• Amérique latine : Discours d’Alberto Fernandez au sommet des Amériques (resumen 9/06/2022)

     Amérique latine : Discours d’Alberto Fernandez au sommet des Amériques  (resumen 9/06/22)Alberto Fernandez, Président de la République Argentine

     

    Monsieur le président des États-Unis,

    Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement,

    Mesdames et Messieurs,

     

    Je veux commencer par estimer les efforts réalisés pour l’organisation de ce neuvième sommet des Amériques. Je regrette que nous n’ayons pas pu être tous présents, tous ceux qui auraient dû l’être , dans cet environnement si propice au débat.

    Aujourd’hui, je parle en tant que président tournant de la CELAC. Nous sommes la Communauté des Etats d’Amérique Latine et des Caraïbes. Là, nous cohabitons dans la diversité et nous nous respectons. Nous avons des points de vue différents mais nous partageons des préoccupations identiques dans ce présent si complexe.

    Le fait que l’Amérique latine et les Caraïbes soient sorties de la pandémie comme la région la plus endettée du monde en développement nous inquiète. Le poids moyen de la dette extérieure dépasse 70 % du produit intérieur brut de la régional. Le travail informel qui aujourd’hui dépasse 50 % nous préoccupe. Cette sorte de « loterie de la naissance » qui fait que ceux qui naissent dans des villages pauvres de notre région voient leur espérance de vie réduite de presque 15 ans par rapport à ceux qui naissent dans des quartiers chics, nous fait de la peine.

    Pourquoi souffrons-nous de telles pénuries si notre terre nous a équipés pour produire des aliments et de l’énergie comme peu de régions au monde ? La réponse se trouve dans l’ordre mondial. Le monde central a fixé des règles financières évidemment inéquitables. Quelques-uns concentrent la richesse alors que des millions d’êtres humains restent bloqués dans le puits de la pauvreté.

    Depuis la périphérie dans laquelle ils nous placent, l’Amérique latine et les Caraïbes regarde avec chagrin la souffrance des peuples frères. Cuba supporte un blocus depuis plus de 6 décennies imposé pendant les années de la « guerre froide » et le Venezuela en subit un autre alors que la pandémie qui frappe l’humanité emporte avec elle des millions de vies.

    Avec des mesures de cette sorte, on cherche à poser des conditions aux Gouvernements mais dans les faits, on ne fait que blesser les peuples. 

    Assurément, nous aurions aimé un autre sommet des Amériques. Le silence des absents nous interpelle. Pour que ceci ne se produise plus jamais, il faudrait établir clairement pour l’avenir que le fait d’être le pays hôte du sommet ne donne pas la capacité d’imposer un « droit d’admission » aux pays membres du continent. Le dialogue dans la diversité est le meilleur instrument pour promouvoir la démocratie, la modernisation et la lutte contre les inégalités.

    Président Biden, je suis certain que c’est le moment de s’ouvrir fraternellement pour favoriser les intérêts communs. Les années qui ont précédé votre arrivée au gouvernement des États-Unis d’Amérique se sont caractérisées par une politique immensément dommageable pour notre région mise en place par le Gouvernement qui vous a précédé. C’est le moment de changer ces politiques et de réparer les dégâts.

    On a utilisé l’OEA comme un gendarme qui a facilité un coup d’Etat en Bolivie. On s’est approprié la direction de la banque américaine de développement qui traditionnellement était dans des mains latino-américaines. Les actions de rapprochement avec Cuba dans lesquelles le pape François avait servi d’intermédiaire et qui avaient représenté des avancées obtenues par le Gouvernement de Barack Obama alors que vous étiez vice-président, ont été détruites. 

    L’intervention du Gouvernement de Donald Trump auprès du Fonds Monétaire International a été décisive pour faciliter un endettement insoutenable en faveur d’un Gouvernement argentin en décadence. Il l’a fait dans le seul but d’empêcher ce qui a fini par être le triomphe électoral de notre force politique. À cause d’une indécence d’une telle importance, aujourd’hui, tout le peuple argentin souffre.

    À ce sommet, nous devons analyser le présent et prévoir l’avenir en faveur d’une reconstruction créative du multilatéralisme. On ne peut pas imposer une pensée unique dans un monde qui exige l’harmonie symphonique face au drame commun.

    Ici, permettez-moi de souligner l’urgente nécessité de reconstruire les institutions qui ont été pensées précisément pour nous intégrer. 

    L’OEA, si elle veut être respectée et redevenir la plate-forme politique régionale pour laquelle elle a été créé, doit être restructurer et immédiatement remplacés ceux qui la dirigent. 

