (hostile aux Russes). Dans des déclarations, le chef historique avait en effet accusé le Kremlin de tirer les ficelles et d’être à l’origine des principales candidatures opposées à Loukachenko, notamment celle de Viktor Babariko [1]. Il a qualifié ce dernier comme « un ennemi plus dangereux pour la nation bélarussienne » que l’actuel dirigeant, car « Babariko est un virus pour lequel la population n’a pas développé d’immunité, qui pénètre sans résistance dans notre organisme national et qui complétera le dessein de l’obscure Moscou » [2]. Des commentaires qui, d’une certaine façon, rejoignaient ceux du propre dirigeant bélarussien. Durant toute la campagne, Alexandre Loukachenko a dénoncé une supposée ingérence du voisin oriental, accusant même le candidat Babariko de travailler directement pour les intérêts de Gazprom, le géant gazier russe [3]. Une rhétorique inhabituelle qui a été fortement commentée dans les médias qui y ont vu le traditionnel « jeu d’équilibriste » - entre l’Ouest et l’Est - du président.

    Décidée, Olga se dirige jusqu’à son bureau de vote. Une dizaine de personnes y recueillent les signatures et distribuent les bulletins (une feuille comprenant les différentes options de vote). Je suis autorisé à l’accompagner dans l’isoloir. Là, elle coche la case « contre tous ». Elle plie la feuille et la glisse dans l’une des urnes situées à la sortie. Pronostic ? « Il va y avoir des fraudes, c’est certain » explique la jeune femme, « Mais si Loukachenko obtenait 60% et Svetlana 40%, je pense que cela serait crédible et peu de monde contesterait ». Le soutien à l’égard du dirigeant existe, Olga le sait. Mais cette fois, c’est certain, celui-ci s’est érodé. Un score trop grand serait perçu comme une provocation.

    L’emballement

    Le soir, l’annonce des résultats fait l’effet d’une détonation. 80 % ! La rumeur circule entre les premiers manifestants qui se regroupent dans le centre-ville. Par messagerie mobile, sur l’application Telegram, l’information se répand. La goutte de trop, l’étincelle qui devance l’incendie. Sur l’avenue Pobediteli ( Победителей ), au centre-ville, je retrouve le groupe de jeunes manifestants qui rapidement grossit, près de la station Niemiga,. Ils tentent de rejoindre « la stèle », l’obélisque de la victoire en hommage à la Grande guerre patriotique. L’un des seuls points (légèrement) en hauteur de la ville. Déployées sur l’artère, les forces de l’ordre tentent d’en bloquer l’accès. Le jeu du chat et de la souris entre les uns et les autres débute. Des bousculades, des coups de matraque, des arrestations, mais, étrangement, un niveau de violence relativement bas pour quiconque a déjà assisté à des révoltes de ce type dans d’autres pays. Aucune boutique en feu, aucune vitrine brisée ni voiture incendiée. L’immense centre commercial « Galleria », devant lequel se déroule l’affrontement, n’est la cible d’aucune dégradation. Pas de gaz lacrymogène ni de cocktail molotov. Fait cocasse, les manifestants défilent sur le trottoir malgré l’absence de trafic sur la route. Rapidement, les boucliers parviennent à repousser la multitude. L’avenue se vide et les heurts se poursuivent dans les rues adjacentes. Au loin, le bruit des premières grenades assourdissantes retentit derrière les immeubles, annonciateur d’une longue nuit. La suite a fait la une de tous les journaux : des révoltes d’une ampleur inédite ont secoué le pays, Internet a été interrompu pendant trois jours, la police a réprimé, les opposants ont été contraints à l’exil ou emprisonnés et l’Union européenne a sanctionné tandis que la Russie a reconnu les résultats. Le menu complet pour une crise politique d’envergure internationale. Et la presse française, pourtant si timide concernant d’autres cas de révolte, s’est faite soudainement la meilleure caisse de résonance des manifestants.

    Répression

    « J’ai un ami qui a été arrêté durant les manifestations, il est sorti hier du commissariat, veux-tu l’interroger ? » Me questionne une amie par téléphone. « Oui, bien sûr »« Super ! Je lui en parle et je te rappelle ». La répression policière a surpris le pays par son envergure. Augmentant en intensité durant les premières nuits de révoltes (atteignant un pic durant les soirées du mardi 11 et mercredi 12 août), elle a été rapidement relayée par les médias privés et les groupes de communication disponibles sur l’application Telegram dès l’ouverture d’Internet (même avant pour ceux disposant d’un VPN). Diffusées et partagées sans cesse, les vidéos d’arrestations brutales inondent les écrans de smartphones, s’immiscent partout, dans les conversations, dans les yeux et les têtes. Photos et témoignages de passage à tabac dans les commissariats trouvent leur relais jusqu’à l’étranger. « Bélarus : la torture aux portes de l’Europe » informe Le Télégramme [4] ; « Biélorussie : humiliés, frappés, torturés à l’électricité… des manifestants et des passants jetés en prison racontent » titre France Info [5] ; « Les gens étaient allongés, comme un tapis vivant, sur une mare de sang » rapporte de son côté Le Monde [6], relayant le témoignage glaçant d’un journaliste. Pour les ONG comme Human Rights Watch, aucun doute, l’usage de la torture par la féroce police bélarussienne est « systématique » [7]. Le choc est tel, que le ministre de l’Intérieur, Yuri Karayev, présente ses excuses à la population le 14 août (cinq jours après le début des évènements) : « Il s’avère que pas seulement des manifestants, mais également des gens lambdas, n’ayant pas su s’en aller à temps ont été touchés (par la répression). En tant que commandant, je souhaite prendre mes responsabilités et m’excuser personnellement auprès de ces personnes (…) je ne suis pas une personne assoiffée de sang et je ne veux aucune violence. Ils sont tous nos concitoyens. Ils ont tous une famille, des enfants » [8]. Dans un entretien au journal communiste Initiative communiste, le chercheur Bruno Drweski déclarait que la « répression féroce et inouïe » des autorités avait été très mal perçue de manière générale et avait joué un rôle dans la massification des manifestations. Ajoutant également ceci : « D’après mes sources à Minsk, il ne serait toutefois pas exclu que cette brutalité inconnue jusque-là dans ce pays soit provoquée par des fonctionnaires plus ou moins en relation ou plus ou moins achetés par des oligarques russes et qui souhaiteraient que le mécontentement augmente pour pousser Loukachenko dans les bras de Poutine » [9].

    Sonnerie de téléphone. Mon amie rappelle. « Le garçon dit qu’il ne veut pas donner son témoignage » « pourquoi ? » « Parce qu’ il n’a pas été torturé ni frappé et il ne veut pas que son récit soit considéré comme étant la norme, il a peur que cela occulte les récits de maltraitance ».

    Le piège russe ?

    5 août 2020. Quatre jours avant la tempête. Piotr Piatrouski arrive en retard à notre entretien. Politologue et chercheur à l’Institut national de philosophie, proche du pouvoir, l’homme est régulièrement sollicité pour exposer ses analyses et sort tout juste d’un entretien télévisé qui s’est fait plus long que prévu. « Je vous explique et si besoin, je répète, car il faut bien tout comprendre » dit-il d’emblée. « Suite aux troubles durant les élections de 2010, l’Union européenne a prononcé des sanctions contre le Bélarus. Les Russes, profitant de cette situation, ont fait pression sur le gouvernement bélarusse pour que Gazprom achète la totalité de l’entreprise Beltrangaz qui assurait le transport de gaz russe en Europe et qui s’appelle désormais Gazprom Transgaz Belarus ». Selon M. Piatrouski, Gazprom lorgne désormais sur la société d’Etat Beltopgaz, qui assure l’approvisionnement en gaz au sein de la république. « Si Gazprom en prend possession, elle s’assurera le monopole jusqu’au consommateur final ». Le lien que souhaite mettre en lumière M. Piatrouski est celui qui relie Gazprom à M. Viktor Babariko. Ce dernier est arrêté pour fraude et blanchiment d’argent après la révélation de transfert d’argent en provenance de Gazprombank vers la banque lettone APLV [10]« Ce sont les services de renseignements américains qui ont alerté les Lettons sur les activités illégales de cette banque en 2018 » affirme M. Piatrouski, « non pas par gentillesse, mais par intérêt, c’était un moyen pour l’administration américaine de contrer Gazprom. Et c’est à partir de ce moment-là que Viktor Babariko a commencé à se présenter comme un possible candidat à la présidence, mais l’enquête était déjà ouverte. A mon avis, il est probable que celui-ci ait été poussé à participer aux élections par Gazprom ; comme une sorte de retour sur investissement, après tout, beaucoup d’argent lu a été versé ». Non pas pour gagner, mais pour provoquer une réaction de Minsk, semble indiquer mon interlocuteur, qui à son tour entrainera celle des pays occidentaux. « Après les élections, l’Ouest sanctionnera le Bélarus et Gazprom se verra donc en position de force dans les négociations, comme en 2011 ».

