Depuis le 5 septembre 2017, le métier d’éducateur spécialisé ne figure plus sur la liste des métiers dits « en tension ». Une classification incompréhensible pour des étudiants de l’Ites (Institut de formation au travail éducatif et social) à Guipavas qui ont décidé de prendre la plume. En début de semaine, ils ont adressé un long courrier à la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS), mais également à Loïg Chesnais-Girard, président du conseil régional, pour demander une « revalorisation du métier d’éducateur spécialisé ». À ce courrier, les étudiants ont joint une liste d’une centaine de signataires pour appuyer leur demande.
« À travers nos stages, on fait le constat sur le terrain que le métier est bien en tension », explique Morgane Dourmap, l’une des étudiantes à l’origine de la démarche. « La plupart des structures peinent à recruter, les remplaçants manquent aussi. » « Quand tu arrives en stage, on t’explique que tu interviens plus en tant que remplaçant que stagiaire parce qu’il manque du monde. On le voit : les professionnels sont épuisés », ajoute Perehan Abgrall, également étudiante en deuxième année à l’Ites, à Guipavas. Dans le courrier, les étudiants assurent que « l’instabilité et la fragilité de ces équipes en manque de personnel induisent une réelle maltraitance institutionnelle mettant les personnes accompagnées face à des enjeux qu’elles ne sont pas en capacité d’affronter, dû au manque de moyens ».
Un blocage pour les financements
Si les étudiants demandent la reconnaissance d’un métier « en tension », c’est aussi parce que cela ouvre la possibilité de financements. « On est plusieurs à avoir eu accès à cette formation grâce à l’allocation de retour à l’emploi (ARE) », explique Morgane Dourmap. « Sauf que sans la considération de métier en tension, on ne peut pas prétendre aux revenus de fin de formation. Ils permettent aux étudiants de vivre pendant les trois années de formation ». Dans le courrier adressé à la DREETS, le collectif d’étudiants écrit : « Malgré toute la volonté et l’investissement que l’on peut y mettre, les conditions actuelles d’aides financières ne nous permettent pas de poursuivre cette formation jusqu’à la certification, et nous empêchent de sortir d’une précarité étudiante réelle. Cette revalorisation nous permettra de finir nos études, de nous loger, nous nourrir et de trouver un emploi rapidement par la suite ».
Auteur : Rémy Quéméner
Source : https://www.letelegramme.fr