• Bolivie : Salvador Romero, le président du Tribunal Suprême lié à l'USAID et à la CIA (resumenlatinoamericano.org-13/08/20)

    Par Verónica Zapata

    Le Tribunal Suprême Electoral (T.S.E.) a reporté pour la 3° fois la date des élections en Bolivie du 6 septembre au 18 octobre en prenant prétexte de la pandémie, ce qui a épuisé la patience du peuple bolivien qui, en signe de protestation, a bloqué 150 points du pays.

    Les revendications dépassent le problème des élections, on exige l'accès au droit à la santé, à l'éducation et au travail et on commence à exiger la démission de Jeanine Áñez.

    Les médias de masse disent que les organisation sociales rejettent la nouvelle date des élections par caprice mais les organisations qui appellent à la grève expliquent leur rejet non seulement parce qu'ils considèrent les multiples reports comme une mauvaise plaisanterie mais aussi parce que la décision a été prise par le T.S.E. Unilatéralement, de façon anticonstitutionnelle et illégale grâce à une résolution qui passe au-dessus des lois N° 1297 et N° 1304 qui convoque aux élections. En assujettissant la Constitution Politique de l'Etat (C.P.E.) à l'Assemblée Législative.

    La loi N° 1297 sur le Report des Elections générales dit que les élections doivent avoir lieu dans un délai maximum de 127 jours à partir du 3 mai, c'est à dire avant le 7 septembre comme l'a suggéré le T.S.E. La N° 1304 (Loi de Modification de la loi N° 1297) ne modifie que l'article 2 de la loi N° 1297.

    Une résolution ne peut pas passer par-dessus une loi, par conséquent, l'élection du 18 octobre serait un acte nul et non avenu de plein droit qu'Áñez pourrait ne pas reconnaître. C'est pourquoi Luis Arce, le candidat du M.A.S. conditionne un accord sur une nouvelle date à son établissement par une loi et non par une résolution pour entrer dans le cadre juridique de la Constitution et que cet acte ait une validité légale.

    Mais bon, Salvador Romero, le président du T.S.E., sait tout cela. A quoi joue-t-il ? Qui est Salvador Romero ?

    Il apparaît dans les câbles révélés par WikiLeaks et ceux-ci démontrent ses liens avec la Département d'Etat nord-américain et avec l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International connue sous son sigle d'USAID. A travers l 'USAID, l'Agence Centrale de Renseignement (CIA) distribue des fonds destinés à des opérations politiques contre des Gouvernements non alignés sur les Etats-Unis. D'autre part, les câbles révèlent que Salvador Romero était un informateur de l'ex-ambassadeur des Etats-Unis Philip Goldberd (2006-2008) expulsé de Bolivie par Evo Morales pour avoir conspiré contre le Gouvernement.

    L'USAID a financé les « conférences » de Salvador Romero contre Evo Morales dans le passé. Où est sa soi-disant neutralité politique ? D'autre part, les photos qui circulent sur les réseaux sociaux montrent qu'il a des relations étroites avec Carlos Mesa, le candidat à la présidence pour Communauté Citoyenne (C.C.). En 2003, Salvador Romero a été nommé président de la Cour Electorale (C.N.E.) par Carlos Mesa qui était alors président de la Bolivie. Evo Morales avait dénoncé le fait que cette entité électorale était gérée par les Etats-Unis.

    Un fait révélateur pour comprendre la situation actuelle de la Bolivie est la participation de Salvador Romero à la persécution et à la proscription de l'ex-président Manuel Zelaya du Honduras et sa légitimation des fraudes qui ont suivi. Romero a été envoyé par les Etats-Unis au Honduras après le coup d'Etat et a été nommé directeur de l'Institut National Démocrate (NDI) de 2011 à 2014.

    Qu'est-ce que le NDI ? L'Institut National Démocrate est un canal de financement qui a soutenu les groupes d'opposants au processus de changement mais se fait appeler « organisation politique non gouvernementale » des Etats-Unis. Elle a été créée en 1983 dans le cadre du programme « Soutien International à la Démocratie » du Congrès des Etats-Unis et est financée par l'USAID. 

    Depuis que Salvador Romero est allé au Honduras après le coup d'Etat contre le président Zelaya, la droite a toujours gagné les élections grâce à la fraude soutenue par les Etats-Unis, la NDI, financée par la fondation Nationale pour la Démocratie (connue comme NED) qui dépend de l'USAID.

    La NED est un autre canal de financement de projets et de groupes destinés à réaliser des coups d'Etat. Parmi ses actions se trouvent l’utilisation de jeunes destinées à provoquer des déstabilisations, comme par hasard, les groupes paramilitaires en Bolivie sont composés de jeunes universitaires. Elle a financé des partis politiques et des O.N.G. opposées aux présidents soutenus par le peuple.