    Beltopgaz n’est pas le seul joyaux industriel que convoite l’oligarchie russe, selon M. Piatrouski. « Les usines automobiles, les ouvriers qualifiés, notre technologie de pointe en matière militaire et d’armement, tout cela, les oligarques comme Oleg Deripaska, veulent le privatiser ». Russe de 52 ans, M. Deripaska est le fondateur et propriétaire de la société Basic Element qui regroupe plusieurs secteurs d’activités (énergie, manufacture, construction, etc.) et a bâti son empire « lors des privatisations sauvages post-soviétiques » [11]. Il est de la même génération que l’homme d’affaire russe Dmitry Mazepin, copropriétaire de la société Urakali, productrice mondiale de potasse. Selon l’Institut d’analyse stratégique (Strateji Təhlil İnstitutu), basé en Azerbaïdjan, ce dernier a apporté son soutien au candidat Valéry Tsepkalo pendant la campagne avant de, peut-être, jouer un rôle dans les révoltes : « On suppose que les grèves en cours dans les entreprises biélorusses, en particulier celles liées à l’industrie chimique, ont été initiées ou partiellement financées par Mazepin. Il faut rappeler que Belaruskaliy est un concurrent direct d’Uralkaliy, et que la Fédération de Russie s’intéresse depuis longtemps aux gisements de potassium biélorusses » [12]. Autre fait majeur, au mois de mai 2020 les premières livraisons de pétrole états-unien atteignaient les côtes lituaniennes pour approvisionner le Bélarus [13]. Ceci découlait d’un accord réalisé entre Minsk et Washington suite à la visite, au mois de février, du secrétaire d’Etat Mike Pompeo. Un échange qui était perçu comme un moyen pour le Bélarus de se dégager de sa dépendance énergétique à l’égard du voisin russe. « Le Parti républicain, lié aux secteurs pétroliers, y a vu un moyen de fortifier sa position et de concurrencer la Russie sur son propre terrain en ayant accès à l’oléoduc « Drujba » ( Дружба ) - explique Piotr Piatrouski - une décision très peu appréciée par Moscou et un énorme enjeu géopolitique ».

    Comme voulant accomplir la prophétie d’un piège tendu par le voisin, la suite des évènements a donné raison à l’analyste. Dès la mi-août, opérant un changement à 180°, M. Loukachenko a sollicité le soutien de Moscou et a subitement dénoncé les voisins de l’Ouest (Ukraine, Lituanie et Pologne) comme étant les principaux agitateurs des troubles. « Bélarus à la merci de Moscou une nouvelle fois » titrait le spécialiste Grigory Ioffe dans un texte publié le 8 septembre [14]. Il y affirmait que, depuis 2014, « les gouvernements occidentaux ont assisté avec approbation à ce qui semblait être une réorientation géopolitique lente mais constante de la Biélorussie » et que « l’Occident était prêà renoncer à sa politique de promotion de la démocratie pour soutenir plus énergiquement la souveraineté du Belarus comme bastion contre l’interventionnisme russe (…) en deux jours, en août, Loukachenko a cependant dilapidé tout le capital politique qu’il avait laborieusement accumulé pendant six ans » [15].

    Le gâteau soviétique

    De visite à Saint Petersbourg, en mars 2013, Alexandre Loukachenko accepta un entretien avec la chaîne de télévision Russia Today dans lequel il s’exprima sur les raisons de l’hostilité occidentale à son égard. « M. le Président, vous savez très bien les choses que l’Union européenne vous reproche, je ne vais donc pas les répéter » avança poliment la journaliste Sophie Shevardnadze avant de demander : « Selon vous, pourquoi êtes-vous persona no-grata ? »« Vous me demandez pourquoi moi ? - s’étonna le dirigeant - « et bien, vous savez, lorsque le nouvel Etat du Bélarus est apparu sur la carte et exigea sa place au soleil, comme le fit la Géorgie et les autres Etats nouveaux, ceux qui étaient déjà là n’ont pas apprécié car ils voulaient cette place pour eux-mêmes (…) tout le monde voulait un morceau de ce que le Bélarus avait à offrir sur le plan économique. Certains voulaient le potassium, d’autres nos usines pour le traitement du pétrole. Beaucoup maintenant veulent notre secteur agricole, et le veulent pour pas cher. Mais Loukachenko a dit non, ça ne se fera pas. Nous ne vendrons rien au rabais » [16].

    Rescapé de peu du rouleau compresseur libéral qui s’est abattu sur les anciennes républiques socialistes au début des années 1990, le Bélarus résiste depuis plusieurs décennies aux appétits voraces de prédateurs économiques de toute sorte. La seule part du gâteau soviétique qui ne fut pas dévorée. Régulièrement rappelé à l’ordre - « Le FMI demande à la Biélorussie de libéraliser son économie » informait un article du journal Le Monde en 2011 [17] - le gouvernement n’a, depuis, jamais cessé de naviguer entre insoumissions et compromis. Et ceci sous les attaques constantes.

    Les vieilles recettes

    La scène est édifiante. Dans un salon du luxueux hôtel Marriot de Tbilissi, un opposant bélarussien, Anatoli Lebedko, a rendez vous avec Giga Bokeria, politicien géorgien. « Qui est vulnérable autour du Président dans l’appareil d’état ? Est-ce qu’il y a des personnes sur qui on peut influer, qui peuvent jouer notre jeu ? » questionne M. Bokeria. « Si on vous donne comme but de distribuer des millions de tracts dans tout le pays, c’est possible ? ». M. Lebedko répond par la négative. Giga Bokeria est une figure connue de la « révolution des roses » (2003) qui se conclut par la chute du président Edouard Chevardnadze, contraint d’abandonner le pouvoir au profit du très atlantiste Mikheil Saakachvili. M. Lebedko, la mine penaude, est venu « chercher conseil » auprès de ces « révolutionnaires géorgiens » soucieux d’exporter leur oeuvre. « Et pour la récolte de l’argent, vous en êtes où ? » poursuit M. Bokeria. « Il y a une décision du Congrès des Etats-Unis qui doit nous donner plusieurs millions de dollars, mais on attend » affirme l’opposant bélarussien. « On va vous aider, on va vous donner des recettes pour prendre le pouvoir » explique un homme avant d’être interrompu par le géorgien qui demande à la caméra d’arrêter de filmer. Dans un épatant travail d’investigation, la journaliste Manon Loizeau capte les images de cette rencontre pour son documentaire « Les États-Unis à la conquête de l’Est », tourné en 2005 [18]. Elle y dévoile un florilège de témoignages d’opposants politiques qui, ouvertement, affichent leur gratitude envers l’administration de Washington pour son soutien et son aide dans les différents coups d’États orchestrés dans les pays de l’ancien camp socialiste, au début du XXIème siècle : Ukraine, Géorgie, Serbie, Kirghizistan, etc. Tous ont été la cible de déstabilisations qui furent regroupées sous le nom de « révolution de couleurs ». C’est dans les salons feutrés des palaces et autour de cocktails que se retrouve cette « nouvelle internationale révolutionnaire » sous l’égide du dirigeant états-unien de l’époque, M.George W.Bush.

    Parmi les personnages que l’on découvre dans le film de Mme Loizeau, le très influent Bruce Jackson, ancien militaire et président de la fondation « Project on transitional Democracies ». L’homme travaille activement au changement de régime des États post-communistes et ne s’en cache pas. Coïncidence, sa femme s’avère être bélarussienne ! Parallèlement aux invasions militaires ouvertes comme la guerre d’Afghanistan en 2001 ou celle d’Irak en 2003, les Etats-Unis ont développé toute une série de manoeuvres, plus ou moins clandestines, visant à renverser des gouvernements. À travers toute une série d’organisations, d’agences gouvernementales, d’ONG et de Think tanks, la Maison Blanche opère un maillage d’éléments œuvrant à défendre ses intérêts outrepassant les souverainetés nationales des autres pays. La United States Agency for International Development (USAID), la Freedom House ou encore la National Endowment for Democracy (NED) sont des exemples de ces instruments utilisés et sur lesquels les oppositions locales ont pu trouver un appui.

    Évidemment, l’ensemble de ses réseaux existent toujours. Les accusations visant les pays occidentaux limitrophes au Bélarus comme instigateurs des troubles ne sont pas sans fondement. La Pologne abrite une grande partie des médias « bélarussiens » hostiles au gouvernement et contraints à l’exil, comme Belsat (fondé en partie avec l’aide du ministère polonais des Affaires extérieures, en 2006) ou la récente (et très populaire) chaîne d’information Nexta. Celle-ci s’est illustrée par son rôle actif dans la coordination des manifestations du mois d’août, comme le revendique fièrement son rédacteur en chef [19]. Il n’est donc pas étonnant que Mme Tikhanovskaya ait si rapidement trouvé écho à ses réclamations à l’Ouest, dès le lendemain des élections. Le soutien que lui ont apporté l’Union européenne et des personnalités comme M. Bernard Henri Lévy laisse entrevoir clairement l’orientation politique à laquelle aspire ces alliés pour le futur du Bélarus. À son tour, les Etats-Unis ont décrété des sanctions contre plusieurs figures du gouvernement bélarussien et ne reconnaissent plus M. Loukachenko comme le président légitime. Ils renouaient ainsi avec leur positionnement habituel à l’égard de cette petite république.

