• Le 24 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon s'exprimait à l'issue du second tour de l'élection présidentielle. Retrouvez le texte de son allocution.

    « Pour ce second tour, Madame Le Pen et M. Macron représentaient à peine plus du tiers des électeurs inscrits.

    Les urnes ont tranché. Mme Le Pen est battue. La France a refusé clairement de lui confier son avenir. Et c’est une très bonne nouvelle pour l’unité de notre peuple.

    À présent, M. Macron est le plus mal élu des présidents de la 5eme République. Sa monarchie présidentielle survit par défaut, et sous la contrainte d’un choix biaisé. Il surnage dans un océan d’abstention et de bulletins blancs et nuls.

    Ma pensée se tourne vers les futures victimes de cette situation. Les personnes qui vivent du RSA, et devraient travailler gratuitement pendant 20 heures. Les personnes usées qui partiront à la retraite trois ans plus tard. Les personnes prises à la gorge financièrement et qui ne verront pas les prix être bloqués. Les personnes qui savent à quel point l’inaction écologique de M. Macron est un crime. Les personnes qui voient avec tristesse l’Etat détruit et le pays vendu à la découpe.

    A toutes et à tous je dis : ne vous résignez pas. Au contraire : entrez dans l’action franchement, massivement. La démocratie peut nous donner de nouveau le moyen de changer de cap.

    Le troisième tour commence ce soir. Les 12 et 19 juin ont lieu les élections législatives. Vous pouvez battre Macron et choisir un autre chemin. Les 12 et 19 juin, un autre monde est encore possible si vous élisez une majorité, je dis bien une majorité, de députés de la nouvelle Union populaire qui doit s’élargir.

    Le bloc populaire qui s’est constitué autour de ma candidature à l’élection présidentielle est dans ce pays, dorénavant, le tiers-Etat qui peut tout changer, s’il se rassemble et s’il s’élargit.

    Les 12 et 19 juin, en vous appelant à m’élire comme Premier ministre, je vous appelle en vérité, à faire vivre un nouvel avenir en commun pour notre peuple.

    Courage ! Action ! Détermination ! Refus toujours de la fatalité et de la résignation !

    Vive la France. Vive la République ! »

     

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  • Adrien Quatennens, député du Nord et coordinateur de la France Insoumise, était ce jeudi 21 avril 2022 l'invité de l'émission #Backseat présentée par Jean Massiet. On a passé un bon moment !

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  • Jean-Luc Mélenchon était l’invité de Bruce Toussaint sur BFMTV le 19 avril 2022 pour sa première expression médiatique depuis le premier tour de l’élection présidentielle. Il est revenu sur le résultat historique du premier tour de la présidentielle en faisant un constat : le pays est divisé en 3 blocs équivalents, les libéraux, l’extrême droite et le bloc populaire. Il en a donc conclu qu’une victoire était possible pour le bloc populaire lors du 3ème tour de la présidentielle : l’élection législative.

    Pour cela, il a lancé un appel au rassemblement dans le cadre de l’Union populaire sans cultiver les rancœurs de la présidentielle. À ce titre, il a demandé aux Français de l’élire Premier ministre en votant pour une majorité de députés de l'Union Populaire. En effet, Jean-Luc Mélenchon a expliqué que par cette méthode il est possible de convaincre de nouveaux électeurs parmi les 12 millions d’abstentionnistes.

    Concernant le second tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé très clairement sur Marine Le Pen : elle ne représente pas, selon lui, la France républicaine. Il a cité notamment sa volonté de revenir sur le droit du sol et d’interdire le voile comme des marqueurs clairement inacceptables. Il a répété son appel à ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen au second tour.

    Concernant la consultation sur la plateforme melenchon2022.fr (http://melenchon2022.fr/) sur le second tour, il a précisé que si ce résultat était décalqué sur les 7,7 millions d’électeurs de l’Union Populaire, il était impossible pour Marine Le Pen de gagner le second tour.

    Pour les élections législatives, il a proposé de continuer avec l’Union populaire à unir et entraîner. Jean-Luc Mélenchon a proposé un accord, pas seulement électoral, mais stratégique, en mettant en partage la stratégie de l’Union populaire avec d’autres organisations, sans exclusive.

     

    source: https://melenchon.fr/

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    Une manifestation contre le Rassemblement national, le 16 avril 2022 à Blois (Loir-et-Cher). (ESTELLE LESUR-BOURGEOIS / HANS LUCAS / AFP)Une manifestation contre le Rassemblement national, le 16 avril 2022 à Blois (Loir-et-Cher). 

    La consultation des 310 000 parrains en ligne de la candidature de Jean-Luc Mélenchon s'est achevée samedi à 20 heures.

    Quel report de voix pour Emmanuel Macron au second tour de la part des électeurs mélenchonistes ? Le vote blanc ou nul est arrivé en tête, avec 37,65% des 215 292 voix exprimées, lors de la consultation qu'a réalisée Jean-Luc Mélenchon auprès de ses soutiens, peut-on lire dimanche 17 avril son site officiel

    Le vote Macron arrive ensuite avec 33,4% des voix, devant l'abstention avec près de 29%. Le vote Le Pen n'était pas proposé, en vertu de la consigne donnée par le candidat La France insoumise au soir du premier tour : "Vous ne devez pas donner une voix à madame Le Pen !"

    L'annonce des résultats sur le site melenchon2022.fr est précédée de la précision suivante : "Le résultat de cette consultation n'est pas une consigne donnée à qui que ce soit. Il indique quelles sont les appréciations des 215 292 personnes qui y ont participé. Chacun conclura et votera en conscience, comme il l'entend."

    Un résultat similaire en 2017

    La consultation des 310 000 parrains en ligne de la candidature de Jean-Luc Mélenchon s'est achevée samedi à 20 heures. Elle était précédée par un mot de l'ex-candidat, qui a récolté près de 22% des voix le 10 avril : le second tour "se dénouera au mépris de nos répulsions les plus fondamentales. Une présidence sans autorité morale en sortira", y confie le tribun. Mais, ajoute-t-il, les deux finalistes "ne sont pas équivalents".

    "Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu'elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d'exclusion ethnique et religieuse. C'est pourquoi j'ai dit et je répète que pas une voix ne devrait se porter sur la candidate d'extrême droite."

    Jean-Luc Mélenchon

    dans un message sur son site

    Le candidat explique pourquoi il procède ainsi, alors que ses électeurs sont divisés sur le vote de second tour, selon certaines études : "Ne donnons pas à ce duo le gain de nous opposer entre nous à leur propos alors que nous sommes si fortement unis sur nos projets. La cohésion de l'Union populaire est notre bien le plus cher."

    Il avait déjà consulté ses soutiens en 2017, quand il avait terminé quatrième avec 19,58% des voix, avec la même exception : "Pas une voix à l'extrême droite". La consultation avait également abouti à une majorité courte pour le vote blanc ou nul (36%), juste devant le vote pour Emmanuel Macron (près de 35%), un peu moins d'un tiers restant s'exprimant pour l'abstention.

