La cérémonie des vœux au centre hospitalier de Cornouaille Quimper-Concarneau se tenait ce jeudi 16 janvier 2020, à 16 h. Environ 110 personnes étaient là pour écouter le discours de Ludovic Jolivet, maire de la ville et président du conseil de surveillance et Jean-Pierre Heurtel, le directeur.
Alors que ce dernier venait tout juste de prendre la parole, des employés de l’hôpital ont jeté leur blouse blanche, en tas devant le pupitre. D’autres ont mis des masques blancs, qu’ils ont gardés durant tout le discours.
Une action destinée à montrer la colère du personnel, « au bout du rouleau » comme écrit sur une banderole dominant la salle, alors que l’établissement a vu son endettement se creuser – 11 millions d’euros en 2019 contre 5 millions en 2018 selon Jean-Pierre Heurtel, le directeur –.
À la fin du discours de Jean-Pierre Heurtel, plusieurs représentants du personnel ont réclamé la parole. « Vous nous souhaitez à tous une bonne année, en général c’est aussi bonne santé, déclare l’une d’entre eux. Mais aujourd’hui le personnel est en très mauvaise santé et ça va s’aggraver. Les gens sont cassés, en burn-out, arrêtent de travailler tôt. Nous sommes très inquiets, en tant que représentants du personnel, de voir dans quel état ils sont. » « Moi je viens la boule au ventre au travail », ajoute l’un de ses collègues.
« Perturber la cérémonie des vœux, une première »
« Perturber la cérémonie des vœux, c’est une première depuis que je suis ici, fait remarquer Joseph Boniz, de Sud Santé. C’est dire l’état dans lequel se trouve le personnel hospitalier. » Comme ses camarades de luttes, il porte un masque blanc. Sous les yeux, une larme. Sur le front, un numéro. « On a l’impression de n’être plus que des matricules aux yeux de la direction. »
Pascale Jacq, également du syndicat Sud, note que son directeur, Jean-Pierre Heurtel, emploie régulièrement le mot « entreprise » pour évoquer l’hôpital. « Si nous étions une entreprise, nous aurions mis la clé sous la porte depuis longtemps vu notre déficit », pointe-t-elle.
« Le personnel qui trinque »
Pour l’avenir, elle craint que ce soit encore « le personnel qui trinque » afin de revenir à l’équilibre financier. « On a déjà donné deux jours RTT, passant de 17 à 15 par an. Ça suffit ! »
Le personnel en colère lors de la cérémonie des vœux déplore les conditions de travail et se montre inquiet pour l’avenir. La question mérite d’être posée : est-ce que quelque chose va bien, quand même, à l’hôpital de Quimper ? « La seule chose qui va bien, c’est la reconnaissance des patients. Ce sont les seuls à se montrer bienveillants à notre égard. »
source: https://www.ouest-france.fr/