• Abdallah Chatila : « Faire de l’usine de Ploufragan un fleuron européen » (LT.fr-1/05/20-21h)

    Abdallah Chatila, un homme d’affaires libano-suisse, va investir 15 millions d’euros dans une usine des masques à Ploufragan (22).Abdallah Chatila, un homme d’affaires libano-suisse, va investir 15 millions d’euros dans une usine des masques à Ploufragan (22).

    Abdallah Chatila, milliardaire suisse qui a décidé d’investir 15 millions d’euros dans la création d’une usine de fabrication de masques à Ploufragan, veut faire du site un « fleuron européen »

    Pourquoi, industriel suisse, voulez-vous investir dans ce projet en Bretagne ?

    J’avais, et j’ai toujours, l’intention d’ouvrir une usine de fabrication de masques en Suisse. Quant au projet briochin, je l’ai découvert par la presse et par l’intermédiaire de Marc Le Fur. Ce dernier m’a proposé d’en créer une autre en Bretagne. Au début, j’étais sceptique. Mais quand j’ai réalisé qu’on parlait des anciens collaborateurs de la fameuse usine Honeywell, je me suis dit que là, il y avait une vraie histoire et un réel savoir-faire et que ce serait dommage de gâcher tout cela. Et qu’avoir un outil industriel en France, dans cette belle région, pourrait être extrêmement intéressant. Le fait d’avoir eu des contacts avec des gens qui sont des experts dans leur domaine - ce que je ne suis pas - et d’avoir senti une volonté locale m’a rassuré et donné envie d’aller de l’avant.

    « Nous allons commander des machines européennes. Elles sont quasiment trois fois plus chères que les machines asiatiques mais elles nous assurent l’indépendance au niveau des pièces détachées vis-à-vis de l’Asie. »

    Une usine bretonne pour relocaliser en Europe ?

    L’idée de démondialisation va s’imposer rapidement avec l’après Covid, typiquement, dans les domaines stratégiques comme l’alimentaire et le sanitaire. À partir de là, ouvrir une usine en Europe, pour moi, était cohérent. Cela n’a aucun sens d’avoir délocalisé dans des domaines aussi sensibles.

    Si on a désormais besoin de porter des masques en permanence, il faudra disposer de réserves ou des outils pour les fabriquer. Surtout quand on vit ce que je vis depuis quelques semaines en essayant d’importer des masques de Chine. Exemple : hier, parce qu’il y avait huit heures de queue à la douane, l’avion a dû revenir quasiment à vide, avec simplement des lunettes. Bilan : 400 000 euros de dépense pour 200 000 euros de marchandise ! Et je ne parle même pas de pollution…

    Pour aller au bout des choses, nous allons donc commander des machines européennes. Elles sont quasiment trois fois plus chères que les machines asiatiques mais elles nous assurent l’indépendance au niveau des pièces détachées vis-à-vis de l’Asie.

    Produire 250 millions de masques sera-t-il viable après le Covid-19 ?

    Déjà, on va faire autre chose que des masques. On va produire aussi des charlottes, des surblouses… De plus, l’idée n’est pas que de penser au coronavirus. C’est une réalité aujourd’hui mais, peut-être que, dans six mois ou deux ans, il n’y en aura plus. Si conserver des stocks stratégiques est essentiel, on n’a pas besoin d’en avoir de grandes quantités si on a une force de production qui permet de rapidement doubler ou tripler les volumes. Ce qui sera le cas à Ploufragan, compte tenu de l’espace (25 000 m², NDLR). Ce potentiel de production, nous comptons le mettre au service de nouveaux modèles de masques. Le produit actuel est obsolète. Je souhaite transformer le masque en un vrai outil, adapté tant à la physionomie de la personne qui va le porter qu’à son activité. Un maçon, un chirurgien, la personne qui va faire ses courses ou un serveur qui doit servir toute la journée des gens n’ont pas besoin du même produit. Il y a là un créneau, un marché à développer.

    Attendez-vous des aides publiques ?

    J’espère bénéficier des soutiens de l’État par des achats ou sous toute autre forme, mais ces soutiens ne conditionnent pas la réalisation du projet. Mais si l’État, la Région et tout le monde s’y mettent et qu’on travaille de manière intelligente, ce ne sera pas 120 emplois mais, peut-être, 300 qu’on créera. Je pense qu’avec mes capacités financières et industrielles, l’expertise locale et une volonté étatique, on pourrait avoir un des plus beaux fleurons européens.

    « Je viendrai dès le 11 mai, rencontrer tout le monde. Le but est d’aller très vite. »

    À quand le démarrage de l’usine ?

    Une société, qui sera évidemment basée en Bretagne, est en voie de création. Ce qui permettra de signer les premiers contrats de travail, notamment celui du directeur de l’usine et de quelques personnes qui ont accepté déjà de faire partie de l’aventure, les bons de commande des machines mais aussi l’achat des locaux. Je viendrai dès le 11 mai, rencontrer tout le monde. Le but est d’aller très vite. On espère commencer à être opérationnel à la fin de l’année. Mais si on veut être réaliste et raisonnable, le premier trimestre 2021 sera clairement le but à atteindre.

    Pourquoi vous impliquez-vous, par ailleurs, dans des actions philanthropiques ?

    Pour moi, cela va de pair. On ne peut pas mener une activité commerciale sans avoir une activité philanthropique. L’une ne va pas sans l’autre. 1 % du chiffre d’affaires de mes sociétés va ainsi à une œuvre, en lien avec leur activité. Nos 50 restaurants à Genève versent cet argent à une banque alimentaire locale ; idem pour nos hôtels, qui aident les réfugiés au travers du HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés, NDLR). Quant à nos activités de fitness, nous allons aider des gens qui ont un handicap physique. À Ploufragan, évidemment, cette somme ira dans le domaine sanitaire. On en discutera le 11 mai. C’est symbolique mais important pour démontrer que notre approche n’est pas uniquement capitalistique mais aussi sociale, dans le bon sens du terme ; pas pour caresser dans le bon sens du poil les acteurs sociaux…

    On risque d‘avoir à passer des périodes difficiles et on ne peut pas être les seuls à gagner de l’argent et laisser les gens mourir de faim. Je dois aussi souligner que si la Bretagne devient le pôle industriel de mon groupe, à travers cette activité et d’autres que je prépare plus tard quand j’aurai terminé celle-là, notre engagement régional sera plus important que le versement de ce pourcentage de chiffre d’affaires.

    Propos recueillis par Hervé Queillé

    source: https://www.letelegramme.fr/

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