     

    source: https://www.francetvinfo.fr/

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  • Les agressions et les violences d’extrême-droite explosent dans le pays. L’extrême-droite s’entraîne à tirer sur des caricatures de juifs, de noirs, de musulmans. L’extrême-droite menace de mort un candidat à la présidentielle, une députée, des journalistes, des syndicalistes. L’extrême-droite dessine une cible sur la tête d’Anne Frank. L’extrême-droite fournit des tutos expliquant comment se procurer des armes. Et l’extrême-droite passe à l’action : agression de la manifestation #NousToutes à Paris à coup de ceintures et de poteaux métalliques, passage à tabac ultra violent des militants pacifiques de SOS Racisme au meeting d’Éric Zemmour ce dimanche 5 décembre 2021, etc. 

    En partenariat avec l’Observatoire de l’extrême-droite, l’insoumission a fait une carte listant ces agressions en France depuis le début de l’année. Constat : les groupuscules d’extrême-droites sont en roue libre dans le pays. 

    L’insoumission a donc reçu Thomas Portes, président de l’Observatoire de l’extrême-droite, dans un entretien filmé de 58 minutes pour prendre le temps de préciser cette menace d’extrême-droite : parler de ses différents groupuscules, la sociologie de ses militants, décortiquer son idéologie, le « grand remplacement », la « re-migration », le virilisme, son anti-Républicanisme, son histoire, caractériser la menace terroriste, la menace envers les journalistes, comment on vit quand on est menacé, pour caractériser la zemmourisation médiatique, politique, les liens de l’extrême droite avec le champ médiatique et la bourgeoisie, mais aussi penser la bataille culturelle et la riposte antifasciste. 

    Entretien réalisé par Pierre Joigneaux.

    Voici les questions posées dans l’ordre de l’entretien :

    1. Première question Thomas, comment définirais-tu le niveau de menace de l’extrême-droite aujourd’hui en France ?
    1. Génération Identitaire (GI) tu connais bien, tu as été en procès avec eux pour les avoir qualifié de « néo-nazi », procès que tu as gagné d’ailleurs, est-ce que tu peux nous raconter ce procès, et plus généralement caractériser ces groupucules d’extrême-droite : GI, l’Action Française, les vilains fachos, la Famille Galicane… Sociologiquement, comment expliquer leur radicalisation, c’est des jeunes perdus ?
    1. L’extrême-droite a une histoire particulière en France, on pense aux ligues des années 1930/1940, et aujourd’hui on voit ces groupuscules ressortir de terre un peu partout. Est-ce que la menace d’extrême-droite est plus importante aujourd’hui qu’hier ?

    Décortiquer l’idéologie d’extrême-droite

    1. Si ces groupuscules se sentent pousser des ailes, c’est que leur idéologie est diffusée en direct tous les jours sur les chaînes d’information en continu : la pensée anti-dreyfusarde, maurrassienne, vichyste, pétainiste, aujourd’hui incarnée par Éric Zemmour, l’attraction médiatique de cette campagne présidentielle. La matrice idéologique de l’extrême-droite aujourd’hui c’est le « grand remplacement » : théorie attribuée à Renaud Camus (invité récemment en direct sur CNews NDLR), popularisée par Éric Zemmour, mais on parle moins souvent de ses inventeurs : des Waffens SS en 1946 après leur défaite durant la seconde guerre mondiale, qui considérait que l’Europe était occupée par les ‘nègres’ (les soldats américains) et les ‘mongols’ (les soldats russes), et qu’il s’agissait de libérer le continent de ‘l’occupation’. Aujourd’hui ces ennemis intérieurs ce sont les musulmans. Et ce qu’on ne rappelle pas assez souvent, c’est ce sur quoi débouche concrètement cette théorie du « grand remplacement » : l’assassinat de 51 personnes à Christchurch le 15 mars 2019 par Brenton Tarrant et l’assassinat de 77 personnes à Oslo le 22 juillet 2011 par Anders Breivik. Comment Thomas, tu définirais cette idéologie et la menace qu’elle représente, est-ce que tu penses qu’il est plus juste de la qualifier de menace d’extrême-droite ou de menace fasciste ?
    1. Le corollaire de cette théorie du « grand remplacement », c’est la « remi-gration ». Éric Zemmour a bégayé sur le sujet de la remigration lors de son débat avec Jean-Luc Mélenchon. Ses soutiens ne se privent pas pourtant d’utiliser le #BouhafRemigration sur les réseaux sociaux. Concrètement la remigration ça veut dire quoi, mettre les 5 millions de nos concitoyennes et concitoyens musulmans dans des avions et des bateaux ? 
    1. On sait que Éric Zemmour et Renaud Camus ont été condamnés tous les deux pour incitation à la haine contre les musulmans. Mais ils représentent aussi un courant de pensée foncièrement antisémite. On voit d’ailleurs l’antisémitisme le plus nauséabond dégouliner au sein de ces groupuscules, la tête d’Anne Frank avec une cible dessinée sur le visage, moi même traité d’ignoble pantin des juifs, notre avocat Arié Alimi de youpin et de gros juifs. Les vilains fachos appellent à faire des listes de juifs et à s’armer. Pourquoi pas de réaction face à l’antisémitisme qui ressort de terre et qui explose avec ces groupuscules d’extrême-droite ?
    1. L’idéologie d’extrême-droite, c’est aussi le virilisme. L’idéal type pour Weber aurait été Papacito. Une extrême-droite anti LBGTI, homophobe, anti féministe. Avec une obssession, une hantise, celle de l’homme blanc hétérosexuel grand remplacé. Un virilisme qui va avec une valorisation et une incitation à la violence physique, comment on répond au virilisme d’extrême-droite ?
    1. L’extrême-droite est anti-républicaine : Zemmour dans ses posts écrit désormais « Vive la République et, SURTOUT, vive la France ». Problème : en France c’est la République qui fonde la nation. L’extrême-droite est par essence anti égalitaire, raciste, contre les droits des minorités, des femmes, des homosexuels, des personnes exilées : contre l’égalité républicaine, contre la République. Une grande partie de ses groupuscules, notamment l’Action Française, est royaliste. Où sont tous les républicains de plateaux, ceux qui font des procès en République à la gauche à longueur de journée, quand il s’agit d’alerter sur la menace anti-républicaine que constitue l’extrême-droite ?

    Préciser la menace d’extrême-droite

    1. Quand on parle de menace de l’extrême-droite, est-ce qu’on peut parler de menace terroriste d’extrême-droite ? Selon les chiffres de la DGSI, 6 attentats ont été déjoués sous ce quinquennat. Récemment un adorateur d’Hitler a été arrêté alors qu’il préparait une tuerie de masse pour l’entre deux tour de la présidentielle. Il y a deux semaines la DGSI a multiplié les coups de filets : arrestation de 13 membres de « Recolonisons la France », 2 autres personnes arrêtés dans le Sud-Ouest, 130 armes et 200 kilos de munitions retrouvés dans l’Eure… Une menace terroriste d’extrême-droite ?
    1. Quand on parle de menace de l’extrême-droite, il faut parler aussi de la menace sur les journalistes (très bon article de Médiapart sur le sujet). On pense aux camarades de StreetPress qui ont révélé les menaces de morts contre nous, et notamment à Mathieu Molard, rédacteur en chef de StreetPress, menacé de mort à son tour, mais aussi à Taha Bouhafs, à Lucie Delaporte, journaliste en charge de l’extrême-droite à Médiapart, constamment menacée, harcelée. L’extrême-droite en plus de tout ce qu’on vient de dire, une menace pour la presse et plus généralement pour tous les citoyens qui tentent d’alerter ? 
    1.  Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle, Danièle Obono, député, Jean Hugon, camarade vilain syndicaliste sur Twitter, agressé chez lui à Clermont Ferrand, ont été eux aussi menacés de morts, cibles sur la tête. D’ailleurs Thomas, toi qui a été ciblé, en procès avec Génération Identitaire, comment on vit avec ces menaces, on arrive à dormir paisiblement la nuit ? Ils veulent distiller la peur, la meilleure défense c’est l’attaque ?

