• L’année 2021 commence par une offensive du gouvernement de Kyriakos Mitsotakis. Une nouvelle loi accélère la réforme néolibérale de l’Enseignement supérieur et instaure la présence permanente des forces de police à l’intérieur des campus. Le droit de manifester a fait l’objet de pressions constantes, soit par diverses lois et décrets, soit « de facto » par la répression policière des manifestants. Le gréviste de la faim Dimitris Koufontinas [condamné à perpétuité en 2003, voir plus bas] s’est vu opposer un refus cynique (et meurtrier) de ses droits minimaux et légitimes en prison. Le fil conducteur a été la volonté du gouvernement de gouverner par la force et de mener une « guerre » contre la gauche radicale. La campagne autoritaire a provoqué une sérieuse riposte sur tous les fronts, qui a culminé dans une étonnante explosion de sentiment anti-gouvernemental durant le week-end du 13-14 mars dans de nombreuses villes de Grèce et dans la plupart des quartiers et districts d’Athènes. Une résurgence de l’action de masse dans les rues est en train de créer une nouvelle situation. Revenons sur le contexte de ces événements et sur les luttes récentes.

    Une semaine avant les élections de janvier 2015, le politicien de droite Makis Voridis [actuel ministre de l’Intérieur] prenait la parole lors d’une petite réunion locale de soutien au parti de droite Nouvelle Démocratie. Il a alors déclaré : « Nous ne céderons jamais le pays à la gauche […] Ce que nos grands-pères ont défendu avec leurs fusils [une référence à la guerre civile de 1946-1949, lorsque les armées nationalistes ont imposé un régime de terreur blanche contre les guérillas du Parti communiste], nous le défendrons avec nos votes dimanche prochain. Ne vous faites pas d’illusions. Dimanche prochain, il ne s’agit pas simplement de choisir un parti, ni de choisir un programme économique. Il s’agit d’une énorme confrontation idéologique entre deux mondes différents. »

    Son camp a perdu cette bataille à l’époque et SYRIZA a fini par former un gouvernement [premier gouvernement entré en fonction le 27 janvier 2015]. La suite est connue. L’effort de recherche d’un compromis avec la troïka [FMI, BCE et Commission européenne] et la classe dirigeante grecque a conduit à la capitulation d’Alexis Tsipras et à la signature du troisième mémorandum d’austérité. La défaite démoralisante de 2015 [Tsipras accepte les conditions de la troïka, malgré la victoire du non, à plus de 61 %, lors du référendum du 5 juillet 2015] a ouvert la voie au retour de la droite au pouvoir.

    Lors des élections de 2019, Nouvelle Démocratie a remporté une importante victoire électorale, qui était aussi une victoire politique. Les sondages suggéraient une dérive droitière de l’opinion publique. La capitulation de SYRIZA et le changement idéologique qui s’en est suivi pour tenter de justifier cette trahison et défendre les politiques d’austérité que le gouvernement Tsipras a mises en œuvre ont renforcé la doctrine TINA (There Is No Alternative). Le néolibéralisme (alias « créer un environnement favorable aux investisseurs ») a été réhabilité comme étant la seule façon de sortir de la crise, tandis que Nouvelle Démocratie avait stimulé les sentiments de conservatisme social comme moyen de renforcer sa position alors qu’elle était dans l’opposition.

    Makis Voridis était désormais d’humeur revancharde : « Nous ferons toutes les interventions nécessaires pour nous assurer que la gauche ne reviendra plus jamais au pouvoir. » Il n’était pas si inquiet des perspectives électorales de SYRIZA. Comme il l’a dit en 2015, « il ne s’agit pas d’un parti ». Voridis est l’un des représentants les plus élaborés de l’extrême-droite contemporaine en Grèce. Il a passé sa jeunesse dans des groupes néofascistes, utilisant des armes contre des manifestants antifascistes dans les rues d’Athènes. Il a ensuite intégré le parti d’extrême droite plus « parlementaire » LAOS (Alerte populaire orthodoxe), avant de rejoindre Nouvelle Démocratie. Il aime mentionner Antonio Gramsci et le concept d’« hégémonie » dans ses interventions, afin d’expliquer son projet à long terme consistant à « imposer une défaite stratégique aux idées de la gauche – quelque chose de plus grand qu’un pourcentage électoral donné, quelque chose qui existe dans les universités, dans les arts, dans les syndicats, dans l’esprit des gens ».

    Bien sûr, tout en mettant l’accent sur « l’hégémonie » et les « idées », Voridis connaît aussi l’importance de la force et de la violence pour gouverner. Mais ses jours de combattant armé de droite sont révolus. Et nous le trouvons aujourd’hui amoureux de « notre démocratie libérale ». Il défendra les forces répressives de « notre démocratie libérale » contre les grèves syndicales, contre les mobilisations de la gauche, contre les squats anarchistes, contre les protestataires qui bloquent les rues. On pourrait dire que pendant que Voridis s’éloignait de ses tactiques néofascistes extrêmes passées, « notre démocratie libérale » allait dans sa direction, ils se sont donc rencontrés à mi-chemin. Depuis janvier 2021, Makis Voridis est le ministre de l’Intérieur. Et la « guerre contre la gauche » qu’il a menée pendant des décennies est désormais le véritable projet de l’actuel gouvernement de droite dirigé par le prétendu « centriste » Kyriakos Mitsotakis.

    Kyriakos Mitsotsakis espérait utiliser la défaite politique de la gauche afin d’imposer une défaite stratégique. La démoralisation après 2015 semblait être une occasion en or de matérialiser le slogan des gouvernements successifs au cours des dernières décennies : « Nous devrions en finir avec Metapolitefsi ». « Metapolitefsi » signifie littéralement « changement de régime politique » et décrit la transition vers la démocratie après la chute de la dictature militaire en 1974. Mais c’est un terme politiquement chargé, qui est utilisé pour faire référence aux traditions militantes des années 1970, aux conquêtes du mouvement ouvrier et à « l’hégémonie de la gauche » qui hante les pensées de Voridis.

    Très tôt, le gouvernement de Kyriakos Mitsotsakis passe à l’offensive, visant à mettre en œuvre des politiques ultra-néolibérales et à bouleverser l’équilibre des forces entre travailleurs et employeurs. Il s’est appuyé sur les précédents tragiques établis par le gouvernement SYRIZA et a tenté d’accentuer cette orientation, sans l’accompagner des « réserves idéologiques » propres au parti d’Alexis Tsipras au cours de ses mutations.

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    Depuis mars dernier, l’apparition de la pandémie constitue un facteur nouveau. D’une part, la gestion de la pandémie a été un désastre. Le gouvernement a refusé de mettre en œuvre toute politique susceptible d’aider à gérer la situation. Les bars et les restaurants peuvent être fermés pendant des mois, tandis que le commerce de détail s’ouvre et se ferme, mais il n’y a jamais eu de véritable arrêt dans les principaux secteurs de l’économie (usines, construction, bureaux, etc.), ni aucun effort pour imposer des mesures de sécurité sanitaire aux employeurs. Le système national de santé (NHS), qui était déjà en ruine, a dû partir à la guerre sans nouveaux soldats (médecins) ni nouvelles armes (unités de soins intensifs, capacités d’analyse massives, etc.). Le système de transport en commun, lui aussi en mauvais état, n’a pas été renforcé afin d’éviter les cohues aux heures de pointe. En effet, la plupart des salarié·e·s sont toujours obligés de se rendre au travail comme d’habitude et de supporter ensuite des couvre-feux et des restrictions qui frappent leur « temps libre ». La demande des élèves pour des classes plus petites qui permettraient une réouverture des écoles en toute sécurité est restée sans réponse, car cela impliquerait d’engager plus d’enseignants et/ou de construire plus d’écoles.

    Tout effort pour traiter ces problèmes signifierait une rupture avec l’orientation néolibérale. De nouveaux médecins, de nouvelles unités hospitalières et de nouveaux lits pour le NHS, de nouveaux chauffeurs et une nouvelle flotte de véhicules pour les transports publics, de nouveaux enseignants et de nouvelles écoles, un nouveau personnel pour l’inspection du travail pourraient être des solutions « permanentes » et donc rester en place après la pandémie, ce que les néolibéraux ne peuvent tolérer.

    Ces éléments ont contribué à l’échec de la lutte contre la pandémie. Alors que diverses restrictions de déplacement et des couvre-feux nocturnes sont en place sans interruption depuis novembre dernier, les cas d’infection continuent d’augmenter [233 000 cas et 7361 morts]. A l’heure actuelle, les unités de soins intensifs à Athènes sont pleines, et les médecins affirment que les hôpitaux de la capitale grecque sont sur le point de faire face à une situation « à la Bergame » (choisir quels patients sauver, comme ce fut le cas dans la ville italienne).

    Pendant ce temps, le soutien financier aux travailleurs des secteurs qui sont fermés ou qui ont été les plus touchés par le ralentissement de l’activité est le strict minimum. La plupart des fonds publics sont utilisés pour « soutenir » les propriétaires, tandis que des miettes sont laissées pour les employés.

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    Le gouvernement n’a pas simplement échoué à gérer la crise sanitaire et économique. Il a instrumentalisé la pandémie pour approfondir son option néolibérale. Alors que les manifestations, les réunions syndicales, les assemblées d’étudiants et toutes sortes d’activités étaient rendues plus difficiles ou impossibles à cause de la pandémie, le gouvernement a refusé de renoncer à de nouvelles attaques. Il a commencé à voter une loi après l’autre au parlement, dans l’espoir de contourner la résistance sociale. Il a également instrumentalisé la pandémie afin de renforcer la répression. Une partie de l’État a bénéficié d’une augmentation des dépenses publiques, pour du nouveau personnel et des équipements de pointe : la police.

    Après l’incroyable rassemblement antifasciste d’octobre dernier [voir à ce propos l’article publié sur ce site le 10 octobre 2020], pendant le procès d’Aube dorée, le gouvernement a lancé une contre-offensive préventive. L’article 11, qui protège le droit de manifester, a été suspendu deux fois, par un décret du chef de la police (!), afin d’interdire les rassemblements de masse du 17 novembre (anniversaire du soulèvement étudiant contre la junte militaire en 1973) et du 6 décembre (anniversaire du meurtre d’Alexis Grigoropoulos, âgé de 15 ans, par la police, qui a provoqué la révolte des jeunes en décembre 2008). Par la suite, une douzaine de militantes féministes de gauche ont été arrêtées pour avoir simplement brandi une banderole sur la place Syntagma afin de protester contre les violences faites aux femmes le 25 novembre. La loi votée l’été dernier, visant à « réglementer » les manifestations, donne le feu vert à la police pour décider arbitrairement de « l’ampleur de la menace estimée » et interdire ou réduire les rassemblements publics.

    Pendant ce temps, la peur de la pandémie elle-même et la répression de l’État nous ont contraints à organiser une sorte de « résistance déléguée ». De petites activités symboliques organisées dans un environnement « semi-clandestin » par des minorités militantes, exprimant les sentiments d’une couche plus large de la population qui ne voulait ou ne pouvait pas descendre dans la rue.

    Compte tenu de la faiblesse des mouvements sociaux, nous avons estimé que la nouvelle loi et l’utilisation disproportionnée des forces de police contre les petites mobilisations symboliques avait un caractère préventif. Le gouvernement, comprenant que la colère bouillonne sous la surface et que l’impact de la crise économique va s’aggraver avec le temps, a tenté d’imposer une « nouvelle normalité », où les manifestations sont un endroit dangereux, où les minorités militantes seront isolées et feront face à une répression sévère avant qu’elles puissent faire appel et parvenir à mobiliser une plus grande partie de la population.

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    Le principal problème de Nouvelle Démocratie est qu’un pilier de sa « contre-révolution » a été brisé. Le néolibéralisme est en état de crise permanente depuis 2007. Mitsotakis souhaitait suivre les traces de son idole, Margaret Thatcher, oubliant que la « Dame de fer » s’est affirmée à une époque où le néolibéralisme était en plein essor et où la croissance économique pouvait soutenir la fausse promesse des « effets de ruissellement » pendant un certain temps.

    Dans la Grèce contemporaine, le secteur privé glorifié a été fortement touché pendant la pandémie. La crise économique a durement frappé même une partie de l’électorat du gouvernement : les propriétaires de petites entreprises et certains professionnels ; une partie de la petite bourgeoisie qui espérait qu’un gouvernement « favorable aux entreprises » serait la solution à leurs problèmes et qui est maintenant confrontée à un désastre. Les salarié·e·s sont soumis à une pression extrême depuis 2010 (sans compter que même le « bon vieux temps » d’avant la crise n’était pas si bon pour beaucoup d’entre eux). La restauration de l’orthodoxie néolibérale en tant que « bon sens » et la transformation de la société grecque en un environnement « favorable aux entreprises » se sont heurtées à des obstacles, entre autres des luttes de salarié·e·s. Le gouvernement a donc renforcé le deuxième pilier de sa « guerre contre la gauche » : l’autoritarisme et le conservatisme. Pendant que la police réprime, une offensive idéologique tente de discréditer la gauche radicale en la présentant comme « l’ennemi intérieur » qui mérite d’être brutalisé. La « loi et l’ordre » sont devenus le seul discours que Nouvelle Démocratie avait à offrir à sa base de soutien conservatrice, qui craquait sous le poids de la crise financière.

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    Cette mentalité guide le gouvernement depuis lors. En voici un petit exemple, mais parlant. En plein milieu d’une version grecque de #MeToo, où des femmes, principalement dans le domaine des arts et des sports, brisent leur silence et racontent leurs histoires de harcèlement sexuel, il a été révélé que Dimitris Lignadis, nommé par le gouvernement au poste de directeur artistique du Théâtre national, avait systématiquement violé des adolescents. Après l’échec des premiers efforts pour le couvrir, il a finalement été sacrifié. Mais la ministre de la Culture, Lina Mendoni, elle, est restée à sa place, malgré les nombreux appels à sa démission. Normalement, la remplacer aurait été un geste facile et bon marché pour « limiter les dégâts ». Mais c’est là que la mentalité d’un « cabinet de guerre » a prévalu. Mitsotakis a protégé sa ministre. Elle a été présentée par les médias de droite comme une victime de la propagande de gauche qui la prend pour cible pour avoir promu des politiques « favorables aux investissements » dans le domaine de la culture. L’avocat de Lignadis a décidé de s’appuyer sur ce récit, en essayant de présenter son client comme la victime d’une sorte de conspiration de gauche. Il paierait le prix pour avoir essayé de reconnecter le Théâtre national avec « l’esprit grec ancien traditionnel » et d’éliminer « l’influence gauchiste décadente dans les arts »…

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    C’est dans cette situation que le prisonnier Dimitris Koufontinas, ancien membre du groupe armé dissous « 17 novembre » (17N), a entamé une grève de la faim pour protester contre un (énième) traitement injuste. Koufontinas a été traité avec dureté pendant tout le temps qu’il a passé en prison, les bureaucraties de l’État lui refusant constamment des droits qui sont accordés à tous les autres prisonniers condamnés à des peines similaires. Tant Nouvelle Démocratie que l’ambassade américaine se sont traditionnellement montrées très fermes dans leur opposition à tout traitement humain du prisonnier de 63 ans. Le dernier exemple en date est scandaleux. Le gouvernement a voté une loi qui interdit à une certaine catégorie de prisonniers d’être transférés dans des prisons rurales. Elle a de plus un effet rétroactif. Le seul prisonnier correspondant au profil de cette nouvelle disposition et qui se trouvait déjà dans une prison rurale était Koufontinas, de sorte qu’il s’agissait essentiellement d’une loi conçue spécifiquement pour l’en retirer. La loi prévoyait que les détenus devaient être transférés dans la prison où ils se trouvaient auparavant. Mais le gouvernement a contourné sa propre loi et a transféré Koufontinas à la prison de haute sécurité de Domokos [Grèce centrale], et non à la prison de Korydallos [district du Pirée], où il avait passé la majeure partie de sa peine (et où il aurait été plus facile pour sa famille de lui rendre visite). Dimitris Koufontinas a été contraint d’entamer, le 8 janvier, une grève de la faim pour exiger l’application… correcte d’une loi punitive qui avait été votée contre lui en premier lieu !

    Le gouvernement a traité la grève de la faim avec un cynisme sauvage. La vengeance contre Koufontinas était combinée avec la « mentalité de guerre » de la Nouvelle Démocratie. Mitsotakis a clairement indiqué que le gouvernement ne reculerait pas et était prêt à mener Koufontinas à la mort. C’était une nouvelle imitation de Margaret Thatcher, qui avait laissé Bobby Sands et ses camarades mourir en prison [en mai 1981], afin de prouver que « la dame n’est pas faite pour tourner ». La vengeance était également porteuse d’un fort symbolisme. Dimitris Koufontinas s’est forgé pendant les années militantes qui ont suivi la junte militaire, et « 17N » est un produit de cette époque. Le fait d’afficher une tolérance zéro et de refuser les droits minimums de ce prisonnier particulier s’inscrivait dans la logique du slogan « achevons l’esprit de Metapolitefsi ».

    Pour certains analystes, il s’agissait d’une imitation de la « stratégie de la tension ». La stratégie originale a été mise en œuvre en Italie dans les années 1970, à une époque où il existait des groupes armés de gauche. En l’absence de tels groupes, la version grecque contemporaine a fait surgir le spectre de la « violence armée », 20 ans après la dissolution de 17N et la clôture de ce cycle, par un effort scandaleux pour changer le récit : une question de droits de l’homme et de démocratie a été dépeinte comme une « lutte contre le terrorisme ». Dès lors, tous ceux qui ont soutenu la grève de la faim et exigé le respect des droits de Koufontinas ont été dépeints comme des « sympathisants du terrorisme ». Les médias ont agi comme si la question concernait les actions passées de Koufontinas (pour lesquelles il était en prison depuis 17 ans) et non son traitement en tant que prisonnier. Les commentateurs de droite ont laissé entendre que ce « tueur en série qui n’a aucun remords » ne devrait jouir d’aucun droit (ou même qu’il est normal de le laisser mourir). Les messages Facebook soutenant ces revendications ont été supprimés et les profils des utilisateurs ont été retirés pour « soutien aux actions d’un groupe terroriste » !

    La police a établi une nouvelle norme en matière de répression. Les tentatives de rassemblements de quelques dizaines de personnes en soutien au gréviste de la faim ont été violemment dispersées par des unités de police antiémeute, avant même qu’elles n’aient eu le temps minimum de se rassembler et de lever leurs pancartes.

    La gestion cynique de la grève de la faim, qui incluait la tolérance de la mort potentielle de Koufontinas, a été le point culminant de la campagne visant à détruire la gauche radicale, tout en faisant appel aux instincts de « loi et d’ordre » des conservateurs et en les radicalisant à un niveau supérieur (celui de s’accommoder de l’idée d’imposer une condamnation à mort à un « extrémiste » et de brutaliser toute personne qui s’y oppose comme sympathisant terroriste). Cette stratégie visait à créer un précédent pour toutes les luttes futures. La vision de cette stratégie pourrait être décrite grossièrement comme suit : une infime minorité qui insiste sur la résistance active subira une répression brutale, tandis qu’une partie de la population a trop peur pour se mobiliser et que l’autre applaudit la police pour s’être occupée des « extrémistes » détestés.

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    Mais les choses ont changé. Au cours du mois de janvier, les étudiants universitaires ont organisé une résistance massive contre la nouvelle loi qui accélère la transformation néolibérale de l’enseignement supérieur et établit la présence permanente des forces de police à l’intérieur du campus. Les manifestations hebdomadaires contre cette nouvelle loi ont rassemblé des milliers d’étudiants et ont ainsi marqué la fin de la période de « résistance déléguée ».

    L’« affaire Koufontinas » prend une autre tournure. Semaine après semaine, sa santé se détériorait et il devenait évident que la Grèce était sur le point de devenir le pays où un gréviste de la faim était mort, pour la première fois en Europe depuis 1981. Universitaires, artistes, médecins, avocats, membres du Parlement européen ont appelé au respect de ses droits. L’Ombudsman grec, la section grecque d’Amnesty International, l’Association grecque pour les droits de l’homme et du citoyen, et même l’Association des juges et des avocats ont rejeté la faute sur le gouvernement. Toute l’opposition parlementaire (à l’exception de l’extrême droite) a demandé son transfert à Korydallos. Les manifestations de soutien à la grève de la faim deviennent quotidiennes et prennent de l’ampleur. Une partie importante de la société, dont les opinions sur Koufontinas varient (de la sympathie à l’hostilité et tout ce qui se trouve entre les deux), exprime son rejet du comportement brutal de l’État à son égard. La seule intervention publique soutenant clairement le gouvernement a été celle de responsables de l’État américain, lui qui est responsable de la prison de Guantanamo et des centres de détention secrets de la CIA dans le monde entier…

    Pendant ce temps, quelque chose de différent bouillonnait sous la surface. La police ne brutalisait pas seulement les manifestants. Chargés d’imposer les couvre-feux et les restrictions de déplacements, éduqués à considérer la « jeunesse indisciplinée » comme un ennemi, gonflés par la stratégie gouvernementale de « loi et ordre », les flics se sont déchaînés dans les quartiers, les parcs et les places publiques d’Athènes. Les gens ont accumulé des expériences amères de rencontres quotidiennes avec une force de police qui opérait avec l’arrogance et la brutalité d’une « armée d’occupation ».

    À un niveau souterrain, le « paradoxe de la répression » apparaissait. Selon ce schéma, la répression est constamment utilisée comme un moyen de pacifier une population qui ne peut être gagnée par la persuasion. Mais à un moment donné, le recours constant à la répression cesse de terrifier la population et finit par l’exaspérer davantage. Les événements de Nea Smyrni, une municipalité de l’Attique, ont servi de catalyseur.

    Sur la place publique de Nea Smyrni, des policiers ont menacé une famille qui était assise sur un banc (et qui ne faisait donc pas d’« exercice actif », ce qui est la raison officiellement autorisée pour aller se promener). Les jeunes du quartier ont soutenu la famille et bientôt des renforts de police sont arrivés pour « pacifier la foule hostile ». Un jeune a été brutalisé, mais cette scène a été enregistrée par d’autres citoyens avec leurs smartphones et a fait le tour d’internet. La version initiale de la police qui a été volontiers reproduite par tous les grands médias (les policiers faisaient face à une « embuscade violente », etc.) a été ridiculisée par les habitants qui ont décrit ce qui s’est réellement passé. Le même soir, plus d’un millier d’habitants ont défilé de la place jusqu’au poste de police local, où ils ont été attaqués au gaz lacrymogène et dispersés.

    La vidéo a été diffusée partout, et le cri du jeune homme « J’ai mal ! » pendant qu’il était battu est devenu un cri de guerre pour des milliers de personnes, semblable à l’impact du « I can’t breathe » de George Floyd sur la société américaine. Même les médias ont été contraints de changer de discours le temps d’une journée, de montrer un peu de sympathie aux victimes de la violence policière et d’exercer une certaine pression sur les représentants de la police qui ont soutenu sans vergogne leur collègue, qui a « commis une erreur », qui « a malheureusement été filmée » (!). Ces images « ne devraient pas être utilisées pour discréditer la vaillante force de police par les habituelles personnes soupçonnées de sentiment anti-police ».