    La Banque Régionale de Développement, sans retard, doit à nouveau avoir à sa direction l’Amérique latine et les Caraïbes. La BID a besoin d’un processus de capitalisation pour avoir plus de moyens de financement et meilleurs. 

    Dans l’Amérique dans laquelle nous vivons, les exclusions du bien-être, du financement soutenable, de la diversification de la production, de la technologie pour le progrès social et de l’équité de genre ne sont pas non plus admissibles. Nous assumons le défi de nous occuper des causes profondes qui mettent en tension notre coexistence démocratique.

    Le monde est menacé par des opportunistes de la haine qui sèment le découragement parmi les peuples les plus frappés par la pandémie. C’est le moment de les affronter.

    L’Amérique latine et les Caraïbes connaissent la nécessité de l’intégration en tant que condition de base pour réussir leur développement.

    L’invasion de l’Ukraine par la Russie a un impact sur nous. Il est urgent de construire des scénarios de négociation qui mettent fin à la catastrophe guerrière. Sans humiliation ni désir de domination. Sans géopolitique inhumaine ni privilèges à la violence.

    Que la tragédie humanitaire que nous vivons nous nous aveugle pas. Je suis convaincu que nous avons l’opportunité d’envisager le développement d’une véritable association stratégique commune. Je propose 2 grands objectifs : organisons la production d’aliments et de protéines sur tout le continent et développons notre énorme potentiel énergétique et minier essentiel pour la transition écologique. 

    Je viens d’un pays humaniste où la valeur des droits de l’homme est consacrée en tant que cœur de notre identité et nous défendrons toujours leur validité dans tous les domaines.

    Précisément pour cette raison, il nous est naturel de penser à la construction d’un avenir soutenable, résiliant et égalitaire comme le souligne le titre de ce sommet, je ne suis pas venu à Los Angeles pour discuter quand le faire. C’est aujourd’hui. La faim attaque. Nous ne devons discuter que de comment le faire.

    Face a tant d’inégalités, nous devons envisager la nécessité de politiques d’impositions progressives alors même que les élites de nos pays nous présentent comme un danger pour la qualité de la démocratie. Les revenus inespérés que la guerre a donnée en cadeau aux grandes corporations alimentaires, pétrolières et aux entreprises d’armes doivent être imposés pour améliorer la distribution du revenu.

    Pourquoi nous ont-ils élus si ce n’est pas pour mettre en place des mesures au bénéfice de l’ensemble de la population et non de quelques-uns ? Il n’y a aucune théorie de distribution de la richesse qui ait fonctionné. Et c’est le moment d’en prendre note et d’agir en conséquence.

    Le changement climatique également nous fait affronter de nouveaux défis. Les Caraïbes souffrent de façon dramatique et on n’ a pas le temps d’attendre des réponses. Nous sommes créanciers environnementaux. Nous apportons de l’oxygène à la planète et nous ne sommes pas responsable des émissions de gaz à effet de serre. L’ injustice environnementale que nous vivons détruit notre continent. Nous devons affronter la transition écologique avec des aides financières suffisantes qui amènent l’innovation et la justice sociale.

    L’Argentine est un pays pacifique. Nous continuons à réclamer par les voies diplomatiques les droits légitimes que nous avons sur nos îles Malouines. Nous continuons à être confiants dans le dialogue. Après la tragédie de la pandémie, nous voyons les guerres comme la victoire de l’insensibilité humaine.

    Nous devons construire ensemble, unis, un nouvel humanisme qui, comme l’enseigne le pape François, commence par les derniers pour arriver à tous.

    Unis ou dominés.

    Unis pour la « maison commune », ou dominés par la cupidité économique.

    Unis pour le multilatéralisme ou dominés par la polarisation.

    Unis pour la démocratie avec l’inclusion sociale ou dominés par l’individualisme et la misère collective.

    Président Biden, je suis ici pour essayer de construire des ponts et abattre des murs. En tant que président de la CELAC, je veux vous inviter à participer à notre prochaine réunion plénière. Je rêve que dans une Amérique fraternellement unie, nous nous engagions à ce que tous les êtres humains qui habitent notre continent aient droit au pain, à la terre, au toit et à un travail digne. 

     

    Source en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/06/09/argentina-alberto-fernandez-intervino-en-la-cumbre-de-la-exclusion-con-un-discurso-critico/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez pour Bolivar Infos) :  http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/06/amerique-latine-discours-d-alberto-fernandez-au-sommet-des-ameriques.html

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