    Comment on organise la riposte antifasciste et culturelle

    1.  Tu as organisé le 12 juin dernier avec Éric Coquerel et la France insoumise des marches dans plus de 130 villes du pays avec plus de 90 organisations (syndicats, assos, ONG, autres partis de gauche), comment on mène la riposte antifasciste ?
    1.  Nicolas Lebourg, Jean Yves Camus, spécialistes de l’extrême-droite, mais aussi Ludivine Bantigny et Ugo Palheta qui viennent de sortir un bouquin « Face à la menace fasciste : sortir de l’autoritarisme », comment on mène la bataille culturelle dans le champ intellectuel, médiatique, politique, mais aussi culturelle (littérature, cinéma, documentaire) ? Des pistes à conseiller aux lecteurs et auditeurs de l’insoumission ?

    Zemmourisation médiatique & politique

    1.  On parle nous de zemmourisation médiatique, on a fait une conférence aux AMFIS cet été sur le sujet, mais on peut aussi parler de zemmourisation politique : on le voit avec le résultat du congrès LR, mais même avant ça les ministres LREM passant leur temps à s’attaquer à l’« islamo-gauchisme » plutôt qu’à l’extrême-droite (Vidal, Blanquer, Darmanin, Schiappa…), peut-importe que le concept d’islamo-gauchisme soit imaginaire pour la CPU et le CNRS, le gouvernement préfère s’attaquer à l’islamo-gauchisme qu’à l’extrême-droite, qui peut encore alerter sur la menace grandissante que fait peser l’extrême-droite sur la République ?
    1.  On ne peut pas parler extrême-droite, sans parler concentration concentration capitalistique des médias dans les mains de 9 milliardaires, et concrètement du rôle de Vincent Bolloré dans cette présidentielle. Un très bon papier dans le Monde de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin : comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur la présidentielle. Tous les jours avec Zemmour au téléphone, ils imposent un agenda d’extrême-droite à cette campagne présidentielle. Un rôle des médias dans la montée de ces groupuscules d’extrême-droite ? 

    Observatoire de l’extrême-droite et réponse politique en 2022

    1.  Est-ce que tu peux nous présenter en détail l’Observatoire de l’extrême-droite dont tu es le Président ?
    1. On ne peut pas finir sans parler des liens entre la bourgeoisie et l’extrême droite : plutôt Hitler que les front populaire dans les années 30, aujourd’hui plutôt Le Pen que Mélenchon, illustré par Raphaël Einthoven. L’extrême droite n’est pas une menace pour le capital. Le Pen c’est : refus d’augmenter les salaires, retraite à 64 ans, remboursement de la dette et cures d’austérités sanglantes. Zemmour non plus : Vincent Bolloré, il est allé rassurer les patrons, retraite à 64 ans. La meilleure riposte antifasciste en 2022, c’est voter Jean-Luc Mélenchon ?

     

    source: https://linsoumission.fr/

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  • J’écris ces quelques lignes le cœur encore serré. Oui, la tristesse est immense. Passer à 421 420 voix du second tour, tellement rageant. Lundi matin, après cette soirée électorale complètement folle, où nous avons cru un incroyable retournement de situation possible, l’écart avec Marine Le Pen se réduisant comme peau de chagrin de 4 à 0,8 points, le retour sur terre a été brutal. Première image au réveil : ces 10 personnes venues nous demander une pièce, de l’aide pour manger et dormir à l’abri, en l’espace de 10 minutes place de la République dimanche soir. Place de l’Égalité et de la Fraternité, triste symbole.

    Une pensée pour ces 300 000 personnes à la rue. Une pensée pour cet ami qui ne peut pas toucher le chômage, alors qu’il a pourtant enchaîné les boulots durant des mois, qui doit effectuer sa demande de RSA malgré ses 3 masters 2, la France sous Macron. Une pensée pour toutes celles et tous ceux d’entre nous menacés par la guerre sociale qu’il prépare en cas de réélection, après tous les dégâts qu’il a déjà causés pendant 5 ans, l’Hôpital et les Gilets Jaunes fracassés, pour ne citer qu’eux. Les images de ce porte-parole du droit au logement (DAL) piétiné par les CRS du préfet Lallement, comme une envie de couper les infos.

    La rage au cœur en pensant aux cinq années à venir. 5 ans perdus pour la France et la planète. Alors qu’on aurait pu changer les conditions matérielles d’existence, lancer la bifurcation écologique et la 6ème République, au lieu de ça : guerre sociale, inaction climatique et monarchie présidentielle autoritaire et solitaire nous attendent, si ce n’est l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. Autant dire que ce tableau, accompagné du retour de la grisaille sur le pays, est bien moins réjouissant que l’incroyable espoir soulevé par le printemps Mélenchon, le soleil et les sourires dans tous les meetings bondés de cette fin de campagne.

    Forcément, la tristesse et la déception sont là sur nos visages. Beaucoup de nos yeux sont encore rougis. Et c’est humain, c’est sain, c’est normal, après y avoir autant cru, après l’incroyable espoir qui s’est emparé de nos cœurs ces dernières semaines. Mais quand les larmes vont sécher, on va pouvoir réaliser ce que l’on vient d’accomplir. Et être incroyablement fier de nous.

    7 millions 700 000 personnes rassemblées autour d’un programme de rupture sociale, écologique et démocratique. La vraie gauche à 22 %, résultat historique en France, quand les mouvements de gauche ont été décimés à travers l’Europe. Nous aurions pu finir comme la gauche italienne, rayée de la carte. Rappelons-nous les 8 % que certains nous promettaient encore début janvier. Les 17 % maximum qu’on nous promettait dans les derniers sondages en fin de semaine dernière. Résultat ? Au sortir de cette présidentielle, la gauche est debout, fièrement debout en France.

    Un pôle populaire est né. La sociologie électorale est claire. Samedi et dimanche, les quartiers populaires, les départements d’Outre-mer et la jeunesse, se sont déplacés massivement dans les urnes pour glisser un bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon. Un résultat historique avec des scores dépassant les 50 % dans beaucoup de quartiers populaires du pays. Un score sur lequel bâtir la suite.

    Ce premier tour aura eu le mérite de clarifier la situation politique en France, avec trois grands blocs arrivés en tête : la droite d’Emmanuel Macron, qui a siphonné la droite traditionnelle représentée par Valérie Pécresse, l’extrême-droite de Marine Le Pen, qui a largement battu l’attraction médiatique Éric Zemmour, et la gauche, désormais incarnée par La France insoumise, les partis de gauches traditionnels, responsables de la qualification de l’extrême-droite, étant à l’agonie et au bord de l’explosion au sortir de ce scrutin.

