• Adhésion à l’OTAN: La folie militariste s’empare de la Suède et de la Finlande (Investig'Action-18/05/22)

     

    Les gouvernements suédois et finlandais ont officiellement soumis leur demande d’adhésion à l’OTAN, rompant avec une longue tradition de neutralité. L’invasion russe de l’Ukraine les pousserait à rejoindre l’alliance atlantique pour assurer leur sécurité. Mais une adhésion à l’OTAN va-t-elle garantir un avenir sûr et radieux à ces deux pays? Militant pacifiste, Jan Oberg explique pourquoi la Suède et la Finlande se plantent et quelles pourraient être les désastreuses répercussions d’une adhésion à l’OTAN. (IGA)


    Baignant dans son humeur militariste et moralisatrice sans bornes, voici ce que l’Occident est intellectuellement incapable de voir : la politique d’expansion de l’OTAN a créé ce conflit et en est responsable.

    La Russie a créé cette guerre et en est responsable. Mais il n’existe aucune violence qui ne soit pas enracinée dans des conflits sous-jacents. Les personnes qui s’y connaissent en matière de conflits et de paix parlent donc des deux. Et si elles veulent la paix, elles n’aggravent pas les symptômes, à savoir la guerre, mais elles s’attaquent à la véritable cause, c’est-à-dire le conflit. Elles demandent aux parties en conflit de dire ce qu’elles craignent et ce qu’elles veulent, pour ensuite avancer, étape par étape, vers une solution durable.

    Or, ni les grands médias ni les politiciens n’ont le courage d’aborder le conflit. Il n’est question que de guerre, et uniquement de la Russie et du président Vladimir Poutine qui doivent être punis, quel que soit le prix à payer par les générations futures. Si nous survivons.

    C’est une banalité de rappeler qu’il faut être au moins deux pour entrer en conflit. Mais c’est nécessaire compte tenu du niveau intellectuel et moral auquel opèrent les décideurs, les médias et une grande partie du monde universitaire en ces temps sombres.

    Cette approche n’a pas d’avenir et ne pourra jamais apporter la paix. Point final.

    Les décisions prises avec cette approche irrationnelle et cette émotivité ne feront qu’empirer les choses. Il en va ainsi de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, une adhésion basée sur la panique hystérique du moment : il n’existe tout simplement aucun scénario crédible et réaliste qui conduirait à une attaque russe isolée et inattendue contre l’une ou l’autre de ces deux nations si elles restaient non alignées comme elles le sont depuis des décennies.

    Le fait que des personnes moins bien informées – ou des partisans de l’adhésion à l’OTAN – aient évoqué une attaque isolée et inattendue contre l’île suédoise de Gotland relève de la politique façon Monty Python.

    Alors, pourquoi la Finlande et la Suède vont-elles maintenant prendre la décision désastreuse d’adhérer à l’OTAN, ce qui ne manquera pas d’accroître les tensions ? Voici quelques-unes des raisons possibles :

    Une forte pression

    Les deux pays ont subi de fortes pressions de la part de l’OTAN et des États-Unis en particulier. Le Premier ministre suédois, Olof Palme, défendait les objectifs onusiens de désarmement international et d’abolition nucléaire ainsi que l’intelligent concept de sécurité commune, mais il a été assassiné. Par ailleurs, les ambassadeurs US ont tenu des réunions secrètes avec des députés suédois. Il y a de nombreux canaux, demandes et récompenses.

    En matière de sécurité, l’épisode Whiskey on the Rocks du sous-marin russe U 137 constitue le pire défi que la Suède a connu. Certes, le sous-marin était russe. Mais l’épisode relevait d’une PSYOP américaine – une opération psychologique – menée par l’ « expert en navigation » qui était à bord et qui est le seul à n’avoir jamais été interrogé en Suède. Il a disparu peu après.

    Le but de cette PSYOP était de faire reconnaître à la Suède que l’Union soviétique était une menace, que sa défense contre l’Est était déficiente et qu’elle devait rechercher la protection de l’Ouest. Tout cela est extrêmement bien documenté par le professeur émérite Ola Tunander. Il a mené des recherches importantes sur plusieurs décennies. Les dernières ont été publiées dans le livre Navigations-Experten. Hur Sverige lät sig bedras av U 137 (L’expert en navigation. Comment la Suède a accepté d’être trompée par le U 137).

