• Grèce-Thessalonique tente de se remémorer son important héritage juif-reportage d' Angélique Kourounis (RTS-13/04/21-8h22)

    Thessalonique tente de se remémorer son important héritage juif. [Sakis Mitrolidis - AFP]

     

    Le billet d'Hervé RICOU (Asso. AvecLesGrecs56 : aveclesgrecs56@yahoo.fr)

    Merci Angélique, Thomas et Maxime pour ce reportage audio. Je me permets un petit texte d'accompagnement, tout en précisant que je ne suis pas du tout un spécialiste de ce domaine, mais un béotien un peu curieux.

    Lors de nos passages à Thessalonique, nous n'avons rien vu au premier abord du grand "passé" juif de cette grande ville. Et puis, en cherchant ce qu'il fallait visiter dans cette ville après avoir vu la tour blanche, l'arche de Galère, la Rotonde, l'église Agios Dimitrios à laquelle tu fais allusion Angélique, les restes en hauteur de l'ancienne place forte des sept tours (transformée en prison qui a servi pendant la dictature), les remparts, la statue d'Alexandre Legrand, la sculpture des parapluies en bord de mer et bien d'autres choses, le site Tripadvisor nous indique le musée juif et la statue en hommage à l'holocauste. Allons-y donc.

    Dans ce musée juif ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_juif_de_Thessalonique  ), nous avons pu suivre la visite d'un groupe. On a découvert aussi au rez de chaussée, la salle avec des grandes stèles verticales de marbre noir sur lesquelles sont gravées les 48000, oui, quarante huit mille noms des juifs de Thessalonique exterminés dans les camps de concentration nazis!

    En sortant, bien abattus, nous nous sommes approchés du bord de mer, et là, nous avons vu une sculpture ( https://goo.gl/maps/1Xc3v6gL7AC4KH6s7 ) en mémoire aux victimes de la Shoa.  Oui, une seule sculpture modeste pour le meurtre des 48000 juifs de Thessalonique!

    En fait, un touriste lambda à Thessalonique, à part la façade du musée et cette statue, dont on ne sait ce qu'elle représente que par une petite plaque, ne sait rien sur le passé juif qui s'étale sur plusieurs centenaires.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Juifs_%C3%A0_Salonique

    Le livre de Victoria Hislop nous semble bien décrire la vie puis la fin dramatique de cette présence juive en Grèce https://www.babelio.com/livres/Hislop-Le-fil-des-souvenirs/480367
     

    Dans le petit musée juif de l'île de Rhodes, qui est accolé à la synagogue encore active, on retrouve cette histoire là aussi tragique avec 97% des juifs tués pendant la deuxième guerre mondiale. Ici, ce ne sont pas sur des stèles de marbre, mais sur un genre de présentoir avec des pages en métal avec environ 2000 noms des morts juifs de Rhodes gravés.  .https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Juifs_%C3%A0_Rhodes

    Le musée juif d'Athènes complète cette trilogie des musées juifs en Grèce. Un panneau sinistre indique que 98% des juifs grecs ont été éliminés par la Shoa. Quand nous avons visité ce musée, la personne à l'accueil, une fois pris les tickets, nous a dit "enjoy your visit"...

    Tout ça, nous avons pu en parler à Athènes avec Angélique, Maxime et Thomas et faire un débriefing. Je ne suis donc pas surpris de ce reportage et je sais que c'est un des combats qui leur tient à cœur, la reconnaissance de la spoliation des tombes des juifs à Thessalonique et de l'oubli organisé autour de cette période.

    Comme je ne suis pas sûr que le lien wikipedia ne soit lu jusqu'au bout, je joint un copier-coller de la partie, qui je crois, amène nos amis à faire ce reportage radiophonique:
     

    "Par une chaude journée de juillet 1942, le jour du chabbat, tous les hommes de la communauté âgés de 18 à 45 ans furent rassemblés sur la place de la Liberté. Durant tout l'après-midi, on les obligea à faire des exercices physiques humiliants sous la menace des armes44. Quatre mille d'entre eux furent envoyés effectuer des travaux de voirie pour l'entreprise allemande Müller sur les routes reliant Salonique à Kateríni et Larissa, zones où sévissait le paludisme. En moins de dix semaines, 12 % d'entre eux moururent d'épuisement et de maladie. La communauté salonicienne, aidée de celle d'Athènes, parvint à réunir deux milliards sur l'énorme somme de 3,5 milliards de drachmes demandée par les Allemands pour que les travailleurs forcés soient rapatriés. Les Allemands acceptèrent de les libérer mais, en contrepartie, exigèrent à la demande des autorités grecques, l'abandon du cimetière juif de Salonique qui contenait de 300 000 à 500 000 tombes ; par sa taille et son emplacement, il avait longtemps gêné la croissance urbaine de Salonique. Les Juifs commencèrent le transfert des tombes vers deux terrains qui leur avaient été alloués en périphérie, mais les autorités municipales, prétextant la lenteur de l'opération, décidèrent de prendre les choses en main. Cinq cents ouvriers grecs payés par la municipalité se lancèrent dans la destruction des tombes. Le cimetière ne tarda pas à être transformé en une vaste carrière où Grecs et Allemands venaient chercher des pierres tombales utilisées comme matériel de construction. Sur ce site s’étend de nos jours, entre autres, l'université Aristote."

    Un jour, si je retourne à Thessalonique, j'essaierai de retrouver en regardant par terre sur la place de la belle église Agios Dimitrios (détruite par l'incendie de 1917, sauf la superbe crypte, mais reconstruite juste après) des pierres tombales récupérées dans le cimetière juif. Le site de l'université est immense et agréable avec de beaux bâtiments. Impossible de savoir qu'on marche sur l'ancien cimetière juif !

    Il semble bien que les grecs veulent oublier cette période, mais c'est comme oublier le commerce des esclaves dans des ports français, ça finit par ressurgir et beaucoup de personnes en Grèce, juifs ou non, demandent à ce que sortent de l'oubli tous les évènements qui sont considérés comme des dépossessions et comme une non reconnassance d'existence. Les efforts de mémoire sont des exercices difficiles pour tous les peuples. Il faut peut-être ne pas oublier l'état déplorable de la Grèce après le passage des armées nazies, tout ça suivi d'une guerre civile dans un pays exsangue et ravagé. La compassion dans un champ de ruine, c'est difficile?
    Ces temps-ci, on commémore en Grèce le bicentenaire de combats qui ont mené à l'indépendance. La langue et la religion sont là aussi des ciments de la nation. A l'époque, à Thessalonique et à Rhodes, d'après ce que j'ai lu, les juifs parlaient le ladino. Après la deuxième guerre mondiale, plus de ladino, plus de langue turque en Grèce.... 

    Cordialement.
    Hervé Ricou

     

    source:  https://www.rts.ch/

    « Cuba socialiste en congrès ! (IC.fr-16/04/21)G. Gastaud adresse un message de fraternité franco -allemande résolument antifasciste à l’occasion de la cérémonie d’anniversaire d’Ernst Thälmann à Berlin. (IC.fr-17/04/21) »
    Partager via Gmail Yahoo! Pin It

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :