Les élus de la Ville, du Département et de la Région sont venus saluer, ce mardi 19 mai, « le travail des acteurs de la solidarité » au Secours populaire. La distribution des repas, toujours assurée à l’extérieur, en « drive », concerne plus de 80 familles par jour.

180 000 repas fournis entre le 18 mars et le 15 mai, par le Secours populaire de Brest, grâce au fonds européen. Alors que la demande ne faiblit pas et que les ressources sont en baisse, les acteurs de la solidarité ont partagé, mardi matin, leurs inquiétudes avec les élus venus saluer leur travail.

« Frigos vides, placards vides, porte-monnaie vides… Cette explosion de la demande, c’est terrible, du jamais vu, franchement, ça fait peur. Comment va-t-on s’en sortir ? » Ce mardi 19 mai 2020, Thierry Cloâtre, responsable de la fédération du Secours populaire du Finistère, dresse le bilan de deux mois de confinement aux élus venus « saluer le travail des acteurs de la solidarité » : 180 000 repas fournis, entre le 18 mars et le 15 mai, par le Secours populaire de Brest.

Un rythme effréné pour accueillir, chaque jour, sur rendez-vous grâce au « télé-bénévolat », une centaine de familles, deux fois plus que d’habitude, avec plus de 40 % de nouveaux venus : « Des personnes qui s’en sortaient avec plusieurs petits boulots, des intérimaires et des saisonniers qui n’ont toujours pas repris le travail… Et beaucoup d’étudiants qui n’y arrivent plus… Toute une population galère et se tourne vers nous. »

Depuis la mi-mars, le Secours populaire est venu en aide, au niveau national, à 1,27 million de personnes. Dont 60 % d’enfants. « La demande reste forte alors que les ressources de l’association s’épuisent, faute de pouvoir organiser les collectes et les braderies, continue Thierry Cloâtre. On a pu continuer à distribuer des repas grâce au Fonds européen d’aide aux plus démunis. Nous tiendrons encore dans les semaines qui viennent mais nous redoutons la suite. »

Aux élus de monter au créneau

Le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) consacre 1 € par Européen et par an à la lutte contre la grande pauvreté. Avec 499 millions d’euros, la France est le troisième bénéficiaire du fonds, derrière l’Italie et l’Espagne. « Cette enveloppe, désormais répartie entre 28 pays au lieu de 19, va être renégociée pour 2021-2027, intervient Annie Marin, responsable adjointe de la fédération du Secours populaire du Finistère. Nous craignons qu’elle soit revue à la baisse, l ’Europe doit prendre la mesure de la crise sociale. »

Si le Secours populaire, comme le reste du monde associatif, a démontré ses capacités d’adaptation et d’initiative, il demande maintenant aux élus de monter au créneau : « Les pouvoirs publics doivent dès à présent préparer une réponse durable », confirme Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne qui promet « d’appuyer politiquement » la renégociation du FEAD, « l’un des rares outils européens totalement opérationnels pendant cette crise ».

Car «  cette crise sanitaire, économique et sociale va s’accentuer », intervient Nathalie Sarrabezolles, présidente du Conseil départemental du Finistère qui compte, aujourd’hui, 17 000 allocataires au Revenu de solidarité active (RSA). Il va falloir trouver de nouveaux moyens, de nouvelles solutions, alors que tout s’accélère… »

« L’accès à l’alimentation reste un sujet de préoccupation clé », confirme François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest métropole. Qui a offert aux familles les plus démunies des chèques alimentaires, « pour compenser l’arrêt de la cantine pour les enfants ».

Au-delà de l’accès à la nourriture et alors que la question des vacances reste en suspens, le Secours populaire redoute de voir « toute une génération d’enfants traumatisés par ce qu’ils vivent ».

Frédérique GUIZIOU

source: https://www.ouest-france.fr/