    Le lendemain, ce fut le tremblement de terre. Plus de 10 000 personnes se sont rassemblées sur la place centrale de Nea Smyrni. Dans les moments difficiles que nous avons traversés, une manifestation de cette taille serait célébrée comme un grand succès, même s’il s’agissait d’une mobilisation centrale pour tous les citoyens d’Athènes sur la place Syntagma. Mais ce n’était qu’une manifestation locale. Tout le monde était là. Des syndicats affiliés au Parti communiste, des forces de la gauche radicale, des collectifs anarchistes, des habitants qui n’avaient jamais manifesté auparavant, même des supporters de football ont décidé de mettre de côté leurs différences pour une journée et de marcher ensemble contre la brutalité policière.

    Plus tard dans la journée, des escarmouches ont éclaté entre certains manifestants et la police. Une unité de police motorisée – notoirement connue pour sa brutalité et sa tactique permanente consistant à charger avec leurs motos les manifestants – a attaqué. Cela s’est produit à de nombreuses reprises par le passé, mais cette fois-ci, certains manifestants ont riposté et un membre de l’unité a été battu et s’est retrouvé à l’hôpital.

    C’est alors qu’une contre-attaque idéologique s’est déclenchée. Les médias ont immédiatement déplacé le débat sur la brutalité policière vers celui « de voyous violents qui ont presque assassiné un policier ». Le premier ministre est intervenu lors d’une émission spéciale, pour dénoncer l’incident (sans jamais mentionner la victime de la brutalité policière). Tout d’un coup, tout le monde était censé oublier tout ce qui avait conduit à cette explosion de rage et sympathiser avec la police. Pendant ce temps, dans les rues de Nea Smyrni, la police cherchait à se venger. Toute une municipalité a souffert de leur activité frénétique cette nuit-là, dans les rues avoisinantes, à l’intérieur des magasins et des immeubles d’habitation. Une vidéo a été publiée qui résume leur état d’esprit après l’attaque de leur collègue. Son unité a été filmée en train de crier « Ils sont finis ! On va les tuer ! On va les baiser ! » De nombreux incidents de violence policière ont été enregistrés par des résidents locaux et mis en ligne.

    C’était comme deux univers parallèles. Pour les médias grand public, l’« histoire du jour » était le drame du policier blessé, tandis que les médias sociaux étaient envahis par diverses vidéos de violences policières sauvages dans les rues environnantes de Nea Smyrni et par des habitants criant depuis leur balcon « Dégagez d’ici ! » ou « Laissez les enfants tranquilles ! ». La distance entre la réalité et la couverture médiatique a été un autre facteur qui a enragé les gens – comme on avait pu le constater à l’occasion du référendum de 2015, lorsque les médias de masse ont été fortement discrédités pour leur rôle dans le soutien du « Oui » aux mesures de la troïka. Kyriakos Mitsotakis n’a pas conforté sa position lorsqu’il a averti les jeunes que « les médias sociaux sont une menace pour la démocratie car ils fournissent une vision déformée de la réalité », cela à une époque où ce sont les médias « respectables » qui déforment constamment la réalité pour protéger le gouvernement et la police.

    La contre-offensive idéologique a échoué lamentablement. Le premier sondage national sur la question a montré qu’une majorité des personnes sondées avait une opinion négative de la police (excessivement violente) et qu’ils étaient responsables de la petite émeute de Nea Smyrni. Mais ce qui est bien plus important que les sondages d’opinion, ce sont les rues. Le week-end suivant les événements de Nea Smyrni, tous les quartiers d’Athènes et de nombreuses villes de Grèce étaient remplis de manifestants. Il est difficile d’en estimer le nombre total. Mais de nombreuses municipalités ou districts ont connu les plus grandes manifestations locales depuis de nombreuses années. Des dizaines de manifestations locales simultanées ont rassemblé quelques milliers de personnes chacune. La « décentralisation » de la protestation était une stratégie discutée dans la gauche radicale comme moyen de faire face au double problème de la pandémie et des interdictions de l’État. Certains groupes avaient tenté une telle tactique le 6 décembre 2020, avec de nombreux événements locaux commémorant Alexis Grigoropoulos et la révolte de 2008, au lieu d’essayer de se rassembler une fois de plus au point de rendez-vous traditionnel du centre-ville d’Athènes où des dizaines d’unités de police nous « attendaient » déjà. Ce fut un succès, mais loin d’être comparable à ce qui s’est passé les 13 et 14 mars. Cette fois-ci, la stratégie de « décentralisation » a rencontré le besoin réel d’une masse critique de personnes de protester dans leurs quartiers, de réclamer leur droit à l’espace public face à la police. La police ne s’est même pas montrée pour essayer d’arrêter ce qui peut être décrit comme une « révolte pacifique » composée de multiples manifestations de type « guérilla ».

    Les protestations locales étaient diverses. Des groupes anarchistes locaux, des organisations de gauche, certains syndicats de travailleurs, des collectifs actifs dans la solidarité sociale les ont organisées, en fonction de leur force dans chaque district ou quartier.

    Ils étaient remplis de colère. Contre la police, contre la gestion de la pandémie, contre les priorités des dépenses publiques, etc. Un seul cri rassemblait toutes les doléances : « Mitsotakis, salaud ! » C’était un écho du passé : ce slogan avait été lancé en 1965 contre le père de l’actuel premier ministre, Konstantinos Mitsotakis, pendant les « Iouliana » (les « événements de juillet »), une révolte contre la monarchie déclenchée lorsque le Palais a renversé un gouvernement centriste avec l’aide de Mitsotakis, qui avait orchestré la défection d’un nombre crucial de députés centristes. Le slogan redevient populaire en 2021, pour exprimer le dédain envers le fils de l’une des familles les plus puissantes de la politique grecque. Michalis Chryssochoidis, le ministre en charge de la police [un ministère baptisé ministère de la protection des citoyens], a été une autre cible des chants des manifestants. Cet ancien social-démocrate [membre du Pasok dès 1974, passé à Nouvelle Démocratie en 2019], qui est devenu le favori de la CIA et l’enfant-vedette de l’« antiterrorisme » après le démantèlement de la « 17N » [en 2002], est maintenant le « shérif » largement méprisé et ridiculisé pour sa déclaration antérieure selon laquelle « les habitants des quartiers défavorisés applaudissent lorsqu’ils voient nos forces de police défiler dans leurs rues ».

    La jeunesse constituait le gros des manifestations locales. Bien sûr, des gens de tous âges sont venus, mais la présence massive des jeunes était significative. C’est une évolution intéressante. Il y a des générations de personnes dont la brève existence a été marquée par deux crises économiques majeures et une pandémie, jusqu’à aujourd’hui. Ils sont confrontés à de sombres perspectives sur le marché du travail, leur vie sociale est soumise à une pression constante, ce sont eux qui subissent habituellement le harcèlement quotidien de la police sur les places et dans les parcs publics et ce sont eux que le Premier ministre désigne constamment pour leur faire la morale. Mais ils sont aussi ceux qui n’ont pas vécu la défaite de 2015 de la même manière que ressentie par les générations précédentes qui ont lutté pendant de nombreuses années avant l’arrivée de SYRIZA au gouvernement et se sont ressenties épuisées et démoralisées après la trahison.

    ***

    Ce sentiment de défiance irrigue aussi d’autres luttes. La même semaine que la manifestation à Nea Smyrni et les manifestations locales, nous avons également assisté à : la grève féministe du 8 mars, à une marche étudiante contre la nouvelle loi sur les universités, à une manifestation centrale qui combinait la solidarité avec Dimitris Koufontinas et la lutte d’ensemble contre l’autoritarisme et la répression. Plusieurs milliers de personnes ont participé à ces mobilisations. Les jours suivants, nous avons eu les mobilisations des acteurs des divers milieux culturels, combinant leurs griefs pour le manque de soutien financier pendant le confinement, leur rejet des efforts pour imposer la censure dans les arts en utilisant la législation « antiterroriste » (similaire à celle qui a récemment conduit le rappeur catalan Pablo Hasel en prison) et la colère déclenchée par le #MeToo grec dans les arts. Puis, le 17 mars, une mobilisation du personnel de santé a été accompagnée de manière solidaire par de nombreuses personnes. En résumé, un gouvernement qui s’est lancé dans une campagne visant à diminuer sérieusement les protestations publiques fait face ces derniers temps à des mobilisations presque quotidiennes.

    Cette évolution de la situation a eu un autre effet secondaire. On dit que les grévistes de la faim déterminés et désespérés ont besoin de quelque chose à espérer pour changer d’avis et ne pas se sacrifier. Alors que Nouvelle Démocratie a refusé d’accorder à Dimitris Koufontinas ses droits jusqu’au bout, se contentant ou même voulant le voir mourir, le bref « printemps » de la résistance sociale a donné à Koufontinas des raisons d’espérer en l’avenir. Il a finalement mis fin à sa grève de la faim, déclarant que « ce qui se passe là-bas est bien plus important que la question qui l’a déclenchée » et que l’existence de forces sociales dynamiques qui résistent à l’autoritarisme « est un nouvel espoir ». Si le mouvement de masse n’a pas forcé le gouvernement à faire marche arrière, il a permis d’éviter la sombre perspective d’une mort tragique.

    Le gouvernement est sous pression et les jours de confiance arrogante en soi qui ont défini les débuts de son mandat sont derrière lui. Mais son avenir est loin d’être déterminé. La « guerre contre la gauche » peut s’avérer fructueuse en « accrochant les wagons » de l’électorat conservateur, qui s’est radicalisé. Le principal parti d’opposition, SYRIZA, n’est guère une « opposition », choisissant le langage conciliant de la politique respectable, de l’unité nationale, etc. La gauche anticapitaliste est encore fragmentée, confuse et/ou panse ses plaies de 2015. Les syndicats ont été sévèrement affaiblis et les « nouveaux mouvements » manquent de fondations critiques pour le moment.

    Mais il semble que nous entrons sur un nouveau terrain, avec des possibilités de contrecarrer, de manière tout à fait initiale, les effets de la défaite politique de 2015. L’énergie vibrante des jeunes générations, combinée à une réactivation possible d’un secteur de militants politiques disposant d’une expérience de luttes peut constituer un élément favorable à une nouvelle phase politique.

    Ces jours-ci, les chroniqueurs des médias grand public ont tendance à évoquer la révolte des jeunes de 2008 et le « mouvement des places » de 2011. Les optimistes rassurent leur public en disant que « cela ne se reproduira pas ». Les plus prudents préviennent que « nous devons nous assurer que cela ne se reproduira pas ». En tout cas, il est révélateur que les fantômes des luttes passées reviennent les hanter… (Texte envoyé par l’auteur le 19 mars 2021 ; traduction rédaction  A l’Encontre )

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  • Les médias internationaux, y compris les médias qui ont des correspondants en Grèce, ont imposé un black-out presque total à l’information en provenance de ce pays. Cela devrait être considéré comme une indication assez sérieuse de l’énorme importance internationale de ce qui se passe actuellement en Grèce. Pas seulement en Grèce, partout notre presse aux ordres cache les révoltes populaires et nous occupe avec des fake news sur la Chine et autres. Histoire et société fait simplement le travail d’information que les autres ne font pas. Ce qui est décrit ici est une nouvelle stratégie allant vers la fascisation : le pouvoir ne se contente pas de réprimer les rébellions, il les suscite pour avoir un prétexte… cela se passe dans de nombreux pays de l’UE et même dans le monde. Si les manifestations ouvrières et étudiantes du KKE sont organisées et encadrées, la présence de nouvelles couches issues de couches moyennes est utilisée pour renforcer les provocations policières. Comme le dit l’article cette stratégie de provocation à la tension que l’on retrouve au plan international émane de la maison mère les USA et l’OTAN. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

     

    Par Andreas Maris ,le 12/03/2021

     

    Mardi, trois manifestations très massives ont eu lieu à Athènes, Salonique et Samos. La manifestation à Salonique a été la plus grande manifestation étudiante depuis des décennies.