    Le niveau de colère à l’égard de Fabien Roussel, Yannick Jadot et Anne Hidalgo, est immense dans le pays. Incapables de penser aux millions de personnes qui auraient pu voir leurs conditions matérielles d’existence changées avec cette élection, incapables de penser à l’avenir de la planète, incapables de penser à autre chose qu’à eux-mêmes. Leur responsabilité est historique, et je me demande bien comment ces gens peuvent se regarder dans une glace depuis dimanche, après avoir fait perdre leur camp et qualifié l’extrême-droite.

    Ce qui est beaucoup plus intéressant à retenir de cette présidentielle, c’est l’incroyable politisation dans le pays ces derniers jours. Tous ces gens qui se sont déplacés pour la première fois dans les urnes dimanche, les 18/34 ans et les habitants des quartiers populaires des grandes villes. Et tous ces soutiens venus d’horizons totalement différents, de Christiane Taubira à Cédric Herrou, de Médine à Pierre Larrouturou, de Rohff à Cyril Dion, de Gaël Giraud à Frédéric Lordon. Mais aussi le raz-de-marée de Marine Le Pen dans la France périphérique, la France rurale abandonnée, terres sur lesquelles il faudra aller lutter et démasquer l’extrême-droite durant le quinquennat à venir.

    Jean-Luc Mélenchon aura réussi à incroyablement rassembler autour de sa candidature. Celui à qui on a longtemps reproché un prétendu sectarisme, aura réussi à bâtir un incroyable pôle populaire. Et on ne pourra jamais lui retirer cette prouesse. La France insoumise, déjà forte de l’expérience de ses 17 député.es et 6 eurodéputé.e.s, enrichie par tous les nouveaux visages du Parlement de l’Union populaire venus du champ associatif, syndical, intellectuel, artistique et politique, est désormais soutenue par de nouvelles franges du pays. Les groupes d’actions insoumis enregistrent des volumes de renforts impressionnant depuis dimanche soir, de citoyennes et citoyens révoltés par ce résultat si cruel, et déterminés à aider dans le combat.

    Car c’est bien de ça dont il s’agit : organiser le combat, porter les différentes luttes durant ce nouveau quinquennat de tous les dangers, incarner la résistance, incarner l’espoir. Et pour ça, la gauche n’est plus orpheline, elle dispose désormais d’un incroyable pôle de rassemblement : l’Union populaire. Avec un programme plébiscité par les associations et les citoyens, qui a plié le débat à gauche. Avec une équipe, d’une incroyable jeunesse, prête à se battre pour le siècle à venir. Avec une stratégie, qui vient de démontrer toute sa puissance.

    La prochaine échéance décisive pour résister à la destruction du nouveau pouvoir exécutif : les législatives. La possibilité de limiter le pouvoir de nuisance du nouveau gouvernement, le privant de majorité, et même de lui imposer une cohabitation. Imaginez la tête d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen avec un Jean-Luc Mélenchon premier ministre. Les 17 députés insoumis l’ont montré durant le quinquennat précédent, notamment lors de l’incroyable bataille des retraites, et alors qu’une nouvelle bataille sur le sujet s’annonce : nous avons besoin collectivement de contre-pouvoirs et de portes-paroles populaires pour incarner la résistance.

    Plus que jamais, le combat continue. Après ce score historique, nous pouvons être fiers. Nous avons surtout de quoi construire la victoire la prochaine fois. L’insoumission va prendre quelques jours de vacances bien mérités après ces mois de campagne éreintants, et revenir regonflée à bloc pour reprendre la lutte. Prenez soin de vous, hasta la victoria de l’insoumission.

    Par Pierre Joigneaux.

     

    source:  https://linsoumission.fr/

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  • Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête chez les 18-34 ans au premier tour de l’élection présidentielle. En 2017, il avait fait 30% chez les 18-24 ans. Le 10 avril, 34% d’entre eux ont voté pour le tribun insoumis, soit 4 points de plus. Une progression que l’on retrouve aussi chez le vote des 25-34 ans. En 2017, 28% d’entre eux avaient voté Emmanuel Macron, contre 24% pour Jean-Luc Mélenchon. Cette année, le candidat de l’Union populaire est également le candidat le plus plébiscité de cette classe d’âge : 31% des 25-34 ans ont voté pour lui, soit un bond de 7 points. Après la défaite du 10 avril, le tableau est clair : non pas une, mais deux générations, qui représentent l’avenir du pays, sont animées par les idées de l’Union populaire. Notre article.

    Mélenchon, porteur des colères et des espoirs de la jeunesse française

    Ces cinq dernières années ont été perdues pour la jeunesse. Ce quinquennat restera comme celui de la baisse de 5 euros d’APL. Le quinquennat de l’instauration de la plateforme Parcoursup, source de grandes angoisses pour tous les jeunes gens de ce pays. Le quinquennat du mépris face à la misère étudiante. Le quinquennat des queues interminables devant les banques alimentaires pour pouvoir manger. « Nos gosses ! Comment a-t-on pu en arriver là ?! Comment a-t-on pu laisser un monde s’établir comme ça ?! », s’était exclamé avec force Jean-Luc Mélenchon lors de son meeting de Tours le 3 février dernier.

    Le candidat de l’Union populaire a réussi à faire se déplacer en masse la jeunesse. Parce qu’il a su répondre à leurs attentes dans ses propositions : création de 300 000 emplois-jeunes payés au SMIC à 1400 euros net par mois pour permettre à un maximum de jeunes gens d’obtenir un emploi pérenne, une garantie d’autonomie à 1063 euros par mois pour que chaque jeune puisse se concentrer sur ses études sans avoir à travailler à côté pour ne citer que celles-ci. Sans oublier la lutte contre le dérèglement climatique, à la fois colonne vertébrale du programme de l’Union populaire et l’une des principales priorités de la jeunesse.

    2017-2022 : la jeunesse plébiscite toujours plus Mélenchon

    Non pas une, mais deux générations. Désormais, ce ne sont plus seulement les 18-24 ans qui plébiscitent en majorité Jean-Luc Mélenchon mais aussi les 25-34 ans, et de loin. 34% chez les 18-24 ans, loin devant Emmanuel Macron (25%) et 31% chez les 25-34 ans (22% pour le président-candidat). Mélenchon candidat des jeunes ? Il nous semble que oui. De leur côté, les 65 ans et + votent à 41%, soit très largement, pour Emmanuel Macron. Très loin devant Marine Le Pen à 17% et Jean-Luc Mélenchon à.. 11%

    Image

    Oui, la jeunesse s’est déplacée en masse dimanche 10 avril pour glisser dans l’urne un bulletin Jean-Luc Mélenchon. C’est non plus avec une mais deux générations insoumises que le prochain gouvernement va devoir composer, sauf si les insoumis arrivent à imposer au gagnant de l’élection une cohabitation à l’Assemblée nationale. Deux générations révoltées contre le chaos néolibéral, la violence qui l’engendre, et inquiètes face à l’urgence climatique qui s’avance inexorablement. C’est sur ces espoirs déçus, cette rage indéfinissable et cette envie indéfectible d’un autre monde qu’il faut bâtir la suite. Les insoumis le feront. Plus que jamais, le combat continue.

