• TEMOIGNAGE. Brest. « Gardien de prison, je n’ai plus d’illusions… » (OF.fr-17/01/2018)

    Interdits de grève, les surveillants sont venus bloquer l'entrée de la prison de Brest sur leur temps de repos et refusent l'entrée d'un détenu conduit par des policiers.Interdits de grève, les surveillants sont venus bloquer l'entrée de la prison de Brest sur leur temps de repos et refusent l'entrée d'un détenu conduit par des policiers

    Recueilli par Sabine Niclot-Baron.

     

    Cyril (le prénom a été modifié) est surveillant pénitentiaire dans le Finistère. Il manifeste en bloquant l’accès à la maison d’arrêt de Brest dans le cadre du mouvement national de protestation, en réaction à l’agression de trois surveillants de prison par un détenu radicalisé la semaine dernière. Il témoigne des dysfonctionnements du système carcéral, vu de l’intérieur.

    J’ai 26 ans d’administration pénitentiaire derrière moi et je n’aurais jamais pensé que j’en serai un jour arrivé là… Bloquer le portail, pour empêcher la police de rentrer ! Gardien de prison, c’était un choix facile après trois ans dans l’armée de Terre. J’avais encore quelques illusions. Je n’en ai plus du tout.

    J’ai vu les gouvernements changer et la situation se dégrader au fil des années. Le nombre de détenus en France a été multiplié par trois par rapport au début de ma carrière. Dans le même temps, la population française est loin d’avoir triplé !

    « Tous ceux que la société ne veut plus voir »

    Les prisonniers sont de plus en plus jeunes, beaucoup ont une vingtaine d’années. Ils ont passé leur adolescence dans la délinquance. Ce sont des gamins sans repères, sans formation, qui ont mal grandi, entre drogue, alcool et violences. Ils ont souvent été livrés à eux-mêmes, sans famille stable.

    Il y a aussi tous ces étrangers, venus tenter leur chance dans un pays qu’ils croyaient facile. Pour survivre, ils volent…

    La prison, c’est le Quart-monde. On y met tous ceux que la société ne veut plus voir. C’est triste à dire, mais très peu s’en sortiront car c’est la double peine. Les détenus se retrouvent à quatre dans une cellule de 9 m2, livrés à l’influence de caïds ou de gens dont la place serait à coup sûr en hôpital psychiatrique. On fait ce qu’on peut pour éviter que ça ne dégénère, mais avec un gardien pour cinquante détenus, qu’est-ce que vous voulez faire ?

    Et encore à Brest, nous ne sommes pas trop mal lotis. Dans les prisons de la région parisienne, c’est un gardien pour 100 à 120 détenus. Ce sont les postes réservés aux débutants, payés au Smic. Ils ont des situations très dures à gérer. Comment s’étonner après qu’on a des problèmes de recrutement et qu’un sur deux démissionne avant la fin de sa formation.

    « Le peu d’argent est mal utilisé »

    Il y a aussi l’islamisme rampant qui progresse. On redoute maintenant le retour de tous ces Français qui vont rentrer de Syrie. Il faudrait les isoler. La Grande Bretagne, le Danemark ont pris le problème à bras-le-corps et ont construit des établissements spécialisés. Chez eux, il y a très peu de récidives. En France, on parle beaucoup, mais je ne vois rien de nouveau. On va encore devoir gérer le problème au pied du mur. Les individus radicalisés vont être répartis un peu partout sur le territoire, dans des prisons comme celle-ci. Ce sont des individus dangereux dont l’influence ne doit pas être minimisée. On a vu ce qui vient de se passer dans le Pas-de-Calais (N.D.L.R. agression de trois surveillants par un détenu radicalisé).

    Le peu d’argent est mal utilisé. C’est du replâtrage permanent, du saupoudrage marketing. On organise quelques sorties vélo, un peu de théâtre par-ci par-là pour cacher le manque de moyens et on externalise à tour de bras. Résultat, des entreprises privées ont vu le filon et se font des choux gras. Les associations sont démotivées.

    Il faudrait ouvrir des places de prison décentes, avec des cellules individuelles petites et mieux surveillées. Mais surtout investir dans l’éducation, la formation des plus jeunes pour éviter la spirale de la délinquance. C’est en amont qu’il faut travailler. Avant que le problème nous saute au visage !

    source: https://www.ouest-france.fr

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