     A Athènes, l’Initiative des avocats et des juristes, diverses organisations de gauche, un certain nombre de syndicats, dont le Syndicat des acteurs, ont organisé une marche massive pour protester contre la répression policière et la barbarie.  

    Les manifestants protestaient également pour le traitement de Koufontinas, gréviste de la faim, que le gouvernement grec semble avoir condamné indirectement à mort et, aussi, pour la gestion de la pandémie. 

    Les acteurs protestent également pour ce qu’ils considèrent comme un effort gouvernemental pour étouffer, autant que possible, le grand scandale lié à Dimitris Lignadis, l’ex-directeur du Théâtre national, arrêté, accusé d’avoir violé des mineurs. (Un site satirique grec a écrit qu’il étudie maintenant, la biographie d’Epstein dans la prison). Il est considéré comme très probable que ce cas n’est pas isolé, mais juste la pointe d’un iceberg. L’« élite » grecque a toujours été corrompue (dans la plupart des cas par des élites européennes « non corrompues », comme Siemens, qui payait presque tout le monde en Grèce). Mais maintenant, il semble que certaines des formes les plus horribles de la criminalité sont tolérées au centre même de l’élite, ce qui le rend également plus vulnérable à toutes sortes de chantages.  

    A Salonique, les étudiants ont également protesté contre les tactiques de la police. Pendant deux semaines, ils avaient occupé un bâtiment de l’Université, mais ils avaient annoncé qu’ils le quitteraient jeudi à 11h00 heure locale. Au lieu d’attendre, la police a pris d’assaut le bâtiment, et en même temps, interdire à la presse de s’approcher de la scène et de couvrir l’événement. Les syndicats de journalistes grecs ont protesté. Le résultat a été la manifestation étudiante qui a suivi et de nouveaux affrontements violents avec la police.  

    Le gouvernement grecque semble utiliser non pas une tactique oppressive habituelle, mais plutôt une « stratégie de tension ». Il n’opprime pas un mouvement existant, il le crée. Il provoque les gens afin de les réprimer. Cette stratégie a été utilisée en Grèce et en Italie pendant la guerre froide et consiste à créer des tensions artificielles, en utilisant divers moyens, y compris, dans son plein développement, des méthodes comme le terrorisme réel ou faux, les enlèvements et les assassinats.  

    Nous ne sommes pas encore là, mais il y a beaucoup d’indications que nous traversons une frontière maintenant en Grèce.  

    Comme Koufontinas mourra très probablement de sa grève de la faim, personne ne peut être sûr du type d’attaques armées, réelles ou fausses (provocations), qui pourraient être utilisées pour justifier des mesures d’urgence.  

    En Grèce, cette stratégie, organisée et appliquée par le réseau Gladio de l’OTAN, la CIA et d’autres agences a finalement conduit à la dictature des colonels en 1967.  

    Si une telle stratégie de tension existe, comme toutes les indications que nous avons semblent l’indiquer, elle ne peut pas avoir été conçue par les politiciens grecs.

     

    https://fb.watch/4c94TBwWVs/

    source:  https://histoireetsociete.com/2021/03/13/grece-manifestations-antigouvernementales-massives-black-out-massif/

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  • Ce qui se passe en Espagne doit nous alerter comme d’ailleurs en Europe, en France, la manière dont une alliance du capital et des forces les plus conservatrices criminalisent et ne craignent pas les procès, les incarcérations de ceux qui protestent tout en laissant de plus en plus le droit aux fascistes et néo-nazis, xénophobes et anti-communistes le seul droit médiatique. voici donc l’interview du jeune rappeur coupable d’atteinte à la monarchie alors que celle-ci apparait de plus en plus comme une institution corrompue mise en place avec l’accord des USA pour poursuivre le franquisme. Dans le cadre de l’eurocommunisme on nous l’a vendu comme la “démocratie”. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

    REJOIGNEZ LA RÉPUBLIQUE PUBLIQUE

    ¡Únete a nosotros! – Diario Público (publico.es)

    MADRID  03/03/2021 22H29

    ALEJANDRO TORRÚS@ATORRUS


     

    Le rappeur Pablo Hasél répond aux questions de public depuis la prison de Ponent de Lleida, où il est entré pour purger une peine d’au moins 9 mois et un jour de prison pour crime de terrorisme. Il a également été condamné à douze mois d’amende pour insultes à la Couronne et à une amende de 15 mois pour insultes aux institutions de l’État.

    Le rappeur Pablo Hasél répond au public depuis la prison de Ponent de Lleida. La méthode est particulière, pour des raisons évidentes. Ce journal a remis une liste de questions à ses avocats et le rappeur a répondu dans quelques lignes de son écriture. Par conséquent, il n’y a pas eu de place pour la conversation ou le dialogue. Il ne s’agit que d’un simple questionnaire.

    En outre, Hasél lui-même a demandé dans sa réponse que l’interview soit publiée dans son intégralité et sans montage. Ce journal a décidé de se conformer à sa demande, y compris une question qui contenait une erreur dans sa formulation. Comme Hasél lui-même corrige l’intervieweur, Unidas Podemos a demandé une grâce et non une amnistie pour le détenu maintenant.

    Les réponses du rappeur sont datées du 26 février. C’est la première interview de Hasel depuis son entrée en prison.

     

    Comment allez-vous? Comment est votre vie quotidienne en prison ?

    Je suis fort, mais pour des raisons évidentes, la prison n’est pas un endroit pour dire que tu vas bien. J’ai passé une semaine en quarantaine enfermé 23 heures dans la cellule sortie une heure par jour dans une cour qui n’a littéralement qu’un peu plus de dix pas. Maintenant, je sors un peu plus, mais c’est toujours la même cour parce que je n’ai pas été déplacé de ce module lors de la lutte pour une cellule individuelle à laquelle j’avais théoriquement droit et qui est un privilège historique des prisonniers politiques. Je passe la journée à lire, à faire le petit sport qui peut être fait dans un si petit espace, à écrire et à bavarder avec les quelques prisonniers que je côtoie.

    Quelle activité faites-vous pour tuer le temps? vous composez ?

    J’écris un livre de poèmes, d’articles et de lettres. Je suis inspiré par ce que je vis en plus de continuer à refléter la réalité de l’extérieur.

    Cuartilla con las respuestas enviadas por Pablo Hasél desde prisión.Cuartilla avec les réponses envoyées par Pablo Hasél de prison.  PUBLIC

    Avez-vous pu voir les manifestations contre votre emprisonnement ? Qu’en pensez-vous ?

    J’ai pu suivre certaines protestations et j’ai été très enthousiaste, il y a eu une grande réponse qui a encore plus de valeur en période de démobilisation. Ils ont profité de ce temps pour m’emprisonner croyant qu’il y aurait peu de réponse et ils ont eu leur coup de feu sur le cul. Le bon travail du mouvement de solidarité et mon attitude ferme l’ont facilité, mais d’autres facteurs s’y sont ajoutés tels que la lassitude croissante face à la misère et la répression. La jeunesse sans issue digne de ce nom a provoqué la colère dans les rues.

    Les médias se sont beaucoup concentrés sur les émeutes qui se sont produites dans bon nombre de ces concentrations. Quelle opinion avez-vous ?

    Il y a beaucoup d’hypocrisie dans la violence et la violence se cache sous la forme de déni des droits et libertés fondamentaux, ce qui provoque des troubles. C’est simple : sans de telles conditions de vie indignes, il n’y aurait pas d’agitation; sans répression non plus. « Sans des conditions de vie aussi indignes, il n’y aurait pas d’émeutes; sans la répression il n’y en aurait pas non plus »

    Les grands moyens du capital criminalisent et condamnent la légitime défense, mais ne condamnent pas les causes qui conduisent à cette réaction.

    En principe, vous êtes entré pour purger une peine de neuf mois de prison. Cependant, il a été accumulé de nouvelles charges. Quelle perspective vos avocats vous donnent-ils? Pensez-vous pouvoir sortir de prison dans neuf mois ?

    Nous savons si je suis condamné à payer en prison la peine d’amende de 30 000 euros qui porterait [la peine] à plus de 2 ans et si d’autres condamnations deviennent définitives. Je doute passer « seulement » neuf mois en prison et tout dépendra de la pression de la solidarité et si oui ou non ils sont intéressés à ce que je sois emprisonné. Je me mets en situation mentale pour le pire à cause d’un état comme celui-ci, vous pouvez vous attendre à n’importe quoi.

    Qu’avez-vous pensé du manifeste de votre défense signé par des artistes comme Sabina appelant à ce qu’elle soit régulièrement emprisonnée ?

    « Ce sera la lutte dans la rue qui pourra arracher ma liberté »

    Il est positif que des poids lourds du monde de l’art et de la culture qui ont traditionnellement soutenu ou soutiennent ce gouvernement aient appelé à ma liberté pour défendre la liberté d’expression. Cela souligne à quel point les pratiques du régime suscitent le rejet. Mais ce n’est pas comme ça qu’ils changeront. En tout cas, ce sera surtout la lutte dans la rue qui pourra arracher ma liberté. La solidarité, c’est bien plus que signer des manifestes.

    Certaines de vos déclarations publiques font référence à une opération de l’État pour vous emprisonner soit dans des affaires ouvertes pour voies de fait, soit pour lesquelles vous êtes reconnu coupable de voies de fait. Pourquoi pensez-vous que l’État est après vous?

    Il y a une opération claire de l’État pour m’emprisonner pour longtemps et c’est tellement effronté que cela choque à l’échelle internationale y compris des gens qui ne sympathisent pas avec ce que je défends. Le troisième jour de mon emprisonnement, j’ai reçu une autre condamnation (en attendant le recours à la cour Suprême) pour une attaque de police sans preuve, comme on peut le voir par quiconque lit toute la cause, il est clair.

    En plus d’avoir des charges plus remarquables telles qu’une expression / crime haineux pour ne pas avoir cautionné le joueur de football nazi Zozulya, charge pour lequel je peux récolter jusqu’à 4 ans de plus, ou les six ans et demi pour être accusé d’avoir assisté à une manifestation contre la répression, malgré que je n’ai pas participé aux émeutes et on m’impute d’être en mesure de le prouver, je suis imputé des mêmes délits.

    Cette opération de l’Etat est parce que, comme l’a reconnu le procureur, « Il est dangereux parce qu’il est connu et incite à la mobilisation sociale.

    Cuartilla con las respuestas enviadas por Pablo Hasél desde prisión.Cuartilla avec les réponses envoyées par Pablo Hasél de prison.  PUBLIC

    À la suite de votre emprisonnement, beaucoup de débats ont eu lieu à votre sujet. Vous considérez-vous comme une personne violente ou appelez-vous la violence?

    « Je répudie la violence avec laquelle nous sommes opprimés et je défends la légitime défense »

    Dans le cadre de cette opération, les médias qui servent le plus l’État ont lancé une campagne pour me diaboliser avec toutes sortes d’insultes. C’est injurieux et sans compter les faits objectifs pour lesquels j’ai été emprisonné. Je répudie la violence avec laquelle nous sommes opprimés et je défends la légitime défense. Ça ne me rend pas violent, bien au contraire. J’aime la paix et ce n’est possible que équitablement. Maintenant, si nous sommes attaqués dans notre lutte pour la justice, je n’appelle pas à un sursis des armes parce que cela facilite le développement de la barbarie par les vrais violents.