     

    source: https://linsoumission.fr/

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  • Jean-Luc Mélenchon obtient un résultat remarquable faisant mieux qu'en 2017. Avec plus de 7 500 000 voix il parvient à 22% des exprimés et à la troisième place de la présidentielle. Il fait du pôle populaire la principale force de gauche du pays. Il jette les fondations d'une recomposition de la gauche autour d'un pôle qui a su être rassembleur et radical. 

    Notons que l'abstention, qui devait faire un tsunami selon quelques sondeurs, et "délégitimer" Macron, selon quelques attardés de l'histoire, fut même inférieure à celle de 2002...

    Mélenchon a su attirer la jeunesse populaire : les moins de 34 ans ont préféré le candidat de l'Union populaire, Jean-Luc Mélenchon. Les 25-34 ans qui se sont exprimés ont ainsi voté à 34% pour le candidat de gauche, devant la candidate Rassemblement national Marine Le Pen (25%) et le président sortant Emmanuel Macron (23%).

    À l'opposé de la pyramide d'âge, les votants de plus de 70 ans ont plébiscité Emmanuel Macron (41%), devant Marine le Pen (13%), Valérie Pécresse (12%) et Jean-Luc Mélenchon (9%). Ce vote pathétique de ma tranche d'âge prouve que Brassens doit être nuancé, il y a une propension à être "vieux (et politiquement) con".

    Mélenchon touche un électorat populaire et classe moyenne (environ 25% chez les ouvriers, 25% chez les employés, 25% chez les cadres et 25% chez les professions intermédiaires).

    Dans les quartiers populaires Mélenchon est souvent premier comme aux Mureaux (Yvelines) où il réalise plus de 60% (contre 36,57 % au premier tour de 2017). A Grenoble, comme la ville elle-même, le quartier de l'Arlequin vote JLM. Jean-Luc Mélenchon a été plébiscité dans les quartiers populaires. A Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), il a récolté 65,4% des suffrages (+ 24,6), à Trappes (Yvelines), il totalise 60,6% des voix (+28), etc. Voilà pour les crétins stalinoïdes qui prétendaient que la campagne de Mélenchon était "droitière", "bobo" et autres inepties.

    Le chef de file de l'Union populaire a enfin réalisé des scores fleuves dans les départements d'Outre-mer, où il est arrivé partout en tête. En Guadeloupe, Jean-Mélenchon a obtenu 56,2% des suffrages exprimés, soit 32 points de plus qu'en 2017. En Martinique, il prend 53,1% des voix (+25,7 points), en Guyane 50,6% (+26,9) et à la Réunion 40,3% (+15,7). Ils en disent quoi, les aboyeurs anti-Mélenchon de droite et de "gauche" ? 

    Roubaix, Toulouse, Nantes, Grenoble, Renne, Amiens, Le Havre, Tourcoing, Marseille... Mélenchon et son mouvement s'affirment socialement et par sa jeunesse comme la force populaire d'avenir. Songeons à ses scores en Seine-Saint-Denis avec des 65% à 50%. Le peuple, le vrai peuple, quand il a voté, a voté Mélenchon. A l’exception des départements des Yvelines, des Hauts-de-Seine et de Paris, remportés par Emmanuel Macron, l'Insoumis est arrivé en première position dans les cinq autres départements de la région parisienne. Les donneurs de leçons fossilisés dans leurs dogmes, orthodoxes éructant sur une sortie de l'UE transformée en sésame magique, trotskistes pour qui rien ne va jamais assez loin et qui se payent le ridicule d'avoir deux candidats, sont annihilés. 

    Nous sommes évidemment déçus que JLM ne soit pas au 2e tour. Mais quel chemin malgré les chiens à ses basques. Si on laisse de côté les affects, c'est une victoire politique à n'en pas douter 

    1,3%. C'est ce qui sépare Mélenchon du deuxième tour. A peine plus de 400 000 voix.

    Le dérisoire et satisfait Fabien Roussel réalise 2,3% des voix soit 790 000 voix (Marie-George Buffet en avait fait 700 000). Quel sursaut ! PCF is back ! Même Jean Lasalle est devant Roussel. Le ridicule s'ajoute à la honte d'avoir joué ce rôle minable de diviseur. La responsabilité historique d'avoir contribuer à faire  échouer le candidat de la gauche à passer le cap du 1er tour sera une marque indélébile sur le front du PCF. Son score minable est le signe incontestable de sa marginalisation définitive. Son appel à voter Macron au 2e tour est un autre signe de son incohérence et, disons-le, sa suffisance et sa nullité politique. Il n'a pas fait barrage au 1er tour en votant Mélenchon et il veut le faire au 2e en votant Macron ? Incohérence, disais-je.

    On ne vote pas pour Hindenburg pour arrêter Hitler, comme le fit le SPD en 1932. Car c'est le vieux maréchal aristocrate guidé par les hommes du capital (Von Papen, Krupp, Von Thyssen... lire l'excellent livre d'Eric Vuillard, L'Ordre du jour) qui appela le "caporal de Bohème" à la chancellerie.

    Pas une voix de gauche, excepté quelque âmes perdues en cours de doriotisation, ne se portera sur la candidate néofasciste. Jamais les citoyen.ne.s républicain.e.s ne peuvent donner leurs voix aux néofascistes déguisés en agneaux. Mais pas une voie de gauche non plus pour Macron qui a fabriqué, produit, renforcé Marine Le Pen, qui a préparé le terrain aux néofascistes avec lequel il n'a aucune différence de nature. Pas une voix de gauche pour Macron, sauf celles de ceux qui n'ont rien compris aux causes de leurs fiascos d'hier: les Jadot, Roussel, Hidalgo qui  s'aplatissent, il sont habitués, en bonne compagnie avec les LR, devant le fondé de pouvoir du capital financier. Pas une voix de gauche au cogneur des syndicalistes, des étudiants en lutte, des gilets jaunes, des jeunes des quartiers populaires. Pas une voix de gauche à celui qui dénonce "l'islamo-gauchisme" et le "séparatisme", faisant le nid où se lovent les néofascistes. Pas une voix de gauche et populaire à celui qui casse les retraites, l'hôpital, l'école, l'université, la SNCF et EDF. Pas une voix de gauche à celui qui veut essaimer des centrales nucléaires dans tout le territoire. 

    En votant Macron ces nains du 1er tour s'enfoncent dans leur néant idéologique et politique. Il valident la stratégie du locataire de l’Élysée qui a voulu et préparé pendant 5 ans un tel 2e tour pourri. Le chantage ne passera pas. Le seul responsable d'une éventuelle victoire de Le Pen est Macron qui a créé et voulu la situation actuelle.

    Enfin un mot, nous y reviendrons plus longuement, des législatives. Le système électoral est antidémocratique. Si la proportionnelle était la règle, le pôle populaire serait certain d'obtenir un groupe important à l'Assemblée Nationale. Mais nous ferons avec ce que nous avons. Et donc il faudra voter et faire voter pour les candidats insoumis. Sans hésiter à faire comprendre aux diviseurs que notre capacité de nuire vaut bien la leur... A bon entendeur.

    Et merci à Jean-Luc Mélenchon. Son intervention au soir du 1er tour fut remarquable, exceptionnelle, à l'image de sa campagne. Digne, intelligente, mobilisatrice, enthousiasmante. Avec émotion et même humour, il nous a dit de continuer le combat. Jean-Luc tu as construit les fondations de la gauche du XXIe siècle, sauvegardé et renforcé l'espace d'action et d'expression de la gauche en France.