    NED, USAID, NDI, etc., des noms différents pour un même but, imposer les intérêts des Etats-Unis dans les pays non alignés sur les Etats-Unis. La complicité de Salvador Romero avec les Etats-Unis et ses organismes comme C.I.A. et l'U.S.A.I.D. est prouvée.

    La Bolivie et la voie du Honduras : coup d'Etat, proscription et fraude

    Le coup d'Etat au Honduras a été le fer de lance d'un projet régional de reconquête des pays que les Etats-Unis appellent leur « arrière-cour, » (Doctrine Monroe), toute la zone sous sa frontière. A partir de là ont eu lieu les successifs coups d'Etat « doux » au Paraguay contre Fernando Lugo, au Brésil contre Dilma Rouseff, ils ont essayé au Venezuela mais n'ont pas réussi à cause de la loyauté de ses Forces Armées et des milices populaires qui ont une conscience idéologique et politique. Alors, ils ont accéléra leurs plans concernant la Bolivie et pour cela, ils ont créé les conditions internes.

    A l'extérieur, la Bolivie était seule avec une UNASUR désactivée, entourée de pays alignés sur les Etats-Unis et les Etats-Unis dans une situation de chute libre en tant que puissance économique mondiale avec l'apparition de la Russie et de la Chine. C'est pourquoi les Etats-Unis ont besoin de s'assurer à nouveau les ressources naturelles de la Bolivie dont l'or et l'argent ont construit tout le continent européen grâce à la conquête de l'Amérique.

    La Bolivie a 60% des réserves mondiales de lithium et peut devenir une puissance régionale et même mondiale. Dans le pays, il y a des coups d'Etat « doux » ou institutionnels à cause des particularités du peuple bolivien, une Assemblée Législative contrôlée par le M.A.S. et un pouvoir judiciaire élu dans les urnes. Alors, il faut un coup d'Etat violent.

    L'avenir de la Bolivie pourrait être semblable à celui du Honduras : coup d'Etat, proscription et fraude. Le coup d'Etat contre Manuel Zelaya a eu lien en 2009, ensuite il a été proscrit et le président de fait Roberto Micheletti a été imposé. Cette année-là, les premières élections ont eu lieu et le président « démocratique » Porfirio Lobo (2010-2014) a été élu. Ensuite, Orlando Hernández (2014-2018), réélu pour un second mandat en 2018. Lors de toutes ces élections, il y a eu des fraudes non dissimulées avec le soutien de l'O.E.A. Ainsi, ils ont donné une façade démocratique à la dictature jusqu'à aujourd'hui. Ces présidents ont pris leurs fonctions avec le peuple dans la rue pendant des semaines et brutalement réprimé. Il y a eu des arrestations, des assassinats, des tortures, des blessés et des exilés.

    Qu'est-ce que les putschistes ont laissé au Honduras ?

    Le 13 octobre 2018, les fameuses « caravanes de migrants » ont quitté le Honduras. Elles sont parties avec 1000 personnes auxquelles d'autres se sont jointes à différentes dates, en provenance du Salvador, du Guatemala et du Honduras. Il y a eu jusqu'à 7000 personnes, c'est la plus grande caravane jamais vue marchant vers les Etats-Unis.

    Nous, les Boliviens, savons très bien que c'est d'être migrant à cause des politiques néolibérales et des coups d'Etat. Mais la situation de ces « caravanes » est très différente. Des milliers de personnes sont parties du Honduras à pied, elles ont traversé des fleuves, subi la pluie, le soleil, le froid, elles ont dormi dans des auberges improvisées, sous des tentes dans les rues, etc... Certaines sont mortes, d'autres sont tombées malades et d'autres encore sont tombées dans des réseaux de traite d'êtres humains.

    Les indicateurs sociaux du pays, la pauvreté, les inégalités etc... sont parmi les plus mauvais du continent. Du coup, la violence, le trafic de drogues, les groupes paramilitaires, les assassinats de dirigeants, etc... se sont développés. Un cas emblématique a été l'assassinat de la dirigeante indigène Berta Cáceres qui jouissait de mesures de protection de la Cour Inter-américaine des Droits de l'Homme (C.I.D.H.).

    Les Etats-Unis qui ont exécuté le coup d'Etat au Honduras ont militarisé la frontière et l'a fermée aux migrants. Le président du Honduras a parlé d'eux comme de « groupes financés par Nicolás Maduro » pour discréditer son Gouvernement. Il n'a pas eu de pitié.

     Verónica Zapata

     

    Source en espagnol :  https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/08/13/bolivia-salvador-romero-del-tribunal-electoral-vinculado-a-usaid-y-cia/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :  http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/08/bolivie-le-president-du-tribunal-supreme-lie-a-l-usaid-et-a-la-cia.html

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