    La faille interne

    Acculés par le nombre de manifestations hostiles au dirigeant, les partisans de M. Loukachenko décidèrent à la mi-août (trop tard) de contre-attaquer. Plusieurs actions symboliques furent organisées pour cela : rassemblements dans les villes, tours à vélo, caravanes d’automobiles, etc. Bien que nombreuses, celles-ci contrebalancent difficilement celles des opposants, beaucoup plus inventives et disposant de la sympathie naturelle attribuée à celles et ceux qui luttent contre une police et un pouvoir en place.

    « C’est une erreur implicite à notre système, qui est une république hyper-présidentielle » explique Aleksei Dzermant, politologue et partisan de Loukachenko. « La verticalité du pouvoir empêche la mobilisation, car les gens ont tendance à attendre les consignes venues d’en haut, alors que dans le cas de l’opposition, ils n’ont pas besoin d’attendre quoique ce soit pour être actifs ». Bien que disposant des médias d’Etat, les pro-Loukachenko ne peuvent néanmoins pas rivaliser avec l’influence des médias privés disponibles (et extrêmement actifs) sur Internet.

    « L’ opposition a de l’avance sur le gouvernement sur le plan de la bataille médiatique, jusqu’à présent ce dernier ne comptait que sur la force de son appareil policier pour la combattre » m’expliquait Evgueny Volodchenko, blogueur pro-gouvernemental. Selon lui, un travail lent et minutieux de délégitimation du système politique et social du pays est à l’oeuvre depuis longtemps. « Faisant constat de leur échec à renverser le pouvoir en 2010, l’opposition choisit une autre stratégie et, à partir de 2015, plusieurs blogueurs surgissent dans tout le pays, dans chaque région ; leur procédé est le même : grossir les problèmes dans le pays pour se moquer du pouvoir ». Parmi ces nouveaux activistes numériques figurait Sergueï Tikhanovsky. Fonctionnaires incompétents, retards de travaux, démarches administratives lourdes, tous les petits tracas de la vie quotidienne sont passés à la loupe. Au compte-gouttes, le travail de sape porte ses fruits.

    Enfin, un dernier facteur est venu achever la gestation d’une telle révolte : l’apparition d’un secteur confortablement inséré dans la société, mais qui, réticent au modèle social, développe un caractère désormais séparatiste à l’égard de celui-ci. Au Bélarus, ce sont les cas des couches liées au secteur informatique et des nouvelles technologies qui s’est amplement développé durant les dernières années. « Le centre-ville (de Minsk) a désormais une ambiance moderne grâce aux jeunes travaillant dans le secteur des technologies de l’information qui gagnent beaucoup plus d’argent que le salaire moyen et ont créé une bulle de richesse au sein de la Biélorussie. Ces changements sont en partie dus au parc de haute technologie du pays, qui a été créé en 2005 » pouvait-on lire dans un article publié dans Euronews, le 7 août 2020 [20]. Selon l’analyste Kamil Klysinski, cité dans le média, ce parc était une exception. « Des conseillers avisés ont promis à Loukachenko des revenus élevés dans un nouveau secteur qui ne menacera pas son autorité ». Le dirigeant Loukachenko, pourtant hostile aux réformes libérales, aurait cédé. « Le parc de haute technologie était quelque chose que Loukachenko pouvait accepter, mais ce n’est pas le cas pour l’industrie lourde ou d’autres secteurs de l’économie, car il les considère comme des actifs stratégiques » assure M. Klysinski. Profitant de mesures fiscales avantageuses, cet « îlot de richesse » est devenu aujourd’hui le fer de lance de la contestation.

    « Nous avons désormais une petite bourgeoisie » déclarait M. Loukachenko aux journalistes russes lors d’un long entretien, le 9 septembre 2020 [21]« Ces Bélarussiens là vivent bien, dans de bonnes maisons, soignées et entretenues. Que veulent-ils ? Ils veulent le pouvoir. Ce sont les racines profondes de ce conflit ». Un danger qui guette tout gouvernement de gauche : le vice-président bolivien, Alvaro Garcia Linera, expliquait dans un texte de 2011, que tout processus révolutionnaire implique d’affronter la tension « qui découle de lincorporation croissante de différents groupes sociaux ainsi que de la quête d’alliances larges » [22]Une réalité qui « contraint un pouvoir de gauche à tenir compte dune partie des besoins de ses adversaires » bien que ceux-ci puissent agir « à l’occasion, comme courroie de transmission des pouvoirs étrangers ». Observateur avisé, il mettait en garde sur « le particularisme corporatiste » qui, s’il venait à triompher, « marquerait le point de départ dune restauration conservatrice » [23].

    Mais le succès indéniable de « l’opposition » auprès de la population ne s’explique pas seulement par l’activisme entraîné (et financé ?) de celle-ci, mais également par l’absence de projet d’envergure en face. Aucun combustible idéologique n’alimente véritablement la machine étatique bélarussienne, qui, bien qu’assurant les conditions minimum de vie à la majorité des habitants (santé, éducation, sécurité), est soumise aux aléas économiques de la sphère internationale et est définitivement incapable de concurrencer les promesses (frauduleuses) d’enrichissement des sociétés occidentales. La verticalité du pouvoir a, elle, freiné toute irrigation politique de la société susceptible d’amortir la propagande capitaliste à grande échelle. Les manifestations à Minsk sont elles-mêmes, d’une certaine façon, la preuve de cette carence : dans les cortèges, la revendication principale ne vise que le départ d’Alexandre Loukachenko et l’arrêt de la répression. Aucune critique n’est faite au modèle économique ou social. Un vide habilement exploité par les acteurs politiques de droite les plus avisés qui peuvent dès lors compter sur le mécontentement, légitime, de la population concernant les fraudes pour en faire leur cheval de Troie, se gargarisant de combattre pour « la liberté » sans se soucier d’en expliquer les contours. La liberté (d’exploiter) qui ? La liberté (d’exploiter) quoi ?

    L’avenir

    Dimanche 16 août 2020. Une semaine après le résultat. La capitale est en ébullition. Partout, les gens se saluent aux cris de « Жыве Беларусь ! » (Vive le Bélarus ! en bélarussien), devenu le slogan des opposants. La manifestation anti-gouvernementale vient de surpasser amplement celle des pro-Loukachenko, organisée la veille. Le rassemblement a été historique, massif. Un air de fête flotte dans la ville, où des files entières de jeunes gens (et moins jeunes) célèbrent ce qui ressemble déjà à une victoire pour eux. Piotr Piatrouski, les main sur les anches, immobile et l’air pensif, semble regarder les brins d’herbe qui s’affaissent sous le poids de ses chaussures. Je l’interromps. « Pensez-vous qu’il y aura un Maïdan ? ». Avec un sourire narquois, il lâche entre ses dents serrées : « Le Maïdan est déjà en cours ». Bien sûr, l’homme sait la situation différente. Le retournement dans la rhétorique présidentielle à l’égard de la Russie, redevenue soudainement une alliée, ne lui a pas échappé. « Avait-on le choix ? ». Il se frotte le menton puis regarde les arbres qui recouvrent le petit parc minskois où nous nous trouvons. Sans attendre une question, il poursuit : « Nous avons deux scénarios possibles, si le gouvernement tombe, alors dans trois ans nous serons à nouveau avec des révoltes dans la rue à cause des privatisations qui seront appliquées ». Le second ? « S’il reste en place, il est probable qu’il opère un virage politique à gauche très marqué ». Depuis, le président a appelé les citoyens à participer à une réforme constitutionnelle comme préalable à l’organisation de nouvelles élections. Pour M. Piatrouski c’est là l’occasion, peut-être, de créer un « Loukachenko collectif ». Une reconfiguration institutionnelle qui épargnerait au pays les difficultés inhérentes à cette personnification du pouvoir qui, aujourd’hui, met en danger tout ce qui a été bâti et sauvegardé.

    Loïc Ramirez

    Photo 1 : une femme porte une affiche sur laquelle on peut lire : « Ne déchirez pas notre Bélarus » lors d’un rassemblement en faveur du président Loukachenko, le 16 août 2020, à Minsk.

    Photo 2 : établissement scolaire au 51 rue de Narodnaïa, à Minsk.

    Photo 3 : l’ Avenue Pobediteli, au soir du 9 août 2020, à Minsk.

    Photo 4 : Piotr Piatrouski, 5 août 2020, à Minsk.

    Photo 5 : Alexandre Loukachenko lors de son intervention sur la Place de l’Indépendance, 16 août 2020, à Minsk.

    Photo 6 : supporters du président Loukachenko, Place de l’Indépendance, 16 août 2020, à Minsk.