    Pas à pas, la Suède a ainsi été guidée dans la bonne direction. Certains politiciens suédois savaient ce qui se passait, mais les médias et le peuple ne le savaient pas.

    Courtisés par les États-Unis et l’OTAN

    Les deux pays ont cherché à se faire courtiser par les États-Unis et l’OTAN. Au cours des 20 dernières années, ils se sont engagés dans l’alliance de toutes sortes de manières – alors, pourquoi ne pas se passer la bague au doigt à présent ?

    En d’autres termes, la Finlande et la Suède adhèrent aujourd’hui à l’OTAN parce qu’elles ont pris des mauvaises décisions l’une après l’autre. Elles se sont enfermées dans un coin où il n’y a pas d’autre choix que l’OTAN et elles ont renoncé à toute idée de politique étrangère créative et indépendante. De plus, elles ont cessé de critiquer la guerre et le militarisme.

    Cela a aussi été rendu possible parce que dans les ministères des Affaires étrangères, toute pensée indépendante critique ou alternative a été supprimée et remplacée par diverses formes de marketing politique pro-US.

    Pendant des décennies, la chambre d’écho de l’OTAN a modelé une pensée collective nationale pro-OTAN. Mais personne n’a été autorisé à poser la question suivante : où diable serons-nous dans, disons, 25 ans?

    Complexe Militaire-Industriel-Médiatique-Académique

    La Suède et la Finlande veulent maintenant adhérer à l’OTAN parce que dans les deux pays, les élites liées au complexe militaire-industriel-médiatique-académique, le MIMAC, – plutôt que le peuple – décide des questions de sécurité et de politique étrangère.

    Évidemment, il y a eu très peu de débats publics ; ils n’étaient pas souhaités. Les décideurs savaient que les armes nucléaires, pilier essentiel de l’OTAN, et les guerres directes de l’alliance, notamment au Moyen-Orient, étaient considérées comme fondamentalement mauvaises par les citoyens.

    Question de timing

    Les médias libéraux suggèrent qu’il ne peut y avoir de référendum parce que le temps presse. Ils présument que l’ultimatum est une invasion de la Suède et de la Finlande par la Russie.  Il faudrait donc prendre à la hâte la décision la plus importante en matière de politique étrangère et de sécurité depuis 1945. D’autant plus que maintenant, la population est indignée par la Russie – cet ennemi nécessaire et bien-aimé.

    Les décideurs suédois savent bien sûr qu’il n’y aura jamais une majorité d’environ 75 % pour l’OTAN – ce qui devrait être le cas pour prendre une décision aussi fondamentale et fatidique. Voilà pour la démocratie, me direz-vous, mais aucun nouveau membre de l’OTAN n’a organisé un référendum où l’OTAN et d’autres alternatives ont été librement discutées et où une majorité de 75 % s’est dégagée. (Selon le quotidien suédois Svenska Dagbladet du 6 mai, 48 % des personnes interrogées pensent que la Suède devrait adhérer à l’OTAN, mais en une semaine seulement, le nombre de ceux qui ne savent pas quoi penser est passé de 22 à 27 %).

    L’opinion pro-OTAN de la Finlande semble avoir augmenté de 53 % en février à 76 % en mai 2022. Elle était de 19 % en 2017, selon un article du Wall Street Journal. L’Ukraine a joué son rôle.

    Le désarmement intellectuel

    Une autre raison d’adhérer est le désarmement intellectuel qui a fait que les décideurs se sont unifiés autour d’une seule option ; ils ont oublié de laisser d’autres portes ouvertes et ont délibérément étouffé les alternatives.

    Dans les médias, la politique et la recherche, le discours pacifique a disparu. La paix rime désormais avec les armes et la dissuasion. Le tout est de plus en plus associé à une loyauté aveugle pour chaque guerre des Etats-Unis et de l’OTAN.

