Les assistantes maternelles se disent « oubliées », « invisibles », en ces temps de covid-19. Pourtant, à l’heure des confinements à répétition, elles sont essentielles pour les familles et revendiquent tenir un cap, souvent un peu seules dans la tempête.
« Enfin, on va parler de nous », bruissent les commentaires à une demande faite sur un réseau social. Depuis la brusque apparition du coronavirus, les assistantes maternelles ont pourtant poursuivi leur tâche, jour après jour, biberon après biberon, dans un silence assourdissant. Sans rien lâcher, « mais nous sommes toujours invisibles » soupire Florence, assistante maternelle à Langueux (22) depuis de nombreuses années. Pourtant, lors de la première allocution de mobilisation générale d’Emmanuel Macron, en mars, Sonia, « assmat’ dans le pays de Brest depuis 15 ans » a nourri un bref espoir. Le Président avait parlé d’elles. Et puis… « Plus rien. On a juste compris que nous pouvions monter notre agrément de 4 à 6 enfants, parce que les crèches fermaient. Mais pendant les trois premières semaines du confinement, au plus fort de la pandémie, on a dû se débrouiller seules. La PMI ne répondait pas. » La protection maternelle et infantile ne répondait pas davantage dans les Côtes-d’Armor selon Sylviane, installée à Plérin. « Rien. Les masques, je devais me les procurer toute seule » se souvient-elle. « On se dépatouillait avec le réseau d’assistantes maternelles voisin. »
Seules dans le printemps
Il faut dire qu’à l’heure du confinement de printemps, certaines questions n’étaient pas encore réglées. « Les parents étaient submergés », rembobine Sylvie qui exerce vers Guipavas (29) en compagnie de deux crevettes de 8 mois et deux jeunes pousses de deux ans et demi. Surtout, il a fallu inventer un autre métier. Celui de nounou sans câlins.
À l’heure du deuxième confinement, les habitudes sont prises. Un peu au cas par cas. Le chômage partiel, « pour les parents qui télétravaillaient » ne semble plus à l’ordre du jour. Quelques témoignages ne font pas loi, mais les « assmat’ » estiment avoir reçu leur dû, à l’heure de la liberté relative retrouvée au cœur du printemps. Mais quand même. « Bien sûr que nous avons peur. Bien sûr que l’on y pense » résume Sonia pour toutes les autres. « Au mois de mars, je n’ai pas vécu ». Et pas plus tard que l’autre jour, une angoisse, « j’ai tout récuré jusqu’aux joints de la cuisine ». Sa façon de passer les nerfs.
Le bon sens à la rescousse
Reste l’essentiel : cette distanciation sociale impossible à tenir. « Mon cas est particulier, je n’ai qu’un enfant à charge, témoigne Florence. Je fais confiance aux parents et d’un commun accord, je ne porte pas de masque. Mais aujourd’hui, financièrement, je peux me le permettre, d’autres non ». Les autres improvisent. De Sylviane, qui porte le masque et admet « voler un petit bisou » à l’occasion, à Sonia qui pense que la surprotection est « impossible et dangereuse. On a besoin de rassurer un enfant qui a du chagrin ». Une opinion reprise par Sylvie qui porte le masque dehors, « pour aller à l’école ». Elle considère qu’un geste juste aurait été de leur fournir « les mêmes masques que ceux que l’on utilise pour les sourds et malentendants ». Armées d’attestations plus que de raison, les nounous continuent. « Parce que si notre boulot c‘est biberon-couche-dodo, moi j’arrête », claironne Sonia. La même antienne que celle de mars, qui l’a conduite à refuser six enfants au lieu de quatre. « Quand on voit le cirque pour notre agrément, il en était hors de question. »