    Les mots construisent-ils la réalité ?

    Les mots peuvent créer la conscience et celle ci se révolte. C’est pourquoi ils emprisonnent même pour avoir utilisé des mots comme armes. Ils sont si cyniques qu’ils demandent de ne pas utiliser la violence révolutionnaire quand les uns et les autres ne renoncent à la violence, puis répriment même la lutte pacifique.

    Avec le débat sur les médias sociaux, des voix critiques ont également émergé avec certains de vos vieux tweets. Vous avez également été qualifié de sexiste par un tweet de 2012 dans lequel vous encouragiez le bukake contre certaines femmes. Regrettez-vous de telles déclarations ?

    Dans le lynchage pour empêcher le soutien et me peindre comme ce que je ne suis pas, ils ont exhumé des tweets d’il y a dix ans avec des expressions sexistes qui étaient soit une blague ou une erreur que j’ai dénoncé il y a longtemps publiquement et fait mon autocritique. Nous avons été impolis par machisme et nous avons tous dit des expressions sexistes, mais nous croyons en la réé éducation et ce qui compte, c’est de se corriger.

    Maintenant, il y a plus de sensibilité sur ce sujet qu’il y a dix ans, il a été plus normalisé. Ce qui est dégoûtant, c’est qu’ils ont recours à un passé lointain rectifié pour m’empêcher de m’attaquer aux fascistes qui, dans le présent, disent et font des choses bien pires ou qui parlent comme s’ils n’avaient pas fait d’erreurs ou s’il n’y avait pas le droit de les corriger et de les améliorer. J’ai grandi en écoutant le rap américain très sexiste et dans ma vie je me bats contre ça. En l’absence d’arguments pour justifier mon emprisonnement, cela signifie que m’accuser du pire machisme, ils n’ont recours qu’à cela.

    Pourquoi êtes-vous considéré comme un prisonnier politique ?

    Je suis clairement un prisonnier politique parce que je suis en prison pour une lutte politique.

    Podemos a demandé l’amnistie pour vous et pour Valt-nyc et le ministère de la Justice a annoncé une réforme des crimes d’opinion. Quelles attentes ces mouvements politiques génèrent-ils pour vous ?

    Podemos a demandé une grâce ce qui n’est pas la même chose que l’amnistie. Il l’a fait à cause de la pression dans les rues parce que cela arrive alors qu’ils n’ont rien fait. Pourquoi vous ne l’avez pas demandé il y a trois ans alors que vous auriez emprisonné Valt-nyc s’il n’était pas parti en exil ? Parce qu’il n’y avait pas de réponse de ce genre. Le Code pénal ne sera réformé que si la lutte dans la rue se fait dans la continuité. En France, les mesures répressives ont été renversées pendant des mois de combats plus violents qu’ici.

    Quelques jours avant votre emprisonnement, vous avez affirmé que vous n’aviez pas choisi l’option de vous exiler comme Valt-nyc l’a fait. Maintenant que vous êtes à l’intérieur, vous avez vu les conséquences d’être emprisonné, pensez-vous avoir pris la bonne décision en restant dans l’État?

    « L’Etat voulait que je m’exile pour éviter l’agitation dans les rues »

    La réponse m’a encore montré que rester était le bon choix pour me battre, même si j’avais des conditions beaucoup moins dures en exil. L’État, même s’il n’était pas si attendu, savait qu’il y aurait [réponse] et c’est pourquoi il m’a permis de voyager à l’étranger parce qu’ils voulaient que je m’exile pour éviter les tracas de rue et les scandales internationaux.

    Êtes-vous surpris de voir à quel point votre cas a été médiatisé une fois que votre emprisonnement a été effectif, contrairement au relativement peu d’écho de votre processus judiciaire?

    Je ne suis pas surpris qu’il ait été si médiatisé parce qu’une barbarie comme celle-ci choque tout le monde, sauf les fascistes, donc ils veulent couvrir les motifs de ma prison. Qui plus est, même certains fascistes ont vu cela comme excessif.

    Avez-vous un projet musical à court terme? Est-ce qu’une sorte d’auto-censure vous empêche de travailler pour éviter d’autres condamnations?

    Je n’arrête pas d’écrire des chansons et je ne vais pas les laisser me dicter ce qu’il y a à écrire, c’est pour ça qu’ils nous répriment. La liberté d’expression n’est pas défendue avec l’auto-censure.

    Autre chose que vous voulez ajouter?

    Les égouts représentés par Inda et compagnie sont venus au point d’utiliser une de mes métaphores dans laquelle je dis « l’Illusion est trop chère c’est une pute, je vais devoir la violer » pour dire que j’appelle à violer les femmes!

    C’est dégoûtant et très sérieux. Cela résume la sale guerre informatique pour me criminaliser et ils ont une impunité totale. Si je faisais ça avec eux, j’aurais plus d’années de prison.

    Cuartilla con las respuestas enviadas por Pablo Hasél desde prisión.Cuartilla avec les réponses envoyées par Pablo Hasél de prison.  PUBLIC

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    source: https://histoireetsociete.com/2021/03/06/pablo-hasel-il-y-a-une-operation-evidente-de-letat-qui-veut-memprisonner-depuis-longtemps/

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  • Le 12 janvier 2021, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) interpellait, via Pierre Pranchère, vice-président du PRCF, ancien FTPF (Franc-Tireur et Partisan Français), ancien député français de la Corrèze, ancien eurodéputé du PCF, président de la Commission International du PRCF, directement à la suite de la féroce répression de la manifestation de la Freie Deutsche Jugend () qui dénonçait la en Allemagne

    (https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/repression-de-la-la-fdj-lettre-ouverte-a-angela-merkel-de-pierre-pranchere-resistant-ftpf-ancien-depute-francais-et-parlementaire-europeen/).

     

    Cette dernière, par le biais de l’ambassadeur d’Allemagne en France, a accusé réception et répondu au courriel que lui a adressé le PRCF. Certes, cette réponse au contenu très européiste qui célèbre le scélérat traité d’Aix-la-Chapelle du 22 janvier 2019 et qui dresse des louanges au couple Macron-Merkel, n’exprime ni remord ni regret à l’encontre de la violence subie par la FDJ. Il est cependant intéressant de constater que la chancelière se soit sentie obligée de répondre en rendant hommage « à tous les membres de la qui ont lutté avec courage contre le national-socialisme » (donc, implicitement et avant tout, les communistes allemands, qui payèrent souvent de leur vie leur sacrifice, à l’image d’Ernst Thälmann), prouvant par là-même que la situation est grave en Allemagne, du fait d’une euro-fascisation croissante qui sévit en et qui n’épargne pas le pays qui connut le pouvoir nazi.               

    Cette réponse, que le site Initiative communiste reproduit ci-dessous, confirme la nécessité absolue de lutter contre l’euro-fascisation, comme le fait le PRCF depuis des années aussi bien en France qu’en solidarité avec toutes les forces communistes, progressistes et syndicales victimes de la violence fasciste et réactionnaire. Cela ne peut qu’encourager tous les communistes et les défenseurs des droits démocratiques et sociaux à mener le combat pour combattre la « peste brune » et la répression violente qui s’abat en Europe.

     

    Lettre de l'Ambassadeur de RFA à Pierre Pranchères

    Ancien Député, Vice-Président du PRCF

     

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     

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  • En de l’Ouest, le était presque seul à être solidaire de la

    « Allez donc là-bas ! »

    Initiative communiste relaie un entretien avec , président du Parti communiste allemand (DKP), pour Unsere Zeit, l’hebdomadaire du parti, au sujet de la solidarité avec la RDA, rappelant à la fois les mérites et réalisations majeures du socialisme réel pour le quotidien des citoyens et des travailleurs, mais également la chasse aux sorcières anticommuniste menée en et prolongée aujourd’hui, à l’image de la féroce répression de la Freie Deutsche Jugend (FDJ), la Jeunesse démocratique allemande, par l’euro-gouvernement réactionnaire et fascisant de Merkel.

     

    Un entretien démontrant, une nouvelle, les fautes désastreuses de l’euro-liquidateur Gorbatchev, et qui propose une réflexion utile pour qui désire, comme le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), marcher vers le socialisme et, pour cela, reconstruire un grand Parti communiste sur des bases franchement marxistes-léninistes – et ainsi en finir avec le calamiteux “euro-communisme” ayant conduit le Parti de Cachin, Thorez, Duclos et Frachon à l’état de faire-valoir des “socialistes”.

    ______________________________________________________________________________

     

    UZ : Tu étais président fédéral de la SDAJ [les Jeunesses ouvrières socialistes est- allemandes], une activité à plein temps, lorsque la contre-révolution en RDA l’a emporté. Cela n’a pas eu que des conséquences personnelles pour toi, la SDAJ a également plongé dans une crise existentielle. Comment as-tu vécu cette situation à ce moment-là ?

    Patrik Köbele : Cette période était très compliquée. En juin 1989, la SDAJ avait scissionné après plusieurs années de débat acharné sur le caractère de l’organisation. Nous, qui voulions nous en tenir au concept d’une organisation de jeunesse socialiste révolutionnaire, avions une faible majorité de délégués derrière nous lors d’un congrès fédéral. En conséquence, les soi-disant « rénovateurs » ont quitté la SDAJ. Des organisations nationales entières se sont disloquées. Un conflit entre factions était également en cours au sein du parti communiste allemand, le DKP. Quelques mois plus tard, il y a eu les événements en RDA, qui ont atteint leur paroxysme dans un processus contre-révolutionnaire.

    Je n’avais pas du tout prévu cela. J’ai encore été invité aux célébrations du 40e anniversaire de la RDA, où Gorbatchev était présent, mais la « gorbimania » qui m’entourait m’a fait réfléchir. J’avais cependant toujours l’espoir qu’il puisse s’agir d’une avancée du socialisme. Les choses se sont passées différemment et ont ensuite, ne l’oublions pas, conduit à une crise du mouvement ouvrier révolutionnaire, à l’Ouest aussi. Nous avons beaucoup réfléchi à l’époque, mais néanmoins, pour moi, le capitalisme ne s’est pas amélioré parce que le socialisme s’est effondré. Nous n’avons réalisé qu’avec le temps qu’il s’agissait d’une contre-révolution.

    UZ : Peux-tu préciser ?

    Patrik Köbele : Nous avons également dû accepter le fait que les masses manifestaient dans les rues, au début certainement pour une amélioration du socialisme. Ce mouvement s’est profondément ancré dans les rangs de notre parti frère, le SED [Sozialistische Einheitspartei Deutschland — Parti socialiste unifié d’Allemagne]. Il y avait encore des illusions quant au parcours de Gorbatchev. Après tout, ce n’est pas un processus dans lequel des contre-révolutionnaires avérés ont pris les armes. Autrement dit, j’ai réalisé d’un seul coup que la RDA ne serait pas invincible lorsque j’ai vu les images de la destruction « volontaire » de leurs armes par les groupes de combat des entreprises, c’est-à-dire des structures armées de la classe ouvrière en RDA. Nous nous sommes vite rendu compte que des problèmes réels en RDA avaient été à l’origine de ces événements. Après tout, nous étions, par nos proches, d’assez bons connaisseurs de ce pays. Il nous a fallu cependant un certain temps pour réaliser que l’essence de ces processus était une régression sociale, le rétablissement du capitalisme monopolistique.