    Photo 7 : Evegueni Volodchenko, 12 août 2020, à Gomel.

    Photo 8 : manifestants anti-Loukachenko, 16 août 2020, à Minsk.

    [15Ibid.

    [16Retranscription écrite (en anglais) de l’entretien disponible sur le site internet de RT à l’adresse :https://www.rt.com/shows/interview/lukashenko-dictator-europe-interview-433/

    [18« Les États-Unis à la conquête de l’Est », Manon Loizeau, 2005.

    [23Ibid.

    Source:  https://www.legrandsoir.info/le-belarus-ou-la-derniere-part-du-gateau.html
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  • CGT : le verdissement au service du syndicalisme rassemblé ? (IC.fr-5/11/20)

    Avec le changement climatique et l’augmentation de la pollution, la préoccupation écologique est en constante progression. Ce n’est pour autant pas une découverte pour les communistes, qui savent qu’au XIXe siècle déjà Marx alertait en ces termes contre la dimension exterministe pour l’Humanité du système capitaliste : “Le Capital épuise le travailleur et la nature”. Démontrant qu’il n’y a jamais lieux d’opposer revendications de justice sociale et préoccupation environnementale et qu’il serait faux de laisser penser que la question écologique est absente ou nouvelle dans les luttes des communistes et des syndicalistes de combat. Il n’y a qu’une frange réunissant droite et euro libéraux coalisés au sein des mouvements écologiques tel  pour l’affirmer, eux dont la préoccupation principale n’est jamais que l’environnement des affaires et la protection du système capitaliste, leur priorité étant de diviser la gauche et les forces progressistes et de soutenir contre les peuples la construction européenne. C’est dans ce contexte que la première confédération syndicale de France, la CGT est animée par un débat cristallisant en apparence sur cette question écologique. Les communistes de la commission lutte du PRCF vous en apporte un décryptage approfondi ci-dessous.


     

    CGT : le verdissement au service du  ?

     

    par la Commission des luttes du PRCF

     

    Les lecteurs d’Initiative communiste savent que se joue en ce moment une bataille interne entre la ligne (contre-)« réformiste » de  et la ligne rouge, pour un  et de masse, qui fit la grandeur de la CGT en 1936, 1945, 1968 et 1995, emmenée par de plus en plus d’organisations (fédérations, unions départementales et locales, syndicats…) proches de la FSM (fédération syndicale mondiale) et soutenues par le Front Syndical de Classe… et aussi, sans discontinuer, par notre journal INITIATIVE COMMUNISTE, qui n’a cessé de donner la parole à des syndicalistes de lutte comme Laurent Brun (SNCF) ou Cédric Liechti (EDF)

    En effet, après un sérieux revers au dernier congrès pour la direction confédérale sortante – la base ayant imposé que la FSM soit mentionnée dans le document d’orientation contre l’avis de la confédération (lire ici ndlr) ; après les signatures avec la CFDT de textes scélérats (l’un avec le MEDEF, l’autre encensant le régime Macron, Angela Merkel et l’Union Européenne, et un dernier en date réclamant au premier ministre que le fumeux dialogue sociale soit respecté), qui ont fait bondir bien des organisations de la CGT ; la ligne pour un syndicalisme de classe marque des points pendant que la ligne confédérale n’en finit plus de décevoir ses syndiqués. Ni Philippe Martinez de décevoir, lui qui s’était d’abord signalé comme un lutteur en 2016 (contre la loi El Khomri) et qui semble, depuis lors, avoir “mangé son chapeau” pour éviter d’être éjecté par la puissante aile droite “euro-constructive” et proche de la CES (confédération européenne des syndicats) qui pèse sur la confédération.

    C’est dans ce contexte d’illégitimité que la confédération emmenée par Martinez, dans le cadre de l’élaboration d’un programme « plus jamais ça, le jour d’après », n’a rien trouvé de mieux que de s’acoquiner avec des « ONG » aux belles idées bien boboïsantes, européistes et donc bien réactionnaires, en particulier avec Greenpeace, ennemie historique d’Electricité de France (EDF). Si ces ONG peuvent avoir des combats légitimes et même certaines positions et actions justes, elles adoptent également des positions droitières sur nombre de sujets.

     L’un des exemples frappant porte justement sur les questions environnementales liées à la production d’. Nous précisons d’abord qu’il est bien sûr plus que nécessaire de développer une ligne syndicale forte sur ce sujet, tant ce problème frappe les travailleurs de plein fouet et a pour origine l’exploitation capitaliste, comme l’avait déjà constaté Marx dans le Capital dans lequel il écrivait « La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur ».

     Mais voilà, la ligne confédérale ne va pas du tout dans ce sens : au contraire, elle préfère élaborer son programme avec, par exemple, Greenpeace, qui est en guerre contre l’énergie nucléaire alors que cette dernière est aujourd’hui l’une des moins polluantes et des plus performantes et que sa sûreté peut être assurée… à la condition qu’elle soit nationalisée, que les moyens alloués en personnels et en matériels soient conséquents et qu’elle ne soit pas non plus considérée comme LA solution miracle – ce qui implique notamment d’investir massivement dans la recherche publique pour, entre autres sources d’énergie possible, trouver l’énergie de demain.

    Or, voilà ce que propose Greenpeace, par exemple, à propos de l’ : un classement des « fournisseurs » suivant qu’ils proposent plus ou moins « d’électricité verte » : https://www.guide-electricite-verte.fr. On notera dans un premier temps l’aberration d’un tel concept : comme si l’électricité qui circule exactement dans les mêmes câbles et qui provient des mêmes modes de production, pouvait être plus ou moins verte ! Du très grand n’importe quoi !

    De plus, ce type de classement, qui vise à orienter le « consommateur » vers des fournisseurs prétendument et faussement considérés verts et vertueux, fait la promotion de la concurrence (si chère à et voulue par l’Union européenne), donc à la privatisation du secteur et, par ricochets, à la casse de l’entreprise publique EDF et à l’augmentation des prix (qui ont augmenté de 50% sur les 10 dernières années : merci la concurrence !). Inutile de préciser qu’EDF est avant-dernier du classement. Et pour cause : depuis des années, EDF semi-privatisée doit servir d’énormes dividendes aux actionnaires privés, faire passer le développement industriel national derrière la concurrence capitaliste mondiale (est-ce le rôle d’EDF de construire des usines nucléaires en Angleterre ?) et servir de vache à lait et de victime consentante à ses propres concurrents hexagonaux. Car il faut le rappeler, EDF en raison des directives européennes est tenue de revendre à vil prix son électricité à ses concurrents privés, directives européennes qui impose par ailleurs la privatisation des barrages. Les concessions hydroélectriques sont ainsi vendues à la découpe au détriment de la production d’électricité décarbonée la moins chère dont la production se voit totalement désoptimisée.

    On imagine donc bien la colère des syndiqués électriciens d’EDF/ERDF représentés par la puissante fédération CGT des mines et énergies, quand ils apprennent que la confédération va fricoter avec des ONG qui colportent de telles idées. Au fait, à quel moment les énergéticiens CGT ont-ils été consultés sur cette décision de Martinez ?

    De fait, la ligne confédérale est boiteuse, la participation à l’élaboration de ce  programme dit du « jour d’après » avec de telles organisations est très contestée, les débats sur la question lors du CCN (comité confédéral national, le « parlement » de l’organisation), ont donc été disputés. Et finalement, l’équipe de Martinez a préféré passer en force, plutôt que d’écouter les légitimes et justes positions de beaucoup de secteurs qui sont, de fait, contre cette stratégie. Il est vrai que lorsque Martinez en est, sans mandat collectif clair, à cosigner des textes avec les syndicats allemands pour encenser l’Europe régionalisée sur laquelle débouche l’emprunt Macrel/Merkon, quand il ne cesse de signer des textes en France avec la CFDT et l’UNSA qui ont démantelé les retraites par répartition et le statut des cheminots il y a quelques mois, on peut se demander s’il a désormais un point d’arrêt. “Le premier accroc coûte mille francs“, écrivait la romancière et résistante communiste Elsa Triolet, signifiant par là que seule coûte la première félonie.

    Pis : conscient de la situation, Martinez n’hésite plus à contester publiquement les positions des membres du CCN, arguant s’appuyer directement sur les syndicalistes à la base ; ces derniers n’étant jamais consultés sur aucun sujet, on se demande bien comme il fait ! A côté de la démocratie ouvrière et de la démocratie syndicale, M. Martinez aurait-il inventé la démocratie du doigt mouillé ? Et que dire du mépris affiché pour les organes démocratiques de l’organisation qu’il dirige et représente ? Quand ces derniers vont-ils enfin cesser de se laisser ainsi tourner, contourner et ridiculiser ?

