Hier matin, le ministre de la Santé, Mr Olivier Veran, était en visite à Brest à la suite de ses annonces concernant les restrictions en lien avec la "5e vague épidémique de COVID".
Son déplacement avait surtout pour but d'annoncer des moyens financiers supplémentaires pour les structures de soins en Bretagne dans le cadre du Ségur de la santé. Ainsi, le chiffre de 855 millions d'euros est avancé pour aider les structures de soins. Mais que veut dire ce chiffre? Comment l'interpréter au vu des enjeux? Avec quelle répartition?
En fait en analysant un peu la situation, on se rend compte qu'il ne s'agit là que d'un énième effet d'annonce. 855 millions d'euros, notamment pour rénover les structures vieillissantes ou les agrandir. Mais créer des structures dans lesquelles il y aura moins de soignants, c'est ce qui est déjà fait depuis des années. A quoi bon que les murs soient propres, si entre ces murs les gens continuent de mourir parce que l'offre de soin est dégradée?
Il est aussi annoncé qu'une partie de cet argent servira à diminuer la dette des hôpitaux. Ah la belle affaire! D'où provient principalement cette dette? Des même mesures que celles qui sont prises aujourd'hui : de la loi sur la tarification à l'acte de 2004, de la mise en concurrence des structures hospitalières publiques et privées entre elles, etc ; bref cette dette provient de ce qu'a voulu l'état pour l'hôpital public. Donc l'état dit qu'il annule une partie de la dette des hôpitaux, dette qu'il a lui même créé. On se fout de nous une fois de plus.
Enfin il est annoncé à demi mot que les formations vont être étoffées. Ah bon? Et plus précisément? Eh bien pas de chiffre plus précis, car les chiffres sont en fait alarmants. Le nombre de postes ouverts à la formation de médecins, d'infirmier.e.s et d'aide soignant.e.s n'augmente pas, voir parfois diminue. Par exemple l'année dernière, 8000 médecins sont sortis de la formation française en fin de 6e année, toutes spécialités confondues. En 2014, ils étaient 8800, soit une baisse de presque 10% en 7 ans. Et en 1e année de médecine, qui correspond à l'ouverture à la formation, les chiffres n'ont pas augmenté par rapport à l'année dernière. Les IFSI non plus ne forment pas plus d'infirmier.e.s qu'avant la crise épidémique, au vu et au su du nombre actuel de démissions des titulaires (du fait d'un travail de moins en moins valorisé économiquement et moralement). Enfin pour rappel, l'état a à nouveau fermé 5700 lits d'hôpitaux en 2020, en pleine pandémie mondiale. Et le nombre sera encore négatif cette année. Pour résumer, encore un effet d'annonce!
Ainsi, tôt hier matin, des membres du Collectif Santé 29 étaient présents devant l'hôpital de la Cavale Blanche à Brest pour sensibiliser sur la question du manque de moyen à l'hôpital, et surtout sur la politique de cet hôpital public vis à vis d'eux.
En effet, des milliers de soignant.e.s sont actuellement suspendu.e.s en France pour non vaccination contre le COVID. Ces même soignant.e.s à qui l'état promet depuis des années une amélioration de leurs conditions de travail, tout en faisant tout pour que ces mêmes conditions de travail se dégradent. Ces mêmes soignant.e.s qui étaient obligé.e.s de venir travailler même si ils avaient le COVID. Ces même soignant.e.s que l'on menace avant une visite ministérielle officielle.
Il faut savoir qu'actuellement les soignant.e.s suspendu.e.s ne peuvent pas chercher un travail de substitution. Pire, l'hôpital leur demande tous les mois depuis leur suspension de l'argent, car la direction hospitalière ne reconnait souvent pas leur conditions d'arrêt de travail (chose pour laquelle l'hôpital de Lannion a d'ailleurs été condamné récemment). La peine est extrêmement lourde pour ces gens qui ont soigné sans compter et que l'état humilie aujourd'hui. Tout cela pour une absence de vaccination contre le COVID...
L'hypocrisie de l'état est total, il est temps que chacun.e d'entre nous se réveille pour renverser ce système corrompu.