    Par exemple, en 2001, le gouvernement du Premier ministre social-démocrate Göran Persson a rapidement décidé de désactiver la législation suédoise sur l’interdiction des exportations d’armes afin de pouvoir continuer à exporter des armes aux États-Unis pendant leur invasion de l’Irak.

    Depuis plusieurs années, il y a un désarmement intellectuel manifeste. Il tend toujours à privilégier les moyens militaires au détriment des moyens civils et de la diplomatie. Et ça ne vaut pas seulement pour la Suède et la Finlande, évidemment.

    Un institut tel que le SIPRI – Stockholm International Peace Research Institute – s’est décomposé intellectuellement en quelque chose qui devrait plutôt s’appeler le Stockholm International Military Security Research, SIMSI. C’est ce que j’avais suggéré il y a déjà plusieurs années.

    Pour le dire autrement, la créativité politique nécessaire à une politique indépendante de neutralité, de non-alignement et de désarmement mondial, associée à une forte croyance dans le droit international, a disparu il y a des années. C’est toujours plus facile de suivre le troupeau, surtout quand le parti social-démocrate, manifestement, n’existe plus que par son nom.

    Les médias

    La liste de toutes ces raisons tragiques est longue. Nous pouvons en mentionner une dernière, le rôle des médias. Comme partout ailleurs, les médias de gauche et de droite se sont unifiés autour d’une politique pro-occidentale et non neutre. L’actuelle propagande pro-OTAN est omniprésente, y compris dans le libéral Dagens Nyheter.

    Les voix critiques sont marginalisées et les « explications » de l’information publique sont réduites à des faits de base dignes d’un lycée, associés à des FOSI (Fake + Omission + Source Ignorance). La Suède est capable d’organiser des débats télévisés où, automatiquement, tous les participants sont plus ou moins pro-OTAN, laissant ainsi de côté une grande partie de l’opinion publique.[1]

    Les conséquences

    Il y en a potentiellement tellement – certaines plus probables que d’autres – qu’il n’est pas possible de les énumérer toutes dans une brève analyse ciblée comme celle-ci. Mais permettez-moi de les mentionner :

