• Emplois aidés. 45 suppressions au Chic Sud Santé en appelle à la députée (LT.fr 23/08/2017)

    Jean-Paul Sénéchal, secrétaire départemental de Sud Santé et Caroline Guyader, membre du bureau.
     

    La liste des structures touchées par la suppression des emplois aidés s'allonge. Ce mardi, Sud Santé a annoncé que 45 postes étaient condamnés à l'hôpital. Le syndicat lance un appel à la députée Annaïg Le Meur, tout en fustigeant le gouvernement.

    « Nous avons appris la semaine dernière, que plus aucun contrat d'emploi aidé ne serait conclu ou renouvelé à partir du 18 août, expliquait hier Jean-Paul Sénéchal, responsable Sud. Cela représente 45 emplois au Chic. Ces contrats sont signés pour six mois renouvelables. Aucun ne survivra donc en 2018 ». « L'an passé il y avait 45 emplois aidés de plus dans l'établissement. Au total, ce sont 90 emplois qui auront disparu en deux ans », ajoute le syndicaliste. « Évidemment, ces emplois ne sont pas satisfaisants car ils sont sur une durée de 20 h et précaires, mais il faut voir les situations humaines derrière cette annonce brutale et insidieuse en plein mois d'août. Ceux qui avaient plus de 56 ans et auraient pu être reconduits jusqu'à leur retraite vont se retrouver au chômage. D'autres auraient pu être embauchés en contrat normal, comme cela s'est passé régulièrement ces dernières années ». « Pendant ce temps, trois milliards de cadeaux vont être faits aux 3.000 familles les plus aisées du pays, rien qu'avec le nouveau calcul de l'impôt sur la fortune. C'est irresponsable ».

    « Utiles à la prise en charge des patients »

    « Ces salariés étaient employés au secrétariat, aux archives, dans les maisons de retraite, détaille Caroline Guyader, aide-soignante.
     
    Dans les services de soins, ils étaient affectés au nettoyage des chambres, des couloirs, pour aider à la distribution des plateaux. C'est une charge de travail qui va nous revenir alors que nous sommes déjà débordés ». « Cette suppression va avoir des conséquences pour l'hôpital, ajoute Jean-Paul Sénéchal. Son activité augmente toujours, avec de plus en plus d'interventions en ambulatoire, une pratique qui est très consommatrice de main-d'oeuvre vue la rotation dans les services. Ces emplois aidés sont utiles pour la prise en charge des patients. Nous demandons donc à la direction de nouveaux contrats en CDI ou CDD pour ne pas perdre toutes ces heures de travail ». « Nous demandons aussi à la députée de la majorité de la circonscription, si elle est fière de son gouvernement. Nous attendons une réaction de sa part ».

    « Pas fictifs »

    Matthias Aballea, directeur du département Performance du Chic préfère temporiser. « Nous n'avons eu aucune information officielle et, depuis la mi-août, aucune demande de renouvellement ou de création d'emploi aidé n'a été soumise à Pôle Emploi. Le volume des emplois aidés a effectivement déjà diminué cette année mais c'est pour des reconversions en emploi stable ou des redéploiements ». « Les emplois aidés sont placés sur des tâches secondaires qui ne sont pas notre coeur de métier, mais ils ont une utilité, ils ne sont pas fictifs », ajoute-t-il sans préciser comment l'établissement pourrait s'en passer.
     
    Ronan LARVOR
     
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    en complément
     
    Des collectivités inquiètes pour l'avenir
    Si des associations sont déstabilisées par la suppression des emplois aidés (Le Télégramme d'hier), les collectivités s'inquiètent aussi de la politique qui se dessine. Illustrations à Quimper et Pluguffan. André Guénégan, adjoint chargé des ressources humaines à Quimper, en a vu d'autres. La suppression, ou du moins le gel annoncé des emplois aidés, ne l'inquiète pas outre mesure. « Il faut rester prudent, dit-il. J'en ai connu des dispositifs supprimés par un gouvernement et qui était reconduits sous une autre forme peu après. Il est probable que cela sera remplacé en 2018, car nous en avons besoin. Par expérience, je sais que le gouvernement pourra alors se vanter d'avoir créé un nouveau dispositif ».