    Décidément, la CGT de Krasucki, qui la définissait comme étant « tout à la fois de classe, de masse, démocratique, unitaire, indépendante », a changé du tout à rien, soit disant pour “s’élargir” et se “moderniser” ; en réalité, pour perdre sa place de premier syndicat du pays et avaler, impuissante, de plus en plus de régressions tous azimuts orchestrées par l’UE : dé-nationalisations, euro-privatisations, euro-casse des statuts et du code du travail, strangulation de la Sécurité sociales, des services publics, du « produire en France » (sacrifié aux fusions capitalistes continentales ou transcontinentales : Renault, PSA, Alstom…), de l’Education nationale (contre-réforme du lycée, parcours sup, fin du bac national anonyme, etc.).

    Mais qu’on se le dise, la situation pourrait bientôt évoluer, tant la base que toujours plus de puissantes organisations (par exemple UD 13, 94, Centre-Val de Loire, fédérations de la chimie, du commerce, de l’agro-alimentaire et des cheminots) en ont assez de ces méthodes et de ce syndicalisme sans idée, sans contenu et qui ne cesse d’accompagner la casse sociale au lieu de l’affronter de face par le combat de classe.

    Ce dont nous avons besoin, “en bas”, pour stopper la casse sociale et contre-attaquer, ce n’est pas d’un surcroît d’alignement bien-pensant sur la C.E.S., la CFDT et les ONG à la mode qui sont à mille lieues du monde du travail et qui se moquent comme d’une guigne de l’indépendance nationale, du produire en France et de l’avenir de la classe ouvrière. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un programme revendicatif et d’une stratégie nationale de combat disant stop à l’ensemble des contre-réformes, avec une plateforme revendicative susceptible de fédérer les dizaines de millions de salariés du privé, du public, les chômeurs et précaires, les retraités et les étudiants. En un mot, que nous importe l’agrément de la CFDT, de la CES, des endormeurs professionnels du “dialogue institutionnel”… et des bobos de Greenpeace. En tout cas, travailleurs et syndicalistes de classe, tenons compte que dans l’état actuel des choses, il vaut mieux compter sur nous-mêmes, nos actions, notre dialogue interprofessionnel, pour construire le TOUS ENSEMBLE EN MEME TEMPS indispensable pour vaincre.

     

    POUR LA COMMISSION LUTTES DU PRCF

    • Bernard, syndicaliste CGT retraité du Livre ;
    • Gilliatt, syndicaliste CGT des transports de voyageurs ;
    • Jo Hernandez, ancien  syndicaliste CGT EDF et ancien secrétaire UD CGT Tarn ;
    • Thomas, syndicaliste CGT dans la fonction publique ;
    • Anna, syndicaliste CGT Métallurgie ;
    • Damien, syndicaliste CGT Métallurgie ;
    • José, ancien délégué syndical CGT à Véolia.

     


     

    Le « bougé » écologiste de la CGT crée des remous en interne – extraits choisi d’un article du journal Le Monde.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/19/le-bouge-ecologiste-de-la-cgt-cree-des-remous-en-interne_6056552_823448.html

     

    Par Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières

     Le rapprochement décidé par Philippe Martinez entre le syndicat à la culture industrialiste et des ONG comme Greenpeace passe mal auprès de certaines fédérations.

    […] [Au sein du] collectif Plus jamais ça, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, Jean-François Julliard, numéro un de Greenpeace France, et Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac, accompagnés d’autres responsables associatifs, ont accordé leur agenda pour se retrouver, vendredi 16 octobre, dans une papeterie à l’arrêt, à Grand-Couronne (Seine-Maritime). Les portes de l’usine de Chapelle Darblay, la seule en France à produire du papier journal 100 % recyclé, se sont refermées en juillet, 218 salariés ont été licenciés et des équipes CGT se battent, depuis, pour faire revivre le site.
    (…). « On est venus pour voir concrètement sur le terrain de quelle façon on peut matérialiser le jour d’après. Ici, c’est une très bonne illustration pour voir comment conjuguer urgences sociale et climatique », explique le leader de la CGT

    Le quotidien vespéral des marchés cite en soutien de la démarche Samantha Dumousseau, responsable de l’union départementale (UD) de Charente et issu de l’agroalimentaire qui plutôt que de vouloir convaincre les salariés de se syndiquer motive la démarche en arguant de l’aide que cela doit apporter pour établir des liens avec “des salariés qui ne se retrouvent pas dans le syndicalisme ou des jeunes plus sensibles aux enjeux environnementaux”, tandis que Jean Marc Canon de l’Union Générale des Fédérations de Fonctionnaire CGT pretexte d’un un point d’appui « sur lequel il faut que nous construisions le jour d’après »

    Le Monde ne peut cependant passer sous silence l’opposition à cette stratégie, y compris dans la méthode pour l’imposer, sous entendant dans ses colonnes que Martinez en a pris la décision de façon minoritaire.

    Et de citer Cédric Caubère, le dirigeant de l’UD de Haute-Garonne qui souligne que c’est « une démarche de sommet, coupée ou incomprise par les syndicats ». Quant aux premiers concernés, il n’ont pas été associés. Le Monde cite ainsi Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la fédération mines-énergie “Depuis la loi de 2015 sur la transition énergétique, nous n’avons pas rediscuté de façon concrète de ces enjeux, à l’échelon confédéral” et le Monde d’ajouter toujours en citant le chef de file des syndicalistes de l’Energie

    « La CGT a donc besoin d’avoir une position, poursuit-il. Quand elle cosigne un texte avec Greenpeace, nos adhérents dans la filière du nucléaire se disent que les orientations du syndicat ont changé. Il faut que nous ayons une réflexion, pour déterminer ce que nous avons en commun avec cette ONG ou d’autres. » Au sein de sa fédération, M. Ménesplier ne voit « guère de raisons de travailler avec Greenpeace » sur la question de l’énergie atomique.

     L’article du Monde mais alors en évidence le coup de force de Martinez et des tenants du syndicalisme rassemblés inféodés à la CES :

    (…)M. Martinez aurait-il été tenté de passer par-dessus ses instances sur un thème qu’il savait miné ? C’est le reproche que lui a adressé, lors du CCN de juin, Laurent Brun, le patron de la fédération des cheminots : « Nous sommes très en colère sur ce que nous interprétons comme des coups de force sur des virages politiques de la confédération »

     et souligne qu’au sein de la CGT les syndicat s’inquiète de l’inadéquation de cette stratégie de communication pour défendre les emplois et les outils de production pourtant indispensables pour mener une politique écologique.

    Au-delà des critiques sur le manque de concertation en interne, dont certaines émanent d’opposants à M. Martinez, il y a surtout des interrogations de fond sur l’emploi. « Des démarches, comme celles qui ont été impulsées avec Greepeace, sont intéressantes, déclare au Monde Mohammed Oussedik, le leader de la fédération verre-céramique. Le syndicalisme ne peut pas rester dans l’entre-soi, le social et l’environnement doivent être pensés ensemble. Mais on ne peut pas, comme ça, tirer un trait sur des industries qui ont un avenir. Il faut les laisser opérer des transitions. »

     Interrogé par le Monde, Martinez lui refuse d’écouter les militants et syndicats de la CGT, prétendant décider seul contre l’ensemble des représentants de chacun des syndiqués de la CGT qui sont représentés par le CCN.

    M. Martinez, lui, semble vouloir maintenir le cap. « Chez nous, c’est démocratique », plaide-t-il lors de la visite de la papeterie, en reconnaissant qu’« il y a des camarades qui ne sont pas d’accord ». « Les syndiqués, vous l’aurez remarqué, ne sont pas tous au CCN, signale-t-il. Je m’appuie sur mes expériences de terrain et partout où je vais, [l’initiative] est très appréciée. » Et de conclure : « C’est la CGT qui s’ouvre. Plus on s’ouvre, mieux on se porte. Quand on discute tout seul, on est sûr d’avoir raison. »

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  •  ET FADI KASSEM, co secrétaires nationaux du PRCF ont accepté de répondre aux questions d’Initiative Communiste

    Initiative communiste : , réchauffement climatique galopant, blocus et agressions contre les peuples en luttes, menaces sur la  mondiale, décadence visible de notre pays sur les plans industriel, social et culturel… Existe-t-il encore des raisons d’espérer et de lutter pour les jeunes générations… et pour les vieux militants ?

    Georges Gastaud (G.G.) : Les fondateurs du PRCF furent les premiers à formuler l’idée que « l’exterminisme est le stade suprême du capitalisme-impérialiste ». A l’époque (début des années 1980), même de prétendus « marxistes orthodoxes » ricanaient quand nous constations cette évidence : planétairement déstabilisés par la défaite américaine au Vietnam, applaudis par les « nouveaux philosophes » français BHL, Glucksmann et Cie, Reagan et Bush étaient prêts à risquer une guerre nucléaire mondiale pouvant mener à l’ « hiver nucléaire » et à l’extermination de l’humanité pour épuiser, et si possible éliminer le camp socialiste. Etant donné que l’inconscience n’évite pas le danger, il y a plutôt lieu de se réjouir que désormais, des tas de gens qui ne savent rien du marxisme, saisissent mieux que l’euro-mondialisation capitaliste n’est plus porteuse que de guerres sans fin, de fascisation, de ravages environnementaux, de planétisation ultrarapide des virus, de crises économiques chroniques, d’imposition « globalitaire » d’une sous-culture barbare centrée sur une langue unique (le Globish), une politique unique (la libéral-fascisation) et une économie unique (la marchandisation entière de la vie humaine). Notre travail, à nous militants de l’avant-garde et de la renaissance communiste n’est nullement d’entretenir lâchement le désespoir et le veule « après moi le déluge », mais de faire observer que toute contradiction a deux côtés, deux faces, deux pôles, et que, si l’on est tant soit peu dynamique et dialecticien, alors on peut « chevaucher » les contradictions pour abattre la contre-révolution, sortir à temps de la dictature européenne et « remettre le monde à l’endroit ».

    En effet, si le capitalisme-impérialisme et ses chefs de file mondiaux actuels, les grands Etats dirigeant l’OTAN (il n’est que de voir la nature caricaturalement irresponsable et réactionnaire de Trump, mais Biden vaut-il franchement mieux ?) en sont au point qu’ils menacent la survie même de l’humanité, alors, il existe aussi nécessairement « en face », de larges possibilités objectives, et même des possibilités sociales sans précédent pour que renaisse un puissant mouvement communiste international, associé à un large mouvement syndical de classe et à un front planétaire contre l’impérialisme, pour le progrès, l’émancipation nationale des peuples et pour le partage mondial des ressources naturelles et des progrès scientifiques. C’est ce que signifie fondamentalement le mot d’ordre cubain « le socialisme ou la mort !». Car si l’humanité laborieuse ne trouve pas à temps les voies d’un socialisme-communisme de nouvelle génération, du pouvoir populaire, de la planification démocratique, de la coopération égalitaire entre pays souverains, alors, oui, l’avenir est sombre pour l’humanité. La question est de savoir si celle-ci veut vivre ou mourir ? Si elle veut vivre, et c’est de loin ce qui est le plus probable, ne serait-ce que lorsqu’on regarde l’âge moyen de l’humanité totale actuelle, alors la révolution est plus urgente que jamais. Mais pour cela, il faut reconstruire l’avant-garde qui a été détruite par diverses déviations et trahisons internes au mouvement ouvrier et communiste : il suffit d’évoquer entre mille les noms déprimants de Gorbatchev en Russie, de Robert Hue en France, de D’Alema en Italie, etc. : jamais, c’est facile à comprendre, une armée qui a des traîtres à sa tête n’a jamais pu vaincre ! Reconstruite le parti communiste de combat en France, relever le syndicalisme rouge, bâtir le « tous ensemble » potentiellement gagnant, édifier une large Convergence Nationale des Résistances associant les drapeaux rouge et tricolore, militer pour le Frexit progressiste, seule alternative possible pour couper le collier étrangleur de l’UE et rouvrir la voie à une république sociale, souveraine, laïque, une et indivisible, pacifique, écologiste et internationaliste en marche vers le socialisme.

    I.C. – Le monde capitaliste est-il devenu invincible?

    Bref, l’alternative, mondiale et nationale, mondialement et nationalement, ce n’est pas une nouvelle union de la gauche verdâtre, rosâtre et rouge pâle promettant l’ « Europe sociale » et autres billevesées insultant l’intelligence des travailleurs. L’alternative progressiste véritable, objectivement, ce ne peut être que nous les vrais communistes, nous les syndicalistes de combat, nous les vrais progressistes, et c’est d’ailleurs pour cela qu’en douce, le Parlement européen cherche à prohiber la faucille et le marteau sur tout le sous-continent européen (et si nous répondions « chiche » par une contre-campagne nationale, voire internationale sur ce thème ?) et, en silence, l’administration américaine vient même d’interdire à tout membre d’un parti communiste… de résider aux USA. Bref, c’est le retour « transatlantique » du sénateur Mac Carthy. C’est pour cela aussi que les pouvoirs capitalistes en place développent un véritable négationnisme antisoviétique et anticommuniste qui s’accompagne, comme de juste, d’une réhabilitation galopante de l’extrême droite nostalgique de Hitler, Mussolini ouV Vichy. Si nous, les révolutionnaires qui ne renions ni l’An II français, ni l’Octobre russe, ni Playa Giron ne représentions plus rien, pourquoi un tel acharnement à notre encontre ? Et si l’Union soviétique avait été cet « empire du mal » que, dès l’école, on nous propose d’exécrer à l’égal du Troisième Reich si ce n’est plus, pourquoi diantre 66% des Russes interrogés par sondage regrettent-ils l’URSS, y compris l’époque de Joseph Staline* ?

    Alors, amis et camarades, si nous savons à nouveau nous lier à la classe ouvrière et à la jeunesse populaire, si nous faisons le nécessaire pour nous organiser solidement et militer prioritairement en direction des entreprises, et spécialement, des usines, des chantiers, des centres ferroviaires, des plateformes logistiques, l’immense potentiel de révolte que sont chargés de dilapider en permanence les euro-réformistes et les euro-gauchistes, finira tôt ou tard par péter à la figure des oligarques. Souvenons-nous du Non à la constitution européenne, de la victoire des jeunes sur le CPE, des grandes luttes de 2010 et de 2016, souvenons-nous des gilets jaunes et n’oublions pas que c’est Edouard Philippe qui parle lui-même de l’imminence d’une « tempête sociale » menaçant la « bonne société ».

    Bref, la question de savoir si l’espoir a lieu d’être ou pas n’est pas une question purement théorique, c’est une question d’engagement concret et de liens militants et fraternels avec le peuple. A chacun de retrousser les manches en créant le PRCF là où il n’existe pas, en faisant des adhésions, en vendant I.C., dont les récents numéros, notamment celui sur les services publics, sont remarquables, en allant aux usines et aux manifs populaires avec nos tracts franchement communistes sous le bras, multiplions les discussions avec tous les syndicalistes de terrain, avec tous les patriotes qui aiment vraiment la France et qui rejettent sa hideuse caricature macronienne. Alors tôt ou tard, les conditions seront créées pour qu’existe en France et dans le monde une alternative révolutionnaire, et, pour commencer, pour que renaisse un grand parti communiste en France.

    Enfin, si l’on regarde les rapports de forces à l’extérieur, on se rend compte que l’opération de déstabilisation de la Biélorussie s’est enlisée, que le Venezuela – malgré les débats légitimes qui agitent le camp anti-impérialiste – est toujours debout, que le peuple bolivien vient massivement de voter pour le parti de Morales malgré la pression des putschistes, que le peuple malien a su chasser IBK, le fantoche de la Françafrique, que, sur le plan sanitaire, les pays socialistes (Cuba en tête) ou de tradition socialiste sont parvenus à juguler l’épidémie alors que les figures de proue du néolibéralisme pur et dur, les Johnson (GB), Trump (USA) et autre Bolsonaro (Brésil) ont eu, fort tristement pour les victimes, des résultats désastreux dans leurs pays respectifs. Ces mêmes personnages ont même offert le spectacle pitoyable de hauts dirigeants niant la dangerosité du virus, exaltant la libre entreprise invincible et se présentant comme des modèles de vitalité triomphale… puis se retrouvant eux-mêmes à l’hôpital! 

    A long terme, n’en doutons pas, ce n’est pas la révolution qui est une parenthèse de l’histoire, c’est la contre-révolution. A condition de ne pas attendre, comme disait le Che, de voir passer sous sa fenêtre le convoi funébre de l’impérialisme. A condition de s’engager et pourquoi pas, de rejoindre le PRCF qui, en France, travaille non dans les mots mais dans les actes, à promouvoir un marxisme-léninisme de notre temps et à reconstruire un parti communiste combatif, digne du parti fondé à Tours il y a tout juste 100 ans. 

    I.C. : Notre pays semble faire naufrage en tous domaines, sanitaire, social, institutionnel, linguistique (marée noire du tout-anglais), voire territorial (multiplication des pseudo-indépendantismes dans l’Hexagone lui-même, création de l’euro-département de Moselle et de l’euro-région d’Alsace tournée vers la RFA, rivalités croissantes entre régions françaises)… A quel degré de désintégration se trouve-t-on ?

    Fadi Kassem : Si la décomposition de notre pays est « en marche » depuis les années 1980 – à travers notamment les funestes lois dites de « décentralisation » et la prétendue « construction européenne » qui s’accélère sous l’impulsion des soi-disant « socialistes » engageant le « tournant de la rigueur » –, l’euro-dislocation de la France s’accélère à une vitesse inouïe depuis l’arrivée au pouvoir de Macron. Celui que des ralliés de second tour – et même de premier tour comme l’euro-mutant Robert Hue, depuis décoré de la légion d’honneur – ont présenté comme un « barrage antifasciste et républicain » est en réalité, à l’heure actuelle, l’un des principaux, si ce n’est le principal, carburant et de la fascisation du pays, et de sa dissolution avancée. Ceci n’est pas totalement une surprise : en juillet 2015, alors ministre de l’Economie, Macron avouait clairement ses affects royalistes, expliquant que : « Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! ». En outre, Macron ne cachait pas son intention d’accélérer le « saut fédéral européen » et de mettre en place un « pacte girondin, », autrement dit la promotion et du supranationalisme européiste qui désosse tout ce que la nation française – et les autres nations – contient de progressiste (services publics, conquêtes sociales et démocratiques, langue nationale, etc.), et du « droit à la différenciation » des régions et départements se traduisant par la proclamation de l’indépendance de la Savoie par des nationalistes, l’obtention du statut de « collectivité européenne d’Alsace » et celui d’« euro-département » à la Moselle.

    A dire vrai, Macron se situe dans la continuité des euro-gouvernements successifs, qui démantèlent toujours davantage les conquêtes sociales et démocratiques, nationales et populaires, arrachées de haute lutte par les révolutionnaires de 1789 et 1793, les syndicalistes de combat d’avant 1914, le Front populaire, le Conseil national de la Résistance (CNR) et les grèves ouvrières de Mai 68. C’est sous les septennats de Mitterrand que la camisole de force européiste a été imposée, avec son principe territorial de « décentralisation » qui entraîne en réalité une euro-balkanisation réactionnaire – il n’est qu’à voir comment nombre de mouvements régionalistes, antijacobins et anticommunistes, flirtent avec des mouvances d’extrême droite –, sans oublier naturellement les funestes critères de Maastricht ; c’est sous le second mandat de Chirac que le principe de « décentralisation » a été inscrit dans la Constitution, remettant en cause le principe d’une république « une et indivisible », au cœur de la devise de la Première République ; c’est sous Sarkozy qu’a été imposé le traité de Lisbonne, renforçant la soumission de la France, des citoyens et des travailleurs au Diktat de l’ordre capitaliste euro-atlantique ; c’est sous Hollande qu’ont été adoptées les contre-« réformes » sur le « Pacte budgétaire européen » (signé par Sarkozy et Fillon), sur le code du travail (Macron était alors ministre de l’Economie du gouvernement Valls) et sur la constitution de superrégions équivalant à des euro-Länders.

    Cependant, Macron amplifie comme jamais l’offensive contre la République et la France : outre le « droit à la différenciation » des « territoires » (nouvel adage de l’oligarchie européiste, dont Jean Castex est un emblématique porte-parole), ce sont la destruction de ce qui reste du Code du travail, la remise en cause de la  par l’appel à « réparer le lien abîmé entre l’Eglise et l’Etat », le démantèlement des services publics comme la SNCF, EDF, les hôpitaux, les retraites par répartition et même l’Education nationale (la loi Blanquer crée un « baccalauréat européen » mettant de facto fin au principe d’un diplôme national unique qu’est le baccalauréat). En outre, promoteur de la « start-up nation », Macron facilite la substitution du globish au français dans les entreprises, les enseignes commerciales, les publicités et même les écoles, appliquant ainsi l’affirmation de l’ancien patron du MEDEF le baron Seillière de 2004 qui voulait parler « en anglais, la langue des affaires » (et ainsi, de la dictature accrue du Capital).

    Au-delà, Macron ne cesse d’aiguiser les tensions civiles aussi bien par la féroce répression des mouvements sociaux, des syndicalistes de combat et des gilets jaunes (même l’ONU et le Parlement européen ont exprimé leur préoccupation à ce sujet !) que par la complaisance envers l’extrême droite réactionnaire et fascisante en utilisant son langage et en envisageant des solutions similaires face à « l’ »insécurité réduite à la seule violence exprimée aux seule classes populaires (niant bien entendu « la violence des riches ») et aux immigrés, et plus particulièrement ceux d’« apparence musulmane » comme le disait Sarkozy en son temps. Pis : en consolidant une politique étrangère atlantiste ouvertement sinophobe, russophobe et anticommuniste, en pratiquant l’ingérence dans les pays anti-impérialistes (Biélorussie, Syrie, Venezuela…), en renforçant les liens avec l’Arabie saoudite wahhabite, l’Egypte réactionnaire, Israël et son sionisme raciste et bien entendu les Etats-Unis où progressent les thèses antirationnelles néoconservatrices et évangéliques, Macron et ses sbires nourrissent la montée des séparatismes et des fanatismes de tout poil en France, à commencer par l’islamisme barbare et rétrograde pour l’immense majorité des travailleurs et citoyens musulmans et laïques (ce qui n’est nullement incompatible, au contraire !). Bien évidemment, l’abject attentat islamiste ayant frappé l’enseignant Samuel Paty nous rappelle la menace majeure que compose cette idéologie politique historiquement nourrie par les prétendus « défenseurs de la liberté occidentaux » ayant soutenu les moudjahidines et autres fous de Dieu qui combattaient les forces progressistes laïques et communistes au Moyen-Orient. Mais il ne faut pas négliger d’autres fanatismes et séparatismes politiques et/ou religieux dangereux, à commencer par le séparatisme de l’oligarchie capitaliste se repliant dans ses quartiers fermés et les régionalismes comme en Savoie, en Bretagne ou en Alsace.

    IC : Peut-on encore conjurer ce danger d’implosion, potentiellement violente, de la nation ? Et quelle alternative pour 2022 alors que se profile un nouveau et navrant duo-duel Macron/Le Pen sur fond de montées parallèles du fanatisme religieux et du racisme ?

    FK : Si le tableau est bien sombre, la situation n’est pas désespérée, pour autant qu’on se donne les moyens de proposer une véritable alternative à Macron ET à Le Pen, l’autre face de la pièce capitaliste, occidentalo-atlantiste et européiste : en effet, le prétendu « Rassemblement national, ouvertement xénophobe et particulièrement antimusulman, ne veut sortir ni de l’euro ni de l’UE, condamnant ainsi toute politique alternative en faveur des classes populaires et moyennes. En réalité, le RN apparaît d’autant moins comme une alternative pour les travailleurs que, d’une part, il participe à des élections sans obtenir un assentiment réel : depuis les législatives de juin 2017, l’abstention se situe entre 50% et 60%, touchant particulièrement les classes populaires (et surtout les ouvriers) qui, de toute évidence, sont loin de choisir le RN comme solution à leurs problèmes ; d’autre part, selon un sondage récent, 80% des Français ne souhaitent pas un second tour entre Le Pen et Macron, ce qui laisse ainsi une place importante pour une réelle alternative à ce faux « duel » et vrai duo. Et bien entendu, hors de question pour le RN de combattre l’asservissement majeur qu’est celui des travailleurs envers le capitalisme exterministe : son fond de commerce demeure le racisme et la chasse aux boucs-émissaires – Arabes hier, musulmans aujourd’hui – sous couvert de « défense de la laïcité et de la République » ; ironique quand on sait que les racines du RN plongent dans la Collaboration et la haine de la République, qu’elle contribua à assassiner (en même temps que ce qu’il restait du Front populaire) en 1940 !

    Mais pour que cette alternative existe, encore faut-il qu’elle propose un contenu cohérent, clair et radical sur des bases de lutte des classes. En ce sens, l’alternative ne peut bien entendu venir de tous les satellites proches de la macronie (« socialistes », « écologistes », UDI, une partie des prétendus « Républicains ») et de la galaxie mensongèrement appelée « souverainiste » et prête à rallier Le Pen (l’aile réactionnaire des « Républicains », Dupont-Aignan, Philippot, voire des partisans d’Asselineau), autant de substituts de personnes sans changement fondamental de politique. La solution ne peut également résider dans une fantasmée « union des républicains des deux rives » qui ignore le clivage gauche-droite (certes fortement édulcoré par les principales formations historiques de « gauche », mais qui existe pourtant toujours sur des bases de classe) et débouche sur un mensonger révisionnisme historique : ainsi, François Asselineau affirme que le CNR reposait sur une « collaboration de classe » (sic) entre les ouvriers et le patronat, tandis que le girondiniste Michel Onfray usurpe et travestit le Front populaire pour en faire le nom de sa revue au sein de laquelle s’expriment sa haine antijacobine et anticommuniste ainsi que nombre de personnalités de la droite identitaire et réactionnaire (à l’image du Vendéen Philippe de Villiers).