    UZ : Le DKP est tombé dans une crise profonde : une grande partie de ses membres ont quitté le parti, le soutien du parti frère, le SED, s’est effondré. En plus des soucis financiers, des problèmes idéologiques se sont posés. Comment la contre-révolution a-t-elle affecté le parti communiste dans la partie occidentale de l’Allemagne ?

    Patrik Köbele : La RDA était pour nous un foyer, un arrière-pays sûr, l’Allemagne socialiste. Sa défense contre l’anticommunisme faisait partie de notre identité. Nous nous sommes identifiés à la RDA et nous avons été identifiés à elle. Avec la contre-révolution, une partie de notre identité s’est effondrée. Pour nous, la RDA et les autres États du CAEM [Conseil d’assistance économique mutuelle, COMECOM dans son acronyme anglais], c’était LE socialisme. Les partis communistes qui en faisaient partie étaient nos partis frères. C’était aussi le résultat de la division du mouvement communiste mondial de l’époque en une partie orientée « vers Moscou » et une partie qui s’orientait « vers Pékin ». Rétrospectivement, cette scission a certainement été l’une des causes de la profonde défaite du socialisme. En RFA, elle a pris une forme très flagrante. En 1968, lorsque nous avons cessé d’être un parti illégal et nous sommes reconstitués, des groupes se sont fondés en RFA qui se définissaient comme des représentants de la ligne de Pékin ou de Tirana.

    En partie, les dirigeants leur ont permis de s’approprier le nom du KPD, qui est toujours interdit aujourd’hui. Il nous avait été clairement signalé en 1968 qu’il n’y aurait pas de légalité du KPD pour nous ; ainsi, quelques mois avant la reconstitution du DKP, la présentation du projet de programme du KPD avait été supprimée, le projet avait été confisqué et, entre autres, notre futur président Herbert Mies avait été arrêté. Les groupes « maoïstes » ont fait l’objet d’un traitement très différent, ce qui n’est pas surprenant : ces groupes sont fondamentalement anticommunistes et hostiles à la RDA et à l’Union soviétique. Dans le mouvement pour la paix, par exemple, ils ont semé la confusion car ils ont mis sur le même plan les missiles à moyenne portée de l’Union soviétique et ceux des États-Unis, alors que les missiles soviétiques n’étaient pas en mesure d’atteindre le territoire américain. Leur agitation est allée jusqu’à imprimer des affiches montrant Leonid Brejnev, alors secrétaire général du PCUS, pendu à une potence.

    En même temps, l’« eurocommunisme » apparaissait dans le mouvement communiste, dont les représentants affirmaient vouloir réaliser le socialisme dans le cadre du parlementarisme bourgeois et indépendamment de l’Union soviétique. À l’époque, certains membres du SPD prétendaient encore — et bon nombre de membres en étaient individuellement convaincus — lutter pour le socialisme. Toujours avec l’ajout : « Mais nous ne voulons pas que cela ressemble au socialisme réel. » Le « socialisme » devait convaincre dans la mesure où il renonçait à sa défense et n’avait rien à voir avec le pouvoir politique de la classe ouvrière ni même avec l’exercice du pouvoir.

    C’était à nous de rejeter systématiquement de telles positions. Parfois, cela nous a également amenés à refuser de reconnaître les contradictions qui existaient vraiment dans le socialisme réel. C’était une erreur.

    Parmi les gens issus des groupes « maoïstes » évoqués, certains, comme Hans-Gerhart Schmierer de la KBW [Kommunistischer Bund Westdeutschland, Ligue des communistes ouest-allemands] — il a conseillé le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer, lui-même issu du mouvement spontanéiste — ont fini dans les appareils de la classe dirigeante. À l’époque, ils nous insultaient en nous qualifiant de « révisionnistes » en raison de notre solidarité avec l’Union soviétique et la RDA, mais aussi en raison de notre solidarité avec Cuba et les luttes anti-impérialistes au Nicaragua, en Afrique du Sud et en Angola. Plus tard, la plupart d’entre eux ont trouvé des arrangements, et l’un d’entre eux est aujourd’hui un ministre-président réactionnaire des Verts dans le Bade-Wurtemberg. Seuls quelques-uns ont corrigé leur position antérieure sur la RDA et se battent aujourd’hui à nos côtés.

    UZ : La délégitimation de la RDA est toujours à l’ordre du jour. Pourquoi l’anticommunisme est-il si important pour les dirigeants, même après la victoire de la contre-révolution ?

    Patrik Köbele : La RDA était un problème pour les dirigeants car elle était l’alternative socialiste sur le sol allemand. La RFA a été forcée d’agir comme la « vitrine » du capitalisme à l’égard de l’Est. L’État et les monopoles ont dû faire des concessions à la classe ouvrière. Dans les négociations collectives, la RDA siégeait à la table en tant que « partenaire invisible ». Le capital ne pardonne pas de telles choses. Rétrospectivement, les lois de l’Agenda en sont la preuve — elles n’auraient pas été applicables avec la RDA.

    L’anticommunisme est également nécessaire pour effacer la mémoire historique dans la conscience de la population de la RDA et de ses descendants. En fin de compte, tout cela est nécessaire pour que plus jamais personne ne puisse avoir l’idée qu’il existe — et qu’il a existé — une alternative à ce capitalisme qui prouve chaque jour qu’il est incapable d’agir dans l’intérêt de l’humanité.

    L’anticommunisme a également frappé la solidarité du SED avec nous et d’autres parties du mouvement progressiste. Cette solidarité internationale a soutenu les forces de progrès, mais aussi les pauvres de la République fédérale allemande, à de nombreux niveaux allant du rayonnement du socialisme à la solidarité matérielle. Chaque année, par exemple, des milliers d’enfants issus de familles pauvres en RFA ont pu s’offrir des vacances en RDA grâce au DKP et aux Jeunes pionniers, notre organisation pour les enfants de l’époque. Les permanents de notre parti et d’organisations amies, qui avaient souvent de faibles revenus, ont également eu la possibilité de prendre des vacances en RDA.

    UZ : Tu es politiquement actif et solidaire avec la RDA depuis la fin des années 1970. Quelle forme l’anticommunisme a-t-il pris au début de votre engagement ?

    Patrik Köbele : Je ne suis pas issu d’une famille de tradition communiste. Il n’était pas facile d’échapper au courant dominant de l’époque. Un exemple : Wolf Biermann, qui s’est finalement révélé comme un belliciste et un anticommuniste après 1989, était une icône pour de nombreux gauchistes en RFA. Être de gauche, c’était chic, et en même temps, il fallait prendre ses distances avec la RDA et l’Union soviétique. Ce fut un chemin difficile pour moi vers le SDAJ et le DKP. Lorsque nous étions dans la rue, nous entendions : « Allez donc là-bas ! ». Nous étions co-responsables des mesures prises par les pays socialistes. Dans la famille, à l’école et au travail, dans la rue et dans les alliances, nous avons été pris à partie pour tout ce qui se passait en RDA, dans le socialisme réel. Biermann, que j’ai déjà mentionné, Soljenitsyne — un dissident réactionnaire en Union soviétique, également applaudi par Heinrich Böll, qui était assez progressiste en matière de démocratie — et bien sûr la frontière sécurisée entre l’OTAN et le traité de Varsovie, dénigrée à l’Ouest comme un mur, sont venus s’y ajouter.

    On a également tenté à plusieurs reprises d’exiger que nous prenions nos distances par rapport au socialisme réel pour pouvoir conclure des alliances. Je pense que nous pouvons dire à juste titre que nous n’avons jamais été impliqués là-dedans et que nous avons néanmoins développé une politique d’alliance souple.

    Lorsque les États-Unis ont utilisé une manœuvre trompeuse pour amener l’armée de l’air de l’Union soviétique à abattre un avion de ligne sud-coréen, j’ai distribué le journal de notre organisation devant l’atelier de formation de Daimler-Benz à Stuttgart. On m’a immédiatement demandé quels crimes mes camarades avaient commis. Des camarades plus âgés m’ont dit, qu’à l’époque de la « construction du Mur », le lendemain, leurs machines étaient ceintes de fils barbelés. Tout cela faisait partie de la situation de la lutte des classes à l’époque.

    UZ : Après l’interdiction du KPD en 1956, des chasses aux sorcières ont eu lieu contre les personnes solidaires de la RDA. Même les personnes qui organisaient des vacances en RDA étaient persécutées.

    Patrik Köbele : L’anticommunisme ne vise pas seulement les communistes, notamment pour les isoler. Il vise également les personnes qui les entourent. Vous avez déjà mentionné un exemple. Mais je voudrais en mentionner un autre, qui a eu une forte influence sur moi, car il m’a conduit au SDAJ. À cette époque, il y avait une forte aile marxiste dans les Jusos [les Jeunesses socialistes], l’aile dite « Stamokap » [State monopoly capitalism, capitalisme monopoliste d’État]. En 1977, elle a confié la présidence fédérale des Jusos à Klaus Uwe Benneter. Lorsqu’il a exprimé que, pour lui aussi, une coopération avec le DKP était possible, il a été sommairement démis de ses fonctions par le SPD. Après cela, les Jusos n’étaient plus une option pour moi. Benneter s’est ensuite installé au sein de la classe dirigeante, tout comme son successeur, Gerhard Schröder, qui s’était lui aussi déclaré marxiste.

    UZ : La RDA fait partie de l’histoire depuis 30 ans. Aujourd’hui, le DKP l’appelle « la plus grande réalisation du mouvement ouvrier allemand » et tente de garder le souvenir de la première tentative de socialisme sur le sol allemand. Qu’est-ce que le DKP trouve de si important là-dedans?

    Patrik Köbele : Pour nous, il a toujours été clair que la RDA était un État pacifique, un État dans lequel les pires crimes sociaux du capitalisme, tels que les sans-abris et le chômage, avaient été éliminés. La rupture totale avec le système de profit a rendu la santé et l’éducation possibles pour tous et la libération des femmes a été réalisée, au moins sur le plan économique. Urbanisme, culture, transports publics locaux et longue distance, activités de loisirs sans mercantilisme et bien plus encore — nous savons qu’une autre Allemagne était possible. La contre-révolution a également été notre défaite.

    La RDA, c’était le socialisme ; il n’était pas parfait, mais il était réel. Savoir cela aujourd’hui fait passer le socialisme du rang d’utopie à une perspective réelle, à une possibilité impérieuse pour l’humanité de survivre. La RDA ne représente rien de moins, et c’est pourquoi elle est si importante pour nous. Pour cela, nous devons également remercier tous ceux qui ont contribué à la construction du socialisme en RDA. Nous sommes heureux et fiers d’avoir de tels camarades dans nos rangs. Aujourd’hui, la solidarité avec la RDA, mais aussi la solidarité avec ceux qui ont été persécutés par l’impérialisme pour leur travail en RDA ou pour la RDA, qui ont subi diffamations, pensions punitives, amendes et emprisonnements, doit être la marque essentielle du DKP.

    UZ : Le DKP a toujours été solidaire de la RDA, la défendant ainsi que ses réalisations. Pourquoi n’a-t-il pas été possible de développer plus fortement le DKP en Allemagne de l’Est depuis 1989 ?

