Le 6 février 2014 est devenu un symbole tragique : plus de 200 migrants partis des côtes marocaines ont tenté de rejoindre à la nage l’enclave espagnole de Ceuta. Alors qu’ils touchaient à la fin de leur terrible traversée, la Guardia Civil, le corps de gendarmerie espagnol, a utilisé du matériel antiémeute (fumigènes et balles en caoutchouc), pour définitivement noyer le moindre espoir. Quinze personnes sont décédées et une dizaine d’autres ont disparu, laissant leurs familles et proches dans la douleur. Depuis, la justice espagnole a acquitté les agents de la Guardia Civil, en affirmant qu’aucun crime n’avait été commis.
À 11 h, une marche à la mémoire des morts
« Ce qu’il se passe aux frontières est absolument inhumain : les disparitions, la corruption… Les choses doivent changer, et vite », affirme avec gravité Brigitte Millet, bénévole à l’ADJIM (Accompagnement des jeunes isolés migrants). « La Commémor’action a pour but de ne pas oublier ceux qui y ont perdu la vie, et de lutter ».
La Commémor’action mêle à la fois messages politiques et performances artistiques. L’objectif est d’exiger vérité, justice et réparation pour les victimes des migrations et leurs familles. Une marche se déroulera ainsi à Brest ce dimanche 6 février, à 11 h. Rendez-vous est fixé en haut de la rue de Siam, sur le trottoir en face de l’hôtel-restaurant Océania, avec des valises et des brassières, symboles des traversées des migrants. Chants et litanie en hommage aux morts aux frontières de l’Europe sont prévus. La mission est aussi de mettre en relation les proches en deuil avec le plus grand nombre, pour, ensemble, faire connaître leurs histoires et leurs revendications, afin de construire des processus de soutien aux familles.
À 18 h, « Tilo Koto » diffusé aux Studios
Le film « Tilo Koto » sera également diffusé au cinéma Les Studios, à 18 h, en présence de l’une des réalisatrices, Valérie Malek. Une discussion est organisée à l’issue de la séance, avec des membres des associations. Le film, également réalisé par Sophie Bachelier, est le fruit de plus de trois années de travail. Il raconte l’histoire de Yancouba Badji, originaire de la Casamance, au Sénégal, pour qui le voyage vers l’Europe s’est brutalement arrêté dans le sud de la Tunisie, après quatre tentatives de traversées de la Méditerranée depuis les côtes libyennes. Un an et demi sur les routes clandestines, où la mort aurait pu le trouver sur de nombreux passages.