    30 contrats aidés dans l'agglomération

    « Il est vrai que, dans l'immédiat, nous sommes dans l'expectative sur les emplois aidés, ajoute l'élu quimpérois. Nous avons 30 salariés en contrat d'accompagnement dans l'emploi si l'on regroupe la ville, l'agglomération et le CCAS. C'est la ville de Quimper qui en a le plus (23), notamment dans les services techniques. La plupart des personnes sont embauchées pour un an, renouvelable une fois. Nous pouvons leur donner une formation, une aide pour préparer un examen. Une dizaine rentre dans le dispositif des moins de 26 ans et une dizaine des plus de 50 ans ». « Pour cette année, sept employés sont concernés par les annonces du gouvernement, annonce André Guénégan. Cinq auraient dû être renouvelés dans leur contrat et deux devaient être embauchés. Nous aurons 23 concernés en 2018 qui seront menacés si la suppression est confirmée. Ce sont surtout des personnes qui seront pénalisées dans leurs projets professionnels, leurs plans de formation ».

    Alain Decourchelle (LREM) pour le maintien

    Alain Decourchelle, maire de Pluguffan, adhérent de La République en marche après avoir été suppléant de la nouvelle députée macroniste Annaïg Le Meur, ne cache pas son opposition à la suppression des emplois aidés. « Ils sont très intéressants pour une collectivité qui peut ainsi recruter, former, insérer, des personnes, dit-il. À Pluguffan, nous en avions quatre depuis trois années, deux aux services techniques-espaces verts et deux animateurs pour les temps d'accueil périscolaire. Nous étions en recherche d'un CAE pour les espaces verts qui ne pourra pas se concrétiser ». « Cette suppression est dommageable. J'estime qu'il pourrait y avoir une solution intermédiaire. Les emplois sont aidés par l'État à 70 %. On aurait pu faire des économies en descendant à 40 ou 50 % ce qui permettrait aux collectivités de continuer. À Pluguffan, nous n'avons pas les moyens de financer ces postes en contrat normal. J'espère, dans l'immédiat, qu'aucune décision définitive n'a été prise. Sinon, ce sera plus de chômage et moins de services dans les collectivités ».
     
    Incompréhension et inquiétude
    Franck Tabailloux, responsable emploi-formation à la Mission locale du pays de Cornouaille. « Nous avons suivi 70 contrats d'aide à l'emploi (CAE), à la Mission locale, au premier semestre. Sur une année, cela fait près de 150 qui vont vers les collectivités, les associations dans des domaines très variés, les activités tertiaires, les espaces verts, l'aide à la personne. Pour nous, il s'agit d'un outil dans l'accompagnement des jeunes qui font appel à nos services. C'est une vraie opportunité pour eux d'avoir une première expérience, un statut de salarié et donc un salaire, de valoriser ce contrat sur un CV. Nous ne pouvons que regretter l'arrêt de ces dispositifs. Cela va nous obliger à faire preuve d'imagination pour trouver de nouvelles formules ». Anne-Marie Morel, directrice d'Objectif Emploi Solidarité. « Nous sommes logiquement concernés par les emplois aidés. Nous avons 73 employés en CDD d'insertion. Ils ne devraient pas être concernés. Sinon c'est la moitié de l'activité de l'association qui est stoppée (les autres employés sont en CDD d'usage, une autre formule). Nous avons un seul salarié en Contrat d'aide à l'emploi. En général, ces employés, qui sont tout à fait aptes à travailler, souvent avec de l'expérience, ne sont pas en capacité de trouver un emploi à cause de leur âge (plus de 55 ans), ou d'un handicap. Nous essayons de les amener jusqu'à la retraite car nous pouvons renouveler chaque année avec Pôle Emploi le contrat pendant au maximum cinq ans. Là, nous avions prévu de refaire une demande en septembre, mais nous ne savons pas s'il sera reconduit. C'est inquiétant. Car si nous ne proposons pas ce travail, personne ne le fera ». Claire Levry-Gérard, présidente d'Actife (Action territoriale pour l'insertion, la formation et l'emploi). « Nous travaillons pour les bénéficiaires du RSA, les chômeurs de longue durée. Nous avions deux contrats aidés qui devaient commencer en septembre, signés avant le 8 août, deux personnes sans travail, chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RSA. J'entends l'analyse du gouvernement qui estime que le dispositif n'est pas satisfaisant mais prendre une décision applicable immédiatement mènera des personnes à la précarité. Or, ces contrats ouvrent des portes. L'outil a fait ses preuves. Il est dommage de les supprimer sans prévoir un autre dispositif. Je me positionne du côté humain, pour ceux qui veulent rentrer dans la société. Je ne suis pas contre des économies, mais toucher cette population là et de manière aussi abrupte est étonnant. La méthode n'est pas correcte ni sur le fond ni sur la forme ».
     