    Patrik Köbele : Selon moi, la cause principale réside dans une erreur — compréhensible — que nous avons commise, surtout dans les premières années qui ont suivi la contre-révolution. Pendant trop longtemps, le développement du SED-PDS, du PDS et, plus tard, de Die Linke [le Parti de gauche] a été marqué d’espoirs et d’illusions. Bien sûr, on est toujours plus sage après, et c’est compréhensible compte tenu des décennies de liens étroits avec le SED. Néanmoins, nous avons commencé trop tard notre propre reconstruction en Allemagne de l’Est. Des mesures telles que les expulsions du parti de camarades qui avaient un rôle de premier plan en RDA, les excuses régulières adressées par la RDA à l’ennemi de classe, l’adieu au socialisme et la nécessaire rupture révolutionnaire avec le capitalisme auraient dû nous faire comprendre plus tôt qu’il était impossible de stopper l’intégration de Die Linke dans les structures dirigeantes de l’impérialisme allemand.

    Propos recueillis par Björn Blach

    Légende photo : Chaque année, le DKP a pu envoyer des centaines d’enfants dans des camps de vacances en RDA. Ici : les adieux à Francfort-sur-le-Main. 1977.

     

     

    Source en allemand:  https://www.unsere-zeit.de/geht-doch-nach-drueben-140184/

    Source en français: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • L'URSS reviendra !

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  • Ce qui est évident à la lecture de ce texte sur le deux poids, deux mesures de l’occident en matière de liberté d’opinion, c’est que les “démocraties” occidentales sous couvert de “terrorisme” sanctionnent de plus en plus des “crimes” d’opinion qui les contestent et encouragent les fascismes. C’est pour cela qu’une législation anti-terroriste dans une situation où on construit une unique alternative Le Pen-Macron n’est en fait qu’une manière de transformer la démocratie en acceptation du néo-libéralisme, d’une commune oppression des peuples en tant que travailleurs alors qu’elle est présentée sous une forme raciste ou ici anti-communiste (stalinienne) pour diviser les travailleurs. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

    ____________________________________________________________

    Des émeutes et des affrontements avec la police ont secoué plusieurs villes d’Espagne – et tout cela à cause de l’arrestation d’un homme qui assure que «l’URSS reviendra». Pourquoi le chanteur Pablo Hasel a-t-il été placé en détention, pourquoi déteste-t-il la démocratie espagnole et la monarchie, et d’où lui vient son admiration pour l’Union soviétique?

    Le rappeur espagnol Pablo Rivadulla Duro, mieux connu sous son nom de scène Pablo Hasel, d’après le personnages d’un recueil d’histoires de la littérature arabe, ira finalement en prison. Plusieurs dizaines de policiers, pour appréhender le chanteur, ont dû menacer de prendre d’assaut les locaux de l’université de Lleida. Le chanteur s’y était barricadé et y avait passé la nuit entouré d’une cinquantaine de ses partisans. Mais à la fin, tout s’est passé sans faire de victimes et sans bris de verre, même s’il y avait de la fumée dans les locaux, comme on peut le voir dans les images publiées par la presse espagnole. Montant dans une voiture de police après avoir été détenu, Hasel a crié: “Mort à l’Etat fasciste!”, “Ils ne nous feront jamais taire!”

    Pablo Rivaduglia est né à Lerida (Lleida est la version catalane du nom de la ville) en 1988. Comme la plupart des Catalans, il n’est pas enthousiaste à l’idée d’avoir leur autonomie au sein du royaume espagnol, et cela se reflète dans son travail, qui est principalement consacré à la critique de la famille royale et de ses activités. La démocratie moderne, qu’il décrit comme la tyrannie, est un autre sujet auquel Hasel réagit vivement.

    D’où vient que Pablo, pour le moins, n’aime pas le monarque espagnol? Le fait est peut-être que, de son point de vue, le gouvernement dissimule les machinations du roi détrôné, contraint de quitter son pays en raison de soupçons d’avoir reçu illégalement 65 millions d’euros de ses collègues saoudiens et de ne pas avoir payé d’impôts dessus.

    Les médias espagnols estiment qu’à un âge trop jeune il “a commencé à lire des livres” et qu’il y a “puisé fermement de nouvelles règles”. Les livres n’étaient pas les bons, en conséquence “sa vision du monde s’est formée sous l’influence de personnalités telles que Vladimir Maïakovski, Joseph Staline et Che Guevara”. C’était le chemin de Pablo vers le Parti communiste espagnol (rétabli) –selon l’abréviation espagnole CPE (r). Le parti a été fondé en 1975 quelques jours avant la mort du dictateur Franco, c’est-à-dire juste à la veille du triomphe de la démocratie. Que Pablo a prise à la lettre et une fois atteint un âge raisonnable, il a décidé d’utiliser les valeurs qu’elle proclamait (en particulier la liberté d’expression).

    Les autorités ont enduré ces déclarations jusqu’à ce que Hasel décide de défendre le secrétaire général du CPE (r), Manuel Perez Martinez, emprisonné pour 17 ans.

    Le camarade Arenas (pseudonyme du secrétaire général) a été mis derrière les barreaux en raison de son “appartenance au Groupe de résistance antifasciste (GRAPO)”. Le groupe a été créé en 1975 (quelques mois avant le départ de Franco pour un autre monde), a proclamé le marxisme-léninisme et l’antifascisme comme son idéologie, et son objectif était de construire une “république populaire, fédérale et socialiste” en Espagne. Le GRAPO est considéré comme une organisation terroriste dans l’Union européenne et aux États-Unis.

    Le GRAPO était considéré comme la “branche armée” du Parti communiste. Il a fonctionné à la fin des années 70 – début des années 80 du siècle dernier. Il a à son compte environ 80 policiers tués. Le groupe obtenait lui-même de l’argent pour ses actions, en l’extorquant à des hommes d’affaires et même en dévalisant une fois une succursale de la banque Banco del Noroeste. Il ne jouissait pas d’un grand soutien. Des solitaires se faisant appeler membres du groupe de temps en temps menaient de petites actions jusqu’en 2011.

    «Le GRAPO était la légitime défense contre l’impérialisme et ses crimes», «Je pense aux balles que les juges nazis ne trouveront jamais» – les tribunaux espagnols interprètent ces déclarations de Pablo Hasel comme de la propagande du terrorisme. En effet, qui est Hasel? Selon les lignes des verdicts de la cour, c’est une personne qui soutient et glorifie le terrorisme. Mais lui-même n’a pas commis d’actes de terrorisme. Admirer la brutalité de quelqu’un d’autre est à peu près la même chose que les jeunes de 14 ans échangeant volontiers leurs opinions sur les exploits du pirate Peter Blood et des corsaires.

    Hasel a été arrêté pour la première fois à Lleida en octobre 2011, presque immédiatement après la sortie de sa vidéo Democracia su puta madre (la version la plus proche de la censure peut se traduire par «Démocratie, ta pute de mère»), consacrée au sort du camarade Arenas. Le rappeur a été condamné à deux ans de probation “pour avoir loué le terrorisme dans les paroles”.

    En 2017, le parquet a exigé qu’on lui en ajoute encore «cinq» pour «insulte à la couronne et diffamation de l’État», publiée sur les réseaux sociaux. En 2018, il a été condamné à deux ans et un jour de prison, peine réduite à neuf mois, et le processus de dépôt et d’examen d’un appel a été retardé jusqu’en janvier 2021. A cette époque, les médias espagnols ont commencé à analyser « 64 tweets et aphorismes pour lesquels il est allé en prison».

    Les plus impressionnants sont les suivants:

    ” GRAPO était la légitime défense contre l’impérialisme et ses crimes.”

    Le bandit Bourbon [le roi Juan Carlos I] a fréquenté la monarchie saoudienne, parmi ceux qui financent Daech. Rien ne change. “

    “Si les gens aiment tellement la monarchie, comme nous le disent les autorités, laissez aller la famille royale sans accompagnement dans nos rues.”

    “Ada Colau [le maire de Barcelone] ne traitera pas le roi de criminel pour avoir vendu des armes à l’Arabie saoudite ou pour vivre de manière luxueuse au prix de la pauvreté de la majorité de la population.”

    “Encore une famille a été expulsée de sa maison, après qu’on lui ait coupé l’eau et l’électricité : le capitalisme c’est la  barbarie, naturellement, je suis nostalgique de l’URSS.”

    “Staline est un leader exceptionnel qui a envoyé des fonctionnaires corrompus au GOULAG. Nous devons retrouver la société qu’il dirigeait! Quelles que soient les manipulations qu’ils entreprennent pour interpréter les événements historiques, il reste toujours un héros pour des millions de Russes qui aspirent à se libérer du joug capitaliste et de ceux qui les ont trahis. “

        «Je suis coupable de réaliser que le capitalisme est la racine du problème. Qu’il sert les intérêts d’une poignée de sacs d’argent qui nous exploitent. »

    “L’URSS reviendra, elle reviendra certainement, car il n’y a pas d’avenir sans socialisme. De plus en plus de peuples emprunteront la voie du communisme et les exploiteurs iront travailler dans les mines en Sibérie.”

    “Le féminisme des exploiteurs en jupe ne représente pas les intérêts d’une femme de la classe ouvrière.”

    La presse espagnole moderne a une attitude particulière à l’égard de l’URSS. Les principaux journaux du pays décrivent régulièrement les efforts héroïques de la Division Bleue espagnole qui se gelait dans les tranchées et mangeait de la vache enragée, participant au blocus nazi de Leningrad. Et voilà qu’un jeune homme loue cette même l’URSS qui a survécu à la guerre et qui l’a gagnée.

    Le 13 février, à Madrid, où la quarantaine des coronavirus est endémique, une manifestation a eu lieu à la mémoire des combattants «bleus», programmée pour coïncider avec la date de leur défaite finale à Krasny Bor en 1943. Pour cette marche de trois cents nazis de la Juventud Patriota de Madrid (Jeunes patriotes de Madrid), l’autorisation officielle des autorités a été obtenue. En même temps, il est interdit à trois personnes de s’arrêter pour bavarder dans la rue. Et il est impossible d’obtenir l’autorisation pour une manifestation en général (et à plus forte raison anti-quarantaine).

    La BBC britannique souligne en clair que “le rappeur espagnol Pablo Hasel a été condamné à la prison pour avoir insulté le roi”. Seule l’Espagne ne le remarque pas.

    À propos, les principaux journaux du royaume pyrénéen ont préféré garder le silence sur Navalny ce jour-là: ils contredisent en quelque sorte les demandes de “libérer immédiatement le prisonnier politique russe” en incarcérant un musicien qui n’a troublé la paix du pays qu’avec ses chansons et tweets. Par ailleurs, le vice-premier ministre du gouvernement espagnol Pablo Iglesias a récemment déclaré: “Comment pouvons-nous considérer notre pays comme une démocratie si les conflits politiques ont cessé d’être réglementés par les canaux politiques, et sont finalement résolus par les tribunaux et la police?”

    La formulation standard, que les libéraux russes aiment utiliser est: “Vous ne pouvez pas emprisonner pour des mots, la vraie démocratie ne fait pas cela.” Comme vous pouvez le voir, elle le fait très bien, et cela est reconnu dans les hautes instances espagnoles.

    Le lendemain, des manifestations spontanées ont commencé dans plusieurs villes d’Espagne demandant la libération du rappeur et appelant la police à «ne pas recourir à la violence». Environ 200 artistes du pays, dont le réalisateur Pedro Almodovar et le célèbre acteur Javier Bardem, ont signé une pétition demandant “de revoir la législation sur la diffamation et de ne pas assimiler la critique de la monarchie au terrorisme”.

     

    Les manifestations ne sont pas restées pacifiques longtemps – déjà mercredi, elles ont dégénéré en affrontements avec la police, utilisant des bouteilles et des pierres comme “arme du prolétariat” d’une part, et une réponse civilisée avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc d’autre part. Au matin du jeudi 18 février, le nombre de détenus à Madrid, Barcelone, Gérone, Lleida se comptait par dizaines.