    Merci.

     

    Antoine Manessis

    source: http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/

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  • Mediapart a demandé à une douzaine de représentants de la société civile de décrire les dégâts que produirait une présidence d’extrême droite, en matière de justice ou d’éducation, pour les droits des femmes ou des étrangers. Revue des catastrophes prévisibles.

    Le cauchemar peut devenir réalité. L’extrême droite, sans doute, n’a jamais été aussi forte à la veille d’une élection présidentielle. Alors pour bien saisir les dommages, pour certains irréversibles, qu’une présidence Le Pen causerait au corps social et à nos libertés, Mediapart a interrogé des défenseurs et défenseuses des droits des personnes étrangères, des musulman·es et des personnes LGBT, des droits des femmes, des enfants et des travailleurs et travailleuses, à des représentant·es de la justice et de l’éducation, à des militant·es engagé·es contre la précarité et les violences policières, en posant une seule question : que provoquerait, très concrètement, une victoire de l’extrême droite le 24 avril prochain ? Réponse à treize voix.

    • Nathalie Tehio, avocate et membre du bureau de la Ligue des droits de l’homme (LDH)

    « Même si l’on assiste à une accélération de la répression et de la surveillance depuis les années Sarkozy, en particulier ces deux dernières années, le programme de l’extrême droite représente une vraie rupture : le cadre d’un État de droit est menacé. Leur logique, c’est de s’affranchir de toute garantie et de recours possible aux juges. C’est l’instauration d’un État policier, où la police détermine ce qu’elle peut faire. On lui donne un blanc-seing.

    Ce serait le cas avec la “présomption de légitime défense des policiers”. La loi prévoit déjà de nombreux cas de légitime défense lorsque les policiers font usage de leur arme. Dire que ce n’est pas suffisant, comme Marine Le Pen, c’est vouloir en faire une présomption indiscutable. Les policiers pourront s’affranchir des conditions qui encadrent l’usage de leur arme ou de la force en général. Cédric Chouviat, par exemple, a été tué à l’occasion d’un simple contrôle routier : si l’extrême droite passe, sa famille ne pourra pas porter plainte contre les policiers. Alors qu’il est déjà très difficile de faire reconnaître des violences policières, ça deviendrait quasi impossible.

    Autre mesure effrayante, qui assoirait encore le pouvoir discrétionnaire des forces de l’ordre : la possibilité qui leur serait donnée de porter plainte pour des attaques dont ils seraient victimes, tout en préservant leur anonymat dans les procédures. Cela ne laisserait aucune possibilité pour la personne mise en cause de vérifier la véracité des faits qui lui sont reprochés. En plus, les violences contre les forces de l’ordre entraînant moins de 8 jours d’ITT sont passibles depuis janvier 2022 de 5 ans d’emprisonnement. Autrement dit : vous pourrez prendre 5 ans de prison ferme pour avoir poussé un policier dont vous ignorerez même l’identité. »

    Marine Le Pen en meeting à Perpignan, le 7 avril 2022. 
    • Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade (droits des migrant·es)

    Les candidats d’extrême droite proposent une vision « fantasmée et dangereuse », fondée sur l’idée qu’il serait possible d’éliminer les migrations. Selon Fanélie Carrey-Conte, leurs programmes tendent ainsi à une « limitation à l’extrême » de l’immigration : fin de l’automaticité du regroupement familial et de l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage, réduction du nombre de naturalisations, impossibilité de régulariser les personnes en situation irrégulière… « Tout est réfléchi pour rendre l’accès au séjour le plus restrictif possible, dans une logique de “machine à expulser” générant un climat de peur permanent pour les étrangers. »

    Le droit d’asile serait vidé de sa substance, avec l’externalisation des procédures (traitées dans les pays d’origine ou des pays tiers) et de profondes restrictions, et le droit du sol serait remis en question. « À rebours du principe constitutionnel d’égalité, la “préférence nationale” entraînerait des privations dramatiques d’accès au travail, aux prestations familiales ou au logement. » Bien loin de l’inconditionnalité des droits humains et la mise en avant d’une « humanité commune » défendues par La Cimade.
    Au pouvoir, cette idéologie accélèrerait la libération de paroles racistes et xénophobes, générant des actes de discrimination envers les personnes étrangères. « Cela mènerait à une fracturation accrue de la société, à des tensions sociales toujours plus exacerbées et à des régressions sociales et démocratiques majeures pour des millions de personnes », conclut Fanélie Carrey-Conte. En comptant malgré tout sur les capacités de résistance de la société civile.

    • Céline Parisot, présidente de l’Union syndicale des magistrats (majoritaire)

    « On a du mal à appréhender comment le programme de Marine Le Pen pourrait être applicable. Doubler en cinq ans nombre de magistrats, c’est très ambitieux mais irréalisable. Pour ce qui est des peines, le recours généralisé à des peines de prison ferme, présentées comme la seule sanction efficace, la réduction des aménagements de peines et les courtes peines effectuées en prison, tout cela rendrait très insuffisantes les 85 000 places de prison qui figurent à son programme. Quant à la présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre, c’est extrêmement dangereux. Elle légitime toute violence policière ou presque. Cela ne nous paraît pas de nature à amener plus de sécurité. »

    • Nils Monsarrat, secrétaire national du Syndicat de la magistrature

    « C’est très difficile de se prononcer sur ce que deviendrait l’exercice professionnel des magistrats si Marine Le Pen était élue, car il y a un grand flou autour de son programme sur la justice – elle a assoupli son discours, même si les fondamentaux restent. Elle met en avant une augmentation du recrutement des magistrats (comme tous les candidats, ou presque), un mode de recrutement modifié, et surtout un durcissement législatif avec une diminution de la marge de manœuvre des magistrats.

    Concrètement, cela risque de poser de grosses difficultés. On risque de perdre une marge d’adaptation aux situations individuelles, de se retrouver face à des situations aberrantes du type “peines planchers”, des incarcérations très brèves, et moins d’aménagements de peines.

    Cela risque d’aggraver la situation, avec beaucoup plus d’incarcérations et beaucoup moins de prévention et de réinsertion. Les conséquences de ce programme, ce serait de courtes peines d’emprisonnement, supposément “au nom du bon sens’, c’est la rhétorique habituelle de l’extrême droite. Or toutes les études démontrent que les courtes peines sont criminogènes, qu’elles désinsèrent et provoquent de la récidive. Par ailleurs, les sorties sèches en fin de peine se multiplieraient ; or, l’aménagement de peine est essentiel pour éviter que les gens réitèrent une infraction. La seule logique de ce programme reviendrait à construire toujours plus de prisons et d’enfermer éternellement les gens. Ce serait la fin de l’État de droit. »

    • Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD-Quart Monde

    « Les programmes de l’extrême droite ne sont pas du tout favorables aux plus vulnérables, même s’ils ont l’air séduisants lorsqu’on en fait une lecture rapide. Marine Le Pen fera le tri entre les “bons” et les “mauvais” pauvres, puisque ne seront aidés que ceux qui possèdent une carte d’identité française. À l’heure actuelle, le non-recours aux droits [faute d’information suffisante des bénéficiaires, à cause de procédures complexes, etc. – ndlr] est important et je crains que ce soit plus le cas encore avec le Rassemblement national : beaucoup de personnes auront peur de demander ce à quoi elles ont droit. 

