• Cesson-Sévigné (35)-Licenciements chez Technicolor. Les salariés racontent « une lente dégradation » (OF.fr-6/12/20-17h26)

    Didier, salarié de l’entreprise Technicolor à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine). 102 postes seront supprimés chez Technicolor Rennes.Didier, salarié de l’entreprise Technicolor à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine). 102 postes seront supprimés chez Technicolor Rennes. 

    102 postes sur 286 vont être supprimés sur le site de Technicolor, à Cesson-Sévigné, aux portes de Rennes (Ille-et-Vilaine). Certains salariés, avec parfois plus de 20 ans d’ancienneté, racontent les années passées dans l’entreprise.

    « Quand l’annonce du plan social a été faite, début juillet, tout le monde a été sonné », se remet Hamid, ingénieur validation chez Technicolor. L’ex-Thomson Multimédia va supprimer 102 postes sur 286 sur son site localisé à Cesson-Sévigné – aux portes de Rennes –, spécialisé dans les décodeurs numériques.

    L’homme de 53 ans, concerné par le plan social, n’a pas pour autant été étonné, à l’image de Julien (1), la cinquantaine : « On s’attendait à ce que cela tombe sur Rennes. Mais, ce qui nous surprend, c’est l’ampleur du plan. C’est aussi le fait qu’il cible des seniors, qui ont énormément d’expérience, et qui font actuellement tourner des activités dans l’entreprise ».

    Même ressenti pour Jean-Marc, 51 ans, chargé d’affaires avec quinze ans d’ancienneté, qui a appris la nouvelle le lendemain de la signature entérinant l’achat de sa maison. « L’ampleur du plan est déconcertante. Je ne m’attendais pas à ça. »

    Le site de l’entreprise Technicolor à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine). 

    « Une lente dégradation »

    Pour Hamid, dans l’entreprise depuis vingt-cinq ans, et qui rappelle avoir vécu auparavant trois plans sociaux – conclus par des départs volontaires –, « c’est le résultat d’une lente dégradation. C’était cyclique : il y avait des années qui se passaient bien, avec de bons chiffres, et d’autres, qui se passaient moins bien. » Les salariés retracent tour à tour la fermeture des usines, la vente, en 2019, de l’activité de recherche et développement à la société InterDigital, de fortes concurrences, la hausse des prix des puces mémoires, l’endettement de l’entreprise, et, enfin, la délocalisation « du dernier fleuron électronique grand public », prévue en Inde, notamment pour la partie «  software  » (les logiciels).

    Didier est également concerné par le plan social. Actuellement développeur, il est rentré dans l’entreprise le 12 novembre 1990. L’homme de 58 ans décrit la perte de « l’aspect métier ». Il ajoute : « J’ai beaucoup donné à ma société. Il y a eu plein de joies dans mon boulot. J’ai contribué, je me suis bien éclaté ».

    Pour Julien, Technicolor « n’a plus un esprit d’ingénieur mais un esprit de financier ». Il parle « d’erreurs stratégiques régulières » comme celle de la vente, en 2018, des activités de brevets alors que l’entreprise avait été la première, par exemple, « à faire du MP3 ».

    Jean-Marc, salarié de l’entreprise Technicolor à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine).

    « L’esprit Technicolor »

    « Depuis l’annonce du plan social, l’ambiance est lourde, mais ça n’a pas fracturé la cordialité et l’esprit de groupe des salariés. Je suis très impressionné, souligne Jean-Marc. L’esprit Technicolor subsiste au-delà du plan social, à travers eux. » Les salariés ont noué de nombreux liens d’amitié avec leurs collègues et décrivent une très bonne ambiance.

    Le cinquantenaire, généreux en anecdotes, rapporte : « Des secrétaires prenaient sur leur temps libre pour exposer tous les décodeurs qu’on fabriquait. On aurait presque dit un œnologue passionné qui vous faisait visiter sa cave. Quand un client exprimait sa satisfaction ou quand un nouvel accord était signé, et que la nouvelle se répandait, c’était une diffusion de plaisir. Ce qui fait la force du site de Rennes, c’est cet engagement. »

    Julien ou encore Hamid n’imaginent pas la pérennité du site cessonnais – quand bien même la direction assure le contraire. « Le bâtiment dans lequel on est depuis 2012 est prévu pour accueillir 900 salariés. Quand on est arrivé, on était assez optimistes, dans ce bâtiment surdimensionné, c’était signe d’expansion. Depuis huit ans, il y a une réduction en peau de chagrin de la surface occupée par Technicolor », illustre le second. Jean-Marc, lui, se refuse à y croire. Il se souvient de ce contrat signé avec Orange – actuellement, le gros client de l’entreprise est Bouygues –, lorsqu’une cinquantaine de nouveaux salariés avaient été recrutés, installés dans des bâtiments éphémères, sur le parking. « Les clients peuvent nous sauver. »

    (1) Prénom modifié.

     

    Laure BESNIER

    source: https://www.ouest-france.fr/

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