     

    Vladimir Dobrynin, le 18/02/21

    source: https://vz.ru/world/2021/2/18/1085750.html

    source en français (traduction de Marianne Dunlop):  https://histoireetsociete.com/2021/02/19/un-chanteur-espagnol-jete-en-prison-pour-avoir-loue-staline-et-lurss/

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  • L'UE appelle l'Ukraine à accélérer les privatisations des terres agricoles

    L'Union européenne a appelé l'Ukraine à accélérer les réformes économiques et judiciaires requises dans le cadre de l'accord d'association UE/Ukraine de 2014 lors d'une réunion jeudi.

    Le chef des affaires étrangères de l'UE, Josep Borrell, a déclaré que "l'intégration économique de l'Ukraine et le rapprochement réglementaire avec l'Union européenne" restaient une priorité pour Bruxelles.

    La crainte est que les autorités de Kiev reviennent sur les exigences de l'accord d'association, qui sont également les conditions des prêts accordés au pays par le Fonds monétaire international, pour la privatisation des terres et l'ouverture du secteur agricole du pays à l'agro-industrie européenne.

    Malgré l'opposition acharnée des trois quarts des Ukrainien.ne.s et des années de protestations, le parlement du pays a aboli un moratoire sur la vente privée de terres en mars dernier.

    Mais en novembre, le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a déclaré que cinq millions d'hectares de terres publiques avaient été vendus «illégalement» et que l'État avait l'intention de les récupérer.

    M. Borrell a confirmé que l'UE ne voyait aucune raison de réexaminer l'accord d'association, que l'Ukraine a demandé de renégocier, mais a ajouté qu'elle écouterait toute préoccupation.

     

    source en anglais: https://morningstaronline.co.uk/

    source en français-traduction de Nico Maury: https://www.editoweb.eu/nicolas_maury/

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  • Légende photo : Manifestation du 1er mai en Finlance. (Photo: SKP)

    J.P. Väisänen, président du Parti communiste de  (), a accordé une interview à nos confrères de People Dispatch à propos de la politique du gouvernement de Sanna Marin pendant la pandémie et de sa politique étrangère, ainsi que des initiatives et les campagnes du parti communiste finlandaisChacun pourra constater la grande convergence de vue entre le parti communiste de Finlande et le PRCF en France quant à la nécessité de sortir de l’ et de l’.

    Le 3 février 2021 — par Muhammed Shabeer


     

    Peoples Dispatch : — Quel a été l’impact du COVID-19 en Finlande, en particulier sur la classe ouvrière ? Quelle a été l’efficacité de la réponse du gouvernement pour faire face à la crise sanitaire et sociale et commencer les vaccinations dans le pays ?

    JP Väisänen (JP) : En Finlande, en  et dans la plus grande partie du monde capitaliste, nous vivons une crise 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La lutte des classes est une lutte continue contre les coupes néolibérales dans les services de base et les droits des travailleurs. Le COVID-19 est une crise de plus à combattre. La machine capitaliste bourgeoise et monopoliste est bien préparée pour agir contre les besoins des gens en faveur des profits du grand capital. 

    Le COVID-19 a touché particulièrement les travailleurs précaires. De plus, les chômeurs de longue durée souffrent énormément. Les politiques de travail néolibérales actuelles fonctionnent avec l’idée d’opprimer les personnes ayant des emplois précaires et un esprit d’entreprise exacerbé.

    Le gouvernement actuel dirigé par Sanna Marin a permis aux travailleurs indépendants de bénéficier d’une aide sociale et de 2 000 euros supplémentaires de subventions pour leurs entreprises. Dans le même temps, le gouvernement joue à des jeux déloyaux en soutenant les grandes entreprises. Par exemple, Business Finland (une organisation publique pour le financement de l’innovation et la promotion du commerce, des voyages et des investissements en Finlande, dirigée par le ministère finlandais de l’Emploi et de l’Économie) a distribué une aide financière de 179 millions aux grandes entreprises. Les centres pour le développement économique, les transports et l’environnement ont accordé des subventions aux grandes entreprises à hauteur d’environ 30 millions d’euros, et même aux entreprises qui ne respectaient pas la loi finlandaise sur les sociétés à responsabilité limitée, comme l’obligation de soumettre des états financiers au registre du commerce.

    En raison de l’épidémie de coronavirus, le gouvernement a soutenu de grandes entreprises qui ne semblent pas avoir eu d’activité réelle ces dernières années. De plus, les difficultés financières de longue date n’ont pas empêché la distribution d’euros fiscaux, mais l’aide publique a effectivement permis de relancer les entreprises en faillite. En 2018, près de 2 000 entreprises soutenues par Business Finland n’ont pas payé d’impôt sur les sociétés parce qu’elles ont enregistré des pertes ou ont pu profiter de leurs anciennes pertes. Mais si vous étiez pauvre ou au chômage, vous ne bénéficiiez d’aucun traitement spécial pour cause de COVID-19.

    Dès les premiers stades de la pandémie, le Parti communiste de Finlande a exigé que le gouvernement commence à verser 1 200 euros comme sécurité de base à tous ceux qui ne peuvent pas se la procurer par leur travail. La réponse du gouvernement de Sanna Marin pour faire face à la crise sanitaire et sociale a été d’aider les grandes entreprises en priorité pour qu’elles continuent à fonctionner. Le gouvernement a contracté des emprunts pour financer ces subventions aux entreprises et seuls quelques fonds sont allés aux municipalités pour qu’elles puissent assurer leurs services de base.

    Selon l’opinion publique, le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires pour traiter le COVID-19. L’Union finlandaise des aides-infirmières (SuPer) critique les autorités locales pour le manque de personnel et l’insuffisance des équipements de protection.

    Selon le ministère de la Santé, concernant les dernières informations sur les vaccinations COVID-19, la population entière (5 millions) sera protégée. Le vaccin est volontaire et est offert gratuitement à tous ceux qui le souhaitent. Toutefois, selon l’agence National News (YLE), la Finlande a été, au début, l’un des pays de l’ les plus lents à vacciner contre le COVID-19.

    Peoples Dispatch : — Le gouvernement de coalition finlandais dirigé par la sociale-démocrate Sanna Marin a été salué dans le monde entier comme un exemple de responsabilisation des femmes et de politique progressiste. À votre avis, dans quelle mesure le gouvernement est-il progressiste, notamment en ce qui concerne ses politiques à l’égard des femmes, de la classe ouvrière, des jeunes et de la justice sociale ?

    JP: Le gouvernement dirigé par Sanna Marin est certainement différent du gouvernement ouvertement axé sur l’austérité et dirigé par le millionnaire du parti du centre, Juha Sipilä (2015-2019). Le gouvernement de Sanna Marin donne de l’espoir à ses nombreux électeurs. Je suis tout à fait d’accord qu’il est important d’entendre et de voir les jeunes femmes dans les hautes sphères politiques. Mais, en fin de compte, son gouvernement n’a pas apporté de changement radical aux politiques mises en place depuis plusieurs décennies en Finlande.

    Tous les partis de l’actuel gouvernement de coalition acceptent la logique de l’économie de marché néolibérale et du capitalisme. La gauche parlementaire en Finlande, le parti social-démocrate et l’alliance de gauche, considère le socialisme comme une question philosophique intéressante mais ne visent pas à construire le socialisme dans la pratique. L’impérialisme ne fait pas partie du vocabulaire de la gauche parlementaire finlandaise, qui ne veut pas lutter contre l’impérialisme.

    Peoples Dispatch : — Qu’entendez-vous par des heures « KIKY » et quelles en sont les implications pour la classe ouvrière en Finlande ? Où en est la campagne du Parti communiste finlandais pour la réduction du nombre total d’heures de travail par jour ?

    JP: Les heures « KIKY », c’est une vitrine brillante du néolibéralisme finlandais. Cela correspond aux heures que les travailleurs doivent fournir gratuitement pour des raisons de compétitivité. Jusqu’à un certain point, même les syndicats finlandais ont suivi cette folie, en exigeant que les travailleurs travaillent plus longtemps au nom de la compétitivité. Grâce aux récentes négociations sur les contrats de travail et aux résultats des élections législatives, les heures gratuites au nom de la compétitivité ont été supprimées.

    Peoples Dispatch : — Pourquoi un gouvernement « progressiste » insiste-t-il pour augmenter les dépenses militaires en Finlande ? Que pense l’opinion publique à ce sujet ? 

    JP: La situation politique actuelle nous met au défi de renforcer le travail en faveur de paix. Le Parlement vient d’accorder au gouvernement de Sanna Marin le pouvoir d’acheter de nouveaux chasseurs HX pour remplacer les anciens avions de chasse. Une autorisation de commande de 9,4 milliards d’euros a été approuvée le 17 décembre 2020 dans le budget. Ce montant peut encore être dépassé en fonction de l’évolution des coûts et en raison d’autres contrats tels que l’achat d’armes et de pièces détachées. Les estimations des coûts du cycle de vie du projet d’avion de chasse se situent entre 20 et 30 milliards d’euros.

    L’achat de nouveaux avions de chasse rapproche la Finlande de l’OTAN et provoque une crise économique. Nous devrions voler encore 20 ans avec les mêmes avions et remplacer les chasseurs aériens par des technologies plus modernes.

    En Finlande, nous n’avons pas besoin d’une alliance de défense avec une quelconque puissance étrangère. Il faut dénoncer les accords militaires actuels, tels que l’accord avec le pays hôte, l’accord JEFF (Angleterre), l’accord d’intervention (France), les projets d’amitié et de partenariat de l’OTAN et le Fonds européen de défense, au nom de la consolidation de la paix, et adopter une politique de défense indépendante et crédible. 

    Je dirais que l’élite politique finlandaise va bientôt se réveiller de la crise de liquidités causée par l’accord sur les avions de chasse HX, à moins que le projet ne soit annulé. Tous les partis au Parlement s’étaient mis d’accord il y a des années sur un accord concernant l’achat de nouveaux avions de chasse. Le mouvement pacifiste finlandais s’oppose aux nouveaux contrats d’armement et à l’achat de tels avions. Le Parti communiste de Finlande est le seul parti à soutenir la revendication du mouvement pour la paix.

    La Finlande doit se détacher de l’agitation de l’OTAN et de ses choix. Nous devons développer une politique de défense et de sécurité indépendante et crédible, basée sur la construction de la paix, garder nos voisins comme des voisins et non créer intentionnellement de nouveaux ennemis.

    Peoples Dispatch : — Que pensez-vous de l’adhésion de la Finlande à l’Union européenne et de la coopération accrue avec l’OTAN ? 

    JP: Le Parti communiste de Finlande vise à sortir de l’UE et de ses structures capitalistes. Nous luttons également contre toutes les initiatives racistes, fascistes et nationalistes pour une Finlande plus fermée. Il est clair pour nous que nous n’envisageons pas une Finlande plus fermée, nationaliste et capitaliste comme une alternative à l’UE. C’est pourquoi nous considérons que la coopération avec les peuples européens et les sociétés civiles comme un effort nécessaire pour construire l’avenir. Cela implique une collaboration entre les sociétés civiles finlandaise et européenne, ainsi qu’entre les acteurs politiques des partis communistes et ouvriers et des partis de la gauche européenne.

    La sortie de la Finlande de l’UE pourrait commencer par la sortie de l’Union économique et monétaire de l’UE. De même, nous devons rompre avec la politique de sécurité et de défense commune de l’UE et du Fonds européen de défense, qui fait de l’UE une union militaire.

    source en anglais : https://peoplesdispatch.org/2021/02/03/finland-must-break-away-from-the-eus-common-security-and-defense-policy/#

    source en français :  https://www.initiative-communiste.fr/ (traduction de la commission internationale du PRCF)

     

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