    L’extrême droite veut réduire les droits fondamentaux des étrangers qui permettent aux plus vulnérables d’avoir une vie à égale dignité des autres, veut leur interdire l’accès aux prestations sociales, aux soins, à l’emploi, à un logement digne et durable, à l’éducation pour les enfants. On imagine très bien ce que cela peut signifier pour les gens du voyage par exemple. Alors que c’est déjà bien compliqué pour eux, leur vie pourrait devenir encore plus difficile. À ATD Quart Monde, nous n’avons pas rencontré les représentant·es de l’extrême droite pendant la campagne, nous ne dialoguons pas avec eux. »

    • Matthieu Gatipon-Bachette, porte-parole de l’Inter-LGBT

    « Le risque est bien réel, on le constate tous les jours en tant que militant·es, à l’échelle locale. Quand il y a des élus RN dans les conseils municipaux ou régionaux, ils s’opposent systématiquement aux demandes de financements sur des thématiques LGBTQI+. Si demain, on a des gens de cet acabit-là à la tête du pays, ce sera très compliqué de continuer de fonctionner correctement. On a peur que l’extrême droite fasse tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le peu de prévention qui continue d’exister.

    Quand on voit leur intérêt pour des pays comme la Hongrie de Viktor Orbán, on peut craindre une loi “anti-propagande LGBT” par exemple. En ce qui concerne la PMA, Éric Zemmour a annoncé qu’il reviendrait dessus. Vu les difficultés qu’on a eues à faire émerger cette loi [qui a ouvert l’accès aux femmes seules et couples lesbiens –ndlr], ce serait catastrophique, cela redirigerait tout un tas de couples vers l’étranger, devant payer des sommes indécentes. Pour le mariage pour tous, je ne crois pas trop que l’extrême droite reviendrait dessus – cela m’étonnerait, du moins. Marine Le Pen a dit qu’elle voulait faire un moratoire de 3 ans sur les questions sociétales. Mais à partir du moment où vous avez des gens qui considèrent que les discours progressistes que portent les assos LGBT sont nuisibles, tout est possible. Ils sont prêts à tout. »

    • Sihem Zine, présidente d’Action droits des musulmans

    « Je suis effrayée », s’alarme la militante d’une des dernières associations de défense des droits des musulmans non dissoute par le gouvernement. Ce n’est pas tant le programme de Marine Le Pen qui l’inquiète que son idéologie : « En cas d’élection, elle aurait déjà dans notre droit tous les outils à sa disposition : il y a déjà la déchéance de nationalité, déjà le retrait des titres de séjour, déjà le gel des avoirs, déjà la fermeture de lieux de culte, déjà les Micas [les mesures administratives permises par la loi SILT de 2017 comme l’obligation de ne pas quitter une zone géographique donnée – ndlr], la société civile musulmane a déjà été quasiment éradiquée… Elle n’aura qu’à appuyer sur l’accélérateur par rapport à ce qu’a fait Gérald Darmanin. Cela fait des années que nous nous battons contre une batterie de dispositions sur lesquelles nous alertions : “Imaginez qu’elles tombent entre de mauvaises mains.” »

    Concernant le projet de référendum sur l’immigration et l’identité promis par Marine Le Pen, Sihem Zine estime que, « dans les faits, ça ne changera pas grand-chose. Mais elle va inscrire la discrimination dans la Constitution ». Et puis, concernant le projet d’interdiction du port du voile (« uniforme islamiste » selon Le Pen) dans l’espace public, elle s’inquiète : « Elle va faire quoi, leur mettre une amende ? Les mettre en prison ? Leur arracher leur voile ? Il va forcément y avoir des accrochages et des situations qui vont dégénérer. »

    « Quand on voit déjà le projet de loi visant à combattre les idéologies islamistes qu’elle avait déposé en 2021, j’ai peur, poursuit Sihem Zine. Marine Le Pen mélange immigration et islamisme. Elle va instaurer un ordre moral, et si une association ne le respecte pas, ce sera la dissolution, la privation des droits civils. Tous les réseaux sociaux, les sites Internet vont être surveillés. Les policiers risquent également d’avoir carte blanche. Des jeunes risquent de se faire tabasser dans la rue. Les groupuscules d’extrême droite, eux, vont avoir un sentiment d’immunité et s’en donner à cœur joie. »

    • Grégory Chambat, enseignant à Mantes-la-Ville et syndicaliste Sud Éducation, auteur de « L’école des réac-publicains : la pédagogie noire du FN et des néoconservateurs »

    « L’éducation est une obsession historique de l’extrême droite depuis 150 ans et la mise en place de l’école publique. Elle en a toujours fait un terrain d’intervention, pour faire avancer ses idées contre l’égalité et l’émancipation. Ils veulent mettre au pas l’éducation, en faire l’un des outils de leur idéologie. Cela se voit dans l’enseignement de l’histoire par exemple : ce qui compte, ce n’est pas la transmission d’une histoire vérifiée, scientifique, seulement de construire un roman national. La victoire de l’extrême droite, ce serait la fin de la liberté pédagogique, puisqu’elle veut remplacer la pédagogie par du dressage.

    Elle a la nostalgie d’une école avec un enseignement autoritaire, vertical, uniforme [Marine Le Pen veut par exemple « renforcer l’exigence de neutralité absolue » des enseignant·es, « accroître le pouvoir de contrôle des inspections en la matière » et sanctionner les professeurs qui ne signalent pas « les cas problématiques » – ndlr]. Cette nostalgie, c’est en réalité celle d’un système éducatif de ségrégation sociale. À chaque fois que Zemmour parle de l’école, c’est pour dénoncer une idéologie antiraciste ou LGBT.

    Sur les questions du budget, il y a quelque chose de très significatif dans le programme de Marine Le Pen [qui prétend « accroître significativement » les heures de cours en primaire mais prévoit aussi de « renforcer l’orientation précoce des élèves » et de « transformer le brevet en examen d’orientation post-3» – ndlr] : elle entend réduire les effectifs dans l’Éducation nationale, mais ceux des personnels non enseignants, c’est-à-dire administratifs, de cantine, secrétaires... En clair : enlever tout ce qui ne se voit pas, mais qui est essentiel au bon fonctionnement d’un établissement. »

    • Marylie Breuil, militante féministe au collectif Double peine

    Cette ancienne porte-parole de #NousToutes s’alarme, en cas de victoire de l’extrême droite, d’un « recul très net en termes d’avancées des droits des femmes et de lutte contre les violences sexuelles », jugeant les programmes des deux candidats en lice « très dangereux », « tant pour la préservation des droits des femmes que pour l’acquisition des droits manquants. Ils ne proposent aucune mesure concrète pour lutter contre les violences sexuelles, et cette lutte est instrumentalisée en disant que les violences seraient perpétrées par des personnes étrangères, alors que tous les chiffres montrent que les auteurs de violences sont issus de tous les milieux sociaux. Éric Zemmour est par ailleurs accusé d’agressions sexuelles par huit femmes ; il n’est pas le seul, mais avoir un président mis en cause pour de tels faits serait un crachat aux visages des victimes ». « Plus largement, les deux candidats sont opposés à la PMA, au mariage pour tous et toutes, et favorables à l’interdiction du voile dans l’espace public, ce qui est une entrave au droit des femmes de disposer de leur corps, à leur liberté de s’habiller comme elles le souhaitent. »

    De fait, dans les programmes de Le Pen comme de Zemmour, les droits des femmes ne sont abordés qu’à travers le prisme de la famille (mesures en faveur de la natalité, opposition donc à la PMA et la GPA) et de la sécurité (lutte contre le « harcèlement de rue » et les violences conjugales). Rien sur les inégalités femmes-hommes (qui ne sont évoquées qu’en lien avec l’islamisme ou la charia), ni sur les discriminations salariales.

