Le discours du nouveau chancelier du Pérou, la volonté d'intégration du président du Mexique et les coups portés à l'OEA par le président de l'Argentine remet en question la tableau politique du continent. Jusqu'à quel point ?
Le changement de point de vue concernant le Groupe de Lima annoncé par le nouveau chancelier du Pérou, Héctor Béjar Rivera, semble être le signe d'un tournant progressiste du continent et est accompagné par la réapparition de la Communauté des Etats Américains et Caribéens (CELAC) dans le discours du président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, et d'autres facteurs qui vont donner un nouveau visage politique à l'Amérique Latine.
Béjar a déclaré récemment que les membres du Groupe de Lima – né au sen de l’Organisation des Etats Américains (OEA) - « ont changé de politique » et que « leur point de vue est différent maintenant. »
En disant cela, le chancelier ne parlait pas seulement du Gouvernement péruvien mais de tout le groupe. Ce qui semble confirmer cette appréciation, c'est que ni le Gouvernement du Brésil ni celui de la Colombie (pour ne parler que de ceux qui sont le plus à droite) n'ont contredit Béjar.
Le poids diplomatique du Gouvernement du président Pedro Castillo réside dans le fait qu'il se situe dans la capitale du Pérou qui a donné son nom au groupe créé par l' OEA, actuellement composé de 16 membres. Ce groupe avait été fondé par le président du Pérou de l'époque, Pedro Pablo Kuczynski, qui faisait fonction de maître de cérémonie lors de sa création, en 2017, dans le but d'encercler politiquement le Gouvernement du Venezuela.
En ce moment, après la prise de position officielle du nouveau Gouvernement péruvien, le groupe semble avoir perdu toute fonction politiquement logique malgré la tendance conservatrice des Gouvernements du Chili, du Canada, de l'Uruguay, du Brésil et de la Colombie.
Le conservatisme dur gouverne encore mais se sait sur le départ. L'incertitude concernant le tour que prendra la région augmente, en particulier face aux élections présidentielles qui auront lieu au Chili à la fin de l'année et en Colombie et au Brésil, en 2022.
Tous semblent distinguer un changement de sens qui, en outre, se manifeste déjà dans les bureaux de son principal allié et mentor : les Etats-Unis, la grande puissance du Nord. Ce tournant a commencé à se manifester dès que les démocrates ont gagné les élections.
C'est au moins ainsi que le président de l'Argentine Alberto Fernández a tenté de l'expliquer cette semaine quand il a dit que la politique du Gouvernement de Donald Trump a fait « que l'OEA ne soit plus un lieu de rencontre pour l'Amérique Latine » et l'a qualifiée « d'escadron » destiné à attaquer les Gouvernements populaires en insistant sur le fait que « telle qu'elle est, elle ne sert à rien » après avoir rendu son secrétaire général, Luis Almagro, responsable du coup d'Etat qui a eu lien en Bolivie.
C'est à dire que non seulement le Groupe de Lima entre en crise mais aussi l'OEA elle-même. Il n'est pas question d'un groupe concret ou d'une expérience ratée mais d'un changement de direction politique.
Et au-delà de la chute des cartes du trumpisme, la région a été impactée par les derniers discours de López Obrador parce qu'ils en font un dirigeant d'envergure continentale.
Le président du Mexique a profité de la réunion de la Communauté des Etats Américains et Caribéens (CELAC) du 24 juillet dont il était l'hôte pour faire allusion à un profond changement dans les relations latino-américaines.
Son discours a été puissant, à la base parce qu'au-delà des doctrines latino-américanistes qu'il évoque, il envisage concrètement de sauver et de réactiver la CELAC. Il semble que la proposition d'Hugo Chávez, créée en 2011 et affaiblie par les Gouvernements conservateurs de ces dernières années, joue à nouveau un rôle de dirigeante et cette fois, c'est le Mexique qui le dit.
Si on y réussit (il reste encore plus de la moitié de la période de 6 ans), ce sera un changmeent de point de vue de tout le contient.
Ce qui est surprenant, c'est que pendant ses premières années, López Obrador a été très pragmatique et a préféré négocier des choses concrètes avec le Gouvernement de Trump comme le problème de la migration. Mais pendant ces derniers mois, après l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, le président mexicain a essayé de prendre certaines mesures et de faire des discours qui accélèrent le virage à gauche de son Gouvernement.
Mais comme nous l'avons dit, il n'est pas le seul.
Béjar
Dès que le nouveau gouvernement a été ms en place, le chancelier Béjar a promis de changer la politique interventionniste de son pays et de se faire des alliés qui cherchent la compréhension entre les acteurs de la politique intérieure du Venezuela.
Le nomination de Béjar, un homme de gauche reconnu, a suscité la polémique parce qu'elle est rapidement devenu un signe par lequel le nouveau Gouvernement annonce un changement de direction dans les relations internationales du pays, en particulier en ce qui concerne sa politique latino-américaine et sa vision des Etats-Unis.
En recevant le chancelier vénézuélien Jorge Arreaza et en déclarant ensuite « Je ne connais pas ce monsieur, » en parlant de « l'ambassadeur » nommé par l'ex-député d'opposition Juan Guaidó, le ministre de Castillo a envoyé un missile symbolique à tout l'attirail virtuel qui soutient le Gouvernement parallèle qui a été favorisé par Lima et d'autres capitales du continent.
Ces gestes sont aussi destinés à prendre position face au discours du secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Antony Blinken, qui avait demandé au président Castillo d'avoir « une attitude constructive » par rapport au Venezuela, à Cuba et au Nicaragua.
Cela a aussi donnéune signification particulière à la fin de la campagne électorale du fujimorisme qui, lors de sa clôture, a récupéré le discours sur le Venezuela en donnant le rôle principal au dirigeant de la droite radicale Leopoldo López.
Par contre, la nouvelle direction du Pérou affiche « une politique contre les sanctions et contre les blocus. »
Mais son discours est loin d'être un discours de rupture. Lima a préféré une position qui ne l'isole pas du concert international mais qui essaie de convaincre les acteurs qu'il est indispensable de changer de point de vue sur le Venezuela et la région en général.
« Nous, nous contribuerons avec les pays d'Europe qui y travaillent déjà et avec un ensemble de pays latino-américains à la compréhension des diverses tendances politiques qui existent au Venezuela sans intervenir dans sa politique intérieure, » a dit le chancelier du Pérou et il a avancé qu'il discuterait des « points de vue » du reste des pays qui composent le Groupe de Lima.
Il a ajouté qu'ils favoriseraient « un renouvellement démocratique au Venezuela qui respecte les droits sociaux des Vénézuéliens. »
C'est à dire que Béjar n'a pas une position radicale mais au contraire, qu'il envisage une formulation qui conduise à une nouvelle politique internationale pour son pays sans se rapprocher des secteurs les plus radicaux mais en sortant Lima de l'orbite conservatrice et pro-étasunienne
Le retour de la CELAC ?
Avec le Mexique et l'Argentina, plus soute us danbs la dynamique internationale, la nouvelle position du Pérou semble être un élément qui brise l'équilibre que les conservateurs et les progressistes ont connu ces 2 dernières années pendant lesquelles il ya eu des Gouvernements tendant vers la gauche mais qui avaient une politique internationale pour le moins timide.
Avec ces derniers événements, le pendule penche à gauche.
La proposition de López Obrador de faire revivre la CELAC et les efforts de Fernández contre de l'OEA suggèrent qu'ils essaient de faire changer de point de vue les organismes multilatéraux de la région.
Que le président mexicain parle de la nécessité d'uen sorte d'Union européenne pour l'Amérique Latine et les Caraïbes pourrait être interprété dans les hautes sphères de la politique de 2 façons : d'une part, la réactivation de la CELAC dans le domaine protocolaire et diplomatique et d'autre part, la lancement d'un forum avec la puissance d'une organisation d'Etats dont l'action pourrait dépasser même les cycles conservateurs et qui ne serait pas ballotée suivant les Gouvernements de service.
Cette tendance pourrait se réaffirmer dans les prochains mois et son succès ouson échec dépendra, de façon décisive, du résultat des prochaines élections qui vont avoir lieu au Chili, en Colombie et au Brésil.
Source en espagnol :https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/06/peru-los-golpes-de-timon-de-bejar-lopez-obrador-y-fernandez-las-nuevas-senales-de-un-giro-continental/
Source en français (traduction de Françoise Lopez) :http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/amerique-latine-bejar-lopez-obrador-et-fernandez-vont-ils-changer-le-continent.html