    La solution ne viendra pas non plus d’une énième resucée de « l’union de la gauche » à laquelle appelle déjà Fabien Roussel pour les régionales (notamment dans les Hauts-de-France) avec des prétendus « socialistes » et « écologistes » européistes, ayant appliqué nombre de contre-« réformes » antisociales, antirépublicaines et antinationales (l’ancienne secrétaire nationale d’EELV Emmanuelle Cosse appelant même à la disparition de la France !) et ayant voté l’infâme résolution du Parlement européen du 19 septembre 2019 assimilant le communisme au nazisme. La solution ne viendra pas davantage des euro-gauchistes qui, sous couvert de radicalité sociale dans les discours, n’envisagent nullement la sortie de l’euro et de l’UE, à l’image de Manon Aubry ou de Ian Brossat ; pis : en appelant à un « big bang de la gauche radicale » rassemblant des « insoumis, communistes, anticapitalistes, socialistes et écologistes décidés à rompre avec le néolibéralisme », autrement dit autant de forces malheureusement euro-compatibles et eurobéates dont le positionnement heurte de fait les intérêts et le positionnement politique de la grande majorité des classes populaires (à commencer par la classe ouvrière et par les Gilets jaunes), Clémentine Autain alimente un dangereux confusionnisme politique avec des forces Macron-compatibles et faussement radicales. Quant aux euro-trotskistes comme le NPA dont se rapproche François Ruffin, ils ne représentent aucune perspective politique sérieuse pour les citoyens et les travailleurs, encore plus lorsque les positions sur la République une et indivisible, laïque et souveraine, sont suffisamment ambiguës pour ne pas affronter frontalement tous les fanatismes et les intégrismes politico-religieux.

    La seule alternative possible réside dans le projet que porte le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), le Frexit progressiste, c’est-à-dire la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme exterministe. Pour cela, il est indispensable qu’une candidature de gauche patriotique et internationaliste, antifasciste et républicaine, défendant une pleine et entière souveraineté nationale et populaire – donc franchement insoumise à toute forme d’asservissement, et franchement communiste pour placer le monde du travail au cœur de cette alternative –, émerge sur l’espace politique actuellement caractérisé par un immense vide. L’historien Edouard Husson indiquait en juin dernier qu’il existait un espace important pour une candidature « souverainiste de gauche » proposant un projet à forte connotation « égalitaire ». Et cette alternative existe d’autant plus qu’elle peut fédérer les syndicalistes de combat, les gilets jaunes, les forces franchement insoumises et communistes, les intellectuels et artistes progressistes, les patriotes antifascistes et anti-européistes, les forces antiracistes et laïques, au sein de ce que nous, PRCF, appelons le FR.A.P.P.E., un Front (de Résistance) antifasciste, patriotique, populaire et écologique. Cette alternative, le PRCF la porte et la proposera au débat public, afin de rassembler tous les citoyens et les travailleurs désireux d’œuvrer en faveur d’une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, et ainsi de construire les nouveaux « Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin !

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Aucune offre de reprises n’a été formulée pour les trois sites de Brest, Vannes et Quimper.Aucune offre de reprises n’a été formulée pour les trois sites de Brest, Vannes et Quimper. 

    Le tribunal de commerce de Brest a accordé une nouvelle prolongation d’activité pour les Établissements Meunier, présents à Brest, Quimper, Vannes et Caudan (56). Seul ce dernier site fait l’objet d’une offre de reprise.

    Le sort des Établissements François Meunier (Mind Group), en redressement judiciaire depuis le 28 juillet, n’est toujours pas scellé. Ce mardi, le tribunal de commerce de Brest a accepté une nouvelle fois de poursuivre le plan de continuation de l’entreprise spécialisée dans la maintenance pour la navale et l’industrie, et présente à Quimper, Vannes, Caudan et Brest, son berceau historique. Une nouvelle audience est programmée le 1er décembre pour les sites de Brest, Quimper et Vannes (31 salariés au total) pour lesquels aucune offre n’a été déposée pour le moment. « La crise sanitaire ne nous aide pas, mais on garde un espoir », commentait Philippe Letty, délégué syndical CGT, à la sortie du tribunal. 

    L’offre de reprise pour Caudan en délibéré

    Seul l’établissement de Caudan dispose actuellement d’une offre, formulée par l’actuel responsable du site, qui se propose aussi de reprendre Meunier Naval Services à Lorient. Il reprendrait 17 des 21 salariés du site de Caudan et 14 des 16 employés lorientais. La décision a été mise en délibéré par le tribunal de commerce de Brest qui statuera sur ces deux dossiers le 24 novembre.

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Les syndicats de l’hôpital de Carhaix n’apprécient pas d’avoir appris l’existence d’un foyer de contamination par le biais des médias.Les syndicats de l’hôpital de Carhaix n’apprécient pas d’avoir appris l’existence d’un foyer de contamination par le biais des médias.

    « De qui se moque-t-on ? ». Les syndicats CGT et CFDT de l’hôpital de Carhaix se disaient « très en colère », ce mercredi, après l’annonce d’un foyer de contamination au sein du personnel de l’établissement.

    L’info est tombée mardi soir dans le cadre d’une interview accordée à nos confrères de France Bleu. Au micro, le Pr Éric Stindel, président de la commission médicale d’établissement du CHRU de Brest Carhaix, révèle qu’un foyer de contamination a été mis au jour au sein du personnel de l’hôpital carhaisien. Joint mercredi, ce dernier nous a confirmé qu’il y avait en effet 18 professionnels de Carhaix positifs et six patients résidant en Ehpad ou à l’hôpital. Il s’agit de patients asymptomatiques, car les patients covid + sont, quant à eux, systématiquement rapatriés sur Brest.

    Mauvaise nuit

    Sophie Lévénez, secrétaire adjointe du syndicat CFDT de l’hôpital, dit avoir passé « une très mauvaise nuit » après avoir appris cette nouvelle par les médias. « Nous venions d’interroger la direction mardi matin, et celle-ci nous avait indiqué qu’elle n’était pas en mesure de communiquer ce genre d’infos en temps réel. Il n’est pas possible pour les représentants du personnel de remplir leur mission dans de telles conditions. Nous dénonçons un manque de communication et demandons un vrai dialogue. De qui se moque-t-on ? », lance-t-elle.

    « Manque de transparence »

    Même son de cloche du côté de la CGT. Caroline Tromeur, permanente, se dit outrée « du manque de transparence et de dialogue social ». De plus, les propos de M. Stindel qui sous-entendent que le personnel a relâché sa vigilance nous paraissent déplacés. Les personnels font preuve d’un grand professionnalisme ! ». « Je n’ai pas dit ça pour stigmatiser qui que ce soit, rétorque le Pr Stindel. Il faut être prudent tout le temps car il y a une circulation virale en ce moment dans la région », assure-t-il.

    Les agents testés positifs en arrêt

    Le Pr Stindel avait laissé entendre mardi que les personnels testés positifs pouvaient continuer à travailler. « À notre connaissance, aucun agent testé positif n’est actuellement à son poste de travail, assure pour sa part Caroline Tromeur. Selon nos informations, ils sont tous en arrêt de travail, à leur domicile ». « Je confirme, indique Éric Stindel. Tous les professionnels de Carhaix sont en éviction sept jours. Mais je confirme aussi qu’il existe, depuis très longtemps, un texte du haut conseil de santé publique qui permet de maintenir les professionnels de la santé, à partir du moment où il y a un risque d’arrêt de la continuité du service public ».

    À quand l’unité covid dédiée ?

    Les syndicats s’étonnent d’autre part qu’une unité covid n’ait pas encore été mise en place à l’hôpital de Carhaix. « On trouverait plus judicieux que tous les patients soient regroupés dans une même unité », estime Sophie Lévénez. « Nous avons l’impression d’une gestion dans l’urgence plus que dans l’anticipation », indique Caroline Tromeur. Le Pr Stindel impute ce retard précisément au fait que 18 agents sont actuellement en arrêt de travail. « On ne déborde pas de ressources humaines, mais nous allons ouvrir l’unité covid d’ici peu. Cela pourrait se décider très vite », précise-t-il.

    Les syndicats ont quitté la réunion

    Sophie Lévénez craint de son côté pour les dégâts psychologiques sur les équipes. « Nous demandons à la direction qu’un accompagnement psychologique soit mis en place. Certaines équipes se sentent peu soutenues et malmenées », affirme-t-elle.

    C’est pour toutes ces raisons que les syndicats carhaisiens ont réclamé la tenue d’un CHSCT extraordinaire. « Ceci nous a été refusé par la direction car des réunions centrales de CHSCT sont déjà organisées à Brest tous les mercredis, souligne Caroline Tromeur. Le souci, c’est que celles-ci se déroulent en visioconférence, et qu’il nous est difficile d’intervenir ». D’ailleurs, les délégués carhaisiens ont décidé de quitter la réunion de ce mercredi car ils n’entendaient rien de ce qu’il s’y disait. « C’est pourquoi nous souhaitons qu’un CHSCT extraordinaire se déroule à Carhaix. Et en attendant, nous demandons une rencontre rapide avec le directeur du site et des cadres ! », ajoute-t-elle.

    Dès la fin mars, lors de la première vague pandémique, une tente avait été dressée dans la cour de l’hôpital de Carhaix pour l’accueil des patients présentant les symptômes de la covid. Une unité...Dès la fin mars, lors de la première vague pandémique, une tente avait été dressée dans la cour de l’hôpital de Carhaix pour l’accueil des patients présentant les symptômes de la covid. Une unité covid dédiée avait été mise en place au même moment. 
     

    Jean-Noël Potin

    source: https://www.letelegramme.fr/
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