    Marine Le Pen s’est, au fil des années, opposée aux avancées récentes en matière de droits des femmes : lois instaurant la parité (elle a depuis changé d’avis), féminisation des titres, allongement des délais d’IVG, etc. En 2012, elle avait dénoncé les « avortements de confort » et plaidé pour le déremboursement de l’IVG en cas de « choix budgétaire à faire ». Quant à Éric Zemmour, l’essentiel de son programme concernant les femmes repose sur une défense de la « complémentarité des sexes », de « la famille » et la dénonciation de « la propagande idéologique de certains lobbies » qui menaceraient ses « fondements ».

    • Marion Tambourindeguy et Marie Petruzzi, médecins du Comité pour la santé des exilé.es

    « On ne pensait pas que son programme était aussi brutal, ça fait froid dans le dos », réagissent les deux généralistes. En réduisant les possibilités pour les exilé·es de déposer une demande l’asile, Marine Le Pen leur retirera de facto la protection maladie universelle (accessible aujourd’hui aux demandeurs d'asile). La suppression de l’aide médicale d’État (AME), par ailleurs, privera les sans-papiers d’accès aux soins. Or, le milliard d’euros engagés pour l’AME est utile : « Plus on retarde les soins des malades, plus ils y ont recours en urgence, et plus cela coûte cher. Nos patients sont atteints de maladies cardiovasculaires, mais aussi de troubles psychiques, car beaucoup ont été victimes de violences, surtout les femmes. »

    L’élection de Le Pen serait donc « une catastrophe », « le détricotage des droits irait encore plus vite », mais « l’accueil des personnes exilé·es est mis à mal depuis des années », tiennent à rappeler les deux médecins. Aux réformes de Le Pen, elles opposeraient « la déontologie médicale qui demande de soigner toute personne sans discrimination ». Et même si la présidente du RN menace de « sanctions pénales » les gens aidant des sans-papiers (« pour quelque motif que ce soit »), « on résisterait », disent-elles.

    • Pascal Debay, CGT, responsable du collectif confédéral chargé des luttes contre les idées d’extrême droite

    Parce qu’elle nourrit « une haine du syndicalisme », l’extrême droite voudrait « cantonner les syndicats à l’entreprise, pour qu’ils ne s’impliquent surtout pas dans la vie de la cité » ; elle entend même « le moraliser, ce qui fait craindre le pire ». Selon Pascal Debay, qui forme des syndicalistes sur le sujet et publie des fiches pratiques, la tâche de décryptage n’est pas simple : les questions économiques et sociales sont « le cœur de l’ambition de normalisation du RN ». Marine Le Pen est « en train de capter la colère sociale » mais ne propose que « des recettes libérales ». Et son projet, centré sur la priorité nationale, « ne fera que diviser » les salarié·es.

    « L’extrême droite pointe l’immigré pour mieux servir les exploiteurs », poursuit celui qui ne voit « rien de social » dans le projet du RN. « Le Pen ne dit rien sur les salaires, à part baisser les cotisations. Rien sur la réduction du temps de travail. Elle refuse d’augmenter le Smic. Et sur les retraites, ce n’est pas progressiste : pour partir à 60 ans, il faudrait travailler 40 ans. Cela s’adresse à une extrême minorité. »

    • Lyes Louffok, militant des droits de l’enfant

    « Ce qui m’inquiète le plus, c’est le sort des MNA [mineurs étrangers non accompagnés, dont la prise en charge est confiée aux services de l’aide sociale à l’enfance de chaque département – ndlr]. Marine Le Pen les voit comme un poids, comme s’ils étaient responsables de l’explosion du système de protection de l’enfance. Ce discours est abject et faux scientifiquement. Au nom de la “priorité nationale”, elle mènerait une politique clairement raciste en remettant en cause, à leur égard, le principe de “présomption de minorité”, prévu par la convention internationale des droits de l’enfant : un enfant doit être présumé mineur le temps que des investigations soient menées [pour vérifier son âge – ndlr]. Ces investigations sont déjà très maltraitantes en France (avec des tests osseux, etc.), mais Marine Le Pen ne ferait qu’aggraver la situation.

    Cette inquiétude est aussi liée à sa promesse de “recentraliser” la protection de l’enfance [afin que l’État reprenne la main sur les départements – ndlr]. Cette “recentralisation” de l’ASE, c’est l’une de nos revendications de longue date – un préalable à toute réforme systémique. Mais chez Marine Le Pen, ce serait un moyen de s’assurer que l’accès à une protection est partout restreint pour les MNA : au lieu de les protéger, elle les laisserait en état de déshérence totale, livrés à tous les dangers. À tout prendre, si le RN arrivait au pouvoir, je préfèrerais encore que les départements conservent la responsabilité de l’ASE. »

    • Danyel Dubreuil, coordinateur d’une plateforme de lutte contre la précarité énergétique baptisée « Rénovons ! » (Réseau Action Climat, Fondation Abbé Pierre, Enercoop...)

    « Sur la précarité énergétique, problématique qui touche 12 millions de Françaises et de Français, Le Pen comme Zemmour restent dans l’incantatoire. Parce que vu le nombre d’emplois à créer pour la rénovation énergétique, cela les amènerait sur un terrain où ils n’ont pas envie d’aller, quand on sait d’où est originaire la main-d’œuvre du BTP, et sachant que, dans l’histoire, ce sont les immigrés qui ont reconstruit la France de l’après-guerre. Rénover les passoires énergétiques, tout en faisant en sorte que les plus pauvres ne soient pas confrontés à des coûts insurmontables, cela nécessite beaucoup d’aides et d’investissements publics qui ne sont pas dans le logiciel de l’extrême droite.

    Par ailleurs, notre travail de détection et d’accompagnement des ménages en précarité énergétique est porté par un maillage associatif ; or, via les expériences municipales, on sait quelles relations entretient le RN avec les associations, en leur imposant, notamment, de ne travailler qu’avec certains publics. De même, on sait que l’extrême droite veut insérer dans tout système d’aide des éléments de discrimination, de préférence nationale. Sachant que les précaires énergétiques se situent notamment dans les îlots de pauvreté des zones urbaines denses, où sont historiquement concentrées les personnes issues de l’immigration et/ou de la colonisation, une victoire de l’extrême droite serait un désastre social sur le front de la rénovation, du climat et de la lutte contre la pauvreté. Idem pour toutes les personnes qui sont parvenues à accéder à la propriété après la deuxième voire troisième génération, et dont les petits pavillons à cinquante kilomètres du centre des métropoles (ou dans les territoires périurbains) sont des passoires énergétiques. »

    La rédaction de Mediapart

     

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