Ce lundi 10 mai s’annonçait tendu pour les salariés de la Fonderie de Bretagne et il l’a été jusqu’à l’annonce de l’impossibilité de tenir le comité social et économique, « pour raison de sécurité ». Dès 6 h, les salariés ont encerclé la sous-préfecture de Lorient pour empêcher la direction d’y entrer. Elle ne s’est pas présentée.
1-Annulation du CSE pour raisons de sécurité
Ce lundi 10 mai, à 14 h 30, à la sous-préfecture de Lorient, devait se tenir un comité social et économique (CSE) qu’on savait sous haute tension. Après le délai légal de consultation des membres du CSE, la recherche active d’un repreneur pour la Fonderie de Bretagne devait démarrer officiellement par la tenue de cette réunion extraordinaire. Un seul objectif pour les salariés : l’empêcher.
Les organisations syndicales (CGT, CFE-CGC, CFDT) avaient annoncé dès ce vendredi qu’elles n’y assisteraient pas. Dès 6 h, ce lundi, les salariés ont pris position et à 8 h, ils étaient 120 à guetter toutes les entrées pouvant mener à la sous-préfecture. À 14 h 30, la direction ne s’était toujours pas présentée et, à 15 h 15, le sous-préfet a annoncé à une délégation de trois élus CSE et au médiateur, Éric Boireau, l’annulation de la réunion car « les conditions ne sont pas réunies ».
La CGT dénonce « le mépris de la direction » mais se félicite du résultat. « Ce n’est pas une victoire pour nous, mais un recul pour eux ».
2-Qu’aurait annoncé la direction lors du CSE de ce lundi ?
A priori, la présentation du rapport Secafi, cabinet mandaté par le CSE, qui avait rendu des conclusions mais incomplètes car manquant d’éléments, était à l’ordre du jour. Certains salariés pensent qu’un ou plusieurs repreneurs potentiels auraient pu être annoncés. Aucun nom n’a pour l’instant filtré.
Nommé le 5 mai, par le préfet Patrice Faure, Éric Boireau, étudie le dossier et cherche à renouer le dialogue entre les parties et mettre fin au conflit. Un dossier loin d’être un cadeau : « La négociation est difficile », concède le directeur de l’unité territoriale de la Direccte (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). L’annulation du CSE de ce lundi permet, au mieux de gagner du temps, mais l’instance sera inévitablement reconvoquée, peut-être même très rapidement.
« La négociation est difficile », concède Éric Boireau, le médiateur nommé le 5 mai dernier par le préfet du Morbihan, Patrice Faure.
3-Troisième semaine d’occupation
Ce mardi 11 mai, les fondeurs entament leur troisième semaine d’occupation de l’usine. Depuis le 27 avril, la production et les expéditions sont bloquées. Des jours longs et des nuits courtes qui pèsent sur les esprits mais n’empêchent pas la lutte. « On est fatigués mais déterminés. On est dans le même état d’esprit qu’au 27 avril : on ne lâchera pas », a déclaré Maël Le Goff, délégué CGT du personnel, au sortir de son deuxième entretien de la journée avec le sous-préfet, Pierre Clavreuil.
Mais ce qui commence à peser, c’est le manque d’écho aux discussions engagées. « On a fait la tournée des popotes, jusqu’au ministère de l’Économie. Ils ont toutes les cartes en main pour comprendre que notre avenir passe par Renault ».
Les fondeurs en ont marre de discuter et veulent « des actes » mais se heurtent souvent à un mur : « Tout le monde nous soutient mais personne ne peut rien faire ». La fatigue et le désespoir pourrait se transformer en colère noire : « Pour l’instant on est gentils mais… ».
Céline LE STRAT
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