-
Comment Marcel Cachin, « Breton émancipé », a contribué à fonder le Parti communiste français. ( OF.fr - 28/01/22 - 13h )
Le journaliste Georges Cadiou, auteur de « Marcel Cachin, un Breton émancipé ».
Natif de Paimpol, le bretonnant Marcel Cachin a eu un grand destin national en participant à la fondation du Parti communiste français, il y a cent ans. L’ancien directeur du journal « L’Humanité » n’en a pas pour autant oublié ses origines, dont il s’est échiné à défendre la langue et les particularismes. C’est ce que révèle la passionnante biographie que lui a récemment consacrée Georges Cadiou.
Salle du Manège de Tours, le 27 décembre 1920. C’est le troisième jour du congrès national de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). L’ambiance est enfiévrée. Un homme s’avance sur l’estrade, décidé. C’est Marcel Cachin, devenu deux ans auparavant directeur du journal L’Humanité.
Sa réputation de tribun n’est plus à faire. Avec parfois plus de deux cents meetings par an, il est devenu un VRP du socialisme. Mais c’est cette fois le communisme qu’il est venu défendre, exhortant l’assemblée à embrasser la cause de la Troisième Internationale. L’été précédent, il s’est rendu en Russie et a rencontré Lénine.
C’est en porte-étendard du drapeau rouge qu’il se présente ce jour-là devant la foule. Son brillant discours, déclamé devant une grande banderole sur laquelle s’affiche le message « Prolétaires de tous pays unissons-nous », va susciter l’enthousiasme d’une majorité. Trois jours plus tard, en clôture du congrès, sa mention remporte les trois quarts des votes, aboutissant à la création de la Section française de l’Internationale communiste (SFIC), rapidement renommée Parti communiste français (PCF).
Une figure politique incontournable du XXe siècle
C’est ce moment d’histoire et bien d’autres grands épisodes de la vie de Marcel Cachin que Georges Cadiou raconte dans une biographie récemment publiée, la première du genre consacrée pourtant à l’une des figures politiques incontournables de la première moitié du XXe siècle.
« Cachin est injustement oublié et, quelque part, je voulais réparer cette anomalie. Sa contribution à la gauche française est importante, d’abord à la SFIO puis au PCF. Et il a été, quarante ans durant, le directeur de L’Humanité qui était alors l’un des quotidiens les plus lus, rappelle l’écrivain finistérien, qui a souhaité retracer dans le détail la longue vie de cet homme que rien ne prédisposait à un destin national. Ce n’est pas une hagiographie. Je n’écarte pas son adhésion à l’orientation staliniste du PCF, ni ses silences face aux terribles procès de Moscou. Mais je montre aussi ses louables combats antifascistes, antimilitariste et anticolonialiste. »
Un attachement profond à la Bretagne
Cette biographie révèle également son profond attachement à ses origines bretonnes. Marcel Cachin naît en 1869 à Paimpol d’un père portant le même prénom que lui, ancien militaire gersois devenu gendarme, muté dans les Côtes-du-Nord où il rencontre sa future femme, Marie-Louise Le Gallou. « Toute sa vie durant, il gardera en mémoire l’atmosphère bretonnante de son enfance et le goût des langues et de l’oralité, héritage de son bilinguisme de naissance. »
De brillantes études l’emmènent à Saint-Brieuc, puis à Rennes et enfin à Bordeaux où il devient professeur de philosophie et disciple de Jules Guesde, militant d’abord pour le Parti ouvrier français, avant de se tourner vers la SFIO lorsqu’il s’installe à Paris, où il est élu conseiller municipal puis député de la Seine à partir de 1914.
« Sa petite patrie »
Dans les travées de l’Assemblée nationale comme dans les articles de « L’Huma », il ne manque jamais l’occasion de parler de la Bretagne, qu’il nomme sa « petite patrie ».
« Il en est souvent fait mention dans ses colonnes. En 1932, il est le premier à défendre la cause bretonne lors d’un attentat à la bombe qui vise une sculpture jugée offensante pour Anne de Bretagne, placée dans une niche de l’hôtel de ville de Rennes. Il s’oppose aussi avec vigueur aux ventes saisies qui touchent la paysannerie bretonne durant ces mêmes années. Il va également être à l’origine de la création des Bretons émancipés, association d’entraide pour les Bretons expatriés qui organise par ailleurs des fêtes et pardons du côté de Saint-Denis réunissant la diaspora bretonne », développe Georges Cadiou.
Un défenseur du bilinguisme franco-breton
En 1947, Cachin mène avec Pierre Hervé, autre député communiste breton, un projet de loi instaurant l’enseignement bilingue – dont le breton – dans les écoles publiques.
« Le principe était limpide : on enseigne le breton là où il est parlé. Si la loi était passée en l’état, les Bretons seraient aujourd’hui parfaitement bilingues », estime Georges Cadiou. Mais cette proposition va finalement être vidée de sa substance et aboutir à la loi Deixonne de 1951, nettement moins ambitieuse et qui va accélérer le déclin de l’apprentissage de la langue bretonne. « C’est un vrai acte manqué », regrette le biographe. Ce sera aussi l’un des derniers grands combats politiques de Marcel Cachin, qui s’éteint en 1958.
Marcel Cachin, un Breton émancipé, de Georges Cadiou, aux éditions Yoran Embanner, 400p., 16 €.
Auteur : Regis Delanoë pour Bretons.
Source : https://www.ouest-france.fr
« Législatives. François Ruffin à Quimperlé pour soutenir le candidat LFI de la circonscription (OF.fr-29/01/22-19h22)Brest. Près de 200 personnes manifestent contre le passe vaccinal. ( OF.fr - 29/01/22 - 16h23 ) »
Tags : cachin, francais, marcel, breton, communiste
-
Commentaires