    Auxiliaires de vie scolaire : la colère de Jean-Marc Tanguy
     Jean-Marc Tanguy, conseiller municipal socialiste quimpérois d'opposition, prend l'exemple du handicap dans le dossier des emplois aidés. « Nous savons que le nombre d'auxiliaires de vie scolaire auprès des enfants en situation de handicap va passer de 70.000 à 50.000 à la rentrée, dit l'élu. C'est 20.000 de moins, notamment des auxiliaires en dispositif collectif qui sont sous contrat d'emploi aidé. En catimini, en plein été, on frappe au coeur le lien social du quotidien ». « Les premières déclarations d'Emmanuel Macron sur le sujet semblaient pourtant source d'espoir. La secrétaire d'état chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, déclarait le 26 juillet que pour la rentrée de septembre, il y aurait : "un nombre de contrats suffisants pour accompagner les enfants en situation de handicap", en assurant que les emplois d'auxiliaire de vie scolaire (AVS) seraient "modernisés, professionnalisés et pérennisés". Pendant la campagne présidentielle, le candidat Macron disait vouloir "créer autant de postes d'AVS que nécessaire". Mais, une fois de plus, la communication ciselée du président et de l'exécutif est purement théorique. La ministre du Travail, Muriel Penicaud, a récemment demandé aux préfets de stopper les emplois aidés à destination du secteur non-marchand... Pour la scolarisation des élèves en situation de handicap, cette décision technocratique est bien sûr un recul évident, auquel nous n'étions plus habitués... Pour la suite, aucune piste de travail n'est lancée, hormis le 4e plan autisme et l'augmentation de l'allocation adulte handicapé, ce qui est certes satisfaisant, mais ne fera pas tout le quinquennat... ». « Une fois de plus, le handicap n'est considéré que dans les mots, par le président, son épouse et de nombreux parlementaires... mais la charité orale et la générosité de façade ne résistent pas à l'épreuve des faits avec, là aussi, si cette annonce se confirme et que les postes ne sont pas compensés, une rentrée qui promet d'être socialement désastreuse, et toujours pour les mêmes ».
     
    Réunion aujourd'hui à Douarnenez
    L'association de cinéma douarneniste Toile d'Essai organise une réunion sur la question des emplois aidés aujourd'hui. « Étant tous confrontés au problème du gel des contrats aidés pour toutes les structures associatives et privées (hormis le secteur de la sécurité et de l'Éducation nationale), nous vous proposons de nous retrouver ce mercredi sous le chapiteau de la place du Festival de cinéma, à 11 h, à Douarnenez, écrit l'association. Nous pourrons ainsi échanger et mesurer les difficultés de chacun. Cette rencontre est ouverte à tous : responsables de structure, salariés, et simples citoyens... ».
     
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