      • Les Suédois et les Finlandais seront moins en sécurité. Pourquoi ? Parce qu’il y aura une confrontation et une polarisation plus dures au lieu de frontières souples et d’attitudes médiatrices. En cas de crise grave, ils seront, à toutes fins pratiques, occupés par les États-Unis et l’OTAN qui leur diront quoi faire.
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      • Dans la mesure où, à un moment donné dans le futur, on demandera aux deux pays d’accueillir des bases US – comme la Norvège et le Danemark aujourd’hui – ils ne pourront pas dire « Non ! ». De telles bases seront des cibles de premier ordre pour la Russie en cas de guerre.
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      • Du point de vue russe, bien sûr, leur adhésion à l’OTAN est extrêmement génératrice de tensions et de confrontations. La Russie représente 8 % (66 milliards de dollars) des dépenses militaires des 30 membres de l’OTAN. Il va y avoir un réarmement énorme dans toute l’OTAN. À elle seule, l’Allemagne prévoit d’augmenter ses dépenses de près du double de celles de la Russie. L’Ukraine recevra environ 50 milliards de dollars. Ajoutez à cela une Suède et une Finlande réarmées, et nous verrons la Russie tomber à 4 % des dépenses de l’OTAN. Mais elle sera toujours considérée comme une menace redoutable.
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      • Il n’y aura pratiquement plus de mécanismes d’instauration de confiance et de résolution des conflits en Europe. Aucune discussion ne sera possible sur un nouveau système de paix et de sécurité paneuropéen. Qu’elle soit comprise et respectée ou pas, la Russie se sentira encore plus intimidée, isolée et – en fonction du contexte – pourrait se trouver prête à tout. C’est souvent le cas pour la partie la plus faible d’un conflit asymétrique. Nous vivons une époque très dangereuse et l’adhésion de ces deux pays à l’OTAN ne fera qu’accroître le danger, elle ne pourra en aucun cas le réduire.
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      • Si la Finlande et la Suède veulent tellement être « protégées » par les États-Unis et/ou l’OTAN, il est totalement inutile que ces deux pays adhèrent, car, en cas de crise grave, les États-Unis/OTAN viendront de toute façon « protéger » ou plutôt utiliser leurs territoires pour se rapprocher des républiques baltes. C’est le but des accords de soutien du pays hôte.
        La seule raison d’y adhérer serait le paragraphe 5 – mais l’inconvénient est que le paragraphe 5 exige que la Finlande et la Suède participent à des guerres qui ne concernent pas leur défense et peut-être même à de futures guerres violant le droit international comme celles de Yougoslavie, d’Irak et de Libye. Ainsi, les jeunes Finlandais et Suédois seront-ils tués dans les futures guerres des pays de l’OTAN ? Sont-ils prêts à cela ?
      • La conversion de leur infrastructure militaire en vue d’une adhésion totale à l’OTAN coûtera une fortune – et lorsqu’ils auront adhéré, ils paieront le prix qu’il faudra payer. En outre, il y aura de facto beaucoup moins de décisions souveraines possibles. Ici, le de jure est pratiquement sans importance. Et ce principe avait déjà été volontairement limité avant leur adhésion.
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      • En tant que membres de l’OTAN, la Finlande et la Suède ne peuvent que partager la responsabilité des armes nucléaires – la dissuasion et l’utilisation éventuelle de celles-ci par l’OTAN. Il est également évident que les navires de l’OTAN peuvent apporter des armes nucléaires dans leurs ports. Évidemment, la Finlande et la Suède ne poseront même pas de question. Elles connaissent déjà l’arrogante réponse des États-Unis: « Nous ne confirmons ni n’infirmons ce genre de choses ». Cela va à l’encontre de toutes les fibres du peuple suédois et de la décision de la Suède de ne pas développer d’armes nucléaires. Décision prise il y a quelque 70 ans.
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      • Les jours où la Suède et la Finlande pouvaient – en principe, du moins – travailler pour des alternatives sont comptés. Par exemple, le traité de l’ONU sur l’abolition nucléaire et les objectifs de désarmement général et complet; ou encore tout concept politique alternatif comme la sécurité commune, la sécurité humaine, une ONU forte, etc. La Suède et la Finlande ne seront plus en mesure de servir de médiateurs – comme l’Autriche et la Suisse par exemple. Les membres de l’OTAN ne peuvent afficher qu’un soutien de façade pour des objectifs aussi nobles. En effet, l’OTAN n’est pas une organisation qui encourage les alternatives. Au contraire, elle recherche le monopole ainsi que la domination régionale et mondiale.
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      • La Finlande et la Suède disent oui à la pensée militariste, à un paradigme de « paix » qui est imprégné d’armement, d’agressivité (longue portée + grande capacité de destruction), de dissuasion et de menace constante : l’OTAN est l’organisation la plus militariste de l’histoire de l’humanité et son leader, les États-Unis d’Amérique, a été en guerre 225 années sur 243 depuis 1776. Toute idée de non-violence et la disposition de la Charte des Nations unies prévoyant de faire la paix par des moyens principalement pacifiques (article 1 de la Charte) seront mises de côté.
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      • L’attention politique et les moyens financiers auront tendance à se porter sur les questions militaires, loin de contribuer à la résolution des problèmes les plus urgents de l’humanité. Mais – nous le savons déjà – l’excuse sera l’invasion de l’Ukraine par Poutine. Existe-t-il un énorme changement qui ne puisse être justifié par cette référence ?
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      • Alors que tout le monde sait que l’Arctique sera une région au centre des préoccupations en matière de sécurité et de paix dans un avenir proche, cette question n’a pratiquement pas été abordée dans le cadre de l’adhésion de ces deux pays à l’OTAN. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’être un expert pour comprendre que l’accès des États-Unis et de l’OTAN à la Suède et à la Finlande constitue un avantage évident dans la future confrontation avec la Russie et la Chine dans cette région.
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      • En tant que membres de l’OTAN, la Suède et la Finlande acceptent et renforcent même des décennies de haine envers le peuple russe et tout ce qui est russe, y compris la culture russo-européenne. Elles avaliseront la punition collective, illégale et irréfléchie de l’Occident à l’égard de tout ce qui concerne la Russie, soit l’annulation de la Russie dans toutes ses dimensions. À l’inverse, il fut un temps où le président finlandais Urho Kekkonen défendait des politiques de neutralité active, un rôle de médiateur et le lancement de l’OSCE. La Finlande était fière que son peuple ait le sentiment que ni l’Est ni l’Ouest n’étaient des ennemis, diverses sortes d’équidistances prévalant. Et ce, au plus fort de la première guerre froide, lorsque le Pacte de Varsovie était vis-à-vis de l’OTAN dix fois plus fort que la Russie d’aujourd’hui. Comment et pourquoi ? L’une des raisons était que les politiques avaient un fondement intellectuel et les dirigeants avaient conscience de ce que signifiait la guerre. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
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      • La perspective dont aucun partisan de l’adhésion de l’OTAN ne parle est la suivante : selon toute vraisemblance, nous n’avons vu que le dur début d’une guerre froide extrême. Et le risque est toujours plus grand que cette guerre ne devienne chaude. L’objectif déclaré des États-Unis – et donc de l’OTAN – est d’affaiblir militairement la Russie en Ukraine afin qu’elle ne puisse plus jamais se soulever. L’objectif est aussi de miner l’économie russe au moyen des sanctions les plus dures de l’histoire, des sanctions illimitées dans le temps et inconditionnelles. Concrètement, ces sanctions ne seront pas levées avant des lustres.
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      • Enfin, en adhérant à l’OTAN, les deux pays seront contraints de se ranger du côté de l’Occident dans le futur changement d’ordre mondial qui verra la Chine, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique du Sud, ainsi que d’énormes associations régionales non occidentales, gagner en puissance.

     

    La Chine est la priorité n° 1 des États-Unis. En tant que membres de l’OTAN, la Suède et la Finlande seront incapables de marcher sur deux jambes à l’avenir – une occidentale et une non-occidentale. Elles déclineront et tomberont avec l’Occident – l’empire US et l’OTAN pour être précis.

    Si vous pensez qu’il s’agit d’un scénario trop audacieux et pessimiste, c’est que vous ne suivez pas les dynamiques et les tendances en dehors de l’Occident. Pensez également que les États-Unis, l’UE et l’OTAN, divisés et minés par les problèmes, se sont réunis pour une seule raison : la politique néfaste de russophobie et la dissimulation de leur coresponsabilité évidente dans le conflit qui nous a menés là où nous sommes.

    L’Occident n’a plus de vision positive. Ses actions se résument au réarmement, aux menaces, aux sanctions, à la diabolisation, au discours moralisateur « nous n’avons jamais rien fait de mal » et à la projection concomitante de ses propres côtés sombres sur les autres, la Chine en particulier.

    Pour les petits pays, mettre tous leurs œufs dans le même panier alors qu’ils ont des alternatives et agir sans avoir la moindre idée des cinq à dix années à venir se résument toujours par le même constat: c’est une recette pour le désastre, une recette pour la guerre.

    L’OTAN et l’UE agissent aujourd’hui comme les passagers du restaurant de l’élégant et luxueux Titanic.

    Il y a d’énormes problèmes qui devraient être résolus pour que l’humanité survive : le climat, l’environnement, la pauvreté, les inégalités, le militarisme, les armes nucléaires, etc. Ces problèmes sont aujourd’hui oubliés. Il y a d’abord eu la crise économique et les perturbations qui ont suivi, puis le coronavirus est arrivé et a englouti toutes sortes de ressources et d’énergies. Enfin, maintenant il y a cette guerre en Europe et son conflit sous-jacent créé par l’OTAN.

    Ce n’est pas le moment de prendre des décisions dans un élan d’hystérie et de panique historique. C’est au contraire le moment de garder son sang-froid.

    On ne peut que regretter que la Suède et la Finlande n’aient pas le pouvoir intellectuel de voir une image plus large dans le temps et l’espace. Depuis 1949, l’OTAN a eu le temps de prouver qu’elle pouvait être un instrument de paix. Mais nous savons aujourd’hui qu’elle ne l’est pas. Par conséquent, y adhérer constitue une aubaine pour le militarisme et les guerres futures. 

     

    Source originale: The Transnational

    Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

    source